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AM 435- 436 Free

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NUMÉRO<br />

<strong>435</strong>-<strong>436</strong><br />

EN VENTE<br />

DEUX<br />

MOIS<br />

Bestof<br />

2022<br />

LES ENTREPRENEURS<br />

Notre sélection<br />

de ceux qui changent<br />

la donne, font<br />

bouger les lignes,<br />

participent<br />

activement<br />

à l’émergence<br />

du continent.<br />

ET AUSSI<br />

GABON<br />

L’ANNÉE<br />

CHOC<br />

Élections<br />

présidentielle<br />

et locales<br />

sont au<br />

programme.<br />

Au centre<br />

des enjeux,<br />

Ali Bongo<br />

Ondimba.<br />

ÉDITO<br />

LES RICHES<br />

ET LA DIVERSITÉ<br />

DES AUTRES<br />

par Zyad Limam<br />

NIGERIA<br />

LE GÉANT EN<br />

DÉSÉQUILIBRE<br />

PERMANENT<br />

Lagos, capitale<br />

économique.<br />

AÉRIEN<br />

L’ÉNIGME<br />

ETHIOPIAN<br />

AIRLINES<br />

France 5,90 € – Afrique du Sud 49,95 rands (taxes incl.) – Algérie 320 DA – Allemagne 6,90 €<br />

Autriche 6,90 € – Belgique 6,90 € – Canada 9,99 $C – DOM 6,90 €<br />

– Espagne 6,90 € – États-Unis 8,99 $ Grèce 6,90 € – Italie 6,90 € –<br />

Luxembourg 6,90 € – Maroc 39 DH – Pays-Bas 6,90 € – Portugal cont. 6,90 €<br />

Royaume-Uni 5,50 £ – Suisse 8,90 FS – TOM 990 F CFP – Tunisie 7,50 DT – Zone<br />

CFA 3 500 FCFA ISSN 0998-9307X0<br />

+<br />

INTERVIEW<br />

Eugène Ébodé<br />

« L’Afrique est<br />

à apprendre »<br />

BUSINESS<br />

La solution biogaz<br />

N° <strong>435</strong>-<strong>436</strong> - DÉC.2022-JANV.2023<br />

L 13888 - <strong>435</strong> - F: 5,90 € - RD


Je conjugue<br />

efficacité et<br />

durabilité.<br />

NICOLAS KOUASSI<br />

CONDUCTEUR D’ENGIN, FORMATEUR<br />

SC BTL-06/22- Crédits photos : © Révolution plus.<br />

MOBILISER plus POUR FAIRE FACE AUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX<br />

Grâce à des pratiques vertueuses et par l’innovation, Bolloré Transport & Logistics se<br />

mobilise pour préserver l’environnement. Des solutions sont mises en place pour réduire<br />

l’impact de nos activités. Nous sommes engagés dans des démarches de certifications<br />

pointues, à l’image du Green Terminal déployé sur tous nos terminaux portuaires.<br />

NOUS FAISONS BIEN plus QUE DU TRANSPORT ET DE LA LOGISTIQUE


édito<br />

DES RICHES ET DES AUTRES<br />

En regardant la Coupe du monde au Qatar, la<br />

dichotomie des regards apparaît assez nettement.<br />

Schématiquement, d’un côté, au Nord, en Occident,<br />

des critiques sur la démesure, la climatisation des stades,<br />

le traitement des travailleurs, le rigorisme religieux, le<br />

non-respect des droits LGBT. Des vraies questions, évidemment,<br />

incontournables, mais aussi la sensation d’un<br />

jugement à charge, à sens unique, sans nuances. Et puis<br />

de l’autre, au Sud disons, un autre regard, nettement<br />

plus positif, sur la capacité d’un petit pays, même riche,<br />

à organiser sans trop de soucis le plus grand événement<br />

sportif du monde, à assurer une certaine bonhomie, la<br />

sécurité des fans, sans les débordements habituels. Du<br />

ressentiment aussi vis-à-vis du sombre tableau peint par<br />

les médias du « Nord ». Et sportivement, les petites nations<br />

du foot ont montré qu’elles pouvaient aspirer à rivaliser<br />

avec les grandes, comme le Maroc l’a prouvé… Comme<br />

un symbole de ce monde qui change.<br />

Les pays dits riches, l’Occident, le G7 pour faire<br />

simple, les États-Unis, la France, l’Allemagne, la<br />

Grande-Bretagne, l’Italie, le Canada, le Japon, auxquels<br />

on pourrait rajouter l’Australie, et aussi la Corée<br />

du Sud représentent aux alentours de 800 millions de<br />

personnes. Sur 8 milliards d’êtres humains. Donc 10 % de<br />

l’humanité. Hier, ce que l’on appelait encore les pays en<br />

voie de développement ne pesait pas grand-chose. À<br />

l’orée des années 1970, le G7 représentait les deux tiers<br />

de l’économie mondiale. Et assurait une domination<br />

globale, malgré la présence de l’URSS et du bloc communiste.<br />

Aujourd’hui, ces pays développés, riches, ne<br />

représentent plus que 40 % de la richesse globale, ce<br />

qui reste encore le signe d’une profonde inégalité, mais<br />

aussi le marqueur fort d’un changement systémique. La<br />

domination des uns se dilue, la marge de manœuvre<br />

des autres augmente. Les États-Unis sont toujours l’hyper<br />

puissance militaire et économique, mais leur pouvoir<br />

atteint des limites. La Russie, en asthénie économique<br />

et démographique, peut se permettre pour le moment<br />

de mener une guerre, même si elle est quasi suicidaire…<br />

Surtout, la Chine s’est imposée en quarante ans<br />

comme la première puissance économique (en<br />

volume). Une mutation révolutionnaire. Le pays de Xi<br />

Jinping est un géant autoritaire, affaibli par sa politique<br />

zéro Covid et par les contradictions de plus en plus<br />

PAR ZYAD LIM<strong>AM</strong><br />

criantes entre autoritarisme politique et libéralisme économique.<br />

Mais c’est un géant quand même, avec une<br />

ambition planétaire. L’Inde aussi est en marche, elle est<br />

déjà dans l’espace. Son voisin le Pakistan détient l’arme<br />

nucléaire. Le Brésil, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines,<br />

le Mexique, la Turquie, la Thaïlande, le Vietnam,<br />

d’autres encore, prennent place dans l’échiquier mondial.<br />

Les pays du Golfe sont assis sur de gigantesques<br />

montagnes de dollars, qui leur donnent un pouvoir d’influence<br />

majeur.<br />

Ces pays émergents sont fragiles, divisés, socialement<br />

instables, politiquement polarisés, mais ils pèsent<br />

plus lourd, à la fois en tant que puissances économiques,<br />

producteurs, consommateurs, acteurs diplomatiques. Ils<br />

changent l’équilibre.<br />

L’Afrique n’a pas encore de géants. L’émergence<br />

reste pour nous un objectif. Le Nigeria, l’Égypte, l’Afrique<br />

du Sud, le Maroc, l’Algérie ou d’autres sont encore loin<br />

de ce statut. Mais l’Afrique n’est pas marginale, elle<br />

représente un enjeu planétaire central. Aujourd’hui, un<br />

être humain sur huit est africain. 60 % de la population<br />

du continent a moins de 25 ans. Selon les estimations, il<br />

devrait compter plus de 2 milliards d’habitants en 2050.<br />

Avec les plus grandes conurbations urbaines de la planète,<br />

dont celle qui devrait progressivement relier Abidjan<br />

à Lagos, en passant par Accra, Lomé, Cotonou…<br />

Démographiquement incontournable, l’Afrique<br />

sera au centre du débat climatique. C’est ici que la<br />

bataille se jouera, au cœur par exemple des forêts du<br />

bassin du Congo. C’est ici qu’il faudra inventer un lien<br />

opérationnel, entre développement économique et<br />

développement durable. Comment pourra-t-on dire aux<br />

Africains qu’ils devront se serrer la ceinture, renoncer aux<br />

énergies fossiles, au gaz, alors qu’ils ne sont responsables<br />

que de 3 % à 4 % des émissions globales ?<br />

Le monde est beaucoup plus complexe que ne<br />

le voudrait le récit occidental. Culturellement, sociétalement,<br />

religieusement, l’humanité est un immense<br />

melting-pot. Le meilleur moyen de défendre l’universalisme,<br />

c’est de prendre en compte la diversité des systèmes<br />

et des pensées, de prendre en compte les injustices<br />

économiques et climatiques, de prendre en compte<br />

les richesses tout autant que les résistances culturelles. Le<br />

chemin sera long. ■<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 3


Meilleurs<br />

vœux 2023<br />

à nos lectrices,<br />

lecteurs et<br />

partenaires !<br />

N°<strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023<br />

3 ÉDITO<br />

Des riches et des autres<br />

par Zyad Limam<br />

6 ON EN PARLE<br />

C’EST DE L’ART, DE LA CULTURE,<br />

DE LA MODE ET DU DESIGN<br />

Kanazoé Orchestra,<br />

griot spirit<br />

26 PARCOURS<br />

Fanta Dramé<br />

par Astrid Krivian<br />

29 C’EST COMMENT ?<br />

Faites la fête !<br />

par Emmanuelle Pontié<br />

66 CE QUE J’AI APPRIS<br />

Thomas Bimaï<br />

par Astrid Krivian<br />

98 LE DOCUMENT<br />

La grande aventure<br />

du café équitable<br />

par Cédric Gouverneur<br />

112 VIVRE MIEUX<br />

Prenons soin de nos artères !<br />

par Annick Beaucousin<br />

114 VINGT QUESTIONS À…<br />

PrissK<br />

par Astrid Krivian<br />

TEMPS FORTS<br />

Le best of<br />

30 Les entrepreneurs<br />

par Zyad Liman, Emmanuelle<br />

Pontié, Cédric Gouverneur, Luisa<br />

Nannipieri et Philippe Di Nacera<br />

48 Nigeria : Pour faire face…<br />

par Cédric Gouverneur<br />

58 Gabon: L’année choc<br />

par Zyad Limam<br />

68 L’énigme Ethiopian Airlines<br />

par Thibaut Cabrera<br />

et Zyad Limam<br />

76 Eugène Ébodé :<br />

« L’Afrique n’est<br />

pas à prendre,<br />

elle est à apprendre »<br />

par Astrid Krivian<br />

82 Erige Sehiri : « Quoi<br />

de plus fort que l’art<br />

pour nous évader »<br />

par Astrid Krivian<br />

88 Patrick Chamoiseau :<br />

« Faire de sa vie une beauté<br />

dans tous les sens du terme »<br />

par Catherine Faye<br />

94 Nnenna Okore : Pour un art<br />

écologique et social<br />

par Luisa Nannipieri<br />

P.06<br />

P.48<br />

P.68<br />

Afrique Magazine est interdit de diffusion en Algérie depuis mai 2018. Une décision sans aucune justification. Cette grande<br />

nation africaine est la seule du continent (et de toute notre zone de lecture) à exercer une mesure de censure d’un autre temps.<br />

Le maintien de cette interdiction pénalise nos lecteurs algériens avant tout, au moment où le pays s’engage dans un grand mouvement<br />

de renouvellement. Nos amis algériens peuvent nous retrouver sur notre site Internet : www.afriquemagazine.com<br />

SEUN SANNI/REUTERS - XOSE BOUZAS - AL<strong>AM</strong>Y<br />

4 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


Lagos, capitale<br />

économique.<br />

France 5,90 € – Afrique du Sud 49,95 rands (taxes incl.) – Algérie 320 DA – Allemagne 6,90 €<br />

Autriche 6,90 € – Belgique 6,90 € – Canada 9,99 $C – DOM 6,90 €<br />

– Espagne 6,90 € – États-Unis 8,99 $ Grèce 6,90 € – Italie 6,90 € –<br />

Luxembourg 6,90 € – Maroc 39 DH – Pays-Bas 6,90 € – Portugal cont. 6,90 €<br />

Royaume-Uni 5,50 £ – Suisse 8,90 FS – TOM 990 F CFP – Tunisie 7,50 DT – Zone<br />

CFA 3500 FCFA ISSN 0998-9307X0<br />

P.50<br />

FONDÉ EN 1983 (39 e ANNÉE)<br />

31, RUE POUSSIN – 75016 PARIS – FRANCE<br />

Tél. : (33) 1 53 84 41 81 – Fax : (33) 1 53 84 41 93<br />

redaction@afriquemagazine.com<br />

Zyad Limam<br />

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION<br />

DIRECTEUR DE LA RÉDACTION<br />

zlimam@afriquemagazine.com<br />

Assisté de Laurence Limousin<br />

llimousin@afriquemagazine.com<br />

RÉDACTION<br />

Emmanuelle Pontié<br />

DIRECTRICE ADJOINTE<br />

DE LA RÉDACTION<br />

epontie@afriquemagazine.com<br />

Isabella Meomartini<br />

DIRECTRICE ARTISTIQUE<br />

imeomartini@afriquemagazine.com<br />

FRANCESCA MANTOVANI/GALLIMARD/OPALE PHOTO - VILLE DE NOISY-LE-SEC - RAPHAEL GAILLARDE/G<strong>AM</strong>MA-RAPHO - ERICK BONNIER<br />

BUSINESS<br />

102 Le biogaz, une promesse<br />

encore peu exploitée<br />

106 Arthur Woniala :<br />

« Il faut développer<br />

des campagnes<br />

de sensibilisation<br />

sur ses atouts »<br />

108 Des obligations vertes<br />

pour le Gabon<br />

109 Dakar au club<br />

des producteurs de gaz<br />

110 Des marchés<br />

financiers attractifs<br />

111 Les banques africaines<br />

face à la conjoncture<br />

par Cédric Gouverneur<br />

NUMÉRO<br />

<strong>435</strong>-<strong>436</strong><br />

EN VENTE<br />

DEUX<br />

MOIS<br />

Bestof<br />

2022<br />

LES ENTREPRENEURS<br />

Notre sélection<br />

de ceux qui changent<br />

la donne, font<br />

bouger les lignes,<br />

participent<br />

activement<br />

à l’émergence<br />

du continent.<br />

ET AUSSI<br />

GABON<br />

L’ANNÉE<br />

CHOC<br />

Élections<br />

présidentielle<br />

et locales<br />

sont au<br />

programme.<br />

Au centre<br />

des enjeux,<br />

Ali Bongo<br />

Ondimba.<br />

ÉDITO<br />

LES RICHES<br />

ET LA DIVERSITÉ<br />

DES AUTRES<br />

par Zyad Limam<br />

NIGERIA<br />

LE GÉANT EN<br />

DÉSÉQUILIBRE<br />

PERMANENT<br />

AÉRIEN<br />

L’ÉNIGME<br />

ETHIOPIAN<br />

AIRLINES<br />

INTERVIEW<br />

Eugène Ébodé<br />

« L’Afrique est<br />

à apprendre »<br />

BUSINESS<br />

La solution biogaz<br />

N° <strong>435</strong>-<strong>436</strong> - DÉC.2022-JANV.2023<br />

L 13888 - <strong>435</strong> - F: 5,90 € - RD<br />

<strong>AM</strong> <strong>435</strong> COUV UNIQUE.indd 1 07/12/2022 01:04<br />

PHOTOS DE COUVERTURE :<br />

BRUNO LEVY/DIVERGENCES-IMAGES (2) - STÉPHANE<br />

RODRIGEZ DELAVEGA/ROLEX - DR (2) - VINCENT FOURNIER<br />

POUR JA - DR - SHUTTERSTOCK - ARLETTE BASHIZI/THE<br />

NEW YORK TIMES-REDUX-REA - SHUTTERSTOCK<br />

+<br />

P.76<br />

P.82<br />

P.88<br />

P.98<br />

Jessica Binois<br />

PREMIÈRE SECRÉTAIRE<br />

DE RÉDACTION<br />

sr@afriquemagazine.com<br />

Amanda Rougier PHOTO<br />

arougier@afriquemagazine.com<br />

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO<br />

Thibaut Cabrera, Jean-Marie Chazeau,<br />

Philippe Di Nacera, Catherine Faye,<br />

Cédric Gouverneur, Dominique Jouenne,<br />

Astrid Krivian, Luisa Nannipieri,<br />

Carine Renard, Sophie Rosemont.<br />

VIVRE MIEUX<br />

Danielle Ben Yahmed<br />

RÉDACTRICE EN CHEF<br />

avec Annick Beaucousin.<br />

VENTES<br />

EXPORT Laurent Boin<br />

TÉL. : (33) 6 87 31 88 65<br />

FRANCE Destination Media<br />

66, rue des Cévennes - 75015 Paris<br />

TÉL. : (33) 1 56 82 12 00<br />

ABONNEMENTS<br />

TBS GROUP/Afrique Magazine<br />

235 avenue Le Jour Se Lève<br />

92100 Boulogne-Billancourt<br />

Tél. : (33) 1 40 94 22 22<br />

Fax : (33) 1 40 94 22 32<br />

afriquemagazine@cometcom.fr<br />

COMMUNICATION ET PUBLICITÉ<br />

regie@afriquemagazine.com<br />

<strong>AM</strong> International<br />

31, rue Poussin - 75016 Paris<br />

Tél. : (33) 1 53 84 41 81<br />

Fax : (33) 1 53 84 41 93<br />

AFRIQUE MAGAZINE<br />

EST UN MENSUEL ÉDITÉ PAR<br />

31, rue Poussin - 75016 Paris.<br />

SAS au capital de 768 200 euros.<br />

PRÉSIDENT : Zyad Limam.<br />

Compogravure : Open Graphic<br />

Média, Bagnolet.<br />

Imprimeur : Léonce Deprez, ZI,<br />

Secteur du Moulin, 62620 Ruitz.<br />

Commission paritaire : 0224 D 85602.<br />

Dépôt légal : décembre 2022.<br />

La rédaction n’est pas responsable des textes et des photos<br />

reçus. Les indications de marque et les adresses figurant<br />

dans les pages rédactionnelles sont données à titre<br />

d’information, sans aucun but publicitaire. La reproduction,<br />

même partielle, des articles et illustrations pris dans Afrique<br />

Magazine est strictement interdite, sauf accord de la rédaction.<br />

© Afrique Magazine 2022.<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 5


ON EN PARLE<br />

C’est maintenant, et c’est de l’art, de la culture, de la mode, du design et du voyage<br />

KANAZOÉ<br />

ORCHESTRA,<br />

Folikadi,<br />

Antipodes Music.<br />

6 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


Le groupe<br />

est emmené par<br />

Seydou Diabaté<br />

(à l'arrière,<br />

à gauche).<br />

COLLECTIF<br />

DR - XOSE BOUZAS<br />

Kanazoé Orchestra<br />

GRIOT SPIRIT<br />

Toujours sous la houlette du Burkinabé Seydou<br />

Diabaté, cet EXALTANT ORCHESTRE<br />

enrichit son langage musical avec ce troisième<br />

album, qui marie tradition et modernité.<br />

ALORS QU’IL SAVAIT à peine<br />

marcher, Seydou Diabaté, dit<br />

Kanazoé, était déjà musicien.<br />

En effet, il appartient « à l’ethnie<br />

griot des Samblas qui ont comme<br />

particularité de s'exprimer en jouant<br />

du balafon, explique-t-il. Ce langage<br />

musical est précisément compris<br />

par les membres de la communauté ».<br />

Après la disparition de son père,<br />

il part à la quête du monde, ce qui<br />

le mène jusqu’en France. C’est là qu’il<br />

lance le Kanazoé Orchestra, baptisé<br />

d’après son surnom, avec Madou<br />

Dembélé au balafon et au n’goni,<br />

Thomas Koenig au saxophone et<br />

à la flûte, Stéphane Perruchet aux<br />

percussions, Elvin Bironien à la basse<br />

et Laurent Planells à la batterie.<br />

Après deux disques remarqués,<br />

le groupe réinvente sa grammaire<br />

sonore avec l’arrivée de la chanteuse<br />

et rappeuse Gaëlle Blanchard, qui<br />

introduit l’anglais, le créole et le<br />

français sur des morceaux à l’origine<br />

majoritairement chantés en dioula,<br />

mais aussi en moré et en sambla.<br />

« Nous avons voulu nous ouvrir, dans<br />

le but de toucher un public non initié<br />

à la musique africaine. » Mais<br />

pas de risque que Kanazoé oublie<br />

ses racines. En témoignent « Kassi »<br />

et « Folikadi » sur ce nouvel album,<br />

qui utilisent des gammes typiques<br />

des Samblas. « Hommage », lui, est<br />

dédié à son père, qui lui a appris<br />

le balafon : « C'est un instrumental,<br />

mais l’hommage en ici en toutes<br />

lettres. » L’esprit griot imprègne<br />

l’ensemble de ce disque généreux,<br />

solaire… mais qui assume également<br />

ses parts d’ombre : « Le rôle du griot<br />

est multiple, il s'agit de connaître<br />

l'histoire, les familles, de régler<br />

les conflits, de transmettre une<br />

sorte de sagesse et de connaissance,<br />

et d'améliorer la vie de la société.<br />

Les prises de position de “Kassi”<br />

au sujet de la condition des femmes,<br />

de “Ma Kalan” par rapport aux<br />

responsabilités des jeunes Africains<br />

venus en France pour étudier, ou<br />

encore de “Hero”, chanté en anglais,<br />

qui parle d'un enfant inquiet pour<br />

le monde dans lequel il devra vivre,<br />

vont dans ce sens. » Quant au titre de<br />

l’opus, c’est en référence au « cri du<br />

cœur » de son chanteur, à la suite des<br />

confinements de 2020. « Être artiste,<br />

c'est se mettre à nu et donner aux<br />

autres un concentré de soi-même,<br />

une émotion pure transmise en<br />

musique. En échange, on reçoit<br />

l'émotion et l'énergie du public. Sans<br />

concerts, les artistes perdent leur<br />

équilibre émotionnel… “Folikadi”<br />

signifie littéralement “Jouer nous<br />

fait du bien”. La musique comme les<br />

paroles sont une invitation à la fête :<br />

quand on l'entend, on ne peut pas<br />

s'asseoir tant qu'on n'a pas dansé ! »<br />

Alors, dansons ! ■ Sophie Rosemont<br />

7


ON EN PARLE<br />

3 QUESTIONS À…<br />

BEN L'ONCLE SOUL<br />

Alors que le single « Levitate »<br />

annonce un prochain album, qui<br />

sortira au premier semestre sur son<br />

propre label, Enchanté, le chanteur<br />

se confie sur son RAPPORT<br />

À SES RACINES musicales.<br />

<strong>AM</strong> : En quoi le gospel, l’une de vos premières amours<br />

musicales, compte dans ce nouvel opus ?<br />

Ben l’Oncle Soul : C’est une question très pertinente.<br />

Sur cet album, je pose des questions plutôt spirituelles<br />

ou existentielles. D’un point de vue musical, c’est un retour<br />

aux sources. Le gospel faisant partie de mes racines, il<br />

est très présent dans ce disque. La seule chose qu’il n’y a<br />

pas et qui serait très liée à ce genre de musique, c’est une<br />

chorale… mais je voulais que ce soit intimiste et personnel.<br />

La musique vous est-elle thérapeutique ?<br />

Complètement. Quand j’en écoute, elle soigne mon<br />

esprit et mon énergie, elle calme mes tourments, elle me<br />

nourrit. Quand j’en fais, j’existe, je m’exprime à travers elle,<br />

je communique. Et cela, c’est édifiant. Aussi, le fait de monter<br />

sur scène et de recevoir toute l’attention et la bienveillance<br />

du public, c’est très puissant. Et, quelque part, salvateur.<br />

Comment vos origines antillaises<br />

influencent-elles votre art ?<br />

En ayant toujours su que j’étais métis, j’ai absorbé<br />

la musique en m’identifiant à mes origines. D’abord, avec<br />

l’afro-américaine, ensuite avec le jazz et le reggae, et plus<br />

tard avec la musique des Mornes, le calypso. Les mélodies<br />

du flûtiste martiniquais Max Cilla sont devenues de vraies<br />

sources de vie… ■ Propos recueillis par Sophie Rosemont<br />

En tournée en France et en Europe, le 13 décembre au Trabendo (Paris).<br />

❶<br />

SOUNDS<br />

À écouter maintenant !<br />

Gaye Su Akyol<br />

Anadolu Ejderi,<br />

Glitterbeat<br />

C’est un superbe morceau<br />

qui conclut le quatrième<br />

album de la chanteuse<br />

stambouliote, « Içinde Uyanıyoruz<br />

Hakikatin » (« Nous nous réveillons dans<br />

la réalité »), sombre, sous influence des<br />

belles heures du psyché seventies, mais<br />

empreint du folk turc qui nourrit toutes<br />

ses propositions. Tour à tout électrique,<br />

romantique, politique, toujours porté par<br />

son timbre multifacettes, Anadolu Ejderi<br />

confirme le charisme de Gaye Su Akyol.<br />

❷ Afriquatuors<br />

Afriquatuors, L’Autre<br />

Distribution/Idol<br />

Créé et dirigé par<br />

Christophe Cagnolari,<br />

cet ensemble de chambre,<br />

composé d’un quatuor à vent et d’un<br />

autre à cordes, et dédié aux musiques<br />

africaines, ressuscite la vitalité des<br />

grands orchestres de la seconde partie du<br />

XX e siècle. Incarné par les voix de Ballou<br />

Canta, Sekouba Bambino, Sam Mangwana<br />

et Tina Kloutse, ce superbe disque varie<br />

les humeurs et convoque aussi bien<br />

le soukouss que la rumba. Très élégant.<br />

❸<br />

Grèn Sémé<br />

Zamroza,<br />

Markotaz/The<br />

Garden Records/<br />

Lusafrica<br />

Drôle de chanson que<br />

celle de ce groupe qui, depuis Hors sol, en<br />

2016, cultive ses racines créoles, ses amours<br />

blues et ses incartades électroniques. Le tout<br />

prend son ampleur sur Zamroza, résolument<br />

engagé, accompagné d’autres artistes<br />

ignorant la tiédeur, tels Gaël Faye sur la<br />

pop en crescendo de « Poussière », ou Ambi<br />

Subramaniam, Aditya Srinivasan et le Trio<br />

Zéphyr sur l’orientalisant « Bhopal ». ■ S.R.<br />

JIM ROSEMBERG - DR (3)<br />

8 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


CINÉ<br />

LE VERGER DES DÉSIRS<br />

La cueillette des figues dans la Tunisie rurale, occasion de dialogues sur<br />

les rapports femmes-hommes et la jeunesse arabe aujourd’hui. Un film<br />

CHORAL ET SOLAIRE qui n’en finit pas de récolter des lauriers…<br />

HENIA PRODUCTION MANEKI FILMS - DR<br />

UN SOLEIL ÉCRASANT, des corps et des visages filmés au<br />

plus près, des discussions et des échanges permanents… La<br />

filiation avec certains films d’Abdellatif Kechiche est évidente,<br />

et même revendiquée par la réalisatrice. Mais Erige Sehiri<br />

[voir son interview pp. 82-87] vient du documentaire : son<br />

premier, La Voie normale (2018), racontait les problèmes d’une<br />

ligne de chemin de fer tunisienne. Elle nous plonge ici en<br />

pleine saison de la récolte des figues dans le nord-ouest rural<br />

du pays, où l’on parle un arabe mâtiné de berbère rarement<br />

entendu au cinéma. Ce ballet des saisonniers (surtout des<br />

saisonnières) dans le bruissement de feuilles offrant une ombre<br />

bienvenue est l’occasion d’échanges vifs et savoureux. Mais<br />

aussi de moments de grâce, voire d’impromptus intégrés à la<br />

narration (un vieux monsieur qui se mêle d'une conversation<br />

sur les rapports hommes-femmes). Il n’y a aucun comédien<br />

professionnel, tous connaissent visiblement les gestes de<br />

ce travail sous les branches, où ils font attention à ne pas<br />

abîmer des fruits fragiles tout en bavardant. Mais c’est une<br />

fiction, même si l’on comprend les dures conditions imposées<br />

à ces ouvriers sous-payés, victimes de harcèlement (sexuel<br />

pour les femmes), et encouragés à la délation contre ceux<br />

qui détournent une partie de la récolte. Une réalité souvent<br />

complexe : face à un garçon qui reproche aux filles leur<br />

voile et l’impossibilité du contact, il y en a une qui défend<br />

son foulard et explique vouloir un mari croyant, viril et<br />

rassurant, tandis qu’une autre affirme son indépendance<br />

en laissant ses cheveux se découvrir sans cesse… Un film<br />

féministe qui donne à entendre le point de vue des hommes<br />

et décrit un destin commun pour ces habitants coincés dans<br />

leur condition sociale. Il y a aussi des chants émouvants et<br />

joyeux, dans cette journée unique – qui occupe tout le film –,<br />

entre l’arrivée et le départ sur les camions qui transportent ce<br />

prolétariat des champs comme du bétail. Une œuvre bucolique<br />

et tragique qui a déjà touché beaucoup de monde : présenté<br />

à Cannes et récompensé dans les festivals de Namur et de<br />

Carthage notamment, le film a été choisi pour représenter<br />

la Tunisie aux prochains Oscars. ■ Jean-Marie Chazeau<br />

SOUS LES FIGUES (Tunisie-France),<br />

d’Erige Sehiri. Avec Ameni Fdhili, Samar Sifi,<br />

Leila Ohebi, Abdelhak Mrabti. En salles.<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 9


ON EN PARLE<br />

Portrait de Baya à l’exposition<br />

d’artistes algériens, Fête de l’Humanité,<br />

Abderrahmane Ould Mohand, 1998.<br />

« BAYA, ICÔNE DE LA PEINTURE<br />

ALGÉRIENNE : FEMMES EN LEUR<br />

JARDIN », Institut du monde arabe,<br />

Paris (France), jusqu’au 26 mars.<br />

imarabe.org<br />

EXPOSITION<br />

BAYA,<br />

L'Âne bleu, Baya, vers 1950.<br />

BEAUTÉ BRUTE<br />

Un HOMMAGE À L’ARTISTE<br />

ALGÉRIENNE la plus singulière<br />

du xx e siècle, dont les créations résistent<br />

à toutes les étiquettes et lectures.<br />

IL Y A DANS L’ŒUVRE chimérique de Baya des parfums et des envolées,<br />

l’innocence de l’enfance et l’affirmation de soi. Rose fuchsia, vert amande,<br />

bleu lavande… Comme une valse des couleurs et de l’ingénuité, qui porterait<br />

en elle la toute-puissance de l’imaginaire. Ici, un clin d’œil à Chagall, là<br />

une allusion à Matisse ou à Picasso. Juste un effleurement. Mais qui est cette<br />

virtuose de l’émotion, chez qui les oiseaux et les femmes, les instruments<br />

de musique et les feuillages s’interpénètrent dans des mondes merveilleux ?<br />

Par quel trait de crayon, quel souffle créatif la plasticienne, née Fatma<br />

Haddad en 1931 dans la banlieue d’Alger, non scolarisée, orpheline à<br />

5 ans, propulsée dès l’âge de 16 ans au sommet de la notoriété, mariée à<br />

22 à un homme de trente ans son aîné, a-t-elle pu toucher l’âme des plus<br />

grands artistes et galeristes de son époque ? Faisant d’elle « un personnage<br />

mythique, mi-fille, mi-oiseau, échappé de l’une de ses gouaches ou de l’un<br />

de ces contes dont elle avait le secret », comme l’écrit la femme de lettres et<br />

journaliste Edmonde Charles-Roux dans Vogue, en 1948. Peut-être parce<br />

que sa sensibilité à fleur de peau est une ode à la vie. ■ Catherine Faye<br />

FIRAS BEN KHALIFA - ABDERRAHMANE OULD MOHAND<br />

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PHOTOGRAPHIES<br />

DE GRANDES D<strong>AM</strong>ES<br />

À Washington, une sélection des plus beaux portraits de BRIAN LANKER<br />

met en lumière les Afro-Américaines qui ont changé les États-Unis.<br />

ROSA PARKS, Leontyne Price, Alice Walker, Angela Davis…<br />

Chacune des figures immortalisées par le photojournaliste<br />

américain illustre le combat pour la reconnaissance<br />

des droits civiques des femmes noires aux États-Unis. Lauréat<br />

du prix Pulitzer en 1973, à seulement 26 ans, pour<br />

ses photographies d’accouchements naturels, Brian<br />

Lanker (1947-2011) ne se contente pas de saisir<br />

l’instant. Il scrute, fouille, décèle une ombre<br />

dans le regard, une inclinaison de la nuque,<br />

un froncement de la bouche, la position d’une<br />

main. Présentée en deux parties dans le musée<br />

d’art américain emblématique de la capitale<br />

américaine, sa série sur les artistes, écrivaines,<br />

athlètes, activistes ou politiciennes noires inspirantes<br />

percute. Chaque visage raconte une histoire. À la limite<br />

du vivant. « Ces femmes nous regardent, nous comprennent,<br />

regardent à travers chacune de nous, dans un au-delà », écrit<br />

la charismatique Maya Angelou dans l’ouvrage éponyme<br />

I Dream A World, que le photographe avait consacré, en<br />

1989, à ces femmes révolutionnaires et talentueuses,<br />

dont le parcours, le défi et l’engagement<br />

ont laissé une marque indélébile. ■ C.F.<br />

« I DRE<strong>AM</strong> A WORLD : SELECTIONS<br />

FROM BRIAN LANKER’S PORTRAITS<br />

OF REMARKABLE BLACK WOMEN »,<br />

National Portrait Gallery, Washington<br />

(États-Unis), jusqu’au 29 janvier pour<br />

la partie 1 (la seconde se déroulera<br />

entre février et septembre). npg.si.edu<br />

BIRAN LANKER<br />

Rosa Parks,<br />

1988.<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 11


ON EN PARLE<br />

VOYAGE<br />

LE COMMENCEMENT<br />

DE LA FIN<br />

Traduit en huit langues,<br />

un roman poétique et âpre<br />

sur la liberté et notre place<br />

dans le monde.<br />

LORSQUE Michael Kabongo,<br />

un enseignant anglo-congolais,<br />

arrive à l’aéroport de Londres Heathrow, il lui reste<br />

moins de 1 heure pour s’enregistrer, passer les contrôles<br />

de sécurité et monter à bord. Ce vol, il ne peut pas<br />

le rater. Il a décidé que les États-Unis, le mythique<br />

« pays de la liberté », accueilleraient son dernier voyage.<br />

Celui par lequel, d’un océan à l’autre, le sentiment<br />

de solitude, d'exclusion et d’injustice qui l’accable<br />

se métamorphoserait, peut-être, en une respiration<br />

rédemptrice. Une mise entre parenthèses des fractures<br />

de l’âme. De New York à San Francisco, le voilà en<br />

chemin, avec l’intention de vivre quelques rêves jusqu'à<br />

ce qu’il n’ait plus un sou. On retrouve dans la prose<br />

magnétique de JJ Bola les thèmes qu’il ne cesse d’explorer :<br />

la force destructrice de la masculinité et du racisme,<br />

versus la puissance de restauration de l’amour. ■ C.F.<br />

JJ BOLA, Le Chemin du retour,<br />

Mercure de France, 250 pages, 24 €.<br />

PREMIER ROMAN<br />

YIN ET YANG<br />

DE L’INCONSCIENT<br />

Un récit singulier, qui explore<br />

les richesses, les écueils et la magie<br />

de la transculturalité.<br />

DJINNS, faunes, génies ou démons,<br />

comment démêler le vrai du faux, le clair de l’obscur, le<br />

sensé du fou ? De ces variations, de ce flou, entre mondes<br />

visible et invisible, Seynabou Soko, écrivaine et musicienne<br />

franco-sénégalaise de 29 ans, tire un récit habité et<br />

questionnant. Car qu’est-ce qui détermine, ou non, une<br />

pathologie psychique, une maladie de l’âme ou une<br />

hypersensibilité au tout et au rien, au rationnel et au<br />

surnaturel ? Ce n’est pas un hasard si Naboo (son pseudo<br />

de compositrice-interprète) cite le groupe de rap français<br />

PNL en exergue : « J’t’abîme, m’abîme, j’dois t’oublier /<br />

J’suis le djinn de mon djinn, j’suis bousillé. » Parce que les<br />

états de conscience ou les phénomènes surréels nous disent<br />

la dissemblance des sociétés et des cultures, la peur de la<br />

différence, la force des croyances et des représentations.<br />

Mais aussi, le lien et le pouvoir de l’imaginaire. Et surtout,<br />

la liberté d’être et l’acceptation de l’autre. ■ C.F.<br />

SEYNABOU SONKO, Djinns, Grasset, 180 pages, 18 €.<br />

INTERVIEW<br />

Oumy Bruni<br />

Garrel<br />

LE GRAND<br />

ÉCART<br />

Pour son premier grand<br />

rôle au cinéma, à 14 ans, la JEUNE<br />

ACTRICE CRÈVE L’ÉCRAN ! Née<br />

au Sénégal, fille adoptive de deux<br />

grands noms du cinéma d’auteur<br />

français, les comédiens et cinéastes<br />

Valeria Bruni Tedeschi et Louis<br />

Garrel, elle incarne avec aplomb<br />

dans Neneh superstar une fillette<br />

noire qui veut conquérir le monde<br />

très formaté de la danse classique…<br />

<strong>AM</strong> : Qui est Neneh ?<br />

Oumy Bruni Garrel : C’est une petite fille de 12 ans<br />

qui habite en banlieue et veut rentrer à l’Opéra de Paris, parce<br />

que c’est son plus grand rêve. Sauf que là-bas, les Noirs et les<br />

Arabes, jamais de la vie on va en voir ! Mais elle y rentre, et<br />

genre c’est incroyable, sauf qu’elle est en conflit avec une prof<br />

qui est super méchante avec elle, et on ne sait pas pourquoi<br />

elle déteste Neneh. Je fais de la danse tous les jours, je suis<br />

en sport-étude de danse, et je me suis bien vue dans cette<br />

petite fille. Mais il n’y a pas que de la danse classique dans<br />

le film, il y a aussi du hip-hop. Et ça montre que c’est difficile,<br />

qu’il y a plein de choses qui sont dures pour les danseuses.<br />

Est-ce que tu as rencontré les mêmes problèmes qu’elle ?<br />

Pas aussi fort, mais oui, bien sûr, parce que je suis<br />

noire, et qu’en France, les danseuses classiques noires,<br />

c’est vraiment hyper rare, parce que c’est un « monde<br />

de Blancs ». Par exemple, dans mon cours de danse<br />

classique, je suis la seule personne noire, alors que ce<br />

n’est pas le cas en hip-hop. Au départ, pour moi, c’était<br />

comme pour toutes les petites filles : les mères qui les<br />

poussent à aller à la danse, sauf que normalement,<br />

elles arrêtent au bout de cinq ans, et moi j’ai continué !<br />

À un moment, Neneh dit : « J’en ai marre d’être noire,<br />

je voudrais être blanche comme tout le monde »…<br />

DR (2) - MIKA COTELLON<br />

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MIKA COTELLON<br />

C’est sûr que je l’ai déjà dit dans ma vie, parce que…<br />

c’est chiant, on est la seule Noire, on se sent de trop !<br />

Heureusement, j’ai la chance d’être dans une école qui<br />

est super ouverte, qui accueille tous les physiques, toutes<br />

les couleurs, pas comme l’Opéra. D'ailleurs, je ne veux<br />

pas du tout faire l'Opéra ! Par exemple, cette année,<br />

je vais tenter le Conservatoire national de Paris en<br />

danse contemporaine, parce que j’ai envie de changer<br />

du classique, et aussi parce que c’est plus ouvert.<br />

Quels rapports entretiens-tu avec ton pays d’origine ?<br />

Je suis née au Sénégal, mais je n’y suis retournée que<br />

deux fois, j’en suis partie à l’âge de 4 mois, j’étais toute petite !<br />

C’est assez loin pour moi, mais j’adore Dakar, ma ville natale.<br />

Et j’y retourne pour Noël cette année pendant quelques jours.<br />

As-tu l’habitude des plateaux<br />

de cinéma, grâce à tes parents ?<br />

Je les ai parfois suivis sur des tournages, mais ça ne<br />

m’a pas donné envie d’être actrice. Du coup, faire un film,<br />

c’est marrant, mais c’est pas du tout pour faire comme eux.<br />

Et j’ai fait ça de mon côté, pas avec eux. Je ne veux pas<br />

être danseuse non plus d’ailleurs, j’aimerais être avocate<br />

à l’ONU, donc vraiment rien à voir ! Dans la société, il y a<br />

beaucoup de choses qui m’énervent, comme le racisme,<br />

l’homophobie… On va dire que c’est basique, mais non,<br />

c’est pas du tout basique, je le vois tous les jours encore<br />

maintenant. ■ Propos recueillis par Jean-Marie Chazeau<br />

NENEH SUPERSTAR (France), de Ramzi Ben Sliman.<br />

Avec Maïwenn, Aïssa Maïga, Steve Tientcheu. En salles.<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 13


ON EN PARLE<br />

Le Dormeur éveillé, Aladin<br />

ou la Lampe merveilleuse<br />

ou encore Ali Baba et les Quarante<br />

Voleurs sont parmi les récits<br />

contés par Shéhérazade.<br />

LITTÉRATURE<br />

JARDINS<br />

SECRETS<br />

Quelque 3 500 pages et des dizaines<br />

d’illustrations, réunies dans<br />

un écrin de papier bible et de cuir,<br />

pour cette nouvelle édition<br />

des MILLE ET UNE NUITS.<br />

IL N’EN FALLAIT pas moins pour un tel recueil. Un coffret<br />

luxuriant, qu’il suffirait presque de frotter, comme une lampe<br />

d’Aladdin, pour qu’en jaillissent parfums et arabesques,<br />

fantasmagories et destins. Un vrai page turner, dirait-on<br />

aujourd’hui. Peut-être même un scénario efficace pour<br />

une série épique. Car ce qui se joue entre les deux héros de ce<br />

récit-fleuve, Schahriar, le roi trahi, et Shéhérazade, la jeune<br />

fille audacieuse, est une affaire de vie ou de mort. Le premier<br />

a été trompé par son épouse et décide de se venger en<br />

tuant chaque matin la compagne toujours renouvelée de sa<br />

nuit. La seconde le tient en haleine, grâce à de captivantes<br />

histoires qu’elle lui narre chaque soir, s’arrangeant pour<br />

que l’apparition de l’aube ne coïncide jamais avec la fin<br />

d’un récit. Pendant mille et une nuits de contes merveilleux<br />

ou salaces, de récits de voyages,<br />

de péripéties ou d’historiettes<br />

« de comptoir », de scènes d’amour<br />

ou de vie quotidienne, l’amante<br />

stratège engage sa vie. Sa survie<br />

se nourrissant d’une humanité<br />

diverse, des beautés du monde et de<br />

ses petitesses, du banal et de l’extraordinaire.<br />

L’issue sera une victoire, puisqu’à la mille et unième nuit, le roi<br />

proclamera Shéhérazade épouse légitime, mère – pendant<br />

ces presque trois années, elle a mis au monde trois enfants –<br />

et reine. Un « happy end », au bout d’un entrelacs de contes<br />

enchâssés, de personnages en miroir et d’intrigues. Fascinante<br />

aussi est la genèse de ce texte anonyme. Il n’existe pas une<br />

version d’origine, unique et incontestée, mais plusieurs<br />

versions. Ceci tenant à leur premier mode de transmission,<br />

par voie orale. Il n’existe pas non plus un manuscrit mais des<br />

manuscrits, pour la plupart perdus. Il n’existe pas, enfin, une<br />

traduction mais diverses traductions. Dont celle des écrivains et<br />

poètes Jamel Eddine Bencheikh, universitaire franco-algérien,<br />

et André Miquel, qui a occupé la chaire de langue et littérature<br />

arabes classiques au Collège de France. Ils restituent ici, avec<br />

fidélité, une langue poétique ou crue, épique ou humoristique,<br />

dans un texte saisissant, qui ne se lasse pas de solliciter les<br />

passions et les affects. Et la curiosité insatiable du lecteur. ■ C.F.<br />

LES MILLE ET UNE NUITS I, II, III ET ALBUM,<br />

Gallimard-La Pléaide, 3776 pages, 195 €.<br />

KHARBINE TAPABOR/COLL. JONAS - KHARBINE TAPABOR/COLL. GROB (2) - DR<br />

14 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


MYESHA EVON GARDNER<br />

R’N’B<br />

HAWA<br />

GRAINE<br />

DE STAR<br />

Après avoir été l’une des<br />

plus JEUNES COMPOSITRICES<br />

de l'Orchestre philharmonique<br />

de New York, cette chanteuse<br />

aux origines guinéennes sort<br />

un épatant premier album.<br />

NÉE À BERLIN il y a vingt-deux ans, mais élevée dans<br />

le pays d’origine de ses parents, la Guinée, Hawa a déjà<br />

été remarquée grâce à une poignée de morceaux au R’n’B<br />

aussi exigeant qu’accessible – en tout cas prometteur. Arrive<br />

aujourd’hui un premier album baptisé Hadja Bangoura en<br />

hommage à feu son arrière-grand-mère, dans lequel il s’agit<br />

de panser ses jeunes blessures et de faire valoir sa maturité<br />

artistique. Il est le fruit d’années passées à Conakry, puis aux<br />

États-Unis, dès ses 10 ans, où elle a intégré le programme<br />

de composition musicale de l’Orchestre philharmonique de<br />

New York. À 15 ans, elle décide de quitter cette prestigieuse<br />

institution et enregistre ses premiers morceaux. Deux ans<br />

plus tard, elle est signée sur le prestigieux label 4AD…<br />

La suite, on l’écoute sur son opus, admirant des titres<br />

tels que « Gemini » ou « Progression », qui, pour raconter<br />

ses émois, manient aussi bien l’organique du piano<br />

que l’autotune et les beats incisifs. Ça promet ! ■ S.R.<br />

HAWA, Hadja Bangour, 4AD.<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 15


ON EN PARLE<br />

RÉTROSPECTIVE<br />

UNE HISTOIRE<br />

RICHE EN MUSIQUE<br />

Nombre de morceaux, souvent copiés,<br />

sont nés sur le continent africain.<br />

Tour de piste de cette abondance<br />

dans cette anthologie illustrée.<br />

DÈS L’OUVERTURE de ce très bel<br />

ouvrage, son auteur, Florent Mazzoleni,<br />

rappelle la « pluralité des sources<br />

musicales et les dizaines de milliers<br />

d’œuvres enregistrées en Afrique depuis<br />

un siècle ». Il a donc décidé de « trouver<br />

un équilibre naturel entre ces différents<br />

musiciens et la grande quantité des<br />

musiques enregistrées et diffusées ».<br />

En résulte un essai thématique, qui<br />

décrypte chapitre après chapitre le jazz,<br />

la rumba, le high-life, l’afrobeat, tout<br />

en revenant sur les racines mandingues,<br />

les chants de résistance lusophones<br />

ou les rythmes et mélodies d’Afrique<br />

de l’Est. Richement illustré de portraits<br />

d’artistes et de pochettes d’albums<br />

souvent ultra-graphiques, ce livre ouvre<br />

une porte sur une industrie féconde,<br />

qui a su dépasser divers traumas et<br />

failles sociopolitiques pour donner<br />

naissance à moult embranchements<br />

sonores. Même des pays moins célèbres<br />

que le Mali ou le Nigeria lorsqu’il<br />

s’agit de musique, tels le Gabon et le<br />

Cameroun, sont ici présents. Docte mais<br />

pas ennuyeux, précis et distrayant à la<br />

fois, Afriques Musiques est un classique<br />

instantané de la littérature consacrée au<br />

patrimoine musical du continent. ■ S.R.<br />

FLORENT MAZZOLENI,<br />

Afriques Musiques : Une histoire<br />

des rythmes africains,<br />

Hors collection, 248 pages, 32 €.<br />

Le joueur<br />

aux côtés de<br />

son épouse et de<br />

son fils, en visite<br />

sur le chantier de<br />

l'établissement<br />

en 2019.<br />

BUSINESS<br />

HÔTEL PESTANA CR7 MARRAKECH<br />

LIFESTYLE ET FOOT<br />

Après Funchal, Lisbonne, Madrid et New York,<br />

CRISTIANO RONALDO confirme son appétence<br />

pour l’hôtellerie et s’implante dans la ville ocre.<br />

STAR DU FOOTBALL et entrepreneur avisé, Cristiano Ronaldo semble<br />

transformer en or tout ce qu’il touche. Le cinquième et dernier né de sa chaîne<br />

d’hôtels lifestyle CR7, en partenariat avec le groupe Pestana, a ouvert en<br />

mars dernier à Marrakech et a remporté en octobre le prix du meilleur nouvel<br />

établissement d’Afrique aux World Travel Awards. Situé à mi-chemin entre<br />

l’aéroport et la place Jemaa-el-Fna, au cœur de M Avenue, le nouveau quartier<br />

branché de la ville, l’adresse mélange cultures marocaine et portugaise, et<br />

propose une déco élégante, de subtiles références au football et une architecture<br />

lumineuse aux lignes épurées. Aux 174 chambres et suites contemporaines<br />

adaptées aux familles s’ajoutent un spa intimiste, un centre d’affaires et un bar<br />

où profiter de soirées DJ le week-end. Deux restaurants (un sur le rooftop avec<br />

palmiers et piscine, l’autre ouvert sur le quartier cosmopolite) proposent chacun<br />

leurs spécialités, notamment des plats portugais. « L’un des hôtels les plus<br />

emblématiques » de la marque, d’après l’attaquant, ne se la joue pas resort de<br />

luxe : l’équipe attentionnée accueille tous les fans qui souhaitent visiter les lieux<br />

ou se prendre en photo avec un ballon doré signé Ronaldo. ■ Luisa Nannipieri<br />

PESTANA CR7 MARRAKECH, M Avenue, Marrakech (Maroc),<br />

chambres à partir de 199 € la nuit. pestanacr7.com<br />

DR<br />

16 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


DESIGN<br />

FONDATION GACHA,<br />

la transmission en partage<br />

En formant depuis vingt ans des apprentis, l’ONG C<strong>AM</strong>EROUNAISE<br />

perpétue le savoir-faire des maîtres artisans du pays.<br />

LA FONDATION JEAN-FÉLICIEN GACHA et son antenne<br />

parisienne, l’espace culturel Gacha, travaillent depuis<br />

vingt ans à développer les talents dans l’ouest du Cameroun.<br />

L’ONG œuvre sur le terrain pour un meilleur accès à<br />

l’éducation, la formation, la culture et la santé des populations<br />

locales. Dans ses ateliers de Bangoulap, situés à 1 500 mètres<br />

d’altitude, viennent se former des personnes issues de<br />

toutes les ethnies du pays, qui travaillent sous la supervision<br />

de maîtres artisans pour produire des objets de design<br />

(calebasses, objets en métal ou en bois, ou encore tissus<br />

brodés et perlés). Laissant libre cours<br />

à l’imagination, les apprentis puisent dans les motifs<br />

traditionnels, l’iconographie et l’histoire des chefferies<br />

de la région ou les formes géométriques et naturelles<br />

qui les entourent, telle cette paire de calebasses perlées,<br />

où les courbes colorées rappellent des filets d’eau ruisselants.<br />

Elles évoquent aussi un filet de chasse, symbole de pouvoir<br />

et de sagesse. Les pièces produites sont ensuite exposées<br />

dans des salons internationaux ou vendues dans les locaux<br />

parisiens de l’association, comme ce sera le cas lors<br />

du marché de Noël, du 9 au 11 décembre. ■ L.N.<br />

espaceculturelgacha.org<br />

Panier fabriqué<br />

durant un atelier<br />

de perlage en 2000.<br />

DANIEL NICOLAEVSKY MARIA<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 17


ON EN PARLE<br />

TÉLÉRÉALITÉ<br />

JEUNES, CÉLÈBRES, ET ARABES<br />

Netflix propose un nouveau show où règnent<br />

le LUXE ET LE DR<strong>AM</strong>A, mais cette fois-ci à Dubaï.<br />

APRÈS YOUNG, F<strong>AM</strong>OUS & AFRICAN à<br />

Johannesbourg, voici des multimillionnaires<br />

du Moyen-Orient dans le luxe clinquant de<br />

Dubaï, qui ont fait fortune en débarquant avec<br />

300 dollars en poche. Un célèbre DJ libanais<br />

offre une Tesla à sa femme pour la Saint-Valentin,<br />

une femme au foyer irakienne cherche avec<br />

son mari une maison de 1 300 m 2 parce que<br />

son dressing déborde… Mais ce sont surtout<br />

les businesswomen (PDG dans l’immobilier, star<br />

de show TV, influenceuse…) qui surnagent de la<br />

série entre deux fâcheries futiles pour dramatiser<br />

l’action, déclarant que « les femmes arabes sont<br />

les plus fortes et les plus intelligentes du monde,<br />

parce qu’[elles ont] de l’assurance ». On notera que<br />

la seule femme voilée est une Américaine blanche,<br />

mère d’un jeune patron célibataire à moitié<br />

koweïtien, qui ne sort jamais, elle… ■ J.-M.C<br />

DUBAI BLING<br />

(Émirats arabes<br />

unis-Liban),<br />

de Mazen Laham,<br />

Marcel Dufour et Lama<br />

Samad. Sur Netflix.<br />

LA GRAVITÉ<br />

(France),<br />

de Cédric Ido.<br />

Avec Max Gomis,<br />

Jean-Baptiste<br />

Anoumon, Steve<br />

Tientcheu, Hafsia<br />

Herzi. En salles.<br />

ACTION<br />

L’alignement des planètes<br />

Guerre de dealers et de générations sur fond de phénomène astronomique…<br />

Un film de banlieue sans flic, mais pas sans violence ni une certaine poésie.<br />

LE CIEL TOURNE à l’orange au-dessus d’une cité au nord de Paris, sous l’effet d’un alignement de planètes<br />

abondamment commenté par les chaînes d’info… Dans ce contexte nimbé de fantastique, le Franco-<br />

Burkinabé Cédric Ido installe pour son deuxième film (après La Vie de Château, 2017) une classique lutte<br />

de territoires entre dealers à l’ancienne et petits jeunes visiblement biberonnés aux jeux vidéo. Joshua,<br />

paraplégique, a truffé son fauteuil roulant de gadgets à la James Bond et livre la drogue dans les étages<br />

avec l’aide de son frère, Daniel, qui n’a pas osé lui dire qu’il allait émigrer au Canada dans les 24 heures. Un<br />

ancien comparse les retrouve après trois ans passés en prison pour avoir refusé de les dénoncer. Mais face à<br />

la nouvelle génération d’ados qui veut contrôler le marché, un affrontement éclate et va tourner à la baston<br />

de série B façon Tarantino… L’absence de policiers à l’horizon allège de façon bienvenue le schéma habituel<br />

du « film de banlieue » (de La Haine aux Misérables, en passant par le récent Athena), sans esquiver la gravité<br />

des problèmes sociaux, mais tout en s’interrogeant sur les effets de l’attraction terrestre… ■ J.-M.C.<br />

HYKU DESESTO/NETFLIX - DR (2)<br />

18 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


SÉROPOPSTAR<br />

Aujourd’hui, avec les traitements,<br />

une personne séropositive peut avoir des enfants<br />

sans transmettre le VIH.<br />

Plus d’infos sur QuestionSexualité.fr<br />

Réalisé dans le respect des protocoles sanitaires. Continuons de respecter les gestes barrières.<br />

Continuons de porter un masque partout où il est recommandé par les autorités scientifiques.


ON EN PARLE<br />

JEUNESSE<br />

IL ÉTAIT UNE FOIS…<br />

Pour les petits, un album<br />

de contes enchanteurs,<br />

tout en illustrations et en sons.<br />

« LE ROI LION ET SA FILLE »,<br />

« Le crapaud, le marabout et<br />

la cigogne à sac » (du Malien<br />

Amadou Hampâté Bâ), ou encore<br />

« La mangouste et le crabe »…<br />

Chacune des 20 histoires, issues<br />

de la tradition orale des<br />

populations d’Afrique de l’Ouest,<br />

peut se lire, se regarder, et même<br />

s’écouter grâce à des QR codes qui<br />

renvoient à des créations sonores.<br />

Transmis de génération en<br />

génération, les récits sont enrichis<br />

de dessins d’illustrateurs du<br />

continent. Réalisé en partenariat<br />

avec les éditions ivoiriennes<br />

Nimba, l’ouvrage est né du travail<br />

de collecte de l’association « Des<br />

livres pour tous », créée en 2008<br />

par l’écrivaine et scénariste<br />

Marguerite Abouët, dont l’objectif<br />

est de familiariser les jeunes à<br />

l’univers de la lecture. Une façon,<br />

pour l’auteure d’Aya de Yopougon<br />

et d’Akissi, engagée dans la lutte<br />

contre l’illettrisme, de construire<br />

des ponts : des illustrations aux<br />

rêves, des mots à l’imaginaire,<br />

de l’enfance aux valeurs de<br />

tolérance et d’altérité. ■ C.F.<br />

CONTES AFRICAINS,<br />

Gründ, 88 pages, 14,95 €.<br />

HOMMAGE<br />

SORG & NAPOLEON<br />

MADDOX<br />

ODE À TOUSSAINT<br />

LOUVERTURE<br />

L’alliance du beatmaker français<br />

et du rappeur de Cincinnati fait<br />

toujours mouche dans ce nouvel OPUS ENGAGÉ.<br />

UNE PETITE DÉCENNIE après leurs débuts en duo, Sorg et Napoleon Maddox<br />

(dont c’est le vrai patronyme !) s’attaquent à un album-concept. Ici, ils racontent<br />

les combats du général Toussaint Louverture, qui, à la veille de la déclaration<br />

d’indépendance de Haïti, mourut en captivité en France, ordonnée par Bonaparte.<br />

Sur un terreau mêlant à la fois hip-hop old school, jazz et électro – tous trois sous<br />

influence de la côte est américaine –, Louverture s’offre des invités tels que le<br />

saxophoniste canado-haïtien Jowee Omicil ou le rappeur libanais Marc Nammour.<br />

En sus, les paroles engagées et le flow assuré de Napoleon Maddox, doublées<br />

des rythmiques efficaces concoctées par Sorg, également auteur des mélodies<br />

du disque. Difficile de résister à la vitalité de morceaux tels que « Sugarcane »<br />

ou « Wha Dey Wan », révélateurs d’une narration musicale de haut niveau. ■ S.R.<br />

SORG & NAPOLEON MADDOX, Louverture,<br />

Sans Sucre Records/L’Autre Distribution.<br />

DR - MS STUDIO - DR<br />

20 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


SÉROPOÉTIQUE<br />

Aujourd’hui, avec les traitements,<br />

une personne séropositive peut vivre pleinement<br />

et en bonne santé sans transmettre le VIH.<br />

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AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> Continuons – DÉCEMBRE de porter un 2022-JANVIER masque partout où il est 2023 recommandé par les autorités scientifiques.<br />

21


ON EN PARLE<br />

Ci-dessus et ci-contre, DJ Nix a assuré<br />

le show lors de la présentation de la dernière<br />

collection de Mwami, « Harmattan ’22 »,<br />

à l'hôtel Onomo, à Dakar.<br />

MODE<br />

LE BON FEELING<br />

DE PAPI WATA<br />

Ses labels Mwami et Deep Fry sont conçus comme une ALTERNATIVE<br />

SÉNÉGALAISE à la fast fashion.<br />

Le designer.<br />

ARTISTE, STYLISTE et serial entrepreneur installé à Dakar<br />

depuis une douzaine d’années, le cosmopolite Papi Wata<br />

a créé son label, Mwami, il y a sept ans. « À l’époque, il n’y<br />

avait pas beaucoup de choix sur le marché pour des jeunes<br />

qui voulaient s’habiller avec un certain style et qui, en<br />

même temps, prônaient une consommation consciente »,<br />

se souvient le trentenaire. Le succès de ses premiers<br />

dessins le pousse à continuer et à présenter chaque année<br />

(hormis une pause pendant la pandémie) une déclinaison<br />

de sa collection de fond « Harmattan », qu’il présente comme<br />

« de style afro-désert-tech-ninja-marabout », en portant<br />

une attention particulière aux matières premières. Des<br />

tissus contemporains aux broderies traditionnelles, tout est<br />

soigneusement sourcé auprès de fournisseurs écoresponsables,<br />

et les vêtements sont confectionnés au Sénégal.<br />

DR - M<strong>AM</strong>ADOU A. WANE/COURTESY OF LIVES FEST<br />

22 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


Révélée lors<br />

d'un défilé organisé<br />

durant la Biennale<br />

de Dakar, la nouvelle<br />

griffe Deep Fry…<br />

… est caractérisée<br />

par des couleurs vibrantes<br />

comme le vert émeraude,<br />

l’orange et le terracotta,<br />

M<strong>AM</strong>ADOU A. WANE/COURTESY OF LIVES FEST - DA SILVIO/P. BIZENGA (2)<br />

À côté de ses collections principales, toujours créées<br />

« au feeling » selon des tonalités bleues, noires, beiges<br />

et blanches, le designer aime proposer des capsules en<br />

collaboration avec d’autres noms de la scène dakaroise<br />

et internationale (comme « The Ñuulest », qu’il a créée<br />

avec DJ Nix, en 2019). Mais il n’a pas prévu de s’arrêter<br />

là. En effet, Papi Wata a sorti une ligne « Harmattan ’22 »,<br />

mais a aussi introduit un nouveau spin-off créatif lors de<br />

son fashion show pendant la Biennale de Dakar : il a montré<br />

un avant-goût de ce qu’il proposera avec son deuxième<br />

label, Deep Fry, qui vient d’être officiellement lancé.<br />

Cette nouvelle marque, caractérisée par des couleurs<br />

vibrantes comme le vert émeraude, l’orange et le terracotta,<br />

veut s’imposer comme une alternative africaine à la<br />

fast fashion. « Ce sera un compromis entre mon idéal,<br />

notamment niveau sourcing, et une production plus<br />

industrielle », explique-t-il depuis Lagos, où il travaille<br />

à des projets qui devraient se concrétiser dans les mois à<br />

venir. L’artiste en assurera toujours la direction artistique,<br />

mais prévoit surtout d’accueillir des propositions et de<br />

promouvoir les voix intéressantes qui se lèvent de plus<br />

en plus fort dans la capitale sénégalaise. ■ L.N.<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 23


ON EN PARLE<br />

À gauche et ci-dessous,<br />

le Poivre Noir Kinshasa<br />

revisite la cuisine<br />

bistrot moderne.<br />

Ici et ci-dessus, le chef de renom Christian Yumbi<br />

a lancé le Mood en juin 2021.<br />

SPOTS<br />

DESTINATION<br />

RDC<br />

Un bistrot et un lounge, soit deux<br />

adresses épicuriennes à découvrir<br />

dans la MAGNÉTIQUE KIN.<br />

OUVERT FIN SEPTEMBRE, Poivre Noir Kinshasa est le<br />

nouveau spot du couple d’« afropreneurs » belges Nathalie<br />

Bonté et John Goffin, arrivés en République démocratique<br />

du Congo forts du succès de Poivre Noir Kigali. Revisitant la<br />

cuisine bistrot moderne, avec des clins d’œil à la gastronomie<br />

congolaise, John Goffin sert par exemple du poulpe à la sauce<br />

romanesco ou des cossas (crevettes) flambées au pastis.<br />

Le menu, qui propose aussi des plats végétariens, met à<br />

l’honneur la viande grillée, mais ce qui amène une clientèle<br />

cosmopolite, en recherche de nouvelles saveurs, c’est le travail<br />

sur les jus et les sauces. Le canard grillé au feu de bois est<br />

nappé d’une réduction de vin rouge et vinaigre balsamique,<br />

et le filet de capitaine est servi avec une sauce alfredo cajun<br />

bien relevée. À accompagner avec du bon vin ou un gin<br />

tonic, revisité lui aussi. Compte Instagram : @poivrenoirkin<br />

Ambiance plus discrète chez Mood, le lounge lancé<br />

en juin 2021 par le chef de renom Christian Yumbi, qui<br />

possède trois autres adresses en ville. Ici, il a mis l’accent<br />

sur les spiritueux, les cigares premium et les soirées à thème<br />

(old school, jazz, karaoké, rumba, kizomba et comedy club).<br />

Mais également sur la carte, qui fait découvrir la cuisine<br />

congolaise en parcourant les zones linguistiques du pays :<br />

le porc-épic ou les cossas sautées à l’ail pour le kikongo,<br />

le bœuf de Goma ou le phacochère pour le swahili, le<br />

poulet au lumba-lumba (basilic) pour le tshiluba, ou encore<br />

le poisson du fleuve à la façon du chef ou les brochettes<br />

de crocodile pour le lingala. Un voyage ethno-culinaire<br />

qui varie au fil des saisons. christianyumbi.com ■ L.N.<br />

DR (2) - YEBSTUDIO (2)<br />

24 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


DR<br />

LE COLLÈGE d’enseignement moyen<br />

Kamanar, situé à Thionck Essyl,<br />

en Casamance, a reçu le prestigieux<br />

prix Aga Khan 2020-2022. L’école,<br />

qui accueille 500 élèves et a coûté<br />

400 000 euros, a été conçue par le cabinet<br />

catalan Daw Office en tant que premier<br />

projet de Foundawtion, l’organisation à<br />

but non lucratif de l’agence. Soucieux de<br />

ne pas répliquer des modèles occidentaux<br />

et d’adapter le projet aux réalités locales,<br />

les architectes ont réparti l’établissement<br />

en une vingtaine de modules détachés,<br />

ou « awlas », groupés par niveau de<br />

classe autour de petites places abritant<br />

un arbre préservé pendant le chantier.<br />

Les pavillons à voûtes renversées ont été<br />

construits en argile par des bénévoles<br />

à partir de techniques traditionnelles<br />

actualisées, et la carrière d’où a été extraite<br />

la terre a été réaménagée en terrain de<br />

sport et en potager pour les collégiens.<br />

Chaque module est entouré de treillis en<br />

bois pour laisser passer la lumière, alors<br />

que des plaques de métal striées font<br />

office de toit, protégeant l’argile du soleil<br />

ARCHI<br />

Kamanar<br />

UNE ÉCOLE<br />

SOUS LES VOÛTES<br />

Bel exemple de projet durable,<br />

fonctionnel et inclusif, ce COLLÈGE<br />

MODULAIRE d’un village sénégalais<br />

vient de recevoir le prix Aga Khan.<br />

et de la pluie. Ce système garantit<br />

le refroidissement par évaporation<br />

des pièces, évitant le recours à la<br />

climatisation artificielle. L’ensemble<br />

peut être élargi pour répondre aux<br />

besoins de la population, sa composition<br />

modulaire facilitant les extensions. ■ L.N.<br />

dawoffice.com<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 25


PARCOURS<br />

Fanta Dramé<br />

L’ÉCRIVAINE FRANÇAISE ENQUÊTE SUR<br />

ses origines dans un premier roman intime, préfacé par Faïza<br />

Guène. Elle retrace le périple d’émigration de son père, depuis<br />

la Mauritanie jusqu’en France dans les années 1970. par Astrid Krivian<br />

On la retrouve dans un café du quartier de Belleville, où elle a grandi. Fanta Dramé se<br />

souvient des beignets et des jus de bissap préparés par sa grand-mère, qu’elles vendaient<br />

dans les foyers de travailleurs immigrés, à quelques encablures. La mémoire familiale<br />

est la pierre angulaire de sa démarche littéraire. Son premier roman, Ajar-Paris, retrace<br />

le parcours d’émigration de son père Yely, depuis Ajar, en Mauritanie, en passant par<br />

le Sénégal, où il rencontre sa future épouse, jusqu’à sa traversée de la Méditerranée vers<br />

Paris, en 1975. « On parle toujours des immigrés, terme devenu péjoratif, à partir de<br />

leur point d’arrivée, et non pas de leurs racines », regrette la jeune plume, née en 1987.<br />

Sirotant un Coca-Cola – « une addiction » –, elle revient sur l’événement déclencheur<br />

de l’écriture. En se rendant aux obsèques de sa grand-mère en Mauritanie, en 2013, Fanta Dramé foule pour la<br />

première fois la terre d’origine de ses ancêtres. À Ajar, commune reculée, où le temps semble<br />

s’être arrêté, la Parisienne affairée éprouve un choc culturel. Une foule de questions l’assaille<br />

alors : « Comment mon père a-t-il réussi à quitter un village, un pays, un continent, pour tenter<br />

sa chance en France, à Paris, soit deux mondes opposés ? C’est un parcours peu ordinaire :<br />

quitter son pays est un déchirement. Or, pour lui, devenu chef de famille très jeune à la mort<br />

de son père, émigrer était le chemin classique pour gagner son pain, faire vivre les siens. »<br />

Carnet et stylo à la main, elle enquête, creuse son « archéologie familiale », questionne son<br />

père sur son histoire, méconnue de ses enfants. Diplômé d’études coraniques au Sénégal, Yely<br />

a travaillé en France en tant qu’éboueur, apprenant le français lors de cours du soir. Parfois,<br />

face à sa pudeur, aux silences recouvrant les épreuves, l’autrice imagine, instille de la fiction.<br />

L’écriture lui a permis de redorer le blason paternel. « Enfants, on grandit avec l’idée<br />

Ajar-Paris, Plon,<br />

208 pages, 19 €.<br />

que nos parents sont moins bien que les autres. C’est absurde !» Elle se sent aussi plus<br />

entière. « J’ai complété mon patrimoine identitaire. Et j’ai compris ce que signifie être née dans un pays dont on<br />

n’est pas originaire. » Ajar-Paris rend aussi hommage à toutes ces personnes issues de l’immigration postcoloniale,<br />

invisibilisées. « Selon Frantz Fanon, chaque génération a une mission. En tant qu’enfants d’immigrés, la nôtre est<br />

de rappeler que nos parents ont participé à l’histoire de France, et qu’ils doivent être intégrés dans le récit national. »<br />

Celle qui lit tout son soûl depuis l’enfance, des Harry Potter aux classiques, est une professeure de<br />

français épanouie, en collège d’une zone défavorisée, en Seine-Saint-Denis. Une vocation née en classe<br />

de cinquième, grâce à une enseignante inspirante. Après un master de lettres modernes, elle obtient le<br />

concours du Capes. Malgré les difficultés, Fanta Dramé transmet avec ferveur sa passion pour la littérature<br />

aux élèves : « Je crois en l’école de la République, en tant qu’ascenseur social. J’en ai bénéficié. » De toute<br />

façon, elle et ses frères et sœurs étaient « obligés de réussir »: « Mon père veillait à ce que l’on ait les mêmes<br />

droits que les autres. Grâce aussi à son soutien, je me suis épanouie à l’école. » Mon père, ce héros… ■<br />

DR<br />

26 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023


NALEANE<br />

« Enfants, on<br />

grandit avec l’idée<br />

que nos parents<br />

sont moins bien<br />

que les autres.<br />

C’est absurde ! »


Contemporain,<br />

en prise<br />

avec cette Afrique<br />

qui change,<br />

ouvert sur le monde<br />

d’aujourd’hui,<br />

est votre<br />

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indispensable.<br />

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C’EST COMMENT ?<br />

PAR EMMANUELLE PONTIÉ<br />

DOM<br />

FAITES LA FÊTE !<br />

Dans un contexte mondial tout à fait dépressionnaire, avec son lot d’angoisses<br />

pour demain et les multiples interrogations de toute façon sans réponse, un seul mot d’ordre<br />

en cette fin d’année : faites la fête ! Et s’il le faut, forcez-vous ! On ne peut plus continuer à<br />

enchaîner les fléaux et les récessions à ce point depuis quelques années sans faire un vrai<br />

break. Physique, mental. La récession économique omniprésente n’aidera peut-être pas, mais<br />

vous avez des ressources. Humaines, d’abord. En vous serrant les coudes pour organiser de<br />

belles agapes de fin d’année, chacun à votre niveau, que ce soit avec du caviar et du foie gras<br />

pour les nantis ou une super sauce locale pour les autres. En famille, avec des amis, anciens<br />

ou nouveaux, proches ou éloignés, peu importe.<br />

En cette fin 2022, il faut se réunir, passer de bons<br />

moments où l’on oublie un peu tout.<br />

Personne ne sait si la crise économique<br />

géante que génère, entre autres, la guerre en<br />

Ukraine continuera, ni pour combien de temps.<br />

Nul ne peut parier que la pandémie de Covid-19<br />

et un énième variant féroce ne verront pas le jour<br />

en 2023. Qui peut dire à quelle vitesse les changements<br />

climatiques et leur lot de perturbations<br />

irréversibles se propageront, ou si l’on pourra les<br />

freiner un jour ? Que penser aussi des pays qui<br />

sont passés sous le joug d’une junte militaire, et<br />

qui piétinent économiquement dans un système<br />

de transition sans réelle feuille de route, ne serait-ce<br />

que pour l’année prochaine ? Comment enfin ne<br />

pas redouter des attentats meurtriers, possibles à<br />

tout moment, dans les zones où les terroristes de<br />

Boko Haram ou d’Al-Qaïda n’ont, hélas, pas faibli ?<br />

Etc., etc. La liste est longue. Et nous ne l’énumérerons<br />

pas ici.<br />

Parce qu’en cette fin 2022, on essaye de<br />

conjurer le sort en oubliant tout ça. On prend sa<br />

dulcinée par la main pour l’emmener en vacances,<br />

très loin si on en a les moyens ou tout près si on en a<br />

moins. On organise une belle fête avec ses parents,<br />

ses amis ou ses voisins. Ou on prévoit des vacances seul aussi pour décompresser et faire le<br />

point. Chacun est libre. Le continent, lui, regorge d’idées de villégiatures, de découvertes ou<br />

de rassemblements chaleureux.<br />

L’important, c’est d’être un peu heureux, de lâcher prise et de se forger un moral<br />

d’enfer pour affronter 2023. Plus fort pour faire face. En ayant emmagasiné une bonne dose<br />

de légèreté et de positif ! Bonnes fêtes de fin d’année à tous, et tous mes vœux pour l’année<br />

prochaine ! ■<br />

AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 29


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