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l’État, qu’il noie sa subjectivité dans la totalité, qu’il dilue son individualité
dans la communauté, qu’il n’a pas de jouissance égotiste, égocentrée
ou égoïste, et qu’il trouve son plein épanouissement à se réjouir en même
temps que tout le monde avec tout le monde des mêmes occasions festives.
Le but est que, par la fête, la fusion des monades s’effectue dans l’unité
compacte du groupe.
PRINCIPE 5
UNIFORMISER L’OPINION
« Imposer une parfaite uniformité d’opinion
sur tous les sujets devenait possible
pour la première fois 241 »
Soumis de façon permanente à l’idéologie, perpétuellement contrôlés,
interdits de vie privée, condamnés à ne plus jamais être seuls, contraints à
se réjouir de façon collective et communautaire dans cet État, les êtres sont
devenus interchangeables. Le régime peut alors sans problème obtenir un
homme unidimensionnel qui pense comme tout le monde, agit comme tout
le monde, jouit comme tout le monde, réfléchit comme tout le monde.
Mais pour obtenir un pareil résultat, il faut un dispositif activé par un
certain nombre de personnes qui veillent à assurer la domination de
quelques-uns sur la totalité. Il faut des rouages à cette machine politique qui
broie l’individu pour en faire une pâte idéologiquement uniforme.
PRINCIPE 6
DÉNONCER LE CRIME PAR LA PENSÉE
« L’incrédulité est un délit en soi 75 »
La construction de l’homme nouveau voulu par le Sociang nécessite un
personnel politique affecté à cette tâche. Il s’agit d’une police de la pensée
– « la mentopolice 13 ». C’est elle qui décide de regarder l’image ou
d’écouter le son espionnés par le télécran. Elle choisit de façon arbitraire le
jour et l’heure. Elle le peut n’importe quand dans la journée ou pendant la
nuit. Elle surveille potentiellement chaque personne, on ne sait donc jamais
quand elle contrôle réellement. Quand on peut être vu et entendu n’importe
quand, on est vu et entendu n’importe quand.
Qu’est-ce qu’un crime par la pensée ? C’est penser par soi-même, regarder
ce qui est, voir ce qu’il faut voir, nommer comme il faut ce qui doit être
nommé, c’est affirmer que le réel existe, qu’il a bien lieu, que l’on peut bien
nous dire que 2 + 2 = 5 mais que la vérité est que 2 + 2 = 4, quoi qu’en dise