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syndicom magazine No.31

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 31 septembre-octobre 2022<br />

<strong>magazine</strong><br />

Parlons<br />

argent<br />

sans plus<br />

attendre


Annonce<br />

Nous exigeons: des augmentations de<br />

salaire pour tous, afin qu’il reste quelque<br />

chose dans le porte-monnaie malgré<br />

l’inflation et le choc des primes<br />

des caisses maladie!


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 L’inflation décortiquée<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

22 Fonds climat<br />

24 Multinationales<br />

responsables<br />

25 Droit au but<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

De nombreuses personnes salariées en Suisse n’ont<br />

plus obtenu d’augmentation salariale depuis belle<br />

lurette. Il s’agit surtout de collaborateurs-trices<br />

ayant une longue ancienneté, mais aussi de personnel<br />

sans fonction de cadre. A quoi s’ajoute<br />

aujourd’hui une inflation. Les prix et primes maladie<br />

grimpent. Si les salaires ne sont pas enfin relevés,<br />

il restera dès lors moins d’argent pour vivre.<br />

D’ailleurs, l’argent est là pour des hausses de salaire.<br />

L’économie suisse s’est remise de la crise du<br />

coronavirus avec une rapidité impressionnante.<br />

Les entreprises ont enregistré un très bon premier<br />

semestre. Elles ont à nouveau bien pu remplir les<br />

caisses. La conjoncture actuelle est elle aussi positive.<br />

Selon un sondage réalisé par l’EPF à Zurich, la<br />

plupart des entreprises indiquent être dans une<br />

bonne situation commerciale. Et jamais autant de<br />

main-d’œuvre n’a été recherchée depuis bien longtemps.<br />

Les fédérations de l’USS revendiquent donc des<br />

hausses de salaire de 4 à 5 %. Les augmentations<br />

de salaire doivent si possible passer par des mesures<br />

salariales générales. Sans augmentation<br />

générale des salaires, un grand nombre de travailleurs-euses<br />

ne seront pas suffisamment récompensé-e-s<br />

financièrement. La revendication salariale<br />

de l’USS s’articule en trois volets. D’abord, il<br />

faut une compensation du renchérissement de 3 à<br />

3,5 %, selon qu’on se réfère au renchérissement<br />

annuel ou mensuel. Ensuite, les salaires réels<br />

doivent progresser d’environ 1 % par an, sur la base<br />

des gains de productivité. Enfin, un besoin de rattrapage<br />

s’impose. Car l’évolution salariale des dernières<br />

années est restée insuffisante pour beaucoup<br />

de personnes à revenus ordinaires et faibles.<br />

4<br />

8<br />

24<br />

Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS


4<br />

Une fine équipe<br />

« Une CCT de force obligatoire est presque<br />

une loi fédérale »<br />

Simone Biland. Titulaire d’un diplôme<br />

fédéral dans le secteur de l’hôtellerie-restauration,<br />

elle y occupera différents<br />

postes avant de rejoindre une<br />

caisse de chômage puis le domaine<br />

administratif et logistique. Elle travaille<br />

depuis deux ans chez <strong>syndicom</strong> à<br />

l’organe d’exécution CCT.<br />

Sara Gerussi. Après un CFC d’employée<br />

de commerce, elle a travaillé plusieurs<br />

années chez Unia et sept ans pour la<br />

caisse de chômage de <strong>syndicom</strong>.<br />

Depuis 2019, elle est secrétaire spécialisée<br />

à l’organe d’exécution CCT.<br />

Pascal Kaegi. Avec une formation d’historien,<br />

il a rejoint un syndicat en 2010,<br />

où il a travaillé au recrutement des<br />

membres et siégé dans des commissions<br />

paritaires. Depuis 2017, il est<br />

responsable du service d’exécution CCT<br />

chez <strong>syndicom</strong>.<br />

Daniel Mathys. Economiste NPO et<br />

spécialiste des ressources humaines, il<br />

a travaillé dès 2003 comme secrétaire<br />

syndical, puis dans l’industrie pharmaceutique<br />

et la construction. Depuis<br />

2021, il fait partie de l’organe d’exécution<br />

CCT <strong>syndicom</strong> où il développe le<br />

domaine du contrôle des travailleurs et<br />

travailleuses détaché-e-s.<br />

Texte : Pascal Kaegi<br />

Photo : Sandro Mahler<br />

«Nous voulons dissuader<br />

les récidivistes »<br />

« Nous existons depuis 2017. Depuis<br />

cette date, nous sommes le département<br />

de <strong>syndicom</strong> qui connaît la<br />

croissance la plus rapide. L’actuel<br />

responsable de l’organe d’exécution<br />

CCT a débuté à plein temps, sans<br />

effectif en personnel. Aujourd’hui,<br />

il nous faut déjà un équivalent de<br />

quatre postes à plein temps.<br />

La raison pour laquelle nous existons<br />

est simple : la loi. Avec l’extension<br />

en 2018 des deux conventions<br />

collectives de travail pour la branche<br />

infrastructure de réseau et la branche<br />

des centres de contact et d’appel, le<br />

travail de contrôle des deux CCT a<br />

dû être largement élargi et professionnalisé<br />

chez <strong>syndicom</strong>, comme<br />

l’exige la loi.<br />

Contrairement aux CCT d’entreprise<br />

ou de branche, les CCT étendues<br />

doivent – après leur entrée en<br />

vigueur – être appliquées par toutes<br />

les entreprises d’un secteur de façon<br />

similaire à une loi fédérale. L’application<br />

et le contrôle des dispositions<br />

sont exigés en conséquence par la<br />

Confédération.<br />

Notre travail consiste avant tout à<br />

contrôler si les entreprises assujetties<br />

à l’une des CCT susmentionnées<br />

respectent bien les conventions collectives<br />

négociées. Sur la base des<br />

informations disponibles, nous déterminons<br />

la conformité ou<br />

non-conformité des conventions et<br />

élaborons des propositions visant à la<br />

prise de décisions pour le contrôle.<br />

Nous soumettons ces propositions à<br />

la commission paritaire. C’est-à-dire<br />

à l’organe composé de délégué-e-s de<br />

<strong>syndicom</strong> et des associations patronales,<br />

pour le compte duquel nous<br />

effectuons tout le travail de contrôle.<br />

Si des dérogations sont constatées,<br />

la commission paritaire sanctionne<br />

l’entreprise par une amende<br />

conventionnelle – fixée proportionnellement<br />

à la violation des conventions<br />

–, qui est censée la dissuader de<br />

récidiver dans le futur.<br />

A l’heure actuelle, nous nous répartissons<br />

nos tâches comme suit :<br />

Sara et Simone sont – en collaboration<br />

avec leur chef, Pascal – chacune<br />

responsable d’une des deux conventions<br />

collectives. Autrement dit, elles<br />

établissent la plupart des rapports de<br />

contrôle. Daniel s’occupe du contrôle<br />

des prestataires étrangers dans les<br />

deux branches. »


Brèves<br />

Leak-Checker gratuit \ La Poste cherche des informaticien-ne-s au<br />

Portugal \ Qui peut s’appeler « TX Group » ? \ Conseils de négociation pour<br />

les journalistes \ Le CF veut porter atteinte à la protection des sources \<br />

Uber Eats est un service postal \<br />

5<br />

Mes données ont-elles déjà<br />

été hackées ou vendues ?<br />

L’Institut Hasso Plattner, qui fait partie<br />

de l’Université de Potsdam, a développé<br />

un outil pour offrir plus de transparence<br />

aux internautes : le service « HPI Identity<br />

Leak Checker » vérifie si votre<br />

adresse de courriel a été publiée en<br />

ligne avec des données personnelles<br />

telles que votre numéro de téléphone,<br />

votre adresse ou votre date de naissance,<br />

et si elle a fait l’objet de fuites de<br />

données. La réponse est immédiatement<br />

envoyée à l’adresse e-mail vérifiée.<br />

Rendez-vous sur sec.hpi.de/ilc<br />

pour tester la vôtre.<br />

La Poste Suisse à Lisbonne<br />

La Poste ne trouve plus suffisamment<br />

de développeurs-euses informatiques<br />

en Suisse et va donc ouvrir une filiale<br />

au Portugal. <strong>syndicom</strong> exige la garantie<br />

des droits syndicaux aussi à l’étranger.<br />

En même temps, la place industrielle<br />

suisse affaiblie a besoin de plus d’investissements<br />

et de mesures en politique<br />

de formation pour les professions MINT.<br />

Car des filiales à l’étranger ne doivent<br />

pas devenir la norme – précisément<br />

dans le service public.<br />

« TX » : David contre Goliath<br />

Le 20 décembre 2019, le groupe de médias<br />

Tamedia a fait enregistrer le nom TX<br />

Group auprès de l’office du registre du<br />

commerce de Zurich et porte depuis lors<br />

ce nom. Mais un jour plus tôt, un fabricant<br />

de panneaux solaires de Rapperswil<br />

avait enregistré le même nom à<br />

Saint-Gall. En 2021, cette entreprise a<br />

fait valoir que le nom TX Group leur<br />

revenait exclusivement. L’affaire est<br />

maintenant portée devant le Tribunal<br />

administratif fédéral. Il décidera qui<br />

peut garder le nom. L’entreprise de<br />

construction ou le groupe de médias.<br />

Guide de négociation salariale<br />

Les jeunes journalistes ont du mal à<br />

discuter d’une augmentation de salaire,<br />

d’un salaire d’embauche ou de<br />

tarifs d’indépendant-e. Entre collègues,<br />

c’est gênant de le faire, et très<br />

désagréable de le demander à l’employeur<br />

ou au client. Le petit guide de<br />

conseils pour les négociations salariales<br />

de <strong>syndicom</strong> et de l’association<br />

Jeunes Journalistes Suisses apporte<br />

une aide pratique. Celui-ci est disponible<br />

dès à présent pour les membres<br />

de la branche sur my.<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Pas de journalisme sans<br />

protection des sources !<br />

Toute personne qui fournit à un journaliste<br />

des informations confidentielles<br />

auxquelles elle ne peut être associée<br />

sans s’exposer à des préjudices est<br />

une source. La protection des sources<br />

est la garantie de la confidentialité par<br />

l’organe de presse, analogue au secret<br />

médical, et l’un des principes fondamentaux<br />

du journalisme. Aucun service<br />

de renseignement ne peut affaiblir la<br />

protection des sources, placer les<br />

journalistes sous surveillance, ni les<br />

mettre sur écoute – comme le Conseil<br />

fédéral le propose avec un projet de<br />

révision de la loi sur les services de<br />

renseignement. <strong>syndicom</strong> luttera pour<br />

la liberté de la presse.<br />

PostCom : Uber Eats est bel et<br />

bien un service postal<br />

La PostCom persiste et signe : un carton<br />

à pizza est aussi un colis, et sa<br />

distribution relève d’un service de livraison<br />

postale qui tombe sous l’obligation<br />

d’annonce de la loi sur la poste.<br />

Uber, qui s’y était opposé, a fait recours<br />

contre la décision de la PostCom<br />

devant le Tribunal administratif fédéral.<br />

Celui-ci a renvoyé l’affaire à la<br />

PostCom, et cette dernière maintient<br />

son jugement. Uber va-t-il déposer un<br />

nouveau recours ? C’est en tout cas<br />

juridiquement possible.<br />

Agenda<br />

Novembre<br />

5.11<br />

Conférence secteur Médias<br />

Face à la situation préoccupante de<br />

ses branches, le secteur Médias se réunit<br />

une deuxième fois en cette année<br />

2022 à Bienne. L’objectif étant de discuter<br />

et décider des structures dont le<br />

secteur a besoin pour mieux organiser<br />

son travail et le rapport avec ses<br />

membres. Inscriptions jusqu’au<br />

23 octobre sur <strong>syndicom</strong>.ch/3ztyb<br />

5-6.11<br />

25 ans du Musée de la main<br />

Le Musée de la main UNIL-CHUV célèbre<br />

son 25e anniversaire lors de deux<br />

journées festives. Au programme, des<br />

rencontres et des expériences autour<br />

de l’intelligence artificielle. Les mains<br />

dans la cambouis numérique et les<br />

méninges au défi. Informations utiles<br />

sur museedelamain.ch<br />

19.11<br />

Faire face aux clichés genrés<br />

Les femmes font face à de nombreux<br />

défis dans la vie quotidienne, mais<br />

aussi en politique. Les Vert-e-s s’engagent<br />

pour supprimer ces obstacles<br />

et vous propose un échange avec des<br />

parlementaires au sujet de leurs expériences<br />

en matière de discrimination,<br />

de la manière dont elles l’ont gérée et<br />

de ce qu’elles ont appris durant leur<br />

mandat au Parlement. Toutes les infos<br />

sur verts.ch/reseaureunion-nov22<br />

Dès le 25.11<br />

Journées contre les violences<br />

à l’égard des femmes<br />

La campagne des 16 Jours d’activisme<br />

contre la violence basée sur le genre<br />

est un événement international qui débute<br />

le 25 novembre, date de la Journée<br />

internationale pour l’élimination<br />

de la violence à l’égard des femmes, et<br />

se poursuit jusqu’au 10 décembre,<br />

date de la Journée des droits humains.<br />

Plusieurs événements sont organisés<br />

en Suisse. Infos sur 16tage.ch<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

IMS, la filiale de La Poste dans le secteur immobilier, a conclu<br />

employeurs<br />

une nouvelle CCT qui entrera en vigueur en 2023. Nous en<br />

avons parlé avec Anja Piller, partenaire commerciale RH et<br />

membre de la direction d’IMS, et René Heiz, responsable<br />

compensation et assurances sociales de La Poste.<br />

1<br />

La nouvelle CCT IMS a été négociée<br />

pendant plusieurs mois. Comment<br />

évaluez-vous les résultats ?<br />

Nous sommes très satisfaits. La CCT<br />

actuelle est déjà une convention progressiste<br />

avec de très bonnes conditions.<br />

Mais IMS souhaitait que la<br />

nouvelle CCT renforce encore notre<br />

attractivité en tant qu’employeur<br />

moderne et génère une plus-value<br />

pour nos collaborateurs-rices. Grâce<br />

à l’excellent partenariat social entre<br />

IMS et <strong>syndicom</strong>, une CCT attrayante<br />

a pu être élaborée pour l’avenir.<br />

2<br />

Pensez-vous que ces négociations ont<br />

pris en compte l’avis et les attentes<br />

du personnel ?<br />

Nous pensons y être parvenus. Nous<br />

avons appris des conseillers-ères RH<br />

et des représentant-e-s de la hiérarchie<br />

quelles sont les principales<br />

préoccupations des collaboratrices et<br />

collaborateurs et où il est nécessaire<br />

d’intervenir dans la CCT actuelle.<br />

Au sein de la délégation, nous disposions<br />

aussi de personnes de tous les<br />

domaines de la direction qui sont très<br />

proches du personnel et de ses besoins<br />

3<br />

Quelles sont les principales améliorations<br />

de la nouvelle CCT ?<br />

L’égalité et la conciliation de la vie<br />

professionnelle et privée sont au premier<br />

plan. Ainsi, la CCT comporte<br />

des prestations très attractives pour<br />

les futurs pères et futures mères,<br />

mais aussi un droit à la déconnexion.<br />

Nous avons aussi élargi l’article sur<br />

l’égalité de traitement et ancré l’égalité<br />

salariale dans la CCT. Et la fidélité<br />

du personnel de longue date avec<br />

au moins 20 ans de service sera désormais<br />

récompensée par deux semaines<br />

de vacances ou 3000 francs.<br />

4<br />

Le plan social exigé par <strong>syndicom</strong> a<br />

été vivement discuté. Qu’est-ce qui a<br />

finalement poussé IMS à entrer en<br />

matière ?<br />

Nous avons compris la revendication.<br />

Pour nous aussi, il était et est du reste<br />

toujours important d’accompagner et<br />

de soutenir le mieux possible nos collaboratrices<br />

et collaborateurs en cas<br />

de perte d’emploi et de trouver des<br />

solutions acceptables. Nous venons<br />

de compléter l’ancien accord social<br />

par des mesures de soutien et<br />

sommes donc également convaincus<br />

d’avoir réalisé un progrès significatif<br />

pour notre personnel.<br />

5<br />

Quels sont les principaux défis et<br />

travaux prévus pour le partenariat<br />

social dans les mois à venir ?<br />

Tout d’abord, il s’agit d’appliquer la<br />

nouvelle CCT et de garantir son exécution.<br />

Cela ne peut s’opérer qu’en<br />

collaboration et sur la base d’un partenariat<br />

social fort. Les prochaines<br />

négociations salariales approchent.<br />

Par ailleurs, notre objectif déclaré est<br />

de discuter des questions d’actualité<br />

dans le cadre des instances ordinaires<br />

comme les commissions spécialisées,<br />

mais aussi, si nécessaire,<br />

lors de réunions supplémentaires et<br />

de rester ainsi dans l’échange.<br />

6<br />

Le renchérissement touche de plein<br />

fouet le pouvoir d’achat de vos<br />

employé-e-s. Quelles solutions la<br />

nouvelle CCT offre-t-elle dans ce<br />

contexte ?<br />

Nous avons inscrit dans la CCT un cycle<br />

annuel de négociations salariales.<br />

Nous sommes convaincus que, grâce<br />

à cela et sur la base d’un bon partenariat<br />

social, nous trouverons ainsi des<br />

solutions raisonnables et économiquement<br />

acceptables pour nos collaboratrices<br />

et collaborateurs, même<br />

dans les périodes difficiles.<br />

Questions : Robin Moret<br />

Photo : Sam Buchli


L’invité<br />

Nous savons depuis 1995, date de<br />

la découverte de 51 Pegasi b, ce que la sciencefiction<br />

imaginait depuis très longtemps : il y a<br />

là-haut des milliards de planètes qui tournent<br />

autour d’autres étoiles. Que se passerait-il si une<br />

forme de technologie, qui reste encore à<br />

inventer, nous permettait de nous y rendre ?<br />

Il y a sans doute autant de réponses qu’il existe<br />

de destinations différentes.<br />

Mais ces réponses soulèvent d’autres questions<br />

: qui partirait, et pourquoi ? Personne ne<br />

quitte sans espoir de retour son foyer, sa famille,<br />

ses amis ou son mode de vie s’il n’a de terribles<br />

raisons pour le faire. Mes romans ne racontent<br />

pas une conquête, mais un exode. Mes personnages<br />

ne sont pas des élu-e-s, mais des perdant-e-s.<br />

Ils fuient une planète à l’agonie.<br />

Dans cette dystopie, l’effondrement de notre<br />

civilisation est bien sûr sociétal et écologique,<br />

mais il est avant tout économique, parce que<br />

l’économie est le lien entre l’exploitation des ressources<br />

et la société qui résulte de la consommation<br />

de ces ressources. Or, les économistes —<br />

mais ils ne sont pas les seul-e-s — ont peu à peu<br />

remplacé la réalité par leurs modèles.<br />

Dans une économie qui a toujours un modèle<br />

de retard, qui est de plus en plus dérégulée, l’inflation<br />

n’est que la surface visible d’un terrifiant<br />

iceberg. La disparition de ressources essentielles,<br />

la recherche désespérée et violente de<br />

solutions de remplacement amènent toujours<br />

l’humanité aux mêmes solutions. Si nous avons<br />

épuisé notre environnement, il faut nous déplacer<br />

ailleurs. D’un coin de savane à un autre, nous<br />

passerons peut-être d’une planète à une autre.<br />

Mes romans montrent surtout que malgré de<br />

trompeuses apparences, il n’existe nulle part<br />

une « Terre B ». Et que loin de transformer ces<br />

mondes pour les faire ressembler à notre planète<br />

d’origine, ce sera à notre espèce de se<br />

transformer pour s’y adapter. Cette nécessaire<br />

humilité sera peut-être la clé de notre survie.<br />

Non, la « Terre B »<br />

n’existe pas<br />

Bernard Fischli est né en 1958 à Lausanne.<br />

Son enfance se déroule en pleine<br />

course à l’espace, qui atteint un point<br />

culminant lors d’une nuit blanche de<br />

juillet 1969, devant le poste de télévision<br />

familial. Peu de temps après, il découvre<br />

« 2001, l’odyssée de l’espace »<br />

d’Arthur C. Clarke. Puis, les années passant,<br />

il assiste au triste repli de l’humanité<br />

sur sa planète alors qu’il continue<br />

à rêver de mondes lointains. Il obtient<br />

une licence de Lettres en 1987, avec un<br />

mémoire auquel il intègre une nouvelle<br />

de science-fiction. Sa première publication<br />

date de 1992, dans le cadre d’un<br />

concours organisé par la Maison d’Ailleurs.<br />

Depuis de nombreuses années,<br />

il enseigne dans un collège des hauts<br />

de Lausanne. Son cycle des Voyages<br />

sans retour est publié chez Hélice Hélas,<br />

à Vevey. Il comprend Esmeralda (2018),<br />

Donoma (2019) et Océania (2020).<br />

7


Dossier 10 Spirale profits-bénéfices, voilà la tempête parfaite ?<br />

9<br />

13 Plafonner les prix, taxer les bénéfices et augmenter les salaires<br />

14 Salaires et renchérissement automatique<br />

Nous devons<br />

parler argent


10 Dossier<br />

Le monde dans la spirale prix-profit<br />

Pendant 30 ans, l’inflation n’a pas été un problème.<br />

Mais la hausse actuelle des prix risque<br />

d’appauvrir un grand nombre de personnes et<br />

de les mettre en détresse. L’Europe est en<br />

émoi. L’automne sera chaud.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Des grèves et protestations ont fait plier la nouvelle première<br />

ministre britannique Liz Truss dès le deuxième jour<br />

de son mandat : en totale contradiction avec son programme,<br />

elle a dû mettre en place un plan de soutien étatique<br />

de 150 milliards de livres pour éviter la révolte imminente.<br />

En France, les salarié-e-s de dizaines d’entreprises<br />

sont en grève pour obtenir la compensation du renchérissement.<br />

Les syndicats mobilisent et la gauche appelle à<br />

une marche nationale en octobre pour exiger la baisse du<br />

coût de la vie. Le gouvernement de coalition allemand observe<br />

avec inquiétude les manifestations contre la hausse<br />

des prix et espère qu’elles ne déboucheront pas sur un<br />

mouvement de gilets jaunes. En Italie, les prix de l’énergie<br />

risquent de conduire 140 000 entreprises à fermer.<br />

L’inflation est de retour. Elle atteint près de 10 % au<br />

sein de l’UE, et la tendance est à la hausse. Un choc brutal.<br />

Comparé à l’inflation aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne<br />

et dans l’UE, le taux d’inflation de 3,5 % en Suisse (au mois<br />

d’août) paraît relativement faible. Ce qui s’explique, d’une<br />

part, par la « régulation » de certains prix dans notre pays,<br />

qui sont soumis à un contrôle des pouvoirs publics –<br />

comme le prix de l’électricité en « approvisionnement de<br />

base ». D’autre part, le franc surévalué joue également un<br />

rôle. La Suisse importe une grande partie de ses biens de<br />

consommation. Alors qu’il y a peu, nous devions dépenser<br />

115 francs pour un produit importé d’Allemagne qui coûte<br />

100 euros, il ne vaut aujourd’hui plus que 97 francs en raison<br />

de l’amélioration du taux de change. Mais l’avantage<br />

disparaît rapidement : à l’avenir, à cause de l’inflation élevée<br />

chez notre voisin, la marchandise allemande ne coûtera<br />

plus 100, mais 115 euros.<br />

A l’inverse, le franc fort comporte aussi des inconvénients<br />

majeurs : il pèse sur l’industrie d’exportation suisse<br />

(machines, montres, tourisme, etc.), qui assure plus d’un<br />

tiers de notre bien-être.<br />

Le véritable taux de l’inflation<br />

Un taux d’inflation de 3,5 % devrait constituer en fait un<br />

signal d’alarme. Premièrement, le chiffre induit en erreur.<br />

En réalité, une inflation nettement plus élevée pèse sur les<br />

ménages à bas et moyens revenus, donc sur la majorité<br />

d’entre eux. Pour les salaires jusqu’à 4300 francs, l’inflation<br />

est d’au moins 4,2 %, mais plutôt de l’ordre de 5 %.<br />

Pourquoi ? Ces ménages doivent dépenser une part plus<br />

élevée de leur revenu que les hauts revenus (dès 7000 francs<br />

nets) pour le loyer, l’énergie, l’alimentation, les transports,<br />

l’assurance maladie. Donc précisément pour les<br />

choses indispensables qui sont devenues brusquement<br />

plus chères.<br />

Deuxièmement, les prix explosent justement pour les<br />

besoins de base. L’assurance maladie coûtera en moyenne<br />

6,6 % de plus. En 2023, le prix de l’électricité augmentera de<br />

27 % – et même de 280 % dans certains domaines. Ce qui, à<br />

son tour, renchérit de nombreux autres produits et services.<br />

Bientôt la fin du mois tombera déjà au milieu du mois<br />

parce que les intérêts grimpent. Les loyers prennent eux<br />

aussi l’ascenseur. Bientôt les fins de mois difficiles arriveront<br />

encore plus tôt. Aujourd’hui déjà, la pauvreté guette<br />

1,3 million de personnes en Suisse. Elles risquent de tomber<br />

dans la détresse, surtout les femmes élevant seules<br />

leurs enfants, ainsi que les seniors ou les familles avec<br />

plus d’un enfant. Pourtant, de nombreuses voix bourgeoises<br />

trouvent scandaleux que l’Union syndicale suisse<br />

exige une compensation du renchérissement de 4 à 5 %.<br />

Selon une enquête réalisée au printemps par le Centre de<br />

recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF de Zurich, les<br />

entreprises ne consentiraient à augmenter les salaires<br />

que de 1,6 % en 2022. Concrètement, ce serait un vol salarial.<br />

Car lorsque les hausses de salaires sont inférieures au<br />

renchérissement, elles équivalent de facto à une baisse<br />

des salaires réels – le pouvoir d’achat des ménages fond<br />

comme neige au soleil.<br />

Sur le plan économique aussi, ce serait une pure folie<br />

car la consommation des ménages stimule l’économie.<br />

Dans ses dernières prévisions, le Secrétariat d’Etat à<br />

l’économie table sur une hausse du produit intérieur brut<br />

(PIB) de 2 %. Ce pronostic optimiste se base d’une part sur<br />

les exportations (compromises), et d’autre part sur la demande<br />

intérieure. La consommation des ménages doit<br />

sauver la mise avec une hausse de 4 %. Si l’inflation n’est<br />

toutefois pas compensée par une augmentation des salaires,<br />

cette prévision restera lettre morte. D’autant<br />

qu’une récession menace au plus tard en 2023. Donc : destruction<br />

d’emplois, croissance du chômage et baisse supplémentaire<br />

du pouvoir d’achat. Une spirale descendante.<br />

Ce que les syndicats exigent constitue donc une revendication<br />

minimale. Elle suffit tout juste à compenser l’inflation,<br />

à condition que celle-ci ne flambe pas davantage,<br />

ce que l’OCDE, la Banque mondiale et la BCE considèrent<br />

comme tout à fait possible. Garantir les salaires réels et<br />

augmenter à cet effet les salaires nominaux de 4 à 5 % est<br />

juste, économiquement raisonnable et souvent facilement<br />

réalisable, comme le prouvent les bénéfices juteux.<br />

Jusque dans les années 1990, la plupart des CCT prévoyaient<br />

une compensation automatique du renchérissement<br />

(voir article page 14). Les syndicats l’ont imposée par<br />

des luttes acharnées dans les années d’inflation après<br />

1970. Dans d’autres pays capitalistes, les néolibéraux ont<br />

eu plus de succès. On le voit dans la « quote-part salariale »<br />

partout massivement réduite, qui indique quelle part de<br />

la richesse produite revient à la main-d’œuvre et, inversement,<br />

quelle part du gâteau rafle le capital. Ainsi, après les<br />

contre-réformes adoptées par le gouvernement de l’ancien<br />

chancelier Gerhard Schröder, l’Allemagne est devenue<br />

un pays européen à bas salaires. En France, le salaire<br />

minimum légal de 1329 euros nets pour un plein temps<br />

Une compensation<br />

s’impose sur le<br />

plan économique


n’est souvent pas atteint. En Italie, 70 % des travailleuses-eurs<br />

touchent 9 euros de l’heure ou moins et les salaires<br />

ont chuté depuis 1990.<br />

En Suisse, des syndicats actifs et les possibilités de recours<br />

de la démocratie directe (référendums et initiatives)<br />

ont empêché jusqu’à présent cette dégringolade. Pourtant,<br />

chez nous aussi, la quote-part salariale a fondu, abstraction<br />

faite des profiteurs qui s’octroient des bonus<br />

dans les banques, les assurances et la chimie. Et les néolibéraux<br />

continuent de faire pression sur les salaires. On l’a<br />

vu très récemment avec l’exemple de la proposition émise<br />

par l’autorité de régulation postale PostCom de fixer un<br />

salaire minimum de 19 francs de l’heure – qui est inférieur<br />

aux salaires minimaux les plus bas dans tous les cantons.<br />

Un salaire de misère par rapport au niveau des prix suisses.<br />

La fable de la spirale prix-salaires<br />

54 % de l’inflation est<br />

due à l’appât du gain<br />

des entreprises.<br />

Le projet des syndicats visant à amortir l’inflation sera<br />

une entreprise ardue. Au cours des 30 dernières années,<br />

les employeurs ont réussi à éliminer la compensation automatique<br />

du renchérissement dans presque toutes les<br />

CCT. Aujourd’hui, ils ressassent leur vieille rengaine, la<br />

fable de la « spirale prix-salaires » selon laquelle la compensation<br />

du renchérissement attiserait l’inflation –<br />

comme les employeurs de l’industrie des machines et de<br />

la métallurgie (Swissmem) le rabâchaient déjà au printemps.<br />

D’un point de vue économique, c’est une absurdité.<br />

Dans de nombreux secteurs, ce ne sont pas les coûts de<br />

production qui déterminent les prix, mais ce que l’on appelle<br />

le « pricing power », donc le pouvoir des entreprises<br />

de fixer le prix de leurs produits indépendamment des<br />

coûts. Ce pouvoir n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui,<br />

a récemment constaté la Banque des règlements internationaux<br />

(BRI).<br />

La fabrication d’un iPhone coûte, tout compris, moins<br />

d’un tiers de son prix de vente, celle d’une Swatch moins<br />

d’un cinquième de son prix. Et la part des salaires dans les<br />

coûts de production ne cesse de diminuer dans de nombreux<br />

secteurs (à l’exception des services aux personnes et<br />

de la restauration). Dès lors, un petit calcul s’impose :<br />

même si la part des coûts salariaux est de 20 %, une compensation<br />

du renchérissement de 5 % augmente les coûts<br />

de production d’à peine 1 petit pour cent, ce qui représente<br />

tout au plus quelques pour mille du prix final. C’est<br />

beaucoup moins que les coûts de financement. Or, à elle<br />

seule, l’augmentation de la productivité du travail (c.-à-d.<br />

la réduction des coûts unitaires) justifierait depuis longtemps<br />

des augmentations de salaire réelles.<br />

L’Institut de politique économique américain a constaté<br />

que plus de la moitié de l’inflation (54 %) est due à l’appât<br />

du gain croissant des entreprises, et 36 % aux difficultés<br />

des chaînes d’approvisionnement mondiales. En<br />

revanche, les coûts de la main-d’œuvre n’ont guère eu<br />

d’impact.<br />

Ce pouvoir de fixation des prix a des effets particulièrement<br />

dévastateurs sur les matières premières, le pétrole,<br />

le gaz et l’électricité, ainsi que sur les médicaments,<br />

les assurances et les services bancaires. Une poignée de<br />

groupes mondialisés dominent le marché dans ces domaines.<br />

C’est pourquoi les prix y ont explosé – et avec eux<br />

les profits. Six des neuf plus grandes entreprises suisses<br />

en termes de chiffre d’affaires sont des négociants en matières<br />

premières et en pétrole. Viennent s’y ajouter Nestlé,<br />

Roche et Novartis. Au niveau mondial, la moitié des produits<br />

agricoles importants comme les céréales sont négociés<br />

en Suisse, ainsi que 35 % du pétrole et 60 % des métaux.<br />

On trouve ici les profiteurs de guerre et les promoteurs<br />

de l’inflation.


12 Dossier<br />

La société zougoise Glencore, leader de notre pays en<br />

termes de chiffre d’affaires, a augmenté son bénéfice de<br />

846 % ( !) au premier semestre 2022. La multinationale de<br />

matières premières était depuis longtemps déjà très rentable,<br />

mais cela ne s’était encore jamais produit. Tous les<br />

autres commerçants de matières premières enregistrent<br />

aussi des bénéfices historiques. Les négociants en pétrole,<br />

en gaz et en électricité cartonnent : Exxon, BP, Shell,<br />

Total fêtent des superprofits, sans parler de la société<br />

saoudienne Aramco. Même les banals fournisseurs<br />

suisses d’électricité Axpo, Alpiq et Forces motrices bernoises<br />

(FMB) – qui bénéficient d’une garantie implicite de<br />

l’Etat, comme le montre le cas d’Axpo – engrangent des<br />

bénéfices de plusieurs centaines de millions. Dans le secteur<br />

pharmaceutique, l’ambiance est à la fête depuis le<br />

COVID-19. Quant aux banques, elles font comme toujours<br />

partie elles aussi du peloton de tête à l’ère de l’argent facile.<br />

D’autres secteurs, comme l’industrie alimentaire, ne<br />

veulent pas non plus laisser passer l’occasion et profitent<br />

de la situation en surfant sur la vague de l’inflation.<br />

Tout cela se traduit par des distributions de dividendes<br />

gigantesques aux propriétaires et actionnaires. Cette année,<br />

elles frôleront les 2 billions de dollars. Après 15 ans<br />

de crise capitaliste permanente, la redistribution du bas<br />

vers le haut s’accélère.<br />

Mais d’où vient l’inflation ? Les faits sont sur la table :<br />

quiconque ne peut plus payer ses factures est happé dans<br />

une spirale prix-profit de plus en plus étourdissante.<br />

On peut rejeter toute la faute sur la guerre d’agression de<br />

Vladimir Poutine contre l’Ukraine, y compris la hausse extrême<br />

des prix. Le Russe coupe progressivement le robinet<br />

du gaz. Mais les prix avaient déjà flambé en été 2021, huit<br />

mois avant le début de la guerre. Le monde vivait encore<br />

dans une abondance de pétrole et de gaz. Or les groupes<br />

énergétiques en ont réduit la quantité de manière artificielle<br />

pour s’enrichir lors de la reprise post-covid. Des<br />

flottes entières de pétroliers surchargés se sont alors retrouvées<br />

en attente sur les mers du monde entier.<br />

La crise que nous subissons profite au capital. Des fortunes<br />

exorbitantes sont amassées et la main-d’œuvre est<br />

mise au pas. Les capitaux se concentrent, les fusions et les<br />

Nous sommes<br />

victimes d’une spirale<br />

prix-profit de plus en<br />

plus étourdissante.<br />

reprises se multiplient. En 2019, lorsque le manque d’investissements<br />

et la guerre économique menée par les<br />

Etats-Unis contre la Chine ont ébranlé le système, la pandémie<br />

salvatrice du COVID-19 est arrivée. Le capital en a<br />

profité pour faire de l’Etat le tiroir-caisse des grands<br />

groupes. Et à l’ombre du lockdown et des chaînes d’approvisionnement<br />

rompues, qui ont plongé de nombreuses<br />

personnes dans la panique face aux pénuries d’approvisionnement,<br />

des transporteurs maritimes comme la CMA<br />

de Marseille sont devenus des géants rentables.<br />

Même la crise écologique fait gagner les entreprises<br />

dominantes. Actuellement, on parle de possibles pénuries<br />

d’électricité. Les centrales nucléaires de France, qui<br />

fournissent en électricité la moitié du continent, ne<br />

peuvent plus livrer. En partie parce que des problèmes de<br />

sécurité mettent à l’arrêt les réacteurs nucléaires vétustes.<br />

Mais surtout parce que le réchauffement climatique et la<br />

sécheresse empêchent le refroidissement de nombreuses<br />

centrales nucléaires. La Norvège, l’autre grand exportateur<br />

d’électricité, a dû réduire ses livraisons en raison de<br />

la baisse du niveau d’eau dans les barrages et les rivières.<br />

C’est une situation dramatique, mais une source de profits<br />

spéculatifs pour les fournisseurs d’électricité : le prix<br />

des livraisons est passé de 50 euros à jusqu’à 1700 euros<br />

au premier trimestre 2022 sur le marché européen de<br />

l’électricité dérégulé par le néolibéralisme. Merci à la catastrophe<br />

climatique et à Poutine. Par conséquent, une<br />

modeste compensation du renchérissement est le minimum<br />

que les syndicats devraient imposer.


Dossier<br />

Plafonner les prix et relever<br />

les salaires<br />

13<br />

Des profits spéculatifs inouïs alimentent<br />

l’inflation, et les banques centrales jouent un<br />

jeu très dangereux. Que faire ?<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Comment comprimer au mieux les salaires et détruire la<br />

prospérité ? Comment provoquer un crash financier global<br />

et aggraver au passage la catastrophe écologique ? En<br />

suivant l’exemple actuel ! Ce que les banques centrales,<br />

les entreprises et les gouvernements font (et omettent de<br />

faire) actuellement apparaît comme la recette parfaite<br />

pour un grand désastre.<br />

Juste un exemple : l’entreprise énergétique Total a versé<br />

précipitamment 260 millions d’euros de « dividendes<br />

extraordinaires » en automne, peu avant qu’un impôt sur<br />

les bénéfices de la crise ne vienne prélever les profits exceptionnels<br />

exorbitants de la guerre, du gaz et du pétrole.<br />

La direction de l’entreprise s’est vantée elle-même avec<br />

aplomb de cette astuce. Parallèlement, Total se targue<br />

d’être une entreprise énergétique verte. Or ses investissements<br />

dans les énergies renouvelables en 2022 ne représentent<br />

pas la moitié de ses dividendes versés aux riches.<br />

Ce qui est fou, c’est qu’ils savent exactement où cela<br />

conduit. Les économistes, la Banque mondiale, le Fonds<br />

monétaire international et les grandes revues économiques<br />

sont actuellement pris de panique. Ils alertent<br />

chaque jour sur les conséquences de la « soif de profit malsaine<br />

». Pour ajouter aussitôt : nous en voulons plus.<br />

La Banque mondiale a démontré ces jours-ci que les<br />

augmentations de taux d’intérêt des banques centrales<br />

sont en passe de plonger l’économie dans une crise mondiale.<br />

Mais les « banques des banques » annoncent de nouvelles<br />

augmentations de taux, sous la pression de la Réserve<br />

fédérale des Etats-Unis. Chaque crédit deviendra<br />

ainsi plus cher et les investissements, par exemple dans<br />

des techniques respectueuses du climat, seront étouffés.<br />

Ils justifient la lutte contre l’inflation par la théorie selon<br />

laquelle il y a trop d’argent en circulation. Ce qui accroît<br />

la demande et fait grimper les prix. Ils appellent ce<br />

phénomène la « surchauffe ». En réalité, l’économie mondiale<br />

stagne. La masse monétaire a toutefois gonflé de manière<br />

si vertigineuse depuis 15 ans qu’on ne peut même<br />

plus la mesurer de manière raisonnable. Si la théorie de<br />

l’argent était juste, nous serions en hyperinflation depuis<br />

dix ans. Or tout dépend de qui dispose de ces masses<br />

d’argent colossales – et de qui a le pouvoir de fixer les prix.<br />

En vérité, les augmentations des taux d’intérêt profitent<br />

uniquement au capital. Et à part le climat, seule la spéculation<br />

est en « surchauffe ». Que faire ?<br />

L’économiste Olivier Blanchard a récemment écrit que<br />

la lutte contre l’inflation exigeait la destruction d’emplois.<br />

Il a bien sûr omis d’ajouter : si nous ne changeons<br />

pas les règles du jeu erronées. Il n’a pas mentionné qu’il<br />

existe d’autres moyens ciblés de lutter contre l’inflation<br />

motivée par le profit.<br />

Le minimum, c’est une pleine compensation du renchérissement<br />

sur les salaires, les rentes et les prestations<br />

sociales. Du point de vue économique, c’est une nécessité<br />

tout à fait réalisable. Il faut inscrire à nouveau une<br />

compensation automatique du renchérissement dans les<br />

CCT. Mais il est aussi nécessaire de plafonner les prix.<br />

L’énergie et l’eau sont des biens communs. Ils doivent<br />

être soustraits à la spéculation. L’approvisionnement de<br />

base devrait être bon marché, mieux encore gratuit,<br />

jusqu’à un certain niveau de consommation. Actuellement,<br />

divers pays expérimentent des prix plafonds. Ce qui<br />

est intolérable, ce sont des situations comme celles vécues<br />

avec Axpo : le géant de l’énergie a réalisé un bénéfice<br />

de centaines de millions de francs. Pendant que le Conseil<br />

fédéral lui octroyait une garantie de plusieurs milliards de<br />

francs, parce que l’entreprise s’est fourvoyée à la bourse<br />

de l’énergie avec des opérations à terme. Il faut faire<br />

marche arrière sur la libéralisation du marché de l’énergie.<br />

L’UE devrait décréter un prix maximal pour le gaz et le<br />

pétrole – avec la puissance d’achat de 450 millions de personnes,<br />

les producteurs ne pourraient guère y déroger.<br />

Les entreprises qui reçoivent un soutien de la Confédération<br />

ne doivent pas être autorisées à verser des dividendes,<br />

ni à licencier des personnes. Le fardeau de la crise<br />

doit être réparti équitablement. Le financement du plafonnement<br />

des prix et des mesures de sauvegarde des emplois<br />

n’est pas un problème : il suffit de prélever un impôt<br />

sur les bénéfices auprès des entreprises énergétiques,<br />

comme c’est le cas en Italie, à hauteur de 25 %. Pour finir,<br />

il est grand temps d’investir enfin les bénéfices dans une<br />

offensive industrielle en faveur de la transition énergétique.<br />

Les syndicats en ont conçu et calculé le programme.<br />

Il y a 16 ans.


14<br />

Dossier<br />

L’inflation, cette grande absente<br />

Les CCT et les mécanismes d’adaptation des<br />

salaires à l’inflation en Suisse ; où en est-on ?<br />

Texte : Mattia Lento<br />

En Suisse, plus de 700 000 personnes vivent en situation<br />

de pauvreté. Parmi elles, on trouve aussi les travailleuses<br />

et travailleurs pauvres, les working poor. Selon l’Office fédéral<br />

de la statistique, 8,2 % de la population active vivait<br />

dans la pauvreté en 2020, soit plus de 300 000 personnes.<br />

Avec les niveaux d’inflation actuels, le pourcentage de personnes<br />

pauvres pourrait encore augmenter : de 8,5 à 9,3 %,<br />

soit environ 80 000 personnes – selon une étude réalisée<br />

par la Haute école spécialisée bernoise. Même si l’inflation<br />

en Suisse est moins dramatique que la moyenne européenne<br />

(+9,1 % en août), elle a désormais atteint 3,5 % et<br />

devrait augmenter ces prochains mois. De plus en plus<br />

souvent, un emploi risque de ne pas garantir une vie décente.<br />

Le renchérissement est encore plus important pour<br />

les personnes à faibles revenus : leurs dépenses se<br />

concentrent en grande partie sur la consommation énergétique<br />

et les denrées alimentaires – des catégories de<br />

biens dont les prix ont augmenté bien plus que la moyenne.<br />

Il n’est donc pas surprenant que l’Union syndicale suisse<br />

ait exigé ces dernières semaines des augmentations de salaire<br />

de 4 à 5 %. Compte tenu du contexte économique favorable,<br />

il s’agit d’une revendication réaliste et surtout nécessaire<br />

au vu des chiffres mentionnés ci-dessus.<br />

Peu de clauses de renchérissement au sein des CCT<br />

Si nous vivions dans la Suisse de l’après-guerre, les salarié-e-s<br />

pourraient compter sur les mécanismes d’adaptation<br />

des salaires au taux d’inflation ancrés dans de nombreuses<br />

conventions collectives de travail. Dans les années<br />

50, la compensation du renchérissement a été inscrite<br />

pour la première fois dans les CCT. Jusqu’aux années<br />

1990, cette part n’a cessé d’augmenter. Encore en 1991,<br />

deux tiers des CCT suisses renfermaient des clauses de<br />

renchérissement, comme le montre une étude de Daniel<br />

Oesch de 2001. Un quart des CCT suisses prévoyaient<br />

même des mécanismes d’adaptation automatique des salaires<br />

à l’inflation. Une protection qui a pratiquement disparu<br />

de toutes les CCT en très peu d’années : en 1996, le<br />

pourcentage de CCT comportant des clauses de renchérissement<br />

s’est effondré à 0,3 %. Que s’est-il passé pendant<br />

ces années cruciales ?<br />

Dans les années 1990, la vague néolibérale anglo-américaine<br />

a également déferlé en Suisse. Et pour diverses raisons,<br />

les syndicats ont alors peiné à imposer la compensation<br />

du renchérissement dans les CCT. Les CCT ont<br />

elles-mêmes été remises en question par les employeurs,<br />

si bien que les organisations syndicales ont dû concéder<br />

des compromis. Par ailleurs, une grave récession a marqué<br />

ces années. Les travailleuses et travailleurs se sont davantage<br />

préoccupé-e-s de préserver leur emploi et leur<br />

pouvoir d’achat. La récession a fait baisser le coût de la vie,<br />

et donc amenuisé l’importance d’adapter les salaires à<br />

l’inflation. Celle-ci est ainsi devenue à ce jour la grande<br />

absente des CCT. Il n’y a pratiquement plus de conventions<br />

collectives de travail avec une compensation intégrale<br />

du renchérissement.<br />

Dans certains secteurs, une infime part des CCT prévoit<br />

encore des ajustements, mais ceux-ci sont limités. Aussi<br />

dans le domaine TIC, « le coût de la vie est un des critères<br />

prévus par la CCT », comme l’affirme Daniel Hügli, responsable<br />

de ce secteur pour <strong>syndicom</strong>. Selon Matteo Antonini,<br />

responsable secteur Logistique, « le coût de la vie<br />

constitue l’un des éléments des négociations salariales<br />

menées avec la Poste Suisse ». La question de l’adaptation<br />

des salaires à l’inflation est revenue dans le débat. Pour les<br />

économistes rattachés à l’école libérale, il s’agit de mesures<br />

anachroniques. L’économiste Sergio Rossi ne partage<br />

toutefois pas cet avis : « Les salaires nominaux devraient<br />

être indexés sur l’inflation pour préserver le<br />

pouvoir d’achat des salarié-e-s. Cela permettrait de réduire<br />

le risque de récession économique dû à une demande insuffisante<br />

sur le marché des produits. Cette indexation,<br />

cependant, ne devrait intervenir que si les entreprises disposent<br />

de marges bénéficiaires suffisantes pour leur permettre<br />

d’augmenter les salaires de la main-d’œuvre. »<br />

Illustrations<br />

Le dossier spécial <strong>syndicom</strong><br />

sur les revendications salariales<br />

Reto Crameri est un illustrateur, originaire de Berne, basé<br />

depuis 20 ans à Genève. Actuellement, il finalise son premier<br />

album jeunesse « Alula » qui sera publié au printemps prochain<br />

au Kunstanstifter Verlag. Des dessins à l’encre et des<br />

céramiques avec des illustrations de l’album ont été présentés<br />

dans le cadre de l’exposition Bolo Klub au Fumetto Festival<br />

de cette année. Son livre précédent « Les notes du<br />

concierge », autopublié en 2018, avait reçu la bourse d’aide à<br />

l’illustration du livre du Canton et de la Ville de Genève.<br />

Pour le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong>, dont il est membre, Reto<br />

Crameri a proposé une série d’illustrations vives et éloquentes<br />

visant à imager la crise qui secoue les travailleurs<br />

et travailleuses en Suisse.<br />

Découvrez son travail sur retocrameri.com.


La crise sociale à venir<br />

Hausse des prix, baisse des salaires réels, profits gigantesques pour les actionnaires: la crise combinée<br />

climat, Covid et Ukraine aggrave les inégalités et plonge de nombreuses familles suisses dans la<br />

détresse. Seuls des contrôles des prix et des augmentations massives de salaires peuvent l’empêcher.<br />

Où l’inflation galope<br />

Durant trois décennies, l’inflation dans<br />

les pays riches paraissait appartenir au<br />

passé. Partout, la stabilité des prix<br />

constituait un objectif central de la<br />

politique économique. La BCE situe le<br />

taux idéal d’inflation à 2%. Lors de la<br />

reprise post-Covid, les prix ont subitement<br />

commencé à grimper de manière<br />

surprenante.<br />

Hollande<br />

Grande-Bretagne 9,9%<br />

France 6,6%<br />

Espagne<br />

10,5%<br />

Allemagne<br />

13,7%<br />

8,8%<br />

9,1%<br />

Suisse<br />

3,5%<br />

11,2%<br />

Estonie<br />

25,2%<br />

Russie<br />

16,7%<br />

Turquie<br />

80%<br />

Source: Seco, OCDE, BCE (chiffres août 2022, comparaison avec août 2021)<br />

L’inflation augmente les inégalités<br />

La hausse des prix touche plus fortement les<br />

bas revenus. Pour les personnes les plus mal<br />

payées, l’inflation ne s’élève pas à 3,5% comme<br />

le prétend la statistique, mais à 4,2%. Les bas<br />

revenus perdent davantage de pouvoir d’achat<br />

que les revenus plus élevés. La raison: les<br />

ménages à bas revenus doivent dépenser une<br />

plus grande part de leur revenu pour le loyer,<br />

l’énergie et l’alimentation – or ce sont justement<br />

ces prix qui ont le plus fortement augmenté.<br />

4,2%<br />

3,8%<br />

3,9%<br />

3,7%<br />

3,6%<br />

3,5%<br />

3,5%<br />

3,3%<br />

3,3%<br />

3,1%<br />

Bas revenus Moyens revenus Hauts revenus<br />

Source: OFS, Hans Baumann dans work<br />

Source: Elcom, EEX<br />

27%<br />

d’augmentation<br />

des prix de<br />

l’électricité en<br />

2023<br />

L’électricité sous tension<br />

C’est une valeur moyenne, certains fournisseurs<br />

d’électricité ne prévoient aucune<br />

augmentation, alors que d’autres majorent<br />

leurs prix de plus de 250%. Pour en savoir<br />

plus sur les prix de l’électricité en 2023<br />

dans sa commune, consultez le site<br />

prix-electricite.elcom.admin.ch. Les grands<br />

producteurs d’électricité Axpo, Alpiq et FMB<br />

augmentent leurs prix, bien qu’ils aient<br />

réalisé des bénéfices de plusieurs centaines<br />

de millions de francs et s’attendent à des<br />

profits encore plus juteux pour 2022.<br />

L’électricité fait l’objet<br />

de spéculations<br />

depuis la dérégulation<br />

néolibérale en<br />

Europe: au cours de<br />

l’été 2022, le prix<br />

pour les livraisons<br />

2023 a augmenté<br />

entre-temps de<br />

3400%<br />

Big pétrole – Big gaz<br />

Explosion des profits de certaines compagnies pétrolières et gazières.<br />

2 e trimestre 2021 2 e trimestre 2022<br />

17,9 Mrd.<br />

11,6 Mrd. 11,5 Mrd.<br />

9,3 Mrd.<br />

4,7 Mrd.<br />

5,5 Mrd.<br />

5,7 Mrd.<br />

3,1 Mrd.<br />

3,1 Mrd.<br />

3,5 Mrd.<br />

Exxon Chevron Shell BP Total<br />

Des entreprises avares<br />

Dans une enquête du<br />

Centre de recherches<br />

conjoncturelles de<br />

l’ETH de Zurich, les<br />

entreprises ont indiqué<br />

qu’elles prévoyaient<br />

des ajustements<br />

salariaux de seulement<br />

1,6% en moyenne pour<br />

2022. Ce qui équivaudrait<br />

à des baisses<br />

massives des salaires<br />

réels.<br />

1,6%<br />

Source: Financial Times


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Créer un climat de dialogue<br />

<strong>syndicom</strong> a récemment publié une nouvelle fiche d’information<br />

sur le sexisme dans les rédactions. Il est temps d’agir !<br />

De plus en plus de femmes dans les rédactions font état de harcèlement au travail. (© <strong>syndicom</strong> / Adobe Stock)<br />

Près de trois ans après #MediaToo et<br />

la grève nationale des femmes de<br />

2019, deux ans après la lettre ouverte<br />

des rédactrices de Tamedia et quelques<br />

mois après le scandale autour du<br />

rédacteur en chef de Bild, Julian<br />

Reichelt – qui a finalement dû quitter<br />

l’entreprise de médias en raison de ses<br />

nombreuses relations avec des collègues<br />

femmes qui lui étaient subordonnées<br />

–, il semble que peu de choses ont<br />

changé dans le climat souvent misogyne,<br />

sexiste et agressif de nombreuses<br />

rédactions. Des femmes ne<br />

cessent de signaler des remarques<br />

déplacées, des attouchements non<br />

désirés ou, comme dans le cas de Julian<br />

Reichelt, des abus de pouvoir.<br />

Le harcèlement est monnaie courante<br />

Sarah Serafini, rédactrice chez Watson.ch<br />

et l’une des initiatrices de la<br />

grève des femmes de 2019, situe le problème<br />

du sexisme dans la branche des<br />

médias à plusieurs niveaux : « D’une<br />

part, les femmes sont moins nombreuses<br />

dans les rédactions, surtout<br />

dans les étages de la direction. Il peut<br />

être plus difficile de s’imposer si, en<br />

tant que femme, tu es seule à une réunion<br />

avec des hommes. Un climat<br />

sexiste risque plus facilement de s’instaurer,<br />

et les remarques stupides,<br />

voire le harcèlement sont plutôt monnaie<br />

courante. »<br />

Des chiffres inquiétants qui appellent<br />

à l’action immédiate<br />

Selon une étude du SECO de 2008,<br />

28 % des femmes en Suisse, tous secteurs<br />

confondus, ont indiqué avoir été<br />

victimes de harcèlement au travail. Un<br />

sondage non représentatif réalisé par<br />

Tamedia en 2019 fait pourtant état de<br />

53 % parmi les 458 professionnelles<br />

des médias interrogées. Celles-ci sont<br />

particulièrement à risque à l’entrée<br />

dans la profession. Environ trois<br />

quarts des sondées ont déclaré avoir<br />

été confrontées au harcèlement à<br />

moins de 35 ans, la moitié même à<br />

moins de 30 ans.<br />

Ces chiffres ne surprennent pas<br />

Sarah Serafini. Un autre facteur est<br />

que les femmes journalistes sont<br />

beaucoup plus exposées dans leur<br />

travail que de nombreuses autres catégories<br />

professionnelles : « Les journalistes<br />

femmes se déplacent beaucoup<br />

et souvent seules. Lors d’interviews ou<br />

de reportages, des propos ou comportements<br />

sexistes peuvent également<br />

survenir. » Et : « Il n’est pas rare que les<br />

femmes soient moins prises au sérieux<br />

par leur vis-à-vis », ajoute-t-elle.<br />

En effet, selon l’enquête de Tamedia<br />

citée plus haut, 40 % des professionnelles<br />

des médias interrogées ont évoqué<br />

des agressions de la part de personnes<br />

extérieures, par exemple de<br />

personnes interviewées pour le cadre<br />

d’un article.<br />

Tolérance zéro exigée<br />

« Je ne pense pas qu’on puisse totalement<br />

protéger les femmes qui vont sur<br />

le terrain. Mais il est indispensable de<br />

créer un climat où les incidents<br />

peuvent être thématisés à l’externe et<br />

à l’interne », souligne Sarah Serafini.<br />

Elle estime qu’il est primordial de<br />

vivre une culture d’entreprise qui affiche<br />

la tolérance zéro au sexisme.<br />

Mais cela ne suffit pas : « Il faut des<br />

centres de contact ou des personnes<br />

de confiance et un personnel formé<br />

qui réagisse avec sensibilité. En particulier<br />

les personnes qui occupent des<br />

fonctions de direction ont besoin<br />

d’une formation professionnelle<br />

continue pour affronter le sexisme. »<br />

Et parce que ce problème touche<br />

de nombreuses femmes aussi en dehors<br />

des rédactions, nous vous rappellons<br />

que la campagne internationale<br />

des 16 Jours d’activisme contre la violence<br />

basée sur le genre débutera le 25<br />

novembre. Plusieurs événements sont<br />

organisés en Suisse (16tage.ch).<br />

Natalia Widla<br />

Pour lire la fiche d’information<br />

de <strong>syndicom</strong>


« La solidarité des employé-e-s à Fribourg a permis d’améliorer<br />

le quotidien des collègues de toute la Suisse. » Nicolas Irus<br />

17<br />

Ou quand la solidarité porte<br />

ses fruits<br />

Une mobilisation des employé-e-s du Contact Center de Fribourg<br />

a permis d’identifier des failles de management au niveau<br />

national. Notamment quant à l’application de la CCT. Les démarches<br />

entamées avec la direction sont encourageantes.<br />

Les employé-e-s des Contact Centers ont pu être entendu-e-s grâce au partenariat social. (© Keystone-ATS)<br />

Nous sommes début février 2022. Une<br />

militante du Contact Center de Fribourg<br />

fait remonter au syndicat un<br />

certain ras-le-bol général suite au déploiement<br />

d’un programme d’écoute<br />

des appels. Le climat de travail semble<br />

tendu. Le personnel manque et pour<br />

traiter les cas en attente, les minutes<br />

sont comptées. « Immédiatement, les<br />

collègues nous ont parlé de la pression<br />

qu’ils ressentaient et de l’atmosphère<br />

générale de surveillance. Au fil des discussions<br />

nous avons compris que le<br />

problème était aussi celui de la planification<br />

des heures de travail et notamment<br />

des heures supplémentaires<br />

», nous dit Nicolas Irus,<br />

secrétaire régional secteur logistique.<br />

Planification claire exigée<br />

Au cœur du problème se trouve donc le<br />

modèle de temps de travail et la gestion<br />

des heures supplémentaires : sur<br />

une journée de 8 heures et 24 minutes<br />

de travail, ces 24 minutes sont prévues<br />

pour la mise en route du système, aux<br />

imprévus et autres petites tâches inhérentes<br />

à une journée de travail. Le management<br />

y ajoutera la gestion des cas<br />

en attente. Résultat ? Des heures supplémentaires<br />

qui s’accumulent – certaines<br />

réalisées le samedi.<br />

Or, la CCT Poste prévoit justement<br />

un modèle de temps de travail qui impose<br />

de planifier clairement les heures<br />

supplémentaires. La planification y<br />

est faite de manière mensuelle, et<br />

toute modification passée 14 jours<br />

après la publication du planning nécessite<br />

l’accord du personnel. Il est apparu<br />

que la CCT était mal appliquée<br />

dans chacun des Contact Centers de<br />

Suisse. « Si les Contact Centers veulent<br />

appliquer un modèle spécial, cela doit<br />

passer par la discussion avec <strong>syndicom</strong><br />

dans le cadre de la négociation de<br />

la CC T », rappelle Nicolas Irus. Grâce à<br />

un échange au niveau national, le modèle<br />

de planification du temps du travail<br />

prévu dans la CCT sera désormais<br />

appliqué à partir du 1 er octobre.<br />

Le ciel s’éclaircit<br />

La forte solidarité des employé-e-s à<br />

Fribourg a donc permis d’améliorer le<br />

quotidien des collègues de toute la<br />

Suisse. Au fil des discussions avec la<br />

direction, un dialogue de bonne qualité<br />

s’est installé. Aujourd’hui, celle-ci<br />

s’est engagée à faire face aux problèmes,<br />

notamment à celui du sous-effectif.<br />

Une commission du personnel<br />

s’apprête également à voir le jour pour<br />

permettre d’aborder les problèmes et<br />

trouver des solutions dans un climat<br />

apaisé. A Fribourg, comme partout ailleurs,<br />

la mobilisation a une fois de<br />

plus payé !<br />

Robin Moret<br />

Regards tournés vers<br />

l’avenir<br />

Dos Santos Lima-Matteo Teresa,<br />

secrétaire centrale TIC<br />

Les préparatifs des négociations sur la<br />

convention collective de la branche<br />

des centres de contact et d’appel vont<br />

bon train. Les négociations CCT débuteront<br />

au printemps 2023. Dans le courant<br />

des semaines à venir, un sondage<br />

sera notamment réalisé auprès du personnel<br />

engagé dans les entreprises<br />

dotées aujourd’hui d’une CCT. Les<br />

thèmes principaux abordés toucheront<br />

aux salaires, au temps de travail et<br />

à la protection des travailleurs et travailleuses.<br />

La branche souffre notamment<br />

d’une pénurie de spécialistes, et<br />

les entreprises recherchent activement<br />

du personnel qualifié. Les employeurs<br />

doivent améliorer les conditions<br />

de travail existantes et en<br />

proposer de plus attrayantes pour<br />

combler ce manque de main-d’œuvre.<br />

Raison pour laquelle il convient entre<br />

autres d’améliorer les suppléments de<br />

salaire, mais également de réduire le<br />

temps de travail ainsi que d’ajuster<br />

l’assurance d’indemnités journalières<br />

en cas de maladie. Ces éléments seront<br />

au centre des négociations. La<br />

convention collective de travail actuelle<br />

a été déclarée de force obligatoire<br />

par le Conseil fédéral et est valable<br />

jusqu’à fin 2023 pour les 3500<br />

employé-e-s de la branche des centres<br />

de contact et d’appel.


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

«Nombre de distributeurs-rices ont indiqué que les longues<br />

journées de travail forment un problème majeur. » Urs Zbinden<br />

Un salaire décent pour une<br />

charge de travail décente<br />

Une enquête de <strong>syndicom</strong> a analysé la structure des salaires<br />

chez les sous-traitants de KEP & Mail. Les résultats laissent<br />

apparaître des conditions de travail problématiques.<br />

Les horaires de travail chez les sous-traitants de la branche KEP & Mail posent problème. (© Keystone-ATS)<br />

Les salaires restent un sujet délicat en<br />

Suisse : ils relèvent de la sphère privée.<br />

Or, sur l’îlot de cherté qu’est la Suisse,<br />

beaucoup d’aspects dépendent des salaires<br />

depuis que le coût de la vie a augmenté.<br />

Pour les syndicats, il est donc<br />

important de connaître le niveau des<br />

rémunérations afin de négocier des<br />

salaires appropriés.<br />

Dans la branche de la logistique,<br />

les négociations sur une CCT ont débuté<br />

en 2021. Les salaires occupent<br />

une place importante dans ces négociations.<br />

A première vue, la transparence<br />

semble prévaloir dans la<br />

branche. L’autorité de régulation<br />

PostCom a analysé la situation dans le<br />

cadre d’une étude publiée en juin<br />

concernant les conditions de travail<br />

usuelles pratiquées dans la branche.<br />

Dans la catégorie « distribution et<br />

prise en charge des envois avec contact<br />

avec la clientèle », les salaires oscillent<br />

entre 4749 et 6474 francs. Mais il y a un<br />

hic : l’analyse ne prend pas en considération<br />

les entreprises de sous-traitance<br />

qui jouent un rôle essentiel dans<br />

des sociétés comme DPD et DHL. Or<br />

pour la négociation du salaire minimum,<br />

il est décisif de savoir si le niveau<br />

de salaire des sous-traitants correspond<br />

à celui du salaire minimum<br />

de 3500 francs défini par la PostCom<br />

ou si les sous-traitants se situent plutôt<br />

dans la fourchette salariale indiquée<br />

dans l’étude.<br />

Pour combler cette lacune de<br />

connaissances, <strong>syndicom</strong> a réalisé un<br />

sondage. Les résultats ont permis de<br />

réfuter le mythe, régulièrement avancé<br />

par les employeurs, selon lequel les<br />

salaires chez les sous-traitants se situeraient<br />

aux alentours de 3500 francs.<br />

Même si les salaires n’atteignent pas<br />

tout à fait le niveau de l’étude PostCom,<br />

ils oscillent entre 4000 et 4300 francs<br />

chez DPD et entre 4300 et 4600 francs<br />

chez DHL. Nous parlons donc toujours<br />

ici de bas salaires par rapport à<br />

d’autres branches. Néanmoins, la discussion<br />

sur les salaires minimums<br />

doit clairement s’orienter sur le cadre<br />

salarial de l’étude PostCom, et non sur<br />

le salaire minimum PostCom de 3500<br />

francs. Les nombreuses discussions<br />

menées avec les distributeurs-rices<br />

dans les dépôts ont aussi révélé un<br />

autre aspect : un-e employé-e d’une<br />

entreprise de sous-traitance peut<br />

certes gagner parfois jusqu’à 4500<br />

francs. Mais si 50 à 60 heures par semaine<br />

doivent être travaillées pour y<br />

parvenir, la valeur de ce salaire diminue<br />

massivement. Avec l’augmentation<br />

des volumes de colis à l’automne,<br />

la question des longues journées de<br />

travail deviendra encore plus pressante.<br />

Urs Zbinden<br />

La PostCom méconnaît<br />

la réalité économique<br />

Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

Logistique et membre du comité directeur<br />

Les nouvelles exigences minimales –<br />

valables dès 2023 –, que l’autorité de<br />

surveillance PostCom a mises en<br />

consultation, constituent un danger<br />

pour les conditions de travail du domaine<br />

de la logistique postale. Une<br />

fois de plus, la PostCom propose le<br />

salaire minimum le plus bas de Suisse<br />

et perpétue ainsi son triste record. En<br />

réalité, les 19 francs qui devront être<br />

appliqués à partir de juillet 2023<br />

sont – après correction de l’inflation<br />

(2018-2022) – encore plus bas que les<br />

18.27 francs actuellement en vigueur.<br />

Avec un salaire de référence aussi<br />

bas, qui ignore la diversité évidente<br />

des professions postales et de ses salarié-e-s<br />

– en termes de compétences et<br />

d’exigences –, la PostCom entérine<br />

des modèles de travail qui favorisent<br />

la sous-traitance et la précarité. Sans<br />

compter les dommages d’image. Prétendre<br />

qu’un salaire de 19 francs dans<br />

la distribution est correct et qu’il respecte<br />

la loi envoie un mauvais signal,<br />

alors qu’une pénurie de personnel<br />

guette tous les secteurs. <strong>syndicom</strong> a<br />

mis en garde la PostCom.<br />

En tant que syndicat, nous devons<br />

nous concentrer sur les CCT et veiller<br />

à étendre les salaires plus élevés pour<br />

protéger le personnel. Ce parcours,<br />

engagé par <strong>syndicom</strong> depuis de nombreuses<br />

années et concrétisé par les<br />

négociations sectorielles initiées fin<br />

2021, est la voie à suivre. Aussi parce<br />

qu’elle permettra d’introduire les<br />

contrôles nécessaires sur un marché<br />

de l’emploi de plus en plus fragmenté,<br />

qui est également devenu attrayant<br />

pour les multinationales telles<br />

qu’Amazon et Uber.


« L’objectif de la rencontre est de nous faire connaître auprès<br />

des employé-e-s. » Adriano Troiano<br />

19<br />

Le festival des grillades <strong>syndicom</strong><br />

Une fin d’après-midi à Ostermundigen devant le centre logistique<br />

de La Poste, un événement inhabituel : saucisses, pain et<br />

moutarde. Bienvenue aux grillades de <strong>syndicom</strong>.<br />

Ce moment de détente convivial est aussi le cadre d’échanges passionants. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

Depuis plusieurs années, l’équipe de<br />

<strong>syndicom</strong> à Berne organise des barbecues.<br />

« C’est une chance de pouvoir bavarder<br />

longuement avec les employé-e-s<br />

dans une atmosphère<br />

décontractée. Et c’est agréable de le<br />

faire en savourant une saucisse », plaisante<br />

Adriano Troiano, le responsable<br />

du secrétariat de Berne et Haut-Valais.<br />

« Nous planifions en été deux visites<br />

par semaine, sauf pendant les vacances.<br />

Une trentaine de rencontres<br />

prennent place de l’Emmental à<br />

l’Oberland bernois, et de Bienne<br />

jusque dans le Haut-Valais. » Pendant<br />

qu’il parle, les employé-e-s de La Poste<br />

arrivent en grand nombre. Beaucoup<br />

portent encore leur uniforme, ils<br />

viennent de terminer leur service. Poignées<br />

de mains, rires, bavardages. On<br />

parle de foot et de vacances. On sent<br />

que les gens éprouvent du plaisir à se<br />

revoir après la pandémie.<br />

Au grill, les saucisses rôtissent<br />

sous l’œil expert de Marco With,<br />

vice-président de la section bernoise<br />

du personnel de La Poste et membre<br />

de la CoPe PostLogistics d’Ostermundigen.<br />

Tous se mettent en file.<br />

« Nos membres attendent avec impatience<br />

nos visites et se réjouissent<br />

qu’on organise des grillades pour<br />

eux », explique Adriano Troiano.<br />

« L’objectif de la rencontre est de nous<br />

faire connaître auprès des employé-e-s.<br />

Nous distribuons des tracts,<br />

nous emmenons une présentation<br />

PowerPoint sur papier qui montre nos<br />

campagnes et les problèmes actuels.<br />

Nous encourageons la discussion et<br />

faisons la connaissance de nouveaux<br />

membres potentiels. Nous tenons une<br />

liste pour contacter ultérieurement<br />

les personnes intéressées. Et nous recrutons<br />

au moins un membre par barbecue,<br />

sur place. »<br />

Il est important que les employé-e-s<br />

se réunissent, échangent et parlent de<br />

leurs conditions de travail. Il y a différents<br />

horaires de travail, beaucoup<br />

font des pauses en plein air. C’est dans<br />

ces moments-là que les gens font<br />

connaissance. Et ils font de la publicité<br />

pour <strong>syndicom</strong>. « Aujourd’hui, je<br />

viens d’entendre un employé de La<br />

Poste dire qu’il trouve positif que <strong>syndicom</strong><br />

soit si présent, je pense que<br />

notre festival de grillades y contribue<br />

», complète Adriano Troiano. Pendant<br />

ce temps, les premières notes de<br />

la chanson « We are the Champions »<br />

de Queen s’échappent des hautparleurs<br />

installés pour l’occasion. Et<br />

les gens chantent et sourient !<br />

Giovanni Valerio<br />

Il est temps d’augmenter<br />

les salaires<br />

Angelo Zanetti, secrétaire central secteur Médias<br />

Dans les entreprises de médias, les<br />

augmentations de salaire sont (très)<br />

rares depuis des années, voire des décennies,<br />

les entreprises refusant systématiquement<br />

les négociations salariales.<br />

Et ceci quelle que soit la<br />

situation conjoncturelle. Durant les<br />

dix dernières années de renchérissement<br />

modéré, les salaires réels des<br />

employés ont stagné pendant que les<br />

honoraires des free-lances et les salaires<br />

d’entrée des jeunes professionnels<br />

des médias chutaient.<br />

Aujourd’hui, en pleine période<br />

d’inflation brutale et inquiétante, la<br />

branche risque de perdre son attractivité<br />

de manière irréfutable. Certaines<br />

rédactions parlent notamment de pénurie<br />

de personnel qualifié et de sérieux<br />

problèmes de recrutement de la<br />

relève. Il est grand temps de réagir et<br />

revendiquer collectivement des adaptations<br />

salariales pour les employé-e-s<br />

actuel-le-s et futur-e-s ! <strong>syndicom</strong> met<br />

donc à disposition des CoPe des rédactions<br />

des recommandations et un argumentaire<br />

complet.<br />

Mais ces conseils s’adressent également<br />

à nos collègues de la branche<br />

de l ‘industrie graphique. Comme<br />

pour des millions de travailleurs-euses<br />

suisses, la situation économique rend<br />

les augmentations salariales indipensables<br />

dans la branche. D‘autant plus<br />

que les salaires stagnent depuis des<br />

années et que les entreprises ont là<br />

aussi des difficultés à recruter. Des négociations<br />

sont prévues en ce sens.<br />

Quant aux collègues employé-e-s<br />

des librairies, ils-elles peuvent compter<br />

sur une compensation automatique<br />

des salaires en fonction de l’inflation,<br />

prévue dans la CCT (maximum<br />

2 % des salaires minimums). Un pas<br />

dans la bonne direction qui doit appeler<br />

à d’autres mesures plus fortes !<br />

<strong>syndicom</strong> va ainsi poursuivre son<br />

travail au côté de ses membres et au<br />

sein de ses secteurs pour garantir<br />

toutes les adaptations salariales nécessaires<br />

face à une situation économique<br />

préoccupante.


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Un grand pas vers des droits résolument égaux pour le<br />

personnel d’IMS au sein de La Poste. » Manuel Wyss<br />

Le « toit jaune » abrite un peu<br />

plus de monde<br />

Le long chemin vers la nouvelle CCT IMS a abouti fin août avec<br />

succès. Les regards sont désormais tournés vers l’avenir.<br />

Six mois de négociations ont été nécessaires à l’élaboration de la nouvelle CCT IMS. (© Keystone-ATS)<br />

Poste Immobilier Management et Services<br />

SA, ou IMS, est le prestataire de<br />

La Poste pour tout ce qui concerne la<br />

gestion de biens immobiliers. Près de<br />

1000 employé-e-s gèrent plus de<br />

2000 objets dans toute la Suisse. IMS<br />

regroupe ainsi des professions diverses<br />

dans la technique des bâtiments,<br />

le nettoyage ou la gestion immobilière.<br />

Ces employés seront désormais<br />

couverts par une nouvelle CCT à partir<br />

de janvier 2023, alors que l’actuelle<br />

convention s’arrêtait fin 2022. Mais le<br />

travail préliminaire a été long. Dès le<br />

début de l’année, <strong>syndicom</strong> a mené<br />

une enquête auprès de ses membres<br />

sur les exigences liées à une nouvelle<br />

convention. Les préoccupations les<br />

plus fréquentes ? Plus de protection<br />

contre le licenciement et un véritable<br />

plan social, ainsi que de meilleurs<br />

salaires. Les évaluations ont révélé un<br />

long catalogue de revendications et un<br />

fort potentiel d’amélioration.<br />

Il a ensuite fallu sept tours de négociation<br />

entre février et début juin<br />

jusqu’à ce que la nouvelle CCT d’entreprise<br />

IMS soit prête à être signée.<br />

Dans le cadre de conférences organisées<br />

fin août, les membres de <strong>syndicom</strong><br />

ont approuvé les propositions. A<br />

juste titre, car la nouvelle CCT apporte<br />

de nombreuses améliorations.<br />

La protection contre les licenciements<br />

est élargie et il y a désormais un<br />

plan social spécifique pour IMS. Il se<br />

base en grande partie sur le plan social<br />

de La Poste. Il est possible de prendre<br />

une retraite anticipée à partir de 62<br />

ans. Ou encore, le personnel intérimaire<br />

dispose d’un droit à un contrat<br />

de travail, acquis désormais à partir<br />

d’une mission de 16 mois chez IMS.<br />

Tous les salaires minimaux sont<br />

nettement augmentés. Dans l’échelon<br />

de fonction du personnel de nettoyage,<br />

de 50 à 400 francs selon la région<br />

salariale. Dans toutes les autres<br />

fonctions, de 1 %. Une prime de fidélité<br />

a été introduite à partir de 20 ans de<br />

service. Elle s’élève désormais à deux<br />

semaines de vacances ou 3000 francs<br />

tous les cinq ans. Ce ne sont là que<br />

quelques éléments des améliorations<br />

de la nouvelle CCT.<br />

Tout comme la CCT d’entreprise<br />

de La Poste, dont elle se rapproche, la<br />

CCT IMS est désormais assujettie à<br />

la CCT dite faîtière, qui règle les relations<br />

entre les parties signataires et<br />

définit donc les droits syndicaux. Elle<br />

traite notamment des négociations salariales<br />

ou des mécanismes visant à résoudre<br />

les conflits. Avec les avancées<br />

sociopolitiques de la nouvelle CCT, il<br />

s’agit d’un grand pas vers des droits résolument<br />

égaux pour le personnel<br />

d’IMS au sein de La Poste.<br />

Manuel Wyss<br />

Les détails de la nouvelle<br />

CCT valable dès janvier 2023<br />

Une grève des femmes<br />

de grande envergure<br />

Patrizia Mordini, responsable de l’égalité et<br />

membre du comité directeur<br />

Le 14 juin 2023, la grève des femmes<br />

sera un événement majeur ! Parce que<br />

la Suisse n’avance pas en matière<br />

d’égalité. Et parce que la politique et<br />

les employeurs remettent une fois de<br />

plus aux calendes grecques les droits<br />

des femmes inscrits dans la Constitution.<br />

Le congrès des femmes de l’USS<br />

a donc décidé en novembre dernier<br />

qu’une nouvelle vague violette – visible<br />

et audible – devra déferler sur la<br />

Suisse. Comme en 1991 et 2019.<br />

L’assemblée des délégué-e-s de<br />

<strong>syndicom</strong> du 18 juin 2022 s’est prononcée<br />

avec enthousiasme pour la<br />

participation à la grève et la mise à disposition<br />

d’un budget adéquat.<br />

Conjointement avec les unions syndicales<br />

et plusieurs collectifs de grève<br />

des femmes de diverses régions, nous<br />

allons planifier des manifestations<br />

publiques dans différentes villes.<br />

Chez <strong>syndicom</strong>, la force de la grève des<br />

femmes sera exploitée pour promouvoir<br />

l’égalité. Pour ce faire, des actions<br />

d’entreprise sont prévues dans des<br />

branches sélectionnées. Les revendications<br />

concernant l’égalité – plus de<br />

temps pour la prise en charge de<br />

proches et les tâches familiales, rentes<br />

équitables et égalité salariale ainsi<br />

que tolérance zéro face aux agressions<br />

sexuelles au travail – occuperont le devant<br />

de la scène. Tout comme les améliorations<br />

que nous avons obtenues<br />

ces dernières années lors des négociations<br />

CCT. Ensemble, nous pourrons<br />

œuvrer au succès de la grève des<br />

femmes ! Nous recherchons donc déjà<br />

des personnes de confiance qui souhaitent<br />

s’impliquer – inscris-toi sous<br />

gleichstellung@<strong>syndicom</strong>.ch !


« La commission conseille les membres de toutes les régions<br />

linguistiques, indépendamment de la branche. » Franz Schori<br />

21<br />

La dolce vita à la retraite ?<br />

Loin de là. La plupart des seniors sont en pleine forme et<br />

veulent faire plus que profiter de la vie. <strong>syndicom</strong> exploite ce<br />

potentiel de plusieurs manières. Et la tendance est à la hausse.<br />

L’expérience des retraité-e-s se met au service des travailleurs-euses et du syndicat. (© Keystone-ATS)<br />

Le 27 avril 2017, dix employé-e-s de<br />

Swisscom se retrouvent à Olten pour<br />

participer à un atelier intitulé<br />

« Echange d’expériences 58+ ». Ils et<br />

elles y discutent des possibilités<br />

d’améliorer le potentiel des membres<br />

seniors de <strong>syndicom</strong>. Des idées sont<br />

débattues, approfondies, rejetées ou<br />

poursuivies. Avec un effet durable.<br />

En été 2017, Hansruedi Schläppi<br />

commence en effet à donner des<br />

conseils en matière de retraite aux<br />

membres <strong>syndicom</strong> chez Swisscom.<br />

De là naît un service de consultations<br />

en retraite de <strong>syndicom</strong>, au départ seulement<br />

pour les membres de Swisscom<br />

en Suisse alémanique. Aujourd’hui,<br />

cinq ans plus tard, la commission spécialisée<br />

<strong>syndicom</strong> compte dix consultant-e-s<br />

en retraite et conseille les<br />

membres de toutes les régions linguistiques,<br />

branches et employeurs.<br />

Fin 2018, l’expert en communication<br />

Mark Herbst propose au secteur<br />

TIC de faire appel à des personnes retraitées<br />

pour recruter de nouveaux<br />

membres. Lors des premiers ateliers,<br />

nous nous rendons rapidement<br />

compte que le recrutement est difficile,<br />

car les retraité-e-s n’ont plus accès<br />

au lieu de travail. Nous nous tournons<br />

alors vers la fidélisation des<br />

membres. Ainsi, depuis plus de deux<br />

ans, la nouvelle organisation Plus<br />

mène avec succès des entretiens de<br />

« win back », de feed-back et de fidélisation<br />

des membres.<br />

Les entretiens de « win back » ont<br />

permis de récupérer des dizaines de<br />

membres qui voulaient quitter <strong>syndicom</strong>.<br />

Après 18 mois d’adhésion, nous<br />

menons des entretiens de feed-back<br />

avec les membres afin de savoir s’ils<br />

ou elles se sentent bien chez <strong>syndicom</strong>.<br />

Les entretiens de fidélisation<br />

sont, eux, conduits par les membres<br />

de l’organisation Plus avec des adhérent-e-s<br />

qui ont plus de 58 ans. Depuis<br />

peu, le comité directeur de <strong>syndicom</strong> a<br />

décidé d’étendre ces entretiens du<br />

secteur TIC à l’ensemble des membres.<br />

D’autres opportunités de s’engager<br />

s’offrent aux seniors lors d’actions<br />

de distribution de tracts. Aujourd’hui,<br />

Thomas Burger, l’actuel président des<br />

Retraité-e-s de <strong>syndicom</strong> travaille avec<br />

enthousiasme au développement de<br />

nouvelles formes de participation<br />

pour les membres seniors de <strong>syndicom</strong>,<br />

par exemple via la création d’un<br />

groupe de travail de politique sociale.<br />

N’hésitez pas à rejoindre le mouvement<br />

à participation@<strong>syndicom</strong>.ch !<br />

Franz Schori<br />

5G – l’humain et la<br />

technologie<br />

Lorsque de nouvelles technologies<br />

émergent, elles suscitent souvent des<br />

peurs. Il n’en va pas autrement pour la<br />

5 e génération de téléphonie mobile.<br />

Nous réagissons tous différemment à<br />

Daniel Hügli, secrétaire central secteur TIC<br />

l’exposition au rayonnement non ionisant<br />

(RNI) des antennes – même<br />

lorsque le rayonnement est bien inférieur<br />

aux valeurs limites internationales<br />

censées protéger contre les atteintes<br />

à la santé.<br />

Mandaté par l’Office fédéral de<br />

l’environnement, le premier rapport<br />

annuel sur les mesures RNI a été<br />

publié. Les résultats montrent que les<br />

intensités de champ mesurées ont<br />

atteint au maximum 15 % de la valeur<br />

limite dans les zones accessibles au<br />

public. Dans la grande majorité des<br />

cas, elles se situent bien en dessous,<br />

notamment dans les appartements<br />

d’habitation privés.<br />

Une raison pour expliquer la stabilité<br />

des valeurs malgré l’augmentation<br />

du trafic de données pourrait résider<br />

dans les technologies d’émission : la<br />

4G et la 5G sont plus efficaces, car la<br />

puissance d’émission s’adapte aux<br />

besoins du moment. Les antennes 5G<br />

adaptatives émettent en outre un<br />

rayonnement ciblé sur l’appareil<br />

mobile. Notre téléphone portable est<br />

ainsi la principale source d’exposition<br />

aux rayonnements électromagnétiques.<br />

Et plus la densité d’antennes<br />

est grande, moins le téléphone cellulaire<br />

émet de rayonnement.<br />

Grâce à la 5G, il sera possible à<br />

l’avenir de réduire l’empreinte carbone<br />

directement dans l’infrastructure<br />

de réseau, mais aussi indirectement<br />

avec des applications économes<br />

en énergie, comme le montre une<br />

étude de l’Université de Zurich et de<br />

l’Empa. A cet effet, les entreprises de<br />

téléphonie mobile doivent toutefois<br />

investir davantage dans la recherche,<br />

le monitoring et la sensibilisation à la<br />

5G. Cela vaut également pour la Confédération<br />

qui est en même temps appelée<br />

à enfin débloquer le déploiement<br />

de la 5G, en collaboration avec les<br />

communes et les cantons.


22 Politique<br />

Green New Deal pour le<br />

climat, l’avenir et l’emploi<br />

Le climat est-il en train d’être évincé du débat politique,<br />

remplacé par la guerre, la crise énergétique et l’inflation ?<br />

Tous sont étroitement liés, nous rappelle Margot Chauderna,<br />

coprésidente des Jeunes Vert-e-s suisses. Nous l’avons rencontrée<br />

pour parler de deux nouvelles initiatives soutenues par le<br />

PS, les Vert-e-s et les syndicats : la première crée un fonds pour<br />

le climat afin de soutenir la transition énergétique. La seconde<br />

intègre la protection du cadre de vie dans les objectifs constitutionnels.<br />

Texte : Federico Franchini<br />

Image : Keystone-ATS<br />

Madame Chauderna, les promoteurs<br />

de l’initiative souhaitent investir<br />

des milliards de francs chaque<br />

année pour la transition énergétique.<br />

Où trouver l’argent ?<br />

L’initiative prévoit que la Confédération<br />

investisse 0,5 à 1 % de son<br />

Produit intérieur brut (PIB), soit 3,5<br />

à 7 milliards de francs, dans le tournant<br />

écologique. Comme on veut<br />

que ce financement soit pris en<br />

charge par l’Etat mais qu’on veut le<br />

faire de la manière la plus socialement<br />

acceptable possible, on ne<br />

veut pas une nouvelle taxe. Il s’agit<br />

donc de prendre l’argent que la<br />

Confédération a déjà et de l’investir<br />

dans la lutte contre le réchauffement<br />

climatique et la sauvegarde de<br />

la biodiversité. D’autres secteurs<br />

bien plus néfastes bénéficient de<br />

sommes d’argent plus importantes.<br />

Que voulez-vous faire exactement<br />

avec cet argent ?<br />

Nous souhaitons entre autres accélérer<br />

l’assainissement du parc immobilier,<br />

favoriser les programmes<br />

d’économies d’énergie, investir<br />

dans les installations qui produisent<br />

de l’énergie renouvelable et<br />

développer les transports publics.<br />

La double crise du climat et de la<br />

biodiversité s’aggrave de jour en<br />

jour, elle menace notre santé et<br />

celle de la planète. Il faut donc agir<br />

rapidement. Notre initiative a pour<br />

but d’accorder à la protection du climat<br />

et de la biodiversité les fonds<br />

nécessaires pour financer le plus rapidement<br />

possible la transition vers<br />

une société décarbonisée. Les mesures<br />

prises jusqu’ici ne permettront<br />

même pas à la Suisse d’atteindre<br />

son objectif de zéro<br />

émission nette d’ici 2050. Et nous<br />

sommes à des années-lumière de répondre<br />

à l’engagement que la<br />

Confédération a pris en ratifiant<br />

l’Accord de Paris sur le climat : apporter<br />

une contribution juste à l’objectif<br />

de 1,5° C. Nous sommes très<br />

Décarboniser la<br />

société et l’économie<br />

comme<br />

mission publique


« Le but de cette initiative ? Inscrire dans la<br />

Constitution que la protection de notre environnement<br />

doit devenir le cadre de notre économie<br />

et de notre société. Avec cette initiative, nous<br />

voulons faire de la protection de l’environnement<br />

une première priorité. »<br />

23<br />

Margot Chauderna, coprésidente des Jeunes Vert·e·s suisses<br />

en retard et pour atteindre ces buts,<br />

il faut agir rapidement et avec des<br />

moyens financiers conséquents.<br />

Le lancement de l’initiative tombe<br />

dans un contexte de crise énergétique.<br />

Est-ce que c’est le bon moment<br />

? Ou craignez-vous que les<br />

gens pensent plutôt à chauffer leurs<br />

maisons qu’à sauver la planète ?<br />

Ces deux sujets sont étroitement<br />

liés ! Notre consommation d’énergies<br />

fossiles non seulement aggrave<br />

le réchauffement climatique et l’effondrement<br />

de la biodiversité, mais<br />

met en danger la paix, les droits humains<br />

et la démocratie, en encourageant<br />

l’esprit belliqueux et le maintien<br />

au pouvoir de régimes<br />

autoritaires. Ceci a aussi des répercussions<br />

matérielles sur notre vie.<br />

La situation actuelle de crise énergétique<br />

alimentée par l’offensive<br />

militaire de la Russie contre<br />

l’Ukraine le montre très bien. En<br />

voulant décupler le développement<br />

des énergies renouvelables, modérer<br />

notre consommation en énergie<br />

et décarboner, cette initiative renforce<br />

notre autonomie vis-à-vis du<br />

pétrole et du gaz – et donc vis-à-vis<br />

d’Etats autocratiques comme la<br />

Russie. Elle assure ainsi notre approvisionnement.<br />

Je pense donc que<br />

c’est, au contraire, le bon moment :<br />

ce qu’il se passe en Ukraine est un<br />

argument pour la transition énergétique<br />

et pour l’abandon des énergies<br />

fossiles. Les citoyennes et les citoyens<br />

s’intéressent plus que jamais<br />

aux pompes à chaleur ou aux panneaux<br />

solaires. Avec les bons investissements,<br />

nous pouvons limiter<br />

les risques de pénurie pour la prochaine<br />

décennie tout en réduisant<br />

nos émissions de CO 2<br />

.<br />

Ce nouveau fonds pour le climat<br />

aura aussi un impact sur les emplois<br />

en Suisse ?<br />

Oui ! Dans le texte de l’initiative, on<br />

mentionne de concevoir formations<br />

et reconversions pour les emplois de<br />

demain. Il faut former des gens aux<br />

nouveaux métiers dont nous aurons<br />

besoin pour décarboner l’économie.<br />

Nous sommes en<br />

retard sur les<br />

objectifs de<br />

l’Accord de Paris.<br />

L’énergie solaire par exemple est<br />

une priorité et nous manquons de<br />

bras pour la pose de panneaux. C’est<br />

donc clair qu’en investissant dans<br />

ces secteurs, il y a aura des répercussions<br />

positives sur l’emploi. Un impact<br />

positif sera aussi posé par le<br />

fait qu’en favorisant une meilleure<br />

indépendance énergétique, on pourra<br />

rapatrier des milliards de francs<br />

que la Suisse paye chaque année<br />

pour importer des énergies fossiles<br />

depuis des pays problématiques. Au<br />

lieu donc de fourrager des autocraties,<br />

on créera des emplois intéressants<br />

en Suisse. C’est pour ça que<br />

l’Union syndicale suisse est en première<br />

ligne avec les Vert-e-s et le<br />

Parti socialiste.<br />

Un autre aspect important de cette<br />

démarche est le fait de remettre<br />

l’Etat au centre de la lutte contre le<br />

changement climatique. Quel sera<br />

le rôle du service public ?<br />

Grâce à ce fond pour le climat, investir<br />

pour décarboniser la société<br />

et l’économie sera une mission publique.<br />

Alors qu’en Suisse il est<br />

évident qu’une formation, des infrastructures<br />

et une couverture sanitaire<br />

de base sont des missions étatiques<br />

– et font donc partie du<br />

service public – on lésine face au<br />

défi du siècle, la double crise du climat<br />

et de la biodiversité. Cette initiative<br />

reconnaît que lutter contre le<br />

réchauffement du climat et renforcer<br />

la biodiversité est tout aussi essentiel<br />

que la couverture sanitaire<br />

ou la formation pour la prospérité<br />

de notre société. Elle entend en faire<br />

une mission publique, conçue et financée<br />

de manière socialement<br />

équitable, au lieu d’être reportée sur<br />

les individus.<br />

Parallèlement, les jeunes Verts<br />

lancent aussi l’initiative pour la<br />

responsabilité environnementale.<br />

De quoi s’agit-il ?<br />

Le but de cette initiative est d’inscrire<br />

dans la Constitution que la<br />

protection de notre environnement<br />

doit devenir le cadre de notre économie<br />

et de notre société. Avec cette<br />

initiative, nous voulons inscrire la<br />

protection de l’environnement en<br />

tant que première priorité. De ce<br />

fait, la Suisse doit produire et importer<br />

de manière à préserver les<br />

bases nécessaires à la vie (et ainsi<br />

protéger nos moyens de subsistance).<br />

Concrètement, cela signifie<br />

que l’impact environnemental de la<br />

Suisse doit être réduit d’ici dix ans<br />

de manière à respecter les ressources<br />

de la Terre.<br />

Le débat sur le climat semble être<br />

un peu sorti de l’agenda politique.<br />

Est-ce que ces deux initiatives sont<br />

destinées à replacer ce sujet fondamental<br />

au centre des débats avant<br />

les prochaines élections fédérales ?<br />

Oui ! Le climat a été un sujet important<br />

des dernières élections fédérales<br />

et la situation est si grave qu’il<br />

devrait aussi peser sur les prochaines.<br />

La Suisse ressent de plus<br />

en plus l’impact du réchauffement<br />

climatique : en été, canicules, sécheresses<br />

et intempéries se succèdent,<br />

les glaciers fondent : en hiver, la<br />

neige se fait rare. Pourtant, je pense<br />

que le refus de la loi sur le CO 2<br />

a un<br />

peu ralenti la dynamique du Parlement.<br />

Ensuite, la guerre en Ukraine<br />

et la crise énergétique ont relégué<br />

ces questions au second plan. Avec<br />

ces deux initiatives, on devra sensibiliser<br />

les gens aux risques engendrés<br />

par la dépendance aux énergies<br />

fossiles et, bien sûr, remettre l’environnement<br />

au centre de la prochaine<br />

campagne électorale nationale.<br />

Signez maintenant l’initiative<br />

pour un fonds climat !


24 Politique<br />

La Suisse doit faire face à<br />

sa propre responsabilité<br />

La Suisse est à la traîne en matière de responsabilité des entreprises.<br />

Deux ans après la votation sur les multinationales responsables,<br />

la coalition derrière ce projet lance une pétition<br />

d’envergure pour qu’une loi forte et efficace puisse enfin voir le<br />

jour, chez nous aussi. Car, pendant que l’Europe travaille sur<br />

une nouvelle loi sur la responsabilité des multinationales à<br />

l’échelle européenne, le contre-projet à l’initiative entré en vigueur<br />

début 2022 en Suisse ne ressemble qu’à un exercice alibi.<br />

Texte : Robin Moret<br />

Image : Keystone-ATS<br />

Depuis trop longtemps, les multinationales<br />

suisses sont régulièrement<br />

impliquées dans des violations des<br />

droits humains ou des pollutions<br />

environnementales. Alors que les<br />

pays voisins et l’UE sont en train<br />

d’adopter des lois efficaces pour y<br />

remédier, la Suisse pourrait bien devenir<br />

le seul pays sans responsabilité<br />

des multinationales. Dans ce<br />

contexte, la coalition pour des multinationales<br />

responsables a lancé en<br />

août dernier une pétition pour une<br />

loi efficace en exigeant du Conseil<br />

fédéral qu’il tienne ses promesses<br />

émises lors de la campagne de votation.<br />

Il s’agit en premier lieu d’y faire<br />

figurer un devoir de diligence raisonnable<br />

en matière de droits humains<br />

et de protection de l’environnement<br />

basé sur les risques et<br />

conforme aux standards internationaux<br />

(en particulier les Principes directeurs<br />

de l’ONU relatifs aux entreprises<br />

et aux droits humains et les<br />

Principes directeurs de l’OCDE à<br />

l’intention des entreprises multinationales).<br />

Deuxièmement, la loi devra<br />

contenir la création d’une autorité<br />

de surveillance indépendante dotée<br />

Avec la nouvelle loi<br />

européenne, la<br />

Suisse n’a plus<br />

d’excuse.<br />

de compétences étendues, sur le<br />

modèle du projet de directive de<br />

l’UE.<br />

Finalement, il est également<br />

nécessaire qu’elle intègre une responsabilité<br />

civile adaptée au droit<br />

suisse pour les dommages relevant<br />

des droits humains ou de l’environnement<br />

qui auraient pu être évités<br />

par une diligence appropriée.<br />

Inspirée par l’Allemagne, la<br />

Norvège et la France qui disposent<br />

d’une loi effficace en la matière, la<br />

Commission européenne a présenté<br />

un projet de directive en début d’année,<br />

qui va en partie plus loin que<br />

l’initiative pour des multinationales<br />

responsables qui a été soumise en<br />

votation en Suisse fin 2020 : la responsabilité<br />

civile s’étend aux fournisseurs<br />

et une autorité de surveillance<br />

pourra infliger de lourdes<br />

amendes en cas d’infraction. De<br />

plus, les multinationales devront<br />

montrer qu’elles respectent les<br />

objectifs de l’Accord de Paris sur le<br />

climat.<br />

Prise de conscience en Suisse<br />

Pour rappel, la votation de novembre<br />

2020 avait vu l’initiative populaire<br />

« Pour des entreprises responsables<br />

» rejetée à une majorité<br />

des cantons, alors que 50,7 % des<br />

votant-e-s avaient dit « oui ». La<br />

double majorité était nécessaire.<br />

Aujourd’hui, selon un récent sondage<br />

publié par l’institut Demoscope,<br />

plus d’un tiers de celles et<br />

ceux qui ont voté non il y a deux ans<br />

ont changé d’avis au vu des développements<br />

européens.<br />

La coalition compte bien profiter<br />

de cet élan pour envoyer un message<br />

clair au Conseil fédéral et au<br />

Parlement, et aller au-delà du<br />

contre-projet alibi. Elle s’est fixé<br />

l’objectif de récolter 100 000 signatures<br />

en 100 jours, à savoir jusqu’au<br />

27 novembre.<br />

Pour signer la pétition<br />

sans plus attendre


Droit au but !<br />

25<br />

Cher service juridique,<br />

Depuis quelques mois, les prix des carburants,<br />

de l’électricité, du gaz et de certaines<br />

denrées alimentaires augmentent. Et comme<br />

chaque année, il faut à nouveau s’attendre à<br />

une hausse des primes des caisses maladie.<br />

Or, depuis 2020, nous n’avons obtenu ni compensation<br />

du renchérissement ni augmentation<br />

réelle des salaires dans l’entreprise. Cela<br />

est principalement dû aux mesures COVID-19<br />

et au chômage partiel qui en a résulté pendant<br />

plusieurs mois. Je crains donc que l’employeur<br />

invoque la crise ambiante pour ne<br />

même pas accorder une compensation du<br />

renchérissement. Quelles sont mes possibilités<br />

pour imposer une augmentation de salaire<br />

? Je travaille dans l’industrie graphique,<br />

qui est régie par le contrat collectif de travail.<br />

Que prévoit le contrat collectif de travail de<br />

l’industrie graphique ?<br />

Il n’y a pas de représentation du personnel<br />

dans notre entreprise. Jusqu’à présent,<br />

l’employeur ne s’est pas non plus exprimé sur<br />

le sujet. Ces dernières années, nous avons<br />

simplement reçu à la fin de l’année une<br />

information interne concernant les salaires.<br />

Que puis-je faire pour thématiser et exiger<br />

une augmentation de salaire ?<br />

La réponse du service juridique :<br />

L’employeur paie au travailleur le salaire convenu,<br />

usuel ou fixé par un contrat type de travail ou par une<br />

convention collective (art. 322 al. 1 CO). Le salaire peut<br />

être négocié librement entre l’employeur et l’employé-e,<br />

mais il ne doit pas enfreindre les dispositions<br />

de la loi, d’une convention collective de travail ou d’un<br />

contrat type de travail. L’employeur n’est donc pas<br />

tenu par la loi d’adapter annuellement ou régulièrement<br />

le salaire au renchérissement ou d’accorder une<br />

augmentation du salaire réel. Dans une convention<br />

collective de travail, il est possible de convenir de meilleures<br />

dispositions en faveur des travailleuses et travailleurs.<br />

Par exemple, une convention collective de<br />

travail peut stipuler d’accorder la compensation annuelle<br />

du renchérissement ou des salaires minimaux.<br />

Le contrat collectif de travail de l’industrie graphique<br />

stipule, d’une part, des salaires minimaux à respecter<br />

et, d’autre part, l’obligation de négocier une fois par<br />

an avec la représentation du personnel compétente les<br />

modifications générales de salaire. Si une entreprise<br />

ne dispose pas de représentation du personnel, alors<br />

la négociation salariale doit être menée directement<br />

avec le personnel. Il n’existe toutefois aucune obligation<br />

d’accorder une hausse salariale chaque année ou<br />

de façon régulière.<br />

Ensemble, on obtient toujours plus. Tu n’es pas la<br />

seule personne à être concernée par ce sujet, tes collègues<br />

le sont aussi. Rédigez ensemble une lettre à l’intention<br />

de l’employeur et formulez-y la revendication<br />

salariale. Soumettez cette revendication salariale à la<br />

direction en lui demandant d’organiser une réunion<br />

d’entreprise afin de discuter et de négocier ce sujet. Tu<br />

peux aussi demander une augmentation salariale sur<br />

une base individuelle. A cet effet, il suffit que tu<br />

prennes contact avec ton ou ta responsable hiérarchique<br />

direct-e et lui demandes un entretien. Mais une<br />

démarche collective est toujours préférable, car l’employeur<br />

voit qu’il ne s’agit pas d’un besoin individuel,<br />

mais d’une demande émanant de la plupart des travailleuses<br />

et travailleurs. Si vous avez des questions ou<br />

souhaitez un soutien, <strong>syndicom</strong> vous conseille et vous<br />

assiste volontiers dans la procédure collective et individuelle.<br />

Toutes les rubriques<br />

Droit au but !


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

© Louie Media<br />

Formation continue à la carte<br />

En tant que membre <strong>syndicom</strong>, vous<br />

bénéficiez chaque année d’un cours<br />

gratuit au sein de l’institut de formation<br />

des syndicats Movendo. Les<br />

frais de voyage en train, les repas et<br />

éventuellement l’hébergement sont<br />

pris en charge. Vous n’en avez pas<br />

encore bénéficié ? Voici trois cours<br />

qui pourraient vous intéresser :<br />

Ma relation au changement –<br />

Le gérer et y faire face<br />

27-28 octobre 2022 à Morges<br />

Notre vie est faite de changements.<br />

Au niveau professionnel ou privé, ils<br />

peuvent être facteurs de stress et<br />

déstabilisants. Cette formation vous<br />

permet de comprendre les enjeux<br />

liés aux changements et de pouvoir y<br />

faire face grâce à des outils pratiques.<br />

Rester en santé malgré des horaires<br />

de travail irréguliers<br />

31 octobre 2022 à Morges<br />

Les horaires de travail irréguliers<br />

peuvent avoir des répercussions<br />

négatives sur notre santé. Pour en<br />

limiter les effets, les entreprises<br />

doivent respecter les fondements légaux<br />

en la matière. Mais travailleurs<br />

et travailleuses peuvent aussi se protéger<br />

par des comportements appropriés.<br />

Parler en public : le débat<br />

7 novembre 2022 à Lausanne<br />

Vous souhaitez participer activement<br />

à un débat et convaincre votre<br />

auditoire. Cette journée attirera<br />

votre attention sur la manière de<br />

promouvoir votre point de vue,<br />

l’importance de vous adapter à votre<br />

public et d’intervenir à bon escient.<br />

N’hésitez pas à vous inscrire sans<br />

plus attendre !<br />

Movendo<br />

Travail en cours<br />

Depuis plus de deux ans, le podcast<br />

« Travail en cours » explore les bouleversements<br />

du travail et sa place<br />

dans nos vies. Diffusés chaque jeudi,<br />

les épisodes décortiquent les<br />

thématiques actuelles autour du<br />

monde du travail, des bullshit jobs<br />

aux reconversions professionnelles<br />

ou aux questions de santé au travail.<br />

La rédaction de <strong>syndicom</strong> vous propose<br />

une sélection d’épisodes à<br />

écouter en toute liberté (et gratuitement)<br />

sur les plateformes audio habituelles.<br />

Les managers doivent-ils s’ouvrir<br />

aux émotions de leurs équipes ?<br />

Voyez la scène : votre chef-fe, en réunion,<br />

vous accoste en vous disant :<br />

« Ah d’ailleurs, il faudra avancer le<br />

rendu du dossier mardi au lieu de<br />

vendredi, il y a eu du changement. »<br />

Ça propulse vos neurones à toute<br />

vitesse et intérieurement, vous criez<br />

vraiment très fort. Mais en apparence,<br />

vous restez impassible, et<br />

vous hochez la tête. Que faire de ce<br />

grand cri intérieur ? L’exprimer sans<br />

filtre, ou le réprimer totalement ?<br />

Comment trouver le métier fait<br />

pour vous ?<br />

Depuis la crise sanitaire, les bilans<br />

de compétences explosent : leur<br />

nombre a augmenté considérablement<br />

ces dernières années. Alors<br />

est-ce que c’est une solution miracle<br />

pour réussir à s’orienter professionnellement,<br />

et enfin trouver sa voie ?<br />

Comment réussir à déconnecter<br />

pendant vos vacances ?<br />

Tout est dans le titre !<br />

Scannez le code QR ci-dessous pour<br />

retrouver ces épisodes et découvrir<br />

ce podcast.<br />

Robin Moret<br />

Les souris du Palais fédéral<br />

© OSL<br />

Le professeur d’histoire de Melissa<br />

a préparé ses élèves à visiter le Palais<br />

fédéral. Il leur a expliqué les<br />

procédures qui s’y déroulent et la<br />

manière dont les citoyen-ne-s<br />

peuvent prendre part à la vie politique.<br />

Le grand jour est enfin arrivé !<br />

Melissa, qui emmène partout sa<br />

souris Lune, la cache dans la poche<br />

de sa veste. Mais Lune s’échappe<br />

justement au Palais fédéral ! Melissa<br />

part à sa recherche. Ce faisant, elle<br />

découvre un monde qu’elle ne<br />

connaissait pas et s’immerge dans<br />

la politique suisse.<br />

A travers ce récit d’aventures<br />

richement illustré de Valentine Zubler,<br />

les jeunes lectrices et lecteurs<br />

apprendront comment fonctionne<br />

un système politique unique en son<br />

genre, celui de la Suisse. L’occasion<br />

d’acquérir des notions telles que<br />

parlementaires de milice et d’en savoir<br />

plus sur la rémunération des<br />

membres du conseil. Totalement en<br />

phase avec l’actualité, l’ouvrage<br />

aborde également des questions<br />

telles que la représentation appropriée<br />

des femmes en politique. La<br />

postface a été rédigée par Philippe<br />

Schwab, secrétaire général de l’Assemblée<br />

fédérale, et Christoph<br />

Stutz, responsable de l’éducation<br />

politique au Parlement suisse.<br />

Œuvre Suisse<br />

des Lectures<br />

pour la Jeunesse<br />

Tous les cours Movendo sont disponibles<br />

sur movendo.ch/fr/ereignis<br />

« Travail en cours » diffusé<br />

chaque jeudi sur toutes les<br />

plateformes audio<br />

Pour vous procurer<br />

le livre


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements Manifestations contre AVS21 \ La déception et la colère des femmes après le<br />

résultat de la votation \ Championnat suisse de coursiers et coursières à vélo \<br />

Journée des indépendant-e-s<br />

1<br />

2<br />

4<br />

3<br />

6<br />

5


1-2. La déception et la colère des femmes au lendemain du résultat de la votation AVS21 (© <strong>syndicom</strong> / Patrizia Mordini)<br />

3-5. Un extrait des dizaines de manifestations contre l’AVS21 sur différents lieux de travail dans toute la Suisse (© <strong>syndicom</strong>)<br />

6. Azra Ganic, secrétaire régionale ICT de la région de Zurich, visite des entreprises du secteur Fulfillment. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

7. Les gagnants du concours <strong>syndicom</strong> au Championnat suisse des coursiers-ères à vélo du 23 au 25 septembre (© <strong>syndicom</strong> / Peter Spichtig)<br />

8. Klara Obermüller, la « grande dame » du journalisme suisse, lors de la Journée des indépendant-e-s le 10 septembre à Zurich (© <strong>syndicom</strong>)<br />

9. Peter Spichtig, responsable de la région Nord-Ouest et Suisse centrale, au Championnat suisse des coursiers-ères à vélo (© <strong>syndicom</strong>)<br />

10. Le groupe d’intérêt migration à Zurich lors de la course contre le racisme le 18 septembre (© Idris Djelid)<br />

7<br />

8<br />

9<br />

10<br />

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30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Je m’investis toujours un peu plus.<br />

Et je cherche des sujets intéressants. »<br />

Fatima Lee est née en 1960. Elle a étudié<br />

le droit au Maroc et vit en Suisse<br />

depuis 36 ans. Mariée à un Zurichois,<br />

elle a deux enfants adultes et travaille<br />

dans la branche télécom. Membre du<br />

PS et affiliée depuis 2010 à <strong>syndicom</strong>,<br />

elle préside le GI Migration du canton<br />

de Zurich. Depuis 2017, elle copréside<br />

également la commission des migrations<br />

(avec Augustin Makumba).<br />

Fatima se ressource lors d’excursions<br />

avec son mari. Et une fois par année,<br />

elle tire la prise – pendant les<br />

vacances sans télévision ni téléphone,<br />

« là, je peux décrocher. »<br />

« Donner et recevoir », telle est<br />

la devise de Fatima en ce qui concerne<br />

son engagement syndical.<br />

Texte : Suleika Baumgartner<br />

Image : Patrick Gutenberg<br />

Le GI Migration est là<br />

pour toutes et tous<br />

Le groupe d’intérêt (GI) Migration de<br />

<strong>syndicom</strong> ne s’occupe pas que des<br />

préoccupations des personnes issues<br />

de l’immigration, ni ne se focalise<br />

uniquement sur les questions du travail.<br />

« Nous voulons influencer les développements<br />

de la société dans son<br />

ensemble », déclare la coprésidente<br />

Fatima Lee. A 7 ans déjà, Fatima participe<br />

avec son père et son frère à sa<br />

première manifestation. C’était le<br />

1 er mai 1967. Le travail syndical fait<br />

partie de son ADN. Plus tard, en<br />

Suisse, la juriste devient d’abord<br />

membre du Parti socialiste (PS).<br />

Lorsqu’elle a voulu motiver une collègue<br />

à s’impliquer au PS, cette dernière<br />

a laissé entendre que <strong>syndicom</strong><br />

défendait ses intérêts en<br />

matière de questions sociétales tout<br />

aussi bien, voire mieux que le PS. Et,<br />

ainsi, Fatima Lee a adhéré au syndicat<br />

fin 2010. Les thèmes qui lui<br />

tiennent à cœur sont les droits des<br />

femmes, l’élimination de la discrimination<br />

envers les étrangers-ères,<br />

l’amélioration de la situation des migrant-e-s<br />

dans le monde du travail.<br />

Le GI intervient aussi lors de débats<br />

sur les votations : il a combattu l’interdiction<br />

de la burqa et le renforcement<br />

de la loi sur les mesures policières<br />

de lutte contre le terrorisme<br />

(loi antiterroriste). Sur ce dernier<br />

sujet, le GI a organisé un podium<br />

public avec la participation d’intervenant-e-s<br />

externes. « Pendant les deux<br />

dernières années COVID, notre GI<br />

s’est montré très actif », souligne Fatima.<br />

« Surtout l’augmentation de la<br />

pauvreté nous a occupés. » La syndicaliste<br />

pense que l’engagement politique<br />

de <strong>syndicom</strong> a permis de gagner<br />

de nouveaux membres pendant<br />

la pandémie. Au niveau cantonal, il<br />

n’existe plus qu’à Zurich un GI, présidé<br />

par Fatima Lee. « En 2016, le GI<br />

Migration regroupait uniquement<br />

deux personnes actives, moi-même<br />

et mon secrétaire », se rappelle-t-elle.<br />

Entre-temps, nous sommes douze, et<br />

il arrive que d’autres personnes<br />

viennent se joindre à nous et<br />

amènent leurs idées : « Si une personne<br />

travaille dans le canton de<br />

Zurich sans y habiter, elle peut aussi<br />

s’impliquer. » Le GI Migration de<br />

Zurich grandit donc. Mais quel est le<br />

secret de Fatima ? Fatima, une<br />

femme filiforme à l’air énergique et<br />

concentré, réfléchit. « Je m’investis<br />

toujours un peu plus. Et je cherche<br />

des sujets qui intéressent les gens. »<br />

Les membres savent en outre qu’elle<br />

est toujours joignable – elle utilise<br />

tous les canaux, aussi les réseaux sociaux.<br />

Son bagage juridique lui permet<br />

d’apporter son aide sur des<br />

questions concrètes. « Il ne suffit pas<br />

d’indiquer les services officiels de<br />

conseil aux heures de bureau du syndicat<br />

», dit-elle. Elle a de toute évidence<br />

réussi à construire une relation<br />

personnelle avec les membres :<br />

« Nous sommes comme une famille. »<br />

Pendant la pandémie, les rencontres<br />

en ligne sont devenues importantes :<br />

« Beaucoup de personnes se sentaient<br />

très seules. Nous étions là<br />

pour elles. Cela a renforcé notre<br />

groupe. »<br />

Toutes les infos<br />

sur le GI Migration


Impressum<br />

Rédaction : Robin Moret et Giovanni Valerio<br />

(coresponsables), Rieke Krüger et Lydia Schebesta<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser et<br />

Gabriele Alleva<br />

Dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Layout, correction, impression : Stämpfli Kommunikation<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),<br />

Fr. 50.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par année.<br />

Le numéro 32 paraîtra le 9 décembre 2022.<br />

31<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

5 1<br />

II<br />

8<br />

III<br />

7<br />

IV<br />

V<br />

2<br />

VI<br />

VII<br />

9 6<br />

VIII<br />

4<br />

IX<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

3<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9<br />

Horizontalement : I. Rafraîchissement. II.<br />

Tube princier. Haute portée. III. Sans illusion.<br />

Potentiellement. IV. Deux sesterces. Basique.<br />

Foudre. V. Tas d'états. Lésé. Râperas. VI.<br />

Ballon d'or 2021. Encore et encore ! Soulagé.<br />

VII. Possessif. Tartuffe ne saurait le voir. Petit<br />

enseignement religieux. Rapproche du titre.<br />

VIII. De l'Engadine au Danube. Mariée ou pas,<br />

à Londres. Cousine de son enfant. Lui. IX.<br />

Soustraira. Ranger. X. Mauvais. En usage.<br />

Verticalement : 1. Argument de riche. 2.<br />

Décodée. Pénible. 3. Cheminerai. Voilier. 4.<br />

Grandes marées. Big boss égyptien. 5. Fait.<br />

Théologiens. 6. Plateaux nord-africains. 7.<br />

Dieu solaire. Cycle. Interpellation. 8.<br />

Éméchés. Exclut. 9. Tombeur de dames. Mais<br />

encore. Capitale du coltan. 10. Les phrases ou<br />

les bêtes peuvent l'être. 11. Sorte d'adresse.<br />

Âge. Tableau célèbre. 12. Plafonds de la<br />

République. Irrigue même le désert. 13.<br />

Candides. Genré. 14. Cilice. 15. Tout se joue<br />

sans les bras.<br />

Mots croisés<br />

Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra une<br />

pièce en argent de notre partenaire la<br />

banque Cler. Prière d’envoyer votre<br />

solution (le mot mystère seulement)<br />

jusqu’au 4 novembre par e-mail à<br />

admin@<strong>syndicom</strong>.ch ou par courrier à<br />

Rédaction <strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse<br />

33, case postale, 3001 Berne.<br />

Une seule participation possible par<br />

membre.<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

dernier numéro était « PRÉVENTION ».<br />

Le gagnant est Madame Claudine<br />

Galliker -Blanc à Missy. Elle recevra<br />

un bon de notre partenaire REKA.<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

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32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Les énergies renouvelables créent des postes de<br />

travail 8.9.2022<br />

Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie<br />

(AIE), près de 40 millions de personnes dans le monde<br />

exécutent des tâches liées aux énergies propres.<br />

Cette part représente 56 % de l’emploi dans ce secteur.<br />

Cela signifie que les postes de travail dans les énergies<br />

renouvelables sont pour la première fois plus nombreux<br />

que ceux liés au transport, à la production et à la<br />

consommation de combustibles fossiles.<br />

Hausse des primes maladie 26.9.2022<br />

Comme les nouvelles primes ont été<br />

annoncées le 27 septembre, voici un<br />

petit rappel pour trouver les mots justes : tout<br />

comme les loyers, les primes maladie n’« augmentent<br />

» pas. Elles sont augmentées. L’augmentation<br />

du coût de la vie n’est pas une loi naturelle.<br />

@WidlaNatalia<br />

Grève chez Amazon en Allemagne 14.9.2022<br />

Le personnel d’Amazon à Winsen a fait grève pour obtenir<br />

de meilleurs salaires et conditions de travail.<br />

Amazon s’oppose depuis longtemps aux revendications<br />

du syndicat ver.di visant à négocier une CCT.<br />

Soutien au personnel d’Apple 25.8.2022<br />

Les employé-e-s d’Apple en Australie et partout<br />

dans le monde disposent du plein soutien du mouvement<br />

syndical mondial pour se défendre contre<br />

les stratégies de mauvaise foi. @Mathias_UNI<br />

La technologie contre la violence 20.8.2022<br />

La spin-off d’allianceF, Tech against Violence, a lancé<br />

#withyou contre #relationstoxiques & #violencedomestique<br />

! Grâce à #withyou, tu découvriras les différentes<br />

formes de violence et sauras où trouver de l’aide.<br />

Consulte le site et parles-en autour de toi : with-you.ch<br />

Lutter contre les violences en ligne 1.9.2022<br />

La violence en ligne constitue une menace permanente<br />

pour les journalistes et entraîne de<br />

graves conséquences sur la liberté de la presse,<br />

comme l’autocensure. Ces violences concernent<br />

en particulier les femmes. C’est pourquoi l’International<br />

Women’s Media Foundation a publié un<br />

guide contre les violences en ligne.<br />

Retraite du comité de la branche Presse 21.9.2022<br />

Je suis nouvelle dans le groupe, mais je vais tout de<br />

suite faire un shout out pour ce syndicat solide qui<br />

fait un travail précieux pour nous les journalistes.<br />

Allez @<strong>syndicom</strong>_fr et merci pour l’invitation<br />

@dan_faulhaber.<br />

UNI Global et H&M au Pérou – accord historique 8.9.2022<br />

Un syndicat péruvien, membre d’UNI Global, a signé une<br />

convention collective avec H&M, le géant de l’habillement.<br />

C’est la première du genre au Pérou.<br />

Trop, c’est trop 15.6.2022<br />

Le rapport annuel de l’Institut Reuters<br />

d’Oxford sur la consommation de l’information<br />

en ligne dans le monde montre<br />

que 38 % de la population l’évite délibérément, tandis<br />

que 43 % se plaignent d’être submergés d’informations<br />

au point d’en être saturés. Sans un filtre pour les<br />

sélectionner, en avoir trop revient à ne rien assimiler.<br />

Airbnb à Lucerne, ça suffit ! 19.8.2022<br />

En ville, les prestataires professionnels<br />

d’Airbnb continuent à transformer allégrement<br />

les logements. Nous avons déposé<br />

l’initiative « Wohnraum schützen – Airbnb regulieren<br />

» visant à protéger le logement en régulant<br />

Airbnb. L’exécutif de la ville de Lucerne a fait une<br />

contre-proposition qui sacrifierait des centaines de<br />

logements supplémentaires à Airbnb. C’est exclu.<br />

Nous devons tous nous impliquer pour l’empêcher.<br />

Désillusion après AVS21 25.9.2022<br />

« Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les<br />

femmes et hommes de Suisse alémanique<br />

votent en faveur de pareilles inepties #avs<br />

#avs21 #avs21non #65cesttoujoursnon @avs21non. »<br />

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