Paysages 2022 - AAPQ
Revue annuelle de l'AAPQ. Édition 2022.
Revue annuelle de l'AAPQ. Édition 2022.
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
LA REVUE ANNUELLE DE L’ASSOCIATION<br />
DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
No ○ 17<br />
LA MISE EN VALEUR<br />
DES PAYSAGES<br />
ET LEUR PROTECTION
Formation offerte<br />
sur les terreaux<br />
pour la gestion<br />
des eaux pluviales<br />
Contactez Émilie Chagnon<br />
emiliechagnon@savaria.ca<br />
514-977-5147 savaria.ca
Passerelle piétonne —<br />
Nouveau produit <strong>2022</strong><br />
Les aires de jeux de Cour à bois sont spécialement<br />
conçues pour laisser libre cours à l’imagination.<br />
En bois d’ici, naturel et sans traitement.<br />
courabois.com<br />
T: 450 848-8006<br />
suivez-nous<br />
20044_CàB_aapq_<strong>2022</strong>_01_18.indd 1 <strong>2022</strong>-01-18 15:02:18<br />
4 PAYSAGES — No 17
Éditeur<br />
Association des architectes<br />
paysagistes du Québec<br />
420, rue McGill, bureau 406<br />
Montréal (Québec) H2Y 2G1<br />
—<br />
Direction éditoriale<br />
et de production<br />
Louise Vachon<br />
Catherine Fernet<br />
—<br />
Révision des textes<br />
Sylvie Lemay<br />
—<br />
Soutien administratif<br />
Nancy Bond<br />
—<br />
Direction artistique<br />
et design graphique<br />
Le Séisme<br />
—<br />
Page couverture<br />
et illustrations<br />
Julien Posture, illustrateur<br />
—<br />
Impression<br />
Héon et Nadeau<br />
—<br />
Publicité<br />
514 526-6385<br />
info@aapq.org<br />
Recevoir vos commentaires, questions<br />
et suggestions est toujours un privilège.<br />
Écrivez-nous !<br />
info@aapq.org<br />
—<br />
facebook.com/pageaapq<br />
Tous droits réservés<br />
ISSN 1911-8554<br />
Reproduction interdite sans l’autorisation<br />
de l’<strong>AAPQ</strong>. PAYSAGES, la revue annuelle<br />
de l’Association des architectes paysagistes<br />
du Québec, est publiée une fois par année.<br />
La publication dans ses pages d’annonces de<br />
type publireportage et de publicités ne signifie<br />
pas que l’<strong>AAPQ</strong> recommande ces produits<br />
et/ou services. Les opinions et idées contenues<br />
dans les articles n’engagent la responsabilité<br />
que de leurs auteurs.<br />
La couverture est imprimée sur du papier<br />
RollandOpaqueMC contenant 30 % de fibres<br />
recyclées postconsommation, fabriqué à partir<br />
d’énergie issue du biogaz, procédé ECF, certifié<br />
FSC ® . Les pages intérieures sont imprimées sur<br />
du papier HUSKY OFFSET 140M, certifié FSC ® .<br />
07 – 55 56 – 75<br />
LA MISE EN VALEUR<br />
DES PAYSAGES<br />
ET LEUR PROTECTION<br />
07 Mot de la présidente<br />
10 Collaboration<br />
12 Points de vue sur le paysage<br />
CHANTAL PRUD’HOMME<br />
14 Désignation et catégorisation<br />
des paysages culturels patrimoniaux<br />
ISABELLE GIASSON<br />
18 Les quatre défis de la pratique<br />
du grand paysage pour<br />
l’architecte paysagiste<br />
LOUIS-PHILIPPE ROUSSELLE-BROSSEAU<br />
22 Potentiel panoramique<br />
du contrefort appalachien,<br />
MRC d’Arthabaska<br />
CÉLINE BONNOT<br />
26 Connaître la valeur économique<br />
des paysages pour en assurer<br />
la protection et la mise en valeur<br />
SOPHIE DEBLOIS<br />
30 La mise en valeur et la protection<br />
de paysages<br />
ÉLAINE GENEST<br />
34 Superpositions, connexions<br />
et médiations, la réémergence<br />
d’un grand parc urbain<br />
JONATHAN CHA<br />
38 Un campus au futur antérieur :<br />
quand l’étude du patrimoine<br />
oriente le développement<br />
CAMILLE PLOURDE-LESCELLEUR<br />
42 La conservation et la mise en valeur<br />
du patrimoine comme moyens<br />
de révéler l’identité de nos paysages<br />
MIRA HAIDAR, MICHELINE CLOUARD,<br />
JULIE ST-ARNAULT<br />
RÉPERTOIRE<br />
DES ANNONCEURS<br />
76 – 95<br />
NOUVELLES<br />
DE L'ASSOCIATION<br />
79 Mot de la directrice générale<br />
80 Conseil et comités <strong>AAPQ</strong><br />
81 Activités 2021<br />
85 Nouveaux membres<br />
86 Lauréats 2021<br />
92 Répertoire des bureaux<br />
46 Le paysage culturel de Wendake :<br />
valoriser et célébrer l’identité<br />
MARIE-FRANCE TURGEON<br />
50 Le paysage humanisé<br />
de L’Île-Bizard<br />
SABINE COURCIER<br />
53 Quelques enseignements à tirer<br />
de l’observatoire photographique<br />
des paysages de Memphrémagog<br />
GÉRALD DOMON<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
5
6 PAYSAGES — No 17
MOT DE LA PRÉSIDENTE<br />
NOS PAYSAGES, NOTRE FIERTÉ<br />
CATHERINE FERNET<br />
PRÉSIDENTE DE L’<strong>AAPQ</strong><br />
Cette année s’annonce très chargée en émotions à la perspective de la parution<br />
au printemps de la première Politique nationale d’architecture et d’aménagement<br />
du territoire au Québec.<br />
L’<strong>AAPQ</strong> a assisté à de multiples rencontres ces derniers mois, tant dans le<br />
cadre du comité consultatif mis sur pied par le gouvernement pour recueillir<br />
les commentaires des parties prenantes qu’auprès de l’Alliance ARIANE pour<br />
la préparation du Sommet québécois de l’aménagement du territoire tenu en<br />
janvier dernier. Notre implication a permis d’échanger sur plusieurs sujets liés au<br />
paysage, entre autres l’intégration architecturale, les changements climatiques,<br />
la conservation du patrimoine paysager, et l’identité culturelle et territoriale liée<br />
aux paysages. Bref, nous avons pu nous prononcer sur l’importance de ces<br />
enjeux pour informer le gouvernement et l’appuyer afin d’en arriver à une vision<br />
commune en matière de paysage.<br />
Quels paysages voulons-nous admirer lorsque nous nous déplaçons tant en<br />
milieu urbain qu’en milieu agricole ? Quelles interventions sur le paysage vous<br />
semblent inappropriées ? Quel est un bon projet d’intégration architecturale ou<br />
d’infrastructure ? Quelle est la valeur du paysage ? Il est primordial que chacun<br />
d’entre nous puisse répondre à ces questions si nous voulons que les paysages<br />
du Québec évoluent vers des paysages qui nous représentent, qui se distinguent<br />
par les caractéristiques de chacune de nos communautés et qui reflètent ce que<br />
nous voulons montrer au reste du monde !<br />
Vous trouverez dans cette édition de la revue PAYSAGES une partie des<br />
réponses à ces questions. Les articles qu’elle contient vous captiveront et<br />
vous éclaireront sur la manière dont les architectes paysagistes identifient les<br />
transformations qui s’opèrent sur le territoire québécois et sur la façon dont ils<br />
entrevoient la cohabitation de la mise en valeur, de la protection des paysages et<br />
du développement.<br />
Je vous laisse donc à vos lectures, chers collègues et amis, et vous invite à vous<br />
mobiliser et à vous faire entendre sur l’importance de servir les intérêts de nos<br />
paysages, car ils contribuent à forger notre identité territoriale collective.<br />
Bonne lecture !<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
7
LA MISE<br />
EN VALEUR<br />
DES<br />
PAYSAGES<br />
Section<br />
1<br />
ET LEUR<br />
PROTECTION<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
9
COLLABORATION<br />
PLANIFICATION DES PAYSAGES<br />
Points de vue sur le paysage<br />
Chantal Prud'Homme<br />
Architecte paysagiste de formation, Chantal<br />
Prud’Homme a développé une expérience unique<br />
en patrimoine et en paysage. Elle a occupé<br />
notamment le poste de vice-présidente du Conseil<br />
du paysage québécois, réalisé de nombreuses<br />
études dans diverses régions du Québec et collaboré<br />
à des ouvrages, dont le Manuel de bonnes<br />
pratiques, <strong>Paysages</strong> du Québec pour <strong>Paysages</strong><br />
estriens et l’Atlas du paysage du mont Royal.<br />
PATRIMOINE<br />
Désignation et catégorisation<br />
des paysages culturels patrimoniaux<br />
PAYSAGE RÉGIONAL<br />
Les quatre défis de la pratique du grand<br />
paysage pour l’architecte paysagiste<br />
Louis-Philippe Rousselle-Brosseau<br />
Monsieur Rousselle-Brosseau est titulaire<br />
d’un baccalauréat et d’une maîtrise en architecture<br />
de paysage. Il a développé une spécialité<br />
en patrimoine paysager, en caractérisation paysagère<br />
et en participation citoyenne.<br />
ANALYSE DES PAYSAGES<br />
Potentiel panoramique du contrefort<br />
appalachien, MRC d’Arthabaska<br />
À LA UNE<br />
La mise en valeur des paysages<br />
et leur protection vues<br />
par Julien Posture<br />
Isabelle Giasson<br />
Isabelle Giasson dirige le département d’architecture<br />
de paysage chez EVOQ. En 2021, elle<br />
devient membre du conseil d’administration<br />
d’ICOMOS Canada, une organisation dont le<br />
mandat vise à améliorer la conservation du patrimoine<br />
culturel au bénéfice des communautés.<br />
Isabelle possède une bonne connaissance des<br />
normes et exigences applicables en architecture<br />
de paysage, et maitrise les principes et pratiques<br />
des Normes et lignes directrices pour la conservation<br />
des lieux patrimoniaux au Canada.<br />
Céline Bonnot<br />
Céline accompagne les collectivités pour bâtir des<br />
milieux de vie résilients, conviviaux et ressourçants.<br />
Intervenant de l’échelle du site au territoire, elle<br />
accorde une grande attention à l’expérience paysagère<br />
des usagers, à l’accès aux lieux de nature, aux<br />
paysages nourriciers et à la biodiversité.<br />
PROTECTION DES PAYSAGES<br />
Connaître la valeur économique<br />
des paysages pour en assurer<br />
la protection et la mise en valeur<br />
Julien Posture<br />
Julien Posture est un illustrateur et chercheur<br />
basé à Montréal. Il aime créer des images pour<br />
illustrer des enjeux sociaux et culturels et écrire<br />
sur la vie sociale et culturelle des images.<br />
Sophie DeBlois<br />
Titulaire d’un baccalauréat en histoire de l’art<br />
et d’une maîtrise en aménagement, option<br />
conservation du patrimoine bâti, Sophie œuvre<br />
dans le domaine de la culture, de l’éducation et du<br />
patrimoine bâti et paysager depuis près de 15 ans.<br />
Elle travaille présentement comme chargée<br />
de projet de l’Entente sur la mise en valeur et la<br />
protection des paysages de la Capitale-Nationale<br />
pour Développement Côte de Beaupré.<br />
10 PAYSAGES — No 17
ANALYSE DES PAYSAGES<br />
La mise en valeur et la protection<br />
de paysages<br />
Dans le contexte d'études de localisation, de design<br />
et d'intégration d'infrastructures majeures au Québec<br />
PATRIMOINE<br />
Un campus au futur antérieur :<br />
quand l’étude du patrimoine oriente<br />
le développement<br />
PATRIMOINE<br />
Le paysage culturel de Wendake :<br />
valoriser et célébrer l’identité<br />
Élaine Genest<br />
Architecte paysagiste titulaire d’une maîtrise<br />
en urbanisme, Élaine Genest a développé une<br />
profonde expérience en matière de design et de<br />
planification du territoire, d’évaluation et d’insertion<br />
environnementales d’infrastructures diverses,<br />
et de recherches appliquées. Elle est spécialisée<br />
en conception d’outils méthodologiques et en<br />
analyse des paysages patrimoniaux. Elle œuvre<br />
au sein de Cima+.<br />
AMÉNAGEMENT DE L'ESPACE<br />
Superpositions, connexions<br />
et médiations, la réémergence<br />
d’un grand parc urbain<br />
L'approche conceptuelle<br />
du Plan directeur de conservation,<br />
d'aménagement et de développement<br />
du parc Jean-Drapeau 2020-2030<br />
Camille Plourde-Lescelleur<br />
Chargée de projet en architecture de paysage<br />
pour la coopérative Les Milles Lieux, madame<br />
Plourde-Lescelleur a contribué depuis 2016<br />
à plusieurs projets institutionnels publics de grande<br />
envergure et se spécialise dans la rédaction<br />
de plans directeurs. Elle complète présentement<br />
sa maîtrise en santé publique.<br />
PAYSAGE COMME RÉVÉLATEUR<br />
La conservation et la mise en valeur<br />
du patrimoine comme moyens<br />
de révéler l’identité de nos paysages<br />
Marie-France Turgeon<br />
Marie-France Turgeon dirige les projets de<br />
conception et réalisation chez EVOQ. Elle a mené<br />
une quinzaine de projets d’envergure sur des sites<br />
historiques ou patrimoniaux à Québec et à Montréal<br />
pour des municipalités, des universités et des<br />
communautés autochtones.<br />
PROTECTION DU TERRITOIRE<br />
Le paysage humanisé de L’Île-Bizard<br />
Une approche innovante de protection<br />
et de mise en valeur d'un territoire champêtre<br />
Jonathan Cha<br />
Docteur en aménagement de l’espace et urbanisme,<br />
urbanologue, architecte paysagiste et<br />
conseiller principal en aménagement au parc<br />
Jean-Drapeau, où il a été un acteur de première<br />
ligne du Plan directeur de conservation, d’aménagement<br />
et de développement 2020-2030. Il a<br />
réalisé de nombreuses études patrimoniales<br />
et paysagères sur le territoire montréalais et siège<br />
à plusieurs comités d'experts en matière d’architecture,<br />
d’urbanisme, de patrimoine et de<br />
paysage culturel.<br />
Mira Haidar, Micheline Clouard,<br />
Julie St-Arnault<br />
Depuis 1999, Vlan paysages développe une<br />
démarche paysagère qui procure des expériences<br />
sensorielles et cinétiques et construit des projets<br />
engageants et signifiants. La firme œuvre fréquemment<br />
au sein d’équipes multidisciplinaires<br />
et accorde une importance primordiale au<br />
contexte social, biophysique, naturel, urbain,<br />
culturel et social du projet pour assurer une<br />
pratique expérimentée du design en matière<br />
d’architecture de paysage.<br />
Sabine Courcier<br />
Sabine Courcier est détentrice d’un baccalauréat<br />
en biologie, d'une maîtrise en environnement et<br />
aménagement, et d'un doctorat en aménagement.<br />
Elle a travaillé à la Chaire en paysage et environnement<br />
de l’Université de Montréal. Sabine<br />
est conseillère en aménagement au Service des<br />
grands parcs, du Mont-Royal et des sports de la<br />
Ville de Montréal depuis 2008.<br />
PAYSAGES EN ÉVOLUTION<br />
Quelques enseignements à tirer<br />
de l’observatoire photographique<br />
des paysages de Memphrémagog<br />
Gérald Domon<br />
Gérald Domon est professeur associé à l'École<br />
d'urbanisme et d’architecture de paysage et<br />
directeur scientifique associé de la Chaire en<br />
paysage et environnement. Il est un spécialiste<br />
reconnu en matière de caractérisation, de protection<br />
et de mise en valeur des paysages ruraux.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
11
1<br />
Planification des paysages<br />
POINTS DE VUE<br />
SUR LE PAYSAGE<br />
Chantal Prud’Homme<br />
Architecte paysagiste<br />
Malgré l’ampleur de ce qu’il reste à accomplir dans la valorisation des<br />
paysages au Québec, l’année 2021 a été riche en dénouements avec la reconnaissance<br />
du paysage humanisé de L’Île-Bizard et du paysage culturel patrimonial<br />
des Pointes-aux-Iroquois-et-aux-Orignaux à Rivière-Ouelle.<br />
Comme j’ai travaillé, depuis plus de 40 ans, à de nombreux dossiers,<br />
des études d’impact aux analyses paysagères en passant par les<br />
évaluations patrimoniales, l’idée m’est venue de faire part de mes<br />
réflexions et points de vue sur le paysage. Quelle place prend le<br />
paysage dans l’ensemble de nos actions ?<br />
Depuis un an, j’habite Saint-Vallier, un village de Bellechasse au<br />
bord du fleuve. J’avais le goût d’un milieu de vie à petite échelle plus<br />
humaine et un goût de beauté, car Saint-Vallier fait partie de la liste<br />
des 40 plus beaux villages du Québec 1 . L’endroit m’a conquise par<br />
le soin porté à la préservation du cadre bâti, à ses quelques aménagements<br />
publics bien faits, à l’affichage soigné et à la proximité<br />
du fleuve, avec son aspect sauvage non contrôlé et ses trois accès<br />
publics riverains.<br />
À quoi tient la qualité paysagère de ce village ? Un Plan d’implantation<br />
et d’intégration architecturale (PIIA) y régit les transformations<br />
des éléments bâtis existants et les nouvelles insertions. Comme<br />
partout ailleurs, cet équilibre demeure fragile; il dépend de la qualité<br />
des analyses et de la compétence des membres qui composent le<br />
Comité consultatif d’urbanisme (CCU), ainsi que de la confiance<br />
accordée par le conseil municipal en respect des recommandations<br />
faites par le CCU. Mais les membres du CCU sont-ils suffisamment<br />
outillés pour juger des futures transformations de leur paysage ?<br />
La petite taille d’un village ne le met pas pour autant à l’abri de transformations<br />
malheureuses. Au contraire. Un seul geste peut défigurer<br />
un ensemble cohérent, alors qu’un ensemble varié, le long d’une rue<br />
ou dans un quartier par exemple, pourra supporter plus aisément<br />
des insertions contrastées. Bien sûr, il y aura toujours les partisans<br />
du contraste architectural, quel que soit l’endroit ! Mais c’est la<br />
notion d’ensemble qui m’interpelle en relation avec le paysage.<br />
DÉCODER LA VALEUR DE L’ENSEMBLE<br />
ET AGIR EN COHÉRENCE<br />
L’appartenance d’un lieu à un plus grand ensemble devrait être privilégiée<br />
et surtout mieux comprise. Les unités de paysage pourraient<br />
devenir un soutien à cet égard : paysages de plaines, de plateaux ou<br />
de collines constituent autant de réalités physiographiques différentes<br />
auxquelles correspondent un relief, une organisation du réseau<br />
hydrographique et des dépôts de surface particuliers qui influent sur<br />
la structure paysagère et l’occupation des sols; l’assise des paysages<br />
est avant tout géographique ! Le Cadre écologique de référence du<br />
Québec (CERQ) me semble nettement sous-utilisé alors qu’il peut<br />
servir d’outil pour mettre le paysage en relation avec des paramètres<br />
de protection de l’environnement, dont la biodiversité.<br />
12 PAYSAGES — No 17
Les unités de paysage correspondent à des portions représentant<br />
généralement un assemblage organique du territoire. Mais<br />
le découpage d’unités de paysage pose un défi de taille en ce qui<br />
a trait à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme. En effet, le<br />
cadastre constitue l’outil de référence en matière de découpage de<br />
la majorité des affectations et zonages; il demeure un système qui<br />
se superpose souvent au relief et qui peut en faire totale abstraction.<br />
Il en résulte des règlements qui peinent à prendre en compte, entre<br />
autres, les dimensions d’espace et de relief du territoire essentielles<br />
à la découverte et à l’appréciation des paysages.<br />
Au Québec, diverses études et la mise en place de chartes de<br />
paysage 2 ont suscité la participation de nombreux intervenants.<br />
D’autres études ainsi que des atlas ont servi, quant à eux, à documenter<br />
la connaissance de paysages du Québec. L’atlas réalisé pour<br />
le territoire de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) 3 ,<br />
certainement l’un des premiers à avoir été élaboré au Québec,<br />
a permis de reconnaître 44 unités de paysage d’intérêt métropolitain<br />
pour lesquelles les intéressés sont assujettis à des mesures<br />
relatives à leur protection, leur mise en valeur, leur aménagement<br />
et leur planification dans le cadre de la révision du Plan métropolitain<br />
d’aménagement et de développement de la CMQ de 2021 4 .<br />
Pour nourrir cette réflexion, une synthèse des transformations des<br />
paysages de la CMQ au cours de son histoire 5 a été réalisée. On<br />
peut y constater à quel point les paysages d’aujourd’hui diffèrent<br />
des paysages d’autrefois.<br />
De même, les principes directeurs énoncés dans l’Atlas du paysage<br />
du mont Royal s’avèrent toujours d’actualité afin d’orienter<br />
les interventions pouvant avoir une incidence sur le paysage de la<br />
montagne : contribuer à la valeur de l’ensemble et à la valorisation<br />
du paysage, respecter le génie du lieu, satisfaire aux plus hautes<br />
normes de qualité et intervenir avec une vision à long terme 6 .<br />
Ces démarches contribuent grandement à une sensibilisation au<br />
paysage. Mais le paysage demeure-t-il confiné à un objet de connaissance<br />
ou à de longues démarches de sensibilisation pendant que<br />
le territoire continue à se transformer en réponse à des règlements<br />
caducs ou en retard de plusieurs années sur les enjeux qui font disparaître<br />
ses qualités ? Alors que le paysage résulte d’un ensemble<br />
d’usages, le succès ou l’harmonisation de cet effet d’ensemble sont<br />
confrontés à de nombreux intervenants de différents domaines dont<br />
les responsabilités et objectifs peuvent diverger ou même s’opposer<br />
: agriculture, patrimoine, développement immobilier, transport,<br />
culture, tourisme, forêt, industrie, environnement, etc. Qui se soucie<br />
de la qualité et de la valeur de l’ensemble, de ce tout qui est plus<br />
grand que la somme de ses parties ?<br />
Certes, le paysage peut servir de formidable sujet de concertation<br />
pour un territoire donné, mais devant l’absence d’une loi sur le paysage<br />
au Québec et la faible prise en considération du paysage dans<br />
la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, des actions concrètes<br />
doivent être menées.<br />
MIEUX MAÎTRISER L’ÉVOLUTION DES PAYSAGES<br />
Les campagnes, les villages, les quartiers et les villes se transforment<br />
plus vite que les réflexions et actions menées sur leurs paysages.<br />
La perte de paysages identitaires, le manque de nuances<br />
dans l’emplacement, le gabarit et le caractère architectural de nouveaux<br />
bâtiments en relation avec leur milieu d’insertion, la perte de<br />
points de vue collectifs sur le paysage et le mitage de versants et<br />
de sommets par des déboisements importants créant des trouées<br />
disgracieuses sont préoccupants. Pour chaque projet, quand la<br />
notion de paysage intervient-elle ? Comment s’articule le dialogue<br />
à l’échelle du paysage pour mettre les éléments bâtis (architecture,<br />
structures de génie, de transport, etc.) en relation les uns avec les<br />
autres et avec les attributs naturels du paysage ? Les simulations<br />
visuelles réalisées à partir de points de vue collectifs, illustrant les<br />
transformations générées par un projet à l’échelle du paysage, ne<br />
sont pas suffisamment utilisées.<br />
Le défi du paysage requiert une sensibilité et<br />
une expertise des équipes dans la réalisation<br />
de projets signifiants, car la prise en compte<br />
du paysage exige de sortir du cadre étroit<br />
des limites du site.<br />
Les donneurs d’ouvrage et les directives qui encadrent les mandats<br />
doivent pouvoir exiger cette expertise, et ce, de façon spécifique.<br />
La densification, essentielle d’ailleurs, en milieu urbain, périurbain<br />
ou villageois compromet le devenir de nombreux espaces libres<br />
(parcs, boisés) ou ouverts qui, tout en permettant à la trame bâtie de<br />
respirer, peuvent constituer des espaces d’appropriation collective<br />
ou des points de vue collectifs sur le paysage. La recherche effrénée<br />
de sites avec points de vue sur le paysage par les promoteurs raréfie<br />
de plus en plus l’accessibilité aux points de vue à partir de l’espace<br />
collectif de la route ou de la rue.<br />
Peu d’études documentent la valeur économique des espaces<br />
ouverts. On peut lire dans une récente revue de littérature que « les<br />
espaces ouverts liés aux milieux hydriques (rivières, ruisseaux,<br />
étangs) figurent au nombre des milieux naturels qui possèdent la<br />
plus grande valeur ajoutée sur les prix de vente des propriétés privées<br />
». La proximité physique avec un espace ouvert, son accessibilité,<br />
son niveau d’entretien, de même que la qualité et la profondeur<br />
de la vue représentent des variables qui influent sur le prix de vente<br />
de telles propriétés privées 7 .<br />
À l’heure de l’urgence climatique, le défi<br />
du paysage ne devrait pas être mis en<br />
opposition dans la balance des options pour<br />
contrer les changements climatiques, alors<br />
qu’il se révèle plutôt un allié.<br />
La diminution des gabarits résidentiels, l’atténuation d’une surenchère<br />
sur l’éclairage extérieur, la mise en place de trames vertes le<br />
long des rivières, ponctuées d’accès collectifs favorisant la connectivité<br />
des paysages ou la limitation du déboisement des lots dans les<br />
pentes et sur les sommets ne sont que des exemples parmi d’autres,<br />
favorables à une meilleure qualité paysagère et à une meilleure protection<br />
de l’environnement, alors que le Groupe d’experts intergouvernemental<br />
sur l’évolution du climat (GIEC) aborde l’idée de<br />
décroissance. Au delà de la protection des paysages remarquables,<br />
le souci de la qualité du paysage interpelle notre manière de créer<br />
et de transformer nos milieux de vie et nos paysages du quotidien.<br />
Accédez aux références de cet article :<br />
bit.ly/35fN9Fe<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
13
Jamie Robertson<br />
2<br />
Patrimoine<br />
DÉSIGNATION<br />
ET CATÉGORISATION<br />
DES PAYSAGES<br />
CULTURELS<br />
PATRIMONIAUX<br />
Isabelle Giasson<br />
Architecte paysagiste, associée AAPC<br />
EN COLLABORATION AVEC Sarah Debs Étudiante en architecture et architecture de paysage<br />
14 PAYSAGES — No 17
« Le patrimoine désigne tout d’abord la relation<br />
de l’Homme à son milieu, son appréciation de celui-ci.<br />
C’est l’harmonie entre le "naturel et le construit, entre<br />
l’ancien et le plus récent, entre vivant et matière inerte" ».<br />
LAHOUD, 2020<br />
Le paysage culturel patrimonial englobe tout lieu qui, de par sa<br />
« signification esthétique, historique, scientifique, culturelle, sociale<br />
ou spirituelle » (ministère de la Culture et des Communications,<br />
2021), témoigne de l’identité locale et de la valeur paysagère d’une<br />
région. La catégorisation de « paysage culturel patrimonial » vient<br />
donc de cette volonté de préserver ces fragments naturels qui forgent<br />
les communautés et de les protéger de l’intervention de l’Homme.<br />
Plusieurs éléments apparaissant au sein du paysage peuvent se<br />
révéler utiles quant à sa caractérisation de paysage culturel, par<br />
exemple les matériaux, la localisation, l’organisation spatiale, les<br />
connotations spirituelles, lesquels, une fois retirés du lieu, défigurent<br />
sa valeur patrimoniale.<br />
Actuellement, le processus de désignation d’un paysage demande<br />
de la patience et de la persévérance. Il est ardu, certes, mais<br />
nécessaire à la bonne préservation des communautés actuelles,<br />
ancestrales et futures occupant le lieu. Le présent article traite des<br />
catégorisations, du processus de désignation et des pistes d’intervention<br />
de mise en valeur des paysages culturels patrimoniaux.<br />
IDENTIFICATION ET CARACTÉRISATION<br />
« Apprendre à connaître et à comprendre les lieux dans lesquels<br />
on intervient nous permet d’insérer quelque chose qui n’est pas<br />
seulement compatible, mais qui ajoute un sens. » (Corriveau, 2020)<br />
Afin de protéger ces lieux de manière optimale, il importe de se<br />
pencher sur les différentes définitions et de saisir l’essence des<br />
paysages culturels patrimoniaux. L’UNESCO qualifie ces lieux<br />
d’ « œuvre conjuguée de l’homme et de la nature », faisant partie de<br />
l’« identité collective ». À noter que les paysages mentionnés dans<br />
cette définition sont tant « intentionnels » (créés de toute pièce par<br />
l’Homme) qu’évolutifs (qui témoignent d’une occupation territoriale<br />
et d’une évolution en fonction des dimensions sociales, culturelles,<br />
religieuses et économiques des communautés, en fonction des<br />
conditions environnementales ou culturelles, etc.).<br />
En 2008, on raffine encore plus la définition en ajoutant deux<br />
sous-catégories au paysage évolutif. La première est appelée « paysage<br />
relique », c’est-à-dire dont le processus évolutif s’est arrêté<br />
subitement ou graduellement, mais dont les caractéristiques principales<br />
restent encore visibles; la seconde est appelée « paysage<br />
vivant », c’est-à-dire dont la société contemporaine est en relation<br />
avec les valeurs et le mode de vie traditionnels, tout en s’adaptant<br />
aux conditions actuelles. Le paysage témoigne toutefois encore de<br />
son évolution progressive au cours des siècles.<br />
Au Québec, ce n’est qu’en 2012 que le texte de la Loi sur le patrimoine<br />
culturel inclut la notion de paysage culturel. Or cette loi ajoute<br />
certains concepts à la définition proposée par l’UNESCO afin d’encourager<br />
« la connaissance, la protection, la mise en valeur et la<br />
transmission du paysage culturel sous toutes ses formes » (ministère<br />
de la Culture et des Communications, 2021).<br />
Le ministère de la Culture et des Communications du Québec décrit<br />
le patrimoine ainsi : « tout objet ou ensemble, matériel ou immatériel,<br />
reconnu et approprié collectivement, dont la connaissance,<br />
la sauvegarde, la transmission ou la mise en valeur présente un<br />
intérêt public ».<br />
On introduit ainsi la notion de sentiment<br />
d’appartenance au paysage, qui contribue<br />
fortement à sa désignation de paysage<br />
culturel. Un paysage peut donc être qualifié<br />
de patrimonial si on s’y identifie, si on en<br />
est fier.<br />
Le Canada compte aujourd’hui trois paysages figurant sur la Liste<br />
du patrimoine mondial de l’UNESCO : le Paysage de Grand-Pré<br />
(Nouvelle-Écosse), Pimachiowin Aki (Manitoba et Ontario) et<br />
Writing-on-Stone (Áísínai’pi) (Alberta).<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
15
DÉSIGNATION D’UN PAYSAGE CULTUREL<br />
PATRIMONIAL AU QUÉBEC<br />
Même si le processus de désignation d’un paysage culturel patrimonial<br />
est complexe, il est primordial d’entreprendre l’intégralité des<br />
démarches dans l’optique de préserver ces lieux culturels. En ce qui<br />
concerne les paysages, le gouvernement du Québec a le droit, s’il<br />
le juge pertinent, de désigner un paysage culturel patrimonial. La<br />
demande de désignation doit lui être adressée.<br />
Une demande présentée par l’ensemble des municipalités locales<br />
et régionales de comté et des communautés métropolitaines dont<br />
la localisation englobe une partie du territoire à préserver doit être<br />
soumise au ministre. Plusieurs informations citées au chapitre II,<br />
section III, article 18 de la Loi sur le patrimoine culturel doivent<br />
apparaître dans la demande de désignation; sans ces renseignements,<br />
la demande ne pourra être traitée.<br />
Parmi les données requises, il importe de préciser :<br />
1. La délimitation du territoire visé;<br />
2. Le diagnostic paysager – qui englobe les analyses quantitatives<br />
et qualitatives caractérisant le territoire, l’exposé de ses<br />
caractéristiques, ainsi qu’une démonstration de la reconnaissance<br />
du territoire par la communauté concernée;<br />
3. Une charte du paysage culturel patrimonial présentant les<br />
actions entreprises pour sa mise en valeur et sa protection.<br />
Un mois avant la tenue de la séance du conseil local du patrimoine,<br />
les municipalités concernées par la demande de désignation<br />
peuvent faire leurs représentations et publier un avis public de<br />
cette séance. Ce n’est que 60 jours après la date de l’avis, et après<br />
consultation du conseil local du patrimoine, que le conseil de la<br />
municipalité peut adopter la résolution relative à la demande de<br />
désignation du paysage culturel patrimonial.<br />
Après avoir pris l’avis du Conseil du patrimoine culturel du Québec,<br />
le ministre décide si la demande se qualifie pour l’élaboration d’un<br />
plan de conservation par les demandeurs. Si c’est le cas, la désignation<br />
de paysage culturel patrimonial ne sera obtenue que si le<br />
plan de conservation élaboré par les municipalités concernées est<br />
approuvé par le ministre et respecté par les agents locaux.<br />
Les municipalités demandant la désignation d’un paysage culturel<br />
patrimonial doivent produire un rapport tous les cinq ans; elles<br />
doivent également témoigner du respect et du suivi du plan de<br />
conservation en vigueur.<br />
Il s’agit donc d’un processus complexe, d’étapes nombreuses et<br />
d’une attente considérable avant de pouvoir designer un site comme<br />
paysage culturel patrimonial. De surcroît, il est parfois difficile pour<br />
les organismes de comprendre les avantages de cette désignation,<br />
d’autant plus que la démarche engendre une mobilisation importante<br />
de ressources physiques et économiques.<br />
Grand-Pré<br />
Le « marais » de Grand-Pré et les vestiges des anciens<br />
villages associés constituent un paysage culturel qui<br />
témoigne d’un effort technique multiséculaire remarquable<br />
de poldérisation agricole, dans une situation maritime aux<br />
coefficients de marées exceptionnels. Il montre en particulier<br />
la permanence de son système de drainage hydraulique<br />
à base de digues et d’aboiteaux et de son usage agricole<br />
par le biais d’un système communautaire de gestion fondé<br />
par les Acadiens et repris par les Planters et leurs successeurs<br />
contemporains. Grand-Pré témoigne également<br />
de l’histoire des Acadiens aux XVII e et XVIII e siècles et<br />
de leur déportation. Source : whc.unesco.org/fr/list/1404/<br />
Jamie Robertson<br />
16 PAYSAGES — No 17
CLASSIFICATION DES PAYSAGES<br />
CULTURELS PATRIMONIAUX<br />
Le patrimoine est l’objet de politiques et de règlements à plusieurs<br />
niveaux. En effet, il existe au Canada trois grandes juridictions responsables<br />
du patrimoine, soit le fédéral, le provincial et le municipal.<br />
Au niveau fédéral, les paysages culturels patrimoniaux doivent être<br />
des propriétés fédérales, ou des sites d’intérêt national, comme le<br />
lieu historique national du Canada des Forges-du-Saint-Maurice.<br />
Le Registre canadien des lieux patrimoniaux (RCLP) présente des<br />
endroits désignés comme arrondissements historiques ou paysages<br />
culturels; ils comprennent souvent plusieurs caractéristiques naturelles<br />
ou faites par l'homme. (Lieux patrimoniaux du Canada, 2021)<br />
Au niveau provincial, il existe plusieurs catégories de désignations.<br />
Tout d’abord, les sites patrimoniaux déclarés concernent principalement<br />
des quartiers, des secteurs facilement délimités par une mise<br />
en relation du bâti et du paysage. Toute demande d’intervention<br />
dans ces lieux doit être adressée au ministère. Les désignations<br />
attribuées par le gouvernement concernent généralement de très<br />
grands territoires ruraux pouvant couvrir plusieurs municipalités.<br />
Néanmoins, on compte peu de demandes d’intervention pour ces<br />
lieux désignés, à part lorsqu’elles sont fortement recommandées<br />
par des entreprises expertes en patrimoine. Enfin, certaines désignations<br />
accordées par le ministre servent à marquer la signification<br />
historique de personnes ou de lieux, sans mesure de contrôle particulière,<br />
afin de souligner leur importance. Le fleuve Saint-Laurent<br />
en est un exemple pertinent. Le seul endroit au Québec à avoir été<br />
désigné paysage culturel patrimonial est Rivière-Ouelle, tel que<br />
mentionné précédemment.<br />
Rivière-Ouelle<br />
La première désignation de paysage culturel patrimonial<br />
à avoir été accordée au Québec l’a été à Rivière-Ouelle,<br />
en 2021, une première au Québec ! Ce territoire, formé de<br />
crêtes rocheuses boisées en bordure du Saint-Laurent,<br />
représente un intérêt historique, emblématique et identitaire.<br />
Ce nouveau statut représente l'aboutissement de huit<br />
ans de démarches entre la MRC de Kamouraska, la municipalité<br />
de Rivière-Ouelle et le gouvernement du Québec.<br />
Le Placoteux<br />
Au niveau municipal, le classement des sites est semblable à celui<br />
du provincial. Une fois l’endroit désigné, il faut entretenir un rapport<br />
étroit avec la Ville, et plus précisément avec le Conseil du patrimoine<br />
de Montréal, avant de soumettre toute demande d’intervention sur<br />
ce genre de territoire. Le Conseil du patrimoine de Montréal est<br />
une instance consultative de la Ville; elle n’est pas décisionnelle,<br />
contrairement à la Commission d’urbanisme du Québec, mais<br />
recommande ou non les interventions auprès du Comité exécutif de<br />
la Ville de Montréal. Depuis 2018, le provincial a délégué son pouvoir<br />
d’autorisation au municipal afin de simplifier certains dossiers<br />
et accélérer les procédures.<br />
Au niveau fédéral, la Commission des Lieux et Monuments<br />
Historiques du Canada (CLMHC), établie en 1953, a pour mission<br />
de recenser les lieux historiques les plus importants du pays (ou<br />
LHN : Lieux Historiques Nationaux). Elle recommande la désignation<br />
de plusieurs de ces lieux et fournit au ministre de l’Environnement<br />
des recommandations quant à la désignation de tout lieu, événement<br />
ou personnage historique. Les informations concernant les<br />
désignations se trouvent dans l’Annuaire des désignations patrimoniales<br />
fédérales, qui en comprend plus de 3600 au Canada.<br />
CONCLUSION<br />
Les paysages culturels patrimoniaux nous permettent de prendre<br />
conscience de la relation entre l’Homme et son environnement, tout<br />
en mettant l’emphase sur l’évolution de ces paysages à travers le<br />
temps et les époques. Il existe un guide gratuit intitulé Les normes<br />
et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux qui<br />
établit un ensemble pancanadien cohérent de principes et lignes<br />
directrices en matière de conservation. Il met de l’avant une idéologie<br />
raisonnée pour la conception d’intervention en milieu patrimonial,<br />
devenant ainsi la référence nationale pour l’évaluation des interventions<br />
proposées pour les lieux patrimoniaux. Ce guide sert d’outil<br />
pour faciliter les démarches à entreprendre en matière de conservation<br />
par les municipalités et agents qui seraient moins familiers<br />
avec la gestion des paysages culturels patrimoniaux.<br />
Bien que les démarches de désignation de ces sites soient longues<br />
et restent à bonifier, il demeure nécessaire d’élaborer un plan de<br />
conservation afin de préserver les ressources naturelles et historiques<br />
qui font l’identité de ces lieux et en déterminent la valeur.<br />
Accédez à la bibliographie :<br />
bit.ly/3JN2f48<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
17
3<br />
Paysage régional<br />
LES QUATRE DÉFIS<br />
DE LA PRATIQUE<br />
DU GRAND PAYSAGE<br />
POUR L’ARCHITECTE<br />
PAYSAGISTE<br />
Louis-Philippe Rousselle-Brosseau<br />
Architecte paysagiste<br />
Un architecte paysagiste, ça travaille sur quoi ? Ça peut sembler évident,<br />
mais au fond, ce n’est toujours pas clair. Depuis une dizaine d’années, j’ai décidé<br />
de m’intéresser principalement aux questions de grand paysage et de territoire,<br />
comme d’autres praticiens avant moi. Je me suis couramment fait taxer d’urbaniste<br />
(ce que je ne suis pas !), d’aménagiste, de géographe, et on me répète<br />
souvent « Ah oui ! C’est vrai, toi tu travailles dans les études... », alors que les<br />
études ne représentent qu’une partie de mon travail.<br />
❶ PREMIER DÉFI : L’AMBIGUÏTÉ DE LA NOTION<br />
DE PAYSAGE POUR LE PRATICIEN<br />
La pratique de l’architecture de paysage s’oriente surtout autour<br />
de la conception d’espaces extérieurs publics ou privés, d’échelle<br />
souvent limitée au site, et outre les parcs régionaux ou nationaux, le<br />
plus souvent en milieu urbain. Or, le paysage régional est confronté<br />
à de nombreux enjeux qui requièrent une attention professionnelle<br />
et pour lesquels les architectes paysagistes pourraient jouer un rôle<br />
important : résilience face aux changements climatiques, déprise et<br />
transformation des paysages ruraux, mise aux normes écologiques<br />
des paysages agricoles, requalification des paysages industriels,<br />
revitalisation des paysages urbains et villageois, développement<br />
d’aménagements pour une pratique du tourisme harmonieuse<br />
et durable…<br />
Ces questions d’aménagement du paysage régional sont investies<br />
par de nombreux corps professionnels : urbanistes, aménagistes<br />
du territoire, ingénieurs, spécialistes du patrimoine et du tourisme,<br />
pour ne nommer que les principaux. De cette situation découle une<br />
question primordiale : l’architecte paysagiste peut-il être considéré<br />
comme un spécialiste du paysage 1 ? Un peu, peut-être, mais il existe<br />
un certain nombre de défis à relever pour que l’architecte paysagiste<br />
puisse devenir le principal praticien de l’aménagement du<br />
[grand] paysage.<br />
Le premier de ces défis émane de la profession elle-même. Il existe<br />
une marge importante entre définir l’architecte paysagiste comme<br />
un concepteur, ce qui exclut le développement d’une connaissance<br />
nécessaire au design à grande échelle, et le définir comme un spécialiste<br />
du paysage à toute échelle qui mobilise des outils issus du<br />
design, de la géographie, du patrimoine, de l’ethnologie, etc., ce<br />
qui ouvre un champ de pratique plus englobant orienté autour de<br />
l’objet paysage.<br />
18 PAYSAGES — No 17
❷ SECOND DÉFI : LES TEMPS ET LES OUTILS<br />
DU DESIGN EN GRAND PAYSAGE<br />
La pratique du grand paysage s’apparente aux autres disciplines<br />
du design, dans le sens où elle cherche à créer ou modifier un environnement<br />
en poursuivant une certaine finalité. On associe à tort<br />
cette pratique à une discipline strictement scientifique où les études<br />
dominent. L’architecte paysagiste est habitué à l’instantanéité :<br />
l’étude du site débouche sur la conception, suivie des plans et devis<br />
puis de la construction, le tout en l’espace de quelques mois ou<br />
quelques années. En grand paysage, le matériau est le paysage luimême;<br />
le concepteur joue avec des matières sociales, culturelles,<br />
géographiques et politiques, des comportements, des usages, des<br />
savoir-faire et des règlements, entre autres. Pour transformer ou<br />
concevoir un grand paysage, il faut savoir jouer avec ces matériaux<br />
et savoir être patient, car le résultat se concrétisera lentement, par<br />
phases. Les parties prenantes autour de la table du concepteur<br />
sont donc plus nombreuses, et surtout plus diversifiées. Le paysage<br />
régional est par essence un projet collectif. Il faut donc mobiliser<br />
divers processus de co-conception afin de comprendre la relation<br />
ou les valeurs que la population concernée entretient avec son paysage<br />
comme cadre de vie.<br />
On cherchera à comprendre quels sont les paysages de grande valeur<br />
et les raisons de cette relation. On voudra aussi comprendre, au<br />
moment présent, quels sont les paysages qu’une population souhaite<br />
voir se perpétuer ou léguer, et quels sont ceux qu’elle souhaiterait<br />
voir changer. Des ateliers de ce type permettent de faire ressortir une<br />
série de paramètres de conception pour le futur paysage régional.<br />
Par exemple, il est assez rare que les citoyens que nous avons<br />
rejoints lors d’ateliers apprécient le paysage commercial suburbain,<br />
marqué par des aménagements de type strip commercial,<br />
de fortes marges de recul, d’imposants stationnements et un<br />
manque de mixité d’usages. Dès lors que nous comprenons les<br />
raisons de cette dépréciation, nous sommes en mesure de mobiliser<br />
les autres matériaux du projet de grand paysage. Ainsi, nous pouvons<br />
nous asseoir avec les urbanistes et aménagistes régionaux<br />
et locaux afin d’intégrer des paramètres paysagers à la réglementation<br />
(zonage, PIIA, PPU, PPCMOI, etc.), par exemple la réduction<br />
des marges de recul, l’introduction de zonages mixtes, la définition<br />
de matériaux et gabarits de bâtiments en phase avec le<br />
milieu d’insertion, les paramètres de végétalisation, etc. Comme<br />
concepteur, l’architecte paysagiste synthétise donc les désirs<br />
paysagers d’une population et les transmet aux professionnels en<br />
matière de réglementation. À long terme, une fois les règlements<br />
en vigueur, le paysage de la grande artère suburbaine changera.<br />
La conception de ce paysage aura mobilisé une équipe d’architectes<br />
paysagistes, un groupe de citoyens, des aménagistes et<br />
des urbanistes et, par la suite, des architectes, des promoteurs et<br />
des ouvriers de la construction. L’architecte paysagiste est donc<br />
un concepteur-médiateur; il sait réfléchir l’espace selon des paramètres<br />
techniques, matériels et sensibles.<br />
En milieu rural, le processus reste le même. Par exemple, dans le<br />
cadre d’un projet de paysage panrégional, après avoir bien identifié<br />
les dynamiques paysagères en œuvre sur le territoire, par exemple<br />
l’intensification du paysage agricole ou le mitage des paysages<br />
forestiers par le développement résidentiel, il est possible de<br />
regrouper une série d’actions à mener au sein d’un plan paysage.<br />
Cet outil deviendra la feuille de route à suivre afin de créer le paysage<br />
futur collectivement souhaité. Pour chaque action requise par<br />
le plan paysage, une série d’outils sont énumérés. Dans l’éventualité<br />
de la création d’un paysage de haies et de bandes riveraines<br />
en milieu agricole, par exemple, il importera, d’une part, de mener<br />
des actions de sensibilisation auprès des agriculteurs et, d’autre<br />
part, d’identifier un groupe de propriétaires agricoles ouverts au<br />
projet comme point de départ et, enfin, de faire appliquer la réglementation.<br />
Parmi les outils possibles pour arriver à ces fins sur un<br />
horizon de 5 à 20 ans, notons la table de concertation, la création<br />
d’une coopérative de gestion des bandes riveraines pour un bassin<br />
versant, l’obtention par une MRC de subventions provinciales ou<br />
fédérales (p. ex. programme Prime-Vert), etc.<br />
↓ Carte mentale des îles de Verchères / À Verchères, une excursion<br />
avec les agriculteurs insulaires a permis de dégager des lieux de grande<br />
importance sociale et culturelle insoupçonnés des planificateurs.<br />
Louis-Philippe Rousselle-Brosseau, Coopérative Les Mille Lieux<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
19
EXEMPLE DE PLAN PAYSAGE<br />
POUR LA MRC DE LA VALLÉE-DU-RICHELIEU<br />
Orientations<br />
IDENTITÉ ET PATRIMOINE PAYSAGERS<br />
1.1 Reconnaître et protéger les patrimoines paysagers,<br />
architecturaux et immatériels des villages jumeaux du Richelieu.<br />
1.2 Préserver le caractère villageois des autres noyaux de la MRC.<br />
1.4 Identifier et protéger les caractéristiques fondamentales<br />
des paysages suburbains de grande valeur ou rares.<br />
Coopérative Les Mille Lieux<br />
1.5 Protéger les caractéristiques identitaires des plaines<br />
agricoles, et intégrer ces caractéristiques au sein des projets.<br />
1.6 Mettre en valeur les pratiques territoriales associées<br />
à la pomiculture et à l’acériculture.<br />
1.9 Créer des paysages d’abords autoroutiers qui sont le reflet<br />
du dynamisme commercial et entrepreneurial régional.<br />
1.10.1 Aménager des seuils d’entrée dans la région<br />
en aménageant les abords des grands corridors routiers.<br />
1.10.2 Aménager des seuils d’entrée dans la région en<br />
protégeant les vues d’exception sur les collines montérégiennes.<br />
MILIEUX NATURELS ET ESPACES VERTS<br />
2.1 Protéger les corridors forestiers et écologiques actuels.<br />
2.2 Protéger les milieux naturels sensibles du développement.<br />
2.7 Briser la limite franche entre les secteurs habités<br />
et les milieux naturels.<br />
2.4 Consolider les corridors forestiers via la trame bleue.<br />
2.5 Renaturaliser les abords des cours d’eau agricole.s<br />
0 2.5 5 km<br />
PAYSAGES AGRICOLES ET NOURRICIERS<br />
ROSE<br />
ET NOIR<br />
3.1 Protéger les paysages de cultures traditionnelles.<br />
3.2 Assurer la protection du territoire agricole à long terme.<br />
3.4 Revaloriser les tiers-paysages (friches) à des fins agricoles.<br />
↑ Chacune des actions du plan paysage est liée à une<br />
série d’outils de tout ordre (réglementaire, financier,<br />
participatif, etc.) permettant de la concrétiser.<br />
3.5 Créer des espaces d’innovation en agriculture<br />
et agroalimentaire.<br />
DENSIFICATION HARMONIEUSE<br />
5.3 Adopter des stratégies de densification harmonieuses<br />
dans les paysages suburbains.<br />
20 PAYSAGES — No 17
↑ Activité de co-conception avec des citoyens,<br />
des aménagistes et des élus municipaux<br />
Louis-Philippe Rousselle-Brosseau<br />
❹ UN DÉFI POUR L’AVENIR : LA FORMATION DES FUTURS<br />
ARCHITECTES PAYSAGISTES À UNE ÉCHELLE DE DESIGN<br />
RÉGIONALE, ADAPTÉE AUX ENJEUX CONTEMPORAINS<br />
Entre 2011 et 2019, j’ai eu l’occasion d’animer à quelques reprises<br />
les ateliers « Espace régional » et « Grand paysage » au baccalauréat<br />
et à la maîtrise en architecture de paysage à l’Université de Montréal.<br />
Je constate que la formation évolue en s’ouvrant graduellement<br />
vers le projet de grand paysage. Cependant, il est primordial qu’une<br />
place de plus en plus importante soit accordée à l’apprentissage de<br />
la conception de paysages à grande échelle à l’aide de matériaux non<br />
conventionnels, dont les humains et les règlements. Une introduction<br />
à la co-conception et aux méthodes de consultation semble incontournable,<br />
tout comme une introduction sérieuse aux lois, règlements<br />
et statuts qui influencent le devenir des paysages régionaux.<br />
❸ TROISIÈME DÉFI : LE PAYSAGE EST UN PATRIMOINE<br />
VIVANT, MAIS TOUT PAYSAGE EST-IL PATRIMOINE ?<br />
Au cours des deux dernières décennies, le projet de grand paysage<br />
au Canada s’est surtout manifesté par l’adoption de statuts de<br />
protection. En Ontario, l’Ontario Heritage Act (2005) a introduit le<br />
statut de Cultural Heritage Landscape 2 , alors qu’au Québec, la Loi<br />
sur la conservation du patrimoine naturel (2002) a instauré le statut<br />
de paysage humanisé 3 , et la Loi sur le patrimoine culturel (2012),<br />
le statut de paysage culturel patrimonial 4 . D’ailleurs, les premiers<br />
statuts de paysage humanisé et de paysage culturel patrimonial<br />
ont été octroyés en 2021 à L’Île-Bizard (Montréal) et au site des<br />
Pointes-aux-Iroquois-et-aux-Orignaux (Rivière-Ouelle). Ces paysages<br />
exceptionnels seront préservés et feront l’objet de projets<br />
impliquant leur collectivité respective.<br />
Il est intéressant de constater que tous ces statuts ont le potentiel<br />
d’ériger le paysage au rang de patrimoine. D’ailleurs, par définition,<br />
le paysage est le produit d’une culture et d’une époque, ce qui l’érige<br />
de facto et potentiellement au rang de patrimoine collectif. Toutefois,<br />
contrairement aux autres formes de patrimoine, le paysage<br />
n’est pas immuable; il est en fait en constante évolution, et cette<br />
évolution découle d’une interrelation changeante d’une population à<br />
son territoire en fonction de l’époque et de la culture. Si l’on souhaite<br />
le protéger, il y a un risque qu’à terme, les facteurs qui maintiennent<br />
ce paysage vivant n’existent plus ou ne soient plus en adéquation<br />
avec l’époque. Parle-t-on encore de paysage ? Il y a paradoxe.<br />
Bref, la protection du grand paysage ne peut être la seule manière<br />
de le mettre en projet. Les statuts de protection s’attachent à<br />
l’exceptionnel. Or, nous vivons dans des paysages du quotidien, des<br />
paysages bien vivants, et notre qualité de vie en dépend. Le paysage<br />
de l’ordinaire peut servir de cadre ou de porte d’entrée de l’aménagement<br />
du territoire par sa nature visuelle et concrète. Le paysage est le<br />
reflet du milieu de vie, et tout citoyen peut se l’approprier et émettre<br />
des souhaits quant à son devenir. L’aménagement du grand paysage<br />
devient alors un moyen de démocratiser l’aménagement du territoire.<br />
Au-delà des considérations patrimoniales, le grand paysage peut<br />
avant tout être vu comme un bien commun qu’il importe d’aménager<br />
sous l’égide de considérations sociales et environnementales.<br />
Il existe aussi un besoin essentiel, dès la formation à la profession,<br />
d’apprendre à collaborer avec les aménagistes, les urbanistes, les<br />
géographes, les ethnologues et les spécialistes du patrimoine afin de<br />
se former au projet de paysage tout autant qu’au projet d’architecture<br />
de paysage, en saisissant bien de quelle manière l’architecte paysagiste<br />
peut ou doit être l’architecte derrière ces projets de conception<br />
de longue haleine et porteurs de nombreuses voix. Il s’agit d’une<br />
condition essentielle pour que la pratique fertile de l’intégration du<br />
paysage à l’aménagement du territoire et à ses outils se généralise<br />
et que l’on puisse enfin concevoir le territoire comme une mosaïque<br />
de paysages collectivement partagés et aménagés.<br />
Notes<br />
1. Au sens de la définition généralement admise du<br />
concept de paysage : une portion de territoire dont<br />
l’aspect découle d’interactions entre des humains et<br />
des facteurs géographiques et naturels.<br />
2. Cultural heritage landscape: means a defined geographical<br />
area of heritage significance which has been<br />
modified by human activities. Such an area is valued by<br />
a community, and is of significance to the understanding<br />
of the history of a people or place.<br />
3. Un paysage humanisé vise la protection de la<br />
biodiversité d’un territoire habité, terrestre ou aquatique<br />
dont le paysage et les composantes naturelles<br />
ont été façonnés, au fil du temps, par des activités<br />
humaines en harmonie avec la nature. Ce paysage et<br />
ces composantes présentent un caractère distinct dont<br />
la conservation dépend fortement de la poursuite des<br />
pratiques qui en sont à l’origine.<br />
4. Paysage culturel patrimonial : tout territoire reconnu<br />
par une collectivité pour ses caractéristiques paysagères<br />
remarquables résultant de l’interrelation de facteurs<br />
naturels et humains qui méritent d’être conservées<br />
et, le cas échéant, mises en valeur en raison de leur<br />
intérêt historique, emblématique ou identitaire.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
21
Les Milles Lieux<br />
4<br />
Analyse des paysages<br />
POTENTIEL<br />
PANORAMIQUE<br />
DU CONTREFORT<br />
APPALACHIEN,<br />
MRC D’ARTHABASKA<br />
Céline Bonnot<br />
Architecte paysagiste et biologiste<br />
22 PAYSAGES — No 17
« Le soulèvement de la plaine dessine une ligne de force dans le paysage –<br />
une ligne à partir de laquelle des panoramas, proches ou lointains, sont offerts. »<br />
C’est ainsi que le contrefort appalachien apparaît à l’équipe des Mille Lieux dans<br />
le paysage régional lors de l’inventaire de terrain mené en 2020 dans la MRC<br />
d’Arthabaska, à proximité de Victoriaville.<br />
Vaste étendue rurale, la plaine fertile de la MRC d’Arthabaska s’élève<br />
en buttes, collines et plateaux au niveau du contrefort appalachien.<br />
Reliant les basses terres du Saint-Laurent aux Appalaches, elle<br />
interpelle, de par la qualité de ses panoramas, l’équipe de la Corporation<br />
de développement économique de Victoriaville et sa région<br />
(CDEVR). Le contrefort est déjà largement parcouru pour ses activités<br />
de plein air, ses circuits (véloroute des Appalaches, sentiers de<br />
VTT et de motoneige, motocyclisme et sentiers de vélo) et ses lieux<br />
appréciables pour leurs attraits.<br />
Le potentiel de développement touristique et rural du contrefort<br />
reste pourtant peu exploré. La CDEVR, en collaboration avec la<br />
MRC d’Arthabaska, fait appel à la coopérative Les Mille Lieux pour<br />
documenter l’offre panoramique et identifier une stratégie de mise<br />
en valeur touristique ancrée dans le milieu.<br />
L’EXPLORATION PANORAMIQUE<br />
L’approche terrain se déroule en deux visites pour inventorier les<br />
panoramas d’exception sur la base d’un préinventaire identifié par<br />
la CDEVR. L’équipe des Mille Lieux explore un paysage tout en<br />
contraste et en ambiances rurales, où le calme et les perspectives<br />
visuelles proches et lointaines se succèdent sur la région, parfois<br />
même au-delà. Le relief vallonné du contrefort appalachien se traduit<br />
sur le terrain par une diversité d’expériences panoramiques,<br />
entre creux de vallée et plateaux vallonnés.<br />
Le contexte météorologique joue avec les panoramas, depuis les<br />
couleurs glorieuses de l’automne jusqu’au gris morne d’une journée<br />
pluvieuse. Mais ce sont surtout les parcours linéaires, vallonnés ou<br />
sinueux, leur environnement naturel et agricole, voire les plans<br />
multiples des vues qui donnent une dimension poétique aux panoramas.<br />
Le dévoilement soudain d’une perspective visuelle après<br />
un virage boisé joue ainsi un rôle essentiel dans la découverte<br />
des paysages.<br />
DÉCOUVERTE DES GRANDS TYPES DE PAYSAGES<br />
Les premiers chemins de colonisation guident le promeneur à travers<br />
les paysages du contrefort, comme le chemin Craig, le rang<br />
Saint-Philippe et le chemin Laurier. Ils épousent la géomorphologie<br />
des paysages, où l’agriculture et le couvert forestier se côtoient. En<br />
interaction avec le relief, les anciens chemins participent à la mise<br />
en scène du paysage et à la dynamique des parcours.<br />
En venant de la plaine du Saint-Laurent, c’est le changement de<br />
relief et les silhouettes des monts Arthabaska et Gleason, longés par<br />
la route 122 et le chemin Laurier, qui laissent deviner au promeneur<br />
le passage de la plaine au contrefort des Appalaches. Les routes<br />
pénètrent le territoire en suivant les vallées des rivières Nicolet et<br />
Bulstrode, tandis que d’autres s’élèvent en pente plus ou moins<br />
abrupte au niveau des plateaux. Les vues se dévoilent tranquillement<br />
ou soudainement sur les paysages agricoles vallonnés, les<br />
noyaux villageois, les parcours sinueux des vallées ou linéaires<br />
des plateaux.<br />
Quel que soit l’ensemble paysager parcouru, l’offre panoramique<br />
tient à une condition : la présence de l’agriculture, sous toutes ses<br />
formes. Accompagnée ou non de structures végétales comme les<br />
haies, les arbres isolés ou les boisés, elle ouvre les panoramas et<br />
offre une expérience en lien avec le relief. L’agriculture permet de<br />
mieux comprendre le rythme des saisons et les cycles associés au<br />
terroir, tout en permettant l’observation des paysages typiques de<br />
la région. Sans agriculture, pas de panoramas !<br />
LES PAYSAGES « SIGNATURE »<br />
Ce terme vient des personnes-ressources de la CDEVR, qui l’emploient<br />
pour nommer les vues d’exception des sites et routes de la<br />
MRC d’Arthabaska, souvent inconnues. Les paysages « signature »<br />
incluent les panoramas et les segments panoramiques où s’échelonnent<br />
des vues plus ou moins prolongées. Ils sont identifiés selon<br />
deux priorités : les paysages « signature » incontournables (priorité 1)<br />
et les paysages « signature » secondaires (priorité 2).<br />
Tels une vitrine sur le territoire arthabaskien, les paysages « signature<br />
» incontournables correspondent aux sites et aux routes qui<br />
offrent une expérience panoramique mémorable, avec effet « wow ».<br />
Ils sont valorisés et reconnus par le milieu, ce qui se traduit souvent<br />
dans la toponymie, quelquefois par un aménagement. Par exemple,<br />
le belvédère du mont Arthabaska est une porte d’entrée emblématique<br />
du contrefort appalachien au fort potentiel de mise en valeur.<br />
L’expérience panoramique de la MRC passe aussi par la découverte<br />
de paysages « signature » secondaires. Ce sont des vues représentatives<br />
de paysages panoramiques qui mettent en lumière les<br />
spécificités paysagères locales et régionales, comme des villages,<br />
des monts, des vallées ou des lacs.<br />
C’est l’expérience panoramique vécue<br />
dans la MRC lors des deux visites de terrain<br />
qui a permis d’évaluer les panoramas les<br />
uns par rapport aux autres. Sur environ<br />
120 points de vue analysés sur le contrefort<br />
appalachien, près de 28 panoramas<br />
incontournables et secondaires ont<br />
été identifiés.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
23
STRATÉGIE DE MISE EN VALEUR<br />
La clientèle cible et les synergies possibles avec les spécificités<br />
fortes du territoire ont été précisées avec la CDEVR pour orienter la<br />
stratégie de mise en valeur.<br />
Entre plaine et montagnes, le contrefort appalachien offre un terrain<br />
de jeu aux amoureux des panoramas et des routes vallonnées en<br />
quête de découverte de paysages à l’ambiance de « bout du monde ».<br />
Que ce soit au cours d’un parcours sportif ou gourmand, ou d’un<br />
passage touristique, le promeneur se laisse surprendre par la découverte<br />
de stations « paysage », des lieux d’observation qui l’invitent à<br />
s’arrêter pour contempler les paysages « signature » du contrefort.<br />
« Aux confins du contrefort appalachien,<br />
les panoramas d’exception sont mis en<br />
valeur par un réseau de stations "paysage",<br />
des lieux de contemplation qui attirent<br />
l’attention du promeneur sur des spécificités<br />
du paysage. »<br />
Axe 1<br />
Axe 2<br />
Axe 3<br />
Les quatre axes<br />
CRÉER DES OCCASIONS DE CONTEMPLER<br />
LES PAYSAGES : LES STATIONS « PAYSAGE »<br />
Vecteurs de découverte, les stations « paysage » donnent<br />
l’occasion de s’arrêter pour découvrir les paysages autrement.<br />
Elles s’inscrivent dans le réseau de circuits récréotouristiques<br />
qui sillonnent déjà le territoire, sans toutefois<br />
former de parcours. Pour le promeneur, place à une découverte<br />
planifiée ou spontanée du territoire, en synergie avec<br />
les potentiels récréotouristiques.<br />
Les stations « paysage » permettent de découvrir les diverses<br />
facettes des panoramas du contrefort. Parmi elles, on distingue<br />
les portes d’entrée principales, au niveau des sites<br />
emblématiques, et les portes d’entrée secondaires, qui soulignent<br />
le seuil entre la plaine et le contrefort appalachien,<br />
une spécificité forte du paysage.<br />
Cerises sur le gâteau, les stations « carte postale » mettent<br />
en scène des panoramas d’exception vers les paysages singuliers<br />
du contrefort appalachien, depuis les noyaux villageois<br />
jusqu’aux vues lointaines vers la plaine du Saint-Laurent ou<br />
les monts. Leur point commun : un paysage agricole ouvert<br />
au premier plan, composé de pâturages ou de champs.<br />
INTÉGRER DES DISPOSITIFS D’INTERPRÉTATION<br />
DES PARTICULARITÉS PAYSAGÈRES DU CONTREFORT<br />
Sur chaque station « paysage », un dispositif d’interprétation<br />
du paysage permet aux visiteurs de (re)découvrir une spécificité<br />
paysagère du contrefort. Trois niveaux d’interprétation<br />
seront proposés : le territoire dans son ensemble (niveau 1),<br />
la mise en valeur de la ligne d’horizon (niveau 2) ou la mise en<br />
valeur d’un élément précis et identitaire du paysage (niveau 3).<br />
GUIDER L’USAGER À TRAVERS LES PAYSAGES<br />
DU CONTREFORT<br />
La découverte des panoramas au niveau des stations « paysage<br />
» est guidée par des indications signalétiques visibles de<br />
la route et par un réseau d’informations sur les stations « paysage<br />
» qui s’étendent des sommets aux sites d’observation.<br />
↑ Vigie de la Grande Mollière /<br />
Installation auprès du Lac du Bourget<br />
Œuvre réalisée par l’Atelier Ritz Architecte,<br />
tous drois réservés<br />
Atelier Ritz Architecte<br />
Axe 4<br />
GÉRER, PROTÉGER ET METTRE EN VALEUR<br />
LES PANORAMAS<br />
La gestion, la protection et la mise en valeur des panoramas<br />
sont indissociables du déploiement des stations « paysage<br />
». La reconnaissance des paysages « signature » et des<br />
emblèmes paysagers est une étape clé. La gestion des segments<br />
panoramiques et des vues « signature » à protéger<br />
est un autre besoin essentiel; elle passe par un plan de gestion<br />
des abords routiers et par la mise en valeur des friches<br />
(inventaire et identification d’un projet soutenu par le milieu<br />
agricole et la communauté) et des paysages agricoles (cadre<br />
bâti et trame végétale des abords et des paysages). Enfin, la<br />
signalétique de sensibilisation vise à toucher directement<br />
les promeneurs en les invitant à ralentir pour mieux profiter<br />
des panoramas.<br />
24 PAYSAGES — No 17
Les Milles Lieux<br />
1 — CRÉER DES OCCASION DE CONTEMPLER<br />
Type de stations<br />
Stations porte d’entrée<br />
Stations porte d’entrée secondaire<br />
Stations « carte postale »<br />
2 — INTÉGRER DES DISPOSITIFS D’INTERPRÉTATION DU PAYSAGE<br />
Type de dispositifs<br />
Présenter le territoire dans son ensemble.<br />
Mettre en valeur la ligne d’horizon.<br />
Diriger l'attention vers un élément précis<br />
et identitaire du paysage.<br />
3 — GUIDER L’USAGER À TRAVERS LE TERRITOIRE<br />
Type de signalétique<br />
Protéger les paysages de cultures traditionnelles.<br />
Assurer la protection du territoire agricole à long terme.<br />
Revaloriser les tiers-paysages (friches) à des fins agricoles.<br />
Créer des espaces d’innovation en agriculture.<br />
L’ÉCOUMÈNE APPALACHIEN DE LA MRC<br />
Cette stratégie vise à guider les promeneurs dans la découverte<br />
d’une expérience rurale, propre au milieu humain qui caractérise le<br />
contrefort appalachien de la MRC (réf. Augustin Berque (2009) –<br />
Écoumène : introduction à l’étude des milieux humains). Son objectif :<br />
mettre en valeur les spécificités tissées entre l’homme et la portion<br />
appalachienne du contrefort par la découverte des panoramas.<br />
Pour Dominic Poulin, commissaire en<br />
développement agricole à la CDEVR, il<br />
s’agit de mettre en avant des panoramas<br />
qui reflètent le caractère du contrefort<br />
appalachien : « une prise de conscience de<br />
qui on est ».<br />
Cette stratégie de mise en valeur du potentiel panoramique sera<br />
présentée aux nouvelles équipes municipales dès <strong>2022</strong> en adoptant<br />
le « langage des paysages ». La collaboration avec l’UPA et la<br />
révision du schéma d’aménagement font actuellement l’objet de discussions.<br />
Viendront ensuite le déploiement des stations « paysage »,<br />
la promotion de l’image de marque et les rencontres sur place.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
25
26 PAYSAGES — No 17<br />
Photo : Alice Triquet
5<br />
Protection des paysages<br />
CONNAÎTRE LA VALEUR<br />
ÉCONOMIQUE<br />
DES PAYSAGES<br />
POUR EN ASSURER<br />
LA PROTECTION<br />
ET LA MISE EN VALEUR<br />
Sophie DeBlois<br />
Chargée de projet de l’Entente<br />
sur la mise en valeur et la protection<br />
des paysages de la Capitale-Nationale<br />
Entré depuis peu au panthéon du patrimoine naturel et culturel québécois,<br />
le paysage occupe depuis plusieurs années une place grandissante dans l’espace<br />
médiatique. Toutefois, quelle valeur lui accorde-t-on individuellement et collectivement<br />
? Le fait de connaître la valeur économique des paysages pourrait-il<br />
assurer leur protection et leur mise en valeur ?<br />
Les partenaires de l’Entente sur la mise en valeur et la protection<br />
des paysages de la région de la Capitale-Nationale ont convenu<br />
qu’une réflexion à ce sujet s’imposait et ont amorcé une démarche<br />
visant à mieux connaître les paysages, les spécificités qui les caractérisent<br />
et les possibilités qu’ils génèrent en matière de développement<br />
local et régional durable.<br />
En 2018, la phase 1 de l’Étude sur la valeur économique des paysages<br />
a été lancée. Menée par des professeurs et chercheurs de la<br />
Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université<br />
Laval et consistant en une revue de la littérature, la démarche de<br />
recherche repose sur une recension de la littérature provenant de<br />
nombreuses publications à caractère scientifique à l’échelle mondiale<br />
et portant sur les impacts économiques de la valorisation<br />
des paysages. Cette étude en deux phases a été réalisée grâce à la<br />
participation financière du gouvernement du Québec.<br />
Sur le plan méthodologique, la phase 1 de l’Étude sur la valeur économique<br />
des paysages se divise en deux volets : le premier consiste<br />
à analyser la littérature liée à la contribution du paysage aux valeurs<br />
foncières par le biais d’une approche méthodologique essentiellement<br />
quantitative, la modélisation hédonique; le second consiste<br />
à analyser la littérature portant sur les autres formes de bénéfices<br />
économiques du paysage. Pour ce deuxième volet, l’approche est<br />
plutôt qualitative. L’Étude traite de cinq grandes thématiques paysagères,<br />
soit le paysage urbain, l’environnement et le paysage maritimes,<br />
le paysage agroforestier, le paysage forestier et le paysage<br />
minier. Cet article résume les grandes lignes et constats de cette<br />
revue de littérature.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
27
❶ LE PAYSAGE URBAIN<br />
Les textes consultés dans le cadre de l’Étude soulignent l’intérêt<br />
de préserver les percées visuelles ainsi que les espaces ouverts.<br />
Sur le plan urbanistique, il importe de noter que la valeur de l’espace<br />
ouvert tend à être proportionnelle au seuil de densité d’une<br />
localité. Autrement dit, plus la densité de la localité augmente,<br />
plus la valeur de l’espace ouvert est susceptible d’augmenter. La<br />
proximité physique de l’espace ouvert, ainsi que son accessibilité<br />
et la qualité et la profondeur de la vue qu’il offre ont aussi un<br />
impact. Par ailleurs, le déploiement d’un dispositif permettant<br />
d’assurer la conservation de l’espace ouvert à long terme peut<br />
bonifier l’impact de cet espace ouvert sur les valeurs foncières.<br />
Pour les autres types de retombées économiques, notamment<br />
en matière de tourisme, les recherches tendent à montrer que le<br />
paysage détient un potentiel intrinsèque et un potentiel de service,<br />
différemment perçus par les visiteurs. D’une part, le potentiel<br />
paysager intrinsèque correspond à l’ensemble des caractéristiques<br />
du paysage et à l’éventail d’activités de plein air qu’il propose.<br />
D’autre part, le potentiel du paysage de service se définit<br />
comme la valeur associée à l’intérêt que portent les touristes aux<br />
activités disponibles.<br />
❷ ENVIRONNEMENT ET PAYSAGE MARITIMES<br />
Des constats émergent des textes consultés en lien avec la valorisation<br />
du paysage maritime. Par exemple, la valeur foncière des<br />
propriétés situées directement en face d’un lac ou de la mer peut<br />
augmenter de façon appréciable. De plus, les propriétés situées<br />
à proximité de milieux humides peuvent bénéficier d’une prime<br />
immobilière, laquelle est tributaire de plusieurs éléments comme<br />
la taille et l’aménagement des milieux en question. Aussi, la proximité<br />
d’une vaste étendue d’eau rapporte une prime à la revente,<br />
tributaire de la qualité de la vue que confèrent la propriété et l’environnement<br />
immédiat du site.<br />
En ce qui a trait aux autres formes de bénéfices économiques,<br />
la littérature consultée suggère également que l’environnement<br />
et le paysage maritimes peuvent être très favorables au développement<br />
du tourisme et de son économie. Elle montre que les<br />
clients paraissent sensibles aux caractéristiques environnementales<br />
qu’ils peuvent visualiser depuis leur chambre d’hôtel, les<br />
amenant à payer pour une « meilleure vue ».<br />
❸ LE PAYSAGE AGROFORESTIER<br />
Les paysages agroforestiers font actuellement l’objet de préoccupations<br />
grandissantes. Ce phénomène découle notamment de<br />
la volonté de mettre en valeur le terroir à des fins d’attractivité et<br />
de développement touristiques. La revue de la littérature sur la<br />
valorisation économique des paysages agroforestiers permet de<br />
souligner certains principes récurrents. Par exemple, une vue sur<br />
le paysage agricole peut bonifier le prix des propriétés résidentielles<br />
unifamiliales. Cependant, cette prime immobilière découle<br />
bien souvent de la profondeur de vue. Le phénomène de rareté<br />
des terres agricoles dans certains milieux peut aussi influer sur la<br />
prime immobilière. Par conséquent, une garantie de conservation<br />
permanente des espaces verts et agricoles périurbains est susceptible<br />
d’augmenter les primes sur les propriétés résidentielles<br />
unifamiliales situées dans ces zones.<br />
Pour ce qui est des autres formes de bénéfices économiques liés<br />
à la mise en valeur du paysage agroforestier, plusieurs textes<br />
parlent de l’émergence et du développement de l’agrotourisme.<br />
Les paysages agricoles revêtent désormais un intérêt pour les<br />
visiteurs. Toutefois, les textes étudiés soulignent qu’au-delà des<br />
retombées économiques dans la gestion des terres et la préservation<br />
de l’environnement, il faut se rappeler que l’attachement<br />
des résidents au paysage rural constitue une motivation importante<br />
dont il faut tenir compte.<br />
PhenixDrone no. 22<br />
PhenixDrone no. 28<br />
28 PAYSAGES — No 17
❺ LES PAYSAGES MINIERS<br />
MRC de La Côte-de-Beaupré<br />
Les paysages miniers découlant d’un processus de restauration<br />
suscitent de plus en plus d’intérêt dans le domaine touristique,<br />
en partie parce qu’ils permettent de valoriser le patrimoine industriel.<br />
La littérature consultée permet d’entrevoir les relations<br />
unissant le paysage minier aux valeurs foncières. Les principaux<br />
constats liés à la proximité d’activités minières sont la diminution<br />
de la valeur foncière des propriétés causée par les dommages de<br />
ces activités sur le paysage, la pollution de l’air et le bruit, qui ont<br />
tous un impact négatif sur la valeur des propriétés.<br />
❹ LE PAYSAGE FORESTIER<br />
Le paysage forestier est actuellement au cœur de nombreuses<br />
publications, et ce, dans diverses perspectives. L’une de ces<br />
perspectives se rapporte au développement de la foresterie<br />
urbaine, qui paraît prendre de plus en plus d’importance dans le<br />
contexte du développement de l’urbanisation et de la lutte aux<br />
changements climatiques. D’abord, la revue de la littérature permet<br />
de souligner certaines tendances liées à la prise en compte<br />
des paysages agroforestiers, notamment dans leur contribution<br />
au bien-être personnel et social. Ensuite, la forêt urbaine constitue<br />
un élément susceptible d’influer positivement sur le prix<br />
d’une propriété située en ville, mais la prime immobilière découlant<br />
de la présence de la forêt urbaine requiert que la propriété<br />
soit localisée en bordure de la forêt en question ou qu’il ne faille<br />
qu’un court temps de déplacement pour s’y rendre. Il importe de<br />
souligner que la prime induite par la proximité de la forêt urbaine<br />
ne s’expliquerait pas par la valeur ajoutée que constitue la vue<br />
sur la forêt, mais par d’autres éléments comme la tranquillité et<br />
la fraîcheur liées à l’environnement forestier, qui ont pour effet<br />
d’accroître le sentiment de bien-être.<br />
Les textes consultés mettent aussi en relief la valeur ajoutée du<br />
paysage forestier, et ce, à divers titres. Tout d’abord, ils associent<br />
une valeur monétaire à la biodiversité liée aux environnements<br />
forestiers. Ensuite, la valorisation du paysage forestier a également<br />
été associée, dans la littérature, au marché de l’emploi local.<br />
D’autre part, le potentiel économique que peuvent générer les<br />
forêts par l’activité récréative permet d’envisager une réduction<br />
des fonctions de l’exploitation forestière au bénéfice de projets<br />
touristiques. En outre, les résultats révèlent la valeur socioculturelle<br />
des forêts urbaines pour les citadins qui apprécient les<br />
forêts urbaines principalement pour leurs avantages non matériels,<br />
soit leur contribution à l’épanouissement émotionnel, intellectuel<br />
et moral des personnes.<br />
Quant aux autres formes de bénéfices économiques, les paysages<br />
miniers apparaissent aussi propices au développement<br />
d’activités touristiques et récréatives. En effet, la nécessité de<br />
développer de nouvelles opportunités économiques là où l’économie<br />
reposait traditionnellement sur la « monoculture minière »<br />
entraîne la création d’un renouveau culturel sur certains sites<br />
miniers. La revalorisation de ces sites désaffectés peut jouer un<br />
rôle moteur en matière d’attractivité touristique.<br />
En conclusion, la phase 1 de l’Étude sur la valeur économique<br />
des paysages a permis, par le biais de la réalisation de cette<br />
revue de la littérature scientifique, de recenser les principaux<br />
types de bénéfices économiques connus susceptibles de découler<br />
de la mise en valeur du paysage urbain, maritime, agroforestier,<br />
forestier et minier. Il importe de rappeler qu’une étude<br />
des impacts économiques découlant de la mise en valeur du<br />
paysage ne peut vraisemblablement se confiner à une étude uniquement<br />
quantitative et qu’elle doit élargir son spectre à l’analyse<br />
de dimensions socioculturelles.<br />
À la suite de la revue de la littérature, les partenaires de l’Entente<br />
sur la mise en valeur et la protection des paysages de la Capitale-Nationale<br />
ont souhaité poursuivre la démarche visant une<br />
meilleure prise en compte des paysages dans l’aménagement du<br />
territoire. La phase 2 de l’Étude sur la valeur économique des paysages,<br />
intitulée Motifs et moyens de préserver l’actif paysager, est<br />
en cours de réalisation. La prémisse de cette démarche est qu’un<br />
paysage favorisant l’implantation résidentielle, l’activité commerciale<br />
et la fréquentation touristique représente un actif contribuant<br />
à la valorisation des titres fonciers, à la croissance du profit des<br />
entreprises et à la création d’emplois. Le projet permet d’anticiper<br />
un bénéfice non seulement pour les personnes et les entreprises,<br />
mais aussi pour les autorités publiques qui, au nom de l’intérêt<br />
public, ne peuvent négliger l’apport des paysages au développement<br />
social et économique régional.<br />
valdessources.ca<br />
Accédez à la revue de littérature et à d’autres informations :<br />
bit.ly/3JIqeBm<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
29
Appolinary Kalashnikova<br />
6<br />
Analyse des paysages<br />
LA MISE EN VALEUR<br />
ET LA PROTECTION<br />
DE PAYSAGES<br />
Dans le contexte d'études de localisation, de design<br />
et d'intégration d'infrastructures majeures au Québec<br />
Élaine Genest<br />
Architecte paysagiste, M. Urb.<br />
30 PAYSAGES — No 17
Que l’on traite d’infrastructures routières, de production ou de transport<br />
d’énergie hydroélectrique ou éolienne, les questions de leur rapport spatial et<br />
environnemental au territoire et à leur intégration intrinsèque au milieu en<br />
constant développement sont progressivement devenues des enjeux majeurs.<br />
Elles ont déterminé, conséquemment, l’intervention avec les équipes classiques<br />
d’ingénieurs de projets, de nouveaux praticiens spécialistes provenant,<br />
entre autres, des domaines de l’aménagement, du design, de l’urbanisme et<br />
de l’architecture de paysage dans le cadre d’études d’intégration de projets<br />
d’infrastructures majeures. Il est ici plus particulièrement question d’exemples<br />
d’interventions en contexte occidental, voire en territoire québécois.<br />
← Dans ce paysage au relief ondulé, les éoliennes sont<br />
idéalement disposées sur le sommet du coteau, tout en<br />
épousant l’orientation imposée par son axe dominant, de<br />
même que les formes et les courbes naturelles du territoire.<br />
Quelques définitions<br />
L’intégration<br />
L’insertion<br />
Selon diverses sources consultées, l’intégration paysagère<br />
se définit, notamment, comme l’adaptation harmonieuse<br />
de structures, de constructions ou d’espaces nouveaux aux<br />
constructions ou aux espaces existants et à leurs paysages<br />
environnants. D’autres sources définissent l’intégration<br />
comme un concept quelque peu ouvert. Pour certaines,<br />
l’objectif visé par l’intégration d’un projet consiste à veiller à<br />
ce qu’il se fonde dans l’espace existant; pour d’autres, il s’agit<br />
d’un processus provoquant une évolution, un changement de<br />
dynamique. Enfin, pour tout un chacun, la mise en commun<br />
de ces énoncés permet tout de même d’affirmer que l’intégration<br />
est essentiellement la mise en relation d’un élément<br />
nouveau avec un milieu récepteur.<br />
Le terme « insertion », que l’on assimile très souvent à l’intégration,<br />
est également très utilisé. Puisque tous deux font<br />
référence à la qualité d’une intervention ou d’une modification<br />
apportée dans un espace préalablement construit<br />
ou constitué, ils sont facilement confondus ou interchangeables.<br />
Cette nuance entre intégration et insertion vient,<br />
selon certaines sources, de l’approche de certains designers<br />
qui prônent des aménagements innovants et modernes<br />
en optant pour des stratégies d’intégration de nouvelles<br />
structures où l’on joue avec les contrastes plutôt qu’avec<br />
les similitudes. Les éléments du contexte y sont donc pris<br />
en compte pour être « révélés » par le contraste créé avec<br />
les nouveaux aménagements. À l’inverse, le programme des<br />
plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA), qui<br />
constitue l’un des outils d’intégration recommandés par les<br />
municipalités, insiste davantage sur les similitudes que sur<br />
les contrastes.<br />
LES INFRASTRUCTURES ET UN PEU DE LEUR HISTOIRE<br />
Bien que de très nombreuses avancées aient été accomplies tant<br />
sur le plan de la conception que du point de vue de l’implantation<br />
des réseaux routiers et électriques, c’est essentiellement la société<br />
occidentale d’après-guerre, soit celle des années 50 et 60, qui<br />
développe et déploie ces infrastructures sur son vaste territoire<br />
grâce aux avancées scientifiques et technologiques de l’époque.<br />
Ces monuments de la modernité apparaissent comme les symboles<br />
du progrès et sont généralement bien perçus par la majorité de la<br />
population. Tremblay (2013) cite d’ailleurs à cet effet : L’une des<br />
idées qui a fortement participé à l’implantation de nos réseaux […]<br />
dans les années soixante était la « certitude d’un impact positif des<br />
équipements sur le développement économique et la nécessité<br />
de répondre aux impératifs de libre-échange » (Grillet-Aubert et<br />
Guth, 2003, p. 98). Cette certitude s’est traduite dans le domaine<br />
des transports par la notion d’« effet structurant » (Offner, 1993).<br />
Peu importait leur forme, les projets autoroutiers étaient perçus<br />
comme ayant un « impact structurant sur l’aménagement du territoire<br />
» (Lachance, 2009).<br />
Réseaux d’infrastructures autoroutières<br />
Ces projets d’ingénierie au gabarit titanesque et leur conception<br />
essentiellement fonctionnelle transforment la structure des paysages<br />
ruraux et urbains, de même que le dynamisme du développement<br />
des espaces limitrophes, jusque dans les outils de gestion du<br />
territoire. La planification et l’implantation des premières autoroutes<br />
ont fortement conditionné les relations entre ces équipements et le<br />
territoire lui-même.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
31
Cependant, certains spécialistes de l’aménagement proposent des<br />
solutions innovantes et intégratrices à une époque où ces valeurs<br />
sont moins véhiculées par le milieu des concepteurs de projets et<br />
les populations :<br />
• La création des parkways, par Vaux et Olmsted, dans la<br />
seconde moitié du 19 e siècle. Ils proposent en effet de relier<br />
Prospect Park, à New York, aux berges de l’océan Atlantique<br />
par une route panoramique (Gariépy et autres, 2006). Ce terme<br />
est demeuré pour les réseaux de parkways créés par Olmsted à<br />
New York, Boston et Chicago. Ces réseaux de routes permettaient<br />
de relier entre eux les parcs de la ville par un système de<br />
voies plantées, lesquelles avaient diverses fonctions : promenade<br />
à pied, circulation en voiture et tramway;<br />
• L’insertion de la route dans le paysage et son esthétique<br />
(external et internal harmony of the freeway) par Tunnard<br />
et Pushkarev (1963). Ces deux aménagistes démontrent l’incidence<br />
du design de la route sur la vue depuis l’autoroute et<br />
de ses abords, tant en milieux ruraux qu’en milieux urbains, en<br />
raison des lacunes esthétiques rencontrées dans le développement<br />
des villes et des régions. La consultation de documents<br />
récents permet de confirmer la contribution méthodologique<br />
majeure de cet ouvrage;<br />
• The View from the Road (Appleyard, Lynch et Myer, 1965).<br />
Ces auteurs proposent un nouvel angle de vue concernant la<br />
conception des infrastructures en confirmant le rôle positif de<br />
l’autoroute comme soutien de l’expérience esthétique dans le<br />
paysage ambiant, comme si le cheminement des passagers sur<br />
une future route devenait une occasion de mieux comprendre le<br />
paysage et d’en faire une expérience agréable. Ce nouvel outil de<br />
caractérisation a grandement contribué à sensibiliser le milieu<br />
des concepteurs d’autoroutes à la relation entre les infrastructures,<br />
le territoire et le paysage, et a conséquemment permis<br />
l’ouverture d’une nouvelle expertise en design d’autoroutes à<br />
d’autres professionnels de l’aménagement.<br />
Au Québec, au cours des années 80, le ministère des Transports a<br />
mené diverses recherches pour une approche méthodologique en<br />
matière d’intégration d’infrastructures autoroutières au paysage. Il<br />
conclut ce processus avec :<br />
Dans le cadre de sa stratégie énergétique, le gouvernement provincial<br />
commence à investir dans l’énergie éolienne, alors jugée<br />
complémentaire mais utile au cours des années 90, et ces investissements<br />
prennent de l’ampleur.<br />
Ces projets d’ingénierie typiquement québécois, au gabarit majeur en<br />
raison des distances parcourues et des kV acheminés, acquièrent<br />
également des mesures de localisation, d’intégration et de conception,<br />
essentiellement fonctionnelles jusqu’aux années 80. Certains<br />
spécialistes de l’aménagement proposent des solutions innovantes<br />
et intégratrices vers la fin des années 80, à la suite du projet de<br />
ligne Radisson-Des-Cantons, qui devait passer au-dessus du fleuve<br />
Saint-Laurent, suscitant alors un mouvement de sensibilisation pour<br />
la protection du paysage fluvial près de Grondines. Hydro-Québec<br />
accepte notamment d’enfouir le tronçon de lignes sous le fleuve<br />
dans ce secteur, ce qui donne lieu à la révision du nouveau processus<br />
d’évaluation des impacts environnementaux Lignes et Postes<br />
en 1990, dont celui de la Méthode Paysage en 1991.<br />
En découle :<br />
• La Méthode d’étude du paysage pour les projets de lignes<br />
et de postes électriques chez Hydro-Québec, 1992 (Groupe<br />
Viau, en collaboration avec Entraco), qui remet en question<br />
l’analyse visuelle traditionnelle lors de l’inventaire et qui n’a pour<br />
but, souvent en vain, de camoufler éventuellement les équipements<br />
de lignes et postes. La nouvelle méthode préconise<br />
des critères de localisation à mettre en application en amont<br />
du processus d’étude d’impact des équipements, sachant que<br />
les solutions résiduelles d’intégration ou d’insertion relèveront<br />
essentiellement de tentatives de camouflage. Cette méthode<br />
fait le lien avec l’importance d’utiliser le cadre écologique de<br />
référence du ministère de l’Environnement (version révisée). Fait<br />
important, si les analystes ou concepteurs ne l’utilisent pas pour<br />
cerner les modes d’intégration des équipements en les localisant<br />
adéquatement dans le paysage, cette méthode devient<br />
un processus traditionnel d’analyse des impacts visuels; elle a<br />
d’ailleurs reçu un prix d’excellence de l’AAPC en 1992.<br />
• Méthode d’analyse visuelle pour l’intégration des infrastructures<br />
de transport. MTQ. (Gaudreau, Jacobs et Lalonde,<br />
1986). Cet outil représente la première édition en la matière au<br />
Québec. Depuis, monsieur Gariépy et son équipe de la Chaire<br />
de recherche en paysage et environnement de l’Université de<br />
Montréal ont produit une série de recherches en matière d’intégration<br />
d’infrastructures routières.<br />
Réseaux d’énergie hydroélectrique et éolienne<br />
Au Québec, pendant les années 60, le gouvernement amorce<br />
la nationalisation d’une partie du réseau privé de production<br />
d’hydro-électricité. Il mise par ailleurs sur son développement par<br />
la construction de centrales de production, de réservoirs et de barrages<br />
sur des rivières du nord de la province, de même que par la<br />
création d’un type d’infrastructures de transport à haute tension,<br />
soit la ligne à 735 kV, qui permet d’acheminer l’énergie électrique<br />
des lieux de production du nord aux régions urbaines de consommation<br />
généralement éloignées, au sud du Québec.<br />
32 PAYSAGES — No 17
EXEMPLES DE PRINCIPES GÉNÉRAUX D’INTÉGRATION<br />
DES INFRASTRUCTURES DANS LE PAYSAGE<br />
Principes généraux de localisation<br />
des infrastructures<br />
L’expérience a démontré que les interventions en matière d’intégration<br />
d’une infrastructure dans le paysage commencent d’abord par<br />
un choix de localisation stratégique de l’équipement. Une route, une<br />
ligne électrique, une éolienne bien localisées dans leur environnement,<br />
dans une perspective d’intégration ou d’insertion optimale,<br />
représentent une étape fondamentale dans la réussite du processus.<br />
Aussi, l’intégration de l’architecte<br />
paysagiste ou du designer dans l’équipe<br />
de conception et de localisation des<br />
équipements d’infrastructures est un<br />
atout à rechercher.<br />
Voici certains exemples de mesures à prendre, particulièrement<br />
applicables dans le cas des éoliennes :<br />
• Localiser l’infrastructure par un design qui soit compatible<br />
avec la morphologie du site récepteur. On compte de nombreux<br />
cas d’autoroutes bien intégrées au paysage ambiant en contournant,<br />
par exemple, un ensemble de collines boisées ou un plan<br />
d’eau par une courbe harmonieuse plutôt que de traverser ces<br />
espaces par un axe linéaire. L’A-10 dans le secteur d’Eastman et<br />
de Magog dans l’Estrie en est un bon exemple;<br />
• En topographie plane, localiser les tracés d’infrastructures ou<br />
les éoliennes dans un axe linéaire ou, lorsque le milieu récepteur<br />
est lui-même structuré de façon linéaire ou orthogonale (p. ex.<br />
certaines zones urbaines et certains champs agricoles, etc.),<br />
installer de préférence les éoliennes dans une disposition géométrique<br />
simple et structurée dans ces conditions;<br />
• En paysages ondulés, installer de préférence les éoliennes de<br />
manière à ce qu’elles suivent les contours du relief ou des structures<br />
physiques majeures (littoral, lignes de terrain, etc.) ou de toute autre<br />
caractéristique ou particularité architecturale du paysage;<br />
Principes relatifs aux infrastructures<br />
complémentaires et au chantier<br />
• Enfouir les lignes électriques entre les éoliennes;<br />
• Faire en sorte que toutes les éoliennes d’un même parc possèdent<br />
les mêmes caractéristiques physiques (taille, couleur,<br />
nombre de pales, etc.) OU isoler les modèles en sous-ensembles<br />
pour en marquer la distinction (p. ex. Éole, système sur structure<br />
verticale, a été distancié des nouvelles tours traditionnelles).<br />
Dans le cas du parc de Cap-Chat, à titre d’exemple, les nouvelles<br />
tours de typologie traditionnelle ont été distanciées d’Éole, la<br />
structure verticale préexistante, pour mieux la mettre en valeur.<br />
Selon le contexte socioéconomique,<br />
technique, scientifique et esthétique de<br />
l’époque, que l’on traite d’infrastructures<br />
autoroutières, hydroélectriques, éoliennes<br />
ou de bâtiments, on peut appliquer trois<br />
autres stratégies ou partis d’aménagement :<br />
« cacher, révéler, banaliser ».<br />
Certains diront que ces partis sont également des stratégies d’intégration<br />
ou d’insertion. Chacune de ces stratégies possède ses avantages<br />
et ses limites selon le type de structures auquel le concepteur<br />
est confronté. Chacune constituerait en soi un sujet à part entière.<br />
Qu’elles mènent à un statu quo ou à une modification des dynamiques,<br />
les divergences sur le type ou le degré de relation entre<br />
la nouvelle composante et son contexte paysager relèvent du rôle<br />
et des différentes visions de l’infrastructure et du territoire, et non<br />
des différentes définitions de l’intégration. Ceci n’en constitue pas<br />
moins un défi complexe qui dépasse le simple camouflage. Aux<br />
architectes paysagistes de s’impliquer davantage pour relever ce<br />
défi passionnant !<br />
• Éviter de localiser les infrastructures à poutres (p. ex. les<br />
pylônes, les éoliennes et les tours cellulaires) dans des secteurs<br />
exposés et surtout valorisés des sommets dominants, et protéger<br />
certaines lignes de crête, c’est-à-dire les limites marquantes<br />
des unités paysagères, les éléments déterminants pour la compréhension<br />
géomorphologique ou géographique du territoire, ou<br />
les éléments qui sont fortement ou fréquemment perçus.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
33
34 PAYSAGES — No 17
7<br />
Aménagement de l'espace<br />
SUPERPOSITIONS,<br />
CONNEXIONS<br />
ET MÉDIATIONS,<br />
LA RÉÉMERGENCE<br />
D’UN GRAND PARC<br />
URBAIN<br />
L'approche conceptuelle du Plan directeur<br />
de conservation, d'aménagement et de développement<br />
du parc Jean-Drapeau 2020-2030<br />
Jonathan Cha<br />
Docteur en aménagement de l’espace,<br />
urbanisme/urbanologue et conseiller<br />
principal en aménagement, Société<br />
du parc Jean-Drapeau<br />
RETROUVER LE SENS PERDU<br />
ET AFFIRMER L’IDENTITÉ DU PARC<br />
Les parcs sont aujourd’hui une collection éclectique de strates de<br />
paysages aménagés et construits issus de multiples époques. Tant<br />
pour les personnes qui réalisent des parcs que pour celles qui les<br />
conçoivent, il est à propos de se questionner sur la conciliation<br />
entre, d’une part, la révélation et la célébration de l’historicité des<br />
parcs et de leurs composantes et, d’autre part, l’application des<br />
approches actualisées de transformation pour en faire des parcs<br />
répondant aux besoins du XXI e siècle. Ces questions ont éclairé<br />
l'approche conceptuelle du Plan directeur de conservation, d’aménagement<br />
et de développement du parc Jean-Drapeau 2020-2030<br />
réalisée et dirigée par NIPpaysage avec Réal Paul Architecte,<br />
ATOMIC3 et Biodiversité conseil.<br />
← La promenade riveraine comme nouvelle signature<br />
et porte d'entrée du parc Jean-Drapeau<br />
Photo : NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />
Au cours des dernières décennies, l’usage public du parc Jean-<br />
Drapeau a vécu une crise. Un éloignement et une distanciation se<br />
sont opérés avec les citoyens, au point de faire du parc un « landscape<br />
of estrangement », pour reprendre le concept de James<br />
Corner. Ce dernier critiquait la technologie et le capitalisme qui<br />
contribuaient à nous éloigner de la valeur poétique de l’architecture<br />
de paysage et prônait une conciliation de l’histoire et du sens du lieu<br />
avec les circonstances contemporaines 1 .<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
35
NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />
← La passerelle du Cosmos transformée<br />
en espace public et en corridor écologique<br />
Il convenait donc, par le processus de<br />
conception paysagère, d’œuvrer au<br />
positionnement clair de l’identité du parc<br />
pour lui redonner une cohérence physique,<br />
refléter ses valeurs culturelles et le<br />
réinscrire dans les pratiques citoyennes.<br />
Après avoir placé la conservation au rang des principales orientations<br />
stratégiques, sept principes d’aménagement ont été élaborés.<br />
En découla alors le concept d’aménagement qui répond directement<br />
à cette perte de sens et de contact, soit « la célébration du<br />
grand parc insulaire grâce à la consolidation de ses rives et du cœur<br />
des îles Sainte-Hélène et Notre-Dame ».<br />
LE PARC ET LE PAYSAGE COMME DESTINATION<br />
PAYSAGÈRE ET SOCIALE<br />
À la manière des parcs de Frederick Law Olmsted, la volonté partagée<br />
était de faire du paysage insulaire réinventé du parc Jean-<br />
Drapeau une destination en soi 2 où la qualité de l’aménagement<br />
a été, dès l’étape de planification, prévue pour être une attraction<br />
locale et touristique de premier ordre. Le plan d’aménagement vise<br />
à créer du vide, à laisser s’exprimer le design du parc dans toute<br />
sa créativité. Comme le soulignait Bernard Huet : « We are afraid of<br />
emptiness. Afraid of void, of an empty, beautiful space 3 ». L’importance<br />
de cesser de surcharger et de remplir l’espace d’installations<br />
temporaires de tout genre et de viser l’optimisation des paysages a<br />
largement fait partie des réflexions pour valoriser le site patrimonial,<br />
célébrer les legs en architecture de paysage et surtout contribuer à<br />
l’émergence de milieux habités.<br />
Clare Cooper Marcus écrivait que « two frequently cited reasons for<br />
park use are: a desire to be in a natural setting and a need for human<br />
contact 4 », un constat toujours d’actualité aujourd’hui et qui a éclairé<br />
tout le processus créatif. La réflexion a visé à répondre aux besoins<br />
et aux habitudes de tous les usagers, dont les communautés culturelles,<br />
par un engagement envers la diversité et à s’assurer d’une<br />
justice sociale dans l’accessibilité au parc (équité, diversité, inclusion).<br />
Galen Cranz écrivait que le potentiel des parcs à façonner et à refléter<br />
les valeurs sociales n'était pas encore pleinement apprécié ou<br />
compris, et qu’un contrôle social a de tout temps limité l’accès au<br />
parc 5 , un constat appuyé par Beardsley par la notion d’« érosion 6 ».<br />
Cette lecture demeure plus que jamais valable et comprise dans la<br />
planification et la conception. Les aménagements proposent ainsi à<br />
la fois des opportunités de rencontres, de contact social et de rap-<br />
prochement avec la nature, une complémentarité entre les espaces<br />
verts et urbains, une variété d’espaces et de types de paysages<br />
ouverts et fermés qui permet des activités dynamiques et statiques,<br />
récréatives et passives. À l’instar des écrits de Jean-Marc Besse 7 , le<br />
plan d’aménagement considère le paysage avant tout comme une<br />
expérience, une manière d’être, d’y être impliqué pratiquement,<br />
c’est-à-dire de l’habiter. Les propositions visent moins à contempler<br />
qu’à vivre et sentir le paysage. La promenade riveraine de 15<br />
km permettant de découvrir les paysages des rives des deux îles et<br />
les panoramas sur le fleuve Saint-Laurent et même au-delà est le<br />
premier geste d’aménagement clé pour renforcer l’identité du parc<br />
et en faire une destination.<br />
UNE MATRICE VERTE COMME STRUCTURE<br />
DE CONNECTIVITÉ<br />
La stratégie d’aménagement voulait reconnecter les espaces, faire<br />
une médiation des vocations et se réconcilier avec le lieu. Influencée<br />
par l’approche axée sur les processus d’Anita Berrizbeita 8 , la<br />
conception s’est appuyée sur les formes existantes, le sens du lieu<br />
et l’accumulation des histoires pour révéler la trajectoire du parc,<br />
augmenter la lisibilité des forces et faire émerger une matrice répondant<br />
à la multiplicité, la flexibilité et la temporalité nécessaires à la<br />
vie d’un grand parc urbain. Aux qualités visuelles et spatiales recherchées<br />
s’ajoutent des notions de préservation, de performance, de<br />
connectivité et de fonctions écologiques. Gilles Clément posait<br />
la question : « Peut-on élever le non-aménagement, et parfois le<br />
désaménagement, à hauteur de projet 9 ? ». Sans aller jusqu’à proposer<br />
une pédagogie de l’herbe, le plan d’aménagement laisse une<br />
grande place à la protection des paysages aménagés et naturels<br />
et au design écologique adaptatif en plantant massivement et en<br />
restreignant l’accès à plusieurs secteurs du parc. La liaison des<br />
cœurs des deux îles est le deuxième geste d’aménagement clé par<br />
le biais de la création d’un corridor écologique entre la micocoulaie<br />
du mont Boullé et les zones ripariennes de l’île Notre-Dame via un<br />
pont vert au-dessus du chenal Le Moyne. Cela permet d’assurer<br />
une connectivité des écosystèmes au sein du parc et d’enrichir ces<br />
noyaux de biodiversité, où la faune et la flore sont particulièrement<br />
abondantes 10 .<br />
UN PAYSAGE HÉRITÉ STRATIFIÉ<br />
Bernard Huet disait qu’un parc avait une continuité, une longue<br />
histoire 11 , alors que Peter Latz affirmait qu’un parc n’était jamais<br />
complété, mais devait plutôt être considéré comme un processus<br />
continuel 12 . « This is one of the reasons why it is necessary to add<br />
36 PAYSAGES — No 17
❶<br />
Île Sainte-Hélène<br />
❷<br />
Chenal Le Moyne<br />
❸<br />
Île Notre-Dame<br />
❹<br />
Fleuve Saint-Laurent<br />
↑ Le schéma conceptuel du plan d'aménagement<br />
et de l'expérience paysagère projetée<br />
Photo : NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />
different layers over a period of time in order to evolve into a ‘public<br />
park of stature’; ‘because the already existing and intented qualities<br />
must be understood and not forgotten’ 13 . » Comme le parc Jean-<br />
Drapeau est un paysage patrimonial ayant comporté plusieurs<br />
phases de planification et couches d’occupation, il est apparu fondamental<br />
de tirer profit de sa fragmentation plutôt que de n’y voir<br />
qu’un amalgame de choses disparates qu’il convient de lisser. L’idée<br />
n’était pas de poser un nouveau geste monumental, mais de faire état<br />
que le parc est un produit évolutif depuis plusieurs siècles. La prise<br />
en compte des traces, la révélation des couches et la superposition<br />
des trames ont constitué les bases de la réflexion. Les objectifs visés<br />
consistaient à inviter le public à se réapproprier le parc, à le réinscrire<br />
dans la mémoire collective et à en assurer la continuité, tout en y ajoutant<br />
une nouvelle structure et une nouvelle organisation spatiale. Le<br />
plan d’aménagement propose ainsi une matrice pour rendre l’existant<br />
manifeste et conjuguer différentes « associations de temps 14 ».<br />
C’est dans ce contexte que le troisième geste d’aménagement clé<br />
a été imaginé, celui des attaches entre les rives et les cœurs. Ce<br />
geste est intimement lié à l’expérience de la promenade riveraine<br />
ainsi qu’à celle des cœurs historiques et écologiques du parc. Les<br />
attaches comprennent une déclinaison d’objets paysagers (passerelles,<br />
quais, belvédères) qui permettent de décloisonner et de relier<br />
les paysages enclavés tout en offrant une expérience unique « à plusieurs<br />
niveaux » qui révèle et expose l’identité du parc. Cette série de<br />
liens ponctuels et continus répartis sur les deux îles offre un regard<br />
neuf sur des trésors oubliés et sur les paysages du fleuve, tout en<br />
créant de nouveaux dialogues entre des ensembles autrefois isolés.<br />
LE MÉNAGEMENT D’UN « PARC PUBLIC D’ENVERGURE »<br />
Certes, de grands projets viendront transformer l’image, la mobilité<br />
et l’expérience du parc Jean-Drapeau, mais ils le seront principalement<br />
sur des terrains sous-exploités et des infrastructures existantes<br />
n’incarnant pas les valeurs du parc. Nous ne sommes plus à l’heure<br />
de l’invention d’un nouveau paysage, mais à celle de prendre soin de<br />
notre territoire, de le lire, de le repenser et de le valoriser. Comme l’exprimait<br />
si bien Thierry Paquot : « Il faut inventer un ménagement des<br />
gens, des lieux et des choses 15 ». Le parc Jean-Drapeau n’est pas et<br />
ne sera pas une esthétique unifiée et finale, mais plutôt un amalgame<br />
cohérent de formes héritées qui s’adapteront à de nouvelles préoccupations<br />
environnementales et pratiques sociales. C’est là que résidera<br />
l’innovation et que se concrétisera l’identité retrouvée et rehaussée<br />
du parc Jean-Drapeau. C’est en privilégiant les superpositions, les<br />
connexions et les médiations qu’aura lieu la réémergence d’un grand<br />
parc urbain aspirant à devenir un « parc public d’envergure ».<br />
NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />
↓ Une diversité d'activités et de sentiers<br />
accessibles toute l'année<br />
Accédez aux références de cet article :<br />
bit.ly/350xb1Z<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
37
8<br />
Patrimoine<br />
UN CAMPUS<br />
AU FUTUR ANTÉRIEUR :<br />
QUAND L’ÉTUDE<br />
DU PATRIMOINE<br />
ORIENTE<br />
LE DÉVELOPPEMENT<br />
Camille Plourde-Lescelleur<br />
Architecte paysagiste<br />
REMERCIEMENTS Radhia Hamdame Architecte gestionnaire de projet à la Direction des immeubles de l'Université de Montréal Michel Dufresne<br />
Urbaniste et designer urbain Marie-Ève Parent Architecte paysagiste associée et directrice de discipline (Lemay) Jonathan Cha Expert en patrimoine<br />
Sophie Lacoste Architecte paysagiste (Lemay) Maryline Bédard Directrice branding et design graphique (Lemay)<br />
Toute personne étant déjà arrivée à Montréal en voiture par l’autoroute 15<br />
reconnaîtra ce moment du trajet où le campus de la montagne de l’Université<br />
de Montréal lui saute aux yeux. Littéralement. Au tournant d’une bretelle autoroutière,<br />
sa haute tour jaillit soudain par-delà les toitures industrielles et dessine<br />
un arrière-plan majestueux digne d’une carte postale. Tout légers, ses pavillons<br />
semblent flotter sur un nuage verdoyant se déversant de la montagne...<br />
Pour en arriver à un paysage aussi iconique, il a fallu près de 100 ans<br />
de développement immobilier encadré par cinq plans directeurs :<br />
le dernier-né a été réalisé par Lemay en 2021. Grâce aux quatre<br />
premiers plans directeurs, le canevas de départ du projet était un<br />
véritable catalogue architectural, urbain et paysager contenant des<br />
spécimens très emblématiques de divers courants architecturaux, le<br />
tout enveloppé dans l’écrin de verdure protégé de la coulée verte. La<br />
mission de Lemay : établir un cadre conceptuel d’orientations permettant<br />
la naissance, dans un horizon de 15 à 20 ans, d’un campus<br />
unifié et attrayant, tant à l’échelle de la ville qu’à l’échelle internationale,<br />
tout en tenant compte des enjeux patrimoniaux et paysagers.<br />
Le campus de la montagne étant situé à l’intérieur du site patrimonial<br />
déclaré du Mont-Royal, plus haute désignation patrimoniale au<br />
pays, personne n’y a carte blanche pour intervenir, loin de là. Que<br />
peut-on modifier ? Que peut-on enlever ? S’il n’y a pas de réponse<br />
simple à ces questions, la méthodologie pour y répondre, elle, peut<br />
l’être : c’est d’ailleurs l’objectif de la méthode de conservation du<br />
patrimoine proposée par Lemay dans le cadre du plan directeur.<br />
C’est la genèse de cette méthode qui sera présentée ici, ainsi que<br />
les faits saillants du concept d’architecture de paysage.<br />
38 PAYSAGES — No 17
Omar Aloulou, Julien Lauzon-Fullum<br />
↑ Vue d’ambiance pour le pôle<br />
des résidences étudiantes<br />
CONSERVER OU NE PAS CONSERVER ?<br />
Afin de créer un tel cadre méthodologique, nous avons d’abord<br />
épluché la riche littérature traitant du patrimoine du campus de la<br />
montagne et, plus largement, du mont Royal. S’approprier le jargon<br />
patrimonial représente un défi pour les architectes paysagistes non<br />
spécialisés en la matière, car il est d’une grande subtilité. Sens,<br />
valeur, intérêt : autant de mots qui, pour les non-initiés, ont une part<br />
de subjectivité qui ne semble pas compatible avec des gestes de<br />
conservation concrets. De plus, une valeur, un sens ou un intérêt<br />
peuvent évoluer, changer d’une personne à l’autre, et ne sont pas<br />
immuables; et cette subjectivité alimente les débats qui, comme le<br />
rapportent souvent les médias, peuvent rapidement devenir émotifs.<br />
Afin de naviguer dans ces eaux sémantiques, Lemay a pu compter<br />
sur l’aide du comité aviseur constitué par l’Université de Montréal<br />
où siégeaient plusieurs experts en patrimoine et conservation 1 ,<br />
ainsi que sur l’aide de Jonathan Cha, urbanologue et consultant en<br />
patrimoine sur le projet.<br />
Plusieurs outils existent déjà pour la conservation des lieux patrimoniaux,<br />
notamment les excellentes Normes et lignes directrices<br />
pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada, rédigées<br />
par Parcs Canada. La méthode qui y est présentée, « Comprendre,<br />
planifier et intervenir » (REF), a été adaptée au contexte particulier<br />
du campus de la montagne pour devenir « Connaître, comprendre,<br />
agir » . Dans le cadre d’un plan directeur, cette méthode doit être<br />
appliquée par toute personne ayant le mandat d’intervenir au sein<br />
d’un espace extérieur du campus.<br />
La première étape, connaître, est celle durant laquelle les intervenants<br />
doivent prendre connaissance des documents de référence,<br />
notamment les règlements liés au statut du mont Royal et les<br />
règlements de la Ville et des arrondissements. Parmi les ouvrages<br />
proposés pour alimenter cette étape, L’étude des valeurs patrimoniales<br />
du campus principal de l’Université de Montréal par mesdames<br />
Cameron, Déom et Valois, toutes trois professeures à la<br />
Faculté de l’aménagement, identifie 13 valeurs sur lesquelles se<br />
fonde l’intérêt patrimonial du campus.<br />
La seconde étape, comprendre, vise à synthétiser l’information<br />
récoltée à la première étape et à résumer les principaux enjeux patrimoniaux.<br />
Il y a peu de temps, un énoncé de l’intérêt patrimonial, qui<br />
est en lui-même une synthèse de la valeur patrimoniale d’un site, a<br />
été réalisé par un comité d’experts de l’Université de Montréal et<br />
de la Ville de Montréal, facilitant grandement la seconde étape de<br />
la méthodologie.<br />
La dernière étape, agir, est la plus concrète et vise à identifier une<br />
stratégie de conservation. En l’absence d’une méthode interne à<br />
l’Université de Montréal, nous avons adapté la méthode créée par<br />
Parcs Canada selon quatre axes d’intervention : la préservation, la<br />
réhabilitation, la restauration et la mise en valeur. La réhabilitation,<br />
soit une « action ou processus visant à permettre un usage continu<br />
ou contemporain compatible avec le lieu patrimonial ou avec l’une<br />
de ses composantes […] 2 » , est le type d’intervention dont fait présentement<br />
l’objet la place de La Laurentienne depuis 2015. Ayant<br />
débuté avant le plan directeur, ce chevauchement entre deux projets<br />
a constitué l’un des défis du plan directeur, car la réflexion entourant<br />
le patrimoine de la place de La Laurentienne avait déjà été entamée.<br />
Actuellement en phase de réalisation, le concept de cette place<br />
constitue une réinterprétation minimaliste des formes d’origine<br />
(hexagones) à travers une matérialité contemporaine présentant<br />
une durabilité accrue. Certaines décisions prises pour la place de<br />
La Laurentienne ont exercé une influence sur l’ensemble du plan<br />
directeur, notamment en ce qui a trait au mobilier urbain qui a inspiré<br />
une nouvelle gamme unifiée pour l’ensemble du campus.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
39
LES TROIS PÔLES HISTORIQUES<br />
Dans le plan directeur, trois pôles historiques ont été identifiés :<br />
la place de La Laurentienne, le parvis du pavillon Roger-Gaudry et la<br />
place adjacente aux résidences étudiantes. Pourquoi ces espaces<br />
plutôt que d’autres ? Parce qu’ils contiennent une densité d’éléments<br />
présentant un intérêt patrimonial élevé selon la littérature et les<br />
analyses réalisées. Concernant le parvis du pavillon Roger-Gaudry,<br />
il s’agit du premier bâtiment du campus, conçu par Ernest Cormier<br />
au début des années 1920. Outre sa conception en brique beige, qui<br />
a donné le ton à plusieurs autres pavillons du campus, le mobilier<br />
urbain et les matériaux nobles qu’on y retrouve soulignent le caractère<br />
protocolaire et la symbolique de graduation qui y est associée.<br />
Notons que les matériaux à eux seuls ne constituent pas la valeur<br />
patrimoniale d’un lieu : des éléments aussi intangibles que la symbolique<br />
y contribuent grandement.<br />
Ensuite, l’une des périodes les plus significatives d’aménagements<br />
extérieurs du campus est celle des années 1960, alors que la firme<br />
dirigée par l’urbaniste et architecte paysagiste Jean Claude La Haye<br />
réalise des interventions encore visibles et structurantes aujourd’hui,<br />
bien qu’en partie disparues ou détériorées. Cette période est particulièrement<br />
visible au cœur de la place de La Laurentienne ainsi<br />
qu’au cœur du pôle des résidences étudiantes. Les éléments les<br />
plus emblématiques de la période de La Haye, pour ne nommer<br />
que ceux-ci, sont certainement les motifs hexagonaux au sol,<br />
les lampadaires coniques ou encore les bacs de plantation de<br />
forme hexagonale.<br />
↓ Concept proposé pour le parvis<br />
du pavillon Roger-Gaudry<br />
Omar Aloulou, Julien Lauzon-Fullum<br />
40 PAYSAGES — No 17
↑ Déploiement de l'axe<br />
de vie de campus<br />
Sophie Lacoste, Virginie Roy-Mazoyer<br />
UN AXE UNIFICATEUR<br />
Pour ne nommer que quelques-unes de ses caractéristiques, nous<br />
dirons d’abord qu’il est conçu comme un axe de transport actif qui<br />
redonne une partie du campus aux piétons et aux cyclistes, et facilite<br />
l’utilisation des transports en commun, élément clé compte<br />
tenu de l’arrivée du REM dans le secteur. Ainsi, des espaces occupés<br />
aujourd’hui par des stationnements extérieurs deviendront des<br />
espaces publics reliés à l’axe et bonifieront grandement le milieu de<br />
vie du campus.<br />
Ces trois pôles, ainsi qu’une multitude<br />
d’autres espaces, seront reliés par l’épine<br />
dorsale du projet : l’axe de vie du campus.<br />
Ensuite, comme l’axe traverse le campus d’est en ouest, il unifie les<br />
espaces extérieurs du campus dans un geste monumental cohérent.<br />
Les personnes qui ont fréquenté le campus de la montagne ont<br />
peut-être déjà expérimenté la périlleuse traversée piétonne du campus<br />
entre le pavillon Jean-Brillant et le CEPSUM : entre morceaux<br />
de trottoir, allée véhiculaire et escaliers de bois, le trajet est plus un<br />
parcours à obstacles qu’une promenade bucolique. L’axe de vie du<br />
campus permettra donc une circulation fluide et agréable d’est en<br />
ouest, agrémentée de mobilier et de lieux de pause animés. De plus,<br />
il permettra de rejoindre le parc Tiohtià¬:ke Otsira’kéhne, le cimetière<br />
Notre-Dame-des-Neiges, le sommet Outremont et le chemin<br />
de ceinture du mont Royal. Ces connexions ancrent le campus dans<br />
son cadre naturel et constituent un attrait majeur pour fréquenter le<br />
campus de l’Université de Montréal.<br />
Bien que la conception de l’axe ne soit pas définie dans les moindres<br />
détails, des intentions ont été formulées quant au motif de sol,<br />
déployé selon un gradient d’intensité. Les pôles historiques, les<br />
seuils d’accès au campus, l’espace protocolaire Roger-Gaudry ainsi<br />
que l’esplanade du CEPSUM afficheront un motif au sol plus intense<br />
qui s’atténuera dans les tronçons secondaires.<br />
Cette stratégie de revêtement sera amplifiée par le déploiement<br />
d’une gamme de mobilier propre au campus de la montagne et<br />
inspiré des interventions de la firme Jean-Claude La Haye et associés.<br />
Dans le cadre du plan directeur, l’analyse a révélé une grande<br />
quantité de styles de mobilier différents sur le campus. Cependant,<br />
certains d’entre eux sont uniques au campus de la montagne,<br />
notamment le lampadaire conique conçu par Jean-Claude<br />
La Haye et associés ou encore les larges mains courantes en plat<br />
d’acier inoxydable.<br />
Tel que son design préliminaire permet<br />
de l’imaginer, cet axe est un trait d’union<br />
entre le passé et le futur, entre la nature et<br />
l’architecture, entre la ville et la montagne.<br />
Le patrimoine a joué un rôle clé dans l’élaboration du plan directeur,<br />
et ce, sans occulter les besoins propres à notre époque. Le financement<br />
des universités reposant désormais sur le nombre d'étudiants<br />
inscrits, l’image de marque joue un rôle important pour attirer les<br />
étudiants. L’aménagement d’un campus doit désormais faire partie<br />
de sa carte de visite. Le campus de la montagne de l’Université de<br />
Montréal est déjà une icône dans le paysage montréalais : imaginez<br />
ce qu’il deviendra une fois ses espaces extérieurs consolidés. De<br />
quoi donner le goût de retourner aux études !<br />
Consultez le plan directeur intégral et accédez aux références :<br />
bit.ly/3BOLDGm<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
41
M. Sylvestre<br />
9<br />
Paysage comme révélateur<br />
LA CONSERVATION<br />
ET LA MISE EN VALEUR<br />
DU PATRIMOINE<br />
COMME MOYENS<br />
DE RÉVÉLER L’IDENTITÉ<br />
DE NOS PAYSAGES<br />
Mira Haidar<br />
Architecte paysagiste<br />
intermédiaire, Vlan paysages<br />
Micheline Clouard<br />
Architecte paysagiste<br />
senior associée, Vlan paysages<br />
Julie St-Arnault<br />
Architecte paysagiste<br />
senior associée, Vlan paysages<br />
42 PAYSAGES — No 17
La révélation de l’identité d’un lieu constitue une quête importante dans<br />
nos projets d’aménagement. L’identité est intrinsèque au paysage. Chaque<br />
paysage présente des caractéristiques identitaires spécifiques.<br />
Au cours du processus de conception, l’architecte paysagiste<br />
cherche à dévoiler les éléments marquants d’un lieu dans le but<br />
de créer, pour les citoyens, des espaces riches et uniques, ancrés<br />
dans leur milieu. À cet effet, la révélation du caractère des paysages<br />
peut se faire par le biais de la préservation et de la mise en valeur<br />
du patrimoine, cette approche permettant de cerner l’identité d’un<br />
lieu afin de la souligner lors de l’intervention.<br />
L'article de Vlan paysages explique comment la conservation et la<br />
mise en valeur du patrimoine des paysages lors de l’intervention<br />
de l’architecte paysagiste sont des vecteursde leur identité. L’article<br />
s’appuie aussi sur divers projets réalisés par Vlan paysages au<br />
Québec et en Ontario afin d’exposer différentes approches patrimoniales<br />
utilisées par la firme pour conserver les lieux en quête<br />
de leur esprit identitaire.<br />
En fait, le patrimoine se définit comme l’héritage valorisé dans un<br />
lieu et par une population qui doit être transmis aux générations<br />
futures. En ce sens, des valeurs patrimoniales à l’image des communautés<br />
et des groupes occupant les paysages y sont parfois<br />
ancrées et méritent de ressurgir à la surface et d’être perceptibles,<br />
palpables, ressenties et vécues par lesdits groupes et communautés.<br />
Par l’intermédiaire de l’intervention, l’architecte paysagiste est<br />
en mesure d'identifier le patrimoine associé à un lieu dans le but de<br />
permettre aux individus de tisser des liens intimes avec le territoire.<br />
La conservation du patrimoine se présente alors comme un angle<br />
conceptuel adopté par l’architecte paysagiste. Cet angle requiert, de<br />
la part du concepteur, une sensibilité aux conditions existantes du<br />
paysage, à sa composition actuelle, à son histoire et à sa connotation<br />
symbolique afin d’identifier les valeurs et les éléments caractéristiques<br />
incarnant son patrimoine, ce dernier pouvant être présent<br />
dans plusieurs des paysages qui nous entourent. Dans certains cas,<br />
il est apparent, matériel et facilement identifiable; dans d’autres,<br />
il touche des aspects intangibles du territoire. Il est ainsi porteur<br />
de ses identités multiples et de ses caractéristiques intrinsèques.<br />
La révélation du patrimoine lors de<br />
l’intervention sur nos paysages consiste<br />
alors à y souligner nos valeurs culturelles,<br />
écologiques, paysagères, architecturales,<br />
historiques et symboliques.<br />
La conservation et la mise en valeur du patrimoine d’un lieu sont<br />
alors un moyen de cerner son caractère identitaire existant, son<br />
sens fondamental. En l’occurrence, il s’agit d’identifier dans l’espace<br />
les qualités matérielles et immatérielles auxquelles les individus<br />
attribuent une signification particulière afin d’en extraire les principales<br />
essences.<br />
← Photo page de gauche : Jardins de Métis, belvédère et vue sur la rivière<br />
La révélation du patrimoine d’un paysage comme porteur d’une<br />
identité propre peut se réaliser selon plusieurs approches : l’intervention<br />
créative et la signalisation, l’interprétation, la réhabilitation<br />
et la commémoration. Ces approches dans leur ensemble sont des<br />
partis pris révélateurs de l’existant de nos paysages et permettent<br />
de répondre aux besoins actuels des sites et de leurs utilisateurs.<br />
En prenant pour exemple divers projets conçus et réalisés par Vlan<br />
paysages, le présent article explique ces quatre approches patrimoniales<br />
d’un projet, dont la mission principale consiste à créer<br />
des espaces reflétant l’identité des lieux.<br />
La conservation et la mise en valeur<br />
du patrimoine<br />
PAR L’INTERVENTION CRÉATIVE CIBLÉE<br />
ET LA SIGNALISATION<br />
L’intervention créative et la signalisation sont des ajouts<br />
contemporains à un paysage patrimonial permettant de souligner<br />
plusieurs de ses composantes identitaires en lien avec<br />
ses caractéristiques naturelles et ses occupations multiples<br />
et diversifiées au cours de périodes antérieures. Par la compréhension<br />
et la maîtrise des valeurs patrimoniales incarnées<br />
dans le paysage, résultat d’une pluralité de couches paysagères<br />
historiques ayant été superposées sur un territoire<br />
naturel, il est possible d’aménager de manière créative et de<br />
mettre en place une signalétique mettant en valeur les éléments<br />
caractéristiques intrinsèques qui en révèlent l’essence.<br />
Les Jardins de Métis sont situés à la porte d’entrée de la<br />
Gaspésie, au Québec, au confluent de la rivière Mitis et du<br />
fleuve Saint-Laurent. Ils ont été classés comme « site patrimonial<br />
» par le ministère de la Culture et des Communications<br />
en 2013 1 . En 1999, Vlan paysages a remporté les honneurs<br />
lors d’un concours international consistant à aménager<br />
un parc-paysage mettant en valeur les éléments naturels,<br />
construits et horticoles des Jardins de Métis par des interventions<br />
créatives et la signalisation dans le paysage existant.<br />
Selon cette approche, les Jardins sont appelés à devenir<br />
un centre de recherche, un musée à ciel ouvert et un campus<br />
estival lié à la création, tout en restant accessibles aux<br />
populations locales. Tout en soulignant la stratification de<br />
valeurs patrimoniales culturelles et naturelles intrinsèques<br />
superposées au fil du temps, le projet proposé comporte<br />
les éléments suivants : structure d’accueil, jardins linéaires,<br />
comestibles, écrans d’interprétation, jardins historiques, jardin<br />
de sculptures, festival international de jardins contemporains,<br />
site de la maison écologique, berges de la rivière<br />
Mitis et parc nature. Enfin, le projet intègre les infrastructures,<br />
le mobilier, l’interprétation, la mise en lumière et la<br />
signalisation à l’expérience paysagère.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
43
↑ Prairie fleurie et maison patrimoniale<br />
Brinon-Dit-Lapierre<br />
Jessica Marie<br />
PAR LA RÉHABILITATION<br />
Selon les Normes et lignes directrices pour la conservation<br />
des lieux patrimoniaux au Canada, la réhabilitation cherche à<br />
adapter un paysage à des pratiques, des problématiques et<br />
des besoins contemporains, tout en conservant sa valeur patrimoniale<br />
2 . Sans ramener complètement le paysage à son état<br />
antérieur, la réhabilitation veut conserver l’essence identitaire<br />
d’un paysage, tout en se permettant de l’adapter aux usages<br />
d’aujourd’hui.<br />
En 2020, Vlan a été mandaté pour élaborer un plan de gestion<br />
pour la réhabilitation de la Colline parlementaire à Ottawa. Il<br />
s’agit d’un projet de reforestation de la pente de l’escarpement,<br />
projet qui figure en tête des priorités en matière de conservation<br />
de la Colline du Parlement.<br />
L’un des objectifs principaux du plan de gestion pour la réhabilitation<br />
de la Colline parlementaire consiste à reboiser le lieu et à<br />
préserver les valeurs patrimoniales naturelles, paysagères, géologiques,<br />
symboliques et visuelles uniques du versant nord de<br />
l’escarpement. De plus, il vise à contrôler les espèces végétales<br />
envahissantes, à limiter l’érosion, à rétablir la diversité écologique<br />
et à favoriser l’implantation de végétaux indigènes. Il vise<br />
également à stabiliser et protéger les vestiges de la Promenade<br />
des amoureux en tant qu’élément caractéristique patrimonial.<br />
En plus de la plantation et de la construction du projet en 2021,<br />
un manuel décrit en détail les caractéristiques du site et le programme<br />
d’entretien des trois prochaines années.<br />
PAR L’INTERPRÉTATION<br />
Dans le cadre de la conservation patrimoniale, l’interprétation<br />
en architecture de paysage consiste à réinventer un paysage<br />
disparu ou effacé par le passage du temps. En se basant sur<br />
des iconographies historiques, textes et manuscrits ainsi que<br />
sur une cartographie du passé, il s’agit de réimaginer les expériences<br />
et l’esprit du lieu liés à une période de référence donnée.<br />
Ce paysage nouvellement révélé offre aux utilisateurs une interprétation<br />
de son identité, tout en répondant à des aspirations<br />
actuelles en matière d’aménagement.<br />
La maison Brignon-dit-Lapierre est située sur le boulevard<br />
Gouin à Montréal, à proximité de la rivière des Prairies, dans<br />
l’arrondissement de Montréal-Nord. Le projet de réaménagement<br />
de la maison Brignon-dit-Lapierre a pour objectif d’interpréter<br />
le paysage historique en lien avec l’ancienne maison de<br />
ferme en bordure de la rivière des Prairies. En d’autres mots,<br />
il s’agit de proposer un projet interprétatif s’appuyant sur l’histoire<br />
du lieu et sur son patrimoine agricole relativement à la<br />
période de référence de la restauration architecturale du bâtiment,<br />
soit 1870.<br />
↓ Escarpement, végétation et talus<br />
Le projet propose donc de redévelopper le paysage en tenant<br />
compte de la topographie, de la rivière des Prairies, du chemin<br />
patrimonial qu’est le boulevard Gouin, de la végétation actuelle<br />
et passée ainsi que des vestiges historiques ou archéologiques<br />
existants, témoins de l’occupation du terrain. En transformant<br />
la propriété en un parc cultivé, planté de végétaux comestibles,<br />
ancestraux et indigènes, et composé d’un verger et d’un potager,<br />
c’est la vocation agricole du site qui est interprétée et mise<br />
en valeur.<br />
Vlan paysages<br />
44 PAYSAGES — No 17
Arrondissement de Ville-Marie, Nathaniel Philippe-Maisonneuve<br />
↑ Parc de l’Espoir et son ruban rouge<br />
PAR LA COMMÉMORATION<br />
La commémoration dans les projets en architecture de paysage<br />
cherche à raconter l’histoire ou la symbolique associée au lieu<br />
selon des paramètres de design fixés en fonction d’un usage<br />
contemporain. Par une lecture et un décodage préalables des<br />
valeurs patrimoniales des paysages, il est possible d’en extraire<br />
une ou des composantes disparues et de leur rendre hommage.<br />
Cette mise en valeur renforce le caractère identitaire du lieu par<br />
rapport aux citoyens qui le fréquentent.<br />
Le parc de l’Espoir se trouve au cœur du Village gai, dans l’arrondissement<br />
Ville-Marie à Montréal. Il est localisé au croisement<br />
des rues Panet et Sainte-Catherine Est. Depuis 1991, il<br />
est un lieu de manifestation citoyenne en hommage aux victimes<br />
du sida. En 2019, Vlan paysages a été mandaté pour<br />
aménager le site; l’approche conceptuelle adoptée par la firme<br />
consiste à en révéler les valeurs symboliques, commémoratives<br />
et pérennes qui y sont associées depuis 1991.<br />
La proposition d’aménagement consiste alors à instaurer une<br />
ambiance sobre favorisant le recueillement, d’une part, et à<br />
permettre les rassemblements éphémères, les rencontres et<br />
les discussions, d’autre part. Par l’installation d’un ruban rouge,<br />
servant de banc, le projet se présente comme une commémoration<br />
de la vocation d’origine du lieu. Enfin, le parc de l’Espoir<br />
comprend une section avec verdure et bancs traditionnels pour<br />
s’éloigner de l’espace central de rassemblement.<br />
En conclusion, par sa sensibilité et les recherches approfondies<br />
qu’il mène au sujet des sites qu’il aménage, l’architecte paysagiste<br />
est en mesure de conserver et mettre en valeur le patrimoine bâti<br />
et naturel de nos villes et territoires. Les approches et exemples<br />
abordés dans le présent article visent à expliquer le rôle important<br />
que l’architecte paysagiste joue dans la reconnaissance de l’identité<br />
propre et de l’esprit d’un lieu inhérent à un paysage par la révélation<br />
de son existant et de sa conservation.<br />
Notes<br />
1. Ministère de la Culture et des Communications.<br />
(2013). Répertoire du patrimoine culturel du Québec.<br />
Jardins de Métis. En ligne : patrimoine-culturel.<br />
gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=105299&type=bien<br />
2. Parcs Canada. (2010). Normes et lignes directrices<br />
pour la conservation des lieux patrimoniaux au<br />
Canada : une collaboration fédérale-provinciale-territoriale.<br />
Ottawa.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
45
○10<br />
Patrimoine<br />
LE PAYSAGE CULTUREL<br />
DE WENDAKE :<br />
VALORISER ET CÉLÉBRER<br />
L’IDENTITÉ<br />
Marie-France Turgeon<br />
Architecte paysagiste<br />
EN COLLABORATION AVEC Chloé Asselin Étudiante en architecture Mélissa Mars Consultante en patrimoine<br />
Centre culturel, politique et économique florissant, Wendake est l’une<br />
des réserves autochtones les plus dynamiques de la province. Située à une<br />
dizaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Québec, elle longe les rives<br />
de l’Akiawenrahk (« rivière à la truite » en wendat), soit la rivière Saint-Charles.<br />
Wendake est le chef-lieu de la nation huronne-wendat et incarne ses<br />
traditions et ses valeurs par la diversité de ses composantes culturelles<br />
et naturelles. Une partie de la réserve est reconnue comme<br />
un lieu historique national du Canada, soulignant son importance à<br />
l’échelle du pays, notamment comme « paysage culturel évoquant le<br />
" rétablissement des valeurs huronnes " » (Parcs Canada).<br />
Ayant à cœur la mise en valeur de son milieu de vie, la communauté<br />
de Wendake travaille depuis de nombreuses années avec l’architecte<br />
paysagiste d’EVOQ Marie-France Turgeon afin de préserver,<br />
promouvoir et développer avec sensibilité ce paysage culturel unique.<br />
Voici un aperçu des projets découlant de cette étroite collaboration.<br />
AU FONDEMENT DE WENDAKE<br />
L’histoire de la nation huronne-wendat remonte au 17 e siècle. Les<br />
peuples de la Confédération wendat occupaient alors un vaste<br />
territoire dans la baie Georgienne du comté de Simcoe en Ontario.<br />
Vivant de manière semi-sédentaire de chasse, de pêche, de<br />
cueillette et d’agriculture, ils se déplaçaient tous les 15 ans afin de<br />
permettre la régénérescence naturelle des sols, des lacs et du gibier.<br />
« Habitants de l’île ou de la péninsule », les Hurons ont ainsi su établir<br />
au fil des années un réseau commercial bien tissé par canoé et<br />
voie terrestre autour de trois des Grands Lacs d’Amérique du Nord<br />
(les lacs Huron, Érié et Ontario). Alors que la nation recèle les plus<br />
puissants commerçants du continent, l’arrivée des colonisateurs<br />
transforme ses traditions, sans compter les pertes considérables<br />
engendrées par les guerres et les épidémies. En raison de la guerre<br />
menée par les Iroquois, la communauté se regroupe alors afin de<br />
migrer vers d’autres terres. Sous la direction des pères jésuites<br />
Paul Ragueneau (1608-1680) et Pierre-Joseph-Marie Chaumonot<br />
(1611-1693), elle remonte le fleuve Saint-Laurent jusqu’à la ville de<br />
Québec. Ainsi naît progressivement la réserve de Wendake.<br />
Aujourd’hui, Wendake forme un paysage culturel d’une superficie<br />
de 1,1 km 2 , où un bâti dense s’entremêle à des aménagements urbains<br />
et paysagers pluriels vivant au rythme des activités de la communauté.<br />
Ceinturée de part et d’autre par le quartier de Loretteville<br />
de Québec, elle est également la seule réserve autochtone urbaine<br />
de la province et le dernier lieu d’établissement de la nation huronnewendat,<br />
les autres ayant été décimés.<br />
46 PAYSAGES — No 17
Stéphane Groleau<br />
↑ Hôtel - Musée Premières Nations<br />
SE DÉFINIR ET S’OUTILLER<br />
Les prémices de la collaboration entre la communauté huronnewendat<br />
et Marie-France Turgeon sont marquées par l’intention<br />
d’assurer une juste lecture de ce territoire et de ses multiples strates<br />
par l’élaboration d’outils et de politiques.<br />
À cet effet, un premier plan directeur est réalisé pour le Vieux-Wendake<br />
(1999); mis en application dès 2001, il vise à préserver et valoriser le<br />
patrimoine culturel de la communauté grâce à l’utilisation de symboles<br />
forts et de référents spécifiques à ses valeurs et à ses traditions.<br />
Guidant l’aménagement du territoire, ces référents s’ancrent<br />
dans l’histoire de la nation et peuvent s’incarner dans les couleurs<br />
et les végétaux utilisés, favorisant la réappropriation culturelle par la<br />
communauté elle-même. La définition de ces référents est réalisée<br />
en étroite collaboration avec les membres du Conseil de la Nation<br />
et selon un processus de consultation en quête de consensus et de<br />
sens partagé.<br />
S’ensuit une Politique de gestion des espaces verts (2003) afin d’offrir<br />
un document de référence sur la végétation de Wendake, de sa<br />
signification symbolique à son utilisation pratique, et d’en favoriser<br />
la préservation par l’entretien des aménagements paysagers.<br />
Enfin, un recueil relatant les recherches réalisées sur les plantes<br />
traditionnelles (La petite flore huronne-wendat, 2004) permet la<br />
transmission du patrimoine végétal culturel lié à l’utilisation des<br />
plantes indigènes en regroupant les végétaux selon leur utilisation :<br />
la médecine, l’alimentation, la spiritualité et la fabrication d’objets.<br />
Ces outils visent à enrichir les connaissances associées au paysage<br />
culturel de Wendake et à sa communauté, à cibler les enjeux qui leur<br />
sont propres et à esquisser les opportunités de mise en valeur par<br />
des projets d’aménagement structurants et identitaires. En voici<br />
quelques exemples, réalisés au cours des deux dernières décennies.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
47
❶ UN PARVIS D’ÉGLISE RASSEMBLEUR (2003)<br />
L’église Notre-Dame-de-Lorette, située au cœur du Vieux-Wendake,<br />
fut reconstruite en 1865 à la suite d’un incendie qui détruisit la<br />
première chapelle de 1730. Cette église est étroitement associée<br />
à la christianisation des Hurons-Wendats par les Jésuites et donc<br />
à leur assimilation culturelle. Elle symbolise également l’arrivée<br />
en 1650 de la communauté sur le territoire. À cet effet, elle est<br />
reconnue comme bâtiment patrimonial classé (1957) et désignée<br />
comme lieu historique national du Canada (1981). Or, au début<br />
des années 2000, l’aménagement de son parvis suscite de vives<br />
discussions dans la communauté, puisqu’il est exclusivement<br />
inspiré de la tradition architecturale catholique par l’emploi de<br />
végétaux ornementaux et de formes rectilignes. En 2003, le terrain<br />
fait l’objet d’un réaménagement neutre. La communauté a<br />
exigé que tout symbole associé à la culture huronne-wendat soit<br />
absent de l’aménagement. Ce site est donc uniquement constitué<br />
de plantations ornementales et ne tient pas compte de la flore<br />
locale développée.<br />
❷ DES MOSAÏCULTURES AU REFLET<br />
DES HUIT CLANS (2005)<br />
La mosaïculture bi ou tridimensionnelle combine l’art de la<br />
mosaïque – soit offrir un assemblage de couleurs – à celui de<br />
l’horticulture. Ici, les mosaïcultures prennent la forme des animaux<br />
totems de chacun des huit clans de la nation : la tortue,<br />
le loup, l’ours, le chevreuil, le castor, le faucon, le porc-épic et<br />
le serpent. Ces animaux, recouverts d’une diversité de végétaux<br />
colorés et texturés, sont mis en scène dans leur contexte<br />
de vie naturel. Ainsi, l’ours est assis dans les petits fruits et<br />
le chevreuil mange des bourgeons. Véritables œuvres d’art<br />
vivantes, les mosaïcultures sont des symboles importants pour<br />
les Hurons-Wendats, car elles illustrent les us et coutumes politiques<br />
basés sur la formation de clans pour la gestion des affaires<br />
civiles des familles.<br />
❸ UN JARDIN POUR LA MAISON TSAWENHOHI (2006)<br />
La maison Tsawenhohi est l’une des composantes du musée et<br />
témoigne des savoir-faire traditionnels de la communauté par sa<br />
conception, son aménagement et les artefacts qu’elle renferme.<br />
Dans le prolongement de la mission de cette maison, à savoir la<br />
transmission, le jardin qui la borde s’ancre dans les référents de<br />
la nation. Ainsi, comme pour l’hôtel-musée, les arbustes et les<br />
vivaces ont été choisis pour leur capacité d’adaptation aux conditions<br />
du site ainsi que pour leur caractère symbolique. Chaque<br />
plante introduite a été approuvée par le Conseil de la Nation et le<br />
ministère de l’Environnement à la suite d’un processus d’identification<br />
et de documentation exigeant prenant ancrage dans les<br />
recherches effectuées précédemment par Marie-France Turgeon.<br />
Aujourd’hui, ces plantes et végétaux sont présentés au cœur<br />
d’un sentier courbe et rythmé d’un plan d’eau. Le parcours s’inspire<br />
de la double courbe huronne-wendat illustrée sur les motifs<br />
de vêtements traditionnels. Des fiches informatives décrivent le<br />
végétal, son milieu d’implantation ainsi que son rôle dans l’alimentation,<br />
la médecine, la fabrication d’objets et la spiritualité<br />
chez les Hurons-Wendats. Une partie du jardin se distingue par<br />
son aménagement qui rappelle la culture des trois sœurs, une<br />
méthode de culture du maïs, des courges et des haricots utilisée<br />
par les Wendats.<br />
❹ DES AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS STRUCTURANTS<br />
POUR L’HÔTEL-MUSÉE (2008)<br />
L’hôtel et le musée offrent aux visiteurs une expérience fidèle<br />
aux traditions et à la culture des Hurons-Wendats, tout en en<br />
démontrant la pérennité et l’actualisation. Lors de l’aménagement<br />
du terrain voisin, l’architecte paysagiste a saisi l’importance<br />
de mettre en valeur les liens étroits qu’entretiennent les<br />
Wendats avec leur environnement. Ainsi, le parcours des sens et<br />
des découvertes qui gravite autour des bâtiments recèle de multiples<br />
végétaux employés depuis des siècles par la communauté<br />
dans la fabrication d’objets, la spiritualité, l’alimentation et la<br />
médecine. Préféré à la pelouse, le trèfle rouge unifie l’ensemble,<br />
couvrant le sol jusqu’à la rivière. Ce projet dépasse donc le cadre<br />
d’un aménagement classique centré sur la qualité esthétique<br />
des composantes choisies, en mettant au cœur de son paysage<br />
les savoirs et les pratiques tant ancestrales qu’actuelles<br />
de la communauté.<br />
48 PAYSAGES — No 17
❺ UNE PLACE DE LA NATION AUX PORTES<br />
DU VIEUX-WENDAKE (2008 ET 2017)<br />
Située à l'entrée ouest du Vieux-Wendake, à côté de la chute<br />
Kabir Kouba, cette place publique de forme circulaire est aménagée<br />
en 2008 sur un ancien cimetière. Afin d’en préserver les<br />
vestiges archéologiques, l’aménagement est réalisé en surface.<br />
En son centre, des pavés colorés illustrent un grand tournesol,<br />
emblème floral de la nation. Accueillant cérémonies, spectacles<br />
et rassemblements, la place est ceinturée de jardins en paliers<br />
de pierre descendant graduellement vers la rivière Akiawenrahk,<br />
faisant écho par sa forme et son aménagement au flot continu<br />
du cours d’eau.<br />
À l’occasion de la Journée nationale des Autochtones, la place est<br />
renommée Onywahtehretsih le 21 juin 2017. Le tournesol est alors<br />
remplacé par un vaste bassin d’eau racontant le mythe wendat de<br />
la Création. Unissant les arts traditionnels et modernes, l’aménagement<br />
souligne les œuvres de la communauté, soit les bancs<br />
circulaires conçus par l’artiste huron-wendat Ludovick Boney et<br />
les animaux de bronze de l’artiste wendat-abénaquise Christine<br />
Sioui-Wawanoloath. Ces œuvres peuplent le bassin d’eau dont<br />
la surface monolithique narre la légende d’Aataentsic, rattrapée<br />
par les bernaches alors qu’elle tombait du ciel. Postées aux points<br />
cardinaux, les quatre créatures mythiques surveillent sa chute,<br />
qui aboutit sur le dos enflammé de la Grande tortue symbolisant<br />
la Terre. Ainsi débute l’histoire de cette société à filiation traditionnellement<br />
matrilinéaire. Conçue, coordonnée et réalisée sous la<br />
direction de l’architecte paysagiste, cette place s’inscrit comme un<br />
legs du Canada dans le cadre des festivités du 150 e anniversaire<br />
grâce à une subvention du ministère du Patrimoine canadien.<br />
❻ LE POW-WOW, UN CERCLE DE DANSE UNIQUE<br />
EN AMÉRIQUE DU NORD (2016)<br />
Les fêtes de la rencontre, appelées « pow-wow », étaient auparavant<br />
tenues à même un stationnement asphalté. Depuis la réalisation<br />
de cet aménagement, elles se déroulent autour d’un grand<br />
cercle végétal délimité par une piste de terre battue rouge, une<br />
couleur significative pour la nation. Le boisé de Wendake, dans<br />
lequel le cercle s’insère, s’anime de manifestations festives célébrant<br />
l’héritage culturel des Premières Nations. Les constructions<br />
ont été limitées au strict nécessaire afin de préserver la biodiversité<br />
du boisé et d’apprécier ses qualités intrinsèques existantes.<br />
Ainsi, durant les chaudes journées d’été, les arbres entourant<br />
le site procurent de l’ombre aux membres de la communauté<br />
rassemblés sur les gradins de bois et de pierre qui épousent la<br />
topographie naturelle du site. Offrant un espace intimement lié<br />
aux éléments de la nature, ce lieu pouvant accueillir 1000 spectateurs<br />
contribue à la magie des danses et permet aux familles<br />
et aux amis de se rapprocher du noyau social afin d’échanger.<br />
CONCLUSION<br />
Reflet d’une nation soucieuse de la qualité de son milieu de vie et<br />
de la perpétuation de ses valeurs, le paysage culturel de Wendake<br />
s’ancre dans les traditions huronnes-wendats. Les composantes<br />
naturelles et culturelles qui rythment son territoire en célèbrent<br />
continuellement l’identité par le biais de symboles forts définis<br />
avec le Conseil de la Nation. Conçus par Marie-France Turgeon<br />
d’EVOQ, les aménagements paysagers de Wendake embrassent<br />
ainsi les us et coutumes de la communauté et, par le fait même,<br />
favorisent l’appropriation et les sentiments de fierté et d’appartenance<br />
de ses membres.<br />
Aujourd’hui, Wendake est bien plus<br />
qu’un territoire balisé; il est un<br />
patrimoine vivant, habité et investi par<br />
la communauté, consciente de sa richesse<br />
et de son unicité au Québec et plus<br />
largement en Amérique du Nord.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
49
Airlmex<br />
○11 Protection du territoire<br />
LE PAYSAGE HUMANISÉ<br />
DE L’ÎLE-BIZARD<br />
Une approche innovante de protection<br />
et de mise en valeur d'un territoire champêtre<br />
Sabine Courcier, Ph D.<br />
Conseillère en aménagement<br />
Service des grands parcs,<br />
du Mont-Royal et des sports<br />
Ville de Montréal<br />
AVEC LA COLLABORATION DE Marie-Claude Séguin Architecte paysagiste, cheffe de division Marie Lafontaine Biologiste, cheffe de section<br />
Claudine Deschêne Architecte paysagiste, cheffe d’équipe Jacinthe Inkel Architecte paysagiste, conseillère en planification, Service des grands parcs,<br />
du Mont-Royal et des sports, Ville de Montréal<br />
50 PAYSAGES — No 17
L’ouest de l’île Bizard est caractérisé par un paysage de bocage – soit une<br />
région rurale dans laquelle les champs sont bordés de haies – unique à l’échelle<br />
de la région métropolitaine de Montréal. Il s’agit d’un espace habité présentant<br />
une mosaïque d’habitats naturels et agricoles favorables à la biodiversité.<br />
Avec le Grand parc de l’Ouest, ce projet participe à la protection et à la mise en<br />
valeur de la Trame verte et bleue de l’ouest montréalais.<br />
LE PAYSAGE HUMANISÉ DE L'ÎLE-BIZARD, UN PROJET<br />
DE COMMUNAUTÉ EN HARMONIE AVEC LA NATURE<br />
En septembre 2021, l’ouest de l’île Bizard est devenu le premier<br />
territoire à obtenir le statut de paysage humanisé projeté, en vertu<br />
de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. Selon cette loi,<br />
« un paysage humanisé vise la protection<br />
de la biodiversité d’un territoire habité,<br />
terrestre ou aquatique dont le paysage et ses<br />
composantes naturelles ont été façonnés,<br />
au fil du temps, par des activités humaines<br />
en harmonie avec la nature et présentent<br />
un caractère distinct dont la conservation<br />
dépend fortement de la poursuite des<br />
pratiques qui en sont à l’origine. »<br />
C’est une désignation d’aire protégée qui s’inscrit dans la catégorie<br />
V d’aires protégées de l’Union internationale pour la conservation de<br />
la nature (UICN), « Paysage terrestre ou marin protégé », une catégorie<br />
qui met de l’avant les paysages et l’interaction homme-nature.<br />
D’une superficie de 1798 hectares, le territoire concerné couvre<br />
la zone agricole permanente de l’île Bizard et des milieux naturels<br />
adjacents, y compris une partie du lac des Deux Montagnes et de<br />
la rivière des Prairies. La partie terrestre du paysage humanisé projeté<br />
est majoritairement constituée de terres privées. On y compte<br />
environ 660 habitants. Le paysage humanisé et le Grand parc de<br />
l’Ouest se chevauchent partiellement, ces deux projets misant sur<br />
des approches complémentaires de protection et de mise en valeur.<br />
La mosaïque de milieux naturels et anthropiques qui caractérise<br />
le territoire est à l’origine de paysages remarquables. Ce sont les<br />
paysages reliés aux activités agricoles, les paysages patrimoniaux,<br />
marqués par une vingtaine de bâtiments, une croix de chemin et<br />
un réseau de murets de pierre qui marquent la trame seigneuriale<br />
de séparation des lots (SPHIBSG, 2008). Les deux terrains de golf<br />
constituent aussi des ensembles aménagés intéressants du point<br />
de vue des paysages. Enfin, le parcours riverain offre des vues sur<br />
les plans d’eau qui ceinturent l’île et particulièrement sur la rivière<br />
des Prairies depuis la pointe Théorêt, l’un des secteurs du Grand<br />
parc de l’Ouest.<br />
Le statut de paysage humanisé de L'Île-Bizard vient protéger et<br />
mettre en valeur la partie champêtre de l’île; il vise à assurer l'équilibre<br />
entre les milieux naturels terrestres et aquatiques, les espaces<br />
agricoles et les lieux de vie. Le plan de conservation souligne que le<br />
statut de paysage humanisé « permet la poursuite de nombreuses<br />
activités humaines, pourvu que ces dernières soient compatibles<br />
avec la conservation de la biodiversité » (MELCC, 2021, p. 5417).<br />
Le projet vise quatre objectifs généraux : la protection de la biodiversité<br />
et des services écosystémiques associés; la connectivité<br />
écologique; l’agriculture de bocage; et l’utilisation durable de la<br />
biodiversité et des ressources naturelles renouvelables (MELCC,<br />
2021, p. 5420).<br />
UN PAYSAGE DE BOCAGE, SOURCE DE NOMBREUX<br />
SERVICES ÉCOLOGIQUES<br />
Le plan de conservation du paysage humanisé projeté souligne<br />
que l’un des intérêts de conservation du paysage humanisé réside<br />
dans le maintien du bocage du fait de ses bénéfices pour la biodiversité<br />
et l’agriculture. Notons que cette structure paysagère est<br />
récente; elle résulte d’un changement dans les pratiques agricoles,<br />
la mécanisation de l'agriculture et la déprise agricole ayant favorisé<br />
la croissance des haies (Fournelle, 2010). Celles-ci constituent des<br />
habitats et forment un important réseau de corridors écologiques<br />
permettant l’adaptation et la migration des espèces. Les murets de<br />
pierre forment aussi des habitats pour des mousses, des lichens et<br />
la petite faune. Le bocage est source de nombreux services écologiques<br />
pour l’agriculture tels que la pollinisation, la lutte contre les<br />
maladies et les ravageurs, le maintien de la fertilité des sols et la<br />
réduction de l’érosion. Il favorise une meilleure résilience aux événements<br />
climatiques tels que les sécheresses, les pluies abondantes<br />
et les vents violents. De plus, il offre des services culturels comme<br />
lieu de découverte de l’histoire et du patrimoine locaux.<br />
Si les photos aériennes mettent pleinement en lumière le paysage<br />
de bocage, sa découverte est moins facile sur le terrain. En effet,<br />
la route qui ceinture le territoire offre peu de perspectives visuelles<br />
sur les cultures, et aucun chemin public formel ne permet d’accéder<br />
au cœur du territoire. L’aménagement d’un sentier permettra de<br />
découvrir la richesse du territoire. Les haies et murets de pierre qui<br />
rythment la promenade, tels des portes, laisseront apparaître une<br />
succession de paysages variés et différents à chaque saison.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
51
UN LONG PROCESSUS DE DÉSIGNATION<br />
C’est dès 2005 que des résidents de l’île Bizard ont interpellé la Ville<br />
de Montréal en vue de protéger et mettre en valeur la zone agricole.<br />
Dans le cadre de sa Politique de protection et de mise en valeur<br />
des milieux naturels, la Ville s’était fixé des objectifs d’augmentation<br />
des superficies d’aires protégées (Ville de Montréal, 2004).<br />
Elle a alors exploré les possibilités qu'offrait le statut de paysage<br />
humanisé et s’est engagée dans une démarche de planification<br />
concertée, en collaboration avec le ministère de l'Environnement<br />
et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), responsable<br />
du statut de protection. Elle a mis en place diverses initiatives<br />
de participation publique à partir de 2010 (Ville de Montréal et<br />
Copticom, 2021). En 2012, la consultation publique menée par<br />
l’Office de consultation publique de Montréal sur l’agriculture<br />
urbaine a mis de l’avant l’importance de protéger les terres agricoles<br />
(OCPM, 2012). En parallèle, la Ville a annoncé en 2019 la création<br />
du Grand parc de l’Ouest, qui vise notamment à poursuivre le<br />
développement du réseau des grands parcs et à mettre en valeur<br />
le territoire, dont les activités agricoles.<br />
Il a fallu plus de 10 ans pour que les démarches d’octroi du statut<br />
de paysage humanisé projeté aboutissent; des défis liés au territoire<br />
ainsi qu’au statut de protection expliquent ces délais. La longueur<br />
du processus a entraîné une certaine démobilisation des citoyens<br />
impliqués initialement. Si la majeure partie des résidents de l'île<br />
Bizard et des groupes environnementaux ont toujours appuyé le<br />
projet, certains propriétaires de terres agricoles ont vu fondre leurs<br />
espoirs de dézonage et se sont mobilisés en sa défaveur (Ville de<br />
Montréal et Copticom, 2021). Des producteurs agricoles et des résidents<br />
ont aussi craint que le projet apporte de nouvelles contraintes<br />
et fasse baisser la valeur de leurs propriétés.<br />
La création d’une aire protégée de catégorie V est une première au<br />
Québec et renvoie à une tradition plus européenne que nord-américaine.<br />
L’absence de précédent et de ligne directrice a entraîné de<br />
nombreux échanges entre la Ville et le MELCC pour concrétiser le<br />
plan de conservation.<br />
LA PROTECTION DU TERRITOIRE PAR LA PLANIFICATION<br />
ET LA RÉGLEMENTATION<br />
L’une des préoccupations de la Ville de Montréal était de mettre en<br />
place progressivement les conditions nécessaires aux exigences<br />
d’une aire protégée. L’adoption, en 2015, du Plan de développement<br />
de la zone agricole et du Schéma d’aménagement et de développement<br />
de l’agglomération de Montréal (ci-après « le Schéma ») ont<br />
été l’occasion de réaffirmer le maintien des limites de la zone agricole<br />
permanente et la volonté municipale que l’ouest de l'île Bizard<br />
devienne une aire protégée (Ville de Montréal, 2015a et b). L’adoption<br />
récente des documents de planification stratégique de la Ville<br />
a été l’occasion de réaffirmer la volonté d’augmenter les superficies<br />
protégées (Ville de Montréal 2020a et b et 2021).<br />
Le règlement de zonage (CA28 0023) prévoit des dispositions touchant<br />
la protection des rives, du littoral et des plaines inondables.<br />
Il encadre l’abattage des arbres et prévoit des dispositions pour<br />
préserver le paysage de bocage en protégeant les haies. Il prévoit<br />
également des dispositions sur le verdissement des terrains et<br />
l’interdiction de planter des espèces végétales envahissantes. Le<br />
règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale<br />
(PIIA) (CA28 0015) comporte des objectifs et des critères de<br />
protection et de mise en valeur des paysages agricoles et des vues<br />
sur les grands plans d’eau, ainsi que des dispositions pour protéger<br />
les murets de pierre.<br />
La protection du paysage humanisé est encadrée par le plan de<br />
conservation, qui comprend un régime des activités et qui s’applique<br />
spécifiquement à la portion aquatique du paysage humanisé<br />
et assure un encadrement additionnel pour les activités régies par<br />
la réglementation municipale. La mise en œuvre du projet s’appuie<br />
aussi sur les initiatives de conservation volontaire et des aménagements<br />
particuliers en arrimage avec la mise en œuvre du Grand parc<br />
de l’Ouest. Pour ce dernier, les acquisitions, l’utilisation du droit de<br />
préemption ainsi que l'établissement d’ententes avec des propriétaires<br />
permettent d’augmenter le territoire protégé.<br />
UN ABOUTISSEMENT ET L’AMORCE<br />
D’UNE NOUVELLE ÉTAPE<br />
L’octroi du statut de paysage humanisé projeté marque l’aboutissement<br />
d’une longue démarche participative ayant permis de reconnaître<br />
les qualités d’un territoire périurbain et de s’engager pour sa<br />
protection. Les échanges doivent se poursuivre avec le MELCC pour<br />
obtenir le statut permanent, soit la reconnaissance comme paysage<br />
humanisé pour une durée qui ne peut être inférieure à 25 ans. Espérons<br />
que l’expérience montréalaise favorisera l’émergence d’autres<br />
projets similaires au Québec. En effet, l’échelle du paysage et sa<br />
signification pour les personnes qui l’habitent sont très porteuses<br />
pour la mise en œuvre de projets de protection de la nature.<br />
L'octroi du statut représente une nouvelle étape de mise en œuvre,<br />
pour laquelle l’appropriation citoyenne est une condition clé de<br />
réussite. Les mécanismes d’information, de concertation et de gouvernance<br />
devront être précisés au cours de la prochaine année, tout<br />
comme les cibles et les indicateurs de suivi de la biodiversité. L’aménagement<br />
d’un sentier multifonctionnel permettant de découvrir le<br />
paysage de bocage et de relier les différents pôles du Grand parc<br />
de l’Ouest est un projet phare à concrétiser.<br />
La mention du paysage humanisé dans<br />
le Schéma a permis que, par concordance,<br />
des dispositions soient prises pour<br />
conserver la proportion élevée de milieux<br />
naturels et mettre en valeur les paysages.<br />
Accédez à la bibliographie :<br />
bit.ly/3hHWs3T<br />
52 PAYSAGES — No 17
○12 <strong>Paysages</strong> en évolution<br />
QUELQUES ENSEIGNE-<br />
MENTS À TIRER<br />
DE L’OBSERVATOIRE<br />
PHOTOGRAPHIQUE<br />
DES PAYSAGES<br />
DE MEMPHRÉMAGOG<br />
Gérald Domon<br />
Professeur associé à la Faculté<br />
de l'aménagement de l'Université de Montréal<br />
On sait que les paysages évoluent au gré des saisons. On se doute bien<br />
qu’ils évoluent aussi au fil des ans. Mais qu’en est-il sur le plus long terme,<br />
sur 10, 20, 30 ans ? Certes, les professionnels en paysage que nous sommes<br />
pensent bien avoir la réponse juste.<br />
Pourtant, force est d’admettre que plusieurs d’entre nous avons<br />
été étonnés, en sortant les vieilles photos de l’album familial, de<br />
voir à quel point non seulement les gens avaient changé, mais les<br />
bâtiments, les champs et les abords des lacs derrière eux aussi. À<br />
l’instar des individus, certains paysages vieillissent bien, d’autres<br />
moins. Alors, qu’en est-il vraiment de l’évolution des paysages sur<br />
le plus long terme ?<br />
Un projet mené avec la MRC de Memphrémagog nous a donné<br />
l’occasion de nous pencher attentivement sur cette question 1 .<br />
Ainsi, en préparation de son premier schéma d’aménagement, la<br />
MRC avait, en 1986, mandaté la firme SOTAR pour identifier, documenter<br />
et cartographier les paysages d’intérêt supérieur, l’exercice<br />
conduisant, entre autres, à la production d’un fonds photographique<br />
comportant quelque 600 diapositives. Plus de 30 ans plus tard, le<br />
projet mené avec la MRC allait nous permettre de revisiter au-delà<br />
de 50 des sites photographiés et d’en prendre de nouveaux clichés<br />
dans les conditions les plus semblables possibles. Dans le<br />
but non seulement de connaître les changements intervenus, mais<br />
aussi et peut-être surtout de les comprendre, quelque 48 résidents<br />
ont été invités à parler des paysages qui leur étaient familiers, et<br />
ce, en ayant sous les yeux les photos initiales et celles prises plus<br />
de 30 ans plus tard. Il s’agissait ainsi de mieux connaître les principaux<br />
facteurs qui avaient conduit ou non au(x) changement(s)<br />
observé(s). Un examen, même rapide, des paires de photos et<br />
des échanges qui ont résulté de l’exercice permet d’identifier<br />
et de mieux comprendre les lourdes tendances qui marquent les<br />
paysages québécois. Bien que ces tendances soient tirées du territoire<br />
de Memphrémagog, d’aucuns reconnaîtront certainement des<br />
situations semblables dans leur propre région.<br />
Ainsi, le temps n’a pas affecté tous les paysages de la même façon.<br />
Alors que les paysages au sein desquels se trouvent des bâtiments<br />
institutionnels ont su traverser les années, deux grands groupes ont<br />
été lourdement touchés. D’une part, les transformations profondes<br />
de l’agriculture ont laissé des traces, notamment dans le bâti agricole.<br />
Ainsi, plusieurs granges-étables qui attiraient le regard par<br />
leur volume et par leur singularité et qui, par le fait même, présentaient<br />
une valeur patrimoniale certaine ont disparu, souvent sans<br />
ne laisser aucune trace. D’autre part, dans Memphrémagog comme<br />
ailleurs, l’activité commerciale a été concentrée dans des édifices<br />
de plus grande surface, entraînant du même coup la fermeture de<br />
plusieurs commerces de proximité qu’annonçaient encore en 1986<br />
des affiches vintage dont la taille et les couleurs attiraient l’attention.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
53
Divers paysages<br />
de Memphrémagog<br />
à travers le temps<br />
1986 — 2017<br />
2017<br />
1986<br />
❶<br />
Grange<br />
à Austin<br />
❷<br />
L’Abbaye<br />
Saint-Benoit-du-Lac,<br />
vue du chemin<br />
des Pères<br />
❸<br />
Rue commerciale,<br />
ville de Stanstead<br />
❹<br />
Route agricole,<br />
canton de Potton<br />
Photos : Gérard Beaudet<br />
54 PAYSAGES — No 17
Si le temps a donc fait disparaître des éléments d’intérêt, le projet a<br />
aussi révélé de belles réussites en matière de maintien et de mise en<br />
valeur des paysages. La vue remarquable de l’Abbaye Saint-Benoitdu-Lac<br />
à partir du chemin des Pères, que plusieurs considèrent,<br />
en raison de son ampleur, comme le « Rocher Percé » du sud, est<br />
toujours là. La grange ronde de Mansonville, véritable cathédrale<br />
en bois, occupe toujours le centre du village et a fait l’objet d’une<br />
restauration qui en a révélé la splendeur. Enfin, l’important réaménagement<br />
de la tête du lac Memphrémagog est venu rendre cette<br />
portion de la ville beaucoup plus conviviale, et ce, au point d’en faire<br />
l’un des éléments les plus prisés de la municipalité. Ces réussites,<br />
retenues parmi d’autres, font aujourd’hui partie des éléments identitaires<br />
les plus significatifs du territoire de la MRC, contribuant à<br />
son caractère distinctif et attrayant.<br />
Revisiter les paysages qui figuraient, quelques années plus tôt,<br />
parmi les plus exceptionnels d’un territoire comporte un risque évident,<br />
celui d’alimenter la nostalgie. Celui, donc, de mettre au jour<br />
une érosion plus ou moins grande du patrimoine paysager et, de ce<br />
fait, de laisser entendre que tout était tellement plus beau avant. Or,<br />
alors que les efforts des uns portent sur la protection de ce patrimoine,<br />
ceux des autres visent à maintenir les paysages vivants en<br />
créant un nouveau patrimoine, soit des paysages de qualité qui ont<br />
émergé au cours des récentes décennies et qui génèrent déjà fierté<br />
et bien-être. Dans Memphrémagog, c’est le cas de Bleu Lavande,<br />
qui, depuis 17 ans, produit non seulement une huile essentielle,<br />
mais aussi un paysage de grande qualité. C’est aussi le cas de certains<br />
vignobles tels que Pinard & Filles et Vignoble d’Orford, qui<br />
occupent des terres qui, autrement, seraient sans doute retournées<br />
en friche. Enfin, c’est le cas de fermes maraîchères comme Ferme<br />
Erb-La Grange Maraîchère et la Ferme Potagère, qui, tout en répondant<br />
aux nouvelles préoccupations en matière d’environnement et<br />
de santé, sont à réinventer la pratique de l’agriculture.<br />
Les deux paragraphes précédents nous<br />
amènent à l’élément le plus inattendu au<br />
moment d’amorcer le projet, soit l’ampleur<br />
de l’engagement citoyen en matière de<br />
protection et de mise en valeur des paysages.<br />
Si cet engagement peut être bien visible dans le cas de l’établissement<br />
de nouvelles entreprises agricoles, il est, le plus souvent,<br />
souterrain, dans la mesure où il demeure imperceptible à l’œil. Cet<br />
engagement n’aurait donc pas été possible à saisir pleinement sans<br />
les rencontres avec des résidents familiers avec les paysages revisités.<br />
Et cet engagement, relevons-le, prend différentes formes.<br />
D’abord, celle – comme en plusieurs endroits – d’ententes entre<br />
propriétaires agricoles et non agricoles pour assurer la fauche des<br />
champs et le maintien des ouvertures visuelles. Est ainsi reconnu<br />
le caractère multifonctionnel de l’agriculture, celle-ci ne produisant<br />
plus uniquement des biens alimentaires, mais aussi du paysage et<br />
du bien-être. Il prend aussi la forme du regroupement de citoyens au<br />
sein d’associations pour assurer l’entretien et, au besoin, la reconversion<br />
des bâtiments institutionnels, églises et écoles principalement,<br />
leur permettant ainsi de poursuivre leur rôle non seulement<br />
sur les plans paysager et patrimonial, mais aussi sur le plan social.<br />
Plus étonnant encore, cet engagement prend une forme inédite<br />
alors que le gestionnaire d’un ancien cimetière anglican procède à<br />
des collectes de fonds pour assurer le maintien des lieux en écrivant<br />
aux descendants (qui, pour la plupart, résident aujourd’hui à l’extérieur<br />
de la province) des personnes qui y sont inhumées.<br />
Enfin, la connaissance et la compréhension des facteurs responsables<br />
des différentes trajectoires d’évolution des paysages sur<br />
une période plus de 30 ans sont venues mettre en évidence le fait<br />
qu’en de nombreux cas, nous n’avons plus à subir l’évolution des<br />
paysages, divers outils nous permettant aujourd’hui de l’orienter<br />
vers un avenir souhaité. D’une part, les MRC et municipalités disposent<br />
d’un ensemble de moyens d’intervention : zonage, plans<br />
d’implantation et d’intégration architecturale, règlements sur l’affichage<br />
et sur l’abattage d’arbres, pouvoir d’acquisition, etc., des<br />
outils qui, particulièrement en milieux urbains et villageois, sont à<br />
la base de plusieurs belles réussites en matière de paysage. D’autre<br />
part, dans la mesure où on les reconnaît et leur apporte un soutien<br />
adéquat pour assurer leur pérennité, les diverses formes d’engagement<br />
citoyen ont aussi le potentiel de contribuer activement au<br />
façonnement des paysages de demain, soit des paysages désirés<br />
et non des paysages imposés.<br />
Le projet mené dans la MRC<br />
de Memphrémagog confirme donc<br />
l’intérêt à l’égard des observatoires<br />
photographiques des paysages,<br />
qui, il convient de le mentionner,<br />
demeurent inédits au Québec.<br />
En plus d’ajouter une couche additionnelle de connaissances sur<br />
le territoire, les reprises photographiques, lorsque couplées à des<br />
entretiens auprès d’individus familiers avec les paysages considérés,<br />
permettent surtout, comme le montrent les paragraphes<br />
précédents, d’assurer une compréhension des dynamiques, nécessaire<br />
à la mobilisation des stratégies et des outils aptes à contribuer<br />
à la mise en valeur des paysages. De surcroît, si, dans le présent<br />
cas, la perspective retenue en est une rétrospective, les observatoires,<br />
comme le montrent de nombreux cas européens 2 , peuvent<br />
aussi être utilisés dans une perspective prospective. Ils pourraient,<br />
par exemple, être mis en place pour mesurer la performance de<br />
politiques visant le maintien du patrimoine, la renaturalisation des<br />
berges ou la revitalisation des noyaux villageois et en assurer le<br />
suivi. Portant sur les paysages fragilisés par les tendances lourdes<br />
qui marquent le territoire (transformation des pratiques de consommation,<br />
intensification des pratiques agricoles, pressions en matière<br />
de développement sur les sites naturels, dévitalisation des municipalités<br />
rurales aux marges de l’écoumène, etc.), les observatoires<br />
pourraient aussi permettre d’avoir un portrait plus juste de l’évolution<br />
de notre patrimoine paysager et servir de puissant outil de<br />
sensibilisation. En définitive, le potentiel des observatoires photographiques<br />
des paysages reste à exploiter.<br />
Accédez aux références de cet article :<br />
bit.ly/3BF7aRQ<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
55
RÉPERTOIRE<br />
DES<br />
Section<br />
2<br />
ANNONCEURS<br />
INDEX<br />
68 Agrébec Inc.<br />
75 ARIUM design<br />
60 Atmosphäre<br />
64 BG-Graspointner<br />
59 BLOOM<br />
65 Bolduc<br />
60 Carpell Surfaces<br />
04 Cour à bois<br />
02 Cyclone<br />
67 Earthscape<br />
73 edp<br />
100 Equiparc<br />
59 Équipements Récréatifs Jambette<br />
69 Groupe Ici Jeux<br />
63 Groupe Richer<br />
58 Landscape Forms<br />
74 Les Agences de l'Est P.J.<br />
62 Les Épandages Robert<br />
62 Les Sols Champlain<br />
78 Luxtec<br />
99 Maglin Site Furniture<br />
03 Matériaux Paysagers Savaria<br />
66 mmcité<br />
06 NOBLIO<br />
58 Ramo<br />
70 Ruel et Frère<br />
66 Shade Systems<br />
71 Stone Decorative<br />
72 Streetlife BV<br />
61 Techo-Bloc<br />
70 Tessier Récréo-Parc<br />
67 Trekfit<br />
BUREAUX<br />
95 AECOM<br />
97 civiliti<br />
96 EVOQ Architecture<br />
97 Fahey et associés<br />
98 NIPpaysage<br />
96 OPTION aménagement<br />
98 Rousseau Lefebvre<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
57
Célébrons le Design et L’innovation des Produits<br />
Depuis plus de 50 ans, Landscape Forms développe et cré des solutions<br />
qui aident les concepteurs et les clients à réaliser un paysage magnifique et<br />
fonctionnel qui améliore l’expérience et l’utilisation de l’espace extérieur. Notre<br />
secret est simple et guide tout ce que nous faisons - Design, Culture and Craft.<br />
Marie Barbin<br />
Province du Québec & Ottawa et environs<br />
514-638-4466<br />
1-800-441-1945 x 4438<br />
marieb@landscapeforms.com<br />
www.landscapeforms.com<br />
Take-Out, Profile, and Typology<br />
58 PAYSAGES — No 17
Une tour contemporaine, ludique et créative !<br />
Urbaine et inclusive, elle comporte des accessoires<br />
et des jeux accessibles aux personnes à mobilité réduite.<br />
LES ARTS ET LA CULTURE<br />
AU CŒUR DU PAYSAGE.<br />
pavillonsbloom.com<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
59
Des environnements mieux pensés et plus vivants.<br />
1 866 322-7735<br />
CARPELL.COM<br />
SURFACES SYNTHÉTIQUES SPORTIVES<br />
20 ANS<br />
D’EXPÉRIENCE<br />
50 CERTIFICATIONS<br />
INTERNATIONALES<br />
1800<br />
INSTALLATIONS<br />
DESIGN, CONSTRUCTION ET INSTALLATION DE TERRAINS<br />
SPORTIFS, PISTE D’ATHLÉTISME ET TERRAINS DE JEUX<br />
Certifications FIFA, World Rugby, World Athletics. Classification Court Pace ITF<br />
Anti-chocs conformes et supérieurs aux normes CSA-Z614-07 et ASTM F-1292-04<br />
R.B.Q. 8278-1501-33<br />
60 PAYSAGES — No 17
DES COLLECTIONS DE PAVÉS AUX COMBINAISONS INFINIES<br />
POUR TRANSFORMER LE SOL EN ŒUVRES D’ART EXTÉRIEURES.<br />
TÉLÉCHARGEZ NOTRE CATALOGUE AU<br />
TECHO-BLOC.COM/CATALOGUE/<strong>AAPQ</strong>4<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
61
Production Distribution Soufflerie<br />
Matériaux paysagers en vrac<br />
Fabrication Livraison Installation<br />
Un service clés en main,<br />
directement du fabricant<br />
La solution optimale pour la réalisation de projets d’envergure!<br />
toits verts ▪ bordures d’autoroutes ▪ terrains de jeux ▪ terre-pleins<br />
Paillis décoratif<br />
▪Fibre de terrain de jeux certifiée IPEMA<br />
Terreau<br />
LESEPANDAGESROBERT.CA INFO@LESEPANDAGESROBERT.CA 438 320-0389<br />
62 PAYSAGES — No 17
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
63
Functionality is good…<br />
Functionality and<br />
superior design is better.<br />
Our high-performance mineral concrete FILCOTEN ® HPC<br />
allows the construction of drainage channels in lightweight<br />
design. It is certified environmentally friendly produced and<br />
100% recyclable. Combined with our range of design gratings we<br />
offer visually appealing and best performing trench drain systems.<br />
Explore our products and reach out to our technical support on:<br />
www.bg-graspointner.com<br />
Find our design gratings in our<br />
BG-BLACKLABEL brochure:<br />
www.say.bg/32/blacklabel_pdf<br />
BG-Graspointner Inc. | Montreal (QC), H4C 3C5 |<br />
Tel.: +1 438 229 1496 | www.bg-graspointner.com | sales.ca@bg-graspointner.com<br />
64 PAYSAGES — No 17
Espaces durables &<br />
environnements remarquables<br />
PAVÉS, DALLES ET MURETS<br />
WWW.BOLDUC.CA<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
65
SHADE SYSTEMS<br />
DES AMÉNAGEMENTS PLUS ATTIRANTS<br />
PARC MÉNARD, MONTRÉAL ARR. LASALLE – EN COLLABORATION AVEC LE GROUPE MARCHAND<br />
LE CHEF DE FILE NORD-AMÉRICAIN<br />
EN OMBRIÈRES ARCHITECTURALES<br />
VISITEZ SHADESYSTEMSINC.COM<br />
TECHSPORT, VOTRE PARTENAIRE DE CHOIX EN AMÉNAGEMENT D’ESPACES PUBLICS EXTÉRIEURS<br />
www.techsport.ca l STRUCTURES DE JEU l MOBILIER URBAIN l ABRIS SOLAIRES l CIRCUITS D’ENTRAINEMENT l ÉQUIPEMENT SPORTIF<br />
DemiPage-<strong>AAPQ</strong>-Techsport-A12.indd 1 <strong>2022</strong>-01-10 14:43:02<br />
MMCITÉ<br />
POUR<br />
DES VILLES<br />
PLUS BELLES<br />
PLACE DE LA FONTAINE, MONTRÉAL ARR. AHUNTSIC-CARTIERVILLE<br />
MAISON SIMONS, QUÉBEC – EN COLLABORATION AVEC LE GROUPE BC2<br />
MMCITE.COM<br />
TECHSPORT, VOTRE PARTENAIRE DE CHOIX EN AMÉNAGEMENT D’ESPACES PUBLICS EXTÉRIEURS<br />
www.techsport.ca l STRUCTURES DE JEU l MOBILIER URBAIN l ABRIS SOLAIRES l CIRCUITS D’ENTRAINEMENT l ÉQUIPEMENT SPORTIF<br />
DemiPage-<strong>AAPQ</strong>-Techsport-B12.indd 1 <strong>2022</strong>-01-10 14:42:27<br />
66 PAYSAGES — No 17
EARTHSCAPE<br />
MAINTENANT DISPONIBLE<br />
AU QUÉBEC<br />
SÉPAQ - PARC DES ILES-DE-BOUCHERVILLE<br />
LE CHOIX DES ARCHITECTES PAYSAGISTES<br />
À LA GRANDEUR DE L’AMÉRIQUE DU NORD<br />
VISITEZ EARTHSCAPEPLAY.COM<br />
TECHSPORT, VOTRE PARTENAIRE DE CHOIX EN AMÉNAGEMENT D’ESPACES PUBLICS EXTÉRIEURS<br />
www.techsport.ca l STRUCTURES DE JEU l MOBILIER URBAIN l ABRIS SOLAIRES l CIRCUITS D’ENTRAINEMENT l ÉQUIPEMENT SPORTIF<br />
DemiPage-<strong>AAPQ</strong>-Techsport-C12.indd 1 <strong>2022</strong>-01-10 15:03:12<br />
EXIGEZ TREKFIT<br />
PARC OLYMPIQUE – EN COLLABORATION AVEC CIVILITI<br />
LE CHOIX DES QUÉBÉCOIS<br />
POUR L’ENTRAINEMENT EXTÉRIEUR ET LES BLOCS URBAINS<br />
TREKFIT.CA<br />
TECHSPORT, VOTRE PARTENAIRE DE CHOIX EN AMÉNAGEMENT D’ESPACES PUBLICS EXTÉRIEURS<br />
www.techsport.ca l STRUCTURES DE JEU l MOBILIER URBAIN l ABRIS SOLAIRES l CIRCUITS D’ENTRAINEMENT l ÉQUIPEMENT SPORTIF<br />
DemiPage-<strong>AAPQ</strong>-Techsport-D12.indd 1 <strong>2022</strong>-01-10 14:39:37<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
67
68 PAYSAGES — No 17
PARCE QUE LES<br />
ARCHITECTES PAYSAGISTES<br />
ONT DÉJÀ ÉTÉ DES<br />
ENFANTS!<br />
Les enfants, c’est bien connu, aiment s’amuser et jouer dans un environnement nature.<br />
C’est avec cette vision que nous avons développé Groupe ICIJEUX. Nous ne sommes<br />
pas des installateurs de jeux, nous en sommes les créateurs. En tant qu’architectes<br />
concepteurs d’espaces de jeux attractifs et près de la nature, nous participons à la<br />
santé physique et mentale des jeunes. L’apprentissage par le jeu avec des produits<br />
stimulants, durables, inclusifs et sécuritaires permet de développer une vie de<br />
quartier plus équilibrée et plus humaine.<br />
Groupe ICIJEUX propose aux architectes,<br />
paysagistes et urbanistes une expérience<br />
collaborative gagnante et, pour ceux qui le<br />
souhaitent, un aménagement clés en main :<br />
> Planification<br />
> Conception<br />
> Préparation<br />
> Installation<br />
> Inspection<br />
> Certification<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
69
QUÉBEC<br />
Tél. 418-833-3657<br />
@ : info@rueletfrere.com<br />
BRIQUES . PIERRES<br />
FACADES VENTILÉES<br />
MONTRÉAL<br />
TÉL. 450-682-7473<br />
SF: 1-800-463-5282<br />
LevelUp<br />
Le jeu à un<br />
autre niveau<br />
Créez un look unique pour votre aire de jeux avec<br />
LevelUP. Débordant de couleurs attrayantes,<br />
de formes sympathiques et asymétriques,<br />
il inspire l’imaginaire et des heures<br />
de jeu d’aventure. Les magnifiques<br />
toiles complémentent la thématique<br />
innovante et offrent à votre parc un<br />
style hors du commun.<br />
1 800 838-8591 www.tessier-rp.com<br />
825, rue Théophile-Saint-Laurent, C.P. 57, Nicolet (Québec) J3T 1A1<br />
70 PAYSAGES — No 17
Pierres<br />
décoratives<br />
JARDIN FOYER GABION<br />
Collections de pierres polies naturelles<br />
stone decorative<br />
877 935-0707<br />
info@stonedecorative.com<br />
www.stonedecorative.ca
Extraordinaire<br />
pour les Architectes Paysagistes<br />
Produits: Îlots d’Arbres Free Form Solid & Solid Terrace Curved, Boston (E.U.)<br />
Architecte: Crosby Schlessinger Smallridge LLC<br />
STREETLIFE est un label axé sur le design pour le concept extérieur. La collection comprend les catégories<br />
suivantes: bancs, ensembles de pique-nique, jardinières d’arbres, grilles et gardes d’arbre, stationnement pour<br />
vélos, bornes, stores, parklets et passerelles. Rendez-vous sur www.streetlife.com pour la Collection complète et<br />
demandez le catalogue 2021/<strong>2022</strong> ou l’une de nos éditions thématiques spéciales!<br />
Passerelle Bowie<br />
Îlots d’Arbre<br />
Set de Pique-nique Solid Industry<br />
72 modules PAYSAGES — No 17<br />
Bancs Drifter avec USB Charger<br />
Lava Grey (recyclé)<br />
TWIN<br />
Bancs Verts Circulaires<br />
STREETLIFE AMERICA LLC<br />
Philadelphie, PA États-Unis d’Amérique I demandes@streetlife.com I www.streetlife.com I t. 001 484 496 8281
Optez pour le meilleur éclairage extérieur<br />
Projet : Marina de Grand-Mère (Shawinigan, Qc)<br />
Architecture de paysage : BC2<br />
Ingénierie électrique : Pluritec<br />
Photographie : immophoto<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
73
Kevlar<br />
Quai de Beaupré<br />
Collège Charles-Lemoyne<br />
Fabricant de mobilier urbain sur mesure<br />
depuis plus de 25 ans!<br />
Roberval<br />
418-841-3506<br />
mobilierurbain.ca<br />
74 PAYSAGES — No 17
Signalétique | Mobilier urbain |<br />
Design graphique | Design d’éclairage<br />
ariumdesign.com omium.ca 514 861-7771<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
75
NOUVELLES<br />
DE<br />
Section<br />
3<br />
L’ASSOCIATION<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
77
78 PAYSAGES — No 17
MOT DE LA DIRECTRICE GÉNÉRALE<br />
LOUISE VACHON<br />
DURECTRICE GÉNÉRALE DE L’<strong>AAPQ</strong><br />
Quelle année 2021 nous avons vécue !<br />
Pour la grande majorité d’entre nous, la vie semble s’être accélérée davantage<br />
et avoir pris de nombreux tournants imprévisibles. Ce fut certainement mon cas<br />
lorsque l’occasion de prendre la tête de l’<strong>AAPQ</strong> s’est présentée au début de l’automne.<br />
Un désir inassouvi depuis toujours – celui d’œuvrer dans le secteur<br />
de l’aménagement – pouvait enfin devenir réalité.<br />
Comme vous pourrez le constater dans les pages qui suivent, 2021 aura été<br />
une année des plus occupées pour l’Association malgré les nombreux départs<br />
et arrivées. Tant à l’hiver qu’à l’automne, de multiples occasions de représentation<br />
auprès de nos interlocuteurs et du public en général ont été saisies afin de faire<br />
entendre la voix des architectes paysagistes et donner toujours plus de visibilité à<br />
la profession. Des lettres ouvertes publiées en collaboration avec diverses parties<br />
prenantes, le dépôt d’un mémoire, notre participation au processus de consultation<br />
concernant la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire<br />
(PNAAT) ainsi que l’organisation de pas moins de cinq rendez-vous virtuels<br />
ne sont que quelques-uns des gestes que nous avons posés. Tout cela contribue<br />
au fait que le plan stratégique 2019-2024 est en bonne voie de réalisation.<br />
J’aimerais par ailleurs souligner la très belle collaboration que j’ai été à même<br />
de constater depuis mon entrée en poste, qu’elle nous ait été offerte par les<br />
diverses organisations ou associations sœurs sur le terrain ou par des personnes<br />
clés dont la contribution est essentielle à l’avancement de nos dossiers. Ce rare<br />
niveau de collaboration est peut-être dû au fait que la nature même du travail<br />
d’un architecte de paysage peut difficilement se réaliser en vase clos; l’architecte<br />
paysagiste est donc un maître de la collaboration. Je crois aussi que le travail des<br />
personnes qui nous ont précédé à la direction et à la gouvernance de l’Association<br />
y est certainement pour quelque chose et je leur lève mon chapeau !<br />
L’année <strong>2022</strong> s’annonce tout aussi occupée et certainement pleine de possibilités.<br />
Les diverses autorités publiques et certains promoteurs privés chercheront<br />
à amplifier leurs efforts de mitigation des changements climatiques. Certaines<br />
solutions ou l’élaboration de projets en ce sens requerront l’expertise des architectes<br />
de paysage.<br />
Si la PNAAT voit le jour ce printemps comme prévu, il sera nécessaire de se<br />
pencher sur le plan d’action qui en découlera. De nombreux dossiers chauds<br />
occuperont le comité scientifique. Votre implication dans les affaires de l’<strong>AAPQ</strong>,<br />
notamment par le biais des nombreux autres comités (admission, relève, développement<br />
des compétences, reconnaissance de la profession, etc.), lesquels<br />
permettent tous de prendre notre place, est absolument primordiale.<br />
Alors, n’hésitez pas à lever la main et à vous joindre à nous !<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
79
Conseil<br />
et comités <strong>AAPQ</strong><br />
En date du<br />
31 décembre 2021<br />
CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />
Présidente<br />
Catherine Fernet<br />
Administrateurs<br />
Isabelle Giasson Présidente sortante<br />
Bernard Bigras<br />
Frédéric Birtz<br />
Pascal Blanchette<br />
Gabriel Corriveau<br />
Tracey Hesse<br />
Sébastien Lebel<br />
Johanna Lessard<br />
Philippe Lupien<br />
Julie St-Arnault<br />
Nadège Tchuente<br />
Alan Vignon Représentant des membres stagiaires<br />
Observateurs<br />
Ibrahim Moujane Représentant des étudiants<br />
Louise Vachon<br />
PERMANENCE<br />
Directrice générale<br />
Louise Vachon<br />
Admission et service aux membres<br />
Nancy Bond<br />
DÉLÉGUÉS<br />
AAPC<br />
Tracey Hesse<br />
Prix d’excellence AAPC<br />
Bernard St-Denis<br />
Horticompétences<br />
Danielle St-Jean<br />
Québec Vert (FIHOQ)<br />
Virginie Hébert<br />
COMITÉS<br />
Comité d’admission à l’<strong>AAPQ</strong><br />
Nadège Tchuente Responsable<br />
Neil Kobewka<br />
Selma Laroussi<br />
Jimmy Leiser<br />
Adriana Melendez<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité des affaires légales<br />
(Éthique et déontologie)<br />
Monica Bittencourt Responsable<br />
Alain Baillargeon<br />
Danielle St-Jean<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité scientifique<br />
Philippe Lupien Responsable<br />
Daniel Lefebvre<br />
Bernard Bigras<br />
Jonathan Cha<br />
Daniel Chartier<br />
Catherine Fernet<br />
Tracey Hesse<br />
Chantal Prud’Homme<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité de révision du barème<br />
des honoraires professionnels<br />
Julie St-Arnaud Responsable<br />
Marc Fauteux<br />
Isabelle Giasson<br />
Marie-Claude Séguin<br />
Nadège Tchuente<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité des prix Frederick-Todd<br />
Chantal Prud’homme Responsable<br />
Sébastien Lebel<br />
Édith Normandeau<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité des cours d’école<br />
Marc Fauteux Responsable<br />
Catherine Fernet<br />
Charlotte Gaudette<br />
Josée Labelle<br />
Daniel Lefebvre<br />
Marjorie Pratte<br />
Julie St-Arnaud<br />
Karyna St-Pierre<br />
Marie-France Turgeon<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité des ressources humaines<br />
Pascal Blanchette Responsable<br />
Catherine Fernet<br />
Philippe Lupien<br />
Nadège Tchuente<br />
Comité sur le développement<br />
des compétences<br />
Catherine Fernet Responsable<br />
Gabriel Corriveau<br />
Yohan Dumoulin<br />
Karen Poupart<br />
Nadège Tchuente<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité directeur<br />
pour la reconnaissance<br />
de la profession<br />
Isabelle Giasson Responsable<br />
Vincent Asselin<br />
Pierre Bouchard<br />
Gabriel Corriveau<br />
Natasha Genest<br />
Jean Landry<br />
Lucie St-Pierre<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité <strong>AAPQ</strong>-UdeM et formation<br />
Marie-Claude Massicotte Responsable<br />
Danielle Dagenais<br />
Bernard St-Denis<br />
Louise Vachon Observatrice<br />
Comité de la relève<br />
Alan Vignon Responsable<br />
Jean-Sylvain Brochu<br />
Geneviève Depelteau<br />
William Dib<br />
Yohan Dumoulin<br />
Jihany Hassun<br />
Simon Hovington<br />
Émilie Langlois<br />
Pierre-Luc Tranclé-Armand<br />
80 PAYSAGES — No 17
FÉVRIER JANVIER 2021<br />
ACTIVITÉS<br />
Le REM de l’Est dans le collimateur<br />
Le 13 janvier, l’<strong>AAPQ</strong> s’est jointe à un collectif à l’occasion de<br />
la publication d’une lettre ouverte portant sur le projet du REM<br />
de l’Est. La lettre, publiée dans la section « Débats » de<br />
La Presse et regroupant, entre autres, les Ordres des architectes<br />
et des urbanistes du Québec, demande la mise sur pied d’un<br />
comité d’experts indépendant afin d’assurer l’intégration et la<br />
qualité architecturales du projet. Rappelons que l’<strong>AAPQ</strong> s’était<br />
positionnée à cet égard dès décembre 2020, estimant qu’il<br />
fallait faire de ce projet un exemple en matière de design urbain.<br />
Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> : quand<br />
l’agriculture urbaine redessine la ville<br />
Plus de 130 intervenants de diverses disciplines<br />
se sont réunis le 19 janvier dans le<br />
cadre du 3 e Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong>.<br />
Éric Duchemin, directeur scientifique au<br />
AU/LAB, nous a entretenus de l’importance<br />
des paysages comestibles fondés<br />
sur trois principes : la justice alimentaire,<br />
la réappropriation de l’espace public et la<br />
réappropriation de l’alimentation. Des projets<br />
concrets tels que la Cité maraîchère de<br />
Romainville et ceux de type mange-trottoir<br />
ont été présentés par notre conférencier.<br />
Assistance juridique gratuite pour nos membres<br />
L’<strong>AAPQ</strong> a conclu le 25 janvier un partenariat avec le bureau<br />
Cotney Avocats. Dans le cadre de cette entente, la firme<br />
offre 30 minutes de consultation gratuite par mois à chaque<br />
membre de l’<strong>AAPQ</strong> et accordera 10 % de rabais sur ses honoraires<br />
professionnels. De plus, l’entente inclut la diffusion d’un<br />
webinaire par trimestre sur divers contenus juridiques d’intérêt<br />
pour nos membres. Cette entente vise à répondre à l’engagement<br />
de l’<strong>AAPQ</strong> d’accroître l’offre de service à ses membres.<br />
L’<strong>AAPQ</strong> invitée par la ministre des Affaires municipales<br />
et de l’Habitation du Québec<br />
Le 5 février, la ministre Andrée Laforest invite l’<strong>AAPQ</strong> à participer<br />
aux travaux de divers laboratoires d’innovation publique<br />
visant à doter le Québec d’une Stratégie nationale d’urbanisme<br />
et d’aménagement des territoires (SNUAT).<br />
MARS<br />
Participation aux laboratoires sur la SNUAT<br />
Le 18 mars, l’<strong>AAPQ</strong> participe à une séance de travail du laboratoire<br />
« Qualité des milieux de vie » du ministère des Affaires<br />
municipales et de l’Habitation du Québec, en préparation<br />
de la future Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement<br />
des territoires (SNUAT). Notre association, qui était représentée<br />
par son directeur général, a rappelé l’importance de la protection<br />
des paysages, du verdissement et du développement des<br />
espaces publics comme composantes de la vitalité des communautés.<br />
Le 23 mars, c’est au laboratoire « Résilience, santé<br />
et sécurité » que participe l’<strong>AAPQ</strong>.<br />
Demande d’encadrement professionnel de l’<strong>AAPQ</strong> :<br />
appui et présentation<br />
L’<strong>AAPQ</strong> reçoit l’appui de l’Ordre des architectes du Québec<br />
(OAQ) dans le cadre de sa demande en faveur d’un titre réservé<br />
à l’Office des professions du Québec. Une résolution a été<br />
adoptée par son conseil d’administration à cet effet. Le 19 mars,<br />
la présidente et le directeur général de l’<strong>AAPQ</strong> rencontrent le<br />
conseil d’administration de l’Ordre des urbanistes du Québec<br />
afin d’obtenir son appui.<br />
L’<strong>AAPQ</strong> lance ses travaux sur le développement<br />
des compétences<br />
Le 19 mars, le conseil d’administration approuve le plan d’action<br />
portant sur le développement des compétences. Le plan,<br />
présenté par un comité mandaté par le CA, vise à dresser un<br />
état de la situation, consulter les membres sur les profils de<br />
compétences recherchés, élaborer un règlement sur la formation<br />
continue et procéder à son adoption. Rappelons que<br />
l’axe 3 sur le développement des compétences figure au plan<br />
stratégique 2019-2024.<br />
Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> : quel est le cadre juridique<br />
de la propriété intellectuelle?<br />
Le 30 mars, plus d’une quarantaine de membres de l’<strong>AAPQ</strong><br />
participent au webinaire donné par M e Samuel St-Jean de<br />
Cotney Avocats. Les enjeux liés aux droits d’auteur et à la propriété<br />
intellectuelle dans le secteur du design sont de plus en<br />
plus d’actualité. En effet, les donneurs d’ordres et les concepteurs<br />
ont parfois une interprétation fort différente quant au droit<br />
de propriété. L’événement a reçu d’excellents commentaires.<br />
Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> : connaissez-vous<br />
les bases du contrat de service?<br />
Le 23 février, l’<strong>AAPQ</strong> organise un webinaire s’adressant<br />
particulièrement aux professionnels de la relève en architecture<br />
de paysage qui souhaitent parfaire leurs connaissances<br />
en matière de relations contractuelles. Près de 50 membres<br />
ont entendu M e Samuel St-Jean de la firme Cotney Avocats<br />
expliquer le cadre juridique de la relation contractuelle dans<br />
notre secteur d’activité, et ce, en se référant à divers articles<br />
du Code civil du Québec.<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
81
AVRIL<br />
Bonification de la bourse d’excellence<br />
L’<strong>AAPQ</strong> annonce une bonification de sa bourse d’excellence étudiante,<br />
laquelle est remise dans le cadre de l’événement annuel<br />
de l’Exposition des finissants de la Faculté de l’aménagement de<br />
l’UdeM. Dès 2021, la bourse passera de 1 000 $ à 1 500 $. Le Prix<br />
d’excellence étudiante est remis à un projet de maîtrise en architecture<br />
de paysage s’étant démarqué par sa qualité remarquable.<br />
Une AGA réussie !<br />
Plus d’une cinquantaine de professionnels ont participé à<br />
l’AGA 2021 le 24 avril dernier. Tenue pour une deuxième année<br />
consécutive en mode virtuel, l’assemblée a permis de faire le<br />
bilan de l’année 2020, présenter les états financiers, dévoiler<br />
notre nouveau site Internet et remettre nos prix Frederick-Todd<br />
2021. L’<strong>AAPQ</strong> en a profité pour annoncer le retour de la publication<br />
du rapport annuel de ses activités, qui constitue un<br />
document corporatif pour notre association.<br />
Le nouveau site Internet de l’<strong>AAPQ</strong> : un tournant<br />
dans son histoire<br />
Intégrant la nouvelle identité visuelle de notre association,<br />
le site dévoilé le 24 avril regroupe des contenus numériques<br />
d’intérêt par enjeu et champ d’intervention de la profession.<br />
On y retrouve également un portail de projets, qui constitue<br />
une superbe vitrine pour les réalisations de ses membres.<br />
Bravo aux récipiendaires du prix<br />
Frederick-Todd !<br />
Monsieur Jean-Marc Latreille se voit décerner<br />
le prix Frederick-Todd dans la catégorie<br />
« Membre de l’<strong>AAPQ</strong> ». Une longue carrière<br />
en enseignement et la fondation d’une<br />
firme d’architecture de paysage maintenant<br />
connue sous le nom de BC2 constituent<br />
deux de ses plus hauts faits d’armes.<br />
Monsieur Marc-André Carignan, lauréat<br />
dans la catégorie « Personnalité publique »,<br />
est certainement reconnu pour ses chroniques<br />
et séries documentaires sur de multiples<br />
plateformes médiatiques. Il rappelle à<br />
chaque occasion l’importance de l’intégration<br />
des composantes de la transformation<br />
urbaine, dont le paysage, comme réponse<br />
aux enjeux de la ville contemporaine.<br />
De la pertinence des actions<br />
des architectes paysagistes<br />
Les collaborateurs de la 16 e édition de la<br />
revue PAYSAGES ont été invités à examiner<br />
et à mettre en lumière les façons dont<br />
la pratique de l’architecture de paysage<br />
contribue à la santé physique, protège la<br />
santé mentale et permet de créer des liens<br />
sociaux forts et égalitaires, trois piliers de<br />
la santé publique. Le cardiologue François<br />
Reeves y apporte un regard complémentaire.<br />
En effet, en plus de signer le texte<br />
d’ouverture, il commente et annote chacun<br />
des articles. Résultat : une édition 2021<br />
dynamique sur laquelle nos professionnels<br />
peuvent s’appuyer. Pour la consulter,<br />
rendez-vous sur le site aapq.org,<br />
onglet « Publications ».<br />
MAI<br />
Valérian Mazataud<br />
Le Devoir<br />
Paysage humanisé : à quand<br />
une première désignation ?<br />
L’<strong>AAPQ</strong> prend position en faveur de l’attribution<br />
du statut de « paysage humanisé<br />
» à L’île Bizard à Montréal. Dans un<br />
article publié dans Le Devoir le 26 avril, le<br />
directeur général de l’<strong>AAPQ</strong> rappelle que la<br />
notion de paysage est souvent le « parent<br />
pauvre » de l’aménagement et que la désignation<br />
« paysage humanisé » est tributaire<br />
d’une procédure difficile et complexe.<br />
L’<strong>AAPQ</strong> rencontre l’Office des professions du Québec (OPQ)<br />
Le 29 avril, l’<strong>AAPQ</strong> tient une session de travail avec l’OPQ afin<br />
d’approfondir les motifs soutenant la demande d’encadrement<br />
professionnel du titre d’architecte paysagiste. En plus de la<br />
participation du directeur général et de la présidente, madame<br />
Marie-France Turgeon est venue présenter un exemple concret<br />
de risque de préjudice physique pour les enfants associé au<br />
non-respect des normes de conception d’une aire de jeu.<br />
Participation à l’atelier Bridge-Bonaventure<br />
Le 29 avril, l’<strong>AAPQ</strong> participe à l’atelier Bridge-Bonaventure portant<br />
sur le thème « Des parcours d’entrée de ville structurants,<br />
cohérents et inspirants, et les composantes patrimoniales et paysagères<br />
mises en valeur ». Cet atelier s’inscrit dans une démarche<br />
de la Ville de Montréal dont le but est d’alimenter les discussions<br />
en vue de I ’élaboration de son plan directeur pour le secteur.<br />
Le directeur général de l’<strong>AAPQ</strong> en a profité pour rappeler les<br />
principes directeurs énoncés dans un mémoire déposé en septembre<br />
2019 à l’OCPM : la reconquête du fleuve et de l’espace<br />
urbain, l’expérience de l’espace public et l’urbanisme végétal.<br />
Lettre d’opinion – Parc Jean-Drapeau<br />
Le 11 mai, l’<strong>AAPQ</strong> a cosigné, avec plus d’une dizaine de partenaires,<br />
une lettre d’opinion dans La Presse visant à appuyer,<br />
sans réserve, les orientations du Plan directeur de conservation,<br />
d’aménagement et de développement du parc Jean-Drapeau<br />
2020-2030. Rappelons que l’<strong>AAPQ</strong> a publié un communiqué<br />
de presse à ce sujet le 14 avril 2021 et a déposé un mémoire à<br />
l’Office de consultations publiques de Montréal en 2018.<br />
Webinaire sur le portail des projets du nouveau<br />
site Internet de l’<strong>AAPQ</strong><br />
Afin de donner l’occasion aux membres de prendre connaissance<br />
des fonctionnalités de la nouvelle plateforme numérique,<br />
un webinaire a été tenu le 12 mai au cours duquel ils ont pu<br />
se familiariser avec le portail qui permet de mettre à jour les<br />
informations personnelles, d’inscrire les projets en architecture<br />
de paysage, d’accéder à la bibliothèque collaborative<br />
et de consulter les offres d’emploi.<br />
Encadrement professionnel : l’OUQ appuie l’<strong>AAPQ</strong><br />
Après l’Ordre des architectes du Québec, voilà que l’Ordre des<br />
urbanistes du Québec (OUQ) accorde son appui à la demande<br />
d’encadrement professionnel de l’<strong>AAPQ</strong> à l’Office des professions<br />
du Québec. Le 14 mai, le conseil d’administration de<br />
l’OUQ adopte à l’unanimité une résolution qui propose « d’appuyer<br />
la demande d’encadrement professionnel de l’<strong>AAPQ</strong> et<br />
de participer aux réflexions lorsque le point de vue de l’Ordre<br />
des urbanistes est requis ».<br />
82 PAYSAGES — No 17
JUIN<br />
JUILLET<br />
Une nouvelle présidente<br />
À l’occasion de la séance du conseil d’administration<br />
du 21 mai, les administrateurs<br />
élisent madame Catherine Fernet au poste<br />
de présidente. Prenant la relève d’Isabelle<br />
Giasson, à la barre de l’<strong>AAPQ</strong> depuis plus<br />
de cinq ans, Catherine Fernet a affirmé<br />
vouloir poursuivre les objectifs stratégiques<br />
de l’organisation. Catherine devient ainsi<br />
la 26 e présidente de l’histoire de l’<strong>AAPQ</strong>.<br />
Pratiquant dans la région de l’Estrie, elle<br />
apporte un regard novateur et régional aux<br />
grands défis de l’architecture de paysage<br />
au Québec.<br />
Départ d’Isabelle Dupras, chargée de projets,<br />
Communications et événements<br />
Nous tenons à remercier Isabelle Dupras pour son excellent<br />
travail à titre de chargée de projets, Communications et événements.<br />
Elle a coordonné avec brio la refonte du site Internet<br />
et l’édition 2021 de la revue PAYSAGES.<br />
L’<strong>AAPQ</strong> à la radio : le projet du REM<br />
Le 26 mai, madame Isabelle Giasson, présidente sortante,<br />
participe à l’émission d’Isabelle Maréchal au 98,5 FM pour y<br />
discuter des questions suivantes : « Maintenant qu’on sait<br />
à quoi ressemblera le REM au centre-ville, doit-on retourner<br />
à la table à dessin ? Faut-il revoir le projet ? ».<br />
Bernard Bigras ira relever de nouveaux défis<br />
Après plus de cinq ans à la direction générale de notre association,<br />
Bernard Bigras laisse derrière lui tout un héritage.<br />
Parmi ses réalisations, notons qu’il a amorcé la restructuration<br />
financière de l’organisation, créé des rapprochements avec<br />
des partenaires, piloté la démarche de planification stratégique<br />
2019-2024, sans oublier la toute récente refonte du site<br />
Internet intégrant la nouvelle image de marque de l’<strong>AAPQ</strong>. Le<br />
conseil d’administration a tenu à adopter à l’unanimité une<br />
résolution de remerciements à son endroit pour les années<br />
passées au service de l’Association.<br />
Les architectes paysagistes : concepteurs de villes<br />
qui respirent<br />
Le 5 juin, La Presse+ publie un dossier spécial sur le thème<br />
« Construire des villes qui respirent ». Le dossier démontre<br />
l’apport des architectes paysagistes à la conception de villes<br />
plus vertes et plus résilientes. L’<strong>AAPQ</strong> y a contribué, tout<br />
comme la firme Rousseau Lefebvre.<br />
Renouvellement de la Déclaration de principes<br />
pour une gestion concertée des espaces publics<br />
C’est en juillet que débute notre participation au processus<br />
de renouvellement de cette déclaration à laquelle l’<strong>AAPQ</strong> avait<br />
adhéré en 2012. Dans cette déclaration, les signataires, issus<br />
du milieu municipal et des organisations concernées, se sont<br />
engagés à agir en concertation, à aviser et informer des nouvelles<br />
tendances et orientations, et à développer des solutions<br />
concrètes pour une meilleure gestion de l’espace public.<br />
Catherine Fernet a depuis siégé à plusieurs reprises au comité<br />
organisateur en vue de la tenue des États généraux de l’espace<br />
public qui se tiendront le 31 mai <strong>2022</strong> à Drummondville.<br />
L’événement est organisé par le Centre d’expertise et de<br />
recherche en infrastructures urbaines (CERIU).<br />
AOÛT<br />
SEPTEMBRE<br />
OCTOBRE<br />
Urbanisme et aménagement du territoire :<br />
une lettre ouverte<br />
L’<strong>AAPQ</strong> cosigne une lettre ouverte parue le 27 août en collaboration<br />
avec les membres de l’Alliance Arianne, un regroupement<br />
d’organisations et d’experts réunis dans une vision<br />
commune : que l’aménagement du territoire et l’urbanisme<br />
soient une priorité au Québec. Les Ordres des architectes et<br />
des urbanistes du Québec, Héritage Montréal, Vivre en Ville<br />
et d’autres organisations encore en font partie. Tout au long<br />
de l’année, l’<strong>AAPQ</strong> reste active au sein de l’Alliance en étant<br />
membre de son comité directeur.<br />
Une nouvelle directrice générale<br />
à l’<strong>AAPQ</strong><br />
Louise Vachon apporte à l’<strong>AAPQ</strong> plus<br />
de 25 ans d’expérience en développement<br />
de partenariats et représentation auprès<br />
des secteurs public, privé et académique,<br />
et de la société civile. Des années de travail<br />
au sein ou au service d’OBNL (y compris<br />
des associations de professionnels) font en<br />
sorte qu’elle est bien au fait de leur fonctionnement<br />
et de leurs enjeux. Elle est – et<br />
ce sont ses propres mots – « amoureuse<br />
de l’architecture sous toutes ses formes<br />
depuis toujours ».<br />
Une présentation de l’<strong>AAPQ</strong> à la relève<br />
Le 20 septembre, madame Nadège Tchuente, membre du<br />
conseil d’administration, présente la mission des architectes<br />
paysagistes, le cheminement des membres stagiaires et des<br />
membres agréés, ainsi que quelques aspects de la profession<br />
à un groupe d’étudiants de maîtrise en architecture<br />
de paysage de l’Université de Montréal. Merci à madame<br />
Marie-Claude Massicotte de nous avoir donné l’occasion<br />
d’échanger avec la relève.<br />
Nous sommes tous responsables du parc Jean-Drapeau<br />
Le 16 octobre, l’<strong>AAPQ</strong> cosigne, avec plus d’une dizaine de partenaires,<br />
une lettre d’opinion dans La Presse qui vise à assurer<br />
que le plan directeur déposé en avril 2021 soit mis en œuvre et<br />
à éviter qu’il ne soit qu’un simple énoncé de bonnes intentions.<br />
L’<strong>AAPQ</strong> siège au comité consultatif<br />
L’<strong>AAPQ</strong> est appelée par la ministre des Affaires municipales<br />
et de l’Habitation ainsi que par la ministre de la Culture et des<br />
Communications à siéger au comité consultatif de la nouvelle<br />
Politique nationale d’architecture et d’aménagement du<br />
territoire. Cette politique nationale, annoncée par le premier<br />
ministre du Québec lors du discours d’ouverture de la session<br />
parlementaire, est le fruit du regroupement de la Stratégie<br />
nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires et<br />
de la Stratégie québécoise de l’architecture. Daniel Lefebvre,<br />
membre agréé, et Catherine Fernet, présidente, siègent au<br />
comité. Une bonne nouvelle pour le milieu de l’aménagement<br />
et une belle reconnaissance de l’<strong>AAPQ</strong> !<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
83
NOVEMBRE<br />
Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> :<br />
l’intégration urbaine du tramway<br />
de Québec<br />
À l’instar des tendances contemporaines<br />
dans les grands projets d’infrastructure<br />
publique, l’intégration urbaine du tramway<br />
de Québec sera encadrée de façon rigoureuse.<br />
L’objectif est ambitieux : assurer<br />
la mise en place d’infrastructures d’accueil<br />
de qualité, pérennes et bien intégrées au<br />
cadre urbain de la ville. Pour en discuter,<br />
l’<strong>AAPQ</strong> invite Sébastien Lebel, architecte<br />
paysagiste et membre du CA, ainsi<br />
qu’Alejandro Calderon-Quintero, chef<br />
d’équipe à l’intégration urbaine, tous deux<br />
membres du Bureau de projet du tramway<br />
de Québec.Ils présenteront les mesures<br />
mises en place pour assurer une signature<br />
architecturale et paysagère cohérente du<br />
projet de tramway, ainsi que son intégration<br />
à la trame urbaine en s’inspirant de<br />
l’esprit et des spécificités des quartiers<br />
où il circule.<br />
L’avenir du site de l’hôpital Royal Victoria :<br />
une préoccupation<br />
Le 15 novembre, l’<strong>AAPQ</strong> présente, lors d’une séance virtuelle<br />
d’audition des opinions, un mémoire aux commissaires de<br />
l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) dans<br />
le cadre de la consultation publique sur le Plan directeur<br />
d'aménagement du site de l'ancien hôpital Royal Victoria<br />
et de l'Institut Allan Memorial. L’<strong>AAPQ</strong> est représentée par<br />
monsieur Philippe Lupien en tant que responsable du comité<br />
scientifique de l’<strong>AAPQ</strong>, ainsi que par madame Catherine<br />
Fernet, présidente. L’implication de l’<strong>AAPQ</strong> dans ce dossier ne<br />
s'arrête pas là. En effet, une lettre cosignée avec les Amis de<br />
la montagne, le CRE-Montréal, Héritage Montréal et l'Ordre<br />
des urbanistes du Québec est aussi envoyée à l’OCPM, tandis<br />
qu’une lettre ouverte des mêmes signataires est publiée dans<br />
La Presse le 1 er décembre.<br />
DÉCEMBRE<br />
Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> :<br />
le pouvoir social d'une action<br />
de verdissement<br />
Le 14 décembre, Jonathan Cha joue le rôle<br />
d’un jardinier responsable d’une initiative<br />
citoyenne peu banale dans l’effervescent<br />
quartier urbain de Griffintown à Montréal :<br />
un droit de passage graduellement transformé<br />
en une étonnante oasis verte.<br />
Cette initiative citoyenne a influencé<br />
positivement et durablement les parcours<br />
urbains, contribué à la sociabilité entre<br />
les résidents et enrichi la biodiversité du<br />
milieu. Il s’agit là d’un témoignage des<br />
plus inspirants.<br />
Une correspondance au gouvernement du Québec<br />
Le 8 décembre, mesdames les ministres Laforest et Roy,<br />
respectivement ministre des Affaires municipales et de<br />
l’Habitation et ministre de la Culture et des Communications<br />
du Québec, ont reçu une lettre rédigée par le comité scientifique<br />
de l’<strong>AAPQ</strong>. En plus d’un retour sur les pratiques de<br />
protection et de mise en valeur des paysages en France et au<br />
Canada, des propositions précises y ont été énoncées afin<br />
que le « paysage joue un rôle central et déterminant dans notre<br />
identité collective et constitue une ressource fondamentale<br />
dont il faut prendre le plus grand soin ».<br />
Sondage : vos préférences pour le colloque et l’AGA<br />
Le 26 novembre, l’<strong>AAPQ</strong> sollicite la participation de ses<br />
membres afin d’identifier leurs préférences. Entre autres<br />
résultats, sur les 116 répondants, 50 % préfèrent que le<br />
colloque se déroule en présentiel alors que 14 % n’ont pas de<br />
préférences. Quant à l’AGA, 70 % choisissent le mode virtuel.<br />
84 PAYSAGES — No 17
Nouveaux<br />
membres<br />
Bienvenue !<br />
MEMBRES AGRÉÉS<br />
Danièle Adib<br />
Geneviève Depelteau<br />
Marie-Ève Duchesne<br />
Yohan Dumoulin<br />
Marianne Lafontaine-Chicha<br />
Chloé Lamontagne-Girard<br />
Chieu-Anh Le Van<br />
Iseult Séguin Aubé<br />
Sophie Topajian<br />
Maxime Vignolles<br />
MEMBRES STAGIAIRES<br />
Florence Alain-Bouffard<br />
Judy Arnouk<br />
Mathias Beaulieu-Labbé<br />
Justine Bédard-Thériault<br />
Maxim Bellerose<br />
Émilie Brown<br />
Louise Capelle-Burny<br />
Renaud Caron<br />
Nadia Carvajal<br />
Francis Demers<br />
Mercedes Desjardins<br />
Gaëlle Doiron-Barbant<br />
Cynthia Dostie Yeh-Szu-Jou<br />
Mohamed Elsemen<br />
Catherine Foisy<br />
Adèle Gagné-Labrecque<br />
Kayetan Grabowski<br />
Inass Karim<br />
Samatha Julia Kim<br />
Léo Lacasse<br />
Rachel Laurendeau<br />
Noémie Lecavalier<br />
Catherine Léveillée<br />
Andréanne Longpré<br />
Rose Mayrand<br />
Catherine Morin<br />
Aurélien Noubissie Tchokogou<br />
Caroline O'Hara<br />
Evelina Orsi<br />
Francis Provost<br />
Ahmad Ranjbarnei<br />
Débora Silveira Stefanelli<br />
Marie-Ève St-Laurent Filion<br />
Lucas Trosley<br />
Hanna Vorontsova<br />
Pascaline Walter<br />
Zineb Zaim-Zouanat<br />
ADHÉRENTS ÉTUDIANTS<br />
Chloé Asselin<br />
Andréanne Bernard<br />
Guillaume Bernier<br />
Louis Blais<br />
William Blais<br />
Layal Brunet<br />
Audrey Cadieux<br />
Luna Calmette-Ratelle<br />
Fernanda Campos-Quintana<br />
Lucas Conan<br />
Noémi d'Aragon-Lapointe<br />
Michée Desrosiers<br />
Catherine Dumoulin<br />
Nibal El-Abiad<br />
Zuhely Garcia<br />
Maxime Gaudreault Proulx<br />
Romain Grimaldi d'Esdra<br />
Clémence Grootenboer<br />
Marie-Ève Hamon<br />
Eliott Heloir<br />
Svetlana Kaioukova<br />
Audrey Labbé<br />
Josée Langlois<br />
Justine Larocque<br />
Annie Lavallée<br />
Benjamin Leduc<br />
Amélie Longpré<br />
Julie Lorrain<br />
Jean-Philippe Marchand<br />
Mathilde Noël<br />
Maude Ouellet<br />
Audrey Péloquin<br />
Laurence Pomerleau<br />
Camylle Ross<br />
Noémie Thiry<br />
Ariane Viens-Désautels<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
85
0 50 100m<br />
2021<br />
LAURÉATS<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC (<strong>AAPQ</strong>)<br />
Prix Frederick-Todd 2021<br />
Plus haute distinction attribuée par l’<strong>AAPQ</strong>, le prix Frederick-Todd, décerné depuis 1995, honore des<br />
personnalités publiques et des architectes paysagistes membres de l’<strong>AAPQ</strong> qui ont contribué de façon<br />
exceptionnelle à promouvoir l’architecture de paysage au Québec.<br />
Catégorie<br />
Membre de l’<strong>AAPQ</strong><br />
Jean-Marc<br />
Latreille<br />
Catégorie<br />
Personnalité publique<br />
Marc-André<br />
Carignan<br />
Gradué en 1975 de l’École d’architecture de paysage de l’Université de<br />
Montréal, où il se distingue déjà en recevant un certificat de l’AAPC pour<br />
l’excellence de ses études en architecture de paysage, Jean-Marc Latreille<br />
débute la même année une longue carrière d’enseignement. Plusieurs<br />
générations d’étudiants se souviendront de sa grande capacité à transmettre<br />
ses connaissances en matière de génie du site (1975‐1996), de topométrie<br />
(1977-1989), de nivellement et drainage (1987-2010) et de nivellement<br />
de site (2011-2017).<br />
Si l’enseignement est une passion pour Jean-Marc Latreille, il demeure avant<br />
tout un bâtisseur qui adore concevoir et réaliser des projets. En 1977, en<br />
collaboration avec Anne-Marie Parent, il fonde Parent Latreille et Associés,<br />
une firme d’architecture de paysage indépendante pendant 34 ans, jusqu’à<br />
ce qu’elle fusionne en 2011 avec le groupe conseil BC2FP, mieux connu<br />
aujourd’hui sous le nom de BC2, un bureau multidisciplinaire en aménagement<br />
du territoire. Parmi les projets auxquels a contribué monsieur Latreille,<br />
mentionnons-en quelques-uns ayant reçu des prix d’excellence : le campus<br />
de HEC Montréal, le parc des Écluses dans le Vieux-Port de Montréal et le<br />
parcours d’honneur de la capitale nationale. En 2005, il a été nommé membre<br />
de l’Ordre des associés de l’AAPC.<br />
Détenteur d’un baccalauréat en architecture de l’Université McGill, Marc-André<br />
Carignan a développé au cours des dernières années non seulement une<br />
préoccupation, mais également un instinct à l’égard de la protection des<br />
paysages dans ses analyses publiques en matière d’aménagement.<br />
Ami de l’<strong>AAPQ</strong>, Marc-André Carignan a participé aux différents débats<br />
engagés par notre association, tant à l’occasion de nos congrès annuels<br />
que de nos « rendez-vous ».<br />
Ses chroniques ou séries documentaires rappellent à chaque occasion<br />
l’importance de l’intégration des composantes de la transformation urbaine,<br />
dont le paysage, comme réponse aux enjeux de la ville contemporaine. Sa<br />
capacité à fédérer les acteurs sur la question de la protection du paysage<br />
urbain dans le projet du REM de l’Est à Montréal est un exemple éloquent<br />
de son leadership.<br />
Prix <strong>AAPQ</strong> de l’excellence étudiante<br />
Remis dans le cadre de l’Exposition des finissants<br />
de l’Université de Montréal pour la qualité<br />
et l’excellence d’un projet étudiant de fin d’études<br />
Ferme Raven Oak<br />
Un agroécosystème à vivre et à déguster<br />
Ferme Raven Oak : Un agroécosystème<br />
à vivre et à déguster<br />
Jean-François Légaré<br />
86 PAYSAGES — No 17
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU CANADA (AAPC)<br />
PRIX DE RECONNAISSANCE<br />
PRIX D'EXCELLENCE<br />
Catégorie Prix d’excellence<br />
pour l’ensemble de ses réalisations<br />
Danièle Routaboule<br />
Ce prix honore un membre de l’AAPC<br />
dont les réalisations et les contributions<br />
à la profession ont eu un impact<br />
unique et durable sur le bien-être du<br />
public et sur l'environnement.<br />
ORDRE DES ASSOCIÉS<br />
Catégories Exécution des travaux<br />
en architecture de paysage<br />
et Enseignement universitaire professionnel<br />
Bernard St-Denis<br />
Titre honorifique attribué aux personnes<br />
qui sont membres de l’AAPC<br />
depuis au moins 12 ans et qui ont<br />
apporté une contribution remarquable<br />
à la profession de par leur excellence<br />
dans un ou plusieurs domaines<br />
Danièle Routaboule<br />
Daniel St-Denis<br />
Prix national<br />
<strong>Paysages</strong> publics à petite échelle<br />
Place Alice Girard<br />
NIPPAYSAGE architectes<br />
paysagistes et EXP. architecture<br />
de paysage et ingénierie<br />
Prix national<br />
Communication<br />
Mémoires d’architectes<br />
paysagistes pionniers<br />
du Québec et de l’Ontario<br />
EVOQ Architecture de paysage<br />
(auparavant ARCADIA STUDIO)<br />
Prix national<br />
Planification et analyse<br />
Corridor de la biodiversité,<br />
arrondissement de Saint-<br />
Laurent, Montréal<br />
Civiliti, LAND Italia, Table<br />
Architecture, Biodiversité conseil<br />
Prix national<br />
Planification et analyse<br />
Projet paysage de la MRC<br />
Brome-Missisquoi<br />
Les Mille Lieux, coopérative<br />
de travail<br />
Prix national<br />
Planification et analyse<br />
Sève<br />
Collectif Escargo<br />
AAPC AAPC AAPC AAPC AAPC<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
87
AGENCE PID<br />
GRAND PRIX DU DESIGN<br />
Prix Hommage<br />
Malaka Ackaoui et Vincent<br />
Asselin, WAA+<br />
Remis pour l’ensemble de<br />
leur carrière lors d’un gala tenu<br />
à Québec en septembre 2021.<br />
AGENCE PID<br />
Platine<br />
Catégorie Architecture de paysage<br />
de projet commercial<br />
The Crystal //<br />
The conservatory @ Raffles<br />
City Chongqing<br />
WAA+<br />
WAA+<br />
Grand Prix international | Platine<br />
Catégorie Architecture de paysage de projet<br />
culturel & institutionnel<br />
Centrale électrique<br />
de l’Université McGill<br />
WAA+<br />
Grand Prix<br />
Catégorie Architecture de paysage de projet<br />
à caractère environnemental<br />
De stationnement à place<br />
publique résiliente<br />
Atelier Ublo et la ville<br />
de Neuville<br />
Grand Prix<br />
Catégorie Architecture de paysage résidentielle<br />
Pur<br />
Équipe Logan & Josiane Léger<br />
WAA-Montréal<br />
AGENCE PID<br />
AGENCE PID<br />
Platine<br />
Catégorie design urbain<br />
Avenue McGill College<br />
civiliti + Mandaworks<br />
+ SNC-Lavalin<br />
Platine<br />
Catégorie rue piétonne ou partagée<br />
Rue partagée Leacock<br />
EVOQ Architecture<br />
Platine<br />
Catégorie Concept en paysage<br />
et/ou développement urbain<br />
Sève<br />
Collectif Escargo<br />
AGENCE PID AGENCE PID<br />
AGENCE PID<br />
Platine<br />
Catégorie Design industriel / Mobilier urbain<br />
Espace 67,<br />
Parc Jean-Drapeau<br />
Lemay<br />
Loïc Surprenant<br />
Pour les projets lauréats des catégories<br />
or, argent et bronze, voir int.design<br />
Platine<br />
Catégorie Architecture de paysage<br />
de projet commercial<br />
Le Campus Simons<br />
Groupe BC2<br />
Damien Ligiardi<br />
88 PAYSAGES — No 17
ASSOCIATION DES PAYSAGISTES<br />
PROFESSIONNELS DU QUÉBEC (APPQ)<br />
CONCOURS D’AMÉNAGEMENT PAYSAGER<br />
PRIX HABITAT DESIGN<br />
ARCHITECTURE DE PAYSAGE<br />
Catégorie Aménagement de prestige 300 000 $<br />
et plus | 1 er prix + Prix Milan Havlin<br />
Perché sur le cap rocheux<br />
Annie Robinson, Christian<br />
Bilodeau, Stuart Webster<br />
Angus McRitchie<br />
Catégorie Aménagement de prestige 150 000 $<br />
à 300 000 $ | 1 er prix<br />
Sorties extérieures<br />
Art & Jardins<br />
Jean-Claude Hurni<br />
Grand prix<br />
Catégorie Complexe multirésidentiel<br />
Tour des Canadiens 3 (Ville-Marie)<br />
Ziad Haddad / WAA Montréal<br />
WAA-Montréal<br />
Catégorie Des façades invitantes 20 000 $<br />
et moins | 1 er prix<br />
À la bostonnaise<br />
Aline Gravel<br />
Bernard Dagenais<br />
Catégorie Des façades invitantes 20 000 $<br />
et plus | 1 er prix<br />
Le sentier fleuri<br />
Annie Robinson<br />
et Stuart Webster<br />
Drew Hadley<br />
Grand prix<br />
Catégorie Unifamilial<br />
Le Jardin des Duburcq-Douilliez, région d’Orford<br />
Stéphanie Desmeules / <strong>Paysages</strong> Spirituels et Thérapeutiques<br />
Prix Habitat Design<br />
Catégorie Le béton à son meilleur | 1 er prix<br />
Prix Permacon<br />
Simplicité<br />
Eliane Arbique<br />
Pour les projets lauréats d’un 2e prix<br />
ou d’une mention, voir appq.org<br />
Prix Habitat Design<br />
Prix Rinox de la relève<br />
en architecture de paysage<br />
Francis Laforest<br />
Catherine Fernet, présidente de l’<strong>AAPQ</strong>, Francis Laforest, diplômé de maîtrise<br />
en architecture de paysage, et Carlos Palma, représentant de Rinox<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
89
FACULTÉ DE L’AMÉNAGEMENT,<br />
UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL<br />
JALON<br />
PRIX DE LA MOBILITÉ<br />
BOURSE D'EXCELLENCE EN ARCHITECTURE<br />
DE PAYSAGE PROVENCHER_ROY<br />
Layal Brunet (baccalauréat)<br />
COUP DE CŒUR RÉAP<br />
Catégorie Baccalauréat<br />
Guillaume Adrian Rocheleau,<br />
Lucas Conan, Hanna<br />
Vorontsova et Guillaume<br />
Bernier<br />
Catégorie Maîtrise<br />
Shahidah Hanif Syedah<br />
Mobilité active<br />
L’axe Berri–Lajeunesse–Saint-Denis<br />
du Réseau Express Vélo (REV)<br />
Ville de Montréal / Isabelle Guy<br />
ASSOCIATION DES FIRMES<br />
DE GÉNIE-CONSEIL QUÉBEC (AFG)<br />
PRIX BC2 - JEAN-MARC LATREILLE<br />
Émilie Brown-Pothitos, Marilou Fanoy<br />
et Clémence Grootenboer (en équipe)<br />
Grand Prix | Infrastructures urbaines<br />
Réaménagement durable<br />
de la rue Papineau<br />
EXP<br />
PRIX DE L’OBSERVATOIRE IVANHOÉ CAMBRIDGE<br />
ARCHITECTURE DE PAYSAGE<br />
Florence Harvey, Timophei Kirpitchnikov<br />
et Alicia Voronin (en équipe – baccalauréat)<br />
PRIX D’EXCELLENCE EN CONNAISSANCES<br />
TECHNIQUES CYCLONE<br />
Catherine Morin-Bazinet<br />
VILLE DE QUÉBEC<br />
MÉRITES D’ARCHITECTURE<br />
PRIX D’EXCELLENCE LUMENPULSE<br />
Andréanne Bernard, Anne-Marie Dubé<br />
et William Blais (en équipe)<br />
PRIX DU DIRECTEUR DE L'ÉCOLE<br />
Catégorie Baccalauréat<br />
Layal Brunet<br />
Catégorie Maîtrise<br />
Ekaterina Frank<br />
PRIX INSTITUT DE DESIGN MONTRÉAL CAROLINE-FINK<br />
Bénédicte Simard (maîtrise)<br />
Patrimoine et Prix du public | Prix spécial du jury<br />
Place des canotiers<br />
Daoust Lestage + ABCP<br />
Stéphane Groleau<br />
90 PAYSAGES — No 17
ARCHITECTURE MASTERPRIZE<br />
AZURE<br />
AZ AWARDS<br />
Landscape Architecture | Public | Best of the best<br />
Parcs-nature de Montréal<br />
Lemay<br />
Lemay Lemay<br />
People’s Choice | Unbuild Projects<br />
Théâtre de verdure<br />
Lemay<br />
ARCHITECT’S NEWSPAPER<br />
BEST OF DESIGN AWARDS<br />
Lemay<br />
Urban Design<br />
Place des Montréalaises<br />
Lemay + Angela Silver + SNC Lavalin<br />
Lemay<br />
WORLD LANDSCAPE ARCHITECTURE (WLA)<br />
Unbuilt Landscape | Honorable Mentions<br />
Hypernature 066<br />
Lemay<br />
Concept – Design Category | Honorable mention<br />
Avenue McGill College<br />
civiliti + MANDAWORKS<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
91
Répertoire<br />
des bureaux<br />
A2DESIGN<br />
2810, boul. Saint-Martin Est, bur. 200<br />
Laval, QC, H7E 4Y6<br />
Faber Cayouette<br />
514 270-9082<br />
a2-design.com<br />
AECOM<br />
85, rue Sainte-Catherine Ouest<br />
Montréal, QC, H2X 3P4<br />
Serge Poitras<br />
514 798-7901<br />
aecom.com/ca/fr/<br />
AECOM<br />
4700, boul. Wilfrid-Hamel<br />
Québec, QC, G1P 2J9<br />
Jean-François Rolland<br />
581 628-8666<br />
aecom.com/ca/fr/<br />
Agence RELIEFDESIGN<br />
5795, av. de Gaspé, bur. 207<br />
Montréal, QC, H2S 2X3<br />
Jean-François Veilleux<br />
514 500-3605<br />
reliefdesign.ca<br />
Annie Grenon<br />
Architecte paysagiste<br />
1070, rang du Petit-Bois<br />
Louiseville, QC, J5V 2R3<br />
Annie Grenon<br />
819 690-6100<br />
Art & Jardins Conception<br />
174, rue de l'Église sud<br />
Saint-Marcel-de-Richelieu, QC, J0H 1T0<br />
Marie-Andrée Fortier<br />
450 794-2118<br />
artetjardins.com<br />
Atelier Paysage Design Urbain<br />
8955, rue Parent<br />
Lasalle, QC, H8R 3Y7<br />
Mark Talarico<br />
514 691-7771<br />
BC2 Groupe Conseil Inc.<br />
85, rue Saint-Paul Ouest, bur. 300<br />
Montréal, QC, H2Y 3V4<br />
Isabelle Séguin<br />
514 507-3600<br />
groupebc2.ca<br />
BC2 Groupe Conseil Inc.<br />
622, rue Saint-Joseph Est, bur. 300<br />
Québec, QC, G1K 3B9<br />
Edith Normandeau<br />
418 914-1508<br />
groupebc2.ca<br />
Bérénice Inc.<br />
3805, chemin Saint-Louis<br />
Québec, QC, G1W 1T6<br />
Bérénice Simard<br />
418 658-1372<br />
BMA Architecture de paysage<br />
971, boul. Du Curé-Labelle, bur. 210<br />
Blainville, QC, J7C 2L8<br />
Martin Maurice<br />
514 990-2930<br />
bmapaysage.com<br />
civiliti<br />
5778, rue Saint-André<br />
Montréal, QC, H2S 2K1<br />
Peter Soland<br />
514 402-9353<br />
civiliti.com<br />
Claire Filteau<br />
Architecte paysagiste<br />
1325, rue Haldimand<br />
Gaspé, QC, G4X 2J9<br />
Claire Filteau<br />
418 368-2575<br />
Claude Cormier et Associés<br />
1223, rue des Carrières, studio A<br />
Montréal, QC, H2S 2B1<br />
Claude Cormier<br />
514 849-8262<br />
claudecormier.com<br />
Conception Paysage<br />
2575, av. Bourgogne<br />
Chambly, QC, J3L 2A9<br />
Nancy Sanders<br />
514 990-4573<br />
conceptionpaysage.com<br />
Courchesne architecte paysagiste<br />
270, rue du Régent<br />
Deux-Montagnes, QC, J7R 3V3<br />
Karine Courchesne<br />
450 472-9162<br />
Daoust Lestage Inc.<br />
3575, boul. Saint-Laurent, bur. 710<br />
Montréal, QC, H2X 2T7<br />
Lucie Bibeau<br />
514 982-0877<br />
daoustlestage.com<br />
Denis Massie<br />
Architecte paysagiste<br />
350, boul. Riel<br />
Gatineau, QC, J8Z 1B2<br />
Denis Massie<br />
819 770-5132<br />
denismassie.com<br />
Diane Allie<br />
Architecte paysagiste<br />
508, chemin de l’Anse<br />
Vaudreuil-Dorion, QC, J7V 8P3<br />
Diane Allie<br />
514 830-7930<br />
dianealliepaysage.com<br />
Duo Design<br />
530, boul. de l'Atrium, bur. 201F<br />
Québec, QC, G1H 7H1<br />
Claude Lachance<br />
418 688-7787<br />
duodesign.ca<br />
EVOQ ARCHITECTURE<br />
1435, rue Saint-Alexandre, bur. 1000<br />
Montréal, QC, H3A 2G4<br />
Isabelle Giasson<br />
514 393-9490<br />
evoqarchitecture.com<br />
Expertise Sports Design LG<br />
247, rue De Gentilly Ouest<br />
Longueuil, QC, J4H 1Z5<br />
Luc Gionet<br />
450 332-0735<br />
sportsdesign.ca<br />
EXT conseil<br />
995, rue Melançon<br />
Chicoutimi, QC, G7H 1N8<br />
Elena Angelucci<br />
418 490-0167<br />
extconseil.com<br />
Fahey et associés<br />
740, rue Notre-Dame Ouest, bur. 1501<br />
Montréal, QC, H3C 3X6<br />
Michel Gauthier<br />
514 939-9399<br />
fahey.ca<br />
Fauteux et associés<br />
Architectes paysagistes<br />
3981, boul. Saint-Laurent, bur. 502<br />
Montréal, QC, H2W 1Y5<br />
Marc Fauteux<br />
514 842-5553<br />
fauteux.ca<br />
FNX-INNOV<br />
433, rue Chabanel Ouest, 12 e étage<br />
Montréal, QC, H2N 2J8<br />
Donald Girard<br />
514 982-6001<br />
fnx-innov.com<br />
FOLIAISON<br />
6538, place Beaubien<br />
Montréal, QC, H1M 3V8<br />
Marie-B. Pasquier<br />
514 692-6309<br />
Fortier Design<br />
2774, rue du Trotteur<br />
Saint-Lazare, QC, J7T 3M2<br />
Marie-Eve Fortier<br />
514 825-2695<br />
fortierdesign.com<br />
92 PAYSAGES — No 17
François Courville<br />
Architecte paysagiste<br />
8613, chemin Royal<br />
Sainte-Pétronille, QC, G0A 4C0<br />
François Courville<br />
418 655-2678<br />
francoiscourville.com<br />
GMAD – Groupe Marchand<br />
Architecture & Design<br />
1700-555, boul. René-Lévesque Ouest<br />
Montréal, QC, H2Z 1B1<br />
Maxime Vignolles<br />
514 904-2878<br />
gmad.ca<br />
HETA Hodgins & Associés<br />
Architectes paysagistes<br />
4496, rue Sainte-Catherine Ouest<br />
Westmount, QC, H3Z 1R7<br />
Myke K. Hodgins<br />
514 989-2391<br />
heta.ca<br />
Hybride Paysage<br />
Sainte-Julie, QC<br />
Marie-Pierre Labelle<br />
450 649-6617<br />
hybridepaysage.com<br />
Karyne Architecte<br />
paysagiste (kap) Inc.<br />
4080, boulevard Le Corbusier, bur. 102<br />
Laval, QC, H7L 5R2<br />
Karyne Ouellet<br />
514 875-2103<br />
kapqc.com<br />
Lashley + Associés Corporation<br />
5445, av. de Gaspé, bur. 710<br />
Montréal, QC, H2T 3B2<br />
David Lashley<br />
514 274-2555<br />
lashleyla.com<br />
Le Groupe Élise Beauregard<br />
et collaborateurs ELBC<br />
360, Saint-François-Xavier, bur. 200<br />
Montréal, QC, H2Y 2S8<br />
Élise Beauregard<br />
514 824-0332<br />
elisebeauregard.com<br />
Lemay Co. Inc.<br />
3500, rue Saint-Jacques<br />
Montréal, QC, H4C 1H2<br />
Lucie St-Pierre<br />
514 932-5101<br />
lemay.com<br />
Lemay Co. Inc.<br />
734, rue Saint-Joseph Est, 4 e étage<br />
Québec, QC, G1K 3C3<br />
Lucie St-Pierre<br />
418 559-9845<br />
lemay.com<br />
Les <strong>Paysages</strong> VerduRoy<br />
72, rue Principale<br />
Granby, QC, J2G 2T4<br />
Samuel Roy<br />
450 777-0926<br />
verduroy.com<br />
Les Services EXP<br />
920, boul. Saint-Joseph, bur. 105<br />
Gatineau, QC, J8Z 1S9<br />
Marie-Philippe McInnes<br />
819 778-1770<br />
exp.com<br />
Les Services EXP<br />
30, rue Dufferin<br />
Granby, QC, J2G 4W6<br />
André Turcot<br />
450 978-3322<br />
exp.com<br />
Les Services EXP<br />
1001, boul. de Maisonneuve Ouest, bur. 800<br />
Montréal, QC, H3A 3C8<br />
Sébastien Pinard<br />
514 931-1080<br />
exp.com<br />
Les Services EXP<br />
150, rue de Vimy<br />
Sherbrooke, QC, J1J 3M7<br />
Marc-André Brochu<br />
819 562-3871<br />
exp.com<br />
Marie Frédéric<br />
5301, rue Lafond<br />
Montréal, QC, H1X 3G6<br />
Marie Frédéric<br />
514 725-8055<br />
Martel Paysagiste<br />
1101, rue Coulombe<br />
Sainte-Julie, QC, J3E 0C2<br />
Michel Martel<br />
450 649-4604<br />
martelpaysagiste.com<br />
Méta + Forme paysages<br />
1302, rue Fleury Est<br />
Montréal, QC, H2C 1R3<br />
André Émond<br />
514 384-1114<br />
metaforme.qc.ca<br />
Michèle Soucy<br />
Architecte paysagiste<br />
401-152, rue Gary-Carter<br />
Montréal, QC, H2R 2V7<br />
Michèle Soucy<br />
514 524-0074<br />
michelesoucy.ca<br />
Mille-feuille<br />
Architecture de paysage<br />
783, chemin du Collège<br />
Dunham, QC, J0E 1M0<br />
Virginie Hébert<br />
450 330-2888<br />
mille-feuille.ca<br />
Mousse Architecture de paysage<br />
5243, rue Clark<br />
Montréal, QC, H2T 2V3<br />
Charlotte Gaudette<br />
514 274-2897<br />
mousse.ca<br />
NIPPAYSAGE<br />
6889, boul. Saint-Laurent, bur. 3<br />
Montréal, QC, H2S 3C9<br />
Mélanie Mignault<br />
514 272-6626<br />
nippaysage.ca<br />
Nvira Environnement Inc.<br />
5165, rue John-Molson, bur. 100<br />
Québec, QC, G1X 3X4<br />
Nadège Tchuente<br />
1 877 809-5478<br />
nvira.com<br />
Nvira Environnement Inc.<br />
101, boul. Marcel-Laurin, bur. 100<br />
Saint-Laurent, QC, H4N 2M3<br />
Nadège Tchuente<br />
1 877 809-5478<br />
nvira.com<br />
Opaysage Architectes Paysagistes<br />
885, rue Saint-François-Xavier<br />
Terrebonne, QC, J6W 1H1<br />
Jean-Michel Bédard<br />
450 471-0084<br />
opaysage.ca<br />
OPTION aménagement<br />
225, rue Saint-Vallier Est<br />
Québec, QC, G1K 3P2<br />
André Nadeau<br />
418 640-0519<br />
optionamenagement.com<br />
Paré + Associés<br />
2990, av. Pierre-Péladeau, bur. 400<br />
Laval, QC, H7T 3B3<br />
Nicole Charbonneau<br />
450 686-9494<br />
pare.plus<br />
PDADESIGN<br />
80, rue Hector-Joly<br />
Blainville, QC, J7C 0E2<br />
Martin Ducharme<br />
450 434-9600<br />
pdadesign.com<br />
Petrone Architecture<br />
4501, rue Bishop, bur. 301<br />
Longueuil, QC, J3Y 9E1<br />
Mario V. Petrone<br />
450 676-8899<br />
petronearchitecture.com<br />
Pratte Paysage +<br />
552, route de la Seigneurie<br />
Saint-Roch-des-Aulnaies, QC, G0R 4E0<br />
Marjorie Pratte<br />
581 664-8019<br />
prattepaysage.com<br />
Projet Paysage<br />
24, av. du Mont-Royal Ouest, bur. 801<br />
Montréal, QC, H2T 2S2<br />
Serge Gallant<br />
514 849-7700<br />
projetpaysage.com<br />
Provencher Roy + Associés<br />
Architectes Inc.<br />
276, Saint-Jacques, bur. 700<br />
Montréal, QC, H2Y 1N3<br />
Hélio Araujo<br />
514 844-3938<br />
provencherroy.ca<br />
Richard Bélisle<br />
18, Allée des sommets<br />
Bolton-Ouest, QC, J0E 2T0<br />
Richard Bélisle<br />
450 242-2222<br />
richardbelisle.com<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
93
RobitailleCurtis<br />
300, av. Victoria, bur. 01<br />
Westmount, QC, H3Z 2M8<br />
Sophie Robitaille<br />
514 508-9950<br />
robitaillecurtis.com<br />
Rousseau Lefebvre<br />
2030, boul. Pie-IX, bur. 403<br />
Montréal, QC, H1V 2C8<br />
Daniel Lefebvre<br />
514 523-9559<br />
rousseau-lefebvre.com<br />
Rousseau Lefebvre<br />
100, rue Tourangeau Est<br />
Laval, QC, H7G 1L1<br />
Michel Rousseau<br />
450 663-2145<br />
rousseau-lefebvre.com<br />
Stantec Experts-conseils<br />
200-555, boul. René-Lévesque Ouest<br />
Montréal, QC, H2Z 1B1<br />
André Arata<br />
514 281-1010<br />
stantec.com<br />
Stantec Experts-conseils<br />
250-1260, boul. Lebourgneuf<br />
Québec, QC, G2K 2G2<br />
André Arata<br />
418 626-2054<br />
stantec.com<br />
Stéphanie Desmeules <strong>Paysages</strong><br />
Spirituels & Thérapeutiques<br />
915, rue du Mont-Girard<br />
Saint-Denis-de-Brompton, QC, J0B 2P0<br />
Stéphanie Desmeules<br />
819 276-1003<br />
stephaniedesmeules.com<br />
turquoise design<br />
4529, rue Clark, bur. 300<br />
Montréal, QC, H2T 2T3<br />
Gilles Hanicot<br />
514 500-7514<br />
turquoisedesign.ca<br />
Version Paysage<br />
372, Sainte-Catherine Ouest, bur. 218<br />
Montréal, QC, H3B 1A2<br />
Jean-Jacques Binoux<br />
514 499-7083<br />
versionpaysage.ca<br />
Vlan <strong>Paysages</strong><br />
24, av. du Mont-Royal Ouest<br />
Montréal, QC, H2T 2S2<br />
Julie St-Arnault<br />
514 399-9889<br />
vlanpaysages.ca<br />
WAA Montréal<br />
55, av. du Mont-Royal Ouest, bur. 805<br />
Montréal, QC, H2T 2S6<br />
Ziad Haddad<br />
514 939-2106<br />
waa-ap.com<br />
WSP<br />
1600, boul. René-Lévesque Ouest,<br />
11 e étage<br />
Montréal, QC, H3H 1P9<br />
Anouar Bouzir<br />
514 340-0046<br />
wsp.com<br />
Yves Poitevin B.A.P. Consultant<br />
721, rue Mathys<br />
Deux-Montagnes, QC, J7R 6E4<br />
Yves Poitevin<br />
514 865-1792<br />
Stuart Webster Design<br />
5794, place Turcot, bur. 200<br />
Montréal, QC, H4C 1W3<br />
Stuart Webster<br />
514 876-0178<br />
swdla.com<br />
Sylvie Godin<br />
Architecte paysagiste<br />
5482, 2 e avenue<br />
Montréal, QC, H1Y 2Y3<br />
Sylvie Godin<br />
514 830-2530<br />
archpays.ca<br />
Trame Architecture + Paysage<br />
80, rue Mgr-Tessier Est, bur. 202<br />
Rouyn-Noranda, QC, J9X 3B9<br />
Jean-François Bélanger<br />
819 762-2328<br />
trame.qc.ca<br />
Trépanier Architecture de paysage<br />
T.A.P.<br />
4993, rue Ambroise-Lafortune<br />
Boisbriand, QC, J7H 0A4<br />
Robert Trépanier<br />
450 621-1555<br />
paysagetap.com<br />
94 PAYSAGES — No 17
À la recherche d'un<br />
architecte<br />
paysagiste?<br />
ARCHITECTURE DE PAYSAGE<br />
aapq.org/repertoire/<br />
DESIGN URBAIN<br />
URBANISME<br />
Consultez la liste complète de tous<br />
les membres agréés et stagiaires de<br />
l’<strong>AAPQ</strong> en effectuant une recherche<br />
par catégories ou par régions!<br />
archpaysage-designurbain@aecom.com<br />
aecom.ca<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
95
evoqarchitecture.com<br />
info@evoqarchitecture.com<br />
COUR DE L’ÉCOLE<br />
DES URSULINES<br />
vieux-québec<br />
lieu historique national du canada<br />
du monastère-des-ursulines<br />
• Préservation et mise en valeur<br />
du verger patrimonial<br />
• Excavation supervisée<br />
par des archéologues<br />
• Aménagement de plateaux<br />
sportifs sur plusieurs niveaux<br />
• Création d’un parcours<br />
ludique de jeux de cordes<br />
intégrés au décor naturel<br />
• Construction d’une classe<br />
extérieure en gradins<br />
de pierre calcaire<br />
Parcs | Design urbain | Récréotourisme<br />
Mise en valeur | Études de paysage<br />
© Yanick Desbiens, Jardins de l’Espace René-Lévesque, New-Carlisle<br />
OPTIONamenagement.com<br />
<strong>AAPQ</strong>-<strong>2022</strong>.indd 1 2021-12-09 09:07:50<br />
96 PAYSAGES — No 17
Des milieux<br />
de vie<br />
réinventés<br />
fahey.ca<br />
Écoquartier Louvain Est<br />
Arrondissement Ahuntsic-Cartierville, Montréal<br />
F-PROD_CIV027 <strong>AAPQ</strong>_7.75x5.25_2021-12-15.pdf 1 2021-12-15 3:33 PM<br />
C<br />
M<br />
Y<br />
CM<br />
MY<br />
CY<br />
… AU CŒUR DES QUARTIERS<br />
DE MONTRÉAL<br />
CMY<br />
K<br />
civiliti.com<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
97
GRANDS PRIX DU DESIGN | Design urbain<br />
Plan de mise en valeur des rivières de Québec<br />
(en collaboration avec la Ville de Québec)<br />
1-866-311-8281<br />
rousseau-lefebvre.com<br />
Place Alice-Girard, MIL Montréal<br />
collaboration : EXP<br />
art public : Patrick Bernatchez<br />
© Bernard St-Denis<br />
Mathieu Casavant<br />
Josée Labelle<br />
Michel Langevin<br />
Mélanie Mignault<br />
Claude Cournoyer<br />
Benjamin Deshaies<br />
Mélanie Pelchat<br />
Catherine Blain<br />
Pauline Gayaud<br />
Anouk Bergeron-Archambault<br />
Chloé Lamontagne-Girard<br />
Marianne Lafontaine-Chicha<br />
Renée Chamberland<br />
Claudia Fabbricatore<br />
Guillaume Archambault-Lelièvre<br />
Audrey Labbé<br />
98 PAYSAGES — No 17
Obtenez la primeur sur<br />
les nouveautés extérieures<br />
Des chaises qui vous invitent à vous asseoir et à rester un<br />
moment. ALUM vous offre tout ce qu’il faut pour concevoir<br />
des espaces qui font sourire. Chaque pièce ALUM est<br />
fabriquée à partir d’une seule feuille d’aluminium, avec<br />
pour résultat un profil ultra-mince et des lignes épurées<br />
captivantes.<br />
®<br />
800.716.5506 | www.maglin.com/fr<br />
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
99
DONNER VIE AUX ESPACES AVEC DU<br />
MOBILIER URBAIN FAIT POUR DURER.<br />
DESIGN<br />
DURABILITÉ<br />
EXPERTISE<br />
1 800 363-9264 | equiparc.com