25.12.2012 Views

Brahim BANHAKEIA

Brahim BANHAKEIA

Brahim BANHAKEIA

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Monique DEBUS-HEHR<br />

L<br />

’exposé ci-après se place dans le<br />

cadre du thème annuel «Cultures :<br />

affrontements, échanges, dialogue».<br />

Il se situe plus précisément au niveau<br />

de l’artisanat dans les villes du Rhin<br />

supérieur, à la fin du Moyen âge. Dès<br />

les premières décennies du XIVe siècle, mais surtout au XVe siècle, les<br />

sources écrites relatent des conflits<br />

entre les maîtres et leurs salariés, les<br />

compagnons de métier. Ces heurts<br />

concernent principalement les conditions<br />

de travail : jours chômés,<br />

salaires, même si les raisons ne sont<br />

pas toujours explicitement mentionnées.<br />

Les décisions que prennent les<br />

corporations et le conseil des villes<br />

réduisent à néant les revendications et<br />

répriment les troubles sans qu’il y ait<br />

eu, apparemment, de négociations.<br />

Cependant, ces décisions ne se bornent<br />

pas à régler les conflits : elles<br />

tentent aussi d’en prévenir d’autres<br />

en diminuant l’espace de liberté dont<br />

10<br />

Ecoledoctorale<br />

Sciences historiques<br />

Maîtres et salariés dans l’artisanat médiéval du Rhin supérieur :<br />

de l’impossible dialogue<br />

jouissaient les compagnons, dans le<br />

cadre, par exemple, de leur confrérie<br />

professionnelle. Il y a donc eu des<br />

affrontements, mais leur résolution<br />

s’est imposée sans dialogue. Le pouvoir<br />

des maîtres, siégeant dans les<br />

conseils, est à l’origine de cette attitude<br />

autoritaire. L’absence de pouvoir<br />

des compagnons, même lorsqu’ils se<br />

regroupent, n’admet qu’une seule<br />

réponse : obtempérer. Pourquoi cette<br />

absence de dialogue dans le surgissement<br />

et l’éradication des conflits ?<br />

Cette absence semble refléter les attitudes<br />

culturelles des compagnons et<br />

des maîtres, qui façonnent leur vision<br />

du monde et, partant, leur comportement<br />

face à l’adversité. Les compagnons<br />

se sont forgé une culture<br />

propre faite non seulement d’ouverture<br />

sur le monde, car ils se déplacent<br />

de ville en ville, de désir agissant en<br />

vue d’une vie meilleure, mais aussi<br />

de dissimulation ; les maîtres se sin-<br />

gularisent par une volonté de conserver<br />

leurs acquis, de maintenir le salariat<br />

dans une position subalterne<br />

n’autorisant aucune part aux décisions<br />

professionnelles ni de soustraction<br />

à leur autorité. Les uns se heurtent<br />

aux autres en vertu de ces facteurs<br />

culturels, et ne parviennent pas<br />

à trouver, ou ne se préoccupent pas de<br />

trouver, des solutions fondées sur le<br />

dialogue. Celui-ci semble impossible,<br />

tant les positions sont figées, dans<br />

une société où la place de chacun est<br />

définie comme immuable.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!