AUTOINSIDE Édition 7/8 – Juillet/Août 2022
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POLITIQUE & DROIT<br />
« Pouvoir participer à la recherche de solutions : cette raison a suffi à me motiver »<br />
Le troisième politicien<br />
élu à la tête d’une<br />
association routière<br />
« Pour moi, la voiture est bien plus<br />
qu’un moyen de locomotion pratique.<br />
C’est en fin de compte un<br />
style de vie, un sentiment de liberté<br />
que de pouvoir aller n’importe<br />
où à tout moment et à la dernière<br />
minute », dit Albert Rösti, nouveau<br />
président d’auto-suisse.<br />
Photo : Karl-Heinz Hug<br />
Albert Rösti, conseiller national UDC bernois,<br />
est le nouveau président d’auto-suisse,<br />
l’association regroupant les importateurs<br />
officiels d’automobiles. Il estime que la<br />
mobilité en Suisse est confrontée à des<br />
défis majeurs et qu’il est impératif<br />
qu’auto-suisse, l’ASTAG et l’UPSA<br />
collaborent étroitement. Reinhard Kronenberg<br />
Qu’est-ce qui vous a principalement poussé à<br />
briguer le poste de président d’auto-suisse ?<br />
Albert Rösti, président d’auto-suisse : La<br />
mobilité est confrontée à des défis majeurs<br />
en Suisse. Il s’agit d’une part de trouver un<br />
moyen pour que l’infrastructure nécessaire à<br />
la mobilité, tant publique que privée, puisse<br />
tenir le rythme de la croissance démographique.<br />
D’autre part, la branche automobile<br />
est confrontée à un profond bouleversement<br />
technologique. Elle passe en effet d’un moteur<br />
fonctionnant à l’aide d’énergies fossiles à tout<br />
autre chose : l’électromobilité, l’hydrogène et<br />
les carburants de synthèse dans le but de réduire<br />
les émissions de CO 2 . Dans ce contexte,<br />
nous devons également réfléchir au financement<br />
futur de l’infrastructure routière, qui est<br />
menacée sous sa forme actuelle si de plus en<br />
plus d’automobilistes adoptent l’électromobilité.<br />
Pouvoir participer à la recherche de solutions<br />
visant à relever ces défis : cette raison a<br />
suffi à me motiver à briguer la présidence. En<br />
tant que membre de la Commission de l’environnement,<br />
de l’aménagement du territoire<br />
et de l’énergie (CEATE), je me penche depuis<br />
plus de dix ans sur des problématiques politiques<br />
liées à l’automobile.<br />
Les véhicules électriques ou rechargeables<br />
sont à la fois une malédiction et une<br />
bénédiction. Ils réduisent les émissions de<br />
CO 2 et donc le risque de sanctions, mais<br />
l’infrastructure ne tient pas le rythme et une<br />
pénurie d’électricité se dessine. En tant que<br />
nouveau président, comment aborderez-vous<br />
cet exercice d’équilibriste ?<br />
Je suis convaincu que l’évolution technologique<br />
qui nous mène aux véhicules électriques<br />
va continuer d’avancer. Mais il est effectivement<br />
absurde que les pouvoirs publics subventionnent<br />
l’électromobilité alors qu’une pénurie<br />
d’électricité menace la société. Je pense que pour<br />
encourager au mieux l’électromobilité, l’important<br />
est d’installer suffisamment de sources de<br />
production d’électricité, pas de pénaliser les véhicules<br />
fonctionnant à l’aide d’énergies fossiles<br />
par un durcissement constant de la loi sur le<br />
CO 2 . La transformation s’effectuera alors automatiquement,<br />
conformément aux principes qui<br />
régissent l’économie de marché.<br />
Concernant l’ infrastructure, c’est surtout<br />
dans la sphère privée, c’est-à-dire chez les<br />
locataires et les propriétaires par étage,<br />
que les choses coincent. Rien n’évoluera<br />
sans pressions ou incitations politiques<br />
supplémentaires. Avez-vous déjà un plan ?<br />
Dans son projet de nouvelle loi sur le CO 2 à<br />
partir de 2025, le Conseil fédéral propose un<br />
système d’encouragement pour les stations de<br />
recharge dans les complexes résidentiels, les<br />
entreprises et les parkings. C’est certainement<br />
une bonne idée, car il est ainsi possible d’obtenir<br />
de bons résultats sans dépenses excessives.<br />
Les bailleurs doivent notamment être<br />
incités à mettre en place une infrastructure de<br />
recharge pour leurs locataires. Dans le cas des<br />
propriétés par étage, nous devons également<br />
discuter d’un droit à une station de recharge<br />
sur sa propre place de parking. Les premiers<br />
arrêts de tribunaux défendent en partie le<br />
point de vue selon lequel les autres propriétaires<br />
doivent consentir à une telle installation.<br />
Le monde politique doit adapter la législation<br />
aux nouvelles réalités.<br />
Cerise sur le gâteau, la Confédération prévoit<br />
de cofinancer l’extension de l’infrastructure<br />
en grande partie par les sanctions sur le CO 2 .<br />
Or, les amendes infligées aux importateurs<br />
vont fortement baisser en raison de l’augmentation<br />
constante de la part des véhicules<br />
rechargeables. auto-suisse exige désormais<br />
que les 30 millions de francs nécessaires aux<br />
subventions soient prélevés le cas échéant<br />
sur d’« autres sources ». Lesquelles ?<br />
Avec les impôts et taxes d’environ 80 centimes<br />
par litre d’essence ou de gazole prélevés « sur le<br />
dos » des voitures fonctionnant aux énergies<br />
fossiles, celles-ci versent aujourd’hui d’importantes<br />
contributions au budget général de la<br />
Confédération. Ainsi, en 2021, 1,2 milliard<br />
de francs provenant de l’impôt sur les huiles<br />
minérales ont été versés à la capitale fédérale<br />
sans affectation spéciale. Grâce à ces moyens,<br />
le financement des stations de recharge, qui<br />
est justifié, est tout à fait possible sans le<br />
moindre durcissement des sanctions.<br />
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<strong>Juillet</strong><strong>–</strong><strong>Août</strong> <strong>2022</strong> | <strong>AUTOINSIDE</strong>