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Paysages 2022 - AAPQ

Revue annuelle de l'AAPQ. Édition 2022.

Revue annuelle de l'AAPQ. Édition 2022.

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LA REVUE ANNUELLE DE L’ASSOCIATION<br />

DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

No ○ 17<br />

LA MISE EN VALEUR<br />

DES PAYSAGES<br />

ET LEUR PROTECTION


Formation offerte<br />

sur les terreaux<br />

pour la gestion<br />

des eaux pluviales<br />

Contactez Émilie Chagnon<br />

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4 PAYSAGES — No 17


Éditeur<br />

Association des architectes<br />

paysagistes du Québec<br />

420, rue McGill, bureau 406<br />

Montréal (Québec) H2Y 2G1<br />

—<br />

Direction éditoriale<br />

et de production<br />

Louise Vachon<br />

Catherine Fernet<br />

—<br />

Révision des textes<br />

Sylvie Lemay<br />

—<br />

Soutien administratif<br />

Nancy Bond<br />

—<br />

Direction artistique<br />

et design graphique<br />

Le Séisme<br />

—<br />

Page couverture<br />

et illustrations<br />

Julien Posture, illustrateur<br />

—<br />

Impression<br />

Héon et Nadeau<br />

—<br />

Publicité<br />

514 526-6385<br />

info@aapq.org<br />

Recevoir vos commentaires, questions<br />

et suggestions est toujours un privilège.<br />

Écrivez-nous !<br />

info@aapq.org<br />

—<br />

facebook.com/pageaapq<br />

Tous droits réservés<br />

ISSN 1911-8554<br />

Reproduction interdite sans l’autorisation<br />

de l’<strong>AAPQ</strong>. PAYSAGES, la revue annuelle<br />

de l’Association des architectes paysagistes<br />

du Québec, est publiée une fois par année.<br />

La publication dans ses pages d’annonces de<br />

type publireportage et de publicités ne signifie<br />

pas que l’<strong>AAPQ</strong> recommande ces produits<br />

et/ou services. Les opinions et idées contenues<br />

dans les articles n’engagent la responsabilité<br />

que de leurs auteurs.<br />

La couverture est imprimée sur du papier<br />

RollandOpaqueMC contenant 30 % de fibres<br />

recyclées postconsommation, fabriqué à partir<br />

d’énergie issue du biogaz, procédé ECF, certifié<br />

FSC ® . Les pages intérieures sont imprimées sur<br />

du papier HUSKY OFFSET 140M, certifié FSC ® .<br />

07 – 55 56 – 75<br />

LA MISE EN VALEUR<br />

DES PAYSAGES<br />

ET LEUR PROTECTION<br />

07 Mot de la présidente<br />

10 Collaboration<br />

12 Points de vue sur le paysage<br />

CHANTAL PRUD’HOMME<br />

14 Désignation et catégorisation<br />

des paysages culturels patrimoniaux<br />

ISABELLE GIASSON<br />

18 Les quatre défis de la pratique<br />

du grand paysage pour<br />

l’architecte paysagiste<br />

LOUIS-PHILIPPE ROUSSELLE-BROSSEAU<br />

22 Potentiel panoramique<br />

du contrefort appalachien,<br />

MRC d’Arthabaska<br />

CÉLINE BONNOT<br />

26 Connaître la valeur économique<br />

des paysages pour en assurer<br />

la protection et la mise en valeur<br />

SOPHIE DEBLOIS<br />

30 La mise en valeur et la protection<br />

de paysages<br />

ÉLAINE GENEST<br />

34 Superpositions, connexions<br />

et médiations, la réémergence<br />

d’un grand parc urbain<br />

JONATHAN CHA<br />

38 Un campus au futur antérieur :<br />

quand l’étude du patrimoine<br />

oriente le développement<br />

CAMILLE PLOURDE-LESCELLEUR<br />

42 La conservation et la mise en valeur<br />

du patrimoine comme moyens<br />

de révéler l’identité de nos paysages<br />

MIRA HAIDAR, MICHELINE CLOUARD,<br />

JULIE ST-ARNAULT<br />

RÉPERTOIRE<br />

DES ANNONCEURS<br />

76 – 95<br />

NOUVELLES<br />

DE L'ASSOCIATION<br />

79 Mot de la directrice générale<br />

80 Conseil et comités <strong>AAPQ</strong><br />

81 Activités 2021<br />

85 Nouveaux membres<br />

86 Lauréats 2021<br />

92 Répertoire des bureaux<br />

46 Le paysage culturel de Wendake :<br />

valoriser et célébrer l’identité<br />

MARIE-FRANCE TURGEON<br />

50 Le paysage humanisé<br />

de L’Île-Bizard<br />

SABINE COURCIER<br />

53 Quelques enseignements à tirer<br />

de l’observatoire photographique<br />

des paysages de Memphrémagog<br />

GÉRALD DOMON<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

5


6 PAYSAGES — No 17


MOT DE LA PRÉSIDENTE<br />

NOS PAYSAGES, NOTRE FIERTÉ<br />

CATHERINE FERNET<br />

PRÉSIDENTE DE L’<strong>AAPQ</strong><br />

Cette année s’annonce très chargée en émotions à la perspective de la parution<br />

au printemps de la première Politique nationale d’architecture et d’aménagement<br />

du territoire au Québec.<br />

L’<strong>AAPQ</strong> a assisté à de multiples rencontres ces derniers mois, tant dans le<br />

cadre du comité consultatif mis sur pied par le gouvernement pour recueillir<br />

les commentaires des parties prenantes qu’auprès de l’Alliance ARIANE pour<br />

la préparation du Sommet québécois de l’aménagement du territoire tenu en<br />

janvier dernier. Notre implication a permis d’échanger sur plusieurs sujets liés au<br />

paysage, entre autres l’intégration architecturale, les changements climatiques,<br />

la conservation du patrimoine paysager, et l’identité culturelle et territoriale liée<br />

aux paysages. Bref, nous avons pu nous prononcer sur l’importance de ces<br />

enjeux pour informer le gouvernement et l’appuyer afin d’en arriver à une vision<br />

commune en matière de paysage.<br />

Quels paysages voulons-nous admirer lorsque nous nous déplaçons tant en<br />

milieu urbain qu’en milieu agricole ? Quelles interventions sur le paysage vous<br />

semblent inappropriées ? Quel est un bon projet d’intégration architecturale ou<br />

d’infrastructure ? Quelle est la valeur du paysage ? Il est primordial que chacun<br />

d’entre nous puisse répondre à ces questions si nous voulons que les paysages<br />

du Québec évoluent vers des paysages qui nous représentent, qui se distinguent<br />

par les caractéristiques de chacune de nos communautés et qui reflètent ce que<br />

nous voulons montrer au reste du monde !<br />

Vous trouverez dans cette édition de la revue PAYSAGES une partie des<br />

réponses à ces questions. Les articles qu’elle contient vous captiveront et<br />

vous éclaireront sur la manière dont les architectes paysagistes identifient les<br />

transformations qui s’opèrent sur le territoire québécois et sur la façon dont ils<br />

entrevoient la cohabitation de la mise en valeur, de la protection des paysages et<br />

du développement.<br />

Je vous laisse donc à vos lectures, chers collègues et amis, et vous invite à vous<br />

mobiliser et à vous faire entendre sur l’importance de servir les intérêts de nos<br />

paysages, car ils contribuent à forger notre identité territoriale collective.<br />

Bonne lecture !<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

7


LA MISE<br />

EN VALEUR<br />

DES<br />

PAYSAGES<br />

Section<br />

1<br />

ET LEUR<br />

PROTECTION<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

9


COLLABORATION<br />

PLANIFICATION DES PAYSAGES<br />

Points de vue sur le paysage<br />

Chantal Prud'Homme<br />

Architecte paysagiste de formation, Chantal<br />

Prud’Homme a développé une expérience unique<br />

en patrimoine et en paysage. Elle a occupé<br />

notamment le poste de vice-présidente du Conseil<br />

du paysage québécois, réalisé de nombreuses<br />

études dans diverses régions du Québec et collaboré<br />

à des ouvrages, dont le Manuel de bonnes<br />

pratiques, <strong>Paysages</strong> du Québec pour <strong>Paysages</strong><br />

estriens et l’Atlas du paysage du mont Royal.<br />

PATRIMOINE<br />

Désignation et catégorisation<br />

des paysages culturels patrimoniaux<br />

PAYSAGE RÉGIONAL<br />

Les quatre défis de la pratique du grand<br />

paysage pour l’architecte paysagiste<br />

Louis-Philippe Rousselle-Brosseau<br />

Monsieur Rousselle-Brosseau est titulaire<br />

d’un baccalauréat et d’une maîtrise en architecture<br />

de paysage. Il a développé une spécialité<br />

en patrimoine paysager, en caractérisation paysagère<br />

et en participation citoyenne.<br />

ANALYSE DES PAYSAGES<br />

Potentiel panoramique du contrefort<br />

appalachien, MRC d’Arthabaska<br />

À LA UNE<br />

La mise en valeur des paysages<br />

et leur protection vues<br />

par Julien Posture<br />

Isabelle Giasson<br />

Isabelle Giasson dirige le département d’architecture<br />

de paysage chez EVOQ. En 2021, elle<br />

devient membre du conseil d’administration<br />

d’ICOMOS Canada, une organisation dont le<br />

mandat vise à améliorer la conservation du patrimoine<br />

culturel au bénéfice des communautés.<br />

Isabelle possède une bonne connaissance des<br />

normes et exigences applicables en architecture<br />

de paysage, et maitrise les principes et pratiques<br />

des Normes et lignes directrices pour la conservation<br />

des lieux patrimoniaux au Canada.<br />

Céline Bonnot<br />

Céline accompagne les collectivités pour bâtir des<br />

milieux de vie résilients, conviviaux et ressourçants.<br />

Intervenant de l’échelle du site au territoire, elle<br />

accorde une grande attention à l’expérience paysagère<br />

des usagers, à l’accès aux lieux de nature, aux<br />

paysages nourriciers et à la biodiversité.<br />

PROTECTION DES PAYSAGES<br />

Connaître la valeur économique<br />

des paysages pour en assurer<br />

la protection et la mise en valeur<br />

Julien Posture<br />

Julien Posture est un illustrateur et chercheur<br />

basé à Montréal. Il aime créer des images pour<br />

illustrer des enjeux sociaux et culturels et écrire<br />

sur la vie sociale et culturelle des images.<br />

Sophie DeBlois<br />

Titulaire d’un baccalauréat en histoire de l’art<br />

et d’une maîtrise en aménagement, option<br />

conservation du patrimoine bâti, Sophie œuvre<br />

dans le domaine de la culture, de l’éducation et du<br />

patrimoine bâti et paysager depuis près de 15 ans.<br />

Elle travaille présentement comme chargée<br />

de projet de l’Entente sur la mise en valeur et la<br />

protection des paysages de la Capitale-Nationale<br />

pour Développement Côte de Beaupré.<br />

10 PAYSAGES — No 17


ANALYSE DES PAYSAGES<br />

La mise en valeur et la protection<br />

de paysages<br />

Dans le contexte d'études de localisation, de design<br />

et d'intégration d'infrastructures majeures au Québec<br />

PATRIMOINE<br />

Un campus au futur antérieur :<br />

quand l’étude du patrimoine oriente<br />

le développement<br />

PATRIMOINE<br />

Le paysage culturel de Wendake :<br />

valoriser et célébrer l’identité<br />

Élaine Genest<br />

Architecte paysagiste titulaire d’une maîtrise<br />

en urbanisme, Élaine Genest a développé une<br />

profonde expérience en matière de design et de<br />

planification du territoire, d’évaluation et d’insertion<br />

environnementales d’infrastructures diverses,<br />

et de recherches appliquées. Elle est spécialisée<br />

en conception d’outils méthodologiques et en<br />

analyse des paysages patrimoniaux. Elle œuvre<br />

au sein de Cima+.<br />

AMÉNAGEMENT DE L'ESPACE<br />

Superpositions, connexions<br />

et médiations, la réémergence<br />

d’un grand parc urbain<br />

L'approche conceptuelle<br />

du Plan directeur de conservation,<br />

d'aménagement et de développement<br />

du parc Jean-Drapeau 2020-2030<br />

Camille Plourde-Lescelleur<br />

Chargée de projet en architecture de paysage<br />

pour la coopérative Les Milles Lieux, madame<br />

Plourde-Lescelleur a contribué depuis 2016<br />

à plusieurs projets institutionnels publics de grande<br />

envergure et se spécialise dans la rédaction<br />

de plans directeurs. Elle complète présentement<br />

sa maîtrise en santé publique.<br />

PAYSAGE COMME RÉVÉLATEUR<br />

La conservation et la mise en valeur<br />

du patrimoine comme moyens<br />

de révéler l’identité de nos paysages<br />

Marie-France Turgeon<br />

Marie-France Turgeon dirige les projets de<br />

conception et réalisation chez EVOQ. Elle a mené<br />

une quinzaine de projets d’envergure sur des sites<br />

historiques ou patrimoniaux à Québec et à Montréal<br />

pour des municipalités, des universités et des<br />

communautés autochtones.<br />

PROTECTION DU TERRITOIRE<br />

Le paysage humanisé de L’Île-Bizard<br />

Une approche innovante de protection<br />

et de mise en valeur d'un territoire champêtre<br />

Jonathan Cha<br />

Docteur en aménagement de l’espace et urbanisme,<br />

urbanologue, architecte paysagiste et<br />

conseiller principal en aménagement au parc<br />

Jean-Drapeau, où il a été un acteur de première<br />

ligne du Plan directeur de conservation, d’aménagement<br />

et de développement 2020-2030. Il a<br />

réalisé de nombreuses études patrimoniales<br />

et paysagères sur le territoire montréalais et siège<br />

à plusieurs comités d'experts en matière d’architecture,<br />

d’urbanisme, de patrimoine et de<br />

paysage culturel.<br />

Mira Haidar, Micheline Clouard,<br />

Julie St-Arnault<br />

Depuis 1999, Vlan paysages développe une<br />

démarche paysagère qui procure des expériences<br />

sensorielles et cinétiques et construit des projets<br />

engageants et signifiants. La firme œuvre fréquemment<br />

au sein d’équipes multidisciplinaires<br />

et accorde une importance primordiale au<br />

contexte social, biophysique, naturel, urbain,<br />

culturel et social du projet pour assurer une<br />

pratique expérimentée du design en matière<br />

d’architecture de paysage.<br />

Sabine Courcier<br />

Sabine Courcier est détentrice d’un baccalauréat<br />

en biologie, d'une maîtrise en environnement et<br />

aménagement, et d'un doctorat en aménagement.<br />

Elle a travaillé à la Chaire en paysage et environnement<br />

de l’Université de Montréal. Sabine<br />

est conseillère en aménagement au Service des<br />

grands parcs, du Mont-Royal et des sports de la<br />

Ville de Montréal depuis 2008.<br />

PAYSAGES EN ÉVOLUTION<br />

Quelques enseignements à tirer<br />

de l’observatoire photographique<br />

des paysages de Memphrémagog<br />

Gérald Domon<br />

Gérald Domon est professeur associé à l'École<br />

d'urbanisme et d’architecture de paysage et<br />

directeur scientifique associé de la Chaire en<br />

paysage et environnement. Il est un spécialiste<br />

reconnu en matière de caractérisation, de protection<br />

et de mise en valeur des paysages ruraux.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

11


1<br />

Planification des paysages<br />

POINTS DE VUE<br />

SUR LE PAYSAGE<br />

Chantal Prud’Homme<br />

Architecte paysagiste<br />

Malgré l’ampleur de ce qu’il reste à accomplir dans la valorisation des<br />

paysages au Québec, l’année 2021 a été riche en dénouements avec la reconnaissance<br />

du paysage humanisé de L’Île-Bizard et du paysage culturel patrimonial<br />

des Pointes-aux-Iroquois-et-aux-Orignaux à Rivière-Ouelle.<br />

Comme j’ai travaillé, depuis plus de 40 ans, à de nombreux dossiers,<br />

des études d’impact aux analyses paysagères en passant par les<br />

évaluations patrimoniales, l’idée m’est venue de faire part de mes<br />

réflexions et points de vue sur le paysage. Quelle place prend le<br />

paysage dans l’ensemble de nos actions ?<br />

Depuis un an, j’habite Saint-Vallier, un village de Bellechasse au<br />

bord du fleuve. J’avais le goût d’un milieu de vie à petite échelle plus<br />

humaine et un goût de beauté, car Saint-Vallier fait partie de la liste<br />

des 40 plus beaux villages du Québec 1 . L’endroit m’a conquise par<br />

le soin porté à la préservation du cadre bâti, à ses quelques aménagements<br />

publics bien faits, à l’affichage soigné et à la proximité<br />

du fleuve, avec son aspect sauvage non contrôlé et ses trois accès<br />

publics riverains.<br />

À quoi tient la qualité paysagère de ce village ? Un Plan d’implantation<br />

et d’intégration architecturale (PIIA) y régit les transformations<br />

des éléments bâtis existants et les nouvelles insertions. Comme<br />

partout ailleurs, cet équilibre demeure fragile; il dépend de la qualité<br />

des analyses et de la compétence des membres qui composent le<br />

Comité consultatif d’urbanisme (CCU), ainsi que de la confiance<br />

accordée par le conseil municipal en respect des recommandations<br />

faites par le CCU. Mais les membres du CCU sont-ils suffisamment<br />

outillés pour juger des futures transformations de leur paysage ?<br />

La petite taille d’un village ne le met pas pour autant à l’abri de transformations<br />

malheureuses. Au contraire. Un seul geste peut défigurer<br />

un ensemble cohérent, alors qu’un ensemble varié, le long d’une rue<br />

ou dans un quartier par exemple, pourra supporter plus aisément<br />

des insertions contrastées. Bien sûr, il y aura toujours les partisans<br />

du contraste architectural, quel que soit l’endroit ! Mais c’est la<br />

notion d’ensemble qui m’interpelle en relation avec le paysage.<br />

DÉCODER LA VALEUR DE L’ENSEMBLE<br />

ET AGIR EN COHÉRENCE<br />

L’appartenance d’un lieu à un plus grand ensemble devrait être privilégiée<br />

et surtout mieux comprise. Les unités de paysage pourraient<br />

devenir un soutien à cet égard : paysages de plaines, de plateaux ou<br />

de collines constituent autant de réalités physiographiques différentes<br />

auxquelles correspondent un relief, une organisation du réseau<br />

hydrographique et des dépôts de surface particuliers qui influent sur<br />

la structure paysagère et l’occupation des sols; l’assise des paysages<br />

est avant tout géographique ! Le Cadre écologique de référence du<br />

Québec (CERQ) me semble nettement sous-utilisé alors qu’il peut<br />

servir d’outil pour mettre le paysage en relation avec des paramètres<br />

de protection de l’environnement, dont la biodiversité.<br />

12 PAYSAGES — No 17


Les unités de paysage correspondent à des portions représentant<br />

généralement un assemblage organique du territoire. Mais<br />

le découpage d’unités de paysage pose un défi de taille en ce qui<br />

a trait à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme. En effet, le<br />

cadastre constitue l’outil de référence en matière de découpage de<br />

la majorité des affectations et zonages; il demeure un système qui<br />

se superpose souvent au relief et qui peut en faire totale abstraction.<br />

Il en résulte des règlements qui peinent à prendre en compte, entre<br />

autres, les dimensions d’espace et de relief du territoire essentielles<br />

à la découverte et à l’appréciation des paysages.<br />

Au Québec, diverses études et la mise en place de chartes de<br />

paysage 2 ont suscité la participation de nombreux intervenants.<br />

D’autres études ainsi que des atlas ont servi, quant à eux, à documenter<br />

la connaissance de paysages du Québec. L’atlas réalisé pour<br />

le territoire de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) 3 ,<br />

certainement l’un des premiers à avoir été élaboré au Québec,<br />

a permis de reconnaître 44 unités de paysage d’intérêt métropolitain<br />

pour lesquelles les intéressés sont assujettis à des mesures<br />

relatives à leur protection, leur mise en valeur, leur aménagement<br />

et leur planification dans le cadre de la révision du Plan métropolitain<br />

d’aménagement et de développement de la CMQ de 2021 4 .<br />

Pour nourrir cette réflexion, une synthèse des transformations des<br />

paysages de la CMQ au cours de son histoire 5 a été réalisée. On<br />

peut y constater à quel point les paysages d’aujourd’hui diffèrent<br />

des paysages d’autrefois.<br />

De même, les principes directeurs énoncés dans l’Atlas du paysage<br />

du mont Royal s’avèrent toujours d’actualité afin d’orienter<br />

les interventions pouvant avoir une incidence sur le paysage de la<br />

montagne : contribuer à la valeur de l’ensemble et à la valorisation<br />

du paysage, respecter le génie du lieu, satisfaire aux plus hautes<br />

normes de qualité et intervenir avec une vision à long terme 6 .<br />

Ces démarches contribuent grandement à une sensibilisation au<br />

paysage. Mais le paysage demeure-t-il confiné à un objet de connaissance<br />

ou à de longues démarches de sensibilisation pendant que<br />

le territoire continue à se transformer en réponse à des règlements<br />

caducs ou en retard de plusieurs années sur les enjeux qui font disparaître<br />

ses qualités ? Alors que le paysage résulte d’un ensemble<br />

d’usages, le succès ou l’harmonisation de cet effet d’ensemble sont<br />

confrontés à de nombreux intervenants de différents domaines dont<br />

les responsabilités et objectifs peuvent diverger ou même s’opposer<br />

: agriculture, patrimoine, développement immobilier, transport,<br />

culture, tourisme, forêt, industrie, environnement, etc. Qui se soucie<br />

de la qualité et de la valeur de l’ensemble, de ce tout qui est plus<br />

grand que la somme de ses parties ?<br />

Certes, le paysage peut servir de formidable sujet de concertation<br />

pour un territoire donné, mais devant l’absence d’une loi sur le paysage<br />

au Québec et la faible prise en considération du paysage dans<br />

la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, des actions concrètes<br />

doivent être menées.<br />

MIEUX MAÎTRISER L’ÉVOLUTION DES PAYSAGES<br />

Les campagnes, les villages, les quartiers et les villes se transforment<br />

plus vite que les réflexions et actions menées sur leurs paysages.<br />

La perte de paysages identitaires, le manque de nuances<br />

dans l’emplacement, le gabarit et le caractère architectural de nouveaux<br />

bâtiments en relation avec leur milieu d’insertion, la perte de<br />

points de vue collectifs sur le paysage et le mitage de versants et<br />

de sommets par des déboisements importants créant des trouées<br />

disgracieuses sont préoccupants. Pour chaque projet, quand la<br />

notion de paysage intervient-elle ? Comment s’articule le dialogue<br />

à l’échelle du paysage pour mettre les éléments bâtis (architecture,<br />

structures de génie, de transport, etc.) en relation les uns avec les<br />

autres et avec les attributs naturels du paysage ? Les simulations<br />

visuelles réalisées à partir de points de vue collectifs, illustrant les<br />

transformations générées par un projet à l’échelle du paysage, ne<br />

sont pas suffisamment utilisées.<br />

Le défi du paysage requiert une sensibilité et<br />

une expertise des équipes dans la réalisation<br />

de projets signifiants, car la prise en compte<br />

du paysage exige de sortir du cadre étroit<br />

des limites du site.<br />

Les donneurs d’ouvrage et les directives qui encadrent les mandats<br />

doivent pouvoir exiger cette expertise, et ce, de façon spécifique.<br />

La densification, essentielle d’ailleurs, en milieu urbain, périurbain<br />

ou villageois compromet le devenir de nombreux espaces libres<br />

(parcs, boisés) ou ouverts qui, tout en permettant à la trame bâtie de<br />

respirer, peuvent constituer des espaces d’appropriation collective<br />

ou des points de vue collectifs sur le paysage. La recherche effrénée<br />

de sites avec points de vue sur le paysage par les promoteurs raréfie<br />

de plus en plus l’accessibilité aux points de vue à partir de l’espace<br />

collectif de la route ou de la rue.<br />

Peu d’études documentent la valeur économique des espaces<br />

ouverts. On peut lire dans une récente revue de littérature que « les<br />

espaces ouverts liés aux milieux hydriques (rivières, ruisseaux,<br />

étangs) figurent au nombre des milieux naturels qui possèdent la<br />

plus grande valeur ajoutée sur les prix de vente des propriétés privées<br />

». La proximité physique avec un espace ouvert, son accessibilité,<br />

son niveau d’entretien, de même que la qualité et la profondeur<br />

de la vue représentent des variables qui influent sur le prix de vente<br />

de telles propriétés privées 7 .<br />

À l’heure de l’urgence climatique, le défi<br />

du paysage ne devrait pas être mis en<br />

opposition dans la balance des options pour<br />

contrer les changements climatiques, alors<br />

qu’il se révèle plutôt un allié.<br />

La diminution des gabarits résidentiels, l’atténuation d’une surenchère<br />

sur l’éclairage extérieur, la mise en place de trames vertes le<br />

long des rivières, ponctuées d’accès collectifs favorisant la connectivité<br />

des paysages ou la limitation du déboisement des lots dans les<br />

pentes et sur les sommets ne sont que des exemples parmi d’autres,<br />

favorables à une meilleure qualité paysagère et à une meilleure protection<br />

de l’environnement, alors que le Groupe d’experts intergouvernemental<br />

sur l’évolution du climat (GIEC) aborde l’idée de<br />

décroissance. Au delà de la protection des paysages remarquables,<br />

le souci de la qualité du paysage interpelle notre manière de créer<br />

et de transformer nos milieux de vie et nos paysages du quotidien.<br />

Accédez aux références de cet article :<br />

bit.ly/35fN9Fe<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

13


Jamie Robertson<br />

2<br />

Patrimoine<br />

DÉSIGNATION<br />

ET CATÉGORISATION<br />

DES PAYSAGES<br />

CULTURELS<br />

PATRIMONIAUX<br />

Isabelle Giasson<br />

Architecte paysagiste, associée AAPC<br />

EN COLLABORATION AVEC Sarah Debs Étudiante en architecture et architecture de paysage<br />

14 PAYSAGES — No 17


« Le patrimoine désigne tout d’abord la relation<br />

de l’Homme à son milieu, son appréciation de celui-ci.<br />

C’est l’harmonie entre le "naturel et le construit, entre<br />

l’ancien et le plus récent, entre vivant et matière inerte" ».<br />

LAHOUD, 2020<br />

Le paysage culturel patrimonial englobe tout lieu qui, de par sa<br />

« signification esthétique, historique, scientifique, culturelle, sociale<br />

ou spirituelle » (ministère de la Culture et des Communications,<br />

2021), témoigne de l’identité locale et de la valeur paysagère d’une<br />

région. La catégorisation de « paysage culturel patrimonial » vient<br />

donc de cette volonté de préserver ces fragments naturels qui forgent<br />

les communautés et de les protéger de l’intervention de l’Homme.<br />

Plusieurs éléments apparaissant au sein du paysage peuvent se<br />

révéler utiles quant à sa caractérisation de paysage culturel, par<br />

exemple les matériaux, la localisation, l’organisation spatiale, les<br />

connotations spirituelles, lesquels, une fois retirés du lieu, défigurent<br />

sa valeur patrimoniale.<br />

Actuellement, le processus de désignation d’un paysage demande<br />

de la patience et de la persévérance. Il est ardu, certes, mais<br />

nécessaire à la bonne préservation des communautés actuelles,<br />

ancestrales et futures occupant le lieu. Le présent article traite des<br />

catégorisations, du processus de désignation et des pistes d’intervention<br />

de mise en valeur des paysages culturels patrimoniaux.<br />

IDENTIFICATION ET CARACTÉRISATION<br />

« Apprendre à connaître et à comprendre les lieux dans lesquels<br />

on intervient nous permet d’insérer quelque chose qui n’est pas<br />

seulement compatible, mais qui ajoute un sens. » (Corriveau, 2020)<br />

Afin de protéger ces lieux de manière optimale, il importe de se<br />

pencher sur les différentes définitions et de saisir l’essence des<br />

paysages culturels patrimoniaux. L’UNESCO qualifie ces lieux<br />

d’ « œuvre conjuguée de l’homme et de la nature », faisant partie de<br />

l’« identité collective ». À noter que les paysages mentionnés dans<br />

cette définition sont tant « intentionnels » (créés de toute pièce par<br />

l’Homme) qu’évolutifs (qui témoignent d’une occupation territoriale<br />

et d’une évolution en fonction des dimensions sociales, culturelles,<br />

religieuses et économiques des communautés, en fonction des<br />

conditions environnementales ou culturelles, etc.).<br />

En 2008, on raffine encore plus la définition en ajoutant deux<br />

sous-catégories au paysage évolutif. La première est appelée « paysage<br />

relique », c’est-à-dire dont le processus évolutif s’est arrêté<br />

subitement ou graduellement, mais dont les caractéristiques principales<br />

restent encore visibles; la seconde est appelée « paysage<br />

vivant », c’est-à-dire dont la société contemporaine est en relation<br />

avec les valeurs et le mode de vie traditionnels, tout en s’adaptant<br />

aux conditions actuelles. Le paysage témoigne toutefois encore de<br />

son évolution progressive au cours des siècles.<br />

Au Québec, ce n’est qu’en 2012 que le texte de la Loi sur le patrimoine<br />

culturel inclut la notion de paysage culturel. Or cette loi ajoute<br />

certains concepts à la définition proposée par l’UNESCO afin d’encourager<br />

« la connaissance, la protection, la mise en valeur et la<br />

transmission du paysage culturel sous toutes ses formes » (ministère<br />

de la Culture et des Communications, 2021).<br />

Le ministère de la Culture et des Communications du Québec décrit<br />

le patrimoine ainsi : « tout objet ou ensemble, matériel ou immatériel,<br />

reconnu et approprié collectivement, dont la connaissance,<br />

la sauvegarde, la transmission ou la mise en valeur présente un<br />

intérêt public ».<br />

On introduit ainsi la notion de sentiment<br />

d’appartenance au paysage, qui contribue<br />

fortement à sa désignation de paysage<br />

culturel. Un paysage peut donc être qualifié<br />

de patrimonial si on s’y identifie, si on en<br />

est fier.<br />

Le Canada compte aujourd’hui trois paysages figurant sur la Liste<br />

du patrimoine mondial de l’UNESCO : le Paysage de Grand-Pré<br />

(Nouvelle-Écosse), Pimachiowin Aki (Manitoba et Ontario) et<br />

Writing-on-Stone (Áísínai’pi) (Alberta).<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

15


DÉSIGNATION D’UN PAYSAGE CULTUREL<br />

PATRIMONIAL AU QUÉBEC<br />

Même si le processus de désignation d’un paysage culturel patrimonial<br />

est complexe, il est primordial d’entreprendre l’intégralité des<br />

démarches dans l’optique de préserver ces lieux culturels. En ce qui<br />

concerne les paysages, le gouvernement du Québec a le droit, s’il<br />

le juge pertinent, de désigner un paysage culturel patrimonial. La<br />

demande de désignation doit lui être adressée.<br />

Une demande présentée par l’ensemble des municipalités locales<br />

et régionales de comté et des communautés métropolitaines dont<br />

la localisation englobe une partie du territoire à préserver doit être<br />

soumise au ministre. Plusieurs informations citées au chapitre II,<br />

section III, article 18 de la Loi sur le patrimoine culturel doivent<br />

apparaître dans la demande de désignation; sans ces renseignements,<br />

la demande ne pourra être traitée.<br />

Parmi les données requises, il importe de préciser :<br />

1. La délimitation du territoire visé;<br />

2. Le diagnostic paysager – qui englobe les analyses quantitatives<br />

et qualitatives caractérisant le territoire, l’exposé de ses<br />

caractéristiques, ainsi qu’une démonstration de la reconnaissance<br />

du territoire par la communauté concernée;<br />

3. Une charte du paysage culturel patrimonial présentant les<br />

actions entreprises pour sa mise en valeur et sa protection.<br />

Un mois avant la tenue de la séance du conseil local du patrimoine,<br />

les municipalités concernées par la demande de désignation<br />

peuvent faire leurs représentations et publier un avis public de<br />

cette séance. Ce n’est que 60 jours après la date de l’avis, et après<br />

consultation du conseil local du patrimoine, que le conseil de la<br />

municipalité peut adopter la résolution relative à la demande de<br />

désignation du paysage culturel patrimonial.<br />

Après avoir pris l’avis du Conseil du patrimoine culturel du Québec,<br />

le ministre décide si la demande se qualifie pour l’élaboration d’un<br />

plan de conservation par les demandeurs. Si c’est le cas, la désignation<br />

de paysage culturel patrimonial ne sera obtenue que si le<br />

plan de conservation élaboré par les municipalités concernées est<br />

approuvé par le ministre et respecté par les agents locaux.<br />

Les municipalités demandant la désignation d’un paysage culturel<br />

patrimonial doivent produire un rapport tous les cinq ans; elles<br />

doivent également témoigner du respect et du suivi du plan de<br />

conservation en vigueur.<br />

Il s’agit donc d’un processus complexe, d’étapes nombreuses et<br />

d’une attente considérable avant de pouvoir designer un site comme<br />

paysage culturel patrimonial. De surcroît, il est parfois difficile pour<br />

les organismes de comprendre les avantages de cette désignation,<br />

d’autant plus que la démarche engendre une mobilisation importante<br />

de ressources physiques et économiques.<br />

Grand-Pré<br />

Le « marais » de Grand-Pré et les vestiges des anciens<br />

villages associés constituent un paysage culturel qui<br />

témoigne d’un effort technique multiséculaire remarquable<br />

de poldérisation agricole, dans une situation maritime aux<br />

coefficients de marées exceptionnels. Il montre en particulier<br />

la permanence de son système de drainage hydraulique<br />

à base de digues et d’aboiteaux et de son usage agricole<br />

par le biais d’un système communautaire de gestion fondé<br />

par les Acadiens et repris par les Planters et leurs successeurs<br />

contemporains. Grand-Pré témoigne également<br />

de l’histoire des Acadiens aux XVII e et XVIII e siècles et<br />

de leur déportation. Source : whc.unesco.org/fr/list/1404/<br />

Jamie Robertson<br />

16 PAYSAGES — No 17


CLASSIFICATION DES PAYSAGES<br />

CULTURELS PATRIMONIAUX<br />

Le patrimoine est l’objet de politiques et de règlements à plusieurs<br />

niveaux. En effet, il existe au Canada trois grandes juridictions responsables<br />

du patrimoine, soit le fédéral, le provincial et le municipal.<br />

Au niveau fédéral, les paysages culturels patrimoniaux doivent être<br />

des propriétés fédérales, ou des sites d’intérêt national, comme le<br />

lieu historique national du Canada des Forges-du-Saint-Maurice.<br />

Le Registre canadien des lieux patrimoniaux (RCLP) présente des<br />

endroits désignés comme arrondissements historiques ou paysages<br />

culturels; ils comprennent souvent plusieurs caractéristiques naturelles<br />

ou faites par l'homme. (Lieux patrimoniaux du Canada, 2021)<br />

Au niveau provincial, il existe plusieurs catégories de désignations.<br />

Tout d’abord, les sites patrimoniaux déclarés concernent principalement<br />

des quartiers, des secteurs facilement délimités par une mise<br />

en relation du bâti et du paysage. Toute demande d’intervention<br />

dans ces lieux doit être adressée au ministère. Les désignations<br />

attribuées par le gouvernement concernent généralement de très<br />

grands territoires ruraux pouvant couvrir plusieurs municipalités.<br />

Néanmoins, on compte peu de demandes d’intervention pour ces<br />

lieux désignés, à part lorsqu’elles sont fortement recommandées<br />

par des entreprises expertes en patrimoine. Enfin, certaines désignations<br />

accordées par le ministre servent à marquer la signification<br />

historique de personnes ou de lieux, sans mesure de contrôle particulière,<br />

afin de souligner leur importance. Le fleuve Saint-Laurent<br />

en est un exemple pertinent. Le seul endroit au Québec à avoir été<br />

désigné paysage culturel patrimonial est Rivière-Ouelle, tel que<br />

mentionné précédemment.<br />

Rivière-Ouelle<br />

La première désignation de paysage culturel patrimonial<br />

à avoir été accordée au Québec l’a été à Rivière-Ouelle,<br />

en 2021, une première au Québec ! Ce territoire, formé de<br />

crêtes rocheuses boisées en bordure du Saint-Laurent,<br />

représente un intérêt historique, emblématique et identitaire.<br />

Ce nouveau statut représente l'aboutissement de huit<br />

ans de démarches entre la MRC de Kamouraska, la municipalité<br />

de Rivière-Ouelle et le gouvernement du Québec.<br />

Le Placoteux<br />

Au niveau municipal, le classement des sites est semblable à celui<br />

du provincial. Une fois l’endroit désigné, il faut entretenir un rapport<br />

étroit avec la Ville, et plus précisément avec le Conseil du patrimoine<br />

de Montréal, avant de soumettre toute demande d’intervention sur<br />

ce genre de territoire. Le Conseil du patrimoine de Montréal est<br />

une instance consultative de la Ville; elle n’est pas décisionnelle,<br />

contrairement à la Commission d’urbanisme du Québec, mais<br />

recommande ou non les interventions auprès du Comité exécutif de<br />

la Ville de Montréal. Depuis 2018, le provincial a délégué son pouvoir<br />

d’autorisation au municipal afin de simplifier certains dossiers<br />

et accélérer les procédures.<br />

Au niveau fédéral, la Commission des Lieux et Monuments<br />

Historiques du Canada (CLMHC), établie en 1953, a pour mission<br />

de recenser les lieux historiques les plus importants du pays (ou<br />

LHN : Lieux Historiques Nationaux). Elle recommande la désignation<br />

de plusieurs de ces lieux et fournit au ministre de l’Environnement<br />

des recommandations quant à la désignation de tout lieu, événement<br />

ou personnage historique. Les informations concernant les<br />

désignations se trouvent dans l’Annuaire des désignations patrimoniales<br />

fédérales, qui en comprend plus de 3600 au Canada.<br />

CONCLUSION<br />

Les paysages culturels patrimoniaux nous permettent de prendre<br />

conscience de la relation entre l’Homme et son environnement, tout<br />

en mettant l’emphase sur l’évolution de ces paysages à travers le<br />

temps et les époques. Il existe un guide gratuit intitulé Les normes<br />

et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux qui<br />

établit un ensemble pancanadien cohérent de principes et lignes<br />

directrices en matière de conservation. Il met de l’avant une idéologie<br />

raisonnée pour la conception d’intervention en milieu patrimonial,<br />

devenant ainsi la référence nationale pour l’évaluation des interventions<br />

proposées pour les lieux patrimoniaux. Ce guide sert d’outil<br />

pour faciliter les démarches à entreprendre en matière de conservation<br />

par les municipalités et agents qui seraient moins familiers<br />

avec la gestion des paysages culturels patrimoniaux.<br />

Bien que les démarches de désignation de ces sites soient longues<br />

et restent à bonifier, il demeure nécessaire d’élaborer un plan de<br />

conservation afin de préserver les ressources naturelles et historiques<br />

qui font l’identité de ces lieux et en déterminent la valeur.<br />

Accédez à la bibliographie :<br />

bit.ly/3JN2f48<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

17


3<br />

Paysage régional<br />

LES QUATRE DÉFIS<br />

DE LA PRATIQUE<br />

DU GRAND PAYSAGE<br />

POUR L’ARCHITECTE<br />

PAYSAGISTE<br />

Louis-Philippe Rousselle-Brosseau<br />

Architecte paysagiste<br />

Un architecte paysagiste, ça travaille sur quoi ? Ça peut sembler évident,<br />

mais au fond, ce n’est toujours pas clair. Depuis une dizaine d’années, j’ai décidé<br />

de m’intéresser principalement aux questions de grand paysage et de territoire,<br />

comme d’autres praticiens avant moi. Je me suis couramment fait taxer d’urbaniste<br />

(ce que je ne suis pas !), d’aménagiste, de géographe, et on me répète<br />

souvent « Ah oui ! C’est vrai, toi tu travailles dans les études... », alors que les<br />

études ne représentent qu’une partie de mon travail.<br />

❶ PREMIER DÉFI : L’AMBIGUÏTÉ DE LA NOTION<br />

DE PAYSAGE POUR LE PRATICIEN<br />

La pratique de l’architecture de paysage s’oriente surtout autour<br />

de la conception d’espaces extérieurs publics ou privés, d’échelle<br />

souvent limitée au site, et outre les parcs régionaux ou nationaux, le<br />

plus souvent en milieu urbain. Or, le paysage régional est confronté<br />

à de nombreux enjeux qui requièrent une attention professionnelle<br />

et pour lesquels les architectes paysagistes pourraient jouer un rôle<br />

important : résilience face aux changements climatiques, déprise et<br />

transformation des paysages ruraux, mise aux normes écologiques<br />

des paysages agricoles, requalification des paysages industriels,<br />

revitalisation des paysages urbains et villageois, développement<br />

d’aménagements pour une pratique du tourisme harmonieuse<br />

et durable…<br />

Ces questions d’aménagement du paysage régional sont investies<br />

par de nombreux corps professionnels : urbanistes, aménagistes<br />

du territoire, ingénieurs, spécialistes du patrimoine et du tourisme,<br />

pour ne nommer que les principaux. De cette situation découle une<br />

question primordiale : l’architecte paysagiste peut-il être considéré<br />

comme un spécialiste du paysage 1 ? Un peu, peut-être, mais il existe<br />

un certain nombre de défis à relever pour que l’architecte paysagiste<br />

puisse devenir le principal praticien de l’aménagement du<br />

[grand] paysage.<br />

Le premier de ces défis émane de la profession elle-même. Il existe<br />

une marge importante entre définir l’architecte paysagiste comme<br />

un concepteur, ce qui exclut le développement d’une connaissance<br />

nécessaire au design à grande échelle, et le définir comme un spécialiste<br />

du paysage à toute échelle qui mobilise des outils issus du<br />

design, de la géographie, du patrimoine, de l’ethnologie, etc., ce<br />

qui ouvre un champ de pratique plus englobant orienté autour de<br />

l’objet paysage.<br />

18 PAYSAGES — No 17


❷ SECOND DÉFI : LES TEMPS ET LES OUTILS<br />

DU DESIGN EN GRAND PAYSAGE<br />

La pratique du grand paysage s’apparente aux autres disciplines<br />

du design, dans le sens où elle cherche à créer ou modifier un environnement<br />

en poursuivant une certaine finalité. On associe à tort<br />

cette pratique à une discipline strictement scientifique où les études<br />

dominent. L’architecte paysagiste est habitué à l’instantanéité :<br />

l’étude du site débouche sur la conception, suivie des plans et devis<br />

puis de la construction, le tout en l’espace de quelques mois ou<br />

quelques années. En grand paysage, le matériau est le paysage luimême;<br />

le concepteur joue avec des matières sociales, culturelles,<br />

géographiques et politiques, des comportements, des usages, des<br />

savoir-faire et des règlements, entre autres. Pour transformer ou<br />

concevoir un grand paysage, il faut savoir jouer avec ces matériaux<br />

et savoir être patient, car le résultat se concrétisera lentement, par<br />

phases. Les parties prenantes autour de la table du concepteur<br />

sont donc plus nombreuses, et surtout plus diversifiées. Le paysage<br />

régional est par essence un projet collectif. Il faut donc mobiliser<br />

divers processus de co-conception afin de comprendre la relation<br />

ou les valeurs que la population concernée entretient avec son paysage<br />

comme cadre de vie.<br />

On cherchera à comprendre quels sont les paysages de grande valeur<br />

et les raisons de cette relation. On voudra aussi comprendre, au<br />

moment présent, quels sont les paysages qu’une population souhaite<br />

voir se perpétuer ou léguer, et quels sont ceux qu’elle souhaiterait<br />

voir changer. Des ateliers de ce type permettent de faire ressortir une<br />

série de paramètres de conception pour le futur paysage régional.<br />

Par exemple, il est assez rare que les citoyens que nous avons<br />

rejoints lors d’ateliers apprécient le paysage commercial suburbain,<br />

marqué par des aménagements de type strip commercial,<br />

de fortes marges de recul, d’imposants stationnements et un<br />

manque de mixité d’usages. Dès lors que nous comprenons les<br />

raisons de cette dépréciation, nous sommes en mesure de mobiliser<br />

les autres matériaux du projet de grand paysage. Ainsi, nous pouvons<br />

nous asseoir avec les urbanistes et aménagistes régionaux<br />

et locaux afin d’intégrer des paramètres paysagers à la réglementation<br />

(zonage, PIIA, PPU, PPCMOI, etc.), par exemple la réduction<br />

des marges de recul, l’introduction de zonages mixtes, la définition<br />

de matériaux et gabarits de bâtiments en phase avec le<br />

milieu d’insertion, les paramètres de végétalisation, etc. Comme<br />

concepteur, l’architecte paysagiste synthétise donc les désirs<br />

paysagers d’une population et les transmet aux professionnels en<br />

matière de réglementation. À long terme, une fois les règlements<br />

en vigueur, le paysage de la grande artère suburbaine changera.<br />

La conception de ce paysage aura mobilisé une équipe d’architectes<br />

paysagistes, un groupe de citoyens, des aménagistes et<br />

des urbanistes et, par la suite, des architectes, des promoteurs et<br />

des ouvriers de la construction. L’architecte paysagiste est donc<br />

un concepteur-médiateur; il sait réfléchir l’espace selon des paramètres<br />

techniques, matériels et sensibles.<br />

En milieu rural, le processus reste le même. Par exemple, dans le<br />

cadre d’un projet de paysage panrégional, après avoir bien identifié<br />

les dynamiques paysagères en œuvre sur le territoire, par exemple<br />

l’intensification du paysage agricole ou le mitage des paysages<br />

forestiers par le développement résidentiel, il est possible de<br />

regrouper une série d’actions à mener au sein d’un plan paysage.<br />

Cet outil deviendra la feuille de route à suivre afin de créer le paysage<br />

futur collectivement souhaité. Pour chaque action requise par<br />

le plan paysage, une série d’outils sont énumérés. Dans l’éventualité<br />

de la création d’un paysage de haies et de bandes riveraines<br />

en milieu agricole, par exemple, il importera, d’une part, de mener<br />

des actions de sensibilisation auprès des agriculteurs et, d’autre<br />

part, d’identifier un groupe de propriétaires agricoles ouverts au<br />

projet comme point de départ et, enfin, de faire appliquer la réglementation.<br />

Parmi les outils possibles pour arriver à ces fins sur un<br />

horizon de 5 à 20 ans, notons la table de concertation, la création<br />

d’une coopérative de gestion des bandes riveraines pour un bassin<br />

versant, l’obtention par une MRC de subventions provinciales ou<br />

fédérales (p. ex. programme Prime-Vert), etc.<br />

↓ Carte mentale des îles de Verchères / À Verchères, une excursion<br />

avec les agriculteurs insulaires a permis de dégager des lieux de grande<br />

importance sociale et culturelle insoupçonnés des planificateurs.<br />

Louis-Philippe Rousselle-Brosseau, Coopérative Les Mille Lieux<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

19


EXEMPLE DE PLAN PAYSAGE<br />

POUR LA MRC DE LA VALLÉE-DU-RICHELIEU<br />

Orientations<br />

IDENTITÉ ET PATRIMOINE PAYSAGERS<br />

1.1 Reconnaître et protéger les patrimoines paysagers,<br />

architecturaux et immatériels des villages jumeaux du Richelieu.<br />

1.2 Préserver le caractère villageois des autres noyaux de la MRC.<br />

1.4 Identifier et protéger les caractéristiques fondamentales<br />

des paysages suburbains de grande valeur ou rares.<br />

Coopérative Les Mille Lieux<br />

1.5 Protéger les caractéristiques identitaires des plaines<br />

agricoles, et intégrer ces caractéristiques au sein des projets.<br />

1.6 Mettre en valeur les pratiques territoriales associées<br />

à la pomiculture et à l’acériculture.<br />

1.9 Créer des paysages d’abords autoroutiers qui sont le reflet<br />

du dynamisme commercial et entrepreneurial régional.<br />

1.10.1 Aménager des seuils d’entrée dans la région<br />

en aménageant les abords des grands corridors routiers.<br />

1.10.2 Aménager des seuils d’entrée dans la région en<br />

protégeant les vues d’exception sur les collines montérégiennes.<br />

MILIEUX NATURELS ET ESPACES VERTS<br />

2.1 Protéger les corridors forestiers et écologiques actuels.<br />

2.2 Protéger les milieux naturels sensibles du développement.<br />

2.7 Briser la limite franche entre les secteurs habités<br />

et les milieux naturels.<br />

2.4 Consolider les corridors forestiers via la trame bleue.<br />

2.5 Renaturaliser les abords des cours d’eau agricole.s<br />

0 2.5 5 km<br />

PAYSAGES AGRICOLES ET NOURRICIERS<br />

ROSE<br />

ET NOIR<br />

3.1 Protéger les paysages de cultures traditionnelles.<br />

3.2 Assurer la protection du territoire agricole à long terme.<br />

3.4 Revaloriser les tiers-paysages (friches) à des fins agricoles.<br />

↑ Chacune des actions du plan paysage est liée à une<br />

série d’outils de tout ordre (réglementaire, financier,<br />

participatif, etc.) permettant de la concrétiser.<br />

3.5 Créer des espaces d’innovation en agriculture<br />

et agroalimentaire.<br />

DENSIFICATION HARMONIEUSE<br />

5.3 Adopter des stratégies de densification harmonieuses<br />

dans les paysages suburbains.<br />

20 PAYSAGES — No 17


↑ Activité de co-conception avec des citoyens,<br />

des aménagistes et des élus municipaux<br />

Louis-Philippe Rousselle-Brosseau<br />

❹ UN DÉFI POUR L’AVENIR : LA FORMATION DES FUTURS<br />

ARCHITECTES PAYSAGISTES À UNE ÉCHELLE DE DESIGN<br />

RÉGIONALE, ADAPTÉE AUX ENJEUX CONTEMPORAINS<br />

Entre 2011 et 2019, j’ai eu l’occasion d’animer à quelques reprises<br />

les ateliers « Espace régional » et « Grand paysage » au baccalauréat<br />

et à la maîtrise en architecture de paysage à l’Université de Montréal.<br />

Je constate que la formation évolue en s’ouvrant graduellement<br />

vers le projet de grand paysage. Cependant, il est primordial qu’une<br />

place de plus en plus importante soit accordée à l’apprentissage de<br />

la conception de paysages à grande échelle à l’aide de matériaux non<br />

conventionnels, dont les humains et les règlements. Une introduction<br />

à la co-conception et aux méthodes de consultation semble incontournable,<br />

tout comme une introduction sérieuse aux lois, règlements<br />

et statuts qui influencent le devenir des paysages régionaux.<br />

❸ TROISIÈME DÉFI : LE PAYSAGE EST UN PATRIMOINE<br />

VIVANT, MAIS TOUT PAYSAGE EST-IL PATRIMOINE ?<br />

Au cours des deux dernières décennies, le projet de grand paysage<br />

au Canada s’est surtout manifesté par l’adoption de statuts de<br />

protection. En Ontario, l’Ontario Heritage Act (2005) a introduit le<br />

statut de Cultural Heritage Landscape 2 , alors qu’au Québec, la Loi<br />

sur la conservation du patrimoine naturel (2002) a instauré le statut<br />

de paysage humanisé 3 , et la Loi sur le patrimoine culturel (2012),<br />

le statut de paysage culturel patrimonial 4 . D’ailleurs, les premiers<br />

statuts de paysage humanisé et de paysage culturel patrimonial<br />

ont été octroyés en 2021 à L’Île-Bizard (Montréal) et au site des<br />

Pointes-aux-Iroquois-et-aux-Orignaux (Rivière-Ouelle). Ces paysages<br />

exceptionnels seront préservés et feront l’objet de projets<br />

impliquant leur collectivité respective.<br />

Il est intéressant de constater que tous ces statuts ont le potentiel<br />

d’ériger le paysage au rang de patrimoine. D’ailleurs, par définition,<br />

le paysage est le produit d’une culture et d’une époque, ce qui l’érige<br />

de facto et potentiellement au rang de patrimoine collectif. Toutefois,<br />

contrairement aux autres formes de patrimoine, le paysage<br />

n’est pas immuable; il est en fait en constante évolution, et cette<br />

évolution découle d’une interrelation changeante d’une population à<br />

son territoire en fonction de l’époque et de la culture. Si l’on souhaite<br />

le protéger, il y a un risque qu’à terme, les facteurs qui maintiennent<br />

ce paysage vivant n’existent plus ou ne soient plus en adéquation<br />

avec l’époque. Parle-t-on encore de paysage ? Il y a paradoxe.<br />

Bref, la protection du grand paysage ne peut être la seule manière<br />

de le mettre en projet. Les statuts de protection s’attachent à<br />

l’exceptionnel. Or, nous vivons dans des paysages du quotidien, des<br />

paysages bien vivants, et notre qualité de vie en dépend. Le paysage<br />

de l’ordinaire peut servir de cadre ou de porte d’entrée de l’aménagement<br />

du territoire par sa nature visuelle et concrète. Le paysage est le<br />

reflet du milieu de vie, et tout citoyen peut se l’approprier et émettre<br />

des souhaits quant à son devenir. L’aménagement du grand paysage<br />

devient alors un moyen de démocratiser l’aménagement du territoire.<br />

Au-delà des considérations patrimoniales, le grand paysage peut<br />

avant tout être vu comme un bien commun qu’il importe d’aménager<br />

sous l’égide de considérations sociales et environnementales.<br />

Il existe aussi un besoin essentiel, dès la formation à la profession,<br />

d’apprendre à collaborer avec les aménagistes, les urbanistes, les<br />

géographes, les ethnologues et les spécialistes du patrimoine afin de<br />

se former au projet de paysage tout autant qu’au projet d’architecture<br />

de paysage, en saisissant bien de quelle manière l’architecte paysagiste<br />

peut ou doit être l’architecte derrière ces projets de conception<br />

de longue haleine et porteurs de nombreuses voix. Il s’agit d’une<br />

condition essentielle pour que la pratique fertile de l’intégration du<br />

paysage à l’aménagement du territoire et à ses outils se généralise<br />

et que l’on puisse enfin concevoir le territoire comme une mosaïque<br />

de paysages collectivement partagés et aménagés.<br />

Notes<br />

1. Au sens de la définition généralement admise du<br />

concept de paysage : une portion de territoire dont<br />

l’aspect découle d’interactions entre des humains et<br />

des facteurs géographiques et naturels.<br />

2. Cultural heritage landscape: means a defined geographical<br />

area of heritage significance which has been<br />

modified by human activities. Such an area is valued by<br />

a community, and is of significance to the understanding<br />

of the history of a people or place.<br />

3. Un paysage humanisé vise la protection de la<br />

biodiversité d’un territoire habité, terrestre ou aquatique<br />

dont le paysage et les composantes naturelles<br />

ont été façonnés, au fil du temps, par des activités<br />

humaines en harmonie avec la nature. Ce paysage et<br />

ces composantes présentent un caractère distinct dont<br />

la conservation dépend fortement de la poursuite des<br />

pratiques qui en sont à l’origine.<br />

4. Paysage culturel patrimonial : tout territoire reconnu<br />

par une collectivité pour ses caractéristiques paysagères<br />

remarquables résultant de l’interrelation de facteurs<br />

naturels et humains qui méritent d’être conservées<br />

et, le cas échéant, mises en valeur en raison de leur<br />

intérêt historique, emblématique ou identitaire.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

21


Les Milles Lieux<br />

4<br />

Analyse des paysages<br />

POTENTIEL<br />

PANORAMIQUE<br />

DU CONTREFORT<br />

APPALACHIEN,<br />

MRC D’ARTHABASKA<br />

Céline Bonnot<br />

Architecte paysagiste et biologiste<br />

22 PAYSAGES — No 17


« Le soulèvement de la plaine dessine une ligne de force dans le paysage –<br />

une ligne à partir de laquelle des panoramas, proches ou lointains, sont offerts. »<br />

C’est ainsi que le contrefort appalachien apparaît à l’équipe des Mille Lieux dans<br />

le paysage régional lors de l’inventaire de terrain mené en 2020 dans la MRC<br />

d’Arthabaska, à proximité de Victoriaville.<br />

Vaste étendue rurale, la plaine fertile de la MRC d’Arthabaska s’élève<br />

en buttes, collines et plateaux au niveau du contrefort appalachien.<br />

Reliant les basses terres du Saint-Laurent aux Appalaches, elle<br />

interpelle, de par la qualité de ses panoramas, l’équipe de la Corporation<br />

de développement économique de Victoriaville et sa région<br />

(CDEVR). Le contrefort est déjà largement parcouru pour ses activités<br />

de plein air, ses circuits (véloroute des Appalaches, sentiers de<br />

VTT et de motoneige, motocyclisme et sentiers de vélo) et ses lieux<br />

appréciables pour leurs attraits.<br />

Le potentiel de développement touristique et rural du contrefort<br />

reste pourtant peu exploré. La CDEVR, en collaboration avec la<br />

MRC d’Arthabaska, fait appel à la coopérative Les Mille Lieux pour<br />

documenter l’offre panoramique et identifier une stratégie de mise<br />

en valeur touristique ancrée dans le milieu.<br />

L’EXPLORATION PANORAMIQUE<br />

L’approche terrain se déroule en deux visites pour inventorier les<br />

panoramas d’exception sur la base d’un préinventaire identifié par<br />

la CDEVR. L’équipe des Mille Lieux explore un paysage tout en<br />

contraste et en ambiances rurales, où le calme et les perspectives<br />

visuelles proches et lointaines se succèdent sur la région, parfois<br />

même au-delà. Le relief vallonné du contrefort appalachien se traduit<br />

sur le terrain par une diversité d’expériences panoramiques,<br />

entre creux de vallée et plateaux vallonnés.<br />

Le contexte météorologique joue avec les panoramas, depuis les<br />

couleurs glorieuses de l’automne jusqu’au gris morne d’une journée<br />

pluvieuse. Mais ce sont surtout les parcours linéaires, vallonnés ou<br />

sinueux, leur environnement naturel et agricole, voire les plans<br />

multiples des vues qui donnent une dimension poétique aux panoramas.<br />

Le dévoilement soudain d’une perspective visuelle après<br />

un virage boisé joue ainsi un rôle essentiel dans la découverte<br />

des paysages.<br />

DÉCOUVERTE DES GRANDS TYPES DE PAYSAGES<br />

Les premiers chemins de colonisation guident le promeneur à travers<br />

les paysages du contrefort, comme le chemin Craig, le rang<br />

Saint-Philippe et le chemin Laurier. Ils épousent la géomorphologie<br />

des paysages, où l’agriculture et le couvert forestier se côtoient. En<br />

interaction avec le relief, les anciens chemins participent à la mise<br />

en scène du paysage et à la dynamique des parcours.<br />

En venant de la plaine du Saint-Laurent, c’est le changement de<br />

relief et les silhouettes des monts Arthabaska et Gleason, longés par<br />

la route 122 et le chemin Laurier, qui laissent deviner au promeneur<br />

le passage de la plaine au contrefort des Appalaches. Les routes<br />

pénètrent le territoire en suivant les vallées des rivières Nicolet et<br />

Bulstrode, tandis que d’autres s’élèvent en pente plus ou moins<br />

abrupte au niveau des plateaux. Les vues se dévoilent tranquillement<br />

ou soudainement sur les paysages agricoles vallonnés, les<br />

noyaux villageois, les parcours sinueux des vallées ou linéaires<br />

des plateaux.<br />

Quel que soit l’ensemble paysager parcouru, l’offre panoramique<br />

tient à une condition : la présence de l’agriculture, sous toutes ses<br />

formes. Accompagnée ou non de structures végétales comme les<br />

haies, les arbres isolés ou les boisés, elle ouvre les panoramas et<br />

offre une expérience en lien avec le relief. L’agriculture permet de<br />

mieux comprendre le rythme des saisons et les cycles associés au<br />

terroir, tout en permettant l’observation des paysages typiques de<br />

la région. Sans agriculture, pas de panoramas !<br />

LES PAYSAGES « SIGNATURE »<br />

Ce terme vient des personnes-ressources de la CDEVR, qui l’emploient<br />

pour nommer les vues d’exception des sites et routes de la<br />

MRC d’Arthabaska, souvent inconnues. Les paysages « signature »<br />

incluent les panoramas et les segments panoramiques où s’échelonnent<br />

des vues plus ou moins prolongées. Ils sont identifiés selon<br />

deux priorités : les paysages « signature » incontournables (priorité 1)<br />

et les paysages « signature » secondaires (priorité 2).<br />

Tels une vitrine sur le territoire arthabaskien, les paysages « signature<br />

» incontournables correspondent aux sites et aux routes qui<br />

offrent une expérience panoramique mémorable, avec effet « wow ».<br />

Ils sont valorisés et reconnus par le milieu, ce qui se traduit souvent<br />

dans la toponymie, quelquefois par un aménagement. Par exemple,<br />

le belvédère du mont Arthabaska est une porte d’entrée emblématique<br />

du contrefort appalachien au fort potentiel de mise en valeur.<br />

L’expérience panoramique de la MRC passe aussi par la découverte<br />

de paysages « signature » secondaires. Ce sont des vues représentatives<br />

de paysages panoramiques qui mettent en lumière les<br />

spécificités paysagères locales et régionales, comme des villages,<br />

des monts, des vallées ou des lacs.<br />

C’est l’expérience panoramique vécue<br />

dans la MRC lors des deux visites de terrain<br />

qui a permis d’évaluer les panoramas les<br />

uns par rapport aux autres. Sur environ<br />

120 points de vue analysés sur le contrefort<br />

appalachien, près de 28 panoramas<br />

incontournables et secondaires ont<br />

été identifiés.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

23


STRATÉGIE DE MISE EN VALEUR<br />

La clientèle cible et les synergies possibles avec les spécificités<br />

fortes du territoire ont été précisées avec la CDEVR pour orienter la<br />

stratégie de mise en valeur.<br />

Entre plaine et montagnes, le contrefort appalachien offre un terrain<br />

de jeu aux amoureux des panoramas et des routes vallonnées en<br />

quête de découverte de paysages à l’ambiance de « bout du monde ».<br />

Que ce soit au cours d’un parcours sportif ou gourmand, ou d’un<br />

passage touristique, le promeneur se laisse surprendre par la découverte<br />

de stations « paysage », des lieux d’observation qui l’invitent à<br />

s’arrêter pour contempler les paysages « signature » du contrefort.<br />

« Aux confins du contrefort appalachien,<br />

les panoramas d’exception sont mis en<br />

valeur par un réseau de stations "paysage",<br />

des lieux de contemplation qui attirent<br />

l’attention du promeneur sur des spécificités<br />

du paysage. »<br />

Axe 1<br />

Axe 2<br />

Axe 3<br />

Les quatre axes<br />

CRÉER DES OCCASIONS DE CONTEMPLER<br />

LES PAYSAGES : LES STATIONS « PAYSAGE »<br />

Vecteurs de découverte, les stations « paysage » donnent<br />

l’occasion de s’arrêter pour découvrir les paysages autrement.<br />

Elles s’inscrivent dans le réseau de circuits récréotouristiques<br />

qui sillonnent déjà le territoire, sans toutefois<br />

former de parcours. Pour le promeneur, place à une découverte<br />

planifiée ou spontanée du territoire, en synergie avec<br />

les potentiels récréotouristiques.<br />

Les stations « paysage » permettent de découvrir les diverses<br />

facettes des panoramas du contrefort. Parmi elles, on distingue<br />

les portes d’entrée principales, au niveau des sites<br />

emblématiques, et les portes d’entrée secondaires, qui soulignent<br />

le seuil entre la plaine et le contrefort appalachien,<br />

une spécificité forte du paysage.<br />

Cerises sur le gâteau, les stations « carte postale » mettent<br />

en scène des panoramas d’exception vers les paysages singuliers<br />

du contrefort appalachien, depuis les noyaux villageois<br />

jusqu’aux vues lointaines vers la plaine du Saint-Laurent ou<br />

les monts. Leur point commun : un paysage agricole ouvert<br />

au premier plan, composé de pâturages ou de champs.<br />

INTÉGRER DES DISPOSITIFS D’INTERPRÉTATION<br />

DES PARTICULARITÉS PAYSAGÈRES DU CONTREFORT<br />

Sur chaque station « paysage », un dispositif d’interprétation<br />

du paysage permet aux visiteurs de (re)découvrir une spécificité<br />

paysagère du contrefort. Trois niveaux d’interprétation<br />

seront proposés : le territoire dans son ensemble (niveau 1),<br />

la mise en valeur de la ligne d’horizon (niveau 2) ou la mise en<br />

valeur d’un élément précis et identitaire du paysage (niveau 3).<br />

GUIDER L’USAGER À TRAVERS LES PAYSAGES<br />

DU CONTREFORT<br />

La découverte des panoramas au niveau des stations « paysage<br />

» est guidée par des indications signalétiques visibles de<br />

la route et par un réseau d’informations sur les stations « paysage<br />

» qui s’étendent des sommets aux sites d’observation.<br />

↑ Vigie de la Grande Mollière /<br />

Installation auprès du Lac du Bourget<br />

Œuvre réalisée par l’Atelier Ritz Architecte,<br />

tous drois réservés<br />

Atelier Ritz Architecte<br />

Axe 4<br />

GÉRER, PROTÉGER ET METTRE EN VALEUR<br />

LES PANORAMAS<br />

La gestion, la protection et la mise en valeur des panoramas<br />

sont indissociables du déploiement des stations « paysage<br />

». La reconnaissance des paysages « signature » et des<br />

emblèmes paysagers est une étape clé. La gestion des segments<br />

panoramiques et des vues « signature » à protéger<br />

est un autre besoin essentiel; elle passe par un plan de gestion<br />

des abords routiers et par la mise en valeur des friches<br />

(inventaire et identification d’un projet soutenu par le milieu<br />

agricole et la communauté) et des paysages agricoles (cadre<br />

bâti et trame végétale des abords et des paysages). Enfin, la<br />

signalétique de sensibilisation vise à toucher directement<br />

les promeneurs en les invitant à ralentir pour mieux profiter<br />

des panoramas.<br />

24 PAYSAGES — No 17


Les Milles Lieux<br />

1 — CRÉER DES OCCASION DE CONTEMPLER<br />

Type de stations<br />

Stations porte d’entrée<br />

Stations porte d’entrée secondaire<br />

Stations « carte postale »<br />

2 — INTÉGRER DES DISPOSITIFS D’INTERPRÉTATION DU PAYSAGE<br />

Type de dispositifs<br />

Présenter le territoire dans son ensemble.<br />

Mettre en valeur la ligne d’horizon.<br />

Diriger l'attention vers un élément précis<br />

et identitaire du paysage.<br />

3 — GUIDER L’USAGER À TRAVERS LE TERRITOIRE<br />

Type de signalétique<br />

Protéger les paysages de cultures traditionnelles.<br />

Assurer la protection du territoire agricole à long terme.<br />

Revaloriser les tiers-paysages (friches) à des fins agricoles.<br />

Créer des espaces d’innovation en agriculture.<br />

L’ÉCOUMÈNE APPALACHIEN DE LA MRC<br />

Cette stratégie vise à guider les promeneurs dans la découverte<br />

d’une expérience rurale, propre au milieu humain qui caractérise le<br />

contrefort appalachien de la MRC (réf. Augustin Berque (2009) –<br />

Écoumène : introduction à l’étude des milieux humains). Son objectif :<br />

mettre en valeur les spécificités tissées entre l’homme et la portion<br />

appalachienne du contrefort par la découverte des panoramas.<br />

Pour Dominic Poulin, commissaire en<br />

développement agricole à la CDEVR, il<br />

s’agit de mettre en avant des panoramas<br />

qui reflètent le caractère du contrefort<br />

appalachien : « une prise de conscience de<br />

qui on est ».<br />

Cette stratégie de mise en valeur du potentiel panoramique sera<br />

présentée aux nouvelles équipes municipales dès <strong>2022</strong> en adoptant<br />

le « langage des paysages ». La collaboration avec l’UPA et la<br />

révision du schéma d’aménagement font actuellement l’objet de discussions.<br />

Viendront ensuite le déploiement des stations « paysage »,<br />

la promotion de l’image de marque et les rencontres sur place.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

25


26 PAYSAGES — No 17<br />

Photo : Alice Triquet


5<br />

Protection des paysages<br />

CONNAÎTRE LA VALEUR<br />

ÉCONOMIQUE<br />

DES PAYSAGES<br />

POUR EN ASSURER<br />

LA PROTECTION<br />

ET LA MISE EN VALEUR<br />

Sophie DeBlois<br />

Chargée de projet de l’Entente<br />

sur la mise en valeur et la protection<br />

des paysages de la Capitale-Nationale<br />

Entré depuis peu au panthéon du patrimoine naturel et culturel québécois,<br />

le paysage occupe depuis plusieurs années une place grandissante dans l’espace<br />

médiatique. Toutefois, quelle valeur lui accorde-t-on individuellement et collectivement<br />

? Le fait de connaître la valeur économique des paysages pourrait-il<br />

assurer leur protection et leur mise en valeur ?<br />

Les partenaires de l’Entente sur la mise en valeur et la protection<br />

des paysages de la région de la Capitale-Nationale ont convenu<br />

qu’une réflexion à ce sujet s’imposait et ont amorcé une démarche<br />

visant à mieux connaître les paysages, les spécificités qui les caractérisent<br />

et les possibilités qu’ils génèrent en matière de développement<br />

local et régional durable.<br />

En 2018, la phase 1 de l’Étude sur la valeur économique des paysages<br />

a été lancée. Menée par des professeurs et chercheurs de la<br />

Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université<br />

Laval et consistant en une revue de la littérature, la démarche de<br />

recherche repose sur une recension de la littérature provenant de<br />

nombreuses publications à caractère scientifique à l’échelle mondiale<br />

et portant sur les impacts économiques de la valorisation<br />

des paysages. Cette étude en deux phases a été réalisée grâce à la<br />

participation financière du gouvernement du Québec.<br />

Sur le plan méthodologique, la phase 1 de l’Étude sur la valeur économique<br />

des paysages se divise en deux volets : le premier consiste<br />

à analyser la littérature liée à la contribution du paysage aux valeurs<br />

foncières par le biais d’une approche méthodologique essentiellement<br />

quantitative, la modélisation hédonique; le second consiste<br />

à analyser la littérature portant sur les autres formes de bénéfices<br />

économiques du paysage. Pour ce deuxième volet, l’approche est<br />

plutôt qualitative. L’Étude traite de cinq grandes thématiques paysagères,<br />

soit le paysage urbain, l’environnement et le paysage maritimes,<br />

le paysage agroforestier, le paysage forestier et le paysage<br />

minier. Cet article résume les grandes lignes et constats de cette<br />

revue de littérature.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

27


❶ LE PAYSAGE URBAIN<br />

Les textes consultés dans le cadre de l’Étude soulignent l’intérêt<br />

de préserver les percées visuelles ainsi que les espaces ouverts.<br />

Sur le plan urbanistique, il importe de noter que la valeur de l’espace<br />

ouvert tend à être proportionnelle au seuil de densité d’une<br />

localité. Autrement dit, plus la densité de la localité augmente,<br />

plus la valeur de l’espace ouvert est susceptible d’augmenter. La<br />

proximité physique de l’espace ouvert, ainsi que son accessibilité<br />

et la qualité et la profondeur de la vue qu’il offre ont aussi un<br />

impact. Par ailleurs, le déploiement d’un dispositif permettant<br />

d’assurer la conservation de l’espace ouvert à long terme peut<br />

bonifier l’impact de cet espace ouvert sur les valeurs foncières.<br />

Pour les autres types de retombées économiques, notamment<br />

en matière de tourisme, les recherches tendent à montrer que le<br />

paysage détient un potentiel intrinsèque et un potentiel de service,<br />

différemment perçus par les visiteurs. D’une part, le potentiel<br />

paysager intrinsèque correspond à l’ensemble des caractéristiques<br />

du paysage et à l’éventail d’activités de plein air qu’il propose.<br />

D’autre part, le potentiel du paysage de service se définit<br />

comme la valeur associée à l’intérêt que portent les touristes aux<br />

activités disponibles.<br />

❷ ENVIRONNEMENT ET PAYSAGE MARITIMES<br />

Des constats émergent des textes consultés en lien avec la valorisation<br />

du paysage maritime. Par exemple, la valeur foncière des<br />

propriétés situées directement en face d’un lac ou de la mer peut<br />

augmenter de façon appréciable. De plus, les propriétés situées<br />

à proximité de milieux humides peuvent bénéficier d’une prime<br />

immobilière, laquelle est tributaire de plusieurs éléments comme<br />

la taille et l’aménagement des milieux en question. Aussi, la proximité<br />

d’une vaste étendue d’eau rapporte une prime à la revente,<br />

tributaire de la qualité de la vue que confèrent la propriété et l’environnement<br />

immédiat du site.<br />

En ce qui a trait aux autres formes de bénéfices économiques,<br />

la littérature consultée suggère également que l’environnement<br />

et le paysage maritimes peuvent être très favorables au développement<br />

du tourisme et de son économie. Elle montre que les<br />

clients paraissent sensibles aux caractéristiques environnementales<br />

qu’ils peuvent visualiser depuis leur chambre d’hôtel, les<br />

amenant à payer pour une « meilleure vue ».<br />

❸ LE PAYSAGE AGROFORESTIER<br />

Les paysages agroforestiers font actuellement l’objet de préoccupations<br />

grandissantes. Ce phénomène découle notamment de<br />

la volonté de mettre en valeur le terroir à des fins d’attractivité et<br />

de développement touristiques. La revue de la littérature sur la<br />

valorisation économique des paysages agroforestiers permet de<br />

souligner certains principes récurrents. Par exemple, une vue sur<br />

le paysage agricole peut bonifier le prix des propriétés résidentielles<br />

unifamiliales. Cependant, cette prime immobilière découle<br />

bien souvent de la profondeur de vue. Le phénomène de rareté<br />

des terres agricoles dans certains milieux peut aussi influer sur la<br />

prime immobilière. Par conséquent, une garantie de conservation<br />

permanente des espaces verts et agricoles périurbains est susceptible<br />

d’augmenter les primes sur les propriétés résidentielles<br />

unifamiliales situées dans ces zones.<br />

Pour ce qui est des autres formes de bénéfices économiques liés<br />

à la mise en valeur du paysage agroforestier, plusieurs textes<br />

parlent de l’émergence et du développement de l’agrotourisme.<br />

Les paysages agricoles revêtent désormais un intérêt pour les<br />

visiteurs. Toutefois, les textes étudiés soulignent qu’au-delà des<br />

retombées économiques dans la gestion des terres et la préservation<br />

de l’environnement, il faut se rappeler que l’attachement<br />

des résidents au paysage rural constitue une motivation importante<br />

dont il faut tenir compte.<br />

PhenixDrone no. 22<br />

PhenixDrone no. 28<br />

28 PAYSAGES — No 17


❺ LES PAYSAGES MINIERS<br />

MRC de La Côte-de-Beaupré<br />

Les paysages miniers découlant d’un processus de restauration<br />

suscitent de plus en plus d’intérêt dans le domaine touristique,<br />

en partie parce qu’ils permettent de valoriser le patrimoine industriel.<br />

La littérature consultée permet d’entrevoir les relations<br />

unissant le paysage minier aux valeurs foncières. Les principaux<br />

constats liés à la proximité d’activités minières sont la diminution<br />

de la valeur foncière des propriétés causée par les dommages de<br />

ces activités sur le paysage, la pollution de l’air et le bruit, qui ont<br />

tous un impact négatif sur la valeur des propriétés.<br />

❹ LE PAYSAGE FORESTIER<br />

Le paysage forestier est actuellement au cœur de nombreuses<br />

publications, et ce, dans diverses perspectives. L’une de ces<br />

perspectives se rapporte au développement de la foresterie<br />

urbaine, qui paraît prendre de plus en plus d’importance dans le<br />

contexte du développement de l’urbanisation et de la lutte aux<br />

changements climatiques. D’abord, la revue de la littérature permet<br />

de souligner certaines tendances liées à la prise en compte<br />

des paysages agroforestiers, notamment dans leur contribution<br />

au bien-être personnel et social. Ensuite, la forêt urbaine constitue<br />

un élément susceptible d’influer positivement sur le prix<br />

d’une propriété située en ville, mais la prime immobilière découlant<br />

de la présence de la forêt urbaine requiert que la propriété<br />

soit localisée en bordure de la forêt en question ou qu’il ne faille<br />

qu’un court temps de déplacement pour s’y rendre. Il importe de<br />

souligner que la prime induite par la proximité de la forêt urbaine<br />

ne s’expliquerait pas par la valeur ajoutée que constitue la vue<br />

sur la forêt, mais par d’autres éléments comme la tranquillité et<br />

la fraîcheur liées à l’environnement forestier, qui ont pour effet<br />

d’accroître le sentiment de bien-être.<br />

Les textes consultés mettent aussi en relief la valeur ajoutée du<br />

paysage forestier, et ce, à divers titres. Tout d’abord, ils associent<br />

une valeur monétaire à la biodiversité liée aux environnements<br />

forestiers. Ensuite, la valorisation du paysage forestier a également<br />

été associée, dans la littérature, au marché de l’emploi local.<br />

D’autre part, le potentiel économique que peuvent générer les<br />

forêts par l’activité récréative permet d’envisager une réduction<br />

des fonctions de l’exploitation forestière au bénéfice de projets<br />

touristiques. En outre, les résultats révèlent la valeur socioculturelle<br />

des forêts urbaines pour les citadins qui apprécient les<br />

forêts urbaines principalement pour leurs avantages non matériels,<br />

soit leur contribution à l’épanouissement émotionnel, intellectuel<br />

et moral des personnes.<br />

Quant aux autres formes de bénéfices économiques, les paysages<br />

miniers apparaissent aussi propices au développement<br />

d’activités touristiques et récréatives. En effet, la nécessité de<br />

développer de nouvelles opportunités économiques là où l’économie<br />

reposait traditionnellement sur la « monoculture minière »<br />

entraîne la création d’un renouveau culturel sur certains sites<br />

miniers. La revalorisation de ces sites désaffectés peut jouer un<br />

rôle moteur en matière d’attractivité touristique.<br />

En conclusion, la phase 1 de l’Étude sur la valeur économique<br />

des paysages a permis, par le biais de la réalisation de cette<br />

revue de la littérature scientifique, de recenser les principaux<br />

types de bénéfices économiques connus susceptibles de découler<br />

de la mise en valeur du paysage urbain, maritime, agroforestier,<br />

forestier et minier. Il importe de rappeler qu’une étude<br />

des impacts économiques découlant de la mise en valeur du<br />

paysage ne peut vraisemblablement se confiner à une étude uniquement<br />

quantitative et qu’elle doit élargir son spectre à l’analyse<br />

de dimensions socioculturelles.<br />

À la suite de la revue de la littérature, les partenaires de l’Entente<br />

sur la mise en valeur et la protection des paysages de la Capitale-Nationale<br />

ont souhaité poursuivre la démarche visant une<br />

meilleure prise en compte des paysages dans l’aménagement du<br />

territoire. La phase 2 de l’Étude sur la valeur économique des paysages,<br />

intitulée Motifs et moyens de préserver l’actif paysager, est<br />

en cours de réalisation. La prémisse de cette démarche est qu’un<br />

paysage favorisant l’implantation résidentielle, l’activité commerciale<br />

et la fréquentation touristique représente un actif contribuant<br />

à la valorisation des titres fonciers, à la croissance du profit des<br />

entreprises et à la création d’emplois. Le projet permet d’anticiper<br />

un bénéfice non seulement pour les personnes et les entreprises,<br />

mais aussi pour les autorités publiques qui, au nom de l’intérêt<br />

public, ne peuvent négliger l’apport des paysages au développement<br />

social et économique régional.<br />

valdessources.ca<br />

Accédez à la revue de littérature et à d’autres informations :<br />

bit.ly/3JIqeBm<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

29


Appolinary Kalashnikova<br />

6<br />

Analyse des paysages<br />

LA MISE EN VALEUR<br />

ET LA PROTECTION<br />

DE PAYSAGES<br />

Dans le contexte d'études de localisation, de design<br />

et d'intégration d'infrastructures majeures au Québec<br />

Élaine Genest<br />

Architecte paysagiste, M. Urb.<br />

30 PAYSAGES — No 17


Que l’on traite d’infrastructures routières, de production ou de transport<br />

d’énergie hydroélectrique ou éolienne, les questions de leur rapport spatial et<br />

environnemental au territoire et à leur intégration intrinsèque au milieu en<br />

constant développement sont progressivement devenues des enjeux majeurs.<br />

Elles ont déterminé, conséquemment, l’intervention avec les équipes classiques<br />

d’ingénieurs de projets, de nouveaux praticiens spécialistes provenant,<br />

entre autres, des domaines de l’aménagement, du design, de l’urbanisme et<br />

de l’architecture de paysage dans le cadre d’études d’intégration de projets<br />

d’infrastructures majeures. Il est ici plus particulièrement question d’exemples<br />

d’interventions en contexte occidental, voire en territoire québécois.<br />

← Dans ce paysage au relief ondulé, les éoliennes sont<br />

idéalement disposées sur le sommet du coteau, tout en<br />

épousant l’orientation imposée par son axe dominant, de<br />

même que les formes et les courbes naturelles du territoire.<br />

Quelques définitions<br />

L’intégration<br />

L’insertion<br />

Selon diverses sources consultées, l’intégration paysagère<br />

se définit, notamment, comme l’adaptation harmonieuse<br />

de structures, de constructions ou d’espaces nouveaux aux<br />

constructions ou aux espaces existants et à leurs paysages<br />

environnants. D’autres sources définissent l’intégration<br />

comme un concept quelque peu ouvert. Pour certaines,<br />

l’objectif visé par l’intégration d’un projet consiste à veiller à<br />

ce qu’il se fonde dans l’espace existant; pour d’autres, il s’agit<br />

d’un processus provoquant une évolution, un changement de<br />

dynamique. Enfin, pour tout un chacun, la mise en commun<br />

de ces énoncés permet tout de même d’affirmer que l’intégration<br />

est essentiellement la mise en relation d’un élément<br />

nouveau avec un milieu récepteur.<br />

Le terme « insertion », que l’on assimile très souvent à l’intégration,<br />

est également très utilisé. Puisque tous deux font<br />

référence à la qualité d’une intervention ou d’une modification<br />

apportée dans un espace préalablement construit<br />

ou constitué, ils sont facilement confondus ou interchangeables.<br />

Cette nuance entre intégration et insertion vient,<br />

selon certaines sources, de l’approche de certains designers<br />

qui prônent des aménagements innovants et modernes<br />

en optant pour des stratégies d’intégration de nouvelles<br />

structures où l’on joue avec les contrastes plutôt qu’avec<br />

les similitudes. Les éléments du contexte y sont donc pris<br />

en compte pour être « révélés » par le contraste créé avec<br />

les nouveaux aménagements. À l’inverse, le programme des<br />

plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA), qui<br />

constitue l’un des outils d’intégration recommandés par les<br />

municipalités, insiste davantage sur les similitudes que sur<br />

les contrastes.<br />

LES INFRASTRUCTURES ET UN PEU DE LEUR HISTOIRE<br />

Bien que de très nombreuses avancées aient été accomplies tant<br />

sur le plan de la conception que du point de vue de l’implantation<br />

des réseaux routiers et électriques, c’est essentiellement la société<br />

occidentale d’après-guerre, soit celle des années 50 et 60, qui<br />

développe et déploie ces infrastructures sur son vaste territoire<br />

grâce aux avancées scientifiques et technologiques de l’époque.<br />

Ces monuments de la modernité apparaissent comme les symboles<br />

du progrès et sont généralement bien perçus par la majorité de la<br />

population. Tremblay (2013) cite d’ailleurs à cet effet : L’une des<br />

idées qui a fortement participé à l’implantation de nos réseaux […]<br />

dans les années soixante était la « certitude d’un impact positif des<br />

équipements sur le développement économique et la nécessité<br />

de répondre aux impératifs de libre-échange » (Grillet-Aubert et<br />

Guth, 2003, p. 98). Cette certitude s’est traduite dans le domaine<br />

des transports par la notion d’« effet structurant » (Offner, 1993).<br />

Peu importait leur forme, les projets autoroutiers étaient perçus<br />

comme ayant un « impact structurant sur l’aménagement du territoire<br />

» (Lachance, 2009).<br />

Réseaux d’infrastructures autoroutières<br />

Ces projets d’ingénierie au gabarit titanesque et leur conception<br />

essentiellement fonctionnelle transforment la structure des paysages<br />

ruraux et urbains, de même que le dynamisme du développement<br />

des espaces limitrophes, jusque dans les outils de gestion du<br />

territoire. La planification et l’implantation des premières autoroutes<br />

ont fortement conditionné les relations entre ces équipements et le<br />

territoire lui-même.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

31


Cependant, certains spécialistes de l’aménagement proposent des<br />

solutions innovantes et intégratrices à une époque où ces valeurs<br />

sont moins véhiculées par le milieu des concepteurs de projets et<br />

les populations :<br />

• La création des parkways, par Vaux et Olmsted, dans la<br />

seconde moitié du 19 e siècle. Ils proposent en effet de relier<br />

Prospect Park, à New York, aux berges de l’océan Atlantique<br />

par une route panoramique (Gariépy et autres, 2006). Ce terme<br />

est demeuré pour les réseaux de parkways créés par Olmsted à<br />

New York, Boston et Chicago. Ces réseaux de routes permettaient<br />

de relier entre eux les parcs de la ville par un système de<br />

voies plantées, lesquelles avaient diverses fonctions : promenade<br />

à pied, circulation en voiture et tramway;<br />

• L’insertion de la route dans le paysage et son esthétique<br />

(external et internal harmony of the freeway) par Tunnard<br />

et Pushkarev (1963). Ces deux aménagistes démontrent l’incidence<br />

du design de la route sur la vue depuis l’autoroute et<br />

de ses abords, tant en milieux ruraux qu’en milieux urbains, en<br />

raison des lacunes esthétiques rencontrées dans le développement<br />

des villes et des régions. La consultation de documents<br />

récents permet de confirmer la contribution méthodologique<br />

majeure de cet ouvrage;<br />

• The View from the Road (Appleyard, Lynch et Myer, 1965).<br />

Ces auteurs proposent un nouvel angle de vue concernant la<br />

conception des infrastructures en confirmant le rôle positif de<br />

l’autoroute comme soutien de l’expérience esthétique dans le<br />

paysage ambiant, comme si le cheminement des passagers sur<br />

une future route devenait une occasion de mieux comprendre le<br />

paysage et d’en faire une expérience agréable. Ce nouvel outil de<br />

caractérisation a grandement contribué à sensibiliser le milieu<br />

des concepteurs d’autoroutes à la relation entre les infrastructures,<br />

le territoire et le paysage, et a conséquemment permis<br />

l’ouverture d’une nouvelle expertise en design d’autoroutes à<br />

d’autres professionnels de l’aménagement.<br />

Au Québec, au cours des années 80, le ministère des Transports a<br />

mené diverses recherches pour une approche méthodologique en<br />

matière d’intégration d’infrastructures autoroutières au paysage. Il<br />

conclut ce processus avec :<br />

Dans le cadre de sa stratégie énergétique, le gouvernement provincial<br />

commence à investir dans l’énergie éolienne, alors jugée<br />

complémentaire mais utile au cours des années 90, et ces investissements<br />

prennent de l’ampleur.<br />

Ces projets d’ingénierie typiquement québécois, au gabarit majeur en<br />

raison des distances parcourues et des kV acheminés, acquièrent<br />

également des mesures de localisation, d’intégration et de conception,<br />

essentiellement fonctionnelles jusqu’aux années 80. Certains<br />

spécialistes de l’aménagement proposent des solutions innovantes<br />

et intégratrices vers la fin des années 80, à la suite du projet de<br />

ligne Radisson-Des-Cantons, qui devait passer au-dessus du fleuve<br />

Saint-Laurent, suscitant alors un mouvement de sensibilisation pour<br />

la protection du paysage fluvial près de Grondines. Hydro-Québec<br />

accepte notamment d’enfouir le tronçon de lignes sous le fleuve<br />

dans ce secteur, ce qui donne lieu à la révision du nouveau processus<br />

d’évaluation des impacts environnementaux Lignes et Postes<br />

en 1990, dont celui de la Méthode Paysage en 1991.<br />

En découle :<br />

• La Méthode d’étude du paysage pour les projets de lignes<br />

et de postes électriques chez Hydro-Québec, 1992 (Groupe<br />

Viau, en collaboration avec Entraco), qui remet en question<br />

l’analyse visuelle traditionnelle lors de l’inventaire et qui n’a pour<br />

but, souvent en vain, de camoufler éventuellement les équipements<br />

de lignes et postes. La nouvelle méthode préconise<br />

des critères de localisation à mettre en application en amont<br />

du processus d’étude d’impact des équipements, sachant que<br />

les solutions résiduelles d’intégration ou d’insertion relèveront<br />

essentiellement de tentatives de camouflage. Cette méthode<br />

fait le lien avec l’importance d’utiliser le cadre écologique de<br />

référence du ministère de l’Environnement (version révisée). Fait<br />

important, si les analystes ou concepteurs ne l’utilisent pas pour<br />

cerner les modes d’intégration des équipements en les localisant<br />

adéquatement dans le paysage, cette méthode devient<br />

un processus traditionnel d’analyse des impacts visuels; elle a<br />

d’ailleurs reçu un prix d’excellence de l’AAPC en 1992.<br />

• Méthode d’analyse visuelle pour l’intégration des infrastructures<br />

de transport. MTQ. (Gaudreau, Jacobs et Lalonde,<br />

1986). Cet outil représente la première édition en la matière au<br />

Québec. Depuis, monsieur Gariépy et son équipe de la Chaire<br />

de recherche en paysage et environnement de l’Université de<br />

Montréal ont produit une série de recherches en matière d’intégration<br />

d’infrastructures routières.<br />

Réseaux d’énergie hydroélectrique et éolienne<br />

Au Québec, pendant les années 60, le gouvernement amorce<br />

la nationalisation d’une partie du réseau privé de production<br />

d’hydro-électricité. Il mise par ailleurs sur son développement par<br />

la construction de centrales de production, de réservoirs et de barrages<br />

sur des rivières du nord de la province, de même que par la<br />

création d’un type d’infrastructures de transport à haute tension,<br />

soit la ligne à 735 kV, qui permet d’acheminer l’énergie électrique<br />

des lieux de production du nord aux régions urbaines de consommation<br />

généralement éloignées, au sud du Québec.<br />

32 PAYSAGES — No 17


EXEMPLES DE PRINCIPES GÉNÉRAUX D’INTÉGRATION<br />

DES INFRASTRUCTURES DANS LE PAYSAGE<br />

Principes généraux de localisation<br />

des infrastructures<br />

L’expérience a démontré que les interventions en matière d’intégration<br />

d’une infrastructure dans le paysage commencent d’abord par<br />

un choix de localisation stratégique de l’équipement. Une route, une<br />

ligne électrique, une éolienne bien localisées dans leur environnement,<br />

dans une perspective d’intégration ou d’insertion optimale,<br />

représentent une étape fondamentale dans la réussite du processus.<br />

Aussi, l’intégration de l’architecte<br />

paysagiste ou du designer dans l’équipe<br />

de conception et de localisation des<br />

équipements d’infrastructures est un<br />

atout à rechercher.<br />

Voici certains exemples de mesures à prendre, particulièrement<br />

applicables dans le cas des éoliennes :<br />

• Localiser l’infrastructure par un design qui soit compatible<br />

avec la morphologie du site récepteur. On compte de nombreux<br />

cas d’autoroutes bien intégrées au paysage ambiant en contournant,<br />

par exemple, un ensemble de collines boisées ou un plan<br />

d’eau par une courbe harmonieuse plutôt que de traverser ces<br />

espaces par un axe linéaire. L’A-10 dans le secteur d’Eastman et<br />

de Magog dans l’Estrie en est un bon exemple;<br />

• En topographie plane, localiser les tracés d’infrastructures ou<br />

les éoliennes dans un axe linéaire ou, lorsque le milieu récepteur<br />

est lui-même structuré de façon linéaire ou orthogonale (p. ex.<br />

certaines zones urbaines et certains champs agricoles, etc.),<br />

installer de préférence les éoliennes dans une disposition géométrique<br />

simple et structurée dans ces conditions;<br />

• En paysages ondulés, installer de préférence les éoliennes de<br />

manière à ce qu’elles suivent les contours du relief ou des structures<br />

physiques majeures (littoral, lignes de terrain, etc.) ou de toute autre<br />

caractéristique ou particularité architecturale du paysage;<br />

Principes relatifs aux infrastructures<br />

complémentaires et au chantier<br />

• Enfouir les lignes électriques entre les éoliennes;<br />

• Faire en sorte que toutes les éoliennes d’un même parc possèdent<br />

les mêmes caractéristiques physiques (taille, couleur,<br />

nombre de pales, etc.) OU isoler les modèles en sous-ensembles<br />

pour en marquer la distinction (p. ex. Éole, système sur structure<br />

verticale, a été distancié des nouvelles tours traditionnelles).<br />

Dans le cas du parc de Cap-Chat, à titre d’exemple, les nouvelles<br />

tours de typologie traditionnelle ont été distanciées d’Éole, la<br />

structure verticale préexistante, pour mieux la mettre en valeur.<br />

Selon le contexte socioéconomique,<br />

technique, scientifique et esthétique de<br />

l’époque, que l’on traite d’infrastructures<br />

autoroutières, hydroélectriques, éoliennes<br />

ou de bâtiments, on peut appliquer trois<br />

autres stratégies ou partis d’aménagement :<br />

« cacher, révéler, banaliser ».<br />

Certains diront que ces partis sont également des stratégies d’intégration<br />

ou d’insertion. Chacune de ces stratégies possède ses avantages<br />

et ses limites selon le type de structures auquel le concepteur<br />

est confronté. Chacune constituerait en soi un sujet à part entière.<br />

Qu’elles mènent à un statu quo ou à une modification des dynamiques,<br />

les divergences sur le type ou le degré de relation entre<br />

la nouvelle composante et son contexte paysager relèvent du rôle<br />

et des différentes visions de l’infrastructure et du territoire, et non<br />

des différentes définitions de l’intégration. Ceci n’en constitue pas<br />

moins un défi complexe qui dépasse le simple camouflage. Aux<br />

architectes paysagistes de s’impliquer davantage pour relever ce<br />

défi passionnant !<br />

• Éviter de localiser les infrastructures à poutres (p. ex. les<br />

pylônes, les éoliennes et les tours cellulaires) dans des secteurs<br />

exposés et surtout valorisés des sommets dominants, et protéger<br />

certaines lignes de crête, c’est-à-dire les limites marquantes<br />

des unités paysagères, les éléments déterminants pour la compréhension<br />

géomorphologique ou géographique du territoire, ou<br />

les éléments qui sont fortement ou fréquemment perçus.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

33


34 PAYSAGES — No 17


7<br />

Aménagement de l'espace<br />

SUPERPOSITIONS,<br />

CONNEXIONS<br />

ET MÉDIATIONS,<br />

LA RÉÉMERGENCE<br />

D’UN GRAND PARC<br />

URBAIN<br />

L'approche conceptuelle du Plan directeur<br />

de conservation, d'aménagement et de développement<br />

du parc Jean-Drapeau 2020-2030<br />

Jonathan Cha<br />

Docteur en aménagement de l’espace,<br />

urbanisme/urbanologue et conseiller<br />

principal en aménagement, Société<br />

du parc Jean-Drapeau<br />

RETROUVER LE SENS PERDU<br />

ET AFFIRMER L’IDENTITÉ DU PARC<br />

Les parcs sont aujourd’hui une collection éclectique de strates de<br />

paysages aménagés et construits issus de multiples époques. Tant<br />

pour les personnes qui réalisent des parcs que pour celles qui les<br />

conçoivent, il est à propos de se questionner sur la conciliation<br />

entre, d’une part, la révélation et la célébration de l’historicité des<br />

parcs et de leurs composantes et, d’autre part, l’application des<br />

approches actualisées de transformation pour en faire des parcs<br />

répondant aux besoins du XXI e siècle. Ces questions ont éclairé<br />

l'approche conceptuelle du Plan directeur de conservation, d’aménagement<br />

et de développement du parc Jean-Drapeau 2020-2030<br />

réalisée et dirigée par NIPpaysage avec Réal Paul Architecte,<br />

ATOMIC3 et Biodiversité conseil.<br />

← La promenade riveraine comme nouvelle signature<br />

et porte d'entrée du parc Jean-Drapeau<br />

Photo : NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />

Au cours des dernières décennies, l’usage public du parc Jean-<br />

Drapeau a vécu une crise. Un éloignement et une distanciation se<br />

sont opérés avec les citoyens, au point de faire du parc un « landscape<br />

of estrangement », pour reprendre le concept de James<br />

Corner. Ce dernier critiquait la technologie et le capitalisme qui<br />

contribuaient à nous éloigner de la valeur poétique de l’architecture<br />

de paysage et prônait une conciliation de l’histoire et du sens du lieu<br />

avec les circonstances contemporaines 1 .<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

35


NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />

← La passerelle du Cosmos transformée<br />

en espace public et en corridor écologique<br />

Il convenait donc, par le processus de<br />

conception paysagère, d’œuvrer au<br />

positionnement clair de l’identité du parc<br />

pour lui redonner une cohérence physique,<br />

refléter ses valeurs culturelles et le<br />

réinscrire dans les pratiques citoyennes.<br />

Après avoir placé la conservation au rang des principales orientations<br />

stratégiques, sept principes d’aménagement ont été élaborés.<br />

En découla alors le concept d’aménagement qui répond directement<br />

à cette perte de sens et de contact, soit « la célébration du<br />

grand parc insulaire grâce à la consolidation de ses rives et du cœur<br />

des îles Sainte-Hélène et Notre-Dame ».<br />

LE PARC ET LE PAYSAGE COMME DESTINATION<br />

PAYSAGÈRE ET SOCIALE<br />

À la manière des parcs de Frederick Law Olmsted, la volonté partagée<br />

était de faire du paysage insulaire réinventé du parc Jean-<br />

Drapeau une destination en soi 2 où la qualité de l’aménagement<br />

a été, dès l’étape de planification, prévue pour être une attraction<br />

locale et touristique de premier ordre. Le plan d’aménagement vise<br />

à créer du vide, à laisser s’exprimer le design du parc dans toute<br />

sa créativité. Comme le soulignait Bernard Huet : « We are afraid of<br />

emptiness. Afraid of void, of an empty, beautiful space 3 ». L’importance<br />

de cesser de surcharger et de remplir l’espace d’installations<br />

temporaires de tout genre et de viser l’optimisation des paysages a<br />

largement fait partie des réflexions pour valoriser le site patrimonial,<br />

célébrer les legs en architecture de paysage et surtout contribuer à<br />

l’émergence de milieux habités.<br />

Clare Cooper Marcus écrivait que « two frequently cited reasons for<br />

park use are: a desire to be in a natural setting and a need for human<br />

contact 4 », un constat toujours d’actualité aujourd’hui et qui a éclairé<br />

tout le processus créatif. La réflexion a visé à répondre aux besoins<br />

et aux habitudes de tous les usagers, dont les communautés culturelles,<br />

par un engagement envers la diversité et à s’assurer d’une<br />

justice sociale dans l’accessibilité au parc (équité, diversité, inclusion).<br />

Galen Cranz écrivait que le potentiel des parcs à façonner et à refléter<br />

les valeurs sociales n'était pas encore pleinement apprécié ou<br />

compris, et qu’un contrôle social a de tout temps limité l’accès au<br />

parc 5 , un constat appuyé par Beardsley par la notion d’« érosion 6 ».<br />

Cette lecture demeure plus que jamais valable et comprise dans la<br />

planification et la conception. Les aménagements proposent ainsi à<br />

la fois des opportunités de rencontres, de contact social et de rap-<br />

prochement avec la nature, une complémentarité entre les espaces<br />

verts et urbains, une variété d’espaces et de types de paysages<br />

ouverts et fermés qui permet des activités dynamiques et statiques,<br />

récréatives et passives. À l’instar des écrits de Jean-Marc Besse 7 , le<br />

plan d’aménagement considère le paysage avant tout comme une<br />

expérience, une manière d’être, d’y être impliqué pratiquement,<br />

c’est-à-dire de l’habiter. Les propositions visent moins à contempler<br />

qu’à vivre et sentir le paysage. La promenade riveraine de 15<br />

km permettant de découvrir les paysages des rives des deux îles et<br />

les panoramas sur le fleuve Saint-Laurent et même au-delà est le<br />

premier geste d’aménagement clé pour renforcer l’identité du parc<br />

et en faire une destination.<br />

UNE MATRICE VERTE COMME STRUCTURE<br />

DE CONNECTIVITÉ<br />

La stratégie d’aménagement voulait reconnecter les espaces, faire<br />

une médiation des vocations et se réconcilier avec le lieu. Influencée<br />

par l’approche axée sur les processus d’Anita Berrizbeita 8 , la<br />

conception s’est appuyée sur les formes existantes, le sens du lieu<br />

et l’accumulation des histoires pour révéler la trajectoire du parc,<br />

augmenter la lisibilité des forces et faire émerger une matrice répondant<br />

à la multiplicité, la flexibilité et la temporalité nécessaires à la<br />

vie d’un grand parc urbain. Aux qualités visuelles et spatiales recherchées<br />

s’ajoutent des notions de préservation, de performance, de<br />

connectivité et de fonctions écologiques. Gilles Clément posait<br />

la question : « Peut-on élever le non-aménagement, et parfois le<br />

désaménagement, à hauteur de projet 9 ? ». Sans aller jusqu’à proposer<br />

une pédagogie de l’herbe, le plan d’aménagement laisse une<br />

grande place à la protection des paysages aménagés et naturels<br />

et au design écologique adaptatif en plantant massivement et en<br />

restreignant l’accès à plusieurs secteurs du parc. La liaison des<br />

cœurs des deux îles est le deuxième geste d’aménagement clé par<br />

le biais de la création d’un corridor écologique entre la micocoulaie<br />

du mont Boullé et les zones ripariennes de l’île Notre-Dame via un<br />

pont vert au-dessus du chenal Le Moyne. Cela permet d’assurer<br />

une connectivité des écosystèmes au sein du parc et d’enrichir ces<br />

noyaux de biodiversité, où la faune et la flore sont particulièrement<br />

abondantes 10 .<br />

UN PAYSAGE HÉRITÉ STRATIFIÉ<br />

Bernard Huet disait qu’un parc avait une continuité, une longue<br />

histoire 11 , alors que Peter Latz affirmait qu’un parc n’était jamais<br />

complété, mais devait plutôt être considéré comme un processus<br />

continuel 12 . « This is one of the reasons why it is necessary to add<br />

36 PAYSAGES — No 17


❶<br />

Île Sainte-Hélène<br />

❷<br />

Chenal Le Moyne<br />

❸<br />

Île Notre-Dame<br />

❹<br />

Fleuve Saint-Laurent<br />

↑ Le schéma conceptuel du plan d'aménagement<br />

et de l'expérience paysagère projetée<br />

Photo : NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />

different layers over a period of time in order to evolve into a ‘public<br />

park of stature’; ‘because the already existing and intented qualities<br />

must be understood and not forgotten’ 13 . » Comme le parc Jean-<br />

Drapeau est un paysage patrimonial ayant comporté plusieurs<br />

phases de planification et couches d’occupation, il est apparu fondamental<br />

de tirer profit de sa fragmentation plutôt que de n’y voir<br />

qu’un amalgame de choses disparates qu’il convient de lisser. L’idée<br />

n’était pas de poser un nouveau geste monumental, mais de faire état<br />

que le parc est un produit évolutif depuis plusieurs siècles. La prise<br />

en compte des traces, la révélation des couches et la superposition<br />

des trames ont constitué les bases de la réflexion. Les objectifs visés<br />

consistaient à inviter le public à se réapproprier le parc, à le réinscrire<br />

dans la mémoire collective et à en assurer la continuité, tout en y ajoutant<br />

une nouvelle structure et une nouvelle organisation spatiale. Le<br />

plan d’aménagement propose ainsi une matrice pour rendre l’existant<br />

manifeste et conjuguer différentes « associations de temps 14 ».<br />

C’est dans ce contexte que le troisième geste d’aménagement clé<br />

a été imaginé, celui des attaches entre les rives et les cœurs. Ce<br />

geste est intimement lié à l’expérience de la promenade riveraine<br />

ainsi qu’à celle des cœurs historiques et écologiques du parc. Les<br />

attaches comprennent une déclinaison d’objets paysagers (passerelles,<br />

quais, belvédères) qui permettent de décloisonner et de relier<br />

les paysages enclavés tout en offrant une expérience unique « à plusieurs<br />

niveaux » qui révèle et expose l’identité du parc. Cette série de<br />

liens ponctuels et continus répartis sur les deux îles offre un regard<br />

neuf sur des trésors oubliés et sur les paysages du fleuve, tout en<br />

créant de nouveaux dialogues entre des ensembles autrefois isolés.<br />

LE MÉNAGEMENT D’UN « PARC PUBLIC D’ENVERGURE »<br />

Certes, de grands projets viendront transformer l’image, la mobilité<br />

et l’expérience du parc Jean-Drapeau, mais ils le seront principalement<br />

sur des terrains sous-exploités et des infrastructures existantes<br />

n’incarnant pas les valeurs du parc. Nous ne sommes plus à l’heure<br />

de l’invention d’un nouveau paysage, mais à celle de prendre soin de<br />

notre territoire, de le lire, de le repenser et de le valoriser. Comme l’exprimait<br />

si bien Thierry Paquot : « Il faut inventer un ménagement des<br />

gens, des lieux et des choses 15 ». Le parc Jean-Drapeau n’est pas et<br />

ne sera pas une esthétique unifiée et finale, mais plutôt un amalgame<br />

cohérent de formes héritées qui s’adapteront à de nouvelles préoccupations<br />

environnementales et pratiques sociales. C’est là que résidera<br />

l’innovation et que se concrétisera l’identité retrouvée et rehaussée<br />

du parc Jean-Drapeau. C’est en privilégiant les superpositions, les<br />

connexions et les médiations qu’aura lieu la réémergence d’un grand<br />

parc urbain aspirant à devenir un « parc public d’envergure ».<br />

NIPPAYSAGE pour la Société du parc Jean-Drapeau<br />

↓ Une diversité d'activités et de sentiers<br />

accessibles toute l'année<br />

Accédez aux références de cet article :<br />

bit.ly/350xb1Z<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

37


8<br />

Patrimoine<br />

UN CAMPUS<br />

AU FUTUR ANTÉRIEUR :<br />

QUAND L’ÉTUDE<br />

DU PATRIMOINE<br />

ORIENTE<br />

LE DÉVELOPPEMENT<br />

Camille Plourde-Lescelleur<br />

Architecte paysagiste<br />

REMERCIEMENTS Radhia Hamdame Architecte gestionnaire de projet à la Direction des immeubles de l'Université de Montréal Michel Dufresne<br />

Urbaniste et designer urbain Marie-Ève Parent Architecte paysagiste associée et directrice de discipline (Lemay) Jonathan Cha Expert en patrimoine<br />

Sophie Lacoste Architecte paysagiste (Lemay) Maryline Bédard Directrice branding et design graphique (Lemay)<br />

Toute personne étant déjà arrivée à Montréal en voiture par l’autoroute 15<br />

reconnaîtra ce moment du trajet où le campus de la montagne de l’Université<br />

de Montréal lui saute aux yeux. Littéralement. Au tournant d’une bretelle autoroutière,<br />

sa haute tour jaillit soudain par-delà les toitures industrielles et dessine<br />

un arrière-plan majestueux digne d’une carte postale. Tout légers, ses pavillons<br />

semblent flotter sur un nuage verdoyant se déversant de la montagne...<br />

Pour en arriver à un paysage aussi iconique, il a fallu près de 100 ans<br />

de développement immobilier encadré par cinq plans directeurs :<br />

le dernier-né a été réalisé par Lemay en 2021. Grâce aux quatre<br />

premiers plans directeurs, le canevas de départ du projet était un<br />

véritable catalogue architectural, urbain et paysager contenant des<br />

spécimens très emblématiques de divers courants architecturaux, le<br />

tout enveloppé dans l’écrin de verdure protégé de la coulée verte. La<br />

mission de Lemay : établir un cadre conceptuel d’orientations permettant<br />

la naissance, dans un horizon de 15 à 20 ans, d’un campus<br />

unifié et attrayant, tant à l’échelle de la ville qu’à l’échelle internationale,<br />

tout en tenant compte des enjeux patrimoniaux et paysagers.<br />

Le campus de la montagne étant situé à l’intérieur du site patrimonial<br />

déclaré du Mont-Royal, plus haute désignation patrimoniale au<br />

pays, personne n’y a carte blanche pour intervenir, loin de là. Que<br />

peut-on modifier ? Que peut-on enlever ? S’il n’y a pas de réponse<br />

simple à ces questions, la méthodologie pour y répondre, elle, peut<br />

l’être : c’est d’ailleurs l’objectif de la méthode de conservation du<br />

patrimoine proposée par Lemay dans le cadre du plan directeur.<br />

C’est la genèse de cette méthode qui sera présentée ici, ainsi que<br />

les faits saillants du concept d’architecture de paysage.<br />

38 PAYSAGES — No 17


Omar Aloulou, Julien Lauzon-Fullum<br />

↑ Vue d’ambiance pour le pôle<br />

des résidences étudiantes<br />

CONSERVER OU NE PAS CONSERVER ?<br />

Afin de créer un tel cadre méthodologique, nous avons d’abord<br />

épluché la riche littérature traitant du patrimoine du campus de la<br />

montagne et, plus largement, du mont Royal. S’approprier le jargon<br />

patrimonial représente un défi pour les architectes paysagistes non<br />

spécialisés en la matière, car il est d’une grande subtilité. Sens,<br />

valeur, intérêt : autant de mots qui, pour les non-initiés, ont une part<br />

de subjectivité qui ne semble pas compatible avec des gestes de<br />

conservation concrets. De plus, une valeur, un sens ou un intérêt<br />

peuvent évoluer, changer d’une personne à l’autre, et ne sont pas<br />

immuables; et cette subjectivité alimente les débats qui, comme le<br />

rapportent souvent les médias, peuvent rapidement devenir émotifs.<br />

Afin de naviguer dans ces eaux sémantiques, Lemay a pu compter<br />

sur l’aide du comité aviseur constitué par l’Université de Montréal<br />

où siégeaient plusieurs experts en patrimoine et conservation 1 ,<br />

ainsi que sur l’aide de Jonathan Cha, urbanologue et consultant en<br />

patrimoine sur le projet.<br />

Plusieurs outils existent déjà pour la conservation des lieux patrimoniaux,<br />

notamment les excellentes Normes et lignes directrices<br />

pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada, rédigées<br />

par Parcs Canada. La méthode qui y est présentée, « Comprendre,<br />

planifier et intervenir » (REF), a été adaptée au contexte particulier<br />

du campus de la montagne pour devenir « Connaître, comprendre,<br />

agir » . Dans le cadre d’un plan directeur, cette méthode doit être<br />

appliquée par toute personne ayant le mandat d’intervenir au sein<br />

d’un espace extérieur du campus.<br />

La première étape, connaître, est celle durant laquelle les intervenants<br />

doivent prendre connaissance des documents de référence,<br />

notamment les règlements liés au statut du mont Royal et les<br />

règlements de la Ville et des arrondissements. Parmi les ouvrages<br />

proposés pour alimenter cette étape, L’étude des valeurs patrimoniales<br />

du campus principal de l’Université de Montréal par mesdames<br />

Cameron, Déom et Valois, toutes trois professeures à la<br />

Faculté de l’aménagement, identifie 13 valeurs sur lesquelles se<br />

fonde l’intérêt patrimonial du campus.<br />

La seconde étape, comprendre, vise à synthétiser l’information<br />

récoltée à la première étape et à résumer les principaux enjeux patrimoniaux.<br />

Il y a peu de temps, un énoncé de l’intérêt patrimonial, qui<br />

est en lui-même une synthèse de la valeur patrimoniale d’un site, a<br />

été réalisé par un comité d’experts de l’Université de Montréal et<br />

de la Ville de Montréal, facilitant grandement la seconde étape de<br />

la méthodologie.<br />

La dernière étape, agir, est la plus concrète et vise à identifier une<br />

stratégie de conservation. En l’absence d’une méthode interne à<br />

l’Université de Montréal, nous avons adapté la méthode créée par<br />

Parcs Canada selon quatre axes d’intervention : la préservation, la<br />

réhabilitation, la restauration et la mise en valeur. La réhabilitation,<br />

soit une « action ou processus visant à permettre un usage continu<br />

ou contemporain compatible avec le lieu patrimonial ou avec l’une<br />

de ses composantes […] 2 » , est le type d’intervention dont fait présentement<br />

l’objet la place de La Laurentienne depuis 2015. Ayant<br />

débuté avant le plan directeur, ce chevauchement entre deux projets<br />

a constitué l’un des défis du plan directeur, car la réflexion entourant<br />

le patrimoine de la place de La Laurentienne avait déjà été entamée.<br />

Actuellement en phase de réalisation, le concept de cette place<br />

constitue une réinterprétation minimaliste des formes d’origine<br />

(hexagones) à travers une matérialité contemporaine présentant<br />

une durabilité accrue. Certaines décisions prises pour la place de<br />

La Laurentienne ont exercé une influence sur l’ensemble du plan<br />

directeur, notamment en ce qui a trait au mobilier urbain qui a inspiré<br />

une nouvelle gamme unifiée pour l’ensemble du campus.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

39


LES TROIS PÔLES HISTORIQUES<br />

Dans le plan directeur, trois pôles historiques ont été identifiés :<br />

la place de La Laurentienne, le parvis du pavillon Roger-Gaudry et la<br />

place adjacente aux résidences étudiantes. Pourquoi ces espaces<br />

plutôt que d’autres ? Parce qu’ils contiennent une densité d’éléments<br />

présentant un intérêt patrimonial élevé selon la littérature et les<br />

analyses réalisées. Concernant le parvis du pavillon Roger-Gaudry,<br />

il s’agit du premier bâtiment du campus, conçu par Ernest Cormier<br />

au début des années 1920. Outre sa conception en brique beige, qui<br />

a donné le ton à plusieurs autres pavillons du campus, le mobilier<br />

urbain et les matériaux nobles qu’on y retrouve soulignent le caractère<br />

protocolaire et la symbolique de graduation qui y est associée.<br />

Notons que les matériaux à eux seuls ne constituent pas la valeur<br />

patrimoniale d’un lieu : des éléments aussi intangibles que la symbolique<br />

y contribuent grandement.<br />

Ensuite, l’une des périodes les plus significatives d’aménagements<br />

extérieurs du campus est celle des années 1960, alors que la firme<br />

dirigée par l’urbaniste et architecte paysagiste Jean Claude La Haye<br />

réalise des interventions encore visibles et structurantes aujourd’hui,<br />

bien qu’en partie disparues ou détériorées. Cette période est particulièrement<br />

visible au cœur de la place de La Laurentienne ainsi<br />

qu’au cœur du pôle des résidences étudiantes. Les éléments les<br />

plus emblématiques de la période de La Haye, pour ne nommer<br />

que ceux-ci, sont certainement les motifs hexagonaux au sol,<br />

les lampadaires coniques ou encore les bacs de plantation de<br />

forme hexagonale.<br />

↓ Concept proposé pour le parvis<br />

du pavillon Roger-Gaudry<br />

Omar Aloulou, Julien Lauzon-Fullum<br />

40 PAYSAGES — No 17


↑ Déploiement de l'axe<br />

de vie de campus<br />

Sophie Lacoste, Virginie Roy-Mazoyer<br />

UN AXE UNIFICATEUR<br />

Pour ne nommer que quelques-unes de ses caractéristiques, nous<br />

dirons d’abord qu’il est conçu comme un axe de transport actif qui<br />

redonne une partie du campus aux piétons et aux cyclistes, et facilite<br />

l’utilisation des transports en commun, élément clé compte<br />

tenu de l’arrivée du REM dans le secteur. Ainsi, des espaces occupés<br />

aujourd’hui par des stationnements extérieurs deviendront des<br />

espaces publics reliés à l’axe et bonifieront grandement le milieu de<br />

vie du campus.<br />

Ces trois pôles, ainsi qu’une multitude<br />

d’autres espaces, seront reliés par l’épine<br />

dorsale du projet : l’axe de vie du campus.<br />

Ensuite, comme l’axe traverse le campus d’est en ouest, il unifie les<br />

espaces extérieurs du campus dans un geste monumental cohérent.<br />

Les personnes qui ont fréquenté le campus de la montagne ont<br />

peut-être déjà expérimenté la périlleuse traversée piétonne du campus<br />

entre le pavillon Jean-Brillant et le CEPSUM : entre morceaux<br />

de trottoir, allée véhiculaire et escaliers de bois, le trajet est plus un<br />

parcours à obstacles qu’une promenade bucolique. L’axe de vie du<br />

campus permettra donc une circulation fluide et agréable d’est en<br />

ouest, agrémentée de mobilier et de lieux de pause animés. De plus,<br />

il permettra de rejoindre le parc Tiohtià¬:ke Otsira’kéhne, le cimetière<br />

Notre-Dame-des-Neiges, le sommet Outremont et le chemin<br />

de ceinture du mont Royal. Ces connexions ancrent le campus dans<br />

son cadre naturel et constituent un attrait majeur pour fréquenter le<br />

campus de l’Université de Montréal.<br />

Bien que la conception de l’axe ne soit pas définie dans les moindres<br />

détails, des intentions ont été formulées quant au motif de sol,<br />

déployé selon un gradient d’intensité. Les pôles historiques, les<br />

seuils d’accès au campus, l’espace protocolaire Roger-Gaudry ainsi<br />

que l’esplanade du CEPSUM afficheront un motif au sol plus intense<br />

qui s’atténuera dans les tronçons secondaires.<br />

Cette stratégie de revêtement sera amplifiée par le déploiement<br />

d’une gamme de mobilier propre au campus de la montagne et<br />

inspiré des interventions de la firme Jean-Claude La Haye et associés.<br />

Dans le cadre du plan directeur, l’analyse a révélé une grande<br />

quantité de styles de mobilier différents sur le campus. Cependant,<br />

certains d’entre eux sont uniques au campus de la montagne,<br />

notamment le lampadaire conique conçu par Jean-Claude<br />

La Haye et associés ou encore les larges mains courantes en plat<br />

d’acier inoxydable.<br />

Tel que son design préliminaire permet<br />

de l’imaginer, cet axe est un trait d’union<br />

entre le passé et le futur, entre la nature et<br />

l’architecture, entre la ville et la montagne.<br />

Le patrimoine a joué un rôle clé dans l’élaboration du plan directeur,<br />

et ce, sans occulter les besoins propres à notre époque. Le financement<br />

des universités reposant désormais sur le nombre d'étudiants<br />

inscrits, l’image de marque joue un rôle important pour attirer les<br />

étudiants. L’aménagement d’un campus doit désormais faire partie<br />

de sa carte de visite. Le campus de la montagne de l’Université de<br />

Montréal est déjà une icône dans le paysage montréalais : imaginez<br />

ce qu’il deviendra une fois ses espaces extérieurs consolidés. De<br />

quoi donner le goût de retourner aux études !<br />

Consultez le plan directeur intégral et accédez aux références :<br />

bit.ly/3BOLDGm<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

41


M. Sylvestre<br />

9<br />

Paysage comme révélateur<br />

LA CONSERVATION<br />

ET LA MISE EN VALEUR<br />

DU PATRIMOINE<br />

COMME MOYENS<br />

DE RÉVÉLER L’IDENTITÉ<br />

DE NOS PAYSAGES<br />

Mira Haidar<br />

Architecte paysagiste<br />

intermédiaire, Vlan paysages<br />

Micheline Clouard<br />

Architecte paysagiste<br />

senior associée, Vlan paysages<br />

Julie St-Arnault<br />

Architecte paysagiste<br />

senior associée, Vlan paysages<br />

42 PAYSAGES — No 17


La révélation de l’identité d’un lieu constitue une quête importante dans<br />

nos projets d’aménagement. L’identité est intrinsèque au paysage. Chaque<br />

paysage présente des caractéristiques identitaires spécifiques.<br />

Au cours du processus de conception, l’architecte paysagiste<br />

cherche à dévoiler les éléments marquants d’un lieu dans le but<br />

de créer, pour les citoyens, des espaces riches et uniques, ancrés<br />

dans leur milieu. À cet effet, la révélation du caractère des paysages<br />

peut se faire par le biais de la préservation et de la mise en valeur<br />

du patrimoine, cette approche permettant de cerner l’identité d’un<br />

lieu afin de la souligner lors de l’intervention.<br />

L'article de Vlan paysages explique comment la conservation et la<br />

mise en valeur du patrimoine des paysages lors de l’intervention<br />

de l’architecte paysagiste sont des vecteursde leur identité. L’article<br />

s’appuie aussi sur divers projets réalisés par Vlan paysages au<br />

Québec et en Ontario afin d’exposer différentes approches patrimoniales<br />

utilisées par la firme pour conserver les lieux en quête<br />

de leur esprit identitaire.<br />

En fait, le patrimoine se définit comme l’héritage valorisé dans un<br />

lieu et par une population qui doit être transmis aux générations<br />

futures. En ce sens, des valeurs patrimoniales à l’image des communautés<br />

et des groupes occupant les paysages y sont parfois<br />

ancrées et méritent de ressurgir à la surface et d’être perceptibles,<br />

palpables, ressenties et vécues par lesdits groupes et communautés.<br />

Par l’intermédiaire de l’intervention, l’architecte paysagiste est<br />

en mesure d'identifier le patrimoine associé à un lieu dans le but de<br />

permettre aux individus de tisser des liens intimes avec le territoire.<br />

La conservation du patrimoine se présente alors comme un angle<br />

conceptuel adopté par l’architecte paysagiste. Cet angle requiert, de<br />

la part du concepteur, une sensibilité aux conditions existantes du<br />

paysage, à sa composition actuelle, à son histoire et à sa connotation<br />

symbolique afin d’identifier les valeurs et les éléments caractéristiques<br />

incarnant son patrimoine, ce dernier pouvant être présent<br />

dans plusieurs des paysages qui nous entourent. Dans certains cas,<br />

il est apparent, matériel et facilement identifiable; dans d’autres,<br />

il touche des aspects intangibles du territoire. Il est ainsi porteur<br />

de ses identités multiples et de ses caractéristiques intrinsèques.<br />

La révélation du patrimoine lors de<br />

l’intervention sur nos paysages consiste<br />

alors à y souligner nos valeurs culturelles,<br />

écologiques, paysagères, architecturales,<br />

historiques et symboliques.<br />

La conservation et la mise en valeur du patrimoine d’un lieu sont<br />

alors un moyen de cerner son caractère identitaire existant, son<br />

sens fondamental. En l’occurrence, il s’agit d’identifier dans l’espace<br />

les qualités matérielles et immatérielles auxquelles les individus<br />

attribuent une signification particulière afin d’en extraire les principales<br />

essences.<br />

← Photo page de gauche : Jardins de Métis, belvédère et vue sur la rivière<br />

La révélation du patrimoine d’un paysage comme porteur d’une<br />

identité propre peut se réaliser selon plusieurs approches : l’intervention<br />

créative et la signalisation, l’interprétation, la réhabilitation<br />

et la commémoration. Ces approches dans leur ensemble sont des<br />

partis pris révélateurs de l’existant de nos paysages et permettent<br />

de répondre aux besoins actuels des sites et de leurs utilisateurs.<br />

En prenant pour exemple divers projets conçus et réalisés par Vlan<br />

paysages, le présent article explique ces quatre approches patrimoniales<br />

d’un projet, dont la mission principale consiste à créer<br />

des espaces reflétant l’identité des lieux.<br />

La conservation et la mise en valeur<br />

du patrimoine<br />

PAR L’INTERVENTION CRÉATIVE CIBLÉE<br />

ET LA SIGNALISATION<br />

L’intervention créative et la signalisation sont des ajouts<br />

contemporains à un paysage patrimonial permettant de souligner<br />

plusieurs de ses composantes identitaires en lien avec<br />

ses caractéristiques naturelles et ses occupations multiples<br />

et diversifiées au cours de périodes antérieures. Par la compréhension<br />

et la maîtrise des valeurs patrimoniales incarnées<br />

dans le paysage, résultat d’une pluralité de couches paysagères<br />

historiques ayant été superposées sur un territoire<br />

naturel, il est possible d’aménager de manière créative et de<br />

mettre en place une signalétique mettant en valeur les éléments<br />

caractéristiques intrinsèques qui en révèlent l’essence.<br />

Les Jardins de Métis sont situés à la porte d’entrée de la<br />

Gaspésie, au Québec, au confluent de la rivière Mitis et du<br />

fleuve Saint-Laurent. Ils ont été classés comme « site patrimonial<br />

» par le ministère de la Culture et des Communications<br />

en 2013 1 . En 1999, Vlan paysages a remporté les honneurs<br />

lors d’un concours international consistant à aménager<br />

un parc-paysage mettant en valeur les éléments naturels,<br />

construits et horticoles des Jardins de Métis par des interventions<br />

créatives et la signalisation dans le paysage existant.<br />

Selon cette approche, les Jardins sont appelés à devenir<br />

un centre de recherche, un musée à ciel ouvert et un campus<br />

estival lié à la création, tout en restant accessibles aux<br />

populations locales. Tout en soulignant la stratification de<br />

valeurs patrimoniales culturelles et naturelles intrinsèques<br />

superposées au fil du temps, le projet proposé comporte<br />

les éléments suivants : structure d’accueil, jardins linéaires,<br />

comestibles, écrans d’interprétation, jardins historiques, jardin<br />

de sculptures, festival international de jardins contemporains,<br />

site de la maison écologique, berges de la rivière<br />

Mitis et parc nature. Enfin, le projet intègre les infrastructures,<br />

le mobilier, l’interprétation, la mise en lumière et la<br />

signalisation à l’expérience paysagère.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

43


↑ Prairie fleurie et maison patrimoniale<br />

Brinon-Dit-Lapierre<br />

Jessica Marie<br />

PAR LA RÉHABILITATION<br />

Selon les Normes et lignes directrices pour la conservation<br />

des lieux patrimoniaux au Canada, la réhabilitation cherche à<br />

adapter un paysage à des pratiques, des problématiques et<br />

des besoins contemporains, tout en conservant sa valeur patrimoniale<br />

2 . Sans ramener complètement le paysage à son état<br />

antérieur, la réhabilitation veut conserver l’essence identitaire<br />

d’un paysage, tout en se permettant de l’adapter aux usages<br />

d’aujourd’hui.<br />

En 2020, Vlan a été mandaté pour élaborer un plan de gestion<br />

pour la réhabilitation de la Colline parlementaire à Ottawa. Il<br />

s’agit d’un projet de reforestation de la pente de l’escarpement,<br />

projet qui figure en tête des priorités en matière de conservation<br />

de la Colline du Parlement.<br />

L’un des objectifs principaux du plan de gestion pour la réhabilitation<br />

de la Colline parlementaire consiste à reboiser le lieu et à<br />

préserver les valeurs patrimoniales naturelles, paysagères, géologiques,<br />

symboliques et visuelles uniques du versant nord de<br />

l’escarpement. De plus, il vise à contrôler les espèces végétales<br />

envahissantes, à limiter l’érosion, à rétablir la diversité écologique<br />

et à favoriser l’implantation de végétaux indigènes. Il vise<br />

également à stabiliser et protéger les vestiges de la Promenade<br />

des amoureux en tant qu’élément caractéristique patrimonial.<br />

En plus de la plantation et de la construction du projet en 2021,<br />

un manuel décrit en détail les caractéristiques du site et le programme<br />

d’entretien des trois prochaines années.<br />

PAR L’INTERPRÉTATION<br />

Dans le cadre de la conservation patrimoniale, l’interprétation<br />

en architecture de paysage consiste à réinventer un paysage<br />

disparu ou effacé par le passage du temps. En se basant sur<br />

des iconographies historiques, textes et manuscrits ainsi que<br />

sur une cartographie du passé, il s’agit de réimaginer les expériences<br />

et l’esprit du lieu liés à une période de référence donnée.<br />

Ce paysage nouvellement révélé offre aux utilisateurs une interprétation<br />

de son identité, tout en répondant à des aspirations<br />

actuelles en matière d’aménagement.<br />

La maison Brignon-dit-Lapierre est située sur le boulevard<br />

Gouin à Montréal, à proximité de la rivière des Prairies, dans<br />

l’arrondissement de Montréal-Nord. Le projet de réaménagement<br />

de la maison Brignon-dit-Lapierre a pour objectif d’interpréter<br />

le paysage historique en lien avec l’ancienne maison de<br />

ferme en bordure de la rivière des Prairies. En d’autres mots,<br />

il s’agit de proposer un projet interprétatif s’appuyant sur l’histoire<br />

du lieu et sur son patrimoine agricole relativement à la<br />

période de référence de la restauration architecturale du bâtiment,<br />

soit 1870.<br />

↓ Escarpement, végétation et talus<br />

Le projet propose donc de redévelopper le paysage en tenant<br />

compte de la topographie, de la rivière des Prairies, du chemin<br />

patrimonial qu’est le boulevard Gouin, de la végétation actuelle<br />

et passée ainsi que des vestiges historiques ou archéologiques<br />

existants, témoins de l’occupation du terrain. En transformant<br />

la propriété en un parc cultivé, planté de végétaux comestibles,<br />

ancestraux et indigènes, et composé d’un verger et d’un potager,<br />

c’est la vocation agricole du site qui est interprétée et mise<br />

en valeur.<br />

Vlan paysages<br />

44 PAYSAGES — No 17


Arrondissement de Ville-Marie, Nathaniel Philippe-Maisonneuve<br />

↑ Parc de l’Espoir et son ruban rouge<br />

PAR LA COMMÉMORATION<br />

La commémoration dans les projets en architecture de paysage<br />

cherche à raconter l’histoire ou la symbolique associée au lieu<br />

selon des paramètres de design fixés en fonction d’un usage<br />

contemporain. Par une lecture et un décodage préalables des<br />

valeurs patrimoniales des paysages, il est possible d’en extraire<br />

une ou des composantes disparues et de leur rendre hommage.<br />

Cette mise en valeur renforce le caractère identitaire du lieu par<br />

rapport aux citoyens qui le fréquentent.<br />

Le parc de l’Espoir se trouve au cœur du Village gai, dans l’arrondissement<br />

Ville-Marie à Montréal. Il est localisé au croisement<br />

des rues Panet et Sainte-Catherine Est. Depuis 1991, il<br />

est un lieu de manifestation citoyenne en hommage aux victimes<br />

du sida. En 2019, Vlan paysages a été mandaté pour<br />

aménager le site; l’approche conceptuelle adoptée par la firme<br />

consiste à en révéler les valeurs symboliques, commémoratives<br />

et pérennes qui y sont associées depuis 1991.<br />

La proposition d’aménagement consiste alors à instaurer une<br />

ambiance sobre favorisant le recueillement, d’une part, et à<br />

permettre les rassemblements éphémères, les rencontres et<br />

les discussions, d’autre part. Par l’installation d’un ruban rouge,<br />

servant de banc, le projet se présente comme une commémoration<br />

de la vocation d’origine du lieu. Enfin, le parc de l’Espoir<br />

comprend une section avec verdure et bancs traditionnels pour<br />

s’éloigner de l’espace central de rassemblement.<br />

En conclusion, par sa sensibilité et les recherches approfondies<br />

qu’il mène au sujet des sites qu’il aménage, l’architecte paysagiste<br />

est en mesure de conserver et mettre en valeur le patrimoine bâti<br />

et naturel de nos villes et territoires. Les approches et exemples<br />

abordés dans le présent article visent à expliquer le rôle important<br />

que l’architecte paysagiste joue dans la reconnaissance de l’identité<br />

propre et de l’esprit d’un lieu inhérent à un paysage par la révélation<br />

de son existant et de sa conservation.<br />

Notes<br />

1. Ministère de la Culture et des Communications.<br />

(2013). Répertoire du patrimoine culturel du Québec.<br />

Jardins de Métis. En ligne : patrimoine-culturel.<br />

gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=105299&type=bien<br />

2. Parcs Canada. (2010). Normes et lignes directrices<br />

pour la conservation des lieux patrimoniaux au<br />

Canada : une collaboration fédérale-provinciale-territoriale.<br />

Ottawa.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

45


○10<br />

Patrimoine<br />

LE PAYSAGE CULTUREL<br />

DE WENDAKE :<br />

VALORISER ET CÉLÉBRER<br />

L’IDENTITÉ<br />

Marie-France Turgeon<br />

Architecte paysagiste<br />

EN COLLABORATION AVEC Chloé Asselin Étudiante en architecture Mélissa Mars Consultante en patrimoine<br />

Centre culturel, politique et économique florissant, Wendake est l’une<br />

des réserves autochtones les plus dynamiques de la province. Située à une<br />

dizaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Québec, elle longe les rives<br />

de l’Akiawenrahk (« rivière à la truite » en wendat), soit la rivière Saint-Charles.<br />

Wendake est le chef-lieu de la nation huronne-wendat et incarne ses<br />

traditions et ses valeurs par la diversité de ses composantes culturelles<br />

et naturelles. Une partie de la réserve est reconnue comme<br />

un lieu historique national du Canada, soulignant son importance à<br />

l’échelle du pays, notamment comme « paysage culturel évoquant le<br />

" rétablissement des valeurs huronnes " » (Parcs Canada).<br />

Ayant à cœur la mise en valeur de son milieu de vie, la communauté<br />

de Wendake travaille depuis de nombreuses années avec l’architecte<br />

paysagiste d’EVOQ Marie-France Turgeon afin de préserver,<br />

promouvoir et développer avec sensibilité ce paysage culturel unique.<br />

Voici un aperçu des projets découlant de cette étroite collaboration.<br />

AU FONDEMENT DE WENDAKE<br />

L’histoire de la nation huronne-wendat remonte au 17 e siècle. Les<br />

peuples de la Confédération wendat occupaient alors un vaste<br />

territoire dans la baie Georgienne du comté de Simcoe en Ontario.<br />

Vivant de manière semi-sédentaire de chasse, de pêche, de<br />

cueillette et d’agriculture, ils se déplaçaient tous les 15 ans afin de<br />

permettre la régénérescence naturelle des sols, des lacs et du gibier.<br />

« Habitants de l’île ou de la péninsule », les Hurons ont ainsi su établir<br />

au fil des années un réseau commercial bien tissé par canoé et<br />

voie terrestre autour de trois des Grands Lacs d’Amérique du Nord<br />

(les lacs Huron, Érié et Ontario). Alors que la nation recèle les plus<br />

puissants commerçants du continent, l’arrivée des colonisateurs<br />

transforme ses traditions, sans compter les pertes considérables<br />

engendrées par les guerres et les épidémies. En raison de la guerre<br />

menée par les Iroquois, la communauté se regroupe alors afin de<br />

migrer vers d’autres terres. Sous la direction des pères jésuites<br />

Paul Ragueneau (1608-1680) et Pierre-Joseph-Marie Chaumonot<br />

(1611-1693), elle remonte le fleuve Saint-Laurent jusqu’à la ville de<br />

Québec. Ainsi naît progressivement la réserve de Wendake.<br />

Aujourd’hui, Wendake forme un paysage culturel d’une superficie<br />

de 1,1 km 2 , où un bâti dense s’entremêle à des aménagements urbains<br />

et paysagers pluriels vivant au rythme des activités de la communauté.<br />

Ceinturée de part et d’autre par le quartier de Loretteville<br />

de Québec, elle est également la seule réserve autochtone urbaine<br />

de la province et le dernier lieu d’établissement de la nation huronnewendat,<br />

les autres ayant été décimés.<br />

46 PAYSAGES — No 17


Stéphane Groleau<br />

↑ Hôtel - Musée Premières Nations<br />

SE DÉFINIR ET S’OUTILLER<br />

Les prémices de la collaboration entre la communauté huronnewendat<br />

et Marie-France Turgeon sont marquées par l’intention<br />

d’assurer une juste lecture de ce territoire et de ses multiples strates<br />

par l’élaboration d’outils et de politiques.<br />

À cet effet, un premier plan directeur est réalisé pour le Vieux-Wendake<br />

(1999); mis en application dès 2001, il vise à préserver et valoriser le<br />

patrimoine culturel de la communauté grâce à l’utilisation de symboles<br />

forts et de référents spécifiques à ses valeurs et à ses traditions.<br />

Guidant l’aménagement du territoire, ces référents s’ancrent<br />

dans l’histoire de la nation et peuvent s’incarner dans les couleurs<br />

et les végétaux utilisés, favorisant la réappropriation culturelle par la<br />

communauté elle-même. La définition de ces référents est réalisée<br />

en étroite collaboration avec les membres du Conseil de la Nation<br />

et selon un processus de consultation en quête de consensus et de<br />

sens partagé.<br />

S’ensuit une Politique de gestion des espaces verts (2003) afin d’offrir<br />

un document de référence sur la végétation de Wendake, de sa<br />

signification symbolique à son utilisation pratique, et d’en favoriser<br />

la préservation par l’entretien des aménagements paysagers.<br />

Enfin, un recueil relatant les recherches réalisées sur les plantes<br />

traditionnelles (La petite flore huronne-wendat, 2004) permet la<br />

transmission du patrimoine végétal culturel lié à l’utilisation des<br />

plantes indigènes en regroupant les végétaux selon leur utilisation :<br />

la médecine, l’alimentation, la spiritualité et la fabrication d’objets.<br />

Ces outils visent à enrichir les connaissances associées au paysage<br />

culturel de Wendake et à sa communauté, à cibler les enjeux qui leur<br />

sont propres et à esquisser les opportunités de mise en valeur par<br />

des projets d’aménagement structurants et identitaires. En voici<br />

quelques exemples, réalisés au cours des deux dernières décennies.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

47


❶ UN PARVIS D’ÉGLISE RASSEMBLEUR (2003)<br />

L’église Notre-Dame-de-Lorette, située au cœur du Vieux-Wendake,<br />

fut reconstruite en 1865 à la suite d’un incendie qui détruisit la<br />

première chapelle de 1730. Cette église est étroitement associée<br />

à la christianisation des Hurons-Wendats par les Jésuites et donc<br />

à leur assimilation culturelle. Elle symbolise également l’arrivée<br />

en 1650 de la communauté sur le territoire. À cet effet, elle est<br />

reconnue comme bâtiment patrimonial classé (1957) et désignée<br />

comme lieu historique national du Canada (1981). Or, au début<br />

des années 2000, l’aménagement de son parvis suscite de vives<br />

discussions dans la communauté, puisqu’il est exclusivement<br />

inspiré de la tradition architecturale catholique par l’emploi de<br />

végétaux ornementaux et de formes rectilignes. En 2003, le terrain<br />

fait l’objet d’un réaménagement neutre. La communauté a<br />

exigé que tout symbole associé à la culture huronne-wendat soit<br />

absent de l’aménagement. Ce site est donc uniquement constitué<br />

de plantations ornementales et ne tient pas compte de la flore<br />

locale développée.<br />

❷ DES MOSAÏCULTURES AU REFLET<br />

DES HUIT CLANS (2005)<br />

La mosaïculture bi ou tridimensionnelle combine l’art de la<br />

mosaïque – soit offrir un assemblage de couleurs – à celui de<br />

l’horticulture. Ici, les mosaïcultures prennent la forme des animaux<br />

totems de chacun des huit clans de la nation : la tortue,<br />

le loup, l’ours, le chevreuil, le castor, le faucon, le porc-épic et<br />

le serpent. Ces animaux, recouverts d’une diversité de végétaux<br />

colorés et texturés, sont mis en scène dans leur contexte<br />

de vie naturel. Ainsi, l’ours est assis dans les petits fruits et<br />

le chevreuil mange des bourgeons. Véritables œuvres d’art<br />

vivantes, les mosaïcultures sont des symboles importants pour<br />

les Hurons-Wendats, car elles illustrent les us et coutumes politiques<br />

basés sur la formation de clans pour la gestion des affaires<br />

civiles des familles.<br />

❸ UN JARDIN POUR LA MAISON TSAWENHOHI (2006)<br />

La maison Tsawenhohi est l’une des composantes du musée et<br />

témoigne des savoir-faire traditionnels de la communauté par sa<br />

conception, son aménagement et les artefacts qu’elle renferme.<br />

Dans le prolongement de la mission de cette maison, à savoir la<br />

transmission, le jardin qui la borde s’ancre dans les référents de<br />

la nation. Ainsi, comme pour l’hôtel-musée, les arbustes et les<br />

vivaces ont été choisis pour leur capacité d’adaptation aux conditions<br />

du site ainsi que pour leur caractère symbolique. Chaque<br />

plante introduite a été approuvée par le Conseil de la Nation et le<br />

ministère de l’Environnement à la suite d’un processus d’identification<br />

et de documentation exigeant prenant ancrage dans les<br />

recherches effectuées précédemment par Marie-France Turgeon.<br />

Aujourd’hui, ces plantes et végétaux sont présentés au cœur<br />

d’un sentier courbe et rythmé d’un plan d’eau. Le parcours s’inspire<br />

de la double courbe huronne-wendat illustrée sur les motifs<br />

de vêtements traditionnels. Des fiches informatives décrivent le<br />

végétal, son milieu d’implantation ainsi que son rôle dans l’alimentation,<br />

la médecine, la fabrication d’objets et la spiritualité<br />

chez les Hurons-Wendats. Une partie du jardin se distingue par<br />

son aménagement qui rappelle la culture des trois sœurs, une<br />

méthode de culture du maïs, des courges et des haricots utilisée<br />

par les Wendats.<br />

❹ DES AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS STRUCTURANTS<br />

POUR L’HÔTEL-MUSÉE (2008)<br />

L’hôtel et le musée offrent aux visiteurs une expérience fidèle<br />

aux traditions et à la culture des Hurons-Wendats, tout en en<br />

démontrant la pérennité et l’actualisation. Lors de l’aménagement<br />

du terrain voisin, l’architecte paysagiste a saisi l’importance<br />

de mettre en valeur les liens étroits qu’entretiennent les<br />

Wendats avec leur environnement. Ainsi, le parcours des sens et<br />

des découvertes qui gravite autour des bâtiments recèle de multiples<br />

végétaux employés depuis des siècles par la communauté<br />

dans la fabrication d’objets, la spiritualité, l’alimentation et la<br />

médecine. Préféré à la pelouse, le trèfle rouge unifie l’ensemble,<br />

couvrant le sol jusqu’à la rivière. Ce projet dépasse donc le cadre<br />

d’un aménagement classique centré sur la qualité esthétique<br />

des composantes choisies, en mettant au cœur de son paysage<br />

les savoirs et les pratiques tant ancestrales qu’actuelles<br />

de la communauté.<br />

48 PAYSAGES — No 17


❺ UNE PLACE DE LA NATION AUX PORTES<br />

DU VIEUX-WENDAKE (2008 ET 2017)<br />

Située à l'entrée ouest du Vieux-Wendake, à côté de la chute<br />

Kabir Kouba, cette place publique de forme circulaire est aménagée<br />

en 2008 sur un ancien cimetière. Afin d’en préserver les<br />

vestiges archéologiques, l’aménagement est réalisé en surface.<br />

En son centre, des pavés colorés illustrent un grand tournesol,<br />

emblème floral de la nation. Accueillant cérémonies, spectacles<br />

et rassemblements, la place est ceinturée de jardins en paliers<br />

de pierre descendant graduellement vers la rivière Akiawenrahk,<br />

faisant écho par sa forme et son aménagement au flot continu<br />

du cours d’eau.<br />

À l’occasion de la Journée nationale des Autochtones, la place est<br />

renommée Onywahtehretsih le 21 juin 2017. Le tournesol est alors<br />

remplacé par un vaste bassin d’eau racontant le mythe wendat de<br />

la Création. Unissant les arts traditionnels et modernes, l’aménagement<br />

souligne les œuvres de la communauté, soit les bancs<br />

circulaires conçus par l’artiste huron-wendat Ludovick Boney et<br />

les animaux de bronze de l’artiste wendat-abénaquise Christine<br />

Sioui-Wawanoloath. Ces œuvres peuplent le bassin d’eau dont<br />

la surface monolithique narre la légende d’Aataentsic, rattrapée<br />

par les bernaches alors qu’elle tombait du ciel. Postées aux points<br />

cardinaux, les quatre créatures mythiques surveillent sa chute,<br />

qui aboutit sur le dos enflammé de la Grande tortue symbolisant<br />

la Terre. Ainsi débute l’histoire de cette société à filiation traditionnellement<br />

matrilinéaire. Conçue, coordonnée et réalisée sous la<br />

direction de l’architecte paysagiste, cette place s’inscrit comme un<br />

legs du Canada dans le cadre des festivités du 150 e anniversaire<br />

grâce à une subvention du ministère du Patrimoine canadien.<br />

❻ LE POW-WOW, UN CERCLE DE DANSE UNIQUE<br />

EN AMÉRIQUE DU NORD (2016)<br />

Les fêtes de la rencontre, appelées « pow-wow », étaient auparavant<br />

tenues à même un stationnement asphalté. Depuis la réalisation<br />

de cet aménagement, elles se déroulent autour d’un grand<br />

cercle végétal délimité par une piste de terre battue rouge, une<br />

couleur significative pour la nation. Le boisé de Wendake, dans<br />

lequel le cercle s’insère, s’anime de manifestations festives célébrant<br />

l’héritage culturel des Premières Nations. Les constructions<br />

ont été limitées au strict nécessaire afin de préserver la biodiversité<br />

du boisé et d’apprécier ses qualités intrinsèques existantes.<br />

Ainsi, durant les chaudes journées d’été, les arbres entourant<br />

le site procurent de l’ombre aux membres de la communauté<br />

rassemblés sur les gradins de bois et de pierre qui épousent la<br />

topographie naturelle du site. Offrant un espace intimement lié<br />

aux éléments de la nature, ce lieu pouvant accueillir 1000 spectateurs<br />

contribue à la magie des danses et permet aux familles<br />

et aux amis de se rapprocher du noyau social afin d’échanger.<br />

CONCLUSION<br />

Reflet d’une nation soucieuse de la qualité de son milieu de vie et<br />

de la perpétuation de ses valeurs, le paysage culturel de Wendake<br />

s’ancre dans les traditions huronnes-wendats. Les composantes<br />

naturelles et culturelles qui rythment son territoire en célèbrent<br />

continuellement l’identité par le biais de symboles forts définis<br />

avec le Conseil de la Nation. Conçus par Marie-France Turgeon<br />

d’EVOQ, les aménagements paysagers de Wendake embrassent<br />

ainsi les us et coutumes de la communauté et, par le fait même,<br />

favorisent l’appropriation et les sentiments de fierté et d’appartenance<br />

de ses membres.<br />

Aujourd’hui, Wendake est bien plus<br />

qu’un territoire balisé; il est un<br />

patrimoine vivant, habité et investi par<br />

la communauté, consciente de sa richesse<br />

et de son unicité au Québec et plus<br />

largement en Amérique du Nord.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

49


Airlmex<br />

○11 Protection du territoire<br />

LE PAYSAGE HUMANISÉ<br />

DE L’ÎLE-BIZARD<br />

Une approche innovante de protection<br />

et de mise en valeur d'un territoire champêtre<br />

Sabine Courcier, Ph D.<br />

Conseillère en aménagement<br />

Service des grands parcs,<br />

du Mont-Royal et des sports<br />

Ville de Montréal<br />

AVEC LA COLLABORATION DE Marie-Claude Séguin Architecte paysagiste, cheffe de division Marie Lafontaine Biologiste, cheffe de section<br />

Claudine Deschêne Architecte paysagiste, cheffe d’équipe Jacinthe Inkel Architecte paysagiste, conseillère en planification, Service des grands parcs,<br />

du Mont-Royal et des sports, Ville de Montréal<br />

50 PAYSAGES — No 17


L’ouest de l’île Bizard est caractérisé par un paysage de bocage – soit une<br />

région rurale dans laquelle les champs sont bordés de haies – unique à l’échelle<br />

de la région métropolitaine de Montréal. Il s’agit d’un espace habité présentant<br />

une mosaïque d’habitats naturels et agricoles favorables à la biodiversité.<br />

Avec le Grand parc de l’Ouest, ce projet participe à la protection et à la mise en<br />

valeur de la Trame verte et bleue de l’ouest montréalais.<br />

LE PAYSAGE HUMANISÉ DE L'ÎLE-BIZARD, UN PROJET<br />

DE COMMUNAUTÉ EN HARMONIE AVEC LA NATURE<br />

En septembre 2021, l’ouest de l’île Bizard est devenu le premier<br />

territoire à obtenir le statut de paysage humanisé projeté, en vertu<br />

de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. Selon cette loi,<br />

« un paysage humanisé vise la protection<br />

de la biodiversité d’un territoire habité,<br />

terrestre ou aquatique dont le paysage et ses<br />

composantes naturelles ont été façonnés,<br />

au fil du temps, par des activités humaines<br />

en harmonie avec la nature et présentent<br />

un caractère distinct dont la conservation<br />

dépend fortement de la poursuite des<br />

pratiques qui en sont à l’origine. »<br />

C’est une désignation d’aire protégée qui s’inscrit dans la catégorie<br />

V d’aires protégées de l’Union internationale pour la conservation de<br />

la nature (UICN), « Paysage terrestre ou marin protégé », une catégorie<br />

qui met de l’avant les paysages et l’interaction homme-nature.<br />

D’une superficie de 1798 hectares, le territoire concerné couvre<br />

la zone agricole permanente de l’île Bizard et des milieux naturels<br />

adjacents, y compris une partie du lac des Deux Montagnes et de<br />

la rivière des Prairies. La partie terrestre du paysage humanisé projeté<br />

est majoritairement constituée de terres privées. On y compte<br />

environ 660 habitants. Le paysage humanisé et le Grand parc de<br />

l’Ouest se chevauchent partiellement, ces deux projets misant sur<br />

des approches complémentaires de protection et de mise en valeur.<br />

La mosaïque de milieux naturels et anthropiques qui caractérise<br />

le territoire est à l’origine de paysages remarquables. Ce sont les<br />

paysages reliés aux activités agricoles, les paysages patrimoniaux,<br />

marqués par une vingtaine de bâtiments, une croix de chemin et<br />

un réseau de murets de pierre qui marquent la trame seigneuriale<br />

de séparation des lots (SPHIBSG, 2008). Les deux terrains de golf<br />

constituent aussi des ensembles aménagés intéressants du point<br />

de vue des paysages. Enfin, le parcours riverain offre des vues sur<br />

les plans d’eau qui ceinturent l’île et particulièrement sur la rivière<br />

des Prairies depuis la pointe Théorêt, l’un des secteurs du Grand<br />

parc de l’Ouest.<br />

Le statut de paysage humanisé de L'Île-Bizard vient protéger et<br />

mettre en valeur la partie champêtre de l’île; il vise à assurer l'équilibre<br />

entre les milieux naturels terrestres et aquatiques, les espaces<br />

agricoles et les lieux de vie. Le plan de conservation souligne que le<br />

statut de paysage humanisé « permet la poursuite de nombreuses<br />

activités humaines, pourvu que ces dernières soient compatibles<br />

avec la conservation de la biodiversité » (MELCC, 2021, p. 5417).<br />

Le projet vise quatre objectifs généraux : la protection de la biodiversité<br />

et des services écosystémiques associés; la connectivité<br />

écologique; l’agriculture de bocage; et l’utilisation durable de la<br />

biodiversité et des ressources naturelles renouvelables (MELCC,<br />

2021, p. 5420).<br />

UN PAYSAGE DE BOCAGE, SOURCE DE NOMBREUX<br />

SERVICES ÉCOLOGIQUES<br />

Le plan de conservation du paysage humanisé projeté souligne<br />

que l’un des intérêts de conservation du paysage humanisé réside<br />

dans le maintien du bocage du fait de ses bénéfices pour la biodiversité<br />

et l’agriculture. Notons que cette structure paysagère est<br />

récente; elle résulte d’un changement dans les pratiques agricoles,<br />

la mécanisation de l'agriculture et la déprise agricole ayant favorisé<br />

la croissance des haies (Fournelle, 2010). Celles-ci constituent des<br />

habitats et forment un important réseau de corridors écologiques<br />

permettant l’adaptation et la migration des espèces. Les murets de<br />

pierre forment aussi des habitats pour des mousses, des lichens et<br />

la petite faune. Le bocage est source de nombreux services écologiques<br />

pour l’agriculture tels que la pollinisation, la lutte contre les<br />

maladies et les ravageurs, le maintien de la fertilité des sols et la<br />

réduction de l’érosion. Il favorise une meilleure résilience aux événements<br />

climatiques tels que les sécheresses, les pluies abondantes<br />

et les vents violents. De plus, il offre des services culturels comme<br />

lieu de découverte de l’histoire et du patrimoine locaux.<br />

Si les photos aériennes mettent pleinement en lumière le paysage<br />

de bocage, sa découverte est moins facile sur le terrain. En effet,<br />

la route qui ceinture le territoire offre peu de perspectives visuelles<br />

sur les cultures, et aucun chemin public formel ne permet d’accéder<br />

au cœur du territoire. L’aménagement d’un sentier permettra de<br />

découvrir la richesse du territoire. Les haies et murets de pierre qui<br />

rythment la promenade, tels des portes, laisseront apparaître une<br />

succession de paysages variés et différents à chaque saison.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

51


UN LONG PROCESSUS DE DÉSIGNATION<br />

C’est dès 2005 que des résidents de l’île Bizard ont interpellé la Ville<br />

de Montréal en vue de protéger et mettre en valeur la zone agricole.<br />

Dans le cadre de sa Politique de protection et de mise en valeur<br />

des milieux naturels, la Ville s’était fixé des objectifs d’augmentation<br />

des superficies d’aires protégées (Ville de Montréal, 2004).<br />

Elle a alors exploré les possibilités qu'offrait le statut de paysage<br />

humanisé et s’est engagée dans une démarche de planification<br />

concertée, en collaboration avec le ministère de l'Environnement<br />

et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), responsable<br />

du statut de protection. Elle a mis en place diverses initiatives<br />

de participation publique à partir de 2010 (Ville de Montréal et<br />

Copticom, 2021). En 2012, la consultation publique menée par<br />

l’Office de consultation publique de Montréal sur l’agriculture<br />

urbaine a mis de l’avant l’importance de protéger les terres agricoles<br />

(OCPM, 2012). En parallèle, la Ville a annoncé en 2019 la création<br />

du Grand parc de l’Ouest, qui vise notamment à poursuivre le<br />

développement du réseau des grands parcs et à mettre en valeur<br />

le territoire, dont les activités agricoles.<br />

Il a fallu plus de 10 ans pour que les démarches d’octroi du statut<br />

de paysage humanisé projeté aboutissent; des défis liés au territoire<br />

ainsi qu’au statut de protection expliquent ces délais. La longueur<br />

du processus a entraîné une certaine démobilisation des citoyens<br />

impliqués initialement. Si la majeure partie des résidents de l'île<br />

Bizard et des groupes environnementaux ont toujours appuyé le<br />

projet, certains propriétaires de terres agricoles ont vu fondre leurs<br />

espoirs de dézonage et se sont mobilisés en sa défaveur (Ville de<br />

Montréal et Copticom, 2021). Des producteurs agricoles et des résidents<br />

ont aussi craint que le projet apporte de nouvelles contraintes<br />

et fasse baisser la valeur de leurs propriétés.<br />

La création d’une aire protégée de catégorie V est une première au<br />

Québec et renvoie à une tradition plus européenne que nord-américaine.<br />

L’absence de précédent et de ligne directrice a entraîné de<br />

nombreux échanges entre la Ville et le MELCC pour concrétiser le<br />

plan de conservation.<br />

LA PROTECTION DU TERRITOIRE PAR LA PLANIFICATION<br />

ET LA RÉGLEMENTATION<br />

L’une des préoccupations de la Ville de Montréal était de mettre en<br />

place progressivement les conditions nécessaires aux exigences<br />

d’une aire protégée. L’adoption, en 2015, du Plan de développement<br />

de la zone agricole et du Schéma d’aménagement et de développement<br />

de l’agglomération de Montréal (ci-après « le Schéma ») ont<br />

été l’occasion de réaffirmer le maintien des limites de la zone agricole<br />

permanente et la volonté municipale que l’ouest de l'île Bizard<br />

devienne une aire protégée (Ville de Montréal, 2015a et b). L’adoption<br />

récente des documents de planification stratégique de la Ville<br />

a été l’occasion de réaffirmer la volonté d’augmenter les superficies<br />

protégées (Ville de Montréal 2020a et b et 2021).<br />

Le règlement de zonage (CA28 0023) prévoit des dispositions touchant<br />

la protection des rives, du littoral et des plaines inondables.<br />

Il encadre l’abattage des arbres et prévoit des dispositions pour<br />

préserver le paysage de bocage en protégeant les haies. Il prévoit<br />

également des dispositions sur le verdissement des terrains et<br />

l’interdiction de planter des espèces végétales envahissantes. Le<br />

règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale<br />

(PIIA) (CA28 0015) comporte des objectifs et des critères de<br />

protection et de mise en valeur des paysages agricoles et des vues<br />

sur les grands plans d’eau, ainsi que des dispositions pour protéger<br />

les murets de pierre.<br />

La protection du paysage humanisé est encadrée par le plan de<br />

conservation, qui comprend un régime des activités et qui s’applique<br />

spécifiquement à la portion aquatique du paysage humanisé<br />

et assure un encadrement additionnel pour les activités régies par<br />

la réglementation municipale. La mise en œuvre du projet s’appuie<br />

aussi sur les initiatives de conservation volontaire et des aménagements<br />

particuliers en arrimage avec la mise en œuvre du Grand parc<br />

de l’Ouest. Pour ce dernier, les acquisitions, l’utilisation du droit de<br />

préemption ainsi que l'établissement d’ententes avec des propriétaires<br />

permettent d’augmenter le territoire protégé.<br />

UN ABOUTISSEMENT ET L’AMORCE<br />

D’UNE NOUVELLE ÉTAPE<br />

L’octroi du statut de paysage humanisé projeté marque l’aboutissement<br />

d’une longue démarche participative ayant permis de reconnaître<br />

les qualités d’un territoire périurbain et de s’engager pour sa<br />

protection. Les échanges doivent se poursuivre avec le MELCC pour<br />

obtenir le statut permanent, soit la reconnaissance comme paysage<br />

humanisé pour une durée qui ne peut être inférieure à 25 ans. Espérons<br />

que l’expérience montréalaise favorisera l’émergence d’autres<br />

projets similaires au Québec. En effet, l’échelle du paysage et sa<br />

signification pour les personnes qui l’habitent sont très porteuses<br />

pour la mise en œuvre de projets de protection de la nature.<br />

L'octroi du statut représente une nouvelle étape de mise en œuvre,<br />

pour laquelle l’appropriation citoyenne est une condition clé de<br />

réussite. Les mécanismes d’information, de concertation et de gouvernance<br />

devront être précisés au cours de la prochaine année, tout<br />

comme les cibles et les indicateurs de suivi de la biodiversité. L’aménagement<br />

d’un sentier multifonctionnel permettant de découvrir le<br />

paysage de bocage et de relier les différents pôles du Grand parc<br />

de l’Ouest est un projet phare à concrétiser.<br />

La mention du paysage humanisé dans<br />

le Schéma a permis que, par concordance,<br />

des dispositions soient prises pour<br />

conserver la proportion élevée de milieux<br />

naturels et mettre en valeur les paysages.<br />

Accédez à la bibliographie :<br />

bit.ly/3hHWs3T<br />

52 PAYSAGES — No 17


○12 <strong>Paysages</strong> en évolution<br />

QUELQUES ENSEIGNE-<br />

MENTS À TIRER<br />

DE L’OBSERVATOIRE<br />

PHOTOGRAPHIQUE<br />

DES PAYSAGES<br />

DE MEMPHRÉMAGOG<br />

Gérald Domon<br />

Professeur associé à la Faculté<br />

de l'aménagement de l'Université de Montréal<br />

On sait que les paysages évoluent au gré des saisons. On se doute bien<br />

qu’ils évoluent aussi au fil des ans. Mais qu’en est-il sur le plus long terme,<br />

sur 10, 20, 30 ans ? Certes, les professionnels en paysage que nous sommes<br />

pensent bien avoir la réponse juste.<br />

Pourtant, force est d’admettre que plusieurs d’entre nous avons<br />

été étonnés, en sortant les vieilles photos de l’album familial, de<br />

voir à quel point non seulement les gens avaient changé, mais les<br />

bâtiments, les champs et les abords des lacs derrière eux aussi. À<br />

l’instar des individus, certains paysages vieillissent bien, d’autres<br />

moins. Alors, qu’en est-il vraiment de l’évolution des paysages sur<br />

le plus long terme ?<br />

Un projet mené avec la MRC de Memphrémagog nous a donné<br />

l’occasion de nous pencher attentivement sur cette question 1 .<br />

Ainsi, en préparation de son premier schéma d’aménagement, la<br />

MRC avait, en 1986, mandaté la firme SOTAR pour identifier, documenter<br />

et cartographier les paysages d’intérêt supérieur, l’exercice<br />

conduisant, entre autres, à la production d’un fonds photographique<br />

comportant quelque 600 diapositives. Plus de 30 ans plus tard, le<br />

projet mené avec la MRC allait nous permettre de revisiter au-delà<br />

de 50 des sites photographiés et d’en prendre de nouveaux clichés<br />

dans les conditions les plus semblables possibles. Dans le<br />

but non seulement de connaître les changements intervenus, mais<br />

aussi et peut-être surtout de les comprendre, quelque 48 résidents<br />

ont été invités à parler des paysages qui leur étaient familiers, et<br />

ce, en ayant sous les yeux les photos initiales et celles prises plus<br />

de 30 ans plus tard. Il s’agissait ainsi de mieux connaître les principaux<br />

facteurs qui avaient conduit ou non au(x) changement(s)<br />

observé(s). Un examen, même rapide, des paires de photos et<br />

des échanges qui ont résulté de l’exercice permet d’identifier<br />

et de mieux comprendre les lourdes tendances qui marquent les<br />

paysages québécois. Bien que ces tendances soient tirées du territoire<br />

de Memphrémagog, d’aucuns reconnaîtront certainement des<br />

situations semblables dans leur propre région.<br />

Ainsi, le temps n’a pas affecté tous les paysages de la même façon.<br />

Alors que les paysages au sein desquels se trouvent des bâtiments<br />

institutionnels ont su traverser les années, deux grands groupes ont<br />

été lourdement touchés. D’une part, les transformations profondes<br />

de l’agriculture ont laissé des traces, notamment dans le bâti agricole.<br />

Ainsi, plusieurs granges-étables qui attiraient le regard par<br />

leur volume et par leur singularité et qui, par le fait même, présentaient<br />

une valeur patrimoniale certaine ont disparu, souvent sans<br />

ne laisser aucune trace. D’autre part, dans Memphrémagog comme<br />

ailleurs, l’activité commerciale a été concentrée dans des édifices<br />

de plus grande surface, entraînant du même coup la fermeture de<br />

plusieurs commerces de proximité qu’annonçaient encore en 1986<br />

des affiches vintage dont la taille et les couleurs attiraient l’attention.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

53


Divers paysages<br />

de Memphrémagog<br />

à travers le temps<br />

1986 — 2017<br />

2017<br />

1986<br />

❶<br />

Grange<br />

à Austin<br />

❷<br />

L’Abbaye<br />

Saint-Benoit-du-Lac,<br />

vue du chemin<br />

des Pères<br />

❸<br />

Rue commerciale,<br />

ville de Stanstead<br />

❹<br />

Route agricole,<br />

canton de Potton<br />

Photos : Gérard Beaudet<br />

54 PAYSAGES — No 17


Si le temps a donc fait disparaître des éléments d’intérêt, le projet a<br />

aussi révélé de belles réussites en matière de maintien et de mise en<br />

valeur des paysages. La vue remarquable de l’Abbaye Saint-Benoitdu-Lac<br />

à partir du chemin des Pères, que plusieurs considèrent,<br />

en raison de son ampleur, comme le « Rocher Percé » du sud, est<br />

toujours là. La grange ronde de Mansonville, véritable cathédrale<br />

en bois, occupe toujours le centre du village et a fait l’objet d’une<br />

restauration qui en a révélé la splendeur. Enfin, l’important réaménagement<br />

de la tête du lac Memphrémagog est venu rendre cette<br />

portion de la ville beaucoup plus conviviale, et ce, au point d’en faire<br />

l’un des éléments les plus prisés de la municipalité. Ces réussites,<br />

retenues parmi d’autres, font aujourd’hui partie des éléments identitaires<br />

les plus significatifs du territoire de la MRC, contribuant à<br />

son caractère distinctif et attrayant.<br />

Revisiter les paysages qui figuraient, quelques années plus tôt,<br />

parmi les plus exceptionnels d’un territoire comporte un risque évident,<br />

celui d’alimenter la nostalgie. Celui, donc, de mettre au jour<br />

une érosion plus ou moins grande du patrimoine paysager et, de ce<br />

fait, de laisser entendre que tout était tellement plus beau avant. Or,<br />

alors que les efforts des uns portent sur la protection de ce patrimoine,<br />

ceux des autres visent à maintenir les paysages vivants en<br />

créant un nouveau patrimoine, soit des paysages de qualité qui ont<br />

émergé au cours des récentes décennies et qui génèrent déjà fierté<br />

et bien-être. Dans Memphrémagog, c’est le cas de Bleu Lavande,<br />

qui, depuis 17 ans, produit non seulement une huile essentielle,<br />

mais aussi un paysage de grande qualité. C’est aussi le cas de certains<br />

vignobles tels que Pinard & Filles et Vignoble d’Orford, qui<br />

occupent des terres qui, autrement, seraient sans doute retournées<br />

en friche. Enfin, c’est le cas de fermes maraîchères comme Ferme<br />

Erb-La Grange Maraîchère et la Ferme Potagère, qui, tout en répondant<br />

aux nouvelles préoccupations en matière d’environnement et<br />

de santé, sont à réinventer la pratique de l’agriculture.<br />

Les deux paragraphes précédents nous<br />

amènent à l’élément le plus inattendu au<br />

moment d’amorcer le projet, soit l’ampleur<br />

de l’engagement citoyen en matière de<br />

protection et de mise en valeur des paysages.<br />

Si cet engagement peut être bien visible dans le cas de l’établissement<br />

de nouvelles entreprises agricoles, il est, le plus souvent,<br />

souterrain, dans la mesure où il demeure imperceptible à l’œil. Cet<br />

engagement n’aurait donc pas été possible à saisir pleinement sans<br />

les rencontres avec des résidents familiers avec les paysages revisités.<br />

Et cet engagement, relevons-le, prend différentes formes.<br />

D’abord, celle – comme en plusieurs endroits – d’ententes entre<br />

propriétaires agricoles et non agricoles pour assurer la fauche des<br />

champs et le maintien des ouvertures visuelles. Est ainsi reconnu<br />

le caractère multifonctionnel de l’agriculture, celle-ci ne produisant<br />

plus uniquement des biens alimentaires, mais aussi du paysage et<br />

du bien-être. Il prend aussi la forme du regroupement de citoyens au<br />

sein d’associations pour assurer l’entretien et, au besoin, la reconversion<br />

des bâtiments institutionnels, églises et écoles principalement,<br />

leur permettant ainsi de poursuivre leur rôle non seulement<br />

sur les plans paysager et patrimonial, mais aussi sur le plan social.<br />

Plus étonnant encore, cet engagement prend une forme inédite<br />

alors que le gestionnaire d’un ancien cimetière anglican procède à<br />

des collectes de fonds pour assurer le maintien des lieux en écrivant<br />

aux descendants (qui, pour la plupart, résident aujourd’hui à l’extérieur<br />

de la province) des personnes qui y sont inhumées.<br />

Enfin, la connaissance et la compréhension des facteurs responsables<br />

des différentes trajectoires d’évolution des paysages sur<br />

une période plus de 30 ans sont venues mettre en évidence le fait<br />

qu’en de nombreux cas, nous n’avons plus à subir l’évolution des<br />

paysages, divers outils nous permettant aujourd’hui de l’orienter<br />

vers un avenir souhaité. D’une part, les MRC et municipalités disposent<br />

d’un ensemble de moyens d’intervention : zonage, plans<br />

d’implantation et d’intégration architecturale, règlements sur l’affichage<br />

et sur l’abattage d’arbres, pouvoir d’acquisition, etc., des<br />

outils qui, particulièrement en milieux urbains et villageois, sont à<br />

la base de plusieurs belles réussites en matière de paysage. D’autre<br />

part, dans la mesure où on les reconnaît et leur apporte un soutien<br />

adéquat pour assurer leur pérennité, les diverses formes d’engagement<br />

citoyen ont aussi le potentiel de contribuer activement au<br />

façonnement des paysages de demain, soit des paysages désirés<br />

et non des paysages imposés.<br />

Le projet mené dans la MRC<br />

de Memphrémagog confirme donc<br />

l’intérêt à l’égard des observatoires<br />

photographiques des paysages,<br />

qui, il convient de le mentionner,<br />

demeurent inédits au Québec.<br />

En plus d’ajouter une couche additionnelle de connaissances sur<br />

le territoire, les reprises photographiques, lorsque couplées à des<br />

entretiens auprès d’individus familiers avec les paysages considérés,<br />

permettent surtout, comme le montrent les paragraphes<br />

précédents, d’assurer une compréhension des dynamiques, nécessaire<br />

à la mobilisation des stratégies et des outils aptes à contribuer<br />

à la mise en valeur des paysages. De surcroît, si, dans le présent<br />

cas, la perspective retenue en est une rétrospective, les observatoires,<br />

comme le montrent de nombreux cas européens 2 , peuvent<br />

aussi être utilisés dans une perspective prospective. Ils pourraient,<br />

par exemple, être mis en place pour mesurer la performance de<br />

politiques visant le maintien du patrimoine, la renaturalisation des<br />

berges ou la revitalisation des noyaux villageois et en assurer le<br />

suivi. Portant sur les paysages fragilisés par les tendances lourdes<br />

qui marquent le territoire (transformation des pratiques de consommation,<br />

intensification des pratiques agricoles, pressions en matière<br />

de développement sur les sites naturels, dévitalisation des municipalités<br />

rurales aux marges de l’écoumène, etc.), les observatoires<br />

pourraient aussi permettre d’avoir un portrait plus juste de l’évolution<br />

de notre patrimoine paysager et servir de puissant outil de<br />

sensibilisation. En définitive, le potentiel des observatoires photographiques<br />

des paysages reste à exploiter.<br />

Accédez aux références de cet article :<br />

bit.ly/3BF7aRQ<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

55


RÉPERTOIRE<br />

DES<br />

Section<br />

2<br />

ANNONCEURS<br />

INDEX<br />

68 Agrébec Inc.<br />

75 ARIUM design<br />

60 Atmosphäre<br />

64 BG-Graspointner<br />

59 BLOOM<br />

65 Bolduc<br />

60 Carpell Surfaces<br />

04 Cour à bois<br />

02 Cyclone<br />

67 Earthscape<br />

73 edp<br />

100 Equiparc<br />

59 Équipements Récréatifs Jambette<br />

69 Groupe Ici Jeux<br />

63 Groupe Richer<br />

58 Landscape Forms<br />

74 Les Agences de l'Est P.J.<br />

62 Les Épandages Robert<br />

62 Les Sols Champlain<br />

78 Luxtec<br />

99 Maglin Site Furniture<br />

03 Matériaux Paysagers Savaria<br />

66 mmcité<br />

06 NOBLIO<br />

58 Ramo<br />

70 Ruel et Frère<br />

66 Shade Systems<br />

71 Stone Decorative<br />

72 Streetlife BV<br />

61 Techo-Bloc<br />

70 Tessier Récréo-Parc<br />

67 Trekfit<br />

BUREAUX<br />

95 AECOM<br />

97 civiliti<br />

96 EVOQ Architecture<br />

97 Fahey et associés<br />

98 NIPpaysage<br />

96 OPTION aménagement<br />

98 Rousseau Lefebvre<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

57


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ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

67


68 PAYSAGES — No 17


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concepteurs d’espaces de jeux attractifs et près de la nature, nous participons à la<br />

santé physique et mentale des jeunes. L’apprentissage par le jeu avec des produits<br />

stimulants, durables, inclusifs et sécuritaires permet de développer une vie de<br />

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ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

75


NOUVELLES<br />

DE<br />

Section<br />

3<br />

L’ASSOCIATION<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

77


78 PAYSAGES — No 17


MOT DE LA DIRECTRICE GÉNÉRALE<br />

LOUISE VACHON<br />

DURECTRICE GÉNÉRALE DE L’<strong>AAPQ</strong><br />

Quelle année 2021 nous avons vécue !<br />

Pour la grande majorité d’entre nous, la vie semble s’être accélérée davantage<br />

et avoir pris de nombreux tournants imprévisibles. Ce fut certainement mon cas<br />

lorsque l’occasion de prendre la tête de l’<strong>AAPQ</strong> s’est présentée au début de l’automne.<br />

Un désir inassouvi depuis toujours – celui d’œuvrer dans le secteur<br />

de l’aménagement – pouvait enfin devenir réalité.<br />

Comme vous pourrez le constater dans les pages qui suivent, 2021 aura été<br />

une année des plus occupées pour l’Association malgré les nombreux départs<br />

et arrivées. Tant à l’hiver qu’à l’automne, de multiples occasions de représentation<br />

auprès de nos interlocuteurs et du public en général ont été saisies afin de faire<br />

entendre la voix des architectes paysagistes et donner toujours plus de visibilité à<br />

la profession. Des lettres ouvertes publiées en collaboration avec diverses parties<br />

prenantes, le dépôt d’un mémoire, notre participation au processus de consultation<br />

concernant la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire<br />

(PNAAT) ainsi que l’organisation de pas moins de cinq rendez-vous virtuels<br />

ne sont que quelques-uns des gestes que nous avons posés. Tout cela contribue<br />

au fait que le plan stratégique 2019-2024 est en bonne voie de réalisation.<br />

J’aimerais par ailleurs souligner la très belle collaboration que j’ai été à même<br />

de constater depuis mon entrée en poste, qu’elle nous ait été offerte par les<br />

diverses organisations ou associations sœurs sur le terrain ou par des personnes<br />

clés dont la contribution est essentielle à l’avancement de nos dossiers. Ce rare<br />

niveau de collaboration est peut-être dû au fait que la nature même du travail<br />

d’un architecte de paysage peut difficilement se réaliser en vase clos; l’architecte<br />

paysagiste est donc un maître de la collaboration. Je crois aussi que le travail des<br />

personnes qui nous ont précédé à la direction et à la gouvernance de l’Association<br />

y est certainement pour quelque chose et je leur lève mon chapeau !<br />

L’année <strong>2022</strong> s’annonce tout aussi occupée et certainement pleine de possibilités.<br />

Les diverses autorités publiques et certains promoteurs privés chercheront<br />

à amplifier leurs efforts de mitigation des changements climatiques. Certaines<br />

solutions ou l’élaboration de projets en ce sens requerront l’expertise des architectes<br />

de paysage.<br />

Si la PNAAT voit le jour ce printemps comme prévu, il sera nécessaire de se<br />

pencher sur le plan d’action qui en découlera. De nombreux dossiers chauds<br />

occuperont le comité scientifique. Votre implication dans les affaires de l’<strong>AAPQ</strong>,<br />

notamment par le biais des nombreux autres comités (admission, relève, développement<br />

des compétences, reconnaissance de la profession, etc.), lesquels<br />

permettent tous de prendre notre place, est absolument primordiale.<br />

Alors, n’hésitez pas à lever la main et à vous joindre à nous !<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

79


Conseil<br />

et comités <strong>AAPQ</strong><br />

En date du<br />

31 décembre 2021<br />

CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />

Présidente<br />

Catherine Fernet<br />

Administrateurs<br />

Isabelle Giasson Présidente sortante<br />

Bernard Bigras<br />

Frédéric Birtz<br />

Pascal Blanchette<br />

Gabriel Corriveau<br />

Tracey Hesse<br />

Sébastien Lebel<br />

Johanna Lessard<br />

Philippe Lupien<br />

Julie St-Arnault<br />

Nadège Tchuente<br />

Alan Vignon Représentant des membres stagiaires<br />

Observateurs<br />

Ibrahim Moujane Représentant des étudiants<br />

Louise Vachon<br />

PERMANENCE<br />

Directrice générale<br />

Louise Vachon<br />

Admission et service aux membres<br />

Nancy Bond<br />

DÉLÉGUÉS<br />

AAPC<br />

Tracey Hesse<br />

Prix d’excellence AAPC<br />

Bernard St-Denis<br />

Horticompétences<br />

Danielle St-Jean<br />

Québec Vert (FIHOQ)<br />

Virginie Hébert<br />

COMITÉS<br />

Comité d’admission à l’<strong>AAPQ</strong><br />

Nadège Tchuente Responsable<br />

Neil Kobewka<br />

Selma Laroussi<br />

Jimmy Leiser<br />

Adriana Melendez<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité des affaires légales<br />

(Éthique et déontologie)<br />

Monica Bittencourt Responsable<br />

Alain Baillargeon<br />

Danielle St-Jean<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité scientifique<br />

Philippe Lupien Responsable<br />

Daniel Lefebvre<br />

Bernard Bigras<br />

Jonathan Cha<br />

Daniel Chartier<br />

Catherine Fernet<br />

Tracey Hesse<br />

Chantal Prud’Homme<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité de révision du barème<br />

des honoraires professionnels<br />

Julie St-Arnaud Responsable<br />

Marc Fauteux<br />

Isabelle Giasson<br />

Marie-Claude Séguin<br />

Nadège Tchuente<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité des prix Frederick-Todd<br />

Chantal Prud’homme Responsable<br />

Sébastien Lebel<br />

Édith Normandeau<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité des cours d’école<br />

Marc Fauteux Responsable<br />

Catherine Fernet<br />

Charlotte Gaudette<br />

Josée Labelle<br />

Daniel Lefebvre<br />

Marjorie Pratte<br />

Julie St-Arnaud<br />

Karyna St-Pierre<br />

Marie-France Turgeon<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité des ressources humaines<br />

Pascal Blanchette Responsable<br />

Catherine Fernet<br />

Philippe Lupien<br />

Nadège Tchuente<br />

Comité sur le développement<br />

des compétences<br />

Catherine Fernet Responsable<br />

Gabriel Corriveau<br />

Yohan Dumoulin<br />

Karen Poupart<br />

Nadège Tchuente<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité directeur<br />

pour la reconnaissance<br />

de la profession<br />

Isabelle Giasson Responsable<br />

Vincent Asselin<br />

Pierre Bouchard<br />

Gabriel Corriveau<br />

Natasha Genest<br />

Jean Landry<br />

Lucie St-Pierre<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité <strong>AAPQ</strong>-UdeM et formation<br />

Marie-Claude Massicotte Responsable<br />

Danielle Dagenais<br />

Bernard St-Denis<br />

Louise Vachon Observatrice<br />

Comité de la relève<br />

Alan Vignon Responsable<br />

Jean-Sylvain Brochu<br />

Geneviève Depelteau<br />

William Dib<br />

Yohan Dumoulin<br />

Jihany Hassun<br />

Simon Hovington<br />

Émilie Langlois<br />

Pierre-Luc Tranclé-Armand<br />

80 PAYSAGES — No 17


FÉVRIER JANVIER 2021<br />

ACTIVITÉS<br />

Le REM de l’Est dans le collimateur<br />

Le 13 janvier, l’<strong>AAPQ</strong> s’est jointe à un collectif à l’occasion de<br />

la publication d’une lettre ouverte portant sur le projet du REM<br />

de l’Est. La lettre, publiée dans la section « Débats » de<br />

La Presse et regroupant, entre autres, les Ordres des architectes<br />

et des urbanistes du Québec, demande la mise sur pied d’un<br />

comité d’experts indépendant afin d’assurer l’intégration et la<br />

qualité architecturales du projet. Rappelons que l’<strong>AAPQ</strong> s’était<br />

positionnée à cet égard dès décembre 2020, estimant qu’il<br />

fallait faire de ce projet un exemple en matière de design urbain.<br />

Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> : quand<br />

l’agriculture urbaine redessine la ville<br />

Plus de 130 intervenants de diverses disciplines<br />

se sont réunis le 19 janvier dans le<br />

cadre du 3 e Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong>.<br />

Éric Duchemin, directeur scientifique au<br />

AU/LAB, nous a entretenus de l’importance<br />

des paysages comestibles fondés<br />

sur trois principes : la justice alimentaire,<br />

la réappropriation de l’espace public et la<br />

réappropriation de l’alimentation. Des projets<br />

concrets tels que la Cité maraîchère de<br />

Romainville et ceux de type mange-trottoir<br />

ont été présentés par notre conférencier.<br />

Assistance juridique gratuite pour nos membres<br />

L’<strong>AAPQ</strong> a conclu le 25 janvier un partenariat avec le bureau<br />

Cotney Avocats. Dans le cadre de cette entente, la firme<br />

offre 30 minutes de consultation gratuite par mois à chaque<br />

membre de l’<strong>AAPQ</strong> et accordera 10 % de rabais sur ses honoraires<br />

professionnels. De plus, l’entente inclut la diffusion d’un<br />

webinaire par trimestre sur divers contenus juridiques d’intérêt<br />

pour nos membres. Cette entente vise à répondre à l’engagement<br />

de l’<strong>AAPQ</strong> d’accroître l’offre de service à ses membres.<br />

L’<strong>AAPQ</strong> invitée par la ministre des Affaires municipales<br />

et de l’Habitation du Québec<br />

Le 5 février, la ministre Andrée Laforest invite l’<strong>AAPQ</strong> à participer<br />

aux travaux de divers laboratoires d’innovation publique<br />

visant à doter le Québec d’une Stratégie nationale d’urbanisme<br />

et d’aménagement des territoires (SNUAT).<br />

MARS<br />

Participation aux laboratoires sur la SNUAT<br />

Le 18 mars, l’<strong>AAPQ</strong> participe à une séance de travail du laboratoire<br />

« Qualité des milieux de vie » du ministère des Affaires<br />

municipales et de l’Habitation du Québec, en préparation<br />

de la future Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement<br />

des territoires (SNUAT). Notre association, qui était représentée<br />

par son directeur général, a rappelé l’importance de la protection<br />

des paysages, du verdissement et du développement des<br />

espaces publics comme composantes de la vitalité des communautés.<br />

Le 23 mars, c’est au laboratoire « Résilience, santé<br />

et sécurité » que participe l’<strong>AAPQ</strong>.<br />

Demande d’encadrement professionnel de l’<strong>AAPQ</strong> :<br />

appui et présentation<br />

L’<strong>AAPQ</strong> reçoit l’appui de l’Ordre des architectes du Québec<br />

(OAQ) dans le cadre de sa demande en faveur d’un titre réservé<br />

à l’Office des professions du Québec. Une résolution a été<br />

adoptée par son conseil d’administration à cet effet. Le 19 mars,<br />

la présidente et le directeur général de l’<strong>AAPQ</strong> rencontrent le<br />

conseil d’administration de l’Ordre des urbanistes du Québec<br />

afin d’obtenir son appui.<br />

L’<strong>AAPQ</strong> lance ses travaux sur le développement<br />

des compétences<br />

Le 19 mars, le conseil d’administration approuve le plan d’action<br />

portant sur le développement des compétences. Le plan,<br />

présenté par un comité mandaté par le CA, vise à dresser un<br />

état de la situation, consulter les membres sur les profils de<br />

compétences recherchés, élaborer un règlement sur la formation<br />

continue et procéder à son adoption. Rappelons que<br />

l’axe 3 sur le développement des compétences figure au plan<br />

stratégique 2019-2024.<br />

Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> : quel est le cadre juridique<br />

de la propriété intellectuelle?<br />

Le 30 mars, plus d’une quarantaine de membres de l’<strong>AAPQ</strong><br />

participent au webinaire donné par M e Samuel St-Jean de<br />

Cotney Avocats. Les enjeux liés aux droits d’auteur et à la propriété<br />

intellectuelle dans le secteur du design sont de plus en<br />

plus d’actualité. En effet, les donneurs d’ordres et les concepteurs<br />

ont parfois une interprétation fort différente quant au droit<br />

de propriété. L’événement a reçu d’excellents commentaires.<br />

Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> : connaissez-vous<br />

les bases du contrat de service?<br />

Le 23 février, l’<strong>AAPQ</strong> organise un webinaire s’adressant<br />

particulièrement aux professionnels de la relève en architecture<br />

de paysage qui souhaitent parfaire leurs connaissances<br />

en matière de relations contractuelles. Près de 50 membres<br />

ont entendu M e Samuel St-Jean de la firme Cotney Avocats<br />

expliquer le cadre juridique de la relation contractuelle dans<br />

notre secteur d’activité, et ce, en se référant à divers articles<br />

du Code civil du Québec.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

81


AVRIL<br />

Bonification de la bourse d’excellence<br />

L’<strong>AAPQ</strong> annonce une bonification de sa bourse d’excellence étudiante,<br />

laquelle est remise dans le cadre de l’événement annuel<br />

de l’Exposition des finissants de la Faculté de l’aménagement de<br />

l’UdeM. Dès 2021, la bourse passera de 1 000 $ à 1 500 $. Le Prix<br />

d’excellence étudiante est remis à un projet de maîtrise en architecture<br />

de paysage s’étant démarqué par sa qualité remarquable.<br />

Une AGA réussie !<br />

Plus d’une cinquantaine de professionnels ont participé à<br />

l’AGA 2021 le 24 avril dernier. Tenue pour une deuxième année<br />

consécutive en mode virtuel, l’assemblée a permis de faire le<br />

bilan de l’année 2020, présenter les états financiers, dévoiler<br />

notre nouveau site Internet et remettre nos prix Frederick-Todd<br />

2021. L’<strong>AAPQ</strong> en a profité pour annoncer le retour de la publication<br />

du rapport annuel de ses activités, qui constitue un<br />

document corporatif pour notre association.<br />

Le nouveau site Internet de l’<strong>AAPQ</strong> : un tournant<br />

dans son histoire<br />

Intégrant la nouvelle identité visuelle de notre association,<br />

le site dévoilé le 24 avril regroupe des contenus numériques<br />

d’intérêt par enjeu et champ d’intervention de la profession.<br />

On y retrouve également un portail de projets, qui constitue<br />

une superbe vitrine pour les réalisations de ses membres.<br />

Bravo aux récipiendaires du prix<br />

Frederick-Todd !<br />

Monsieur Jean-Marc Latreille se voit décerner<br />

le prix Frederick-Todd dans la catégorie<br />

« Membre de l’<strong>AAPQ</strong> ». Une longue carrière<br />

en enseignement et la fondation d’une<br />

firme d’architecture de paysage maintenant<br />

connue sous le nom de BC2 constituent<br />

deux de ses plus hauts faits d’armes.<br />

Monsieur Marc-André Carignan, lauréat<br />

dans la catégorie « Personnalité publique »,<br />

est certainement reconnu pour ses chroniques<br />

et séries documentaires sur de multiples<br />

plateformes médiatiques. Il rappelle à<br />

chaque occasion l’importance de l’intégration<br />

des composantes de la transformation<br />

urbaine, dont le paysage, comme réponse<br />

aux enjeux de la ville contemporaine.<br />

De la pertinence des actions<br />

des architectes paysagistes<br />

Les collaborateurs de la 16 e édition de la<br />

revue PAYSAGES ont été invités à examiner<br />

et à mettre en lumière les façons dont<br />

la pratique de l’architecture de paysage<br />

contribue à la santé physique, protège la<br />

santé mentale et permet de créer des liens<br />

sociaux forts et égalitaires, trois piliers de<br />

la santé publique. Le cardiologue François<br />

Reeves y apporte un regard complémentaire.<br />

En effet, en plus de signer le texte<br />

d’ouverture, il commente et annote chacun<br />

des articles. Résultat : une édition 2021<br />

dynamique sur laquelle nos professionnels<br />

peuvent s’appuyer. Pour la consulter,<br />

rendez-vous sur le site aapq.org,<br />

onglet « Publications ».<br />

MAI<br />

Valérian Mazataud<br />

Le Devoir<br />

Paysage humanisé : à quand<br />

une première désignation ?<br />

L’<strong>AAPQ</strong> prend position en faveur de l’attribution<br />

du statut de « paysage humanisé<br />

» à L’île Bizard à Montréal. Dans un<br />

article publié dans Le Devoir le 26 avril, le<br />

directeur général de l’<strong>AAPQ</strong> rappelle que la<br />

notion de paysage est souvent le « parent<br />

pauvre » de l’aménagement et que la désignation<br />

« paysage humanisé » est tributaire<br />

d’une procédure difficile et complexe.<br />

L’<strong>AAPQ</strong> rencontre l’Office des professions du Québec (OPQ)<br />

Le 29 avril, l’<strong>AAPQ</strong> tient une session de travail avec l’OPQ afin<br />

d’approfondir les motifs soutenant la demande d’encadrement<br />

professionnel du titre d’architecte paysagiste. En plus de la<br />

participation du directeur général et de la présidente, madame<br />

Marie-France Turgeon est venue présenter un exemple concret<br />

de risque de préjudice physique pour les enfants associé au<br />

non-respect des normes de conception d’une aire de jeu.<br />

Participation à l’atelier Bridge-Bonaventure<br />

Le 29 avril, l’<strong>AAPQ</strong> participe à l’atelier Bridge-Bonaventure portant<br />

sur le thème « Des parcours d’entrée de ville structurants,<br />

cohérents et inspirants, et les composantes patrimoniales et paysagères<br />

mises en valeur ». Cet atelier s’inscrit dans une démarche<br />

de la Ville de Montréal dont le but est d’alimenter les discussions<br />

en vue de I ’élaboration de son plan directeur pour le secteur.<br />

Le directeur général de l’<strong>AAPQ</strong> en a profité pour rappeler les<br />

principes directeurs énoncés dans un mémoire déposé en septembre<br />

2019 à l’OCPM : la reconquête du fleuve et de l’espace<br />

urbain, l’expérience de l’espace public et l’urbanisme végétal.<br />

Lettre d’opinion – Parc Jean-Drapeau<br />

Le 11 mai, l’<strong>AAPQ</strong> a cosigné, avec plus d’une dizaine de partenaires,<br />

une lettre d’opinion dans La Presse visant à appuyer,<br />

sans réserve, les orientations du Plan directeur de conservation,<br />

d’aménagement et de développement du parc Jean-Drapeau<br />

2020-2030. Rappelons que l’<strong>AAPQ</strong> a publié un communiqué<br />

de presse à ce sujet le 14 avril 2021 et a déposé un mémoire à<br />

l’Office de consultations publiques de Montréal en 2018.<br />

Webinaire sur le portail des projets du nouveau<br />

site Internet de l’<strong>AAPQ</strong><br />

Afin de donner l’occasion aux membres de prendre connaissance<br />

des fonctionnalités de la nouvelle plateforme numérique,<br />

un webinaire a été tenu le 12 mai au cours duquel ils ont pu<br />

se familiariser avec le portail qui permet de mettre à jour les<br />

informations personnelles, d’inscrire les projets en architecture<br />

de paysage, d’accéder à la bibliothèque collaborative<br />

et de consulter les offres d’emploi.<br />

Encadrement professionnel : l’OUQ appuie l’<strong>AAPQ</strong><br />

Après l’Ordre des architectes du Québec, voilà que l’Ordre des<br />

urbanistes du Québec (OUQ) accorde son appui à la demande<br />

d’encadrement professionnel de l’<strong>AAPQ</strong> à l’Office des professions<br />

du Québec. Le 14 mai, le conseil d’administration de<br />

l’OUQ adopte à l’unanimité une résolution qui propose « d’appuyer<br />

la demande d’encadrement professionnel de l’<strong>AAPQ</strong> et<br />

de participer aux réflexions lorsque le point de vue de l’Ordre<br />

des urbanistes est requis ».<br />

82 PAYSAGES — No 17


JUIN<br />

JUILLET<br />

Une nouvelle présidente<br />

À l’occasion de la séance du conseil d’administration<br />

du 21 mai, les administrateurs<br />

élisent madame Catherine Fernet au poste<br />

de présidente. Prenant la relève d’Isabelle<br />

Giasson, à la barre de l’<strong>AAPQ</strong> depuis plus<br />

de cinq ans, Catherine Fernet a affirmé<br />

vouloir poursuivre les objectifs stratégiques<br />

de l’organisation. Catherine devient ainsi<br />

la 26 e présidente de l’histoire de l’<strong>AAPQ</strong>.<br />

Pratiquant dans la région de l’Estrie, elle<br />

apporte un regard novateur et régional aux<br />

grands défis de l’architecture de paysage<br />

au Québec.<br />

Départ d’Isabelle Dupras, chargée de projets,<br />

Communications et événements<br />

Nous tenons à remercier Isabelle Dupras pour son excellent<br />

travail à titre de chargée de projets, Communications et événements.<br />

Elle a coordonné avec brio la refonte du site Internet<br />

et l’édition 2021 de la revue PAYSAGES.<br />

L’<strong>AAPQ</strong> à la radio : le projet du REM<br />

Le 26 mai, madame Isabelle Giasson, présidente sortante,<br />

participe à l’émission d’Isabelle Maréchal au 98,5 FM pour y<br />

discuter des questions suivantes : « Maintenant qu’on sait<br />

à quoi ressemblera le REM au centre-ville, doit-on retourner<br />

à la table à dessin ? Faut-il revoir le projet ? ».<br />

Bernard Bigras ira relever de nouveaux défis<br />

Après plus de cinq ans à la direction générale de notre association,<br />

Bernard Bigras laisse derrière lui tout un héritage.<br />

Parmi ses réalisations, notons qu’il a amorcé la restructuration<br />

financière de l’organisation, créé des rapprochements avec<br />

des partenaires, piloté la démarche de planification stratégique<br />

2019-2024, sans oublier la toute récente refonte du site<br />

Internet intégrant la nouvelle image de marque de l’<strong>AAPQ</strong>. Le<br />

conseil d’administration a tenu à adopter à l’unanimité une<br />

résolution de remerciements à son endroit pour les années<br />

passées au service de l’Association.<br />

Les architectes paysagistes : concepteurs de villes<br />

qui respirent<br />

Le 5 juin, La Presse+ publie un dossier spécial sur le thème<br />

« Construire des villes qui respirent ». Le dossier démontre<br />

l’apport des architectes paysagistes à la conception de villes<br />

plus vertes et plus résilientes. L’<strong>AAPQ</strong> y a contribué, tout<br />

comme la firme Rousseau Lefebvre.<br />

Renouvellement de la Déclaration de principes<br />

pour une gestion concertée des espaces publics<br />

C’est en juillet que débute notre participation au processus<br />

de renouvellement de cette déclaration à laquelle l’<strong>AAPQ</strong> avait<br />

adhéré en 2012. Dans cette déclaration, les signataires, issus<br />

du milieu municipal et des organisations concernées, se sont<br />

engagés à agir en concertation, à aviser et informer des nouvelles<br />

tendances et orientations, et à développer des solutions<br />

concrètes pour une meilleure gestion de l’espace public.<br />

Catherine Fernet a depuis siégé à plusieurs reprises au comité<br />

organisateur en vue de la tenue des États généraux de l’espace<br />

public qui se tiendront le 31 mai <strong>2022</strong> à Drummondville.<br />

L’événement est organisé par le Centre d’expertise et de<br />

recherche en infrastructures urbaines (CERIU).<br />

AOÛT<br />

SEPTEMBRE<br />

OCTOBRE<br />

Urbanisme et aménagement du territoire :<br />

une lettre ouverte<br />

L’<strong>AAPQ</strong> cosigne une lettre ouverte parue le 27 août en collaboration<br />

avec les membres de l’Alliance Arianne, un regroupement<br />

d’organisations et d’experts réunis dans une vision<br />

commune : que l’aménagement du territoire et l’urbanisme<br />

soient une priorité au Québec. Les Ordres des architectes et<br />

des urbanistes du Québec, Héritage Montréal, Vivre en Ville<br />

et d’autres organisations encore en font partie. Tout au long<br />

de l’année, l’<strong>AAPQ</strong> reste active au sein de l’Alliance en étant<br />

membre de son comité directeur.<br />

Une nouvelle directrice générale<br />

à l’<strong>AAPQ</strong><br />

Louise Vachon apporte à l’<strong>AAPQ</strong> plus<br />

de 25 ans d’expérience en développement<br />

de partenariats et représentation auprès<br />

des secteurs public, privé et académique,<br />

et de la société civile. Des années de travail<br />

au sein ou au service d’OBNL (y compris<br />

des associations de professionnels) font en<br />

sorte qu’elle est bien au fait de leur fonctionnement<br />

et de leurs enjeux. Elle est – et<br />

ce sont ses propres mots – « amoureuse<br />

de l’architecture sous toutes ses formes<br />

depuis toujours ».<br />

Une présentation de l’<strong>AAPQ</strong> à la relève<br />

Le 20 septembre, madame Nadège Tchuente, membre du<br />

conseil d’administration, présente la mission des architectes<br />

paysagistes, le cheminement des membres stagiaires et des<br />

membres agréés, ainsi que quelques aspects de la profession<br />

à un groupe d’étudiants de maîtrise en architecture<br />

de paysage de l’Université de Montréal. Merci à madame<br />

Marie-Claude Massicotte de nous avoir donné l’occasion<br />

d’échanger avec la relève.<br />

Nous sommes tous responsables du parc Jean-Drapeau<br />

Le 16 octobre, l’<strong>AAPQ</strong> cosigne, avec plus d’une dizaine de partenaires,<br />

une lettre d’opinion dans La Presse qui vise à assurer<br />

que le plan directeur déposé en avril 2021 soit mis en œuvre et<br />

à éviter qu’il ne soit qu’un simple énoncé de bonnes intentions.<br />

L’<strong>AAPQ</strong> siège au comité consultatif<br />

L’<strong>AAPQ</strong> est appelée par la ministre des Affaires municipales<br />

et de l’Habitation ainsi que par la ministre de la Culture et des<br />

Communications à siéger au comité consultatif de la nouvelle<br />

Politique nationale d’architecture et d’aménagement du<br />

territoire. Cette politique nationale, annoncée par le premier<br />

ministre du Québec lors du discours d’ouverture de la session<br />

parlementaire, est le fruit du regroupement de la Stratégie<br />

nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires et<br />

de la Stratégie québécoise de l’architecture. Daniel Lefebvre,<br />

membre agréé, et Catherine Fernet, présidente, siègent au<br />

comité. Une bonne nouvelle pour le milieu de l’aménagement<br />

et une belle reconnaissance de l’<strong>AAPQ</strong> !<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

83


NOVEMBRE<br />

Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> :<br />

l’intégration urbaine du tramway<br />

de Québec<br />

À l’instar des tendances contemporaines<br />

dans les grands projets d’infrastructure<br />

publique, l’intégration urbaine du tramway<br />

de Québec sera encadrée de façon rigoureuse.<br />

L’objectif est ambitieux : assurer<br />

la mise en place d’infrastructures d’accueil<br />

de qualité, pérennes et bien intégrées au<br />

cadre urbain de la ville. Pour en discuter,<br />

l’<strong>AAPQ</strong> invite Sébastien Lebel, architecte<br />

paysagiste et membre du CA, ainsi<br />

qu’Alejandro Calderon-Quintero, chef<br />

d’équipe à l’intégration urbaine, tous deux<br />

membres du Bureau de projet du tramway<br />

de Québec.Ils présenteront les mesures<br />

mises en place pour assurer une signature<br />

architecturale et paysagère cohérente du<br />

projet de tramway, ainsi que son intégration<br />

à la trame urbaine en s’inspirant de<br />

l’esprit et des spécificités des quartiers<br />

où il circule.<br />

L’avenir du site de l’hôpital Royal Victoria :<br />

une préoccupation<br />

Le 15 novembre, l’<strong>AAPQ</strong> présente, lors d’une séance virtuelle<br />

d’audition des opinions, un mémoire aux commissaires de<br />

l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) dans<br />

le cadre de la consultation publique sur le Plan directeur<br />

d'aménagement du site de l'ancien hôpital Royal Victoria<br />

et de l'Institut Allan Memorial. L’<strong>AAPQ</strong> est représentée par<br />

monsieur Philippe Lupien en tant que responsable du comité<br />

scientifique de l’<strong>AAPQ</strong>, ainsi que par madame Catherine<br />

Fernet, présidente. L’implication de l’<strong>AAPQ</strong> dans ce dossier ne<br />

s'arrête pas là. En effet, une lettre cosignée avec les Amis de<br />

la montagne, le CRE-Montréal, Héritage Montréal et l'Ordre<br />

des urbanistes du Québec est aussi envoyée à l’OCPM, tandis<br />

qu’une lettre ouverte des mêmes signataires est publiée dans<br />

La Presse le 1 er décembre.<br />

DÉCEMBRE<br />

Rendez-vous virtuel de l’<strong>AAPQ</strong> :<br />

le pouvoir social d'une action<br />

de verdissement<br />

Le 14 décembre, Jonathan Cha joue le rôle<br />

d’un jardinier responsable d’une initiative<br />

citoyenne peu banale dans l’effervescent<br />

quartier urbain de Griffintown à Montréal :<br />

un droit de passage graduellement transformé<br />

en une étonnante oasis verte.<br />

Cette initiative citoyenne a influencé<br />

positivement et durablement les parcours<br />

urbains, contribué à la sociabilité entre<br />

les résidents et enrichi la biodiversité du<br />

milieu. Il s’agit là d’un témoignage des<br />

plus inspirants.<br />

Une correspondance au gouvernement du Québec<br />

Le 8 décembre, mesdames les ministres Laforest et Roy,<br />

respectivement ministre des Affaires municipales et de<br />

l’Habitation et ministre de la Culture et des Communications<br />

du Québec, ont reçu une lettre rédigée par le comité scientifique<br />

de l’<strong>AAPQ</strong>. En plus d’un retour sur les pratiques de<br />

protection et de mise en valeur des paysages en France et au<br />

Canada, des propositions précises y ont été énoncées afin<br />

que le « paysage joue un rôle central et déterminant dans notre<br />

identité collective et constitue une ressource fondamentale<br />

dont il faut prendre le plus grand soin ».<br />

Sondage : vos préférences pour le colloque et l’AGA<br />

Le 26 novembre, l’<strong>AAPQ</strong> sollicite la participation de ses<br />

membres afin d’identifier leurs préférences. Entre autres<br />

résultats, sur les 116 répondants, 50 % préfèrent que le<br />

colloque se déroule en présentiel alors que 14 % n’ont pas de<br />

préférences. Quant à l’AGA, 70 % choisissent le mode virtuel.<br />

84 PAYSAGES — No 17


Nouveaux<br />

membres<br />

Bienvenue !<br />

MEMBRES AGRÉÉS<br />

Danièle Adib<br />

Geneviève Depelteau<br />

Marie-Ève Duchesne<br />

Yohan Dumoulin<br />

Marianne Lafontaine-Chicha<br />

Chloé Lamontagne-Girard<br />

Chieu-Anh Le Van<br />

Iseult Séguin Aubé<br />

Sophie Topajian<br />

Maxime Vignolles<br />

MEMBRES STAGIAIRES<br />

Florence Alain-Bouffard<br />

Judy Arnouk<br />

Mathias Beaulieu-Labbé<br />

Justine Bédard-Thériault<br />

Maxim Bellerose<br />

Émilie Brown<br />

Louise Capelle-Burny<br />

Renaud Caron<br />

Nadia Carvajal<br />

Francis Demers<br />

Mercedes Desjardins<br />

Gaëlle Doiron-Barbant<br />

Cynthia Dostie Yeh-Szu-Jou<br />

Mohamed Elsemen<br />

Catherine Foisy<br />

Adèle Gagné-Labrecque<br />

Kayetan Grabowski<br />

Inass Karim<br />

Samatha Julia Kim<br />

Léo Lacasse<br />

Rachel Laurendeau<br />

Noémie Lecavalier<br />

Catherine Léveillée<br />

Andréanne Longpré<br />

Rose Mayrand<br />

Catherine Morin<br />

Aurélien Noubissie Tchokogou<br />

Caroline O'Hara<br />

Evelina Orsi<br />

Francis Provost<br />

Ahmad Ranjbarnei<br />

Débora Silveira Stefanelli<br />

Marie-Ève St-Laurent Filion<br />

Lucas Trosley<br />

Hanna Vorontsova<br />

Pascaline Walter<br />

Zineb Zaim-Zouanat<br />

ADHÉRENTS ÉTUDIANTS<br />

Chloé Asselin<br />

Andréanne Bernard<br />

Guillaume Bernier<br />

Louis Blais<br />

William Blais<br />

Layal Brunet<br />

Audrey Cadieux<br />

Luna Calmette-Ratelle<br />

Fernanda Campos-Quintana<br />

Lucas Conan<br />

Noémi d'Aragon-Lapointe<br />

Michée Desrosiers<br />

Catherine Dumoulin<br />

Nibal El-Abiad<br />

Zuhely Garcia<br />

Maxime Gaudreault Proulx<br />

Romain Grimaldi d'Esdra<br />

Clémence Grootenboer<br />

Marie-Ève Hamon<br />

Eliott Heloir<br />

Svetlana Kaioukova<br />

Audrey Labbé<br />

Josée Langlois<br />

Justine Larocque<br />

Annie Lavallée<br />

Benjamin Leduc<br />

Amélie Longpré<br />

Julie Lorrain<br />

Jean-Philippe Marchand<br />

Mathilde Noël<br />

Maude Ouellet<br />

Audrey Péloquin<br />

Laurence Pomerleau<br />

Camylle Ross<br />

Noémie Thiry<br />

Ariane Viens-Désautels<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

85


0 50 100m<br />

2021<br />

LAURÉATS<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC (<strong>AAPQ</strong>)<br />

Prix Frederick-Todd 2021<br />

Plus haute distinction attribuée par l’<strong>AAPQ</strong>, le prix Frederick-Todd, décerné depuis 1995, honore des<br />

personnalités publiques et des architectes paysagistes membres de l’<strong>AAPQ</strong> qui ont contribué de façon<br />

exceptionnelle à promouvoir l’architecture de paysage au Québec.<br />

Catégorie<br />

Membre de l’<strong>AAPQ</strong><br />

Jean-Marc<br />

Latreille<br />

Catégorie<br />

Personnalité publique<br />

Marc-André<br />

Carignan<br />

Gradué en 1975 de l’École d’architecture de paysage de l’Université de<br />

Montréal, où il se distingue déjà en recevant un certificat de l’AAPC pour<br />

l’excellence de ses études en architecture de paysage, Jean-Marc Latreille<br />

débute la même année une longue carrière d’enseignement. Plusieurs<br />

générations d’étudiants se souviendront de sa grande capacité à transmettre<br />

ses connaissances en matière de génie du site (1975‐1996), de topométrie<br />

(1977-1989), de nivellement et drainage (1987-2010) et de nivellement<br />

de site (2011-2017).<br />

Si l’enseignement est une passion pour Jean-Marc Latreille, il demeure avant<br />

tout un bâtisseur qui adore concevoir et réaliser des projets. En 1977, en<br />

collaboration avec Anne-Marie Parent, il fonde Parent Latreille et Associés,<br />

une firme d’architecture de paysage indépendante pendant 34 ans, jusqu’à<br />

ce qu’elle fusionne en 2011 avec le groupe conseil BC2FP, mieux connu<br />

aujourd’hui sous le nom de BC2, un bureau multidisciplinaire en aménagement<br />

du territoire. Parmi les projets auxquels a contribué monsieur Latreille,<br />

mentionnons-en quelques-uns ayant reçu des prix d’excellence : le campus<br />

de HEC Montréal, le parc des Écluses dans le Vieux-Port de Montréal et le<br />

parcours d’honneur de la capitale nationale. En 2005, il a été nommé membre<br />

de l’Ordre des associés de l’AAPC.<br />

Détenteur d’un baccalauréat en architecture de l’Université McGill, Marc-André<br />

Carignan a développé au cours des dernières années non seulement une<br />

préoccupation, mais également un instinct à l’égard de la protection des<br />

paysages dans ses analyses publiques en matière d’aménagement.<br />

Ami de l’<strong>AAPQ</strong>, Marc-André Carignan a participé aux différents débats<br />

engagés par notre association, tant à l’occasion de nos congrès annuels<br />

que de nos « rendez-vous ».<br />

Ses chroniques ou séries documentaires rappellent à chaque occasion<br />

l’importance de l’intégration des composantes de la transformation urbaine,<br />

dont le paysage, comme réponse aux enjeux de la ville contemporaine. Sa<br />

capacité à fédérer les acteurs sur la question de la protection du paysage<br />

urbain dans le projet du REM de l’Est à Montréal est un exemple éloquent<br />

de son leadership.<br />

Prix <strong>AAPQ</strong> de l’excellence étudiante<br />

Remis dans le cadre de l’Exposition des finissants<br />

de l’Université de Montréal pour la qualité<br />

et l’excellence d’un projet étudiant de fin d’études<br />

Ferme Raven Oak<br />

Un agroécosystème à vivre et à déguster<br />

Ferme Raven Oak : Un agroécosystème<br />

à vivre et à déguster<br />

Jean-François Légaré<br />

86 PAYSAGES — No 17


ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU CANADA (AAPC)<br />

PRIX DE RECONNAISSANCE<br />

PRIX D'EXCELLENCE<br />

Catégorie Prix d’excellence<br />

pour l’ensemble de ses réalisations<br />

Danièle Routaboule<br />

Ce prix honore un membre de l’AAPC<br />

dont les réalisations et les contributions<br />

à la profession ont eu un impact<br />

unique et durable sur le bien-être du<br />

public et sur l'environnement.<br />

ORDRE DES ASSOCIÉS<br />

Catégories Exécution des travaux<br />

en architecture de paysage<br />

et Enseignement universitaire professionnel<br />

Bernard St-Denis<br />

Titre honorifique attribué aux personnes<br />

qui sont membres de l’AAPC<br />

depuis au moins 12 ans et qui ont<br />

apporté une contribution remarquable<br />

à la profession de par leur excellence<br />

dans un ou plusieurs domaines<br />

Danièle Routaboule<br />

Daniel St-Denis<br />

Prix national<br />

<strong>Paysages</strong> publics à petite échelle<br />

Place Alice Girard<br />

NIPPAYSAGE architectes<br />

paysagistes et EXP. architecture<br />

de paysage et ingénierie<br />

Prix national<br />

Communication<br />

Mémoires d’architectes<br />

paysagistes pionniers<br />

du Québec et de l’Ontario<br />

EVOQ Architecture de paysage<br />

(auparavant ARCADIA STUDIO)<br />

Prix national<br />

Planification et analyse<br />

Corridor de la biodiversité,<br />

arrondissement de Saint-<br />

Laurent, Montréal<br />

Civiliti, LAND Italia, Table<br />

Architecture, Biodiversité conseil<br />

Prix national<br />

Planification et analyse<br />

Projet paysage de la MRC<br />

Brome-Missisquoi<br />

Les Mille Lieux, coopérative<br />

de travail<br />

Prix national<br />

Planification et analyse<br />

Sève<br />

Collectif Escargo<br />

AAPC AAPC AAPC AAPC AAPC<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

87


AGENCE PID<br />

GRAND PRIX DU DESIGN<br />

Prix Hommage<br />

Malaka Ackaoui et Vincent<br />

Asselin, WAA+<br />

Remis pour l’ensemble de<br />

leur carrière lors d’un gala tenu<br />

à Québec en septembre 2021.<br />

AGENCE PID<br />

Platine<br />

Catégorie Architecture de paysage<br />

de projet commercial<br />

The Crystal //<br />

The conservatory @ Raffles<br />

City Chongqing<br />

WAA+<br />

WAA+<br />

Grand Prix international | Platine<br />

Catégorie Architecture de paysage de projet<br />

culturel & institutionnel<br />

Centrale électrique<br />

de l’Université McGill<br />

WAA+<br />

Grand Prix<br />

Catégorie Architecture de paysage de projet<br />

à caractère environnemental<br />

De stationnement à place<br />

publique résiliente<br />

Atelier Ublo et la ville<br />

de Neuville<br />

Grand Prix<br />

Catégorie Architecture de paysage résidentielle<br />

Pur<br />

Équipe Logan & Josiane Léger<br />

WAA-Montréal<br />

AGENCE PID<br />

AGENCE PID<br />

Platine<br />

Catégorie design urbain<br />

Avenue McGill College<br />

civiliti + Mandaworks<br />

+ SNC-Lavalin<br />

Platine<br />

Catégorie rue piétonne ou partagée<br />

Rue partagée Leacock<br />

EVOQ Architecture<br />

Platine<br />

Catégorie Concept en paysage<br />

et/ou développement urbain<br />

Sève<br />

Collectif Escargo<br />

AGENCE PID AGENCE PID<br />

AGENCE PID<br />

Platine<br />

Catégorie Design industriel / Mobilier urbain<br />

Espace 67,<br />

Parc Jean-Drapeau<br />

Lemay<br />

Loïc Surprenant<br />

Pour les projets lauréats des catégories<br />

or, argent et bronze, voir int.design<br />

Platine<br />

Catégorie Architecture de paysage<br />

de projet commercial<br />

Le Campus Simons<br />

Groupe BC2<br />

Damien Ligiardi<br />

88 PAYSAGES — No 17


ASSOCIATION DES PAYSAGISTES<br />

PROFESSIONNELS DU QUÉBEC (APPQ)<br />

CONCOURS D’AMÉNAGEMENT PAYSAGER<br />

PRIX HABITAT DESIGN<br />

ARCHITECTURE DE PAYSAGE<br />

Catégorie Aménagement de prestige 300 000 $<br />

et plus | 1 er prix + Prix Milan Havlin<br />

Perché sur le cap rocheux<br />

Annie Robinson, Christian<br />

Bilodeau, Stuart Webster<br />

Angus McRitchie<br />

Catégorie Aménagement de prestige 150 000 $<br />

à 300 000 $ | 1 er prix<br />

Sorties extérieures<br />

Art & Jardins<br />

Jean-Claude Hurni<br />

Grand prix<br />

Catégorie Complexe multirésidentiel<br />

Tour des Canadiens 3 (Ville-Marie)<br />

Ziad Haddad / WAA Montréal<br />

WAA-Montréal<br />

Catégorie Des façades invitantes 20 000 $<br />

et moins | 1 er prix<br />

À la bostonnaise<br />

Aline Gravel<br />

Bernard Dagenais<br />

Catégorie Des façades invitantes 20 000 $<br />

et plus | 1 er prix<br />

Le sentier fleuri<br />

Annie Robinson<br />

et Stuart Webster<br />

Drew Hadley<br />

Grand prix<br />

Catégorie Unifamilial<br />

Le Jardin des Duburcq-Douilliez, région d’Orford<br />

Stéphanie Desmeules / <strong>Paysages</strong> Spirituels et Thérapeutiques<br />

Prix Habitat Design<br />

Catégorie Le béton à son meilleur | 1 er prix<br />

Prix Permacon<br />

Simplicité<br />

Eliane Arbique<br />

Pour les projets lauréats d’un 2e prix<br />

ou d’une mention, voir appq.org<br />

Prix Habitat Design<br />

Prix Rinox de la relève<br />

en architecture de paysage<br />

Francis Laforest<br />

Catherine Fernet, présidente de l’<strong>AAPQ</strong>, Francis Laforest, diplômé de maîtrise<br />

en architecture de paysage, et Carlos Palma, représentant de Rinox<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

89


FACULTÉ DE L’AMÉNAGEMENT,<br />

UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL<br />

JALON<br />

PRIX DE LA MOBILITÉ<br />

BOURSE D'EXCELLENCE EN ARCHITECTURE<br />

DE PAYSAGE PROVENCHER_ROY<br />

Layal Brunet (baccalauréat)<br />

COUP DE CŒUR RÉAP<br />

Catégorie Baccalauréat<br />

Guillaume Adrian Rocheleau,<br />

Lucas Conan, Hanna<br />

Vorontsova et Guillaume<br />

Bernier<br />

Catégorie Maîtrise<br />

Shahidah Hanif Syedah<br />

Mobilité active<br />

L’axe Berri–Lajeunesse–Saint-Denis<br />

du Réseau Express Vélo (REV)<br />

Ville de Montréal / Isabelle Guy<br />

ASSOCIATION DES FIRMES<br />

DE GÉNIE-CONSEIL QUÉBEC (AFG)<br />

PRIX BC2 - JEAN-MARC LATREILLE<br />

Émilie Brown-Pothitos, Marilou Fanoy<br />

et Clémence Grootenboer (en équipe)<br />

Grand Prix | Infrastructures urbaines<br />

Réaménagement durable<br />

de la rue Papineau<br />

EXP<br />

PRIX DE L’OBSERVATOIRE IVANHOÉ CAMBRIDGE<br />

ARCHITECTURE DE PAYSAGE<br />

Florence Harvey, Timophei Kirpitchnikov<br />

et Alicia Voronin (en équipe – baccalauréat)<br />

PRIX D’EXCELLENCE EN CONNAISSANCES<br />

TECHNIQUES CYCLONE<br />

Catherine Morin-Bazinet<br />

VILLE DE QUÉBEC<br />

MÉRITES D’ARCHITECTURE<br />

PRIX D’EXCELLENCE LUMENPULSE<br />

Andréanne Bernard, Anne-Marie Dubé<br />

et William Blais (en équipe)<br />

PRIX DU DIRECTEUR DE L'ÉCOLE<br />

Catégorie Baccalauréat<br />

Layal Brunet<br />

Catégorie Maîtrise<br />

Ekaterina Frank<br />

PRIX INSTITUT DE DESIGN MONTRÉAL CAROLINE-FINK<br />

Bénédicte Simard (maîtrise)<br />

Patrimoine et Prix du public | Prix spécial du jury<br />

Place des canotiers<br />

Daoust Lestage + ABCP<br />

Stéphane Groleau<br />

90 PAYSAGES — No 17


ARCHITECTURE MASTERPRIZE<br />

AZURE<br />

AZ AWARDS<br />

Landscape Architecture | Public | Best of the best<br />

Parcs-nature de Montréal<br />

Lemay<br />

Lemay Lemay<br />

People’s Choice | Unbuild Projects<br />

Théâtre de verdure<br />

Lemay<br />

ARCHITECT’S NEWSPAPER<br />

BEST OF DESIGN AWARDS<br />

Lemay<br />

Urban Design<br />

Place des Montréalaises<br />

Lemay + Angela Silver + SNC Lavalin<br />

Lemay<br />

WORLD LANDSCAPE ARCHITECTURE (WLA)<br />

Unbuilt Landscape | Honorable Mentions<br />

Hypernature 066<br />

Lemay<br />

Concept – Design Category | Honorable mention<br />

Avenue McGill College<br />

civiliti + MANDAWORKS<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

91


Répertoire<br />

des bureaux<br />

A2DESIGN<br />

2810, boul. Saint-Martin Est, bur. 200<br />

Laval, QC, H7E 4Y6<br />

Faber Cayouette<br />

514 270-9082<br />

a2-design.com<br />

AECOM<br />

85, rue Sainte-Catherine Ouest<br />

Montréal, QC, H2X 3P4<br />

Serge Poitras<br />

514 798-7901<br />

aecom.com/ca/fr/<br />

AECOM<br />

4700, boul. Wilfrid-Hamel<br />

Québec, QC, G1P 2J9<br />

Jean-François Rolland<br />

581 628-8666<br />

aecom.com/ca/fr/<br />

Agence RELIEFDESIGN<br />

5795, av. de Gaspé, bur. 207<br />

Montréal, QC, H2S 2X3<br />

Jean-François Veilleux<br />

514 500-3605<br />

reliefdesign.ca<br />

Annie Grenon<br />

Architecte paysagiste<br />

1070, rang du Petit-Bois<br />

Louiseville, QC, J5V 2R3<br />

Annie Grenon<br />

819 690-6100<br />

Art & Jardins Conception<br />

174, rue de l'Église sud<br />

Saint-Marcel-de-Richelieu, QC, J0H 1T0<br />

Marie-Andrée Fortier<br />

450 794-2118<br />

artetjardins.com<br />

Atelier Paysage Design Urbain<br />

8955, rue Parent<br />

Lasalle, QC, H8R 3Y7<br />

Mark Talarico<br />

514 691-7771<br />

BC2 Groupe Conseil Inc.<br />

85, rue Saint-Paul Ouest, bur. 300<br />

Montréal, QC, H2Y 3V4<br />

Isabelle Séguin<br />

514 507-3600<br />

groupebc2.ca<br />

BC2 Groupe Conseil Inc.<br />

622, rue Saint-Joseph Est, bur. 300<br />

Québec, QC, G1K 3B9<br />

Edith Normandeau<br />

418 914-1508<br />

groupebc2.ca<br />

Bérénice Inc.<br />

3805, chemin Saint-Louis<br />

Québec, QC, G1W 1T6<br />

Bérénice Simard<br />

418 658-1372<br />

BMA Architecture de paysage<br />

971, boul. Du Curé-Labelle, bur. 210<br />

Blainville, QC, J7C 2L8<br />

Martin Maurice<br />

514 990-2930<br />

bmapaysage.com<br />

civiliti<br />

5778, rue Saint-André<br />

Montréal, QC, H2S 2K1<br />

Peter Soland<br />

514 402-9353<br />

civiliti.com<br />

Claire Filteau<br />

Architecte paysagiste<br />

1325, rue Haldimand<br />

Gaspé, QC, G4X 2J9<br />

Claire Filteau<br />

418 368-2575<br />

Claude Cormier et Associés<br />

1223, rue des Carrières, studio A<br />

Montréal, QC, H2S 2B1<br />

Claude Cormier<br />

514 849-8262<br />

claudecormier.com<br />

Conception Paysage<br />

2575, av. Bourgogne<br />

Chambly, QC, J3L 2A9<br />

Nancy Sanders<br />

514 990-4573<br />

conceptionpaysage.com<br />

Courchesne architecte paysagiste<br />

270, rue du Régent<br />

Deux-Montagnes, QC, J7R 3V3<br />

Karine Courchesne<br />

450 472-9162<br />

Daoust Lestage Inc.<br />

3575, boul. Saint-Laurent, bur. 710<br />

Montréal, QC, H2X 2T7<br />

Lucie Bibeau<br />

514 982-0877<br />

daoustlestage.com<br />

Denis Massie<br />

Architecte paysagiste<br />

350, boul. Riel<br />

Gatineau, QC, J8Z 1B2<br />

Denis Massie<br />

819 770-5132<br />

denismassie.com<br />

Diane Allie<br />

Architecte paysagiste<br />

508, chemin de l’Anse<br />

Vaudreuil-Dorion, QC, J7V 8P3<br />

Diane Allie<br />

514 830-7930<br />

dianealliepaysage.com<br />

Duo Design<br />

530, boul. de l'Atrium, bur. 201F<br />

Québec, QC, G1H 7H1<br />

Claude Lachance<br />

418 688-7787<br />

duodesign.ca<br />

EVOQ ARCHITECTURE<br />

1435, rue Saint-Alexandre, bur. 1000<br />

Montréal, QC, H3A 2G4<br />

Isabelle Giasson<br />

514 393-9490<br />

evoqarchitecture.com<br />

Expertise Sports Design LG<br />

247, rue De Gentilly Ouest<br />

Longueuil, QC, J4H 1Z5<br />

Luc Gionet<br />

450 332-0735<br />

sportsdesign.ca<br />

EXT conseil<br />

995, rue Melançon<br />

Chicoutimi, QC, G7H 1N8<br />

Elena Angelucci<br />

418 490-0167<br />

extconseil.com<br />

Fahey et associés<br />

740, rue Notre-Dame Ouest, bur. 1501<br />

Montréal, QC, H3C 3X6<br />

Michel Gauthier<br />

514 939-9399<br />

fahey.ca<br />

Fauteux et associés<br />

Architectes paysagistes<br />

3981, boul. Saint-Laurent, bur. 502<br />

Montréal, QC, H2W 1Y5<br />

Marc Fauteux<br />

514 842-5553<br />

fauteux.ca<br />

FNX-INNOV<br />

433, rue Chabanel Ouest, 12 e étage<br />

Montréal, QC, H2N 2J8<br />

Donald Girard<br />

514 982-6001<br />

fnx-innov.com<br />

FOLIAISON<br />

6538, place Beaubien<br />

Montréal, QC, H1M 3V8<br />

Marie-B. Pasquier<br />

514 692-6309<br />

Fortier Design<br />

2774, rue du Trotteur<br />

Saint-Lazare, QC, J7T 3M2<br />

Marie-Eve Fortier<br />

514 825-2695<br />

fortierdesign.com<br />

92 PAYSAGES — No 17


François Courville<br />

Architecte paysagiste<br />

8613, chemin Royal<br />

Sainte-Pétronille, QC, G0A 4C0<br />

François Courville<br />

418 655-2678<br />

francoiscourville.com<br />

GMAD – Groupe Marchand<br />

Architecture & Design<br />

1700-555, boul. René-Lévesque Ouest<br />

Montréal, QC, H2Z 1B1<br />

Maxime Vignolles<br />

514 904-2878<br />

gmad.ca<br />

HETA Hodgins & Associés<br />

Architectes paysagistes<br />

4496, rue Sainte-Catherine Ouest<br />

Westmount, QC, H3Z 1R7<br />

Myke K. Hodgins<br />

514 989-2391<br />

heta.ca<br />

Hybride Paysage<br />

Sainte-Julie, QC<br />

Marie-Pierre Labelle<br />

450 649-6617<br />

hybridepaysage.com<br />

Karyne Architecte<br />

paysagiste (kap) Inc.<br />

4080, boulevard Le Corbusier, bur. 102<br />

Laval, QC, H7L 5R2<br />

Karyne Ouellet<br />

514 875-2103<br />

kapqc.com<br />

Lashley + Associés Corporation<br />

5445, av. de Gaspé, bur. 710<br />

Montréal, QC, H2T 3B2<br />

David Lashley<br />

514 274-2555<br />

lashleyla.com<br />

Le Groupe Élise Beauregard<br />

et collaborateurs ELBC<br />

360, Saint-François-Xavier, bur. 200<br />

Montréal, QC, H2Y 2S8<br />

Élise Beauregard<br />

514 824-0332<br />

elisebeauregard.com<br />

Lemay Co. Inc.<br />

3500, rue Saint-Jacques<br />

Montréal, QC, H4C 1H2<br />

Lucie St-Pierre<br />

514 932-5101<br />

lemay.com<br />

Lemay Co. Inc.<br />

734, rue Saint-Joseph Est, 4 e étage<br />

Québec, QC, G1K 3C3<br />

Lucie St-Pierre<br />

418 559-9845<br />

lemay.com<br />

Les <strong>Paysages</strong> VerduRoy<br />

72, rue Principale<br />

Granby, QC, J2G 2T4<br />

Samuel Roy<br />

450 777-0926<br />

verduroy.com<br />

Les Services EXP<br />

920, boul. Saint-Joseph, bur. 105<br />

Gatineau, QC, J8Z 1S9<br />

Marie-Philippe McInnes<br />

819 778-1770<br />

exp.com<br />

Les Services EXP<br />

30, rue Dufferin<br />

Granby, QC, J2G 4W6<br />

André Turcot<br />

450 978-3322<br />

exp.com<br />

Les Services EXP<br />

1001, boul. de Maisonneuve Ouest, bur. 800<br />

Montréal, QC, H3A 3C8<br />

Sébastien Pinard<br />

514 931-1080<br />

exp.com<br />

Les Services EXP<br />

150, rue de Vimy<br />

Sherbrooke, QC, J1J 3M7<br />

Marc-André Brochu<br />

819 562-3871<br />

exp.com<br />

Marie Frédéric<br />

5301, rue Lafond<br />

Montréal, QC, H1X 3G6<br />

Marie Frédéric<br />

514 725-8055<br />

Martel Paysagiste<br />

1101, rue Coulombe<br />

Sainte-Julie, QC, J3E 0C2<br />

Michel Martel<br />

450 649-4604<br />

martelpaysagiste.com<br />

Méta + Forme paysages<br />

1302, rue Fleury Est<br />

Montréal, QC, H2C 1R3<br />

André Émond<br />

514 384-1114<br />

metaforme.qc.ca<br />

Michèle Soucy<br />

Architecte paysagiste<br />

401-152, rue Gary-Carter<br />

Montréal, QC, H2R 2V7<br />

Michèle Soucy<br />

514 524-0074<br />

michelesoucy.ca<br />

Mille-feuille<br />

Architecture de paysage<br />

783, chemin du Collège<br />

Dunham, QC, J0E 1M0<br />

Virginie Hébert<br />

450 330-2888<br />

mille-feuille.ca<br />

Mousse Architecture de paysage<br />

5243, rue Clark<br />

Montréal, QC, H2T 2V3<br />

Charlotte Gaudette<br />

514 274-2897<br />

mousse.ca<br />

NIPPAYSAGE<br />

6889, boul. Saint-Laurent, bur. 3<br />

Montréal, QC, H2S 3C9<br />

Mélanie Mignault<br />

514 272-6626<br />

nippaysage.ca<br />

Nvira Environnement Inc.<br />

5165, rue John-Molson, bur. 100<br />

Québec, QC, G1X 3X4<br />

Nadège Tchuente<br />

1 877 809-5478<br />

nvira.com<br />

Nvira Environnement Inc.<br />

101, boul. Marcel-Laurin, bur. 100<br />

Saint-Laurent, QC, H4N 2M3<br />

Nadège Tchuente<br />

1 877 809-5478<br />

nvira.com<br />

Opaysage Architectes Paysagistes<br />

885, rue Saint-François-Xavier<br />

Terrebonne, QC, J6W 1H1<br />

Jean-Michel Bédard<br />

450 471-0084<br />

opaysage.ca<br />

OPTION aménagement<br />

225, rue Saint-Vallier Est<br />

Québec, QC, G1K 3P2<br />

André Nadeau<br />

418 640-0519<br />

optionamenagement.com<br />

Paré + Associés<br />

2990, av. Pierre-Péladeau, bur. 400<br />

Laval, QC, H7T 3B3<br />

Nicole Charbonneau<br />

450 686-9494<br />

pare.plus<br />

PDADESIGN<br />

80, rue Hector-Joly<br />

Blainville, QC, J7C 0E2<br />

Martin Ducharme<br />

450 434-9600<br />

pdadesign.com<br />

Petrone Architecture<br />

4501, rue Bishop, bur. 301<br />

Longueuil, QC, J3Y 9E1<br />

Mario V. Petrone<br />

450 676-8899<br />

petronearchitecture.com<br />

Pratte Paysage +<br />

552, route de la Seigneurie<br />

Saint-Roch-des-Aulnaies, QC, G0R 4E0<br />

Marjorie Pratte<br />

581 664-8019<br />

prattepaysage.com<br />

Projet Paysage<br />

24, av. du Mont-Royal Ouest, bur. 801<br />

Montréal, QC, H2T 2S2<br />

Serge Gallant<br />

514 849-7700<br />

projetpaysage.com<br />

Provencher Roy + Associés<br />

Architectes Inc.<br />

276, Saint-Jacques, bur. 700<br />

Montréal, QC, H2Y 1N3<br />

Hélio Araujo<br />

514 844-3938<br />

provencherroy.ca<br />

Richard Bélisle<br />

18, Allée des sommets<br />

Bolton-Ouest, QC, J0E 2T0<br />

Richard Bélisle<br />

450 242-2222<br />

richardbelisle.com<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

93


RobitailleCurtis<br />

300, av. Victoria, bur. 01<br />

Westmount, QC, H3Z 2M8<br />

Sophie Robitaille<br />

514 508-9950<br />

robitaillecurtis.com<br />

Rousseau Lefebvre<br />

2030, boul. Pie-IX, bur. 403<br />

Montréal, QC, H1V 2C8<br />

Daniel Lefebvre<br />

514 523-9559<br />

rousseau-lefebvre.com<br />

Rousseau Lefebvre<br />

100, rue Tourangeau Est<br />

Laval, QC, H7G 1L1<br />

Michel Rousseau<br />

450 663-2145<br />

rousseau-lefebvre.com<br />

Stantec Experts-conseils<br />

200-555, boul. René-Lévesque Ouest<br />

Montréal, QC, H2Z 1B1<br />

André Arata<br />

514 281-1010<br />

stantec.com<br />

Stantec Experts-conseils<br />

250-1260, boul. Lebourgneuf<br />

Québec, QC, G2K 2G2<br />

André Arata<br />

418 626-2054<br />

stantec.com<br />

Stéphanie Desmeules <strong>Paysages</strong><br />

Spirituels & Thérapeutiques<br />

915, rue du Mont-Girard<br />

Saint-Denis-de-Brompton, QC, J0B 2P0<br />

Stéphanie Desmeules<br />

819 276-1003<br />

stephaniedesmeules.com<br />

turquoise design<br />

4529, rue Clark, bur. 300<br />

Montréal, QC, H2T 2T3<br />

Gilles Hanicot<br />

514 500-7514<br />

turquoisedesign.ca<br />

Version Paysage<br />

372, Sainte-Catherine Ouest, bur. 218<br />

Montréal, QC, H3B 1A2<br />

Jean-Jacques Binoux<br />

514 499-7083<br />

versionpaysage.ca<br />

Vlan <strong>Paysages</strong><br />

24, av. du Mont-Royal Ouest<br />

Montréal, QC, H2T 2S2<br />

Julie St-Arnault<br />

514 399-9889<br />

vlanpaysages.ca<br />

WAA Montréal<br />

55, av. du Mont-Royal Ouest, bur. 805<br />

Montréal, QC, H2T 2S6<br />

Ziad Haddad<br />

514 939-2106<br />

waa-ap.com<br />

WSP<br />

1600, boul. René-Lévesque Ouest,<br />

11 e étage<br />

Montréal, QC, H3H 1P9<br />

Anouar Bouzir<br />

514 340-0046<br />

wsp.com<br />

Yves Poitevin B.A.P. Consultant<br />

721, rue Mathys<br />

Deux-Montagnes, QC, J7R 6E4<br />

Yves Poitevin<br />

514 865-1792<br />

Stuart Webster Design<br />

5794, place Turcot, bur. 200<br />

Montréal, QC, H4C 1W3<br />

Stuart Webster<br />

514 876-0178<br />

swdla.com<br />

Sylvie Godin<br />

Architecte paysagiste<br />

5482, 2 e avenue<br />

Montréal, QC, H1Y 2Y3<br />

Sylvie Godin<br />

514 830-2530<br />

archpays.ca<br />

Trame Architecture + Paysage<br />

80, rue Mgr-Tessier Est, bur. 202<br />

Rouyn-Noranda, QC, J9X 3B9<br />

Jean-François Bélanger<br />

819 762-2328<br />

trame.qc.ca<br />

Trépanier Architecture de paysage<br />

T.A.P.<br />

4993, rue Ambroise-Lafortune<br />

Boisbriand, QC, J7H 0A4<br />

Robert Trépanier<br />

450 621-1555<br />

paysagetap.com<br />

94 PAYSAGES — No 17


À la recherche d'un<br />

architecte<br />

paysagiste?<br />

ARCHITECTURE DE PAYSAGE<br />

aapq.org/repertoire/<br />

DESIGN URBAIN<br />

URBANISME<br />

Consultez la liste complète de tous<br />

les membres agréés et stagiaires de<br />

l’<strong>AAPQ</strong> en effectuant une recherche<br />

par catégories ou par régions!<br />

archpaysage-designurbain@aecom.com<br />

aecom.ca<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

95


evoqarchitecture.com<br />

info@evoqarchitecture.com<br />

COUR DE L’ÉCOLE<br />

DES URSULINES<br />

vieux-québec<br />

lieu historique national du canada<br />

du monastère-des-ursulines<br />

• Préservation et mise en valeur<br />

du verger patrimonial<br />

• Excavation supervisée<br />

par des archéologues<br />

• Aménagement de plateaux<br />

sportifs sur plusieurs niveaux<br />

• Création d’un parcours<br />

ludique de jeux de cordes<br />

intégrés au décor naturel<br />

• Construction d’une classe<br />

extérieure en gradins<br />

de pierre calcaire<br />

Parcs | Design urbain | Récréotourisme<br />

Mise en valeur | Études de paysage<br />

© Yanick Desbiens, Jardins de l’Espace René-Lévesque, New-Carlisle<br />

OPTIONamenagement.com<br />

<strong>AAPQ</strong>-<strong>2022</strong>.indd 1 2021-12-09 09:07:50<br />

96 PAYSAGES — No 17


Des milieux<br />

de vie<br />

réinventés<br />

fahey.ca<br />

Écoquartier Louvain Est<br />

Arrondissement Ahuntsic-Cartierville, Montréal<br />

F-PROD_CIV027 <strong>AAPQ</strong>_7.75x5.25_2021-12-15.pdf 1 2021-12-15 3:33 PM<br />

C<br />

M<br />

Y<br />

CM<br />

MY<br />

CY<br />

… AU CŒUR DES QUARTIERS<br />

DE MONTRÉAL<br />

CMY<br />

K<br />

civiliti.com<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

97


GRANDS PRIX DU DESIGN | Design urbain<br />

Plan de mise en valeur des rivières de Québec<br />

(en collaboration avec la Ville de Québec)<br />

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Place Alice-Girard, MIL Montréal<br />

collaboration : EXP<br />

art public : Patrick Bernatchez<br />

© Bernard St-Denis<br />

Mathieu Casavant<br />

Josée Labelle<br />

Michel Langevin<br />

Mélanie Mignault<br />

Claude Cournoyer<br />

Benjamin Deshaies<br />

Mélanie Pelchat<br />

Catherine Blain<br />

Pauline Gayaud<br />

Anouk Bergeron-Archambault<br />

Chloé Lamontagne-Girard<br />

Marianne Lafontaine-Chicha<br />

Renée Chamberland<br />

Claudia Fabbricatore<br />

Guillaume Archambault-Lelièvre<br />

Audrey Labbé<br />

98 PAYSAGES — No 17


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