La Bible Aujourd'hui ! [automne 2022]
La Bible Aujourd'hui ! est le magazine d'information de la Société biblique francophone de Belgique. Au sommaire de cette édition : Edito / Escalade et emballement / Murmure intérieur, dialogue de profondeur / Ce qu'en dit Mélissa / Le jeune homme et le rêve / Oser Osée / Toutes, et tout sauf ordinaires
La Bible Aujourd'hui ! est le magazine d'information de la Société biblique francophone de Belgique. Au sommaire de cette édition : Edito / Escalade et emballement / Murmure intérieur, dialogue de profondeur / Ce qu'en dit Mélissa / Le jeune homme et le rêve / Oser Osée / Toutes, et tout sauf ordinaires
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#BibleBelgique
2022/3
ÉDITO C • ESCALADE ET EMBALLEMENT D
MURMURE INTÉRIEUR, DIALOGUE DE PROFONDEUR E
CE QU'EN DIT MÉLISSA H • LE JEUNE HOMME ET LE RÊVE I
OSER OSÉE K • TOUTES, ET TOUT SAUF ORDINAIRES M
Insensé, adjectif, se dit de quelqu’un qui n’est pas sensé, se dit de ce qui n’est
pas conforme au bon sens, en parlant des choses, ou des gens. Pourquoi me
flatterais-je d’une gloire insensée, écrit Racine. Ô Galathiens insensez, qui vous
a enchantez de ne point obéir à la vérité ? écrit le philosophe et théologien
Jacques Lefebvre d’Etaples dans sa traduction de la Bible en 1525.
Société biblique
francophone de Belgique
Galerie Bernard
Boulevard Joseph Tirou 139
6000 Charleroi
___________________________
Périodique trimestriel
N° d’agréation 101014
Automne 2022
Bureau de dépôt Charleroi X
La Bible aujourd’hui est le journal
d’information de la Société biblique
francophone de Belgique (SBFB). Il est
envoyé à tous ceux qui le demandent
et qui désirent soutenir l’oeuvre
biblique. L’a.s.b.l. a pour objet la
diffusion de la Bible au sens le plus
large dans les communautés française
et germanophone de Belgique, ainsi
qu’au Grand-Duché du Luxembourg.
Éditeur responsable
Vincent Beckers
Galerie Bernard
Boulevard Joseph Tirou 139
6000 Charleroi
direction@la-bible.be
Rédaction
Vincent Beckers|direction@la-bible.be
Mise en page www.bigbangcom.be
Photographies Vincent Beckers / ABU
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Pourtant tout ce qui fait partie de la Création a un sens : une particule
subatomique qui vient d’être découverte, une nouvelle galaxie qui tout làhaut
brille, des glands ou des faines au pied d’un chêne, là où
goûter la douceur lente d’un sentier de forêt comme paysage
d’émerveillement et d’aventure, se pencher pour ramasser
des paniers de prunes et en faire confiture, renifler le délice
d’une douce pluie d’automne, observer une hirondelle à ventre
bleu, tomber amoureux, c’est-à-dire penser notre existence
en termes de différence, de coupure, d’émerveillement, de
bouleversement ou de rupture. Une vie qui a du sens c’en est
une qui se nourrit de mouvement, de relation, de résilience,
qui se reformule sans cesse dans la curiosité et dans l’émoi, pile là où puiser à
la source de la foi. Pourrait-on dire que l’expérience de la foi est celle d’un sens
profond qui nous précède et qui nous fonde ?
Car dans la Bible, l’insensé est celle ou celui qui s’entête, qui s’obstine d’une
manière aveugle, de cette racine en hébreu qui dit sottise, absurdité, ânerie,
arrogance, étourderie, autosatisfaction, babiole, bêtise. Oui l’insensé est donc
bien celle ou celui qui a en quelque sorte perdu le sens, comme on perdrait le
nord, la boule ou le goût, comme ça d’un coup, brutalement et par surprise,
insensément sur un coup de tête on a la sagesse qui frise. Sens ? Disons :
destination des êtres humains et de leur histoire, raison d’être
de leur existence et de leurs actions, principe conférant à la vie
humaine sa valeur. Être chassé de l’Eden comme nos deux amis
c’est être dés-orienté, c’est perdre le sens de notre élan de vie.
Lecture lente, prière, parole en partage, ne soyons ni insensés
ni insensibles, chérissons dès aujourd’hui la vitalité d’une Parole
nourricière, d’une Parole qui délie et sublime notre rapport au
vivant. Chérissons dès aujourd’hui la raison d’être, l’infinie valeur, la
finalité belle et dense d’une existence pleine de sens.
Vincent Beckers,
directeur de projet
www.la-bible.be
www.editionsbiblio.be
ESCALADE ET
EMBALLEMENT.
Deux ans après le déclenchement de la pandémie,
l’invasion de l’Ukraine par la Russie vient
douloureusement confirmer le diagnostic. Dans
l’immédiat, ces deux crises majeures engendrent un
alourdissement sans précédent de nos coûts logistiques,
et en particulier des prix
de transport des Bibles.
Le pôle logistique qui
héberge notre stock BibliO
est fortement perturbé
depuis déjà presque deux
ans.
Et nous le constatons dans
nos flux de réassort : les
chargeurs vivent une crise
inédite. Au cours des deux
dernières décennies, les
schémas logistiques
se sont construits
sur le postulat d’un
transport relativement
peu cher (avec bien
évidemment des
disparités selon la nature des produits). La transition
énergétique laissait bien entrevoir quelques efforts
financiers en perspective. Mais la correction sera
finalement venue de facteurs exogènes, et avec une
brutalité que personne n’aurait imaginé il y a encore
trois ans. Le budget transport 2022 n’a plus rien à
voir avec celui de 2019. La pandémie de Covid-19
a engendré une flambée des prix du transport de
marchandises. La guerre en Ukraine n’est donc pas le
facteur déclenchant mais plutôt un facteur aggravant,
qui étend le phénomène et le prolonge dans la durée.
L’inflation des prix du transport a d’abord touché le
transport maritime de conteneurs pour nos Bibles
imprimées par la Société biblique de Corée. Nous
avons opté en 2020 de recentrer autant que possible
nos pôles d’impression de bibles et littérature jeunesse
en Europe. Et l’Alliance biblique universelle ne ménage
pas ses efforts pour mutualiser les ressources et
soutenir les sociétés bibliques éditrices. Mais cette
crise prend aujourd’hui de l’ampleur dans le transport
routier européen, ce qui crée une tension sur notre
approvisionnement.
Ce que je vous disais il y a peine trois mois, je dois le
redire encore : aujourd’hui comme jamais nous devons
sans cesse réadapter l’offre en fonction de l’inflation
des coûts. Il en va de la pérennité de la mise en
production de la littérature biblique ! Nous ne pouvons
pas répercuter ces coûts directement sur les lecteurs
de la Bible : nous avons grandement besoin de votre
soutien pour pérenniser notre modèle économique et
poursuivre sans faille la création, la production et la
diffusion de Bibles et de livres dont la Bible est le cœur,
la sève, la pulsation !
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MURMURE
INTÉRIEUR,
DIALOGUE DE
PROFONDEUR.
Écoute ma prière, ouvre l’oreille à mes cris, entends
mes larmes, psaume 39, comme ils sont simples
comme ils sont beaux ces quelques mots. Prière,
de precaria, la prière est la sœur tremblante de
l’amour, dit Victor Hugo, la prière comme humble
et amoureux langage du précaire. Précaire qui ?
Précaire vous, précaire moi, précaires nous. Précaire
notre trajectoire sur cette terre, cette
lancinante inquiétude de notre finitude.
Et c’est là que la prière donne du sens et un
sol à notre vécu et nos attentes, elle est le
langage singulier d’une forme nourricière
d’écoute, de confiance et de sérénité, car
son langage se formule et dans le même
instant s’abandonne. La grandeur de la
prière, dit Saint-Exupéry réside d’abord en ce qu’il
n’y est point répondu et que n’entre point dans cet
échange la laideur d’un commerce. Prier, dit-on
simplement, c’est parler avec plus grand que nous,
et laisser la tendresse de ce langage tout-autre se
loger entre le cœur, les lèvres et le tympan.
Depuis qu’avec le langage l’homme est né, d’une
rive du monde à l’autre, toutes les cultures portent
à notre oreille l’immense rumeur des prières
multiformes : prières de détresse ou de joie, prières
qui respirent sur le rythme infini du souffle, prières
chantées en cantates à plusieurs voix, prières
silencieuses et prières qui attestent et proclament,
prières sculptées dans le marbre, façonnées dans
Prière :
territoire de
l’humilité
confiante.
la glaise ou taillées dans le bois, prières croyantes et
prières qui sont un envoi à un destinataire sans nom.
Autant que la prose et la poésie, la prière est plurielle. Ce
qui les rassemble, c’est que l’homme s’y adresse à l’Autre,
que ce soit l’Autre inconnu, rencontré en soi-même ou
dans la nature vivante, ou l’Autre reconnu et nommé,
l’Autre, de toutes façons, qui est absolument tout-autre
à celui qui prie. La prière n’est pas nécessairement
dialogale au sens fort du terme, mais elle n’est jamais un
soliloque. Elle n’est pas non plus toujours verbale, mais
elle est toujours un mouvement vers l’Autre, il y a prière
du moment que le tout-Autre, vers lequel on tourne son
attention, est ce dont le monde éprouve le manque.
Là se trace le mouvement de la prière : l’expérience
du manque, la spontanéité interlocutive du langage
et la foi, même naturelle, en une présence immédiate
encore qu’invisible et distante, une présence au-delà
de l’humain et dont on attend avec confiance qu’elle
soit attentive.
Quelquefois, on épuise ce murmure de profondeur, et à
force de prier à tout va on oublie la beauté pure et nue de
ce langage unique et puissant. Prier, c’est laisser voltiger
nos âmes dans nos cœurs pour y déposer tout à la fois
l’inspiration et les larmes, les déceptions, les grandes
fatigues et de l’espérance les nouvelles armes, la prière
est un territoire de liberté où se déverse d’abondance la
lumière d’une relation de grâce et d’honnêteté.
Que tes yeux soient nuit et jour ouverts sur cette
maison, sur le lieu dont tu as dit : là sera mon nom !
Ecoute la prière (de l’hébreu tephillah) que ton
serviteur fait en ce lieu. Et si la prière était notre plus
libre et plus subtil murmure intérieur ?
Alors disons ceci : qu’il est doux l’espace nu et
silencieux de te parler. Comme un
jardin d’aube au printemps, juste le
silence amoureux et confiant de nos
mots s’échangeant.
Prière, nom féminin bien sûr, exprime
une demande instante, prière,
ensemble de phrases, de pensées
ou d’intentions par lesquelles on
s’adresse à Dieu. Par extension,
territoire de l’humilité confiante, où
puiser au-dedans les mots qui disent
vrai, simplement et sans attente.
Et si la
prière
était notre
plus libre et
plus subtil
murmure
intérieur ?
CE QU’EN DIT
MELISSA
Un jour, ma maman m’a dit
que prier, c’était comme
apprendre une langue
étrangère.
Quand on grandit avec
des parents qui prient
régulièrement à la maison,
alors cela parait naturel,
comme une langue maternelle que l’on parle depuis
sa naissance. Mais si l’on tarde, l’apprentissage devient
plus difficile. Ca ne veut pas dire qu’on ne peut pas
apprendre à prier, mais cela peut prendre un peu plus
de temps pour que cela devienne naturel.
Lorsque je regarde ces dix-sept années passées à
apprendre à prier, je me rends compte de l’influence
que mes parents ont eue en priant pour moi et avec
moi. J’ai simplement appris en les regardant prier,
jour après jour. Tous les soirs, mon père s’asseyait sur
mon lit pour lire une histoire de la Bible et prier avec
mes frères, mes sœurs et moi. Tous les matins, avant
de partir à l’école, je voyais ma sœur finir son temps
de prière et écrire ses sujets de prière au Seigneur. Je
savais qu’elle avait aussi prié pour moi, qu’elle avait
demandé à Dieu de me faire grandir en connaissance
et en amour du Christ. Tout comme c’est en voyant
ma mère seule avec Dieu, tous les matins, que j’ai
commencé à prendre moi aussi ce temps, et que j’en
ai peu à peu compris l’importance.
La prière est vitale, quand on marche avec Dieu. J’ai vu
comment elle pouvait renforcer la foi, en nourrissant
une relation personnelle à Jésus.
5 sujets de
prière pour
vos enfants !
95 pages,
14 x 19 cm
Éditions Scriptura
9,90 €
La responsabilité
d’élever des enfants
peut souvent
paraitre écrasante.
Alors, quand il s’agit
de prier pour eux, il
est parfois difficile
de savoir par où
commencer ! C’est
pour ça que ce petit
livre existe. Rempli
de sujets de prière
issus directement
de la Bible, il saura
inspirer vos prières pour des enfants
de tout âge. Alors que vous regardez
au-delà de la pression et du brouhaha
de la vie de famille, vous trouverez
des pistes de prière qui révèleront
un impact au quotidien. Lorsqu’on
prie en accord avec les priorités de
Dieu trouvées dans sa parole, nos
prières sont puissantes. Elles peuvent
vraiment changer les choses !
LE JEUNE HOMME
ET LE RÊVE.
Dans Luc 15, Jésus raconte une histoire extraordinaire.
Elle commence avec un jeune homme. Un jeune
homme qui a un rêve. Il vit dans une ferme, avec son
père et son grand frère. Une belle famille. Tout a l’air
parfait.
Ou pas. Le jeune frère en a assez de vivre comme
un paysan, et il rêve d’autre chose, de
quelque chose de plus grand, de mieux.
Il a de l’ambition : pas question pour lui
de passer le reste de sa vie à ramasser
les bouses de vache. Là, on imagine
sûrement les premières pensées qui ont
dû lui traverser l’esprit. Tous les matins, il
se lève et part travailler. Il doit obéir à son
père. Il doit travailler dur. Il a l’impression
d’être pris pour un esclave. C’est officiel,
sa vie est d’un ennui mortel. Et tout en
bêchant, il laisse son esprit s’évader. Et un
rêve prend forme.
Il rêve du jour où il pourra faire son sac et partir pour la
ville. Il rêve de tout ce qu’il pourra faire là-bas. Il rêve
de jolies filles, de fêtes, de rires. Il rêve de liberté.
Mais, problème. Entre lui et son père, il y a un obstacle.
Son père ! Tant que son père est vivant, il ne peut pas
partir. Tant que son père est vivant, le jeune homme
n’a pas d’argent à lui. Mais dès que son père mourra, il
sera riche. Et la seule chose à faire, c’est attendre. Alors
il attend. Il attend que son père meure.
On peut facilement imaginer sa déception en
découvrant, chaque matin au petit-déjeuner que
son père n’est pas mort pendant la nuit. Alors papa,
toujours en vie, hein ? Ce garçon n’éprouve aucun amour
Ce petit livre
explique bien quels
pourraient être
les blocages pour
s’approcher de Dieu.
pour son père, ça semble une certitude. Ou en tous
cas, tout ce qui semble compter pour lui c’est ce rêve
si fort. Et plus les jours passent, plus il a l’impression
que sa maison devient une prison. Combien de temps
devra-t-il encore se farcir cette vie si ennuyeuse ?
Quand pourra-t-il enfin partir ? Il se sent pris au piège.
Jusqu’à ce qu’un jour, il craque : c’est fini, il n’en peut
plus, il prend une décision. Larguer son père, voilà. Être
largué, c’est un cauchemar. Quand on y pense, dire je
te largue, c’est fini est d’une violence infinie pour dire
à son copain ou à sa copine qu’on part. Je me souviens
un jour avoir retrouvé un ami, derrière
le garage à vélos, complètement dévasté
parce qu’il venait d’être largué. On a
l’impression d’être devenu un moins-querien
qu’on jette à la poubelle.
Mais ce fils-là, c’est ça qu’il veut. Quitter
son père et suivre son rêve. Point barre.
C’est Jésus qui raconte cette histoire,
évidemment. C’est un récit explosif. Qui a
scandalisé un certain nombre de ceux qui
étaient là le jour où Jésus l’a raconté. Ils
sont partis, furieux, outrés, pour eux cette histoire était
profondément offensante. Ils se sont mis à détester
Jésus. À le détester au point de vouloir le tuer. Mais
dans la foule de ceux qui écoutaient Jésus, d’autres
ont été bouleversés par cette histoire toute simple.
C’était l’histoire la plus incroyable qu’ils avaient jamais
entendue. Parce que oui, c’est une histoire qui peut
mettre profondément en colère, peut-être. Ou alors
qui peut faire brûler le cœur de joie. En tous cas, c’est
une histoire qui fait carrément bouger quelque chose.
Parce qu’elle parle de la façon dont Jésus accueille
l’autre. Et ça, comme lui le fait, c’est révolutionnaire !
En le rendant dynamique et abordable pour tout type
de public, nous avons choisi que ce petit livre explique
bien quels pourraient être les blocages pour s’approcher
de Dieu. L’auteur nous amène avec lui dans l’histoire de
celui qui a décidé de faire sa vie et d’en profiter, et de
celui qui croyait avoir tout compris. Ce livre révèlera
certainement l’une de facettes de chacune ou chacun,
et il amènera en quelque sorte à faire le point. Car c’est
avec surprise qu’on peut rencontrer Dieu, ce Dieu qui
pardonne et accueille et appelle. Qu’en dire ? Conçu
pour les ados, c’est un outil excellent pour présenter
l’Evangile à des personnes qui ne le connaissent pas.
Pour laisser entendre que Jésus les attend. Qu’il a de
bonnes choses épatantes en réserve pour chacun, et
qu’il veut en donner toujours plus. Que Jésus a de
grands rêves pour chacune et chacun, qu’il a posé dans
chaque cœur des désirs qui font grandir : suivre Dieu,
et devenir pleinement celle ou celui qu’on est appelé à
être. Il doit quoi, le récit de ce fils ? Jésus désire qu’on
le suive parce qu’on l’aime, et pas parce qu’on a peur
de lui. Un livre pour se poser les bonnes questions et
se laisser déplacer dans sa relation à Dieu !
Dans ce récit d’une simplicité trompeuse, Jésus
s’attaque au cœur de ce que signifie être perdu,
puis retrouvé. Un récit plein de surprises. Tu seras
surpris par le père, surpris par les fils et surpris
par ce que cette histoire nous raconte sur notre
propre cœur. Et au-dedans, la plus grande surprise
de toutes. Une surprise époustouflante !
« Perdu(e).
Quand le rêve
tourne au cauchemar »
100 pages, 13 X 18 cm,
Éditions Scriptura
5,90 €
OSER OSÉE.
Osée porte un nom plein d’espoir qui signifie « le
Seigneur a sauvé ». Avec Amos, il est l’un des plus
anciens propètes écrivains. Originaire du royaume
d’Israël — appelé également Efraïm — il y a exercé
sa mission pendant une trentaine d’années, entre
750 et 720 avant Jésus-Christ, environ.
Le livre part de la vie conjugale d’Osée (1-3). Le
prophète reçoit l’ordre surprenant d’épouser une
prostituée, Gomer. Il a avec elle trois enfants aux
noms symboliques (le dernier s’appelle Lo-Ami, « pas
mon peuple »). Gomer se montre infidèle, Osée lui
fait alors un procès, la condamne puis, dépassant
la punition, lui pardonne. Son histoire apparait
comme le symbole des relations entre le Seigneur
et la communauté d’Israël. Par la suite, le prophète
s’adresses aux prêtres et aux rois (4-11). Il condamne
leurs « prostitutions » religieuses (culte de Baal) et
politiques (conflits et guerres), tout en proclamant
que Dieu ne peut abandonner son peuple. Le livre se
termine en évoquant l’ancêtre Jacob et la libération
d’Egypte. Bien que le peuple mérite de disparaitre,
le Seigneur espère qu’il va changer de vie (12-14).
Les trois grandes parties du livre commencent
chacune par un procès et se terminent par l’annonce
du renouvellement de l’alliance entre le Seigneur et
son peuple. Tout le peuple est jugé, celui du royaume
d’Israël, au nord, désigné du nom de la principale
tribu, Efraïm, aussi bien que celui du royaume de
Juda, au sud. Les reproches sont de deux sortes.
D’abord, la foi au Dieu unique et la pratique religieuse
sont contaminées par le culte de Baal, divinité de
la pluie et des récoltes. Ensuite, la politique royale
manque de confiance dans le Seigneur : tiraillée
entre les deux grandes puissances que sont l’Egypte
et l’Assyrie, elle fait des choix malheureux.
Malgré tout, le Seigneur a une affection sincère pour
son peuple. La poésie des prophéties est parfois
difficile, mais les images sont simples et profondes :
elles sont empruntées au mariage (Israël comparé
à Gomer) ou à l’éducation (Efraïm vu comme un fils
ingrat). Le Seigneur est bien supérieur à Baal (maitre,
époux), divinité populaire. Créateur, il domine la
nature. Sauveur, il a libéré son peuple d’Egypte.
Très proche, il est un mari et un père à la tendresse
Aujourd’hui encore, Osée
interroge. Ne nous arrive-t-il
pas de transformer le Seigneur
en Baal, sommé de combler nos
demandes ? Par ailleurs, quelle
est la vérité et l’authenticité de
notre pratique religieuse ?
blessée. Lucide, il dénonce ce qui va mal. Audacieux,
il promet le salut. Confiant, il espère un retour aux
fondements de l’alliance.
La force du livre est telle qu’il a été relu et repris plusieurs
fois. Un proverbe qui insiste sur la responsabilité de
nos actes est né : qui sème le vent, récolte la tempête
(voir Osée 8.7). Aujourd’hui encore, Osée interroge.
Ne nous arrive-t-il pas de transformer le Seigneur en
Baal, sommé de combler nos demandes ? Par ailleurs,
quelle est la vérité (et l’authenticité) de notre pratique
religieuse ? Je désire la bonté plutôt que les sacrifices :
le cri d’Osée 6.6 est repris par Jésus (Matthieu 9.13,
12.7).
Tous les prophètes sont investis dans leur message.
Ils font corps avec lui. Osée a l’originalité de parler
d’après l’expérience de son mariage. Ezékiel le fera
avec son veuvage (Ezékiel 24.15-24) et Jérémie avec
son célibat (Jérémie 16.1-4). Les chapitres 1 à 3, au ton
autobiographique sont ainsi une clé pour l’ensemble du
livre. D’une part, le prophète est invité à renouer avec
son épouse infidèle et à aimer une femme adultère.
Comme le Seigneur ! Et d’autre part, le langage de
l’alliance prend des nuances affectives. Non seulement
il repose sur la loyauté et la justice, mais il devient
tendresse, pardon, liberté. On retrouve cela en Ezékiel
16 ou Esaïe 54. Dialogue entre deux amoureux, le
Cantique des Cantiques en sera une variation sublime.
TOUTES, ET TOUT
SAUF ORDINAIRES.
Courageuses et anticonformistes, prophétiques et
agissantes. Dans la Bible, la lutte pour la justice et la
vie marque l’existence d’un grand nombre de femmes.
De Abigaïl, femme de David (1 Samuel 25) à Zipporah,
femme de Moïse (Exode 2), on y trouve au moins
158 figures féminines. Plusieurs d’entre elles sont
carrément engagées en faveur de leurs droits ou de
ceux des plus faibles.
Malgré un contexte
historique qui leur
est défavorable,
elles réussissent –
en puisant dans
leur intelligence et
leur sensibilité –
une entreprise
audacieuse: changer
les choses. « Même
si elles n’étaient
pas considérées
égaux à l’égard des
hommes, dans la
Bible les femmes
sont souvent des
leaders », relève
Philippe Lefebvre,
professeur d’Ancien
Testament à
l’Université de
Fribourg.
Il ne faut pas oublier que, dans les récits bibliques,
il y a toujours plus de femmes que l’on ne pense. Ça
déborde, en fait ! Certes, de nombreuses femmes sont
explicitement nommées. Mais on retrouve également
des collectifs, des groupes ayant tissé des liens forts,
comme celles qui suivent Jésus, par exemple. Cette
présence féminine passe souvent inaperçue aux yeux
des hommes de l’époque. Mais pas à ceux du Christ.
« Dans l’Évangile de Marc (Marc 12), Jésus appelle
ses disciples à regarder les femmes. Apprendre à
voir les femmes dans
le paysage qui les
« L
e matin de
Pâques,
elles ont compris. Car
elles ont une intimité
toute particulière
avec Jésus. »
entoure, c’est une forme
d’éducation permanente
qu’on retrouve dans toute
la Bible », rappelle le
théologien.
Parmi ces figures
féminines engagées, la
prophétesse Débora (Juges
4), figure emblématique
des femmes de la Bible
qui luttent pour faire vivre les autres. Elle interroge
notamment un homme, Barak, à propos du message
qu’il a reçu du Seigneur et de la raison pour laquelle
il n’a pas fait ce qu’il lui avait ordonné. Après avoir
confessé qu’il n’avait pas eu le courage, Barak lui
répond : « Si tu viens avec moi, je le ferai ».
Selon l’exégète, cet exemple est éclairant de la manière
dont la parole d’une femme change la donne dans la
Bible. Débora témoigne aussi du retournement complet
de la figure féminine, comme elle était conçue dans la
tradition de l’époque. Elle interpelle les hommes, elle
sort de la maison, où les femmes restaient en attendant
leurs maris, et elle lutte. Et ce n’est pas un cas isolé :
les femmes importantes incitent souvent les hommes
à mettre en œuvre ce que Dieu leur a recommandé
de faire. Tant de récits bibliques montrent que les
femmes sont bel et bien là. Mais elles agissent sans
démonstrations ni révolte, et sans remettre en cause
ouvertement la société. Elles la travaillent plutôt de
l’intérieur.
Une parole prophétique et courageuse incarnée
par des femmes, on la retrouve dans le Nouveau
Testament. Dans l’Évangile, ce sont aussi des femmes
qui annoncent la venue du Messie : Marie, avec sa
« C’est l’art de la Bible : on ne fait pas une nouvelle
société avec la révolution, mais dans l’action concrète.
On hérite d’une société patriarcale, au sein de laquelle
on agit, en témoignant qu’on ne peut plus envisager
l’absence d’une collaboration à part égale avec les
femmes. Cela donne des textes très surprenants. Car
même si elles ne militent pas directement pour l’égalité
et leurs droits, de fait, par leur action et leurs paroles,
c’est ce qu’elles font », révèle le bibliste.
Dans cette optique, il évoque les quatre sœurs du livre
des Nombres (Nombres 27 1-7) qui demandent leur
héritage. Il y voit une sorte d’expérience pilote dans
la société de l’époque. Et elle aboutit. Des femmes
prennent courageusement la parole pour exprimer leur
volonté d’avoir une égalité dans le droit d’héritage. Et
Dieu confirmera leur revendication.
D’ailleurs, dans la Bible, des figures féminines sont très
souvent au commencement des récits bibliques. Cela
n’est ni un hasard, ni anodin. « Pourquoi le serpent
parle à Eve ? s’interroge Philippe Lefebvre. Parce qu’il
sait que lorsqu’il y a une décision à prendre, c’est à la
femme qu’il faut s’adresser. Et qui annonce pour la
première fois la venue du Messie, dans le premier livre
de Samuel ? C’est à nouveau une femme. C’est en effet
Anne qui proclame que le Seigneur donnera la force à
son Messie ».
cousine Élisabeth, mais aussi la prophétesse Anne. La
nouveauté biblique du commencement est toujours
liée à des femmes qui comprennent. Et un exemple
remarquable de ce rôle de précurseur est donné dans
le récit de la Résurrection. « Qui est-ce qui annonce
que le Christ est ressuscité ? Ce sont des femmes,
d’abord ! Elles qui n’avaient pas participé à sa Passion
(tout en l’accompagnant). Le matin de Pâques, elles ont
compris. Car elles ont une intimité toute particulière
avec Jésus ». Il note que pour les hommes, en revanche,
ce chemin de la compréhension est beaucoup plus
long. Les disciples pensent qu’il s’agit d’un radotage de
femmes. Ils doivent voir, d’abord. Cela montre, dans
la Bible, que les grandes nouvelles sont amenées par
La Bible est remplie
de femmes extraordinaires !
Il est temps de les rencontrer.
les femmes. Ce sont elles qui font entrer la nouveauté
dans le monde et la société.
Actions et paroles sont donc les révélateurs de
l’engagement de ces figures féminines de la Bible qui
n’ont jamais arrêté d’inspirer. Les femmes de la Bible
interpellent jusqu’à nos jours. Il y a une tradition
biblique qui doit encore être exploitée et qui pourrait
aujourd’hui encore inspirer bien des femmes, car la
Bible nous aide à remettre en chantier une réflexion
sur des figures de femmes qu’il sera toujours très
important d’aborder. Oui elles le sont : inspirantes,
épatantes, tout sauf ordinaires!
Viens faire connaissance avec Débora, la seule femme
juge d’Israël. Avec Esther, la courageuse et héroïque
reine juive. Et aussi Priscille, talentueuse fabricante
de tentes et missionnaire déterminée. Et Rahab,
protectrice sans peur de sa famille. Ce ne sont que
quelques exemples de femmes extraordinaires dont
tu peux trouver le récit dans la Bible. Alors en avant,
pars à la découverte de toutes ces femmes et laisse-toi
inspirer par leur foi et leur amour pour Dieu. Et que
cette inspiration vienne chatouiller ton cœur, et te
révèle que toi aussi, tu es extraordinaire !
Extraordinaires !
95 pages, 14 x 19 cm
Éditions Scriptura | 9,90 €