Brahim BANHAKEIA
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Journée<br />
Doctorale<br />
CULTURES :<br />
AFFRONTEMENTS<br />
ECHANGES, DIALOGUE<br />
2002 / 2003<br />
SAMEDI 14 JUIN 2003<br />
Palais Universitaire
2<br />
Ecoledoctorale<br />
Sommaire :<br />
Expositions des travaux de Jean-Louis Hess et de Claude Moyen .................................... page 3<br />
Identité et altérité<br />
❖ Catherine DESOS (Sciences historiques) : Le regard de l'étranger.<br />
Français et Espagnols autour de Philippe V d'Espagne (1700-1724) ................................ page 5<br />
❖ Catherine GOURIOU (Etudes Germaniques) : La Conquête de l’Amérique dans Amazonas<br />
d’Alfred Döblin (1934-1935) : le mythe à la croisée de cultures en affrontement. .......... page 6<br />
❖ Catherine KERN (Littérature Française) : J.M.G. Le Clézio, à la croisée de plusieurs cultures :<br />
Occident, Afrique, Mexique. ................................................................................................ page 7<br />
❖ Myriam LOUVIOT (Littérature Française) : L’hybridité, un concept<br />
pour aborder la problématique identitaire dans les littératures postcoloniales. ................ page 7<br />
Cultures dominantes, cultures dominées, cultures des minorités<br />
❖ Marc AURELI (Etudes Méditerranéennes et Orientale) :<br />
Les Morisques de Catalogne : La fin du mythe. (Résumé non communiqué) .................. page 9<br />
❖ Myriam BENDHIF (Littérature Françaises) :<br />
L’écriture de l’homosexualité dans les romans de Marcel Proust et Jean Genet .............. page 9<br />
❖ Monique DEBUS-KEHR (Sciences Historiques) : Maîtres et salariés<br />
dans l’artisanat médiéval du Rhin supérieur :de l’impossible dialogue. .......................... page 10<br />
❖ Pascal DECARPES (Sciences Sociales) : Le rapport du chercheur à son terrain :<br />
la mise en place d'une étude en milieu carcéral, ou comment le poids de l'institution<br />
pénitentiaire pèse sur l'indépendance scientifique. .......................................................... page 11<br />
Orient / Occident - Antagonismes et dialogue<br />
❖ Nabil BENABDELJALIL (Arts) : La texture musicale arabe<br />
dans les consciences théoriques arabe et occidentale. ...................................................... page 13<br />
❖ Yahya BOURJA (Etudes Méditerranéennes et Orientales) :<br />
Le dialogue entre l’Orient et l’Occident dans la pensée de Khalil Jubran. .................... page 13<br />
❖ Frédérique BLAU (Etudes germaniques) : Le dialogue des cultures<br />
dans l’œuvre du psychanalyste viennois Herbert Silberer (1882-1923) .......................... page 14<br />
❖ Aurélie CHONE (Etudes Germaniques) : Le savoir sur l’Orient<br />
dans l’espace germanophone (1890-1945) : méthodologie et résultats<br />
d’un travail de recherche sur la problématique Orient/Occident. .................................... page 14<br />
Cultures et problématiques contemporaines<br />
❖ Fouad ALZOUHEIR (Sciences sociales) : Coopération décentralisée en Alsace:<br />
la transaction Collectivité territoriale/Etat. ...................................................................... page 16<br />
❖ Valérie BECHET-TSARNOS (Etudes Germaniques) :<br />
La communication interculturelle et son rôle pour l’économie mondialisée. .................. page 17<br />
❖ Olivier CLASS (Arts) : L'opéra à la recherche de nouveaux espaces culturels. .......... page 18<br />
❖ Claude MOYEN (Arts) : Emprunts, reprises, liens.<br />
Les raccords de l’art contemporain .................................................................................. page 18<br />
Traductions, transpositions, transferts<br />
❖ Laurent ANGARD (Littérature Française) : Dialogue des genres et culture d’un genre :<br />
les Mémoires de Marguerite de Valois................................................................................ page 20<br />
❖ <strong>Brahim</strong> <strong>BANHAKEIA</strong> (Etudes Anglophones) : Joyce lecteur d'écrivains irlandais ...... page 21<br />
❖ Liselotte KITTENBERGER (Etudes Germaniques) : Balzac traduit et romancé .......... page 21
Expositions<br />
de travau<br />
SALLE 27<br />
Jean-Louis Hess<br />
et<br />
Claude Moyen<br />
La question des raccords<br />
est au centre de ma pratique<br />
et de ma recherche.<br />
Claude Moyen<br />
Jean-Louis HESS présente une série<br />
de photographies noir et blanc.<br />
Portraits de ceux qui sont passés<br />
à son atelier durant un weekend.<br />
Expérimentation d'un cadrage serré,<br />
à l'horizontale, en liaison<br />
avec le travail de thèse<br />
sur le portrait photographique<br />
et son retour vers les personnes<br />
photographiées.<br />
Affrontement des matériaux,<br />
collage, tension : une peinture<br />
qui donne à voir les traces<br />
de son montage, de sa mise en œuvre,<br />
littéralement, de sa mise en pièce.<br />
3<br />
Ecoledoctorale
Atelier 1<br />
4<br />
Ecoledoctorale<br />
Catherine DESOS<br />
Catherine GOURIOU<br />
Catherine KERN<br />
Myriam LOUVIOT<br />
Salle 25<br />
Identité<br />
et altérité
Catherine DESOS<br />
Sciences historiques<br />
Introduction : L'année 1700 marque<br />
l'avènement du premier Bourbon sur<br />
le trône de l'Espagne, mettant fin<br />
ainsi à près de deux siècles de domination<br />
habsbourgeoise dans la<br />
Péninsule. Cet événement fut à l'origine<br />
de la Guerre de Succession<br />
d'Espagne (1700-1715) dans laquelle<br />
tous les pays européens prirent parti.<br />
Du fait de ce contexte politique difficile<br />
et surtout de l'inexpérience du<br />
nouveau roi, Philippe V, qui n'a que<br />
17 ans, Louis XIV, son grand-père,<br />
lui donna un entourage français chargé<br />
de le conseiller à Madrid et qui<br />
allait former là-bas un microcosme<br />
sans cesse en ébullition.<br />
La question est de savoir si les<br />
Espagnols, qui ont été les artisans de<br />
ce changement dynastique, sont prêts<br />
à accueillir en même temps que leur<br />
nouveau roi, son entourage et à plus<br />
forte raison les réformes que celui-ci<br />
voudra engager. D'un autre côté, il<br />
faudra nous demander de quelle<br />
manière les Français ont appréhendé<br />
la culture espagnole et s'il y eut<br />
volonté d'intégration de leur part.<br />
❖ Les forces en présences<br />
L'entourage français sur les 24 premières<br />
années du règne de Philippe V<br />
était peu nombreux mais placé aux<br />
postes influents. Il y avait d'une part<br />
des officiers subalternes, formant la<br />
casa francesa, qui recréaient, au sein<br />
même de la Cour, l'esprit français tel<br />
qu'ils l'avaient connu à Versailles et,<br />
d'autre part, des personnages de haute<br />
qualité (ambassadeurs, généraux,<br />
financiers), chargés de missions ponctuelles,<br />
allant de quelques mois à<br />
quelques années, dans un souci de restauration<br />
du royaume. Philippe V se<br />
montrait très attaché dans sa vie quotidienne<br />
à tout cet entourage français.<br />
Le regard de l'étranger<br />
Français et Espagnols autour de Philippe V d'Espagne (1700-1724)<br />
Face à lui, se trouvaient les Grands<br />
d'Espagne, noblesse prestigieuse qui,<br />
sous les règnes précédents, avait accaparé<br />
les postes clefs de la Cour, mais<br />
qui était alors en pleine décadence.<br />
Aussi bien, durant la période, la présence<br />
française ne fit que s'accroître à<br />
la cour madrilène. Du fait de la guerre<br />
notamment, Philippe V avait besoin<br />
de cadres dirigeants efficaces que<br />
l'Espagne ne pouvait lui fournir.<br />
❖ Regards croisés<br />
Les Espagnols du début du XVIIIème<br />
siècle connaissaient des difficultés<br />
nombreuses tant sur le plan politique<br />
qu'économique. En choisissant pour<br />
roi un prince d'origine française, ils<br />
pensaient garantir l'intégrité du royaume<br />
en le plaçant sous la "protection" de<br />
Louis XIV, célébré en 1701 comme<br />
"l'ange tutélaire" de l'Espagne.<br />
Rappelons que le modèle politique et<br />
administratif français est alors le plus<br />
prestigieux d'Europe. Cependant, la<br />
pénétration française au sein de tous<br />
les rouages de la monarchie sera de<br />
plus en plus mal supportée jusqu'à susciter<br />
d'importants mouvements francophobes<br />
à Madrid (notamment en 1709<br />
et 1715). Les Français, quant à eux,<br />
arrivent en terra incognita ; la cour de<br />
Versailles n'était pas hispanisante et les<br />
Français partent à Madrid avec des préjugés<br />
nombreux sur le caractère espagnol.<br />
Citons le marquis de Montviel,<br />
proche de Philippe V qui constate "que<br />
l'Espagne quoique contigüe à la France<br />
(est) le pays de l'Europe que le commun<br />
des Français connaissait le<br />
moins." Cette ignorance augure mal<br />
des relations entre les deux nations.<br />
❖ Le choc des cultures<br />
Pour les Français qui arrivent à<br />
Madrid c'est un véritable choc culturel<br />
qui entraîne beaucoup d'incompré-<br />
hension de leur part. Ils se trouvent<br />
confrontés à des mœurs très différentes<br />
de celles qu'ils ont connues à<br />
Versailles, auxquelles ils ont du mal à<br />
s'habituer et qu'ils voudront réformer.<br />
Cela suscite des tensions nombreuses<br />
avec les Espagnols, qui se sentent<br />
froissés dans leur orgueil national. Le<br />
regard critique des Français s'exerce<br />
dans tous les aspects de la vie quotidienne<br />
mais aussi au niveau politique.<br />
Dans ce dernier domaine, l'action<br />
française, soutenue par le pouvoir<br />
royal, ira toujours dans un sens d'unification<br />
et de centralisation, ne tenant<br />
compte ni des forts particularismes<br />
des nombreuses Provinces formant la<br />
Péninsule, ni de l'opposition des<br />
Grands, plus occupés à préserver<br />
leurs privilèges qu'à réformer et<br />
moderniser leur pays.<br />
Conclusion : Les rapports entre<br />
Français et Espagnols autour de<br />
Philippe V ont très vite évolué en<br />
affrontements. D'une part les<br />
Espagnols, quoique réclamant une<br />
aide extérieure pour se rétablir politiquement<br />
et économiquement, ont mal<br />
supporté l'influence française de plus<br />
en plus importante dans leurs affaires ;<br />
d'autre part, les Français n'ont pas<br />
véritablement senti le besoin de s'intégrer<br />
et sont demeurés, pour la plupart,<br />
étrangers à tout ce qui concernait<br />
la culture espagnole.<br />
Force est de constater, cependant, que<br />
l'apport français à la civilisation espagnole<br />
a été non négligeable, et même<br />
s'il a souvent été imposé, il n'en a pas<br />
moins contribué à ouvrir l'Espagne<br />
sur l'Europe du XVIII ème siècle.<br />
5<br />
Ecoledoctorale
Catherine GOURIOU<br />
En 1933, Döblin (1878-1957),<br />
auteur allemand d’origine juive,<br />
quitte l’Allemagne nazie pour la<br />
France, puis les Etats-Unis. Tandis<br />
que la guerre se rapproche, il compose<br />
Amazonas, un roman décrivant le<br />
choc de la conquête du Nouveau<br />
Monde pour des Indiens confrontés à<br />
des conquistadores qui, eux, semblent<br />
avoir oublié ce que peut être l’harmonie<br />
avec une nature animée. C’est au<br />
mythe et à sa force primordiale que<br />
Döblin choisit de confier la parole<br />
qu’il s’est vu confisquer. En instrumentalisant<br />
ce discours ô combien<br />
complexe, il espère rendre palpable<br />
l’affrontement de deux mondes que<br />
justement leur compréhension du<br />
mythe sépare. Pour les Indiens, il est<br />
grille de lecture de toute chose, car<br />
investi, comme récit sacré de ce que<br />
les dieux ont fait à l’origine, en un<br />
temps précédant l’Histoire, in illo<br />
tempore, un temps de basculement<br />
entre nature et culture, d’une puissance<br />
fondamentale. Replacé dans son<br />
contexte originel, le mythe tel que<br />
Amazonas nous le montre, se fait<br />
6<br />
Ecoledoctorale<br />
Etudes germaniques<br />
La Conquête de l’Amérique dans Amazonas d’Alfred Döblin 1934-1935 :<br />
le mythe à la croisée de cultures en affrontement<br />
l’écho d’une nature animée liant<br />
organique et anorganique, vie et mort,<br />
en un renouvellement perpétuel, une<br />
nature ainsi que Döblin se la représente<br />
en sa Naturphilosophie. Point<br />
de départ de sa réflexion : la prise de<br />
conscience de la désunion du moi au<br />
monde, désunion que seule ce qu’il<br />
reste de lien entre l’homme et la nature<br />
peut combler. Ce lien, l’auteur<br />
l’appelle “résonance”, une résonance<br />
dont il évoque la présence chez les<br />
Indiens à travers la représentation de<br />
nombreux mythes totémiques réactualisés<br />
par le rite. Ce lien, il semble<br />
que les Européens qui débarquent en<br />
ce Nouveau Monde l’aient perdu à<br />
force de se revendiquer maîtres de la<br />
nature. Un excès de “prométhéisme”,<br />
voilà leur faute pour l’auteur de<br />
“Prometheus und das Primitive”<br />
(1938), article dans lequel il évoque<br />
l’influence successive dans l’Histoire<br />
du monde occidental de deux principes<br />
dialectiques : le principe primitif<br />
(entretenir aussi fort que possible<br />
le lien à la nature) et le principe prométhéen<br />
(se revendiquer maître de la<br />
nature). Force lui est de constater que<br />
le “prométhéisme” des conquista-<br />
dores les laisse dépourvus de grille de<br />
lecture du monde comparable à celle<br />
du mythe pour les Indiens. Ils s’avèrent<br />
même incapables de s’approprier<br />
les mythes bibliques d’un christianisme<br />
dont ils ne retiennent qu’une pratique<br />
aveugle. Que Döblin ait à l’esprit<br />
ses contemporains qu’il entend<br />
appeler à une véritable prise de<br />
conscience du “désenchantement du<br />
monde” occidental, prisonnier de la<br />
raison, cela est confirmé par la troisième<br />
partie du roman qui a pour<br />
cadre le XXème siècle et dans laquelle<br />
un procès est intenté à Copernic,<br />
Galilée et Giordano Bruno pour l’utilisation<br />
désastreuse que l’époque<br />
moderne a faite de leurs enseignements.<br />
Avec eux, c’est aux piliers du<br />
rationalisme occidental que Döblin<br />
s’en prend en un roman qui n’a de<br />
cesse d’interroger les cultures, en<br />
leurs affrontements, certes, mais aussi<br />
en leurs échanges, voire en un dialogue<br />
rendu possible par le seul discours<br />
susceptible de les réunir : le<br />
mythe.
Catherine KERN<br />
Littérature française<br />
Le terme "cultures" sera envisagé<br />
dans ses sens ethnologique et<br />
artistique. Je me propose de présenter<br />
la manière dont Le Clézio appréhende<br />
les différences entre les cultures, et<br />
la nature des rapports qu'il tisse entre<br />
elles. Je m'attacherai pour cela principalement<br />
à sa production touchant au<br />
monde amérindien (La Fête chantée,<br />
Diego et Frida, Haï, Le Rêve mexicain)<br />
et à l'Afrique (Onitsha). Dans<br />
ces textes, Le Clézio propose une<br />
approche parfois plus ethnologique<br />
que littéraire de ces cultures. Ceci<br />
nous permet d'envisager l'idée d'un<br />
échange entre les cultures qu'il décrit<br />
Myriam LOUVIOT<br />
Littérature française<br />
La période coloniale et les processus<br />
de décolonisation ont laissé<br />
des marques profondes dans de nombreuses<br />
régions du monde (continent<br />
africain, Caraïbes, Inde, Indonésie ou<br />
encore Amérique latine). Ces bouleversements<br />
historiques ont notamment<br />
donné naissance à des cultures<br />
que l’on peut qualifier d’hybrides,<br />
dans la mesure où – très schématiquement<br />
– elles seraient héritières à la<br />
fois d’un “ patrimoine local ” et d’un<br />
“ patrimoine importé ”. Mais la dynamique<br />
qui anime la rencontre de ces<br />
patrimoines se révèle des plus complexes.<br />
L’anthropologie a en effet<br />
bien montré la nécessité de remettre<br />
en cause la vision pessimiste selon<br />
J.M.G. Le Clézio, à la croisée de plusieurs cultures :<br />
Occident, Afrique, Mexique<br />
et l'Occident qui lit ses ouvrages. Cet<br />
échange serait-il à sens unique ? C'est<br />
une question que nous ne pouvons<br />
pas négliger. Pourtant, nous pouvons<br />
d'ores et déjà avancer l'hypothèse<br />
selon laquelle le fait d'aller rencontrer<br />
ces peuples, de vivre avec eux pendant<br />
plusieurs années, comme l'a fait<br />
Le Clézio, donne lieu à un véritable<br />
dialogue entre les cultures. Les différentes<br />
données présentes dans le sujet<br />
de la journée d'étude sont ici prises en<br />
compte : Le Clézio met en relation<br />
des cultures qui semblent s'opposer<br />
sur de nombreux points et se sont<br />
affrontées lors des différentes colonisations.<br />
Toutefois, ses ouvrages sont à<br />
placer sous le signe d'un échange,<br />
laquelle les cultures locales “ authentiques<br />
” ne pourraient qu’être anéanties<br />
par le rouleau compresseur des<br />
cultures dominantes (généralement<br />
occidentales). Pour autant il serait<br />
tout aussi illusoire de vouloir réduire<br />
l’hybridation des cultures à un simple<br />
mélange ou à un compromis raisonné.<br />
A l’heure de la mondialisation et de la<br />
remise en cause du modèle de l’Etat-<br />
Nation, à l’heure où les identités<br />
paraissent éclatées ou au contraire<br />
crispées au point d’en devenir meurtrières,<br />
la compréhension de ce phénomène<br />
relève pourtant du plus grand<br />
intérêt. Des disciplines telles que<br />
l’anthropologie, la philosophie ou la<br />
psychologie apportent déjà un certain<br />
nombre de réponses, mais parce que<br />
la littérature véhicule de manière pri-<br />
d'une volonté de dialogue. Nous<br />
prendrons également en compte la<br />
dimension artistique qui semble également<br />
opposer ces cultures. Ainsi, si<br />
l'Occident cherche un art durable,<br />
fixe, les Indiens, par exemple, placent<br />
les productions artistiques sous le<br />
signe de l'éphémère. De plus, ils leurs<br />
attribuent des fonctions très différentes<br />
de l'Occident, comme une<br />
fonction curative pour le chant ou un<br />
lien avec la religion pour la danse.<br />
L’hybridité, un concept pour aborder la problématique identitaire<br />
dans les littératures postcoloniales<br />
vilégiée les structures imaginaires<br />
d’une époque, elle semble un terrain<br />
particulièrement riche pour une telle<br />
étude.<br />
Dans ma présentation qui ne peut<br />
bien sûr être que l’ébauche d’une plus<br />
vaste réflexion, je tenterai d’abord<br />
d’expliquer et de préciser le choix de<br />
ce concept d’hybridité, notamment<br />
par rapport à un certain nombre de<br />
notions proches et préexistantes<br />
(métissage, acculturation, etc.).<br />
J’essaierai ensuite, à partir d’exemples<br />
d’œuvres africaines, indiennes<br />
ou antillaises, de proposer des pistes<br />
d’exploration du processus de la<br />
construction identitaire.<br />
7<br />
Ecoledoctorale
Atelier 2<br />
8<br />
Ecoledoctorale<br />
Marc AURELI<br />
Cultures dominantes,<br />
Cultures dominées,<br />
Cultures des minorités<br />
Myriam BENDHIF<br />
Monique DEBUS-KEHR<br />
Pascal DECARPES<br />
Salle 33
Marc AURELI<br />
Etudes méditerranéennes<br />
et orientales<br />
Myriam BENDHIF<br />
Littérature française<br />
Mon sujet d’étude porte sur l’influence<br />
de A la recherche du<br />
temps perdu de Marcel Proust sur les<br />
romans de Jean Genet. L’homosexualité<br />
est rapidement apparue<br />
comme un enjeu majeur de ce travail.<br />
Il s’agit non seulement d’un thème<br />
central de ces œuvres, omniprésent<br />
chez Genet, ou cœur du roman pour<br />
Proust ; mais également d’un élément<br />
biographique incontournable pour les<br />
deux auteurs qui ont adopté des attitudes<br />
diamétralement opposées face à<br />
leur propre homosexualité : Proust a<br />
cherché à la tenir cachée, alors que<br />
Genet la vivait ouvertement, sans<br />
revendication particulière. L’un a<br />
tenté de la justifier, de l’expliquer<br />
quasi scientifiquement, tandis que<br />
l’autre a imposé son univers, sans<br />
préambule, sans concessions.<br />
Il m’a semblé que ce thème<br />
s’inscrivait dans les problématiques<br />
proposées par cette journée d’études<br />
parce qu’il nécessite, en premier lieu,<br />
une approche pluridisciplinaire : les<br />
apports de l’histoire, de la sociologie,<br />
de la philosophie sont plus que nécessaires<br />
pour l’appréhender. Puis, parce<br />
qu’il pose le problème de la minorité<br />
face à la société, il renvoie à la notion<br />
de culture : existe-il, au début du<br />
XXème siècle, une communauté homosexuelle,<br />
une culture homosexuelle ?<br />
Quelle place lui accorde la culture<br />
collective ? Quelles sont les attitudes<br />
adoptées par les acteurs de cette culture<br />
? Volonté d’intégration, rejet de<br />
la culture dominante… Enfin, l’écri-<br />
Les Morisques de Catalogne : La fin du mythe<br />
( Résumé non communiqué )<br />
L’écriture de l’homosexualité dans les romans<br />
de Marcel Proust et Jean Genet<br />
vain constitue un témoin privilégié de<br />
son époque, il la reflète en proposant<br />
sa propre vision de l’homosexualité<br />
ou en traduisant des idées, des préjugés<br />
propres à son époque. Il peut également<br />
l’influencer, la faire réagir, ou<br />
influencer ses successeurs.<br />
Comment dire ce qui est tabou ?<br />
Comment dire ce qui s’affronte inévitablement<br />
aux valeurs dominantes de<br />
la société, ce qui choque, ce qui force<br />
cette société à s’interroger sur son<br />
mode de fonctionnement, en touchant<br />
ce qui se rapporte le plus à l’intime, à<br />
savoir la sexualité ? Nous intéresserons<br />
à la façon dont est écrite l’homosexualité<br />
chez ces deux romanciers.<br />
Quels sont les types de langage utilisés<br />
? Quels sont les personnages<br />
d’homosexuels inventés ? Quelle<br />
place prend ce thème dans la narration<br />
et dans le projet littéraire du<br />
romancier ? Quels sont les messages<br />
véhiculés par ces œuvres ? Proust est<br />
le premier écrivain français à avoir<br />
abordé le thème de façon aussi directe,<br />
à faire reposer son projet artistique<br />
sur l’homosexualité. Quant à Genet,<br />
il a fait entrer dans la littérature le<br />
corps masculin avec force et fracas, et<br />
montré l’homosexualité sans voiles,<br />
dans un univers quotidien, sensuel.<br />
Nous essaierons ensuite de<br />
montrer quels sont les éléments de la<br />
représentation de l’homosexualité qui<br />
renvoient à une vision collective, puis<br />
ceux qui procèdent de la vision personnelle<br />
de l’artiste, tout en gardant à<br />
l’esprit et en montrant que l’écrivain<br />
n’entend pas faire œuvre d’historien<br />
ou de sociologue, mais que l’homo-<br />
sexualité demeure un thème littéraire,<br />
une terrain de création, qui peut<br />
prendre une dimension symbolique<br />
ou herméneutique. Ainsi la création<br />
de deux archétypes : la «tante» chez<br />
Proust et la «folle» chez Genet,<br />
témoigne de cette ambivalence.<br />
Proust utilise ainsi pour sa «théorie de<br />
l’inversion» les différentes théories<br />
développées au XIXème siècle.<br />
L’entrée en littérature de l’homosexualité<br />
marque un tournant dans les<br />
mentalités, et choque, provoque<br />
l’opinion publique. Elle ne peut que<br />
donner lieu à débat. Etre homosexuel<br />
ou parler d’homosexualité était et est<br />
toujours un combat qui se mène<br />
d’abord avec des mots, un dialogue<br />
avec l’autre.<br />
Corpus :<br />
- Marcel Proust, A la recherche du<br />
temps perdu, 4 volumes, Paris,<br />
«Bibliothèque de la Pléiade» ,<br />
Gallimard, 1987-1989.<br />
- Jean Genet, Notre-Dame-des-Fleurs,<br />
[1948], Folio, Gallimard, 1976.<br />
- Jean Genet, Miracle de la rose,<br />
[1946], Folio, Gallimard, 1977.<br />
- Jean Genet, Journal du voleur,<br />
[1949], Folio, Gallimard, 1982.<br />
- Jean Genet, Pompes funèbres, [1948],<br />
L’Imaginaire, Gallimard, 1978.<br />
- Jean Genet, Querelle de Brest,<br />
[1948], L’Imaginaire, Gallimard, 1981.<br />
9<br />
Ecoledoctorale
Monique DEBUS-HEHR<br />
L<br />
’exposé ci-après se place dans le<br />
cadre du thème annuel «Cultures :<br />
affrontements, échanges, dialogue».<br />
Il se situe plus précisément au niveau<br />
de l’artisanat dans les villes du Rhin<br />
supérieur, à la fin du Moyen âge. Dès<br />
les premières décennies du XIVe siècle, mais surtout au XVe siècle, les<br />
sources écrites relatent des conflits<br />
entre les maîtres et leurs salariés, les<br />
compagnons de métier. Ces heurts<br />
concernent principalement les conditions<br />
de travail : jours chômés,<br />
salaires, même si les raisons ne sont<br />
pas toujours explicitement mentionnées.<br />
Les décisions que prennent les<br />
corporations et le conseil des villes<br />
réduisent à néant les revendications et<br />
répriment les troubles sans qu’il y ait<br />
eu, apparemment, de négociations.<br />
Cependant, ces décisions ne se bornent<br />
pas à régler les conflits : elles<br />
tentent aussi d’en prévenir d’autres<br />
en diminuant l’espace de liberté dont<br />
10<br />
Ecoledoctorale<br />
Sciences historiques<br />
Maîtres et salariés dans l’artisanat médiéval du Rhin supérieur :<br />
de l’impossible dialogue<br />
jouissaient les compagnons, dans le<br />
cadre, par exemple, de leur confrérie<br />
professionnelle. Il y a donc eu des<br />
affrontements, mais leur résolution<br />
s’est imposée sans dialogue. Le pouvoir<br />
des maîtres, siégeant dans les<br />
conseils, est à l’origine de cette attitude<br />
autoritaire. L’absence de pouvoir<br />
des compagnons, même lorsqu’ils se<br />
regroupent, n’admet qu’une seule<br />
réponse : obtempérer. Pourquoi cette<br />
absence de dialogue dans le surgissement<br />
et l’éradication des conflits ?<br />
Cette absence semble refléter les attitudes<br />
culturelles des compagnons et<br />
des maîtres, qui façonnent leur vision<br />
du monde et, partant, leur comportement<br />
face à l’adversité. Les compagnons<br />
se sont forgé une culture<br />
propre faite non seulement d’ouverture<br />
sur le monde, car ils se déplacent<br />
de ville en ville, de désir agissant en<br />
vue d’une vie meilleure, mais aussi<br />
de dissimulation ; les maîtres se sin-<br />
gularisent par une volonté de conserver<br />
leurs acquis, de maintenir le salariat<br />
dans une position subalterne<br />
n’autorisant aucune part aux décisions<br />
professionnelles ni de soustraction<br />
à leur autorité. Les uns se heurtent<br />
aux autres en vertu de ces facteurs<br />
culturels, et ne parviennent pas<br />
à trouver, ou ne se préoccupent pas de<br />
trouver, des solutions fondées sur le<br />
dialogue. Celui-ci semble impossible,<br />
tant les positions sont figées, dans<br />
une société où la place de chacun est<br />
définie comme immuable.
Pascal DÉCARPES<br />
Sciences sociales<br />
On dénombre quatre caractéristiques<br />
dans l’appréhension de<br />
l’objet d’étude «prison» :<br />
. un objet où les charges symboliques<br />
et sociales sont fortes ;<br />
. un regard qui doit rester avant tout<br />
celui d’une sensibilité intellectuelle ;<br />
. un outil de pratique pénale qui tend à<br />
la naturalisation de l’enfermement et en<br />
empêcherait toute analyse sociétale ;<br />
. une approche réflexive qui doit s’appuyer<br />
sur des théories et suggérer des<br />
modèles.<br />
Objet unique tout d’abord, car il prive<br />
légalement un individu de sa place au<br />
sein de la société pour l’exclure et le<br />
punir dans un espace de réclusion.<br />
Objet singulier ensuite, car il est<br />
devenu l’archétype de l’institution<br />
totale ou totalitaire qui s’est graduellement<br />
distancée de l’hôpital psychiatrique<br />
ou de la caserne militaire.<br />
Objet paradoxal enfin, car il assure<br />
une pratique millénaire – la relégation<br />
sociale des indésirables – par des<br />
moyens récents – l’enfermement institutionnel.<br />
Recherche atypique d’autre part, car<br />
l’accès au terrain est soumis à de mul-<br />
Le rapport du chercheur à son terrain : la mise en place d'une étude<br />
en milieu carcéral, ou comment le poids de l'institution pénitentiaire<br />
pèse sur l'indépendance scientifique<br />
tiples restrictions : territoire fermé,<br />
sécurisé, non-public, où les input sont<br />
des flux d’entrées imposées et non<br />
proposées.<br />
Cadre sensible s’il en est, l’espace<br />
carcéral est de plus traversé par des<br />
violences diverses : physiques, psychiques,<br />
institutionnelles.<br />
Population délicate surtout, car le<br />
détenu est en situation de crise et<br />
donc en difficulté quant à socialiser<br />
dans un projet de rencontre et<br />
d’échange avec le chercheur.<br />
Le chercheur en prison fait face à la<br />
fois à l’objectivité paralysante de<br />
l’établissement pénitentiaire et à la<br />
subjectivité déconcertante de personnes<br />
aux trajectoires individuelles<br />
dramatiques (au sens que lui fait<br />
prendre la mise en scène pénale).<br />
A contrario, l’impact totalisant de la<br />
prison a tendance à objectiver les<br />
comportements des détenus qui peuvent<br />
alors apparaître comme les vecteurs<br />
voire les médiateurs des discours<br />
de l’institution «prison».<br />
Objectivité et subjectivité du chercheur<br />
évoluent en mimétisme ou en<br />
décalage avec les deux approches<br />
majeures de la sociologie carcérale.<br />
D’un côté, un objectivisme institutionnel<br />
qui appréhende toute activité<br />
carcérale comme le produit des<br />
contraintes et des finalités pénitentiaires.<br />
D’autre part, un subjectivisme<br />
novateur qui prend en compte la<br />
porosité sociale introduite en prison<br />
par la présence intra-muros de personnels<br />
n’appartenant pas à l’administration<br />
pénitentiaire.<br />
La prégnance de la prison au sein de<br />
l’imaginaire pénal nécessite une<br />
déconstruction de l’objet, et des<br />
conceptualisations qui s’affranchissent<br />
des présupposés, clichés, stéréotypes<br />
et stigmates qui brouillent<br />
l’analyse de l’objet carcéral.<br />
L’objectivité est requise pour contrer<br />
le poids affectif et émotionnel entourant<br />
la privation de liberté, mais la<br />
subjectivité demeure indispensable<br />
pour reconnaître le rôle de l’individu<br />
dans un environnement hautement<br />
désocialisant.<br />
11<br />
Ecoledoctorale
Atelier 3<br />
12<br />
Ecoledoctorale<br />
Orient/Occident<br />
Antagonisme<br />
et dialogue<br />
Nabil BENABDELJALIL<br />
Yahya BOURJA<br />
Frédérique BLAU<br />
Aurélie CHONE<br />
Salle 44
Nabil BENABDELJALIL<br />
Arts<br />
La texture musicale arabe dans les consciences théoriques arabe et occidentale<br />
La culture musicale arabe est comme<br />
chacun sait monodique avant tout,<br />
bien que la notion de monodie dans<br />
cette musique est à prendre avec beaucoup<br />
de précaution puisqu’il ne s’agit<br />
pas d’unissons dans le sens occidental<br />
strict du terme. La théorie occidentale –<br />
ethnomusicologique surtout - commence<br />
maintenant à relativiser le concept de<br />
monodie, et la notion d’hétérophonie<br />
semble pouvoir résoudre -pour l’occident<br />
- la question du «cas arabe»<br />
comme d’autres cas d’ailleurs.<br />
Cependant la musicologie arabe est<br />
encore dans un grand malaise d’ identification<br />
et de définition vis à vis la<br />
Yahya BOURJA<br />
Etudes méditerranéennes<br />
et orientales<br />
Jubran Khalil est un des auteurs<br />
arabes qui ont laissé leurs plumes<br />
exprimer des aspirations nouvelles en<br />
fondant une pensée basée sur un vrai<br />
dialogue entre l'Orient et l'Occident. Il<br />
a, en effet, pris de la pensée arabe son<br />
côté mystique et rebelle, et de la pensée<br />
occidentale son réalisme et sa<br />
volonté permanente de reconstruire le<br />
monde. L'Orient et l'Occident sont en<br />
réalité deux mondes différents, mais<br />
chez lui ils s'accolent, s'ínterpénètrent<br />
et se fécondent en permanence.<br />
Il est difficile, par ailleurs, de dissocier<br />
sa pensée de la nature. C'est à travers<br />
cette nature-là qu'on découvre un écrivain<br />
qui porte Dieu dans son coeur et<br />
un regard mystique enveloppé et enrichi<br />
par les objets de la nature. La grandeur<br />
réelle de Jubran, c'est d'avoir<br />
réussi à associer romantisme et mysticisme<br />
dans sa pensée. Dans la majorité<br />
de ses oeuvres, il installe excellemment<br />
un dialogue entre les aspects du<br />
romantisme empruntés de l'Occident<br />
et le mysticisme oriental incarné par<br />
question de la texture musicale; d’une<br />
part la conscience théorique des<br />
Anciens n’a jamais abordé cette question<br />
d’une manière directe, donc n’a<br />
laissé à peu près aucun héritage la<br />
concernant; d’autre part, l’impact de la<br />
culture musicale occidentale sur la<br />
«conscience» arabe est si fort que cette<br />
dernière prend souvent les spécificités<br />
occidentales pour «vérités théoriques<br />
absolues» ; d’où l’oscillation entre<br />
l’état de repli sur soi - généralement<br />
par peur d’affronter son sentiment de<br />
faiblesse non avouée -, et l’état de<br />
conviction par la nécessité du «développement»<br />
de la musique arabe et de<br />
l’identification de ce développement à<br />
Le dialogue entre l’Orient et l’Occident<br />
dans la pensée de Khalil Jubran.<br />
l'influence des livres sacrés, du soufisme<br />
et de la pensée philosophique et<br />
spirituelle chez des poètes et des philosophes<br />
arabes comme al-Maearrï ou<br />
Ibn earabi. En un mot, c'est un romantisme<br />
original que nous présente<br />
Jubran ; un romantisme où influences<br />
orientales et occidentales se fondent,<br />
un mariage extraordinaire entre deux<br />
cultures différentes.<br />
Jubran est incontestablement un philosophe<br />
et auteur visionnaire qui fait sortir<br />
l'homme du fini vers l'infini, du<br />
visible vers l'invisible et du défini vers<br />
l'indéfini. Aller au-delà du réel, à la<br />
recherche de l'absolu est certainement<br />
ce qui dirige et domine la pensée de<br />
Jubran Khalil. Ce désir de connaître ce<br />
que l'on ne connaît pas et voir ce que<br />
l'on ne voit pas provient de son expérience<br />
mystique empruntée au soufisme,<br />
et surtout au grand philosophe<br />
arabe ancien Ibn earabi.<br />
Après avoir pris du mysticisme oriental<br />
son côté profond en prenant la posture<br />
d'un écrivain visionnaire, il a<br />
l’occidentalisation – pas toujours<br />
avouée - et donc à la polyphonisation<br />
et à l’harmonisation.<br />
Dans cet exposé, un bref aperçu se fera<br />
sur l’attitude musicologique arabe<br />
actuellement vis à vis de cette question,<br />
mais aussi sur ce qui pourrait lui<br />
apporter des réponses dans la<br />
conscience des pratiquants détenant la<br />
tradition, tout en essayant de voir dans<br />
les traités des anciens quelques traces<br />
sur les règles qui gèrent l’attitude de<br />
l’ensemble musical en vers la mélodie<br />
ou qui légitiment pour nous ce qui<br />
pourrait être un concept de l’hétérophonie<br />
dans la musique arabe.<br />
adopté la révolution vue par la pensée<br />
occidentale. Il était fasciné par la<br />
Révolution Française qui a incarné au<br />
niveau intellectuel le rejet des solutions<br />
théologiques ou métaphysiques<br />
et de l'autorité des traditions. Elle l'a<br />
incité ainsi à se livrer à une révision<br />
critique des actions fondamentales<br />
concernant le destin de l'homme et<br />
l'organisation de la société. Mais la<br />
pensée de Nietzsche reste, selon<br />
Jubran, celle qui nous montre le vrai<br />
modèle d'une révolution. Car il a<br />
appris grâce à la pensée de ce philosophe<br />
que l'innovation exige la destruction.<br />
La philosophie de Jubran nous donne<br />
donc les instruments intellectuels pour<br />
penser aux réalités nouvelles et<br />
anciennes ; elle nous ouvre la voie vers<br />
la construction d'une pensée qui rend<br />
hommage à l'être humain ; une pensée<br />
fidèle aux origines, ouverte à la<br />
modernité mais toujours en quête de<br />
l'originalité.<br />
13<br />
Ecoledoctorale
Frédérique BLAU<br />
Aurélie CHONE<br />
14<br />
Ecoledoctorale<br />
Etudes germaniques<br />
Herbert Silberer, l'un des premiers<br />
compagnons de Freud, a<br />
produit une œuvre importante, largement<br />
méconnue, témoignant d'un<br />
contact particulièrement intense avec<br />
différentes traditions religieuses et<br />
philosophiques orientales : hindouisme,<br />
taoïsme, bouddhisme. Le psychanalyste,<br />
très vite relégué dans la marginalité,<br />
emprunte à ces différents<br />
univers ainsi qu'à la tradition de l'hermétisme<br />
européen, des concepts qu'il<br />
réinterprète à la lumière de la psychologie<br />
moderne.<br />
Dans le cadre de cet exposé seront<br />
abordés quelques problèmes liés à<br />
l’approche «interculturelle» dans<br />
Etudes germaniques<br />
L'exposé se propose de présenter<br />
les outils méthodologiques et les<br />
résultats d'une thèse en études germaniques<br />
soutenue en 2002, intitulée :<br />
«L’Occident à la rencontre de<br />
l’Orient pendant la première moitié<br />
du XXème siècle. Intégration et<br />
transformation du savoir sur l’Orient<br />
dans l’espace germanophone».<br />
Ce travail qui porte sur trois<br />
auteurs issus de champs complètements<br />
différents, même s’ils s’entrecroisent<br />
– l’ésotérisme pour Rudolf<br />
Steiner (1861-1925), la psychologie<br />
pour Carl Gustav Jung (1875-1961)<br />
et la littérature pour Hermann Hesse<br />
Le dialogue des cultures dans l’œuvre du psychanalyste viennois<br />
Herbert Silberer (1882-1923)<br />
l’œuvre de Silberer dont le premier à<br />
s’imposer est assurément celui du<br />
syncrétisme. La mise en relief par<br />
l’auteur de l’unité transcendante des<br />
idées religieuses et des doctrines du<br />
salut pose problème, là où sont mis en<br />
balance des systèmes aussi divergents<br />
dans leurs présupposés que le<br />
Vedanta et la doctrine spéculative<br />
propre au Yoga-Vasistha par exemple.<br />
On pourra se demander, à ce propos,<br />
dans quelle mesure la pratique interdisciplinaire<br />
peut ou ne peut pas toujours<br />
éviter les ellipses de la pensée,<br />
et comment elle y supplée. On ne<br />
pourra pas non plus faire l’économie<br />
d’une interrogation critique sur les<br />
Le savoir sur l’Orient dans l’espace germanophone (1890-1945) :<br />
méthodologie et résultats d’un travail de recherche sur la problématique<br />
Orient/Occident<br />
(1877-1962) cherche à préciser certains<br />
contextes et enjeux de la seconde<br />
phase de «renaissance orientale»<br />
qui s'accomplit en Europe depuis<br />
1800.<br />
Seront abordés d'abord les problèmes<br />
de délimitation (spatiale et<br />
temporelle) concernant l'Orient tel<br />
qu'il est perçu et représenté. Puis sera<br />
présentée la démarche qui a consisté à<br />
étudier la construction des savoirs sur<br />
l'Orient, à analyser leurs interactions<br />
et à tenter de comprendre comment et<br />
à quelle fin certaines notions orientales<br />
ont été reformulées et intégrées<br />
par les auteurs concernés. On a cherché<br />
à mettre en évidence les méca-<br />
sources utilisées par l’auteur dont la<br />
théorie psychanalytique, tributaire<br />
d’un immense corpus ésotérique, se<br />
meut parfois aux frontières des thèses<br />
spiritualistes et de l’occultisme. La<br />
similitude requiert donc aussi des critères<br />
discriminatoires et des seuils de<br />
proximité qui veillent au maintien de<br />
la différence.<br />
nismes en jeu dans ces transferts culturels,<br />
en particulier les processus de<br />
comparaison permettant de ramener<br />
l'inconnu au connu, les processus de<br />
récatégorisation, d'intégration et de<br />
transformation, de blocage et de rejet,<br />
d'omission et d'instrumentatlisation.<br />
A été ainsi mis au jour un geste<br />
commun aux trois auteurs, celui du<br />
«détour» par l'Orient et de sa signification<br />
pour leur perception de leur<br />
propre univers culturel et de ses<br />
valeurs.
Atelier 4<br />
Fouad ALZOUHEIR<br />
Cultures<br />
et problématiques<br />
contemporaines<br />
Valérie BECHET-TSARNOS<br />
Olivier CLASS<br />
Claude MOYEN<br />
Salle 47<br />
15<br />
Ecoledoctorale
Fouad ALZOUHEIR<br />
La coopération décentralisée, dont<br />
le cadre législatif et réglementaire<br />
est reconnu en France depuis 1992,<br />
s'est longtemps développée aux<br />
marges des systèmes d'action territoriale<br />
et de ceux de la politique étrangère.<br />
Etat, collectivités et ONG<br />
déployaient des réseaux dont l'efficience<br />
et la légitimité étaient à la fois<br />
très diverses et cloisonnées. Cette<br />
géométrie variable de la coopération,<br />
où la méfiance le disputait au soupçon,<br />
n'a cessé d'être interrogée. Les<br />
collectivités ont fait leur entrée dans<br />
le concert international, moins contre<br />
l'Etat qu'en conséquence directe de<br />
l'accomplissement des nouvelles responsabilités<br />
locales. Elles en ont hérité<br />
le statut, légal et original, de la<br />
«coopération décentralisée», qui fut<br />
ainsi la fille adoptive de la décentralisation.<br />
Ce régime de liberté régulée a<br />
donné naissance à des initiatives dont<br />
la grande variété a aujourd'hui de très<br />
loin dépassé les jumelages d'antan. Il<br />
est symptomatique de constater la<br />
diversité des enjeux auxquels cette<br />
action internationale plurielle entend<br />
désormais répondre. Les stratégies<br />
inter-régionales d'échange économique,<br />
le positionnement institutionnel<br />
des collectivités dans le concert<br />
international, y sont allés de pair avec<br />
les thèmes de la participation citoyenne<br />
dans le cadre mondialisé, ou encore<br />
les enjeux plus opérationnels de la<br />
gestion technique urbaine partagée.<br />
Pendant longtemps, cette action a été<br />
placée sous le signe d'une continuité:<br />
celle de l'expression solidaire et pacifiste<br />
des jumelages, dont la part<br />
aujourd'hui encore élevée des<br />
échanges franco-allemands rappelle<br />
la place. Si la solidarité demeure l'un<br />
16<br />
Ecoledoctorale<br />
Sciences sociales<br />
Coopération décentralisée en Alsace:<br />
la transaction Collectivité territoriale/Etat<br />
des fondements essentiels de l'action<br />
et de la coopération internationale de<br />
la France décentralisée, ses modalités<br />
d'accomplissement sont en train de se<br />
modifier.<br />
Naturellement, la mise en œuvre d'un<br />
statut législatif, puis réglementaire,<br />
de la coopération décentralisée occupe<br />
l'avant-scène de ce nouveau paysage.<br />
Elle contribue à identifier un<br />
modèle qui, pour être singulier, n'en<br />
est pas moins typique d'une évolution<br />
plus générale qui affecte des dimensions<br />
politiques fondamentales: la<br />
souveraineté, l'Etat de droit, le partenariat<br />
dans le cadre mondial. Au sein<br />
de ce dernier, les Etats, les collectivités<br />
et les ONG forment ce que l'on<br />
pourrait appeler le triangle premier de<br />
la coopération internationale. Ils ont<br />
été rejoints par d'autres acteurs tels<br />
que les entreprises, les organismes<br />
publics et privés d'enseignement et de<br />
recherche, les groupes de services<br />
urbains et établissements de santé...<br />
A la fragmentation apparente du système<br />
de coopération correspond le<br />
souci contemporain d'une régulation<br />
qui ne soit pas une mise en ordre. Le<br />
thème de la gouvernance en est le<br />
révélateur.<br />
Faute de faire un état des lieux de la<br />
coopération décentralisée française,<br />
mon exposé vise exclusivement à<br />
rendre compte de la coopération<br />
décentralisée en direction des collectivités<br />
territoriales des pays du Sud à<br />
travers l'exemple alsacien. Quelles<br />
sont les multiples facettes de ces initiatives,<br />
de leur destination géographique,<br />
de la place qu'y occupent les<br />
différents niveaux de collectivité<br />
locales: région, départements et les<br />
communes, désormais accompagnées<br />
par les nouvelles intercommunalités?<br />
Sur le plan méthodologique, il me<br />
semble que, dans ce type de coopération<br />
Nord/Sud, le recours à une<br />
logique transactionnelle originale<br />
s'impose et ceci dans la mesure où<br />
l'action de coopération se présente<br />
comme une transaction simple liant<br />
deux collectivités l'une du Nord et<br />
l'autre du Sud. Or la coopération<br />
décentralisée en Alsace témoigne<br />
d'une multiplicité de transactions<br />
assez complexe et qui revêt un caractère<br />
particulier dans le cas qui nous<br />
préoccupe.<br />
En effet, dans ce type de coopération,<br />
il y a trois processus transactionnels<br />
accessoires obligatoires, selon la<br />
nature de l'action, à opérer en guise<br />
de la transaction principale, objet de<br />
la co-opération. Il s'agit de:<br />
- transaction interne au sein de la collectivité:<br />
négociation, délibération<br />
- transaction entre la collectivité et<br />
l'Etat qui se traduit par plusieurs<br />
figures: contrôle/validation, cogérance,<br />
financement, re-contrôle/re-validation<br />
- transaction entre la collectivité et un<br />
intermédiaire associatif (c'est le cas<br />
de l'IRCODE)<br />
Il y a lieu d'en ajouter un quatrième,<br />
selon le cas, celui de la transaction<br />
entre la collectivité territoriale et une<br />
organisation européenne ou internationale<br />
(Union européenne, Banque<br />
mondiale, Conseil de l'Europe, etc.)<br />
Dans le cadre de cet exposé, je me<br />
limite à aborder la transaction collectivité<br />
/Etat.
Valérie BÉCHET-TSARNOS<br />
Etudes germaniques<br />
En cette ère de mondialisation des<br />
échanges, à l'heure où Internet<br />
rétrécit constamment les frontières, et<br />
au moment où l'internationalisation<br />
des études et des formations professionnelles<br />
est en train d’être adoptée<br />
dans les sociétés de nombreux pays,<br />
les compétences linguistiques et communicatives<br />
deviennent de plus en<br />
plus importantes et indispensables.<br />
La communication interculturelle a<br />
pour but d’explorer le concept des<br />
conditions communicatives dans le<br />
cadre des échanges croissant de personnes<br />
et de biens au plan mondial et<br />
au sein de l’Europe. Ainsi, beaucoup<br />
d’entreprises qui vivent la mondialisation<br />
de l’économie et des marchés<br />
font face à un ensemble de problèmes<br />
liés aux difficultés de la communication<br />
interculturelle. La dimension<br />
internationale de la gestion devient<br />
d’autant plus essentielle que nombre<br />
d’entreprises se lancent dans l’expor-<br />
La communication interculturelle et son rôle<br />
pour l’économie mondialisée<br />
tation voire dans l’investissement<br />
direct à l’étranger dans le cadre de<br />
l’ouverture et de la mondialisation de<br />
certains marchés.<br />
Toute rencontre interpersonnelle s’effectue<br />
dans un cadre à la fois prédéterminé<br />
et co-construit par les interactants.<br />
De multiples règles régissent<br />
cette mise en dialogue. La dimension<br />
interculturelle constitue un déterminant-clé<br />
entre partenaires dont les<br />
codes, les rituels appartiennent à des<br />
registres culturels hétérogènes. Lever<br />
les malentendus et les incompréhensions<br />
mutuelles suppose un regard<br />
réflexif sur sa propre culture et la prise<br />
de conscience des mécanismes communicationnels.<br />
La notion de culture,<br />
à travers ses multiples dimensions,<br />
peut ainsi constituer un cadre interprétatif<br />
pertinent pour comprendre les différences<br />
et les spécificités. Ces questions<br />
concernent tout particulièrement<br />
la coopération de plus en plus répandue,<br />
dans les milieux professionnels,<br />
entre équipes plurinationales.<br />
A travers l’étude des théories concernant<br />
les paradigmes culturels, j’essaierai<br />
de montrer l’impact des composantes<br />
culturelles sur les modes et<br />
les styles de communication. Je vais<br />
donc présenter les trois grands objectifs<br />
de l’éducation interculturelle. En<br />
premier lieu l’acquisition de connaissances,<br />
qui vise à favoriser une<br />
meilleure compréhension des diverses<br />
cultures. Ensuite le développement<br />
d’habiletés en communication interculturelle,<br />
qui permet d’établir une<br />
meilleure communication avec les<br />
personnes de diverses cultures. Enfin,<br />
l’éveil de nouvelles attitudes, qui vise<br />
une plus grande sensibilisation à la<br />
pluralité ethnique, l’empathie et l’établissement<br />
de relations harmonieuses<br />
avec les personnes d’autres cultures.<br />
17<br />
Ecoledoctorale
Olivier CLASS<br />
Arts<br />
L<br />
’opéra s’adresse à l’élite de la<br />
société occidentale, ce que nous<br />
confirme son histoire, sa conception<br />
artistique (ses codes), et même son<br />
fonctionnement pratique et matériel<br />
(c’est-à-dire, ses lieux, son administration,<br />
sa gestion). A l’issue de la<br />
Seconde Guerre Mondiale, certains<br />
compositeurs nés dans les années<br />
Claude MOYEN<br />
Arts<br />
18<br />
Ecoledoctorale<br />
L'opéra à la recherche de nouveaux espaces culturels<br />
1920 estiment nécessaire de sortir le<br />
genre de son isolement élitiste et de<br />
sa tradition. C’est ainsi que l’opéra<br />
présente de nouveaux aspects : les<br />
codes sont supprimés pour que chacun<br />
puisse comprendre de quoi il<br />
s’agit sans devoir être «initié», il ne<br />
se tient plus nécessairement dans les<br />
théâtres qui hiérarchisent le public, et<br />
utilise de nouveaux moyens musicaux,<br />
dramatiques et matériels.<br />
Emprunts, reprises, liens. Les raccords de l’art contemporain<br />
Affrontement des matériaux, collage,<br />
tension: une peinture qui<br />
donne à voir les traces de son montage,<br />
de sa mise en œuvre, littéralement,<br />
de sa mise en pièce. La question des<br />
raccords est au centre de ma pratique<br />
et de ma recherche. Que dévoilent les<br />
liens - en tant que lieu du faire - sur<br />
l’art, mais aussi sur l’intrication et<br />
finalement sur l’intrigue de l’œuvre ?<br />
Analyser l’intrigue de sa pratique<br />
créatrice peut devenir un moyen<br />
d’approcher anthropologiquement sa<br />
propre culture. Comment se retrouver<br />
(ou savoir se perdre) dans la pluralité<br />
des histoires et des récits ? Des<br />
influences primitivistes modernes<br />
aux emprunts et reprises cross-culturalistes<br />
actuels l’œuvre d’art intégrant<br />
des signes d’autres cultures pose avec<br />
insistance la question des raccords.<br />
Sur une scène de l’art définitivement<br />
mondiale, comment penser la création<br />
contemporaine dans l’hybridité<br />
et le métissage polyculturalistes ? Les<br />
affrontements et échanges culturels<br />
Les opéras de Luigi Nono<br />
(1924-1990) et la démarche de certains<br />
spectacles de George Aperghis<br />
(né en 1945) notamment illustreront<br />
ces propos, montreront comment ces<br />
conceptions ont été mises en œuvre,<br />
et quel impact elles ont eu sur la création<br />
musicale d’opéras, l’institution et<br />
le public.<br />
ont lieu aussi bien au niveau des<br />
grands échanges internationaux qu’au<br />
niveau intime de la texture des<br />
œuvres. Est-ce qu’ils s’y font de la<br />
même manière ?
Atelier 5<br />
- Laurent ANGARD<br />
- <strong>Brahim</strong> <strong>BANHAKEIA</strong><br />
Salle 08<br />
Traductions,<br />
Transpositions,<br />
Transferts<br />
- Liselotte KITTENBERGER<br />
19<br />
Ecoledoctorale
Laurent ANGARD<br />
Les Mémoires de Marguerite de<br />
Valois constituent à eux seuls<br />
une page de notre histoire nationale.<br />
Ils sont au carrefour de l’histoire et de<br />
la littérature, ils retracent la culture<br />
aulique et intellectuelle d’une époque<br />
troublée par les guerres sociales et<br />
religieuses. Il sont en un mot, précurseurs<br />
de tout un pan de la littérature<br />
intime que nous nommerons plus tard<br />
l’autobiographie.<br />
Les combats, tant événementiels<br />
que littéraires, qui se déroulent<br />
sous nos yeux quand nous déployons<br />
les pages des Mémoires, ne sont en<br />
fait qu’un dialogue entre une pluralité<br />
de genres, manipulés de façon<br />
inouïe par cette princesse de la<br />
Renaissance. A travers ces conflits,<br />
nous voyagerons dans le moi valoi-<br />
20<br />
Ecoledoctorale<br />
Littérature française<br />
Dialogue des genres et culture d’un genre :<br />
les Mémoires de Marguerite de Valois<br />
sien tiraillé entre le besoin de se purifier<br />
(rappelons-nous qu’elle commence<br />
sa rédaction en 1594, alors que la<br />
mémorialiste retrace une époque<br />
révolue, celle de 1572) et le besoin de<br />
se justifier à son interlocuteur qui<br />
n’est autre que Brantôme. Ainsi, à<br />
partir d’un pacte de lecture précisé<br />
dès l’incipit, celui de corriger certaines<br />
erreurs glissées sous la plume<br />
trop élogieuse de Brantôme,<br />
Marguerite de Valois va se re-découvrir<br />
et créer un dialogue générique<br />
par lequel elle parviendra à se re-trouver.<br />
Par sa grande culture humaniste<br />
puisée dans ses nombreuses lectures,<br />
elle écrira une histoire théâtrale de la<br />
nuit de la Saint-Barthélemy (août<br />
1572) et annoncera par là Corneille et<br />
Racine. De ses anecdotes, de ses histoires<br />
qui forment son histoire et<br />
l’Histoire, elle modulera son écriture<br />
en une aventure romanesque, où la<br />
mémorialiste parviendra à partir de sa<br />
première enfance, à créer un flou<br />
artistique qui ouvrira la voie aux<br />
futurs romans psychologiques. Bien<br />
plus, ses propres amours constitueront<br />
les fondements des romans sentimentaux<br />
qui verront le jour au siècle<br />
suivant avec une Mademoiselle de<br />
Scudéry ou une Madame de La<br />
Fayette.<br />
Marguerite de Valois a su par le<br />
truchement de son écriture et par la<br />
confrontation qu’elle établit entre les<br />
genres littéraires et l’histoire de sa vie<br />
tourmentée, modeler un genre connu<br />
en un genre protéiforme, celui des<br />
Mémoires.
<strong>Brahim</strong> <strong>BANHAKEIA</strong><br />
Etudes anglophones<br />
Dans cet exposé nous allons parler<br />
de la réception critique des<br />
écrivains irlandais par James Joyce<br />
parti vivre dans l'Europe continentale.<br />
Ses positions sont complexes à<br />
définir : tantôt il fait l'éloge de l'«Irish<br />
Identity», tantôt il se montre hostile à<br />
la production irlandaise. Cette attitude<br />
est intéressante à étudier. A partir<br />
Lieselotte KITTENBERGER<br />
Etudes germaniques<br />
La première édition allemande<br />
d’ «œuvres complètes» de Balzac<br />
apparaît entre 1841 et 1846, du vivant<br />
de l’auteur, chez Basse à Quedlinburg.<br />
A partir de ce moment les grands projets<br />
d’édition, ceux qui témoignent<br />
d’un intérêt soutenu et comprennent<br />
La Comédie humaine en son entier ou<br />
un certain choix d’œuvres, marquent<br />
les étapes de l’histoire de la traduction<br />
de Balzac en Allemagne. Les années<br />
vingt du dernier siècle en constituent<br />
le moment crucial, alors que trois pro-<br />
Joyce lecteur d'écrivains irlandais<br />
de cet antagonisme, il est possible de<br />
«définir» la conception de l'art chez<br />
Joyce. Ainsi son essai Critical<br />
Writings renferme des traits remarquables<br />
sur cette conception.<br />
Nous avons choisi les écrivains<br />
irlandais suivants : J.C.Mangan, Goldsmith,<br />
Yeats, Defoe, Swift, Oscar Wilde,<br />
Synge, Bernard Shaw. D'autres écrivains<br />
irlandais ont également une place<br />
dans la réception critique de Joyce.<br />
Balzac traduit et romancé<br />
jets d’édition naissent ou se développent<br />
en même temps. C’est l’époque<br />
de la «nouvelle objectivité» en littérature<br />
qui se met à explorer les illusions<br />
sociales et qui reconnaît en Balzac le<br />
prophète des conditions de vie<br />
actuelles.<br />
Ernst Weiß appartient à la génération<br />
d’auteurs allemands qui basculent<br />
entre expressionisme et renouveau<br />
réaliste. Son retour à une écriture<br />
réaliste s’accompagne d’une<br />
réflexion sur la créativité de Balzac,<br />
exprimée dans un essai sur Balzac<br />
aussi bien que dans son roman<br />
Cette réception critique détermine<br />
peu ou pour les formes et les significations<br />
de l'écriture joycienne.<br />
Männer in der Nacht (Deux hommes<br />
dans la nuit). En même temps Ernst<br />
Weiß traduit trois nouvelles de Balzac<br />
pour l’éditeur Rowohlt : là, où se présente<br />
l’occasion d’un rapprochement<br />
stylistique, Weiß est trop pressé<br />
(comme la plupart des traducteurs de<br />
Balzac) ou bien trop pris dans son<br />
écriture propre pour rendre justice à<br />
Balzac, même s’il manifeste une<br />
grande adresse dans le traitement de<br />
tournures typiques du style oral de<br />
Balzac.<br />
21<br />
Ecoledoctorale
Journée Doctorale<br />
CULTURES :<br />
AFFRONTEMENTS<br />
ECHANGES, DIALOGUE