Spectrum_02_2022
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L’équilibre des forces
Pour Gilbert Casasus, une autre élémentclé
dans l’escalade du conflit fut l’abandon
du principe de l'équilibre des forces, regrettant
une Europe trop faible militairement et
politiquement, incapable d’accéder aux demandes
légitimes d’équipement militaire des
pays limitrophes à la Russie et impuissante
face à l’OTAN et aux Etats-Unis surarmés
: “On ne fait pas la paix en désarmant mais
en maintenant l’équilibre. Si les deux côtés
baissent leur arsenal de façon proportionnelle,
on fait la paix. Mais s’il y en a un qui
désarme et l’autre qui ne désarme pas, il y a
un déséquilibre et c'est la guerre.” À ce titre,
Roland Dumas, ancien ministre français des
affaires étrangères accusait dans un entretien
de 2022 les forces américaines de surarmement
d’avoir déstabiliser cet équilibre
3 : “ La politique de réarmement américaine
n’est pas destinée à l’Europe mais à d’autres
régions” tempère cependant Gilbert Casasus:
“Mais il est sûr et certain que cette politique
peut générer des questions auprès de
potentiels ennemis des Etats-Unis, car elle
remet en question le principe de l’équilibre
des forces.” L’exercice diplomatique n’est
donc selon Gilbert Casasus réellement effition
de cet évènement, Gilbert Casasus se
montre sans équivoque : "Barroso était un
président faible de l’UE et cette proposition
tenait compte de la faiblesse d’une UE gérée
faiblement. En revanche, les accords de
Minsk, proposés par la France et l’Allemagne,
étaient plus stables et plus prometteurs.
Ils n'étaient certes pas parfaits et demandaient
des sacrifices à l’Ukraine.” nuance-t-il en
évoquant comment un statut neutre aurait
pu être attribué aux régions du Donbass et
de la Crimée : ”On aurait même pu mettre
en place un référendum sous contrôle
international. Il aurait fallu au moins tenir
compte des préférences des gens habitant
ces régions.”
Si les accords de Minsk sont controversés au
sein même de l’UE, Jean-François Fayet, professeur
en histoire contemporaine spécialiste
de la politique d’Europe de l’Est, estime
que c’est Kiev qu’ils agacent le plus alors que
le Kremlin y est plutôt favorable : “En 2021,
Poutine a tenté de proposer un plan global,
visant à mettre un terme à l’élargissement de
l’OTAN et à la coopération militaire avec les
ex-républiques soviétiques, ainsi qu’à retirer
un certain nombre d’infrastructures militaires
américaines d’Europe de l’Est. Estimant
que les Accords de Minsk n’ont pas été suivis
par les Ukrainiens et que les Etats-Unis ne
veulent pas sérieusement entrer en matière,
ayant l’impression qu’on ne le prend pas au
sérieux, se sentant peut-être humilié, il a apparemment
considéré que la guerre était la
seule façon de modifier le rapport de force.”
rappelle Jean-François Fayet
cace qu’avec des moyens de pression équivalents
chez les parties négociantes.
“C’est vraiment un regret que nous pouvons
avoir, celui d’une incapacité des Européens
-Suisses compris - à conduire une politique
extérieure commune et indépendante de
celle des Etats-Unis, en particulier s’agissant
de nos relations avec la Russie,” observe
Jean-François Fayet qui, dans le même
temps, rappelle l’occasion manquée d’un
espace européen avec la Russie lors du premier
mandat de Boris Eltsine dans les années
90. La “Maison commune européenne”
de Gorbatchev et la désescalade ont été abandonnées
au profit d’une guerre entre impérialistes
dont le peuple ukrainien semble
encore et toujours faire les frais… P
Pour en savoir plus,
l'article complet
Quels liens entre la
Suisse et la Russie,
entretien
3 Olivier Berruyer, O. B. (2022, 13 février). Comment l’Occident (…), par Roland Dumas,
ex-ministre des affaires étrangères. Les-Crises.fr.
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