Portrait du Comte Michel Walram de Borchgrave

Portrait du Comte
Michel Walram de Borchgrave
Prévôt de Tongres et grand prévôt de Saint-Lambert,
décédé le 19 juin 1782.
bulletin des musées de la Ville de Liège hors série n° 59 septembre 2018
septembre 2018
1

Livret d’accompagnement
à l’occasion de l’accrochage du portrait du comte Michel Walram
de Borchgrave, prévôt de Tongres et grand prévôt de Saint-
Lambert, décédé le 19 juin 1782.
Les passeurs vertueux
Qu’est-ce qu’un musée ? Un lieu dans lequel on rassemble, on classe, on restaure des collections
d’objets présentant un intérêt technique, scientifique ou artistique.
Grand Curtius,
Féronstrée 136 à 4000 Liège
Du lundi au dimanche, de 10 h à 18 h
Fermé le mardi
Textes :
Christine Maréchal, Michel Walram de Borchgrave (1716-1782)
Christophe Remacle, Traitements de conservation-restauration
Direction générale des musées de
la Ville de Liège : Jean-Marc Gay
Direction administrative - coordination : Pauline Bovy
Informations :
00 32 (0)4 221 68 17
www.lesmuseesdeliege.be
Exposé au Grand Curtius, ce très beau portrait de Michel
Walram de Borchgrave a pu rentrer dans les collections
des musées de la Ville de Liège grâce à la générosité de
ses descendants.
Nous tenons à remercier tout particulièrement Mme
Catherine de Borchgrave et M Rodolphe de Borchgrave
pour leur générosité et leur contribution essentielle à cette
publication.
Michel-Walram Borchgrave est devenu grand prévôt en
1772, le portrait le représente en tenue de dignitaire de la
cathédrale Saint-Lambert; le tableau se situe entre 1772 et
1782, date de son décès.
L’auteur n’est pas à ce jour connu et nous espérons que
des études prochaines pourront proposer l’une ou l’autre
attribution.
Mais la finalité du musée vise aussi à présenter un échantillon de ces œuvres à un public dont le
profil épouse la diversité du spectre social.
Parfois, ce lieu devient une sorte de vitrine pour la ville où il se trouve tant la qualité de son contenu
attise le feu de la curiosité de personnes averties voire peu initiées.
Sa promotion s’installe, logique intégrée oblige, dans celle, plus large, de la ville. Ce n’est pas
négligeable pour attirer les visiteurs d’autres villes et d’autres pays.
Cependant, il semble incongru d’occulter une question importante : de quoi ce musée est-il le
nom ?
On convoquera l’histoire de la ville dont il est en quelque sorte le produit. Et dans cette trame on
identifiera à n’en point douter des donateurs.
Ils sollicitent avec la direction d’un musée et son personnel scientifique un dialogue qui emporte
une part de leur histoire familiale. C’est souvent l’occasion de mieux prendre la mesure de la
richesse du matériau qu’ils mettront à disposition de la ville.
Il nous incombe alors une responsabilité importante : celle de préserver voire de restaurer ce
patrimoine nouveau pour en offrir le meilleur reflet au bénéfice de nos visiteurs en déployant avec
nos équipes des trésors de créativité.
Rappelons donc l’importance des donations dans la substance qui fait l’intérêt du contenu de nos
musées. L’hommage rendu à Michel-Walram de Borchgrave en offre l’opportunité.
Jean Pierre Hupkens
Échevin de la Culture et de l’Urbanisme
Liège•museum
Hors série n°59 du bulletin des musées de la Ville de Liège.
Éditeur responsable : Jean Pierre Hupkens.
92, rue Féronstrée, be-4000 Liège.
museum@liege.be
Imprimé à 100 exemplaires sur papier recyclé, sans chlore,
par l’Imprimerie de la Ville de Liège.
Liège, septembre 2018.
septembre 2018
2
septembre 2018
3

1
Michel Walram de Borchgrave (1716-1782)
(par Christine Maréchal)
Seigneur de son temps
En 2015, la collection du Grand Curtius de Liège s’est enrichie d’une donation significative
ayant pour cadre l’histoire de la principauté de Liège au xviii e siècle 1 . L’œuvre donnée par la
comtesse Catherine de Borchgrave d’Altena au département de la Culture la Ville de Liège est
un portrait peint du comte Michel Walram de Borchgrave. La convention signée le 19 septembre
2015 stipule notamment qu’il fera partie des collections en exposition permanente au
musée liégeois.
Une telle reconnaissance est justifiée non seulement par la qualité du tableau mais encore par
les titres politiques et religieux du comte Michel Walram 2 . Né dans le comté de Looz, baptisé
à Marlinne ou Marleyns 3 proche du château de Bovelingen le 30 novembre 1716, Michel
Walram est comte de Borchgrave, baron d’ Elderen et seigneur de Bovelingen, de Seilles,
Terlamen, Herderen, Rimst, Membruggen et Mall. Il est fils de Michel-François de Borchgrave
et de Marie-Thérèse de Geloes 4 .
Les Delices du Païs de Liége, 5 volumes dirigés par Pierre-Lambert de Saumery
entre 1738 et 1744 et édités par le libraire liégeois Everard Kints, constituent
une somme d’informations iconographiques et descriptives particulièrement utile
puisque contemporaine du jeune Walram. La notice du tome III page 375 illustre
avantageusement la demeure qui doit être son lieu de naissance : le « Château
de Boveling, avec la Seigneurie des Villages de Marlines et de Rocquelange, est
un fief noble du Comté de Looz, qui a apartenu à la Famille de Schroots jusqu’au
tems des révolutions, qui changèrent le sort des Païs-Bas. Ce fut alors qu’un
Seigneur, nommé Borchgrave, issu des Comtes d’Altena, vint s’établir dans ce
Païs, où il épousa l’ Héritière de Schroots, par qui la Terre de Boveling est passée
à ses Décendans, qui y vivent aujourd’hui dans un éclat digne de leur illustre
origine, l’ainé de la Famille étant actuellement admis à l’Etat noble du Païs de Liége ». On comprendra
que le château de Bovelingen est passé dans la famille par le mariage de Michel de
Borchgrave avec l’héritière de Schroots en 1616 ; l’illustre ainé admis à l’Etat noble du Pays de
Liège étant Michel-François de Borchgrave d’Altena. Celui-là même qui dut acheter à l’éditeur
des Délices le droit de voir figurer dans la publication la vue gravée de son château rehaussée
de ses armes. La maison de Borchgrave porte pour armes : d’argent aux deux bars adossés
de sable 5 .
Au xviii e siècle, il a encore fière allure avec ses douves, sa ferme protégée par une haute tour,
son pont-levis entre la basse-cour et la demeure construite dans un style mosan : en brique
et pierre, ceinturée d’eau. La tour carrée est reconnaissable surmontée d’une toiture à quatre
pans terminés par un bulbe.
Walram fera partie de cette génération quelque peu protégée par une paix relative que connait
le comté de Looz fief de la principauté de Liège. Au lendemain des batailles de Rocour (1746)
et Lafelt (1747), le jeune noble quitte Bovelingen et revient sur les terres familiales de Genoels
Elderen. Le cadre est désormais apaisé, le paysage légèrement vallonné et boisé. Il donne
alors au château-donjon une allure résidentielle, le transforme en profondeur en 1752 et
l’agrémente d’un parc en terrasses.
Peu enclin à rester sur ses terres, Il se tourne ensuite vers la capitale principautaire
où il servira successivement trois princes-évêques aux personnalités
si peu conventionnelles : Jean-Théodore de Bavière (de 1744
à 1763) le mondain, Charles d’Oultremont (de 1763 à 1772) le bienaimé
prince pieux et François-Charles de Velbruck (de 1772 à 1784)
le prince philosophe. Il profite certainement de la prospérité quelque
peu retrouvée, de la paix religieuse dans une société très écclésiastique
et moraliste mais avec ce singulier paradoxe d’évoluer dans une
deuxième partie de siècle aux ambitions philosophiques : les ambitions du
Journal encyclopédique de Pierre Rousseau 6 , les prédictions fatalistes du Mathieu
Laensbergh 7 , l’abondance d’imprimeurs aux multiples contrefaçons. Peut-être aussi a-t-il croisé
des peintres portraitistes comme Defrance, Aubée, Dreppe, Rhenastène.
1. P.L. de Saumery. Les Délices du Païs de Liége. 1738-1744
Bibliothèque Ulysse Capitaine
2. Remacle Leloup. Vue du château de Boveling. [1738-1744].
Dessin
Bibliothèque Ulysse Capitaine
3. Vue du château de Boveling. [1738-1744]. Gravure aquarellée
Bibliothèque Ulysse Capitaine
4. Blason de Michel Walram de Borchgrave.
5. Remacle Leloup. Vue du château de Genoels-elderen.
[1738-1744]. Dessin
Bibliothèque Ulysse Capitaine
6. P.J. Delcloche. Jean-Théodore de Bavière, prince-évêque
de Liège (1703-1763)
Huile sur toile, 47,5 X 36,5 cm
Grand Curtius
7. Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, prince-evêque
de Liège, (1716-1771)
Huile sur bois, 1765, 43,5 X 36 cm
Grand Curtius
6
7 8
5
2 3 4
septembre 2018
4
8. François-Charles de Velbrück, prince-evêque de Liège
(1772-1784)
Huile sur toile, 59 X 47 cm
Grand Curtius
septembre 2018
5

Chanoine tréfoncier de Saint-Lambert
Il est donc probable mais non encore avéré que le jeune Walram ait passé son enfance au
château de Bovelingen avant de s’engager dans une « carrière » religieuse que l’on peut qualifier
de classique.
Elle commence à Liège au chapitre de la cathédrale Saint-Lambert. L’Etat primaire de la nation
est composé de chanoines prébendiers pourvus de revenus ecclésiastiques appelés prébendes
et tréfonciers détenteurs du tréfonds ou sol patrimoine du diocèse et héritage de saint
Lambert 8 . Le 17 août 1741, le jeune Walram accède au poste de coadjuteur 9 de son grandoncle
Jean-Louis d’Oyembrugge chanoine noble tréfoncier du chapitre de Saint-Lambert de
Liège. Durant cette période intermédiaire du coadjutariat de chanoine, il n’est pas considéré
comme un vrai chanoine mais un canonicus fictus, le bénéfice du principal n’étant attribué
qu’à sa mort. Coadjuteur, il est toutefois tenu de déservir dans la cathédrale à la place de son
principal et à sa demande, mais ne peut servir dans le chœur ni avoir voix au chapitre sans le
principal ou avec son consentement 10 . Ce poste d’auxiliaire lui assure une nomination immédiate
au décès du titulaire, le 3 septembre 1753.
Ses fonctions comprennent entre autres l’obligation de chanter les heures canoniales aux sept
offices et de remplir des missions pour le prince-évêque. En matière de compétence, la plus
importante sera l’élection du prince. Afin de discuter des matières juridictionnelles, politiques et
administratives, Walram est tenu comme ses congénères de se réunir en chapitre à plusieurs
reprises par semaine.
9. J.G. Bergmüller. Vuë de la Grande église de St Lambert à
Liege. 1738. Gravure
Bibliothèque Ulysse Capitaine
10. La cathédrale et ses encloîtres à la fin de l’Ancien Régime
erlevé par
Ed. de Marneffe.
11. L’église Saint-Clément et Saint-Trond jouxtant la propriété
de Borchgrave.
10
11
9
septembre 2018
6
septembre 2018
7

On notera que Walram occupe certainement une maison canoniale affectée à sa charge, avant
d’acheter un bien tel qu’il apparait sur son testament 11 présenté pour approbation au chapitre
de la cathédrale de Liège le 21 juin 1782 : le grand-prévôt lègue à celui de ses neveux qui aura
la prébende, sa terre d’Elderen comme sa maison liégeoise autrefois occupée par le Prince
de Salm, en l’occurrence l’ancien Hôtel de Hinnisdael 12 . La demeure est située au pied des
degrés de Saint-Pierre, très proche de l’église saint-Clément, à la gauche du Beau portail de
la cathédrale. Un relevé de la « cathédrale, ses encloîtres et leur entourage à la fin de l’Ancien
Régime » par Edgard de Marneffe et édité par Joseph Philippe 13 l’attribue encore en 1790 à la
famille de Borghrave. L’héritage du grand-prévôt sera vendu en deux parties le 14 nivôse An
XII par Guillaume-Georges-François de Borchgrave.
Prévôt de la Collégiale de Tongres
Walram est un homme de son temps. Comme d’autres chanoines riches de leurs prébendes,
il siège dans le tout puissant chapitre de Saint-Lambert, un des plus prestigieux de l’Empire
et n’hésite pas à cumuler les dignités. Ainsi, à la mort inopinée de leur prince-évêque Charles
d’Oultremont, les chanoines de Saint-Lambert se réunissent le 11 novembre 1771 pour nommer
son successeur au titre de prévôt de la collégiale Notre-Dame de Tongres. Déjà pressenti,
Walram est choisi sans obstacle au sein de ses pairs et reçu par le chapitre de Tongres le 7
janvier 1772 13 . Cette charge spirituelle et temporelle se résume finalement à la surveillance
des chanoines, l’administration des biens et la direction des âmes. Notons qu’elle a perdu
considérablement de son importance.
12
Après la mort de Walram, en 1785, ses héritiers remettront au chapitre de Tongres une chasuble
en draps d’or parsemée de fleurs rouges et vertes, avec les armoiries du donateur 14 .
Elle est désormais conservée au trésor de la collégiale.
Grand prévôt de Saint-Lambert
Le 11 novembre 1772, par décision unanime du chapitre de la cathédrale, il accède à la dignité
de prévôt de Saint-Lambert ou grand prévôt devenant par ce titre archidiacre de la cité de
Liège. Nomination saluée dans la Gazette de Liége du 13 novembre 1772 : « La justice rendue
aux éminentes qualités et au mérite supérieur du Comte de Borchgrave, a excité l’applaudissement
général » 15 . Avec cette fonction prestigieuse, il dirige les affaires temporelles du chapitre :
gestion des biens capitulaires et prébendes, gestion de tous les fonctionnaires 16 et missions
particulières. La Clef du Cabinet des princes de l’Europe, sorte de compilation des événements
européens relaye aussitôt sa nomination en ces termes élogieux : « la haute naissance de ce Seigneur
et bien plus ses éminentes qualités du cœur et de l’esprit, ont beaucoup fait applaudir ce
choix » 17 .
12. Remacle Leloup. Vue de L’Eglise colegialle de Tongre. [1738-1744].
Dessin
Bibliothèque Ulysse Capitaine
septembre 2018
8
septembre 2018
9

Cette charge de grand prévôt est souvent considérée comme un marche-pied à l’élection
de prince-évêque. Ce que ne connaitra pas Walram. Empêché par une maladie, il ira jusqu’à
déléguer ses pouvoir au comte de Geloës pour l’élection de Velbruck en 1772. Peut-être
faut-il y voir un effacement au profit de ce dernier. Ce qui n’empêche pas le grand prévôt de
bénéficier des honneurs de son rang. C’est ainsi que le 26 avril 1773, le chapitre lui délègue
l’honneur d’accueillir et complimenter le prince de Nassau-Weilbourg, beau-frère du Prince
d’Orange des Provinces-Unies. La Gazette de Liége du 28 avril 1773 relate brièvement que le
prince est descendu à l’hôtel de la Cour de Londres, prestigieux établissement situé en Hors-
Château, où s’est rendu un détachement des troupes liégeoises avec drapeau et tambours,
et « où son Altesse fut complimetée [… ] de la part de l‘Illustre Chapitre Cathedral, par Mgr le
Comte de Borchgrave, Grand-Prévot ».
Autres charges et titre
Noblesse oblige, Walram est aussi membre de l’Etat noble du comté de Namur où la possession
d’un fief permet de siéger en cet état - rappelons que Walram est seigneur de Seilles
(depuis 1753) - et pair du comté de Looz. Il est fait aussi comte du Saint-Empire romain germanique
le 10 septembre 1745. À Liège, la plupart des familles chapitrales du Pays reçoivent
du vicaire de l’Empire le titre de comte du Saint- Empire romain.
13
Le calendrier des tréfonciers du chapitre cathédral de Liège, quatrième
modèle (1736- 1794) année 1782 est aujourd’hui montré dans le parcours
chronologique du Grand Curtius 18 , section les acteurs du pouvoir.
Il s’agit d’un calendrier gravé, burin et eau- forte de 87,1 X 168
cm conservé dans les collections du Musée d’Art Religieux et d’Art
Mosan. Ce calendrier qui perdura pendant les deux derniers siècles
de l’Ancien Régime devait reproduire les mutations dans le chapitre
et en donner l’image. Dans les blasons disposés par ordre hiérarchique,
apparaissent, isolées en tête de la première colonne des chanoines
tréfonciers, les armoiries du prévôt de Liège Michel Walram de
Borchgrave.
14
Une carrière administrative
Walram siège aussi à l’Assemblée des Etats au sein du puissant Etat primaire qui regroupe les
chanoines de Saint-Lambert. Avec ce titre, il apparait en 1757 dans la liste du « personnel » ou
juge du Tribunal des XXII, juridiction extraordinaire chargée de réprimer tous les abus d’autorité
et les dénis de justice. Il y est cité en qualité de réviseur 19 . Cette charge a été obtenue par
nomination au sein du chapitre de Saint-Lambert.
Homme certainement capable, il obtient également une fonction administrative dans le cadre
de la Chambre des comptes ou des finances dont il deviendra président en 1772. Sous
l’Ancien Régime, les droits régaliens des princes de Liège sont étendus, ces derniers jouissent
de l’usufruit des domaines considérés comme biens écclésiastiques inaliénables. Durant leur
règne, les évêques ont droit d’administrer le domaine ou « mense » épiscopale et domaines
particuliers. Pour ce faire, ils se font aider par une administration particulièrement complexe et
gérée par des personnes qu’ils désignent. La Chambre des comptes gère ainsi les revenus
des différentes recettes, mais se révèle aussi compétente en matière administrative et judiciaire.
En tant que président, Walram prépare les sujets, énonce les propositions de résolu
Après s’être consacré, sans doute avec zèle, à une carrière somme toute classique dans
l’Ancien Régime, Walram décède en son château de Genoels-Elderen le 19 juin 1782. Alors
que le service funèbre a lieu le 16 juillet 1782 dans l’église paroissiale, sa dépouille sera ramenée
à Liège dans la chapelle Saint-Lazarre de la cathédrale Saint-Lambert 20 . Un avis plutôt
sibyllin de la Gazette de Liége du mercredi 17 juillet 1782 annonce en fin de 8 e page, espace
habituellement destiné aux annonces liégeoises, le décès du comte de Borchgrave « universellement
regretté » [sic]. Le chapitre cathédral élira très rapidement Ferdinand de Haxhe de
Bomal son successeur en qualité de grand prévôt.
Henri Hamal, organiste et maître de chapelle à la cathédrale Saint-Lambert, auteur d’une précieuse
Notice sur les objets d’art, avec le nom des auteurs, qui se trouvaient dans les églises
de la ville de Liège en 1786 relève dans la « chapelle qui est contre le chœur une Résurrection
de Lazare (enlevée pour Paris) […] Le Mausolée du baron d’Elderen qui se trouve dans
la même chapelle est de maître Claude Rulquin » 21 . Le mausolée évoqué par Hamal pourrait
bien être le mausolée familiale dans lequel Walram sera inhumé en 1782.
13. Calendrier du chapitre cathédral de Liège, quatrième modèle (1736-1794), année 1783
MARAM – Grand Curtius
septembre 2018
10
14. Remacle Leloup. Vue du château de Seilles. [1738-1744]. Dessin
Bibliothèque Ulysse Capitaine
septembre 2018
11

Au chapitre honorifique, la Bibliothèque Ulysse Capitaine conserve dans ses fonds un ouvrage
imprimé dont l’auteur n’est pas un inconnu. Gilles Légipont curé de la paroisse Saint-Georges
à Liège, examinateur au synode et surtout apologiste s’est distingué par ses attaques contre
Pierre Rousseau et son Journal encyclopédique. En 1782, il publie à Liège chez la Veuve
Bourguignon le De Morali christiana 22 dans lequel il défend ses idées sur la morale chrétienne.
Avec les louanges des plus classiques, l’apologiste dédicace son ouvrage surmonté d’un
bandeau à l’Illustrissimo ac reverendissimo D. Domino Comiti A Borchgrave soit par opportunité,
soit pour témoigner ses sentiments à la mort du comte.
Le portrait armorié
Le portrait placé dans son très beau cadre d’origine est somme toute des plus classiques pour
l’époque, sans doute réalisé lors de l’accession au titre de tréfoncier.
Walram de Borchgrave n’est titulaire d’aucun grade théologique. Le portrait dont l’auteur n’est
pas identifié est armorié. En bas à gauche, le blason sans devise : l’ornement extérieur est
une couronne à cinq fleurons en tenant, d’argent à deux saumons adossés de sable.
À l’arrière-plan, la mise en scène est richement représentée par un drapé ceint d’une cordelière
à gland, d’un ocre et d’un bleu profonds. Walram est assis légèrement de biais. Il porte
perruque poudrée à trois rouleaux, sa main droite repose sur l’accoudoir d’un fauteuil et la
gauche tient la calotte rappelant certainement le port de la tonsure. Nulle trace de la croix
des chanoines tréfonciers mais un rabat écclésiastique sur son camail de couleur pourpre - le
camail ne faisant pas partie de l’habit liturgique - l’emploi de la couleur rouge cardinal accentue
certainement les honneurs et sa situation sociale. Son habit de chanoine est complété
par un rochet en dentelles.
Sans surprise, Walram est représenté de manière avantageuse : œil vif, esquisse de sourire,
opulence à la limite de la familiarité courtoise.
15
BibIiographie
1 Séance du Conseil communal de la Ville de Liège du
22 juin 2015, point 119.
2 L’orthographe de son prénom varie légèrement selon
les publications. On trouve Walramme-Michel, Walrame
Michel, Michel Walrave, Michel-Waleran, Michael-
Walramus sous sa version latine.
03 Actuellement commune de Heers – Le château
de Bovelingen propriété de la famille de Borchgrave
entre 1690 et 1920 se trouve sur le territoire de cette
commune.
04 Chevalier J. de Theux de Montjardin, Le chapitre de
Saint-Lambert à Liége, Bruxelles, Imp.
Gobbaerts, 1871-1872, p. 74-75.
05 Léon de Herckenrode, Collection de tombes,
épitaphes et blasons recueillis dans les églises et
couvents de la Hesbaye, auxquels on a joint des notes
généalogiques sur plusieurs anciennes familles qui ont
habité ou habitent encore ce pays, Gand, F. et
E. Gyselynck, 1845, p. 337-340.
06 Le premier n° paru le 1
er
janvier 1756 imprimé et
vendu par Everard Kints. Cependant Rousseau quittera
en 1759 la principauté en fuyard pour la poursuite de
son entreprise.
07 Mathieu Laensbergh, Almanach supputé sur le meridien
de Liege, Liège, Editeurs divers, 1636-....
La collection du fonds Capitaine regroupe 132
volumes.
8 Les chanoines qui avaient fait preuve de quartiers de
noblesse accédaient au titre de tréfoncier. Les quartiers
de noblesse définissent les titres de noblesse d’une
personne en fonction des titres de noblesses de ses
ascendants., De Theux, op.cit.
09 auxiliaire destiné à la succession.
10 A. De Schodt, Le chapitre de la Cathédrale de
Saint-Lambert à Liège, et ses méreaux ou jetons de
présence, Bruxelles, Fr. Gobbaerts, 1875. C. M.T.
Thys, Le châpitre de Notre-Dame de Tongres, 3 vol.,
Académie d’archéologie de Belgique, 1888-1889,
Anvers, J. Plasky.
11 Archives Générales du Royaume à Liège. Arch. du
château de Lexhy. Papiers personnels. Y13-587.
12 Adolphe Delvaux de Fenffe, Liège : quelques
transformations : visages du passé, Liège, Georges
Thone, s.d, pp. 9-13 ; 11-113.
13 Joseph Philippe, La cathédrale Saint-Lambert de
Liège : gloire de l’Occident et de l’art mosan, Liège,
Eug. Wahle, 1979, p. 243.
14 Jean Paquay, Monographie illustrée de la collégiale
Notre-Dame à Tongres, Tongres, Imp. Collée, 1911,
p. 182. Tableau écclésiastique de la ville et du diocèse
de Liege. Pour l’an 1782, A Liege, chez L.J. Demany,
1782, p. 47.
15 Gazette de Liège. 13 novembre 1772, p. 4.
16 Les institutions publiques de la principauté de Liège
(980-1794), sous la direction de Sébastien Dubois,
Bruno Demoulin et Jean- Louis Kupper. t. I., Bruxelles,
Archives générales du royaume, 2012, p. 190.
A. Perreau, Recherches historiques sur les grands
prévôts du chapitre de St-Lambert à Liége, Tongres,
Imp. M.-F. Collée, s.d., (Extrait du Bulletin de la Société
scientifique et littéraire du Limbourg).
17 La Clef du Cabinet des princes de l’Europe, ou
Recuëil historique & politique sur les matieres du tems,
[Luxembourg], Chez Jacques le Sincère, à l’enseigne
de la Verité, janvier 1773, p. 58.
18 Calendrier du chapitre cathédral de Liège, quatrième
modèle (1736-1794), F. Destain pinxit. Marc Bouchat,
Mathias Clercx et la genèse du dernier calendrier des
chanoines tréfonciers de la cathédrale Saint-Lambert
de Liège (1729-1736-1794), dans Bulletin de l’Institut
archéologique liégeois, t. XCVII, 1985, p. 5-39.
19 Les institutions publiques de la principauté de Liège
(980-1794), sous la direction de Sébastien Dubois,
Bruno Demoulin et Jean- Louis Kupper. t. I, Bruxelles,
Archives générales du royaume, 2012, p. 551.Stanislas
Bormans, Chambre des Finances des Princes de
Liége, Liége, L. Grandmont-Donders, 1865.
21 Cette thèse est avancée par le chevalier de Theux
de Montjardin. Op. cit, p 74.
22
Aegidius Legipont, De Morali christiana, divina ejus
origine, aliisque eo spectantibus, Quam è Fontibus
Sacris, Scriptoribusque probatissimis excerpsit &
explanavit, Leodii, Vidua S. Bourguignon, [1782] daté
par X. de Theux de Montjardin, Bibliographie liégeoise,
col. 675. Etienne Helin, Contestaires et apologistes
au xviii e siècle : pour une nouvelle lecture de quelques
écrits de Gilles Légipont, dans Livres et lumières au
Pays de Liège 1730-1830, sous la direction de Daniel
Droixhe, Liège, Desoer, 1980, p. 51-72.
15. G. Légipont. De Moroli christiana. 1782. Dédicace
Bibliothèque Ulysse Capitaine
septembre 2018
12
septembre 2018
13

Par Christophe Remacle
Le portrait du Comte Michel Walram de Borchgrave d’Altena a fait l’objet d’une restauration en
2016 par le Service de Conservation-Restauration des Musées de la Ville de Liège.
Le support toile, doublé lors d’une précédente restauration, était en bon état et ne nécessitait
aucune intervention. Les travaux se concentraient sur la couche picturale et le cadre doré.
Traitements de conservation-restauration de la couche picturale :
La couche picturale, en assez bon état, était couverte d’un vernis dont l’apparence s’était
altérée avec le temps. Ayant perdu son aspect originel et devenu jaune, il modifiait l’effet chromatique
et les structures de la couche picturale. L’avant-plan et l’arrière-plan se fondaient en
un plan unique, annulant les effets de profondeur.
Après s’être assuré de l’absence de soulèvements de la couche picturale, celle-ci a été nettoyée
et dévernie. Le nettoyage superficiel a permis d’éliminer la crasse recouvrant la matière
picturale. Le dévernissage a nécessité l’usage de solvants.
Des retouches intégrées ont été pratiquées aux endroits lacunaires et dans des zones qui
présentaient une usure de la couche picturale. Enfin, une couche de vernis a été appliquée
en guise de protection.
Traitements de conservation-restauration du cadre doré :
La restauration du cadre a nécessité des interventions de surface, non structurelles. Très souvent,
la dorure d’un cadre est si endommagée que le propriétaire préfère l’ôter ou repeindre
le cadre. Cette opération est irréversible et fait disparaître un précieux témoignage. Heureusement,
le cadre du portrait du Comte n’a fait, auparavant, l’objet d’aucune intervention.
Les opérations ont été réduites au maximum. Tout d’abord, les soulèvements ont été fixés :
tombant en petits fragments au moindre choc, il importait en premier lieu de consolider la
dorure et les couches d’apprêts avec un fixatif réversible. Le fixatif employé avait l’avantage de
coller les écailles d’apprêt et de combler en même temps les vides existant entre le bois et la
préparation. Après la consolidation des différentes strates, le nettoyage a permis d’apprécier à
nouveau la qualité de la dorure.
Les nombreuses lacunes ont été mastiquées afin d’accueillir les retouches à l’aquarelle tandis
que des éléments de décor disparus ont été modelés avec du gros blanc.
septembre 2018
14
septembre 2018
15

Testament de Michel Walram de Borchgrave du 13 juin 1781,
approuvé par le chapitre cathédral de Liège le 21 juin 1782.
septembre 2018
17

septembre 2018
18
septembre 2018
19

septembre 2018
20
septembre 2018
21

septembre 2018
22
septembre 2018
23

septembre 2018
24
septembre 2018
25

septembre 2018
26
septembre 2018
27

septembre 2018
28
septembre 2018
29

septembre 2018
30
Archives Générales du Royaume à Liège. Arch. du château de
Lexhy. Papiers personnels. Y13-587.

septembre 2018
32
Liege• museum
hors série n° 59, septembre 2018