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NOUVELLES DE JÉRUSALEM - Printemps 2022

Découvrez le n°103 des Nouvelles de Jérusalem. Numéro spécial sur la bibliothèque du couvent Saint-Étienne. Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. Les articles alternent français et anglais. Discover the n° 103 of the Nouvelles de Jérusalem. Special issue on the library of the convent of Saint-Etienne. The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Articles are sometimes in French sometimes in English.

Découvrez le n°103 des Nouvelles de Jérusalem.
Numéro spécial sur la bibliothèque du couvent Saint-Étienne.
Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. Les articles alternent français et anglais.

Discover the n° 103 of the Nouvelles de Jérusalem.
Special issue on the library of the convent of Saint-Etienne.
The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Articles are sometimes in French sometimes in English.

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Nouvelles de Jérusalem

Lettre aux amis de l’École biblique

et archéologique française

N° 103 - Avril 2022

École

biblique et

archéologique

française de

Jérusalem


A Dominican Biblical institute housed at the priory of St Stephen

since 1890, the École biblique et archéologique française de

Jérusalem, welcomes students and researchers from all over the

world and offers them a unique study experience.

The École thus continues the project of its founder, Father Marie-

Joseph Lagrange: to study the Bible in the land of the Bible, to

bring together both ‘document’ and ‘monument’ in an academically

rigorous way. To do this, the École offers an exceptional study

environment:

Specialised library

International team of teacher-researchers

Regular visits to archaeological sites

Fraternal atmosphere to foster dialogue

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(BIC): CMCIFRPP

École biblique et archéologique française de Jérusalem

Nablus road 83-85 -POB 19053 -IL 911 9001 Jerusalem

Tél. : 972 2 626 44 68 ext 238 - Fax. : 972 2 628 25 67

www.ebaf.edu - secretariat.ebaf@gmail.com

Couverture : Croquis topographique du Fr. Louis Vincent daté de 1911. Issu de la cartothèque de la

bibliothèque de l’École biblique.


Éditorial

Chers amis et anciens de l’École biblique,

Amadou Hampâté Bâ affirmait qu’un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui

brûle. Et donc, une bibliothèque qui survit est non seulement la vie d’un vieillard

pérennisée, mais elle est l’histoire de tout un peuple qui flirte avec l’éternité.

La bibliothèque Saint-Étienne de l’École biblique et archéologique française

de Jérusalem (Ébaf), plus qu’un patrimoine privé, est un lieu d’histoire de la

rencontre du monde avec les peuples du Proche-Orient. Elle représente 130 ans

d’histoire scientifique et culturelle d’une exceptionnelle richesse.

Située à l’entrée de Jérusalem-Est, cette bibliothèque se présente comme un

carrefour pour tous les chercheurs qui fréquentent la Terre sainte. Elle accueille

sans discrimination les projets scientifiques de chacun et offre un cadre de travail

serein et convivial. Dans ce lieu magnifique qu’est le couvent Saint-Étienne qui

l’abrite, des chercheurs (biblistes, archéologues, historiens et linguistes) du pays

et ceux venus de tous les horizons (près de 30 nationalités) jouissent d’un outil

de pointe mis à jour.

Elle est un lieu de recherche, d’histoire, de culture et surtout un lieu d’espérance

hors du commun. Page après page vous apprécierez d’abord : une histoire vieille

de 130 ans qui est unique parce que toujours renouvelée. Ensuite, à la rencontre

de son équipe de bibliothécaires vous ferez un voyage intercontinental. La densité

des collections complètes qui constituent la richesse et la force du lieu attire la

curiosité. Le catalogue dépouillé et indexé démontre sa particularité dans le monde

de la recherche. Sa base de données Koha mise à jour montre son actualisation et sa

dynamique. Les trésors de son catalogue font sa fierté. La présence des chercheurs

et des frères dominicains constitue sa vie. Les projets en cours et à venir ouvrent

des perspectives nouvelles et ravivent les espérances.

Fr. Bernard Ntamak, o.p.

Bibliothécaire


Célébration

Livres, extension et diplomates

Les 20 ans de la rénovation de la bibliothèque

ont permis d’évoquer l’extension

des lieux devenue nécessaires.

Jour de mobilisation le 9 mars 2022.

Il y a vingt ans, le 18 novembre

2001, Romano Prodi, Président de

la Commission européenne, inaugurait

les travaux de rénovation de la

bibliothèque. Il ne s’agissait pas de

rater cet anniversaire !

Les bibliothécaires sont sur le pont.

Objectif ? Tracer un parcours qui dévoilera

en plusieurs étapes les « pépites

» de la bibliothèque selon l’expression

du frère Bernard Ntamak,

le raïs des lieux comme l’appellent

affectueusement ses collaborateurs.

À la communication, Agnès, Benoît

et Jean-Jacques. La presse sera là,

nombreuse. À l’accueil, toute la

communauté vivant au couvent.

Pour quel public ? Outre les journalistes,

les diplomates européens

essentiellement. L’invitation avait

été lancée conjointement par

l’École, le Chef de la délégation

européenne à Jérusalem, Sven

Kühn von Burgsdorff, et le Consul

général de France, René Troccaz

qui souhaitait marquer ainsi localement

la Présidence française

de l’Union européenne. Mission

accomplie avec la présence d’une

soixantaine de participants !

4


Quant aux frères, ils jouèrent tous

le jeu par leur participation, leur

disponibilité et l’accueil – souvent

érudit – qu’ils auront réservés à nos

hôtes. Beau travail communautaire !

Que retenir de l’événement ? Sans

doute la surprise, parfois ébahie,

des visiteurs. Nombre d’Excellences

ignoraient l’existence d’un

tel lieu dans la Ville sainte et surtout

son étendue et sa richesse. Idem

pour les universitaires, telle Estelle

Ingrand-Varenne, médiéviste française

: « je n’imaginais pas que

vous disposiez de livres et de manuscrits

si anciens », avoue-t-elle.

À souligner la prise de parole de

M. Sven Kühn von Burgsdorff.

Il insista sur le rôle d’un tel lieu

pour attester de la place des chrétiens

comme communauté locale

vivante à part entière. « Une bibliothèque,

c’est un univers en

soi. Il donne corps à la connaissance

humaine. Trop de bibliothèques

ont été détruites au fil du

temps. Faisons en sorte que celleci

garde l’esprit de ceux qui ont

écrit ses livres et nous donne ce

qu’ils voulaient nous enseigner.

Et puisque je comprends que vous

voulez y ajouter des kilomètres de

nouveaux couloirs – un vrai défi –

j’espère que mes nombreux collègues

sont prêts pour cela, je le suis

certainement pour ma part ».

M. René Troccaz rappela la visite

du Président français, Emmanuel

Macron, il y a deux ans : « Il était

fasciné, c’est exactement ce qu’il

me confia alors. Vous lui disiez

alors que vous êtes ici pour des

décennies, des siècles, assurant une

présence en Terre sainte. En tant

que communauté chrétienne, en

tant que scientifiques, vous voyez

l’évolution des lieux et vous gardez

la mémoire de l’histoire de Jérusalem

et de la Terre sainte quelle

que soit la situation politique…

aussi tenions à organiser cette soirée…

Je tenais à vous remercier :

vous étudiez la Bible au pays de la

Bible, merci ».

Et demain ? « En gardant les livres

sur leur tranche et en les mettant

côte à côte on relierait l’École à

Bethléem, soit 11 km de livres ! »

précisa le fr. Bernard. Et d’ici cinq

ans, la place manquera pour les

suivants. C’est le projet des frères

pour leur bibliothèque : l’agrandir !

Mais nous vous en reparlerons.

Fr. Benoît Vandeputte, o.p.

Curator auxiliorum

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022


History

The Library for the École biblique et archéologique

française de Jérusalem : an historical overview

Extract of Pawel Trzopek and

Amy Phillips, “The library for the

École Biblique et Archéologique

Française de Jérusalem”. In : Libraries

in the early 21st century.

Volume 2, An international perspective

/ edited on behalf of IFLA

by Ravindra N. Sharma. — Berlin ;

Boston (Mass.) : De Gruyter Saur,

cop. 2012. - p. 313-325.

(…) Since our article will focus

exclusively on the École biblique

et archéologique française de Jérusalem

(hereafter EBAF), a special

library that receives no funding

from the Ministry of Education

and Culture of Israel, it is worth

noting its geo-political milieu.

EBAF is located in East Jerusalem

which is considered “occupied territory”

by Palestinians and the international

law. (…).

Many small and specialized libraries,

particularly in East Jerusalem,

were founded by organizations

with religious connections or af-

6


filiations before the creation of

the State of Israel, other religious

libraries in occupied East Jerusalem

include the Calouste Gulbenkian

Library of the Armenian

Patriarchate of Jerusalem and the

Studium Biblicum Franciscum.

Examples of libraries in the area

founded by academic or scholarly

institutions are the Kenyon Institute

(of the British Academy) and

the W.F. Albright Institute of Archaeological

Research (affiliated

of the American Schools of Oriental

Research). It is also worth noting

the special library, Pontifical

Biblical Institute (directed by the

Jesuits), which is located in West

Jerusalem.

All of the above mentioned libraries

are independent and thus

struggle with funding from within

their respective communities, often

those outside of Israel and Palestine.

All of the above mentioned

libraries’ user communities come

from all parts of Israel and Palestine

and from all over the world.

The complex political, religious,

and social situation impacts the

living conditions and development

of the libraries in the country.

History and Foundation of the

Library for EBAF

(…) EBAF is a Dominican school

awarding (…) post-graduate degrees

in biblical and archeological

studies. It is located in East

Jerusalem, just outside of the Old

City, some 150m north from the

Damascus Gate. It was founded

in 1890 by the Order of Preachers,

also known as Dominicans, a Roman

Catholic religious order dating

back to the 13th century and

it remains under their direction

today.

It is noteworthy that EBAF could

not and cannot exist without the library,

nor could the library ever be a

single entity without the purpose of

serving the needs of the school (…).

Some of the earliest volumes

about EBAF were those produced

by the school itself, namely, the

serial publication Revue Biblique,

which began in 1890 and continues

today. Moreover, the teachers,

students, and scholars who have

been a part of the school’s mission

have contributed innumerable

monographs, photographs,

and cartographic materials to the

library’s collection as will be noted.

Even at the present time, the

library is the heart of the school.

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

7


Marie-Joseph Lagrange, OP was

the founder of EBAF. From the

very beginning he envisioned

that he envisioned that the library

would be in close proximity to

the church, the laboratory and the

oratory. This proximity is still of

greatest importance because study

and prayer go hand in hand in the

life of the Dominican community.

While they are not the same,

their end is the same: to meditate

on and understand the message

of good news found in Scripture.

While this perspective might

make the Dominican way of life

unique as compared to other communities

of faith, it is not meant to

isolate it from other individuals or

communities involved in the study

of sacred texts and the material

culture of Palestine or the Middle

East. Fr. Lagrange always intended

for the school and its library to

remain open to anyone interested

in the disciplines of biblical and

archeological studies.

Fr. Lagrange records a letter, dated

August 16, 1890, from his informal

instructor in Scripture, Fr. Thomas:

“…[A] house in Jerusalem capable

of directing scientific excursions

and centralizing information would

render valuable service. Then I

heard what the zealots had to say,

and I thought to myself (in secret):

That’s marvelous, but it would never

work. They won’t have resources

to create a study center equipped

with the necessary tools; by that I

mean a library”.

Nonetheless, Fr. Marie-Joseph Lagrange

was assigned to develop

and direct this school, as difficult a

task as it seemed. He arrived in Jerusalem

in November of 1890. Fr.

Montagnes reports: “In November

of 1890, there was nothing in the

hall of the old slaughterhouse to

encourage Father [Lagrange] ...

Still embedded in its walls were

the rings where animals awaiting

slaughter had been tethered.”

In light of the unusual architectural

environs, the lack of resources,

Fr. Lagrange, in his inaugural

address for the opening of the

school, humbly and perhaps humorously

claims:

“It was in no way necessary that

this project be Dominican…and I

admit without false modesty, that it

could have been entrusted to worthier

hands…This is a common

work for all the Catholic communities

of Jerusalem. All of them have

contributed to it…Messieurs, all

of you have encouraged this work

which we have humbly, weakly;

8


above all poorly begun, with only

a table, blackboard, and a map for

school equipment.”

With these glimpses into the conditions

of the founding of EBAF,

we see that the library had tenuous

beginnings as well as slight

holdings. Even looking back

twenty-five years later Lagrange

remembered the library’s humble

beginning: the collection had “a

few books – even a country Curé

had more of them! – left behind by

some missionary priests”. (…).

Between the time of the school’s

founding and the establishment

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

of Revue Biblique, François-Marie

Braun, OP notes that the school

and library had grown steadily

in size. The library, he notes, had

“first call” on all available funds.

The next major milestone for the

library of EBAF was the outbreak

of the First World War. On December

14, 1914, Turkish police arrested

all the French in Jerusalem and

deported them, Fr. Lagrange and

his Dominican brothers. Eventually

they were brought back to Rome

on January 8, 1915. “During the

war, the Spanish consul, as well

as Father Doumeth, who was Lebanese,

and the lay brothers, who

9


were Swiss, protected St. Stephen

priory in Jerusalem. Their presence

had prevented the priory from

being ransacked, and they were

able to save the library.” In reality

there was a point, as Fr. Lagrange

reflected years later, when the library’s

books were stolen.” Of this

Lagrange wrote emotively: “Unhappy

magazines, unhappy books,

unhappy library!” The stolen materials

were returned, and they can

still be identified with the stamp

of the Ottoman empire. Lagrange

and his Dominican brothers returned

to the school in November

of 1918, happy to resume teaching

and research. (…)

The Dominican community appointed

a “librarian” every time it

was necessary. This office is necessary

in every Dominican community

and other communities

generally appoint their librarians

every three to five years. Community

libraries are rarely as large,

nor is the work of the community

librarian as demanding, as that of

the EBAF. Pawel Trzopek, a Dominican

from Poland, began serving

as the assistant librarian under

Fr. Sigrist from 2004 to 2007. Fr

Trzopek was then appointed head

of the library in 2007 and he handed

this responsibility over to fr.

Bernard Ntamak in 2021. (…)

10


Present Concerns and Issues

The Library is facing different

challenges due to the complex political,

historical and religious context

of the region. One of the most

important factors is a lack of qualified

staff. The employment policy

is still based on volunteers coming

mainly from France. The change

of the cataloguing system forced

the superiors of the priory to find

qualified persons who were able

to work according to international

standards. (…).

As in every library, we of the library

at EBAF feel a lack of material resources,

especially that of money.

Although an important part of our

expenses is covered from different

donations and subventions (e.g.

grants from the Centre National du

Livre in Paris), still some 60% of

the acquisition budget must come

from the budget of the Dominican

community. With increasing prices

of publications and postage fees (as

well as taxes imposed by the State of

Israel), having enough to cover such

costs becomes a heavy burden. (…)

The rare books collection contains

printed material from as early as

1519. Its core collection of over

800 volumes printed before 1789

is of considerable value and importance

for researchers from various

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

fields, not just limited to biblical

and archaeological studies. Therefore,

it is necessary that a comprehensive

evaluation be made of the

state of these rare books so that the

library can prepare a plan for the

conservation and preservation of

these precious materials. The question

of digitization as a means of

preserving our rare materials is another

issue that must be addressed.

The library has always had a commitment

to providing digital acces

by allowing researchers access to

materials for digital photography

or scanning, the condition of materials

permitting. A full scale rare

book digitization project, however,

would take financial and personnel

resources that would be well beyond

those of the library.

The Future

(…) Co-operations and collaborations

with other libraries in Israel/Palestine

have been accomplished

on an ad hoc basis but

a clearly delineated consortium

with local or even international

libraries of a similar nature has

yet to be developed.

Given the explosion of social networking

services like Facebook,

Google +, and Twitter, information

sharing becomes easier, as

does collaboration and collection

11


promotion. Of course, the Library

of EBAF has a Facebook page

where updates on new collections,

library hours, and events are posted.

So having a website is no longer

the only way for global recognition!

As more social networking services

become available and widespread,

small libraries like EBAF will be

able to take advantage of these for

raising awareness of their unique

resources. This, of course, meansfinding

opportunities to enlist more

support, moral and financial.

special collections, can be made

available to biblical scholars across

the world.

Paweł Trzopek OP

former assistant librarian (2004-

2007) and director of the Library

at the EBAF (2007-2020)

Amy Phillips

a volunteer librarian at the EBAF.

Nowadays Cataloging Policy Specialist

at the Library of Congress,

Washington, DC, USA.

Scanning software and hardware is

also a key component in providing

easy access to information. As these

become more sophisticated and

less costly, more of EBAF’s library

collections, particularly unique and

12


Clichés

La photothèque du couvent Saint-Étienne

Trésor dans le trésor, la photothèque,

ou l’histoire en images du

Proche-Orient depuis les Ottomans

jusqu’à ce jour.

La première génération de l’École

biblique a beaucoup photographié,

amorçant ainsi ce qui deviendra une

belle collection. Dès 1890, le Père

Lagrange, fondateur, fait quelques

photographies sur petites plaques de

verre, mais n’insiste pas : il passera

le flambeau, et ce sont surtout les

pères Jaussen et Savignac qui constitueront

le fonds. L’idée était de produire

par la photo des “preuves” de

l’argumentation contenue dans les

articles publiés par l’École biblique

dans la Revue biblique, et d’illustrer

les monographies, magnifiques

grands ouvrages, publiées entre

1900 et 1924, essentiellement.

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

Dans un esprit moderne pour l’époque,

la photographie était considérée,

à l’égal de l’estampage, comme

une démonstration irréfutable. Les

thèmes de la photothèque sont ainsi

ceux des recherches menées par

les dominicains, et recoupent leurs

publications, effectives ou justes

amorcées, la Première guerre mondiale

ayant parfois laissé en plan tel

ou tel projet éditorial dont les photos

étaient déjà prêtes – et conservées.

On trouve de l’archéologie, des

blocs d’architecture, mais aussi

des monuments dans la campagne

d’alors où bien des constructions

ont disparu. Un peu d’ethnographie

arabe est illustrée par le P. Jaussen.

Nous avons principalement

les magnifiques photographies des

expéditions lointaines, à dos de

13


chameaux ou à cheval, dans tout le

Proche-Orient. On trouve, d’avant

1914, du Palmyre, du Baalbeck, du

Sinaï, du Hedjaz – pour ne citer que

des exemples. Parmi les monographies,

les photos utilisées dans les

synthèses des PP. Vincent et Abel

sur la ville de Jérusalem, sur la

basilique de Bethléem, sur les tombeaux

des Patriarches à Hébron, sur

Emmaüs-Nicopolis. La Mission en

Arabie (1907-1911), de Jaussen &

Savignac, fait cinq volumes.

La collection ancienne est de

12.000 plaques de verre, auxquelles

s’ajoutent 2.500 verres stéréoscopiques.

Le verre fut pratiqué

jusqu’en 1952 ; puis on passa aux

films sur plastique, ou négatifssouples,

moyen-format (type Rolleiflex)

ou petit-format (type Leica).

L’équipe photographique change

alors : ce sont les frères Pierre Benoit

et Roland de Vaux qui photographient,

soit dans les voyages,

Transjordanie, Syrie, Turquie, soit

aux premières fouilles, dont Tell el-

Farʽah et Qumrân.

La numérisation du fonds a commencé

en 2001. Avec l’ajout de

collections d’autres communautés

religieuses de Terre sainte, nous atteignons

à ce jour 32.300 scans noir

& blanc. La plus grosse acquisition

restant sans doute l’ensemble des

albums du Patriarcat latin de Jérusalem,

dont nous avons tiré 3.110

scans. La couleur n’est pas en reste

avec la numérisation d’environ

20.000 diapositives, plus récentes

mais dont certaines ont déjà 60 ans

d’âge et deviennent de précieux

témoins. Enfin, d’anciens étudiants

nous ont aussi légué leurs fonds

photographiques, que nous intégrons

en complément des nôtres.

Des expositions pour le grand public,

à partir de 1995, en France et

à l’étranger, ont fait connaître les

photographies de l’École biblique.

La dernière date de cette année

2022, à Jeddah (Arabie Saoudite)…

Notons enfin, parmi les photos peu

communes, les cinq seules d’Albert

Einstein à Jérusalem, ou l’unique de

la construction de la Porte Neuve,

celles des fouilles de sir Warren

dans les souterrains de l’Ophel, ou

bien encore des vues de Palmyre

d’avant 1914, de l’intérieur de la basilique

de Sainte-Catherine du Sinaï

avant 1914, de la première croisière

sur la mer Morte en 1908, de Lawrence

d’Arabie en février 1917...»

Fr. Jean-Michel de Tarragon, o.p.

Archiviste et chroniqueur conventuel

14


Cartothèque

A singular map library

The “Cartothèque” has existed

alongside the monographic and

photographic collections since the

founding of the library.

May we call to mind the words

of Père Lagrange at the school’s

opening in 1890: ‘Messieurs, all

of you have encouraged this work

which we have humbly, weakly;

above all poorly begun, with only

a table, blackboard, and a map for

school equipment.”

The maps, drafts, and topographic

sketches that were first part of

the collection were contributions

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

from the professors and students.

One of the first and most prolific

draftsmen and cartographers was

Louis-Hugues Vincent, OP. A Jerusalem

street is named after him.

In Fr. Lagrange’s own memoirs,

he describes the early work of an

important archaeological expedition

where Fr. Vincent becomes

the designated map maker:

“…a party from the School had

visited Petra and spent three

days in a vain search for a large

inscription which we had been

told existed there. At the very

last minute P. Vincent, who had

alone refused to give up the

15


search, found the inscription

a remote valley. (…) He later

produced a copy of the inscription

which was so perfect that

from then onward he was the

one of our number appointed to

do this type of work, and also

to draw up the maps.”

The library has always actively

collected the best cartographic

publications important for the

study of the Bible. Among the Cartothèques’

holdings are sheet maps

made by Pierre Jacotin, Samuel

Heinrich Keipert, Gottlieb Schumacher,

Edward Robinson, the Palestine

Exploration Fund and the

Ordnance Survey of Jerusalem.

Eventually, the sheet maps will be

digitized and the digital surrogates

will be linked to the bibliographic

records. Some 200 sheets of maps

have been included in the digital

contribution of our library to the

project Bibliothèques d’Orient by

the National Library of France.

Fr. Pawel Trzopek, OP

Honorary librarian

16


Témoignages

Ce qu’ils y trouvent...

Isabelle, Michel ou Isabella : des

parcours différents mais une fascination

commune.

Ce semestre, après un itinéraire

rocambolesque et moult heures

d’avion – Covid oblige – Isabelle

a débarqué du Canada. Premier

contact : et voici le charme de

l’accent québécois qui chante à nos

oreilles. La quarantaine cendrée

et rieuse, Dame Isabelle bénéficie

d’une bourse de l’Association canadienne

des amis de l’École : une

aubaine pour cette enseignante de

l’Université du Québec à Montréal.

Doctorat en poche, elle approfondit

ses recherches sur les figures

littéraires féminines aux livres des

Maccabées dans un contexte de

martyre. Bigre ! Que voici un sujet

paradoxalement grave pour cette

Québécoise toute en joie !

« J’ai cinq mois pour éplucher les

rayonnages et creuser la réception

du martyre et des femmes dans la

littérature patristique et rabbinique.

Tout le monde m’a dit au pays

qu’un séjour à l’École biblique et

archéologique française était une

grande chance, notamment à cause

de la bibliothèque. En arrivant…

j’ai compris.

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

17


J’ai eu l’impression de redevenir

l’enfant qui entre dans une

confiserie et reste figé dans un

premier temps tant il y a de bonbons

! Toutes les sources premières

étaient là : im-pres-sion-nant !

Avec ça, un catalogue d’anthologie

: le dépouillement de tout ce

qui entre ici – thème par thème,

chapitre par chapitre, etc. – : c’est

fabuleux. Cela fournit un outil de

travail unique en son genre. Je suis

fascinée par la sédimentation des

références sur un sujet en accès direct

: c’est un vrai plus, introuvable

dans le Nouveau monde ! ».

Canadienne élevée aux grands

espaces sur les rives du fjord du

Saguenay, amoureuse des déserts

– elle évoque le Maroc et piaffe à

l’idée de descendre à la Mer morte

et à EIn Bokek –, elle vibre à la

nature. Aucune occasion de parcourir

le pays n’est ratée. Québécoise,

elle est aussi poétesse : « Un

livre est le plus beau refuge qui

soit au monde : la charge d’amour

du savoir qui repose ici, le désir

du partage des objets à lire, l’idée

des mains qui l’ont compulsé avant

soi… ». La voix soudain s’efface

en un souffle murmuré. Celui de

l’ange qui passe sans doute.

Un monde bien à elle qui lui a permis

de surmonter les vagues de stupeur

et les affres des tremblements

de l’arrivée. « D’abord, il y avait

LE professeur spécialiste de mon

sujet, un peu comme une relique

sacrée, là ». Et puis le catalogue

si profus la « met en panique ».

Heureusement le côté « délicieusement

désuet » du fonctionnement

des lieux la rassure. « Quand

j’ai rempli des « fantômes » (des

fiches cartonnées substituées aux

livres en rayonnage pour en garder

la trace), j’ai cru rêver : chez nous

tout est électronique ».

Un défaut à noter ? « Oui ! Un

gros, s’exclame-t-elle : comme je

suis proustienne et coletienne - J’ai

corrigé toute ma thèse dans ma

baignoire, – livre-t-elle en incise –,

j’aimerais pouvoir emporter un

livre dans ma chambre, le parcourir,

le lire, le travailler. Mais ici,

c’est interdit : tout est accessible

mais rien ne peut sortir ».

Autre visage. À 25 ans, pur produit

de l’École du Louvre, Michel

arrive pour deux mois de stage,

envoyé par l’Institut national du

patrimoine (I.N.P.). Après un passage

par la prestigieuse université

de Heidelberg, le crochet par

l’Orient comble l’historien de l’art

qui vit en lui. Son avenir se dessine

au sein des musées territoriaux

comme directeur ou conservateur.

Luthérien, il confesse en clin d’œil

avoir une Bible de Jérusalem depuis

le lycée.

18


C’est par l’archéologie qu’il est

arrivé sur place. « J’ai choisi ce

lieu parce qu’on y parle français ;

l’école est connue, et puis l’aspect

communautaire de la vie avec les

étudiants, les frères, les profs.,

semblait un plus ». Sa mission ?

Évaluer le potentiel du domaine

de Saint-Étienne, tant touristique,

biblique, que lapidaire…

« Tous les livres, en accès direct

pour les résidents, 24h/24, une bibliothèque

chauffée l’hiver, climatisée

l’été… Je suis ébloui par les

rapports de fouilles, par la disponibilité

permanente d’ouvrages de

référence difficilement accessibles

ailleurs, tel ce livre sur l’art des

croisés au XIIème siècle ».

Où situerait-il alors la marge de

progression ? « Une intégration

aux réseaux internationaux des bibliothèques

», insiste-t-il aussitôt.

Côté intégration, Isabella n’a pas eu

de problèmes. Italienne, doctorante,

jeune trentenaire, elle fait partie

des usagères extérieures des lieux

en tant que visiting researcher au

département de langue hébraïque

de l’université hébraïque de Jérusalem.

Son sujet ? Les Hexaples

d’Origène avec la transcription en

grec d’un de ses éléments. Elle est

à l’Ébaf sur les conseils du professeur

Steven Fassberg.

« Pour moi, confie-telle, disposer

de mon locus est bien le signe que

c’est une bibliothèque de chercheurs,

spécialisée, complète dans

sa spécialité à la différence des

bibliothèques universitaires qui

ont toujours des manques. Je peux

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022 19


y laisser les livres que je travaille

à ma table et les y retrouver quand

je reviens ».

L’atout majeur reste pourtant, selon

elle, l’ambiance des lieux où « tout

est conçu pour favoriser la concentration

». Elle affectionne particulièrement

la lumière spéciale qui

règne sur les ouvrages ou entoure la

pénombre de son poste de travail :

« une lumière incroyable, sous les

oliviers que l’on aperçoit par-dessous

depuis nos fenêtres ».

Et ce qu’elle apprécie le plus ?

« C’est à 10 minutes à pied de chez

moi, et la salle détente me permet de

faire la pause sur place et d’échanger

avec les autres, c’est top ! ».

Plutôt logique pour quelqu’un qui

se destine à l’enseignement et court

retrouver son fiancé, un musicien

français venu la visiter alors qu’elle

reste de longs mois en Terre sainte.

Surprise ! Des frères le reconnaissent

: Sylvain est un fidèle de

l’Abbaye de Sylvanès. Incroyable

et inattendue rencontre.

Mais ne dit-on pas en Italie : « Tutto

il mondo è paese » ? Oui, en vérité,

le monde entier est un pays. Même

au pays des bibliothèques.

Fr. Benoît Vandeputte, o.p.

Rédacteur en chef

20


Visages

Les coéquipiers du livre vivant

The team members of the living books

Canada, France, Israël, Italie ou

Palestine : les collaborateurs du

Bibliothécaire reflètent la planète.

Vous les trouverez dans les rayonnages

de la bibliothèque du couvent

Saint-Étienne mais le plus

souvent dans leur bureau baigné de

musique classique, concentrés sur

les ouvrages qu’ils répertorient,

cataloguent et indexent. Formés

à la bibliothéconomie, ces professionnels

du livre mettent ici en

pratique les compétences nécessaires

au travail en bibliothèque

spécialisée : curiosité, précision,

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

exigence et cohérence. Unie par

l’amour des livres et de la lecture,

cette équipe internationale fait de

sa diversité de langue et de culture

une force.

Camerounais, Bernard dirige la

bibliothèque depuis 2020 : féru

de belles histoires bibliques, de

légendes et de mythologie, il aime

le sport, la musique africaine et

les voyages. Si vous ne le trouvez

pas derrière son bureau, il est

peut-être en train de démonter les

étagères car le bricolage est une de

ses passions.

21


Israélienne, Marianne adore les

subtilités du catalogage, mais cette

jeune grand-mère, intarissable au

sujet de son petit-fils, est aussi une

passionnée de randonnée. Elle adore

cuisiner et peut vous donner les

meilleures adresses de Jérusalem.

Canadienne de l’Ouest, Emily

aime la grande variété du travail de

bibliothécaire : acquisitions, récolement,

travail sur les collections…

Grande lectrice, elle vous parlera de

Jane Austen, de Lucy Maud Montgomery,

d’Albert Camus qu’elle lit

dans le texte mais aussi d’heroic

fantasy (Luke Skywalker et Le

Seigneur des anneaux !), avec des

étoiles dans les yeux.

Palestinien de Jérusalem, Amir

apprécie l’atmosphère joyeuse qui

règne dans l’équipe. Choriste et

amateur de chants grégoriens, il

aime aussi la politique, le National

Geographic et l’art sacré. Ne

manquez pas de le questionner sur

sa passion : la peinture sur vitrail.

Volontaire française, Isabelle

adore disséquer articles et chapitres

à la recherche des motsclefs

les plus adaptés. Fan de littérature

des XIXe et XXe siècles,

elle fait du yoga, apprend l’hébreu

et arpente les sites archéologiques.

Début 2022, Evelyn, bibliothécaire

israélienne, et Gaia, volontaire italienne,

ont quitté l’équipe pour

d’autres horizons professionnels.

22


Toute l’équipe a regretté leur

départ mais se prépare à recevoir

Marie-Anne, volontaire française

férue d’Histoire (Afrique

et Proche-Orient) et de relations

internationales.

The team members of the living book

Canada, France, Israel, Italy or

Palestine, the teammates of the library

are a reflection of the planet.

You will find them in the shelves

of the library of the Saint Stephen

priory, but more often than not

in their office, bathed in classical

music, concentrating on the

works they are cataloguing and

indexing. Trained in librarianship,

these book professionals put

into practice the skills necessary

to work in a specialized library:

curiosity, precision, high standards

and consistency.

United by their love of books and

reading, this international team

makes its diversity of language

and culture a strength.

Adaptabilité, ouverture et nouveauté

font ainsi partie de la vie

de cette équipe dynamique, investie

et chaque jour dévouée à l’enrichissement

du catalogue de la

bibliothèque conventuelle.

Bernard, a Cameroonian, has

been running the library since

2020: he is a lover of beautiful biblical

stories, legends and mythology,

and enjoys sports, African

music and travelling. If you can’t

find him behind his desk, he may

be dismantling the shelves, as DIY

is one of his passions.

Israeli, Marianne loves the intricacies

of cataloguing, but this young

grandmother is also an avid hiker

and can’t stop talking about her

grandson. She loves to cook and

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022 23


can give you the best addresses in

Jerusalem.

Palestinian from Jerusalem, Amir

enjoys the joyful atmosphere in

the team. He is a choir singer and

a lover of Gregorian chants. He

also likes politics, National geographic

and sacred art. Be sure to

ask him about his passion: stained

glass painting.

Emily is a Western Canadian who

enjoys the wide variety of library

work: acquisitions, cataloguing,

collection work... An avid reader,

she will tell you about Jane

Austen, Lucy Maud Montgomery,

Albert Camus, whom she reads

in the text, and also about heroic

fantasy with stars in her eyes.

A French volunteer, Isabelle loves

to dissect articles and chapters,

finding the most appropriate

keywords. A fan of 19th and 20th

century literature, she does yoga,

learns Hebrew and surveys archaeological

sites.

At the beginning of 2022, Evelyn,

an Israeli librarian, and Gaia, an

Italian volunteer, left the team for

other professional horizons. The

whole team regrets their departure

but is preparing to welcome

Marie-Anne, a French volunteer

keen on History (Africa and the

Middle East) and international

relations.

Adaptability, openness and novelty

are thus part of the life of

this dynamic team, invested and

devoted every day to the enrichment

of the convent’s library catalogue.

Emily Johnson et Isabelle Dauphin

Bibliothécaires

24


Recherche

Du papier Canson au catalogue 2.0

Le premier catalogue de la bibliothèque

Saint-Étienne était simplement

sur fiches cartonnées…

Les cartes étaient magnifiquement

manuscrites à la plume par le bibliothécaire

ou par ses assistants. Il

se composait d’une entrée d’auteur

ainsi que d’une entrée de sujet.

Déjà, très tôt, on pouvait trouver

des péricopes bibliques (c’est-àdire

de plus petites parties de texte

dans le corpus biblique) parmi les

sujets du catalogue thématique.

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022

Dans les années 1950, les fiches

furent dactylographiées et ce système

de catalogage utilisé jusqu’à

la fin des années 1980. Avec les

années 1970, toutes les fiches du

catalogue furent photographiées

et éditées en un nombre limité

d’exemplaires monographiques.

Dès les années 1980, les éditions

imprimées ultérieures du catalogue

devinrent des fiches enregistrées

sur une base de données

informatisées très simple.

25


La nouvelle technologie est arrivée

à la bibliothèque avec l’avènement

du système informatique

LiberMedia en 1990. La bibliothèque

utilisa alors le catalogage

et l’interface OPAC propre à ce

système. Le module de catalogage

utilisait le codage et les champs

MARC, mais disposait également

d’une interface de catalogage et

du guide professionnel Normes de

catalogage publié par l’Association

française de normalisation qui

permettait à ceux qui ne connaissaient

pas UNIMARC de créer des

notices bibliographiques relativement

complexes. Après quatorze

années, environ 70% des fonds –

soit presque 400 000 entrées informatiques

– étaient disponibles dans

LiberMedia . Les sections les plus

importantes de la bibliothèque y

ayant été cataloguées dès le début.

Avec le développement d’Internet,

l’idée de créer un catalogue basé

sur Internet fut très vite prise en

compte et la question sérieusement

étudiée dès 2006. Un informaticien

compétent et hautement qualifié

de la Province dominicaine de Pologne,

le fr. Janusz Kaczmarek, est

alors invité à coopérer à l’aventure

Koha, un système de bibliothèque

intégré open source installé en

2007 ce qui se révéla le meilleur

choix. Fr. Kaczmarek migra donc,

avec succès, les informations de la

base de données LiberMedia vers

Koha. Il dut faire face à des défis

tels que la conversion de codes

complètement non normalisés pour

les caractères grecs et hébreux ou

la fixation d’une table de conversion

des champs pour les adapter

aux champs standard UNIMARC.

Le 13 décembre 2008, la bibliothèque

était complètement passée

à Koha. Le travail minutieux des

bibliothécaires aboutit ainsi à un

résultat qui assure toujours l’excellence

de la qualité et de la convivialité

de Koha. Le catalogue de la

bibliothèque peut être consulté en

ligne à l’adresse https://biblio.ebaf.

edu. Tous les utilisateurs peuvent

ainsi rechercher et parcourir les

collections depuis leur ordinateur

personnel. Un réseau WiFi a également

été installé dans la bibliothèque

cette même année, il est

ouvert à tous les utilisateurs partout

dans la bibliothèque.

Actuellement le catalogue contient

plus que 530 000 entrées. Le rétrocatalogage

du fonds de la bibliothèque

est presque achevé. Depuis

2021, nous travaillons avec une

société française qui s’occupe de la

gestion informatique du catalogue.

Fr. Pawel Trzopek, o.p.

Bibliothécaire honoraire

26


Travaux pratiques

Au-delà des chiffres, un patrimoine

Opération inventaire pour les ouvrages

de la bibliothèque.

Le confinement lié au Covid a

été l’occasion d’entreprendre une

tâche essentielle pour le fonctionnement

d’une bibliothèque : le récolement,

c’est-à-dire l’inventaire

général physique des livres.

Le récolement est l’opération qui

consiste à vérifier, par volume et

sur place (physique), à partir d’un

titre ou de son numéro d’inventaire

(cote et code barre) : la présence

du volume dans les collections,

sa localisation, son état,

son marquage, la conformité de

l’inscription à l’inventaire avec le

volume ainsi que, le cas échéant,

avec les différentes sources documentaires,

listes ou catalogues.

Il s’agit concrètement de localiser

les volumes inscrits sur la liste

tirée du catalogue de la bibliothèque,

d’en vérifier la description

(dimension, titre, date, etc.),

le marquage, la documentation et

l’état de conservation. Le récolement

assure, en quelque sorte, la

traçabilité des collections patrimoniales.

En chiffres : six bibliothécaires

renforcés par une équipe de frères

volontaires et de chercheurs,

quatre heures de travail par jour en

semaine, 24 semaines de travail.

A la fin du récolement : 133 390

titres, 369 volumes disparus de nos

rayons, 680 volumes endommagés

(et 80 000 euros de restauration),

5 643 corrections à intégrer dans le

catalogue, des collections incomplètes.

À la suite de ce travail très important,

il s’agit de décider de l’avenir

de telle ou telle collection, de

« boucher les trous » et de mieux

répondre aux attentes de lecteurs

exigeants, bref d’assurer l’avenir

de ce trésor patrimonial de

recherche.

Fr. Olivier Catel, o.p.

Doctorand

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022


Mémoire

Au service de la mémoire longue

Une documentation enrichie au fil des décennies.

Les archives du couvent Saint-

Étienne et de l’École biblique et archéologique

française de Jérusalem

ont fait l’objet de plusieurs campagnes

d’identification et de classements

depuis les années 1960. Aujourd’hui

conservées dans une salle

dédiée au sein de la bibliothèque,

elles y sont regroupées, classées et

inventoriées.

Les fonds d’archives (c’est-à-dire

l’ensemble de documents rassemblés

dans le cadre des fonctions ou

activités) du couvent, de l’École

biblique et des pères dominicains

représentent environ 100 mètres

linéaires et témoignent de l’histoire

de ces deux institutions depuis leur

fondation, ainsi que de certains

parcours individuels de membres

de la communauté.

C’est l’organisation hiérarchique du

couvent qui a prévalu dans le classement

de ce premier fonds qui

comprend tout ce qui concerne

son quotidien et sa gestion depuis

1884, année de sa fondation. De cet

ensemble, il ressort de nombreux

documents particulièrement riches

d’informations comme les registres

des chapitres et conseils conven-

28


tuels, la correspondance des prieurs,

les diaires ou chroniques (tenus à

jour depuis la Première guerre mondiale),

ainsi que la comptabilité depuis

l’origine du couvent...

Le fonds d’archives de l’École

biblique est quant à lui constitué

des documents relatifs à son administration,

à l’organisation de

la scolarité et à ses diverses activités

scientifiques. Les archives

témoignent ainsi de l’histoire de

l’École et des travaux qui y ont été

menés depuis 1890 : qu’il s’agisse

de son activité d’édition (Bible

de Jérusalem, Revue biblique),

des relations avec l’Académie

des Inscriptions et Belles-Lettres,

des cours de topographie (à partir

de 1905 pour Jérusalem), des

programmes et journaux d’excursions,

ou encore des relations du

Père de Vaux, alors directeur de

l’École, avec ses étudiants.

Enfin, les archives des membres

du couvent (et de quelques personnes

proches de l’institution)

sont classées par auteur et regroupent

leurs archives personnelles

et scientifiques (préparation

de cours, de publications…). De

nombreux dossiers d’intérêt tout

à fait remarquable y sont conservés,

tels les carnets de bords tenus

par les pères durant leurs voyages

(Pères Vincent et Savignac en

1896 : plus d’une vingtaine de

carnets), les dessins du Père Abel

(sites archéologiques, vues de la

campagne et même quelques caricatures),

le fonds du Père Benoît

(vie du couvent, relations avec les

autorités palestiniennes et israéliennes

pour la conservation du

patrimoine archéologique, agendas

détaillés…), les travaux du

Père de Vaux à Qumrân et à Tell el

Fara’h, ou encore la participation

du Père Coüasnon à la restauration

du Saint Sépulcre.

Ces fonds d’archives sont le reflet

de la vie de cette institution, mais

également de Jérusalem et plus

largement de la zone du Proche-

Orient. Si l’occupation du couvent

par les troupes turques au cours de

la Première Guerre mondiale et qui

a vu une partie du fonds de la bibliothèque

être emportée à Constantinople,

est encore dans les esprits,

on y trouve également de nombreuses

références aux différents

conflits qui ont ponctués le siècle

dernier et aux implications pour le

quotidien (check point, ravitaillement,

difficultés de voyages).

Héléna Rigaud

Archiviste

Nouvelles de Jérusalem - N° 103 - Avril 2022


Ressources

Un budget respectable

Acheter de nouveaux ouvrages,

restaurer les livres abîmés, remplacer

les disparus… Quel budget

cela représente-t-il ?

L’École biblique et archéologique

investit au moins deux cent mille

euros par an dans la bibliothèque.

Ce budget est réparti pour moitié

entre les acquisitions de livres et

de revues et les frais de personnel

et d’équipement : location

d’un serveur informatique, achat

d’ordinateurs de consultation et

de scanners, etc.

C’est une dépense considérable

justifiée par le fait que cette bibliothèque,

au service de nos professeurs

et étudiants, attire aussi

chaque année plusieurs dizaines

de chercheurs, biblistes et archéologues,

philologues et linguistes,

venant des divers continents de

la planète. Les uns apprécient de

trouver en un même lieu des collections

quasi exhaustives dans

des domaines aussi variés que

les études bibliques, l’archéologie,

l’histoire du Proche-Orient

ancien, la géographie, les langues

anciennes et rares…

Il faut noter que les revues

d’orientalisme venant d’éditeurs

spécialisés tel Brill, Peeters, Brepols,

de Gruyter, etc., sont extrêmement

onéreuses. De même,

l’abonnement à des bouquets

numériques de revues comme

JSTOR, restent, eux aussi, assez

dispendieux.

La bibliothèque emploie actuellement

cinq catalogueurs, en plus

du bibliothécaire, le frère Bernard

Ntamak. Le dépouillement systématique

des revues et l’indexation

des acquisitions dans le logiciel

Koha consultable à distance

sont des services très appréciés

du public.

Fr. Jean-Jacques Pérennès, o.p.

Directeur de l’Ébaf

30


Nouvelles de l’École et agenda

Thèses publiées de nos professeurs ou anciens étudiants

Nina S. Heereman, “Behold King Solomon on the Day of his Wedding”.

A Symbolic-Diachronic Reading of Song 3,6-11 and 4,12-5,1 (BETL, 320),

Leuven-Paris-Bristol, CT, Peeters, 2021.

Béatrice Oiry, Le temps qui compte. Construction et qualification du temps de

l’histoire dans le récit des livres de Samuel (1 S 1 - 1 R 2) (BETL, 318), Leuven

- Paris, Bristol, CT, 2021.

Bruno J. Clifton, Family and Identity in the Book of Judges (Studies in Cultural

Contexts of the Bible, 7), Brill – Ferdinand Schöning, 2021.

Kevin Zilverberg, The Textual History of Old Latin Daniel from Tertullian to

Lucifer, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 2021.

Hryhoriy Lozinskyy, The Feasts of the Calendar in the Book of Numbers. Num

28:16-30:1 in the Light of Related Biblical Texts and Some Ancient Sources of 200

BCE-100 CE (FAT.2, 132), Tübingen, Morh Siebeck, 2022.

On signalera aussi la sortie de la traduction anglaise de l’ouvrage du frère Marie-

Dominique Cabaret, o.p., The Topography of Ancient Jerusalem, 2 nd Century

BC – 2 nd Century AD. Essays on the Urban Planning Record, Defences and

Gates, Cahiers de la Revue biblique, 102, Peeters, 2022.

Nominations

Le 10 décembre 2021, l’Abbé Joseph Williams, étudiant à l’Ébaf en 2016-2017,

a été nommé évêque auxiliaire de Saint-Paul et Minneapolis (États-Unis).

Le 26 décembre 2021, M gr Jean-Paul Vesco, o.p., évêque d’Oran, a été nommé

archevêque d’Alger. Nos félicitations à cet ancien élève de l’Ébaf en 2001-2002.

Le 2 janvier 2022, le fr. Olivier Catel, o.p. a reçu le prix Sigmund Sternberg de

l’Université hébraïque de Jérusalem pour son travail sur le dialogue interreligieux.

Décès

Mme Agnès Spycket, archéologue, amie et collaboratrice de l’Ébaf depuis de

longues années, est décédée le 17 janvier 2022, à l’âge de 100 ans.

Mme Marie-Françoise Baslez, historienne de l’Antiquité et des religions,

collaboratrice et amie de l’École, est décédée le 29 janvier 2022.

Conférence de l’Association des Amis de l’EBAF

La terre et sa fécondité - Lecture de Genèse 1-9

par Mme Béatrice Oiry, bibliste, professeur à l’Institut catholique de Paris.

Le samedi 14 mai 2022 à 15h00

au 222 rue du Faubourg St Honoré, Paris 8 e.


Avec ses étudiants, chercheurs et volontaires,

l’École biblique vous souhaite de belles fêtes de Pâques.

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