Être rabbin : une profession ? Un sacerdoce - Tribu 12

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Billet d’humeur
Être rabbin :
une profession ? Un sacerdoce ?
J’ai souvent entendu, dans le pays où je suis né, que dans
chaque famille il y avait eu un rabbin, (un petit coucou à
ma maman) voir un Grand rabbin (cf Coco, le film de Gad
Elmaleh où le rabbin est grand … par la taille).
Le rabbin de ces temps là n’a pas rapport avec celui d’aujourd’hui.
À quoi correspond cette fonction, ce titre ?
Le terme « rabbin » n’apparaît qu’en de rares occasions
dans la Torah et ne désigne pas une fonction mais un titre
de respect ; nos Sages recommandent de l’employer pour
toute personne qui a enseigné ne fût-ce qu’une seule lettre.
Dans les communautés séfarades, ainsi que dans les communautés
établies en terre musulmane avant l’arrivée des
séfarades, les érudits ne pouvaient prendre le titre de Rav,
Rabb étant l’un des 99 noms usuels d’Allah. Hakham
(« Sage ») devient l’un des titres les plus fréquemment choisis
pour s’y substituer en Égypte, en Syrie et en Eretz Israël,
mais d’autres qualificatifs se retrouvent, comme morè
tzedeq (professeur de justice), dayan (juge), haver beth din
(membre du tribunal). Les rabbins officiels jouaient un rôle
central dans le maintien des conditions morales de leurs
communautés. Ils s’occupaient du rachat des captifs. Des
titres utilisés en place de « Grand rabbin » existaient également
: le Grand rabbin d’Israël était appelé Rishon LeTzion ;
à partir de 1836, on désigna un rabbin régissant tous les
Juifs sous domination ottomane, y compris la terre d’Israël,
avec le titre de Hakham Bashi ; le titre se répandit également
en Afrique du Nord.
Au Moyen Âge, en France, le « rabbi » devient un « rabbin »
en ajoutant à ses compétences de savant, interprète et exégète
celles d’un juge dont les arrêts forment jurisprudence
en matière de loi religieuse et civile, d’un enseignant de
niveau supérieur dans une yeshiva (école rabbinique) ou,
à titre personnel, de prédicateur et de chef spirituel de sa
communauté dont il peut être salarié, bien que l’on ait de
nombreux exemples de rabbins français gagnant leur vie en
exerçant en complément un autre métier.
Ceux qui ont vécu en Afrique du Nord savent que les rabbins
vers qui ils se référaient avaient une connaissance halakhique
et talmudique évidente et ils savaient pouvoir les questionner
sur leur lieu de travail. Parce qu’ils travaillaient pour subvenir
aux besoins de leur famille, souvent nombreuse.
Ce n’était ni l’État ni une quelconque administration juive
qui était chargée de les rémunérer.
Être rabbin en Europe centrale ou en Afrique du nord n’apportait
aucun intérêt financier. D’ailleurs, ces rabbins souvent
n’étaient pas riches. Ils étaient cordonniers, égorgeurs
de poulets ou de gros bétail, enseignant dans un « keteb »,
marchands de tissus. Il est vrai que les fidèles, à la synagogue,
faisaient des dons pour entretenir le lieu, donner
quelques sous pour aider les pauvres, dont les rabbins faisaient
parfois partie.
De nos jours, en France, devenir rabbin du Consistoire c’est
choisir un métier. C’est être un fonctionnaire assuré tout
au long de sa carrière de recevoir un salaire plus ou moins
satisfaisant, de bénéficier de RTT et d’avoir 35 heures au
maximum par semaine de présence dans la communauté.
Ce système n’existe t-il qu’en France ? Napoléon, en émancipant
les Juifs instaura le Consistoire Central, et créa le
modèle français. Un modèle unique.
Ben Baxter
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