02.01.2023 Views

(1) Michel Onfray - Théorie de la dictature-Robert Laffont (2019)

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

perturbés de l’endocrine, qui sont-ils ? quand ? comment ? De quelle

manière cela se manifeste-t-il ? Quid sur le terrain de la sexualité ? Le

trouble dans le genre entretient-il une relation avec ce qui nous est présenté

comme une grande cause sanitaire nationale ? Ou pas. Et sinon, pour

quelles raisons ?

Là aussi, là encore, la moraline empêche la généalogie. La nature

s’opposerait à la culture, première sottise qui empêche de penser. Plus l’une

serait grande plus l’autre serait petite : un être naturel s’avérerait fruste et

simple, sinon simpliste et simplet, sauf à être le cannibale de Montaigne ou

le bon sauvage de Rousseau. Un être cultivé se trouve paré des plumes du

plus beau paon. La culture n’est pas dans la nature, on ne la trouve donc pas

en campagne, mais dans les villes. Elle est urbaine.

Cette bétonisation des âmes, cette bitumisation des intelligences, ce

cimentage de la raison contribuent à l’effacement de la nature qui ne se

trouve plus envisagée que dans la configuration de l’écologie urbaine et de

façon anthropique : selon cette vision du monde urbano-centrée, l’homme

reste au centre de la nature, il en est le maître et possesseur. Si la planète se

réchauffe, c’est uniquement sa faute. L’historien aura beau dire que, depuis

que le monde est monde, donc bien avant l’homme, sans lui, il y eut des

cycles de réchauffement et de refroidissement de la terre en relation avec le

cosmos et non pas avec le seul homme, il sera immédiatement traité de

climato-sceptique, donc rangé dans le camp du mal.

Mettons donc au crédit de l’écologie urbaine le fait qu’elle soit parvenue à

sensibiliser l’homme à la nature, qu’elle ait réussi à penser la planète dans

sa fragilité, qu’elle ait enseigné aux hommes leur part de responsabilité

dans le réchauffement, mais, de grâce, encore un effort pour être

véritablement écologiste : il faut placer l’homme dans une configuration

cosmique et pas seulement terrestre. Et se faire à l’idée que, quoi que

l’homme fasse, la terre mourra – aucun astrophysicien n’a la sottise

d’enseigner le contraire…

Cet oubli de la nature et de ses règles dans l’infiniment grand se double

d’un oubli de la nature, dans l’infiniment petit. Je songe à la négation de

l’anatomie, de la physiologie, de la génétique, de l’endocrinologie, une

déraison consubstantielle à l’idéologie poststructuraliste et

déconstructionniste. Le corps est devenu une archive culturelle et non un

dispositif naturel.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!