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Chanson<br />
Dans la famille Cabrel, je demande la sœur<br />
Martine Cabrel, sœur cadette de Francis, a sorti un premier album sous le<br />
nom d’artiste Sora. Le public ne s'y est pas trompé.<br />
Depuis mai dernier, Sora se produit en concert, notamment dans le Gers, ne la ratez pas !<br />
S<br />
œur de » peut-être, mais pas<br />
tant que ça. L’album Un peu<br />
de moi est bien d’elle seule.<br />
Son grand frère ne s’en est pas<br />
mêlé. Martine Cabrel l’a financé<br />
elle-même au moyen (entre autres)<br />
d’une cagnotte Leetchi, elle l’a<br />
conçu et enregistré avec des amis<br />
musiciens.<br />
Résultat, un vrai CD, superbement<br />
illustré, avec un livret, comme les<br />
pros. Dans un monde parfait, on<br />
aurait dû en entendre parler il y a<br />
deux ans lors de sa sortie. Et puis<br />
la pandémie, avec toutes ses<br />
conséquences, en a décidé<br />
autrement. Aujourd’hui, en ce<br />
printemps 2022, cet album est à la<br />
relance, et Martine Cabrel va enfin<br />
pouvoir le défendre à la loyale, via<br />
un premier clip diffusé à la mimars<br />
sur les réseaux sociaux, sur<br />
sa chaîne You Tube Sora artiste, et<br />
évidemment sur scène (1). Elle en<br />
parle comme d’un « projet de vie »<br />
à réaliser « avant qu’il ne soit trop<br />
tard ».<br />
À l’âge d’emmener ses petitsenfants<br />
à l’école, elle réalise là un<br />
boisseau. On comprend sans peine<br />
la difficulté, avec un frère aussi<br />
connu et reconnu, de faire son trou<br />
dans la chanson. Martine parle<br />
même d’une forme de culpabilité.<br />
En outre, elle s’est mise en tête<br />
d’écrire des paroles,<br />
quelle audace ! Que n’allait-on pas<br />
dire, quelle comparaison ne<br />
manquerait-on pas de faire !<br />
Folk, blues, jazz...<br />
Sans renier un patronyme dont elle<br />
se dit « fière », elle a préféré<br />
prendre un nom d’artiste : Sora, ce<br />
qui signifie oiseau chantant prenant<br />
son envol, en amérindien. L’envol<br />
en question, tardif ou pas, est une<br />
réussite, Francis le lui a dit.<br />
« J’attendais une reconnaissance de<br />
mon frère, je l’ai eue », dit-elle<br />
avec une pointe de soulagement.<br />
En fait, elle n’avait rien à redouter.<br />
L’album Un peu de moi est une<br />
caresse pour l’oreille. Il explore<br />
plusieurs univers, du folk au blues<br />
en passant par le jazz. Il y a de<br />
l’accordéon, de l’harmonica. Au<br />
jeu des correspondances, toujours<br />
risqué, un peu de Véronique<br />
Sanson, ou d’Isabelle Boulay.<br />
Les textes, en français, ont du<br />
relief. Ils expriment la fragilité, la<br />
force aussi, peut-être la revanche.<br />
On y devine une vie agitée, faite<br />
de grands hauts et de grands bas<br />
sûrement beaucoup d’amour, des<br />
abandons aussi. Elle en a écrit cinq<br />
sur neuf, dont Garde-moi, notre<br />
préférée, du velours.<br />
Comme tous les Cabrel (sa mère,<br />
ses deux frères, ses fils…), Martine<br />
18<br />
a ses attaches à Astaffort, au sud du<br />
Lot-et-Garonne, tout près du Gers.<br />
« Petite, je courais les radiocrochets<br />
et je les gagnais tous, ou<br />
presque », dit-elle amusée. Mais<br />
c’est Francis qui a fait carrière, et<br />
quelle carrière.<br />
Des ciseaux avant le micro<br />
À défaut de micro, Martine a eu<br />
des ciseaux. Elle est devenue<br />
coiffeuse dans différents endroits,<br />
dont Paris et Arcachon. À un<br />
moment de sa vie, déjà mère de<br />
trois enfants, elle a voulu s’installer<br />
au Québec. Pas tout à fait un<br />
hasard. Il y a un lien d’amitié «<br />
historique » entre Astaffort et ces<br />
terres lointaines, Martine préside<br />
d’ailleurs l’association Guyenne,<br />
Gascogne, Québec. Une de<br />
chansons de l'album évoque la<br />
belle Province, une autre puise<br />
dans le répertoire amérindien. Sora<br />
est attendue en août en Acadie.<br />
Pour l'heure, elle doit faire<br />
entendre et aimer ses chansons.<br />
Avec deux ou quatre musiciens<br />
selon la formule, les neuf titres de<br />
l’album, des reprises, et des<br />
conversations intimistes avec le<br />
public, Martine « tient la scène »,<br />
selon la formule d’un de ses<br />
proches qu’il l’a vue en Agenais.<br />
« Et pourtant je suis malade de trac,<br />
mais il doit se passer un truc parce<br />
qu’à la fin les gens sont debout ».<br />
Nous aussi.<br />
H.L.<br />
(1) Dans le Gers, après Tournan,<br />
Flamarens, Saint-Avit, en mai et<br />
juin, RV le 21 <strong>juillet</strong> 20h30 au<br />
domaine de Boulouch, à Lectoure.<br />
Album disponible sur Spotify et Deezer<br />
Au château de Flamarens, photo V. Schmitt.