Brahim BANHAKEIA

Marc AURELI
Etudes méditerranéennes
et orientales
Myriam BENDHIF
Littérature française
Mon sujet d’étude porte sur l’influence
de A la recherche du
temps perdu de Marcel Proust sur les
romans de Jean Genet. L’homosexualité
est rapidement apparue
comme un enjeu majeur de ce travail.
Il s’agit non seulement d’un thème
central de ces œuvres, omniprésent
chez Genet, ou cœur du roman pour
Proust ; mais également d’un élément
biographique incontournable pour les
deux auteurs qui ont adopté des attitudes
diamétralement opposées face à
leur propre homosexualité : Proust a
cherché à la tenir cachée, alors que
Genet la vivait ouvertement, sans
revendication particulière. L’un a
tenté de la justifier, de l’expliquer
quasi scientifiquement, tandis que
l’autre a imposé son univers, sans
préambule, sans concessions.
Il m’a semblé que ce thème
s’inscrivait dans les problématiques
proposées par cette journée d’études
parce qu’il nécessite, en premier lieu,
une approche pluridisciplinaire : les
apports de l’histoire, de la sociologie,
de la philosophie sont plus que nécessaires
pour l’appréhender. Puis, parce
qu’il pose le problème de la minorité
face à la société, il renvoie à la notion
de culture : existe-il, au début du
XXème siècle, une communauté homosexuelle,
une culture homosexuelle ?
Quelle place lui accorde la culture
collective ? Quelles sont les attitudes
adoptées par les acteurs de cette culture
? Volonté d’intégration, rejet de
la culture dominante… Enfin, l’écri-
Les Morisques de Catalogne : La fin du mythe
( Résumé non communiqué )
L’écriture de l’homosexualité dans les romans
de Marcel Proust et Jean Genet
vain constitue un témoin privilégié de
son époque, il la reflète en proposant
sa propre vision de l’homosexualité
ou en traduisant des idées, des préjugés
propres à son époque. Il peut également
l’influencer, la faire réagir, ou
influencer ses successeurs.
Comment dire ce qui est tabou ?
Comment dire ce qui s’affronte inévitablement
aux valeurs dominantes de
la société, ce qui choque, ce qui force
cette société à s’interroger sur son
mode de fonctionnement, en touchant
ce qui se rapporte le plus à l’intime, à
savoir la sexualité ? Nous intéresserons
à la façon dont est écrite l’homosexualité
chez ces deux romanciers.
Quels sont les types de langage utilisés
? Quels sont les personnages
d’homosexuels inventés ? Quelle
place prend ce thème dans la narration
et dans le projet littéraire du
romancier ? Quels sont les messages
véhiculés par ces œuvres ? Proust est
le premier écrivain français à avoir
abordé le thème de façon aussi directe,
à faire reposer son projet artistique
sur l’homosexualité. Quant à Genet,
il a fait entrer dans la littérature le
corps masculin avec force et fracas, et
montré l’homosexualité sans voiles,
dans un univers quotidien, sensuel.
Nous essaierons ensuite de
montrer quels sont les éléments de la
représentation de l’homosexualité qui
renvoient à une vision collective, puis
ceux qui procèdent de la vision personnelle
de l’artiste, tout en gardant à
l’esprit et en montrant que l’écrivain
n’entend pas faire œuvre d’historien
ou de sociologue, mais que l’homo-
sexualité demeure un thème littéraire,
une terrain de création, qui peut
prendre une dimension symbolique
ou herméneutique. Ainsi la création
de deux archétypes : la «tante» chez
Proust et la «folle» chez Genet,
témoigne de cette ambivalence.
Proust utilise ainsi pour sa «théorie de
l’inversion» les différentes théories
développées au XIXème siècle.
L’entrée en littérature de l’homosexualité
marque un tournant dans les
mentalités, et choque, provoque
l’opinion publique. Elle ne peut que
donner lieu à débat. Etre homosexuel
ou parler d’homosexualité était et est
toujours un combat qui se mène
d’abord avec des mots, un dialogue
avec l’autre.
Corpus :
- Marcel Proust, A la recherche du
temps perdu, 4 volumes, Paris,
«Bibliothèque de la Pléiade» ,
Gallimard, 1987-1989.
- Jean Genet, Notre-Dame-des-Fleurs,
[1948], Folio, Gallimard, 1976.
- Jean Genet, Miracle de la rose,
[1946], Folio, Gallimard, 1977.
- Jean Genet, Journal du voleur,
[1949], Folio, Gallimard, 1982.
- Jean Genet, Pompes funèbres, [1948],
L’Imaginaire, Gallimard, 1978.
- Jean Genet, Querelle de Brest,
[1948], L’Imaginaire, Gallimard, 1981.
9
Ecoledoctorale