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(1) Michel Onfray - Théorie de la dictature-Robert Laffont (2019)

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abruties et faciles à conduire par ces discours ; l’ouvrier stakhanoviste bas

du front et emblématique de la jouissance dans la servitude volontaire ;

l’existence de parasites ; l’activation d’une symbolique révolutionnaire –

chants, hymnes, drapeaux, symboles ; la construction d’une dictature du

prolétariat ; la constitution d’une police politique ; l’élection d’un ennemi

comme bouc émissaire de toute négativité ; l’usage de la dialectique afin de

démontrer que ce qui est n’est pas et que ce qui n’est pas est ;

l’internationalisation de la Révolution ; les discours contre-révolutionnaires

induits ; les modalités schématiques du discours révolutionnaire ; les

alliances et leur renversement du type pacte germano- soviétique ; les

guerres révolutionnaires et contre-révolutionnaires ; les défections et la

dissidence ; le productivisme et l’industrialisation forcenée ; la robotique et

la mécanisation révolutionnaire ; l’abandon des soviets au profit du pouvoir

personnel ; le culte des reliques ; le mécanisme des mensonges d’État ; la

pénurie des denrées alimentaires et de premier usage ; le renoncement à

l’économie marxiste-léniniste au profit d’une Nouvelle Économie politique

capitaliste ; la réécriture du passé ; l’existence d’un ministère de la

Propagande ; la construction d’un mythe de l’efficacité de la Révolution

exporté à l’international ; le recours à l’autocritique dans des procès

révolutionnaires, l’usage de la confession ; l’extermination physique des

opposants ; le gouvernement par la terreur ; le soutien intérieur de

communistes critiques ; le culte de la personnalité ; la constitution d’une

oligarchie, la nomenklatura ; la collaboration de la religion ; mais aussi, la

possibilité, malgré tout, qu’existe encore un intellectuel critique – une

figure incarnée par un âne, autrement dit : un animal qu’on n’attelle pas, le

porte-parole d’Orwell bien sûr.

La thèse de cette fable dense est simple : la Révolution est un changement

qui se propose après moult dégâts de revenir au point de départ, en pire : les

exploités d’hier une fois parvenus au pouvoir deviennent les exploiteurs du

jour en imposant un ordre pire que celui qui a été aboli. Chez Jones le

Capitaliste ce n’était probablement pas rose tous les jours, mais avec

Napoléon le Marxiste-Léniniste, c’était noir et outre-noir chaque seconde

de chaque jour.

La conclusion de cette fable est que ce sont toujours les petits, les sansgrade,

qui font les frais des révolutions. Ce sont les pauvres qui triment et

souffrent, ne mangent pas à leur faim et sont privés de tout, subissent la

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