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Conclusion
Le progressisme nihiliste
Que le mal peut aussi progresser
Qui disconviendra aujourd’hui que le portrait du totalitarisme brossé par
Orwell fait songer peu ou prou à une peinture de notre époque ? La liberté y
est en effet mal portée, la langue est attaquée, la vérité abolie, l’histoire
instrumentalisée, la nature effacée, la haine encouragée et l’Empire est en
marche.
Ce qui nous est présenté comme un progrès est une marche vers le
nihilisme, une avancée vers le néant, un mouvement vers la destruction.
Car, de la même manière qu’on peut parler d’un progrès du cancer ou d’une
autre maladie qui conduirait inexorablement à la mort, le culte actuellement
voué au progrès du simple fait qu’il est progrès par ceux-là même qui, de ce
fait, se disent progressistes, ressemble à une génuflexion devant l’abîme
avant le moment suivant qui consiste à s’y précipiter – comme les moutons
de Panurge dans les flots… Le progrès est devenu un fétiche et le
progressisme la religion d’une époque sans sacré, l’espérance d’un temps
désespéré, la croyance d’une civilisation sans foi. On peut ne pas souscrire
à cette religion nouvelle et lui préférer l’athéisme social tragique qui ne
s’agenouille devant aucune transcendance. Ce refus de la foi qui sécurise
constitue le libertaire.
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Première thèse : la liberté est rétrécie comme peau de chagrin. Nous
sommes dans une société surveillée où la parole, la présence, l’expression,
la pensée, les idées, le déplacement sont traçables et repérables. De sorte
que toutes les informations engrangées permettent l’instruction d’un dossier
à destination du tribunal de la pensée.
Nous sommes archivés : par notre téléphone portable, qui est l’instrument
nomade suprême de la servitude volontaire ; par notre ordinateur, qui est