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parviendront pas à la ramener de la matinée. Nos Jag<br />
leur voleront au centuple le monopole des stridulations<br />
caniculaires<br />
Il m’échoit de commencer par la plus moderne des trois,<br />
la Type-E Lightweight, version GT compétition construite<br />
en alu en partant du roadster. Hardtop de rigueur donc,<br />
sous lequel on prend place casqué non sans nous infliger<br />
de multiples contorsions. La voiture est si basse en<br />
plus. Elle s’allège de 114 kg par rapport à la Type-E de<br />
série, en acier. Soit 1.040 kg tous pleins faits. Son « inline<br />
six », en alu toujours, développe 340 chevaux et un<br />
couple de 380 Nm. De quoi garantir un rapport poids/<br />
puissance qui dépote, y compris face à des supersportives<br />
d’aujourd’hui, toutes beaucoup plus puissantes et<br />
lourdes.<br />
PARACHEVER UNE ŒUVRE,<br />
SAUVER UN PATRIMOINE<br />
Dans un souci de traçabilité et d’authenticité, les<br />
modèles exclusifs Continuation reprennent toujours<br />
des plaquettes et des numéros de série qui ont existé.<br />
Soit il s’agit de finir un lot dont tous les exemplaires<br />
prévus à l’époque n’avaient été pas été construits (le<br />
cas des Type-E Lighweight et Type-D). Soit ce sont<br />
des exemplaires exhumés de la destruction (Type-C)<br />
ou d’un sinistre (les 9 SS, versions routières de la<br />
Type-D, qui périrent dans l’incendie de l’usine en 1957).<br />
ODE À L’ALU<br />
Contact. gnition Le 3,8 litres tonne au quart de<br />
tourcomme un volcan en éruption. On retrouve vite<br />
le tact ferme et jubilatoire des liaisons mécaniques<br />
directes: les tringles d’accélérateur commandant<br />
les 3 carbus Weber de concert, le levier de la boîte 4<br />
actionnant de très près les fourchettes de sélection, une<br />
pédale de frein en bois mais progressive. L’embrayage<br />
l’est moins et se met à brouter en cognant le temps<br />
de quitter l’arrêt. D’autres journalistes l’auront fait<br />
souffrir avant moi… C’est que notre exemplaire<br />
zéro– parfaitement suivi comme peut l’être une voiture<br />
de course hors de prix – a tout de même déjà quelques<br />
journées de piste à son actif<br />
Une fois lancé sur les premiers mètres, tout s’enchaîne<br />
à la perfection comme au volant d’une monture toute<br />
jeune. Catapulté par un moteur neuf, qui pète en carburant<br />
à la perfection sans brûler la moindre huile. Les<br />
vitesses passent bien, le double débrayage facilitant leur<br />
engagement. Fort démultipliée, la direction non assistée<br />
reste précise et communicative sur une suspension<br />
abaissée et durcie au maximum. Les pneus Dunlop et les<br />
freins à disques semblent assurer un travail mécanique<br />
de haut niveau en préservant longtemps leur mordant<br />
et leur fraîcheur.<br />
La Type-E Lightweight n’a pas la rigidité structurelle<br />
d’une sportive d’aujourd’hui, mais son agilité et ses<br />
performances nous ont bluffés. Une cession dans l’habitacle<br />
cosy moins surchauffé du coupé Reborn (Type E<br />
standard) – carrément silencieux lorsqu’on passe la 5e<br />
surmultipliée d’une bote 5 moderne – nous a laissé l’impression<br />
de prendre le volant d’une limousine…<br />
LES GLOIRES DU MANS<br />
Nous aurons plus d’air frais dans le cockpit de la<br />
dernière réalisation de Jaguar Classic Works, la Type-C<br />
Continuation qui nous laisse moins de place en dessous<br />
de la ceinture, avec notre genou droit qui coince le grand<br />
volant. Il faudra s’appliquer en prenant soin de ne pas<br />
forcer notre talent, afin de ne prendre aucun risque de<br />
mettre cet exemplaire impayable au tas. Son 6 cylindres<br />
de 3,4 litres affiche une puissance plus sage (220ch)<br />
mais un couple impressionnant (298Nm). Bien qu’elle<br />
n’offre aucune assistance d’aucune sorte, cette célébrité<br />
du Mans s’est pourtant laissé facilement prendre en<br />
main. La perfection apportée à l’assemblage y est pour<br />
quelque chose.<br />
Si la Type-C empruntait des éléments retravaillés de la<br />
suspension et du groupe motopropulseur de la 120,<br />
elle recevait un châssis tubulaire et une carrosserie en<br />
alu conçue par un ingénieur aéronautique. Elle utilisait<br />
pour la première fois des freins à disque en compétition,<br />
dont le circuit hydraulique était alimenté par une<br />
pompe montée sur la boîte de vitesses. Le toucher de<br />
frein est particulièrement naturel et l’effort facile à<br />
doser. L’espace des pédales est exigu mais reste exploitable<br />
au talon-pointe. La Type-D, qui lui succéda avec son<br />
empennage caractéristique, s’est révélée moins conciliante<br />
à manier. J’ai regretté mes ballerines de pilote…<br />
Chaussures FIA obligatoires. Exigeante, cette détentrice<br />
du plus beau palmarès de Jaguar engrangé au Mans<br />
nous a logiquement intimidés. Quel vacarme Quelle<br />
sauvagerie féline Comme la Type-E Lightweight, le<br />
staff aura préféré la démarrer à la poussette avec la joie<br />
du potache ; ici dans le souci de pallier une faiblesse du<br />
démarreur. Ça faisait longtemps qu’on avait vu, en bord<br />
de piste, des mécaniciens sourire aux anges. Jaguar ne<br />
fait là que réhabiliter l’automobile, la vraie •<br />
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