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L’équilibre des forces

Pour Gilbert Casasus, une autre élémentclé

dans l’escalade du conflit fut l’abandon

du principe de l'équilibre des forces, regrettant

une Europe trop faible militairement et

politiquement, incapable d’accéder aux demandes

légitimes d’équipement militaire des

pays limitrophes à la Russie et impuissante

face à l’OTAN et aux Etats-Unis surarmés

: “On ne fait pas la paix en désarmant mais

en maintenant l’équilibre. Si les deux côtés

baissent leur arsenal de façon proportionnelle,

on fait la paix. Mais s’il y en a un qui

désarme et l’autre qui ne désarme pas, il y a

un déséquilibre et c'est la guerre.” À ce titre,

Roland Dumas, ancien ministre français des

affaires étrangères accusait dans un entretien

de 2022 les forces américaines de surarmement

d’avoir déstabiliser cet équilibre

3 : “ La politique de réarmement américaine

n’est pas destinée à l’Europe mais à d’autres

régions” tempère cependant Gilbert Casasus:

“Mais il est sûr et certain que cette politique

peut générer des questions auprès de

potentiels ennemis des Etats-Unis, car elle

remet en question le principe de l’équilibre

des forces.” L’exercice diplomatique n’est

donc selon Gilbert Casasus réellement effition

de cet évènement, Gilbert Casasus se

montre sans équivoque : "Barroso était un

président faible de l’UE et cette proposition

tenait compte de la faiblesse d’une UE gérée

faiblement. En revanche, les accords de

Minsk, proposés par la France et l’Allemagne,

étaient plus stables et plus prometteurs.

Ils n'étaient certes pas parfaits et demandaient

des sacrifices à l’Ukraine.” nuance-t-il en

évoquant comment un statut neutre aurait

pu être attribué aux régions du Donbass et

de la Crimée : ”On aurait même pu mettre

en place un référendum sous contrôle

international. Il aurait fallu au moins tenir

compte des préférences des gens habitant

ces régions.”

Si les accords de Minsk sont controversés au

sein même de l’UE, Jean-François Fayet, professeur

en histoire contemporaine spécialiste

de la politique d’Europe de l’Est, estime

que c’est Kiev qu’ils agacent le plus alors que

le Kremlin y est plutôt favorable : “En 2021,

Poutine a tenté de proposer un plan global,

visant à mettre un terme à l’élargissement de

l’OTAN et à la coopération militaire avec les

ex-républiques soviétiques, ainsi qu’à retirer

un certain nombre d’infrastructures militaires

américaines d’Europe de l’Est. Estimant

que les Accords de Minsk n’ont pas été suivis

par les Ukrainiens et que les Etats-Unis ne

veulent pas sérieusement entrer en matière,

ayant l’impression qu’on ne le prend pas au

sérieux, se sentant peut-être humilié, il a apparemment

considéré que la guerre était la

seule façon de modifier le rapport de force.”

rappelle Jean-François Fayet

cace qu’avec des moyens de pression équivalents

chez les parties négociantes.

“C’est vraiment un regret que nous pouvons

avoir, celui d’une incapacité des Européens

-Suisses compris - à conduire une politique

extérieure commune et indépendante de

celle des Etats-Unis, en particulier s’agissant

de nos relations avec la Russie,” observe

Jean-François Fayet qui, dans le même

temps, rappelle l’occasion manquée d’un

espace européen avec la Russie lors du premier

mandat de Boris Eltsine dans les années

90. La “Maison commune européenne”

de Gorbatchev et la désescalade ont été abandonnées

au profit d’une guerre entre impérialistes

dont le peuple ukrainien semble

encore et toujours faire les frais… P

Pour en savoir plus,

l'article complet

Quels liens entre la

Suisse et la Russie,

entretien

3 Olivier Berruyer, O. B. (2022, 13 février). Comment l’Occident (…), par Roland Dumas,

ex-ministre des affaires étrangères. Les-Crises.fr.

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