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penseurs, de littérateurs, d’œuvres, de noms propres ; on peut lui associer
des faits et gestes, des moments et des figures historiques.
L’intoxiqué de moraline se moque de ce que l’histoire enseigne pour faire
un usage polémique et politicien de cette notion. Sera dite d’extrême droite
toute droite qui ne souscrit pas au projet libéral maastrichien – voire toute
pensée, même de gauche, qui ne communie pas dans cette région
européiste. Cette droite peut bien ne rien souscrire à la définition de
l’extrême droite et entrer dans le cadre démocratique et républicain, jouer le
jeu parlementaire et affirmer publiquement son philosémitisme, ne jamais
parler de la franc-maçonnerie, témoigner de sa nature pacifiste et pacifique
en ne soutenant aucune violence de rue, en les condamnant même, consentir
aux élections comme voie d’accès au pouvoir, accepter chacun de leurs
verdicts et n’en jamais contester ou refuser aucun, n’avoir jamais eu recours
à des manifestations de rues factieuses et armées, il n’importe, cette droitelà
sera dite « extrême droite », donc parente de Vichy, de Pétain, du nazisme
et des millions de morts de la Shoah…
Le problème avec le mésusage de ce mot c’est que, quand surgit une
véritable extrême droite, par exemple lors de tueries suprématistes anglosaxonnes,
les moyens de lutter véritablement contre elle n’existent plus, car,
quand l’extrême droite est partout, elle ne se trouve plus nulle part. Chacun
connaît l’histoire du berger qui crie faussement au loup un grand nombre de
fois avant qu’un jour, en présence d’un vrai loup, plus personne ne le croie,
ne se déplace et n’empêche qu’il se fasse dévorer.
Il en va de même avec la misogynie, la phallocratie, le racisme, le
sexisme, l’antisémitisme, totalement découplés de leurs significations
historiques, donc de leurs sens véritables, historiques, et utilisés de façon
polémique dans le cadre de la politique politicienne : recourir à ces
épithètes à la façon d’insultes interdit que la misogynie véritable, la
phallocratie réelle, le racisme authentique, le sexisme avéré, l’antisémitisme
constatés, puissent être véritablement identifiés, donc combattus. Cet
assassinat du signifié tue le signifiant qui légitime la prolifération des faits.
Dès lors que les mots disent n’importe quoi, les choses dites ne signifient
plus rien, le réel pathogène peut se répandre comme une bouteille à encre.
Quand l’histoire est congédiée, la propagande peut alors faire la loi.