CG 95 EDITION FINALE (21 × 29.7 cm) 19 juillet

Édito
La palme de l'affiche électorale
A
u milieu des trombines des
candidats aux dernières
législatives a surgi la tête
d'un canard jaune qui regardait le
chaland bien en face. Certains ont
cru que le Saturnin de leur
enfance, la fameuse série télévisée
des années 60, était de retour. Or
non, il s’agissait d’un candidat, ou
plutôt du symbole retenu par le
parti animaliste, qui dans le Gers
se présentait dans les deux
circonscriptions. Leurs résultats
n’ont pas été mirobolants dans la
1re, avec seulement 199 voix, mais
419 suffrages tout de même dans
le 2e, devant six autres formations
politiques. Cette irruption a fait
cancaner dans le Sud-Ouest.
Les "provocations" d'un parti
Le parti animaliste milite contre
l’élevage intensif, la chasse, et le
gavage. Le foie gras n’est pas son
ami. La filière d’élevage de
palmipèdes n’a même pas dû y
prêter attention, empêtrée qu’elle
est dans un cycle infernal de crises.
Les épisodes de grippe aviaire, déjà
le 4e depuis 2015, ont de graves
conséquences. Le dernier en date -
le pire- a entraîné l’abattage de 16
millions de volailles, le vaccin
espéré n’arrive pas, et on en vient
maintenant à imaginer des mesures
pour limiter la production (via une
dédensification de territoires ciblés,
8 communes dans le Gers, dit-on) à
l'époque où le virus est censé
circuler le plus. La question de
savoir s'il y aura du foie gras à
Noël est assez triviale au regard de
ce tableau noir.
Tout le monde ne pleure pas.
L’association PETA France
(People for the Ethical Treatment
of Animals), a même osé écrire au
Comité interprofessionnel des
palmimèdes à foie gras (CIFOG)
pour lui proposer de prendre en
charge la reconversion
professionnelle des employés du
secteur ! « Face à une situation qui
se reproduit année après année, il
est aujourd’hui plus clair que
jamais que la filière doit s’adapter
et anticiper, lit-on dans la lettre,
c’est pour cela que notre
association propose de financer
une formation pour les éleveurs
d’oies, de canards ou tout autre
professionnel de votre filière qui
souhaiterait entamer une
reconversion vers un métier sans
cruauté et sans potentiel
pandémique, par exemple la
production de faux gras. »,
comprenez un foie gras végan
(sic). L'association dit en outre
craindre que le virus ne mute et
qu'il devienne transmissible entre
humains. De toutes les plaies
subies par les producteurs, celle-là
n'est pas la moins redoutable. Elle
surfe sur une tendance de fond, le
souci légitime du bien-être animal,
mais elle charrie des mesures qui
feraient passer le programme
économique de la Nupes pour une
ordonnance d’homéopathie. Entre
autres, réduction sous cinq ans de
50 % de la production et de la
consommation de produits
d’origine animale. Hum…
En réponse, achetez du foie gras !
1 % de voix dans le Gers dans la
2e circonscription, le « péril »
animaliste est encore loin. Il l’est
aussi parce que les jeunes, de plus
en plus sensibles à ces questions,
ne votent pas beaucoup. Mais
demain ?
En attendant, il faut épauler les
producteurs gersois, acheter leurs
foies gras et autres confits, les
défendre, si on les a vus faire de
près, lorsqu’ils sont injustement
attaqués sur leurs méthodes. La
baisse de la production de canards
ces dernières années est déjà
spectaculaire. Le magazine que
vous avez entre les mains, qui a
pour l'instant échappé à toute
grippe, ne veut pas être le dernier.
Hugues de Lestapis
Le Canard Gascon
Site web : lecanardgascon.com - Mail : lecanardgascon32@gmail.com - Tél. : 06 61 34 29 32
Directeur de la publication & rédacteur en chef : Hugues de Lestapis.
Rédaction : Ingrid Carlander, Jean-Claude Ulian, Ostau Gascon.
llustrations : Elger & Franck Raynal. Mots croisés : François Sumien.
Imprimeur : BCR Gimont (Gers).
Éditeur : Les Éditions Guilleragues - 13, place Descamps - 32700 Lectoure
Dépôt légal : 2e trimestre 2022
Photo de couverture : © Adobe Stock - Autres photos : Le Canard Gascon ou D.R.
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