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Carnet du Cercle LAB #22 – Mutuelles, comment parvenir à conserver son indépendance ?

A l’inverse du monde bancaire, le secteur de l’assurance se caractérise par la coexistence d’une grande diversité d’acteurs. Diversité par leur modèle de gouvernance. Mais également diversité par la taille des assureurs. Aux côtés de mastodontes qui se muent en véritable station d’arrimage pour des acteurs en proie à des difficultés, subsiste un modèle de mutuelle, à taille humaine qui défendent bec et ongles leur indépendance. Mais comment y parviennent-elles dans un univers qui tend à se polariser ?

A l’inverse du monde bancaire, le secteur de l’assurance se caractérise par la coexistence d’une grande diversité d’acteurs. Diversité par leur modèle de gouvernance. Mais également diversité par la taille des assureurs. Aux côtés de mastodontes qui se muent en véritable station d’arrimage pour des acteurs en proie à des difficultés, subsiste un modèle de mutuelle, à taille humaine qui défendent bec et ongles leur indépendance. Mais comment y parviennent-elles dans un univers qui tend à se polariser ?

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NOVEMBRE<br />

2022


NOUS REMERCIONS LES ADHÉRENTS<br />

DU CERCLE <strong>LAB</strong> D’AVOIR PARTICIPÉ<br />

AU CONTENU DE CE CARNET.<br />

JACQUELINE MOREAU<br />

Directrice générale de MADP Assurances<br />

STÉPHANE VILAIN<br />

Directeur général de CMMA Assurance<br />

ALAIN LANNOU<br />

Directeur général de Mudetaf<br />

LAURENT MARSEILLE<br />

Directeur général d’AMP Assurances<br />

OLIVIER MARCIAUX<br />

Directeur général de l’Etoile Assurance


P.6<br />

P.8<br />

P.8<br />

P.9<br />

P.10<br />

P.11<br />

P.11<br />

P.12<br />

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P.13<br />

P.14<br />

P.14<br />

P.15<br />

P.16<br />

P.18<br />

EDITO<br />

I - La gouvernance : Atout ou inconvénient ?<br />

1 - Un atout indéniable<br />

2 - Crise des vocations ?<br />

3 - Raviver la flamme mutualiste<br />

II - La spécialisation, un avantage concurrentiel<br />

1 - Être affinitaire, c’est faire partie intégrante d’un écosystème<br />

2 <strong>–</strong> Les risques d’être monoliner ou assureur de niches<br />

3 - Sortir de <strong>son</strong> champ affinitaire<br />

4 - Viser des marchés connexes<br />

III - Les généralistes face aux majors de l’assurance<br />

1 - L’artisan vs l’hypermarché<br />

2 <strong>–</strong> Territoire et proximité<br />

Conclusion<br />

Contacts et <strong>à</strong> propos


EDITO<br />

EDITO<br />

Après quelques créations et le foi<strong>son</strong>nement de sociétés d’entraide ou de<br />

secours mutuel, c’est véritablement le 19 e siècle qui voit l’essor des sociétés<br />

d’assurance mutuelle sous la forme moderne que nous connais<strong>son</strong>s toujours,<br />

locales principalement. À tel point qu’au début <strong>du</strong> 20 e siècle, «mutuelle»<br />

devient un substantif. Un succès dont nous bénéficions toujours en ce début<br />

<strong>du</strong> 21 e siècle.<br />

Car il y a un vrai bénéfice sociétal <strong>à</strong> pouvoir s’assurer auprès d’une société<br />

d’assurance entièrement tournée vers la satisfaction de ses assuréssociétaires,<br />

qu’ils constituent une mutualité de risques professionnels ou de<br />

risques locaux. Ce carnet en témoignera largement.<br />

6<br />

Certes, pour revenir <strong>à</strong> l’ancienne réglementation d’assurance, il y a lieu de<br />

distinguer «société mutuelle», où le lien communautaire préexiste au contrat,<br />

et «société <strong>à</strong> forme mutuelle», où le lien communautaire est créé par la<br />

souscription <strong>du</strong> contrat, ce qui entraîne une gouvernance adaptée.<br />

Mutatis mutandis, ce rai<strong>son</strong>nement s’applique aussi aux mutuelles<br />

régies par le code de la mutualité, et aux institutions de prévoyance<br />

régies par le code de la Sécurité sociale. Qu’importe ici : ce qui nous<br />

unit est plus fort que ce qui nous distingue, le modèle des est<br />

solide pour répondre optimalement et pour longtemps<br />

aux besoins d’assurances et de protection familiale de<br />

nos concitoyens.<br />

ANDRÉ RENAUDIN<br />

Président de Roam


7EDITO


LA GOUVERNANCE : ATOUT OU INCONVÉNIENT ?<br />

8<br />

La particularité des mutuelles réside en premier lieu dans la forme de gouvernance qui<br />

les régit. Elle se compose ainsi d’une représentation politique et d’une représentation<br />

opérationnelle. Les mutuelles ont généralement <strong>à</strong> cœur de mettre en avant cette<br />

complémentarité par rapport <strong>à</strong> des entreprises dites capitalistes. Car bien souvent, la<br />

présidence est élue par le sociétariat, fruit d’un processus démocratique.<br />

« Nous considérons notre forme de gouvernance comme un véritable atout, car<br />

aujourd’hui, même si le terme mutualiste est peu employé par les jeunes générations,<br />

elles adoptent un comportement et partagent les valeurs finalement, le mutualisme<br />

fait référence <strong>à</strong> la proximité, <strong>à</strong> la solidarité. Et nous sentons ces valeurs essaimer dans<br />

la société <strong>à</strong> travers la recherche <strong>du</strong> partage plutôt que de la propriété ou <strong>à</strong> travers<br />

la recherche de circuit court et donc de proximité, relève Stéphane Vilain, directeur<br />

général de CMMA Assurance. Et dans notre gouvernance, nous avons des per<strong>son</strong>nes<br />

impliquées dans la société civile ou la vie politique. Notre président, Charles de<br />

Cour<strong>son</strong> est ainsi un député très localement très proche et <strong>à</strong> l’écoute des habitants<br />

de sa circonscription ».<br />

I. LA GOUVERNANCE :<br />

ATOUT OU INCONVÉNIENT ?<br />

1. UN ATOUT INDÉNIABLE<br />

Au-del<strong>à</strong> de la gouvernance régie par la Directive Solvabilité 2, les mutuelles mettent en<br />

avant qu’elles n’ont pas d’actionnaires <strong>à</strong> rémunérer. Mais aussi que les administrateurs<br />

<strong>son</strong>t généralement des professionnels <strong>du</strong> ou des secteurs qu’elles couvrent. Car<br />

rappelons que, historiquement, la grande majorité des mutuelles s’était constituée<br />

autour d’une population affinitaire. « MADP Assurances a été créée en 1890 par un<br />

groupe de pharmaciens soucieux de garantir leur responsabilité civile dans l’exercice<br />

de leur profession Notre président est issu <strong>du</strong> monde de la biologie médicale et la<br />

plupart de ses prédécesseurs venait de la pharmacie d’officine. Deux professions qui<br />

constituent notre cœur d’activité historique », illustre Jacqueline Moreau, directrice<br />

générale de MADP Assurances.


2. CRISE DES VOCATIONS ?<br />

Pour autant, toute médaille a <strong>son</strong> revers. En l’espèce il s’agit de la disponibilité des<br />

administrateurs et de leur renouvellement. « Nous sommes confrontés <strong>à</strong> un défi<br />

d’attractivité , les professionnels en activité étant tous débordés. Et par conséquent,<br />

si nous ne parvenons pas <strong>à</strong> redonner <strong>du</strong> sens <strong>à</strong> cet engagement, il deviendra de plus<br />

en plus difficile d’avoir des professionnels encore en activité et qui s’impliquent dans<br />

la gouvernance de la structure », constate la directrice générale de MADP.<br />

Pour l’heure, les conseils d’administration restent peu touchés par le phénomène.<br />

En revanche, dans nombre de structures, la territorialité s’exprime via des<br />

délégués présents localement et élus par les sociétaires. « Dans notre cas, nous<br />

avons beaucoup de pharmaciens d’officine et de biologistes médicaux parmi nos<br />

délégués. Et ces derniers mois, ils se <strong>son</strong>t totalement dédiés <strong>à</strong> la crise sanitaire<br />

et ses corollaires », indique Jacqueline Moreau. Finalement la crise n’a été que<br />

l’accélérateur d’un phénomène qui couvait déj<strong>à</strong> avant. Le mouvement est bien plus<br />

structurel qu’il n’y paraît et amène les acteurs mutualistes <strong>à</strong> chercher des ressorts<br />

pour raviver cette flamme mutualiste qui fait la sel de cette forme d’entreprise. « Nos<br />

structures mutualistes <strong>son</strong>t particulièrement appelées <strong>à</strong> se<br />

transformer pour <strong>conserver</strong> leur <strong>indépendance</strong> et nous<br />

devons trouver les moyens d’impliquer nos élus<br />

dans une expérience entrepreneuriale, ce<br />

qui n’était pas forcément écrit au départ pour<br />

une mutuelle », poursuit Jacqueline Moreau.<br />

LA GOUVERNANCE : ATOUT OU INCONVÉNIENT ?<br />

9


LA GOUVERNANCE : ATOUT OU INCONVÉNIENT ?<br />

3. RAVIVER LA FLAMME MUTUALISTE<br />

Dès lors, pour animer cette vie démocratique, certains réfléchissent sur le rôle<br />

desdits délégués. Une piste serait de les impliquer encore plus dans la vie de la<br />

mutuelle en leur demandant de tester de nouveaux pro<strong>du</strong>its, de nouveaux services,<br />

pour les sortir <strong>du</strong> simple rôle de représentant. « A nous de trouver les ressorts pour<br />

animer différemment notre gouvernance, parce que le risque c’est de perdre cette<br />

différenciation et notre rai<strong>son</strong> d’être. A l’instar de certains acteurs mutualistes de<br />

poids, nous pourrions plus impliquer nos sociétaires en les invitant <strong>à</strong> participer <strong>à</strong> des<br />

commissions par exemple », estime Laurent Marseille.<br />

L’idée serait de renforcer les missions des délégués au-del<strong>à</strong> de leur simple rôle de<br />

représentant des sociétaires aux Assemblées générales. Certaines mutuelles leur font<br />

tester les nouveaux pro<strong>du</strong>its, les implique dans la conception de services. Quelque<br />

part, il faudrait les impliquer dans la vie économique de l’entreprise et plus seulement<br />

dans la vie démocratique.<br />

10


II. LA SPÉCIALISATION,<br />

UN AVANTAGE CONCURRENTIEL<br />

1. ÊTRE AFFINITAIRE, C’EST FAIRE PARTIE INTÉGRANTE D’UN ÉCOSYSTÈME<br />

Les plus petites structures qui cultivent leur <strong>indépendance</strong> ont une carte <strong>à</strong> jouer vis<strong>à</strong>-vis<br />

de leur sociétariat. Et tout particulièrement celles qui ont conservé leur fibre<br />

affinitaire. « Les grands groupes ont per<strong>du</strong> le lien avec leurs sociétaires <strong>du</strong>rant cette<br />

dernière décennie. Et nous voyons bien dans leur communication grand public cette<br />

mise en avant <strong>du</strong> modèle mutualiste pour relancer l’intérêt des sociétaires. L’avantage<br />

que nous avons, plus petite structure, c’est que, de par notre taille, nous n’avons<br />

jamais vraiment per<strong>du</strong> ce lien », rappelle Alain Lannou, directeur général de Mudetaf<br />

LA SPÉCIALISATION, UN AVANTAGE CONCURRENTIEL<br />

Dans le cas de la Mudetaf, mutuelle dédiée aux buralistes, les politiques<br />

gouvernementales ont finalement renforcé l’attachement <strong>à</strong> la mutuelle. « Ces<br />

20 dernières années, les buralistes ont été très sérieusement secoué par les<br />

politiques de santé publique. Mais ces dernières ont un peu plus forgé le sentiment<br />

d’appartenance de nos sociétaires <strong>à</strong> notre mutuelle, pointe Alain Lannou, directeur<br />

général de Mudetaf. Et l’assureur que nous sommes, en rai<strong>son</strong> de notre caractère<br />

mutualiste, indépendant et centré sur une population affinitaire s’est lui aussi<br />

transforme. Nous nous sommes mué en accompagnant. Nous avons participé aux<br />

combats, nous avons aidé et soutenu les buralistes en proie <strong>à</strong> des difficultés. Nous<br />

sommes en fait pleinement partie prenante de l’écosystème de nos sociétaires ».<br />

11<br />

Le caractère affinitaire permet de créer un lien communautaire entre une mutuelle et<br />

<strong>son</strong> sociétariat. Une forme d’attachement qui dépasse la simple relation contractuelle<br />

et qui un puissant ressort de fidélisation.


LA SPÉCIALISATION, UN AVANTAGE CONCURRENTIEL<br />

12<br />

Mais être une mutuelle affinitaire spécialiste n’est pas nécessairement la panacée. «<br />

Nous sommes monoliner et dépendant d’une activité subventionnée par essence<br />

volatile, pointe Olivier Marciaux, directeur général de l’Etoile Assurance. Pour<br />

<strong>conserver</strong> cette <strong>indépendance</strong> que nous avons chevillée au corps, nous devons nous<br />

développer sur d’autres activités, ne serait-ce que pour garder un équilibre technique<br />

dans nos activités ».<br />

2. LES RISQUES D’ÊTRE MONOLINER<br />

OU ASSUREUR DE NICHES<br />

Pour Jacqueline Moreau également, être assureur sur des niches ne peut être un<br />

gage de survie ou d’<strong>indépendance</strong> que dès lors que l’on démontre sa différentiation.<br />

« Ne perdons pas de vue que, malgré tout, nous sommes contraints d’atteindre<br />

une taille critique. Tout notre enjeu est de savoir capitaliser sur nos expertises et<br />

nos savoir-faire historiques pour adresser de nouvelles niches. C’est pourquoi, la<br />

spécialisation et le niveau de qualité des offres et des services <strong>son</strong>t indispensables<br />

pour se différentier et donc se développer ».<br />

3. SORTIR DE SON CHAMP AFFINITAIRE<br />

Pour les affinitaires, <strong>conserver</strong> <strong>son</strong> <strong>indépendance</strong> passe donc par de la conquête de<br />

nouveaux marchés. Mais sans perdre ce qui fait justement le sel de cette affinité avec<br />

le sociétariat historique. « Nous devons trouver d’autres vecteurs de croissance<br />

en essayant de <strong>conserver</strong> cette affinité. Car finalement, être des spécialistes des<br />

professions de nos assurés, c’est ce que nous savons faire », pousse la directrice<br />

générale de MADP Assurances.<br />

Et pour <strong>conserver</strong> cette autonomie et cette identité propre, les mutuelles s’ouvrent <strong>à</strong><br />

d’autres canaux de distribution, et notamment le courtage. Cela leur permet de garder<br />

en interne les compétences sur leur marché historique, tout en se développant sur de<br />

nouvelles niches. Leurs réseaux en propres demeurent des spécialistes de leur cœur de<br />

cible. Le courtage leur apporte de nouveaux débouchés sans dévoyer le lien affinitaire<br />

qui leur permet de <strong>conserver</strong> une relation forte avec leur cœur de cible et donc de


4. VISER DES MARCHÉS CONNEXES<br />

Pour d’autres mutuelles, la stratégie est totalement différente. Elles préfèrent opter<br />

pour un développement sur des activités connexes <strong>à</strong> leur cœur de cible. Pour l’Etoile<br />

Assurance c’est par exemple le marché de la pisciculture. « Nous ne sommes pas sur<br />

notre segment historique, mais la pisciculture s’en rapproche », avance Olivier Marciaux.<br />

Mêmes orientations pour la Mudetaf. Cette dernière privilégie les prestataires qui<br />

évoluent dans le monde <strong>du</strong> tabac. « Nous avons une stratégie d’encerclement. Nous<br />

mettons tout en œuvre pour être l’assureur indispensable et la référence d’un métier<br />

ur continuer <strong>à</strong> progresser sur notre cœur de cible », détaille Alain Lannou. Dans le cas<br />

de la Mudetaf, l’ambition n’est pas de sortir de <strong>son</strong> champ historique, mais plutôt de<br />

compléter <strong>son</strong> panel d’offres en partenariat avec d’autres assureurs pour multiéquiper<br />

<strong>son</strong> sociétariat.<br />

LA SPÉCIALISATION, UN AVANTAGE CONCURRENTIEL<br />

Les mutuelles jouent alors les intermédiaires et s’appuient sur la connaissance de leurs<br />

assurés pour recommander des contrats destinés <strong>à</strong> couvrir leurs spécificités métier.<br />

« Avec cette stratégie, nous positionnons comme une société de services et non<br />

comme un assureur. Nous sommes l<strong>à</strong> pour servir nos assurés, ajoute le directeur<br />

général de Mudetaf. Récemment, j’ai par exemple un professionnel <strong>du</strong> monde <strong>du</strong><br />

tabac qui avait un problème de dommages-ouvrages. Ce n’est pas couvert par la<br />

Mudetaf, mais nous lui avons expliqué <strong>comment</strong> fonctionnait la DO et nous lui<br />

avons recommandé un pro<strong>du</strong>it ».<br />

13<br />

Le recentrage de la Mutuelle des Motards<br />

Récemment, la Mutuelle des Motards s'est recentré sur <strong>son</strong> activité affinitaire<br />

historique. Elle ainsi mis un terme <strong>à</strong> la distribution de contrats d'assurance auto<br />

développés en propres. Désormais, les pro<strong>du</strong>its auto qu'elle commercialise<br />

<strong>à</strong> ses sociétaires <strong>son</strong>t construits par l'AGPM avec laquelle elle a noué un<br />

partenariat de distribution. Cela permet <strong>à</strong> la MDM de se recentrer sur ce<br />

qu'elle sait faire de mieux, <strong>à</strong> savoir l'assurance des deux-roues.


LES GÉNÉRALISTES FACE AUX MAJOR DE L’ASSURANCE<br />

III. LES GÉNÉRALISTES FACE<br />

AUX MAJORS DE L’ASSURANCE<br />

1. L’ARTISAN VS L’HYPERMARCHÉ<br />

Pour les mutuelles généralistes, la question <strong>du</strong> développement est cruciale afin<br />

de <strong>conserver</strong> leur <strong>indépendance</strong>. Contrairement aux mutuelles affinitaires, elles<br />

bénéficient moins de ce puissant lien communautaire. Elles se retrouvent dès lors<br />

en concurrence frontale avec les mastodontes <strong>du</strong> marché aux moyens colossaux.<br />

« Nous sommes une mutuelle généraliste positionnée sur les trois marchés les plus<br />

concurrentiels, <strong>à</strong> savoir l’auto, l’habitation et la santé, souligne Laurent Marseille,<br />

directeur général d’AMP Assurances. Nous sommes dès lors en concurrence directe<br />

avec des majors de l’assurance qui développent des politiques commerciales très<br />

agressives <strong>à</strong> laquelle nous ne pouvons pas répondre ». En conséquence les Assurances<br />

<strong>Mutuelles</strong> de Picardie doivent trouver d’autres ressorts pour tirer leur épingle <strong>du</strong> jeu.<br />

14<br />

Pour Stéphane Vilain, il faut comparer les mutuelles <strong>à</strong> des<br />

artisans de la distribution d’assurance. « Une mutuelle est<br />

finalement comme un artisan boulanger par opposition<br />

<strong>à</strong> l’hypermarché qui fait aussi de la boulangerie,<br />

illustre le directeur général de CMMA Assurance. Il<br />

existe des clients pour les deux ». En d’autres termes,<br />

il existera toujours des assurés qui privilégieront le prix<br />

et d’autres qui s’attarderont sur la qualité des pro<strong>du</strong>its.


2. TERRITOIRE ET PROXIMITÉ<br />

Très ancrée sur <strong>son</strong> territoire, CMMA Assurances joue la carte de la proximité, aussi<br />

bien avec les prospects que les clients en portefeuille.<br />

En outre, elles est contrainte de multiplier ses canaux de distribution. « Aujourd’hui,<br />

nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir une politique commerciale qui<br />

repose seulement sur notre réseau d’agences intégré, indique Stéphane Vilain. Nous<br />

travaillons donc avec le courtage direct. Mais <strong>du</strong> courtage qui nous ressemble, c’est<strong>à</strong>-dire<br />

de petites structures, <strong>à</strong> taille humaine ».<br />

L’autre avantage de jouer dans une catégorie plus modeste que les gros assureurs de la<br />

place touche <strong>à</strong> l’agilité. « De par notre taille, nous pouvons faire <strong>du</strong> sur-mesure, avoir<br />

une écoute très proactive », explique le directeur général d’AMP Assurances. Un point<br />

de vue partagé par Stéphane Villain. « Nous sommes en capacité de faire <strong>du</strong> service,<br />

de per<strong>son</strong>naliser la relation. A titre d’exemple, tous les 15 jours, nous réunis<strong>son</strong>s un<br />

comité qui se penche sur toutes les réclamations des sociétaires. Nous les traitons<br />

en les per<strong>son</strong>nalisant. C’est-<strong>à</strong>-dire que nos assurés <strong>son</strong>t considérés comme des<br />

per<strong>son</strong>nes, et non comme des numéros de dossiers. Ils et elles ont des prénoms et<br />

des noms. Et selon moi, c’est ce qui fait la différence aujourd’hui. Nous fai<strong>son</strong>s de la<br />

haute couture ».<br />

LES GÉNÉRALISTES FACE AUX MAJOR DE L’ASSURANCE<br />

15<br />

Le courtage captif, une solution ?<br />

Pour <strong>conserver</strong> cette <strong>indépendance</strong> et cette expertise vis-<strong>à</strong>-vis de <strong>son</strong><br />

sociétariat, certains ont également fait le choix de créer leur propre cabinet de<br />

courtage captif. « Le cabinet de courtage captif nous permet de <strong>conserver</strong><br />

la relation directe avec nos sociétaires tout en répondant <strong>à</strong> leurs besoins<br />

d’assurance que nous ne couvrons pas avec les offres que nous assurons<br />

historiquement », précise Stéphane Vilain.<br />

La Caisse Mutuelle Marnaise d’Assurance a ainsi mis sur pied CMMA courtage<br />

l’été dernier pour répondre <strong>à</strong> cette problématique de développement au-del<strong>à</strong><br />

de <strong>son</strong> activité cœur de métier. Même stratégie pour MADP Assurances qui a<br />

acquis il y a une dizaine d’années <strong>son</strong> cabinet de courtage captif pour répondre<br />

aux demandes spécifiques de <strong>son</strong> sociétariat notamment sur des risques qu’elle<br />

ne peut pas couvrir.


CONCLUSION<br />

III. CONCLUSION<br />

RESTER INDÉPENDANT QUOI QU’IL EN COÛTE ?<br />

16<br />

Le point commun entre toutes les mutuelles qui ont participé<br />

<strong>à</strong> la rédaction de ce carnet <strong>du</strong> <strong>LAB</strong> est cette volonté de rester<br />

indépendantes le plus longtemps possibles. « Cela fait partie<br />

de ma lettre de mission », souligne Olivier Marciaux.<br />

Pour la plupart d’entre elles, la question ne se pose même pas.<br />

Elles disposent de fonds propres suffisamment confortables<br />

pour aborder l’avenir en toute sérénité, sans avoir besoin de<br />

s’adosser <strong>à</strong> un mastodonte. « Nous avons encore quelques<br />

belles années devant nous, affirme Laurent Marseille. Mais ne<br />

nous repo<strong>son</strong>s pas sur nos lauriers. Car nos portefeuilles <strong>son</strong>t<br />

vieillissants. Il faut donc trouver des solutions alternatives.<br />

Ne tombons dans un système de run off ».<br />

Parmi ces solutions, la diversification des canaux de<br />

distribution ouvre de nouvelles perspectives pour garder cette<br />

<strong>indépendance</strong>. « On ne parle pas <strong>à</strong> un sociétaire comme on<br />

parle au client d’un courtier, mais l’alchimie des deux permet<br />

de nous développer et de trouver de la rentabilité », ajoute la<br />

directeur général d’AMP Assurances.<br />

Pour Alain Lannou, l’agilité demeure la voie <strong>à</strong> privilégier pour<br />

rester indépendant. « Il faut en outre cultiver l’engagement<br />

de nos équipes. Je viens de chez un grand assureur et je peux<br />

vous assurer que la motivation des salariés n’est pas <strong>du</strong> tout<br />

la même qu’au sein de la Mudetaf ».<br />

« Nous nous rendons compte d’ailleurs que nous attirons<br />

aujourd’hui des profils venant de grands groupes. Souvent en quête<br />

de sens, ils trouvent dans nos structures un management plus<br />

transverse et des prises de décision plus décloi<strong>son</strong>nées », ajoute<br />

Jacqueline Moreau. La crise sanitaire a d’ailleurs eu un effet


énéfique de ce point de vue, avec des salariés, des cadres<br />

ou des managers qui souhaitaient revenir <strong>à</strong> des entreprises <strong>à</strong><br />

taille humaine. « Nos orientations affinitaires, soutenues par<br />

des offres sur-mesure, par la mise en place de partenariats<br />

pérennes et par une per<strong>son</strong>nalisation de notre relation<br />

avec nos assurés permettent de trouver des<br />

rai<strong>son</strong>s d’être <strong>à</strong> nos structures de petite<br />

taille ce qui est un facteur de succès pour<br />

la croissance rentable et la préservation<br />

de l’<strong>indépendance</strong> », juge la directrice<br />

générale de MADP Assurances.<br />

La coexistence entre de grands groupes<br />

et de plus petites structures forge la<br />

richesse <strong>du</strong> modèle français. « Pourquoi<br />

faudrait-il casser ce modèle ? Pourquoi faudrait-il<br />

tout uniformiser ? Lais<strong>son</strong>s aux assurés le choix entre<br />

un organisme de taille conséquente parce<br />

qu’ils estiment qu’ils y trouveront leur<br />

solution d’assurance ou une mutuelle<br />

de proximité si c’est leur aspiration »,<br />

conclut Stéphane Vilain.<br />

CONCLUSION<br />

17


CONTACT<br />

À PROPOS<br />

A PROPOS DE ROAM<br />

Depuis 1855, Roam regroupe plus d’une soixantaine d’organismes, dont plus d’une<br />

dizaine existe depuis plus de 50 ans. Elle s’est ouverte aux sociétés de capitaux <strong>à</strong><br />

taille humaine partageant les mêmes valeurs et continue <strong>à</strong> élargir sa vocation <strong>à</strong> toutes<br />

les sociétés d’assurance de taille moyenne ou modeste, quels que soient leur statut.<br />

Roam organise des réunions et évènements, permettant <strong>à</strong> ses membres de mutualiser<br />

leurs connaissances et d’échanger ensemble sur les grands enjeux de la profession.<br />

18<br />

Elle travaille en étroite collaboration avec les organisations d’assurance afin de mieux<br />

défendre les intérêts de ses membres et d’optimiser leurs actions. Au fil des ans,<br />

Roam a acquis une crédibilité qui lui permet d’être un acteur respecté sur les marchés<br />

français et européen. Depuis 1855, Roam est au service de ses membres !<br />

CONTACTS<br />

DAVID BIGOT<br />

Délégué général de Roam<br />

david.bigot@roam.asso.fr


CONTACT<br />

A PROPOS DU CERCLE <strong>LAB</strong><br />

Le <strong>Cercle</strong> Lab a pour ambition de nourrir le secteur de nouvelles idées. Il s’organise<br />

pour cela autour de 11 clubs thématiques résolument orientés métiers dont les<br />

réflexions menées tout au long de l’année se concrétisent par la publication de 11<br />

publications annuelles.<br />

Véritables outils d’analyse prospectifs, ces 11 publications annuelles ont pour objectif<br />

de déceler les signaux, <strong>son</strong>der les phénomènes et témoigner des mouvements qui<br />

annoncent les évolutions futures de l’assurance. La co-pro<strong>du</strong>ction de ces cahiers<br />

19<br />

de tendance permettent, par conséquent, de disposer d’une vision structurée et<br />

inspirante <strong>du</strong> secteur. Le <strong>Cercle</strong> <strong>LAB</strong> est ainsi un formidable lieu de networking et de<br />

confrontation d’idées pour toutes les familles <strong>du</strong> secteur.<br />

CONTACTS<br />

SÉBASTIEN JAKOBOWSKI<br />

Fondateur de Seroni<br />

sjakobowski@seroni.fr<br />

06.62.45.01.31<br />

FLORIAN DELAMBILY<br />

Rédacteur en chef<br />

de News Assurances Pro<br />

fdelambily@seroni.fr<br />

06.15.43.30.89<br />

CATHERINE MARQUIS<br />

Responsable de la<br />

communication<br />

& de l’évènement<br />

cmarquis@seroni.fr<br />

06.85.44.20.78


CARNET# 22<br />

ÉTUDE<br />

MUTUELLES, COMMENT PARVENIR<br />

À CONSERVER SON INDÉPENDANCE ?<br />

A l’inverse <strong>du</strong> monde bancaire, le secteur de l’assurance se caractérise par la<br />

coexistence d’une grande diversité d’acteurs. Diversité par leur modèle de<br />

gouvernance. Mais également diversité par la taille des assureurs. Aux côtés de<br />

mastodontes qui se muent en véritable station d’arrimage pour des acteurs en proie<br />

<strong>à</strong> des difficultés, subsiste un modèle de mutuelle, <strong>à</strong> taille humaine qui défendent<br />

bec et ongles leur <strong>indépendance</strong>. Mais <strong>comment</strong> y parviennent-elles dans un<br />

univers qui tend <strong>à</strong> se polariser ?<br />

EN PARTENARIAT AVEC<br />

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