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abruties et faciles à conduire par ces discours ; l’ouvrier stakhanoviste bas
du front et emblématique de la jouissance dans la servitude volontaire ;
l’existence de parasites ; l’activation d’une symbolique révolutionnaire –
chants, hymnes, drapeaux, symboles ; la construction d’une dictature du
prolétariat ; la constitution d’une police politique ; l’élection d’un ennemi
comme bouc émissaire de toute négativité ; l’usage de la dialectique afin de
démontrer que ce qui est n’est pas et que ce qui n’est pas est ;
l’internationalisation de la Révolution ; les discours contre-révolutionnaires
induits ; les modalités schématiques du discours révolutionnaire ; les
alliances et leur renversement du type pacte germano- soviétique ; les
guerres révolutionnaires et contre-révolutionnaires ; les défections et la
dissidence ; le productivisme et l’industrialisation forcenée ; la robotique et
la mécanisation révolutionnaire ; l’abandon des soviets au profit du pouvoir
personnel ; le culte des reliques ; le mécanisme des mensonges d’État ; la
pénurie des denrées alimentaires et de premier usage ; le renoncement à
l’économie marxiste-léniniste au profit d’une Nouvelle Économie politique
capitaliste ; la réécriture du passé ; l’existence d’un ministère de la
Propagande ; la construction d’un mythe de l’efficacité de la Révolution
exporté à l’international ; le recours à l’autocritique dans des procès
révolutionnaires, l’usage de la confession ; l’extermination physique des
opposants ; le gouvernement par la terreur ; le soutien intérieur de
communistes critiques ; le culte de la personnalité ; la constitution d’une
oligarchie, la nomenklatura ; la collaboration de la religion ; mais aussi, la
possibilité, malgré tout, qu’existe encore un intellectuel critique – une
figure incarnée par un âne, autrement dit : un animal qu’on n’attelle pas, le
porte-parole d’Orwell bien sûr.
La thèse de cette fable dense est simple : la Révolution est un changement
qui se propose après moult dégâts de revenir au point de départ, en pire : les
exploités d’hier une fois parvenus au pouvoir deviennent les exploiteurs du
jour en imposant un ordre pire que celui qui a été aboli. Chez Jones le
Capitaliste ce n’était probablement pas rose tous les jours, mais avec
Napoléon le Marxiste-Léniniste, c’était noir et outre-noir chaque seconde
de chaque jour.
La conclusion de cette fable est que ce sont toujours les petits, les sansgrade,
qui font les frais des révolutions. Ce sont les pauvres qui triment et
souffrent, ne mangent pas à leur faim et sont privés de tout, subissent la