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Le Bilan 2021 de l'assurance

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Sommaire<br />

PP. 4-5<br />

POINT DE VUE<br />

Tribune d’Éric Chenut<br />

PP. 6-14<br />

RÈGLEMENTATION<br />

Rétro<br />

Une année <strong>de</strong> réglementation<br />

La réforme du courtage est enfin sur<br />

les rails<br />

Tribune <strong>de</strong> Jean-Paul Faugère<br />

PP. 15-21<br />

DOMMAGES<br />

Assurance agricole : <strong>Le</strong>s assureurs<br />

prêts à suivre le sillon <strong>de</strong> la réforme ?<br />

Sécheresse : Coût <strong>de</strong> chaud pour les<br />

assureurs<br />

Tribune <strong>de</strong> Fabien Cazes<br />

PP. 22-32<br />

ASSURANCE VIE<br />

<strong>Le</strong>s frais <strong>de</strong>s PER passés au crible en<br />

<strong>2021</strong><br />

Tous les ren<strong>de</strong>ments dévoilés en <strong>2021</strong><br />

Tribune <strong>de</strong> Stéphane Dessirier<br />

PP. 33-39<br />

ASSURANCE DE<br />

PERSONNES<br />

<strong>Le</strong> scénario catastrophe<br />

<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Sécu<br />

Fonction publique, la réforme qui peut<br />

rebattre les cartes<br />

<strong>Le</strong>s complémentaires ont évité une<br />

hausse <strong>de</strong> la taxe covid en <strong>2021</strong><br />

Tribune <strong>de</strong> Patrick Brothier<br />

PP. 40-46<br />

GRANDS RISQUES<br />

Renouvellements <strong>2021</strong> à feu et à sang<br />

Tribune <strong>de</strong> Cyrille <strong>de</strong> Montgolfier<br />

PP. 47-54<br />

INNOVATION<br />

<strong>Le</strong>s coups <strong>de</strong> coeur innovation <strong>de</strong> la<br />

rédaction<br />

L’assurtech française compte <strong>de</strong>ux<br />

licornes<br />

PP. 55-59<br />

BONUS/MALUS<br />

<strong>Le</strong>s nominations marquantes <strong>de</strong> l’année<br />

<strong>2021</strong><br />

News Assurances Pro est un magazine édité par Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS, 508488905 RCS P Paris /// Adresse<br />

<strong>de</strong> la rédaction : Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS / Tél : 01 45 88 98 94 / contact@news-assurances.com /// Directeur <strong>de</strong><br />

la publication : Sébastien Jakobowski / sjakobowski@seroni.fr /// Rédacteur en chef : Florian Delambily /// Rédactrice en chef adjointe : Mariona Vivar ///<br />

Ont contribué à ce numéro : Thierry Gouby, Mathil<strong>de</strong> Castagna et Séverine Charon /// Partenariats et communication : Directeur : Sébastien Jakobowski /<br />

sjakobowski@seroni.fr /// Imprimé par : 3ma Group - 9 rue Manfred Behr - 68250 Rouffach /// Dépôt légal : à parution /// CPPAP : 0322 W 91666 /// ISSN : 2119-<br />

4440/numéro <strong>de</strong> déclaration : 10000000043815 /// Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse <strong>de</strong> l’éditeur (loi du 11 mars 1957)


4<br />

4WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

TRIBUNE SPÉCIALE BILAN DE L’ANNÉE<br />

« La soutenabilité <strong>de</strong> notre m<br />

« <strong>Le</strong> modèle <strong>de</strong> protection sociale est face à un triple enjeu : retrouver le fil <strong>de</strong> la vie<br />

démocratique, accompagner le vieillissement <strong>de</strong> la population et éviter que les générations<br />

ne s’opposent »<br />

<strong>2021</strong> s’achève alors que l’épidémie <strong>de</strong> Covid se<br />

poursuit, tout comme se confirment, chaque jour<br />

un peu plus les besoins <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> santé.<br />

Ceux-ci, i<strong>de</strong>ntifiés <strong>de</strong> longue date, questionnent la soutenabilité<br />

<strong>de</strong> notre modèle social au moment où il doit faire<br />

face à <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur : démographiques,<br />

numériques, environnementaux. Un modèle social en<br />

quête <strong>de</strong> moyens, <strong>de</strong> vision et <strong>de</strong> souffle démocratique.<br />

Car s’imposent aujourd’hui à notre société <strong>de</strong>s questions<br />

qui méritent <strong>de</strong>s réponses élaborées collectivement.<br />

Alors que <strong>de</strong>s groupes sociaux ayant <strong>de</strong>s conceptions du<br />

mon<strong>de</strong> différentes ont toujours plus tendance à s’opposer<br />

plutôt qu’à s’accor<strong>de</strong>r, la démocratie en santé revêt un<br />

caractère central et constitue un levier indispensable<br />

pour abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s questions éthiques telles la fin <strong>de</strong><br />

vie, la santé environnementale ou encore les données<br />

<strong>de</strong> santé, qui occupent une place centrale.<br />

Pour éviter <strong>de</strong> nouvelles ruptures d’égalité dans l’accès<br />

aux droits, pour permettre aux acteurs d’innover, il est<br />

primordial que les conditions d’utilisation <strong>de</strong>s données<br />

<strong>de</strong> santé soient largement débattues pour être adaptées<br />

et acceptées.<br />

Autre transition, autre débat avec l’impact <strong>de</strong> la dégradation<br />

<strong>de</strong> l’environnement sur la santé qui <strong>de</strong>vrait s’accroître<br />

dans les prochaines années et qui <strong>de</strong>vrait également<br />

fragiliser le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> la protection sociale,<br />

aujourd’hui dépendant <strong>de</strong> la croissance économique. Il<br />

nous faut débattre collectivement pour imaginer <strong>de</strong>s<br />

protections sociales durables et acceptables par tous, en<br />

prenant la pleine mesure <strong>de</strong>s insuffisances du système<br />

<strong>de</strong> santé et <strong>de</strong>s défis à relever.<br />

L’organisation <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> santé doit être revue.<br />

<strong>Le</strong>s soins <strong>de</strong> premier recours doivent être repensés au<br />

regard <strong>de</strong>s difficultés d’accès <strong>de</strong>s patients dans certains<br />

territoires, <strong>de</strong>s parcours <strong>de</strong> soins à bâtir et <strong>de</strong>s aspirations<br />

légitimes <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé à une vie<br />

plus équilibrée. D’autant que pour se soigner subsistent<br />

<strong>de</strong>s barrières financières, avec <strong>de</strong>s restes à charge après<br />

remboursement <strong>de</strong> la sécurité sociale mal maîtrisés.<br />

La réforme du 100 % santé constitue une partie <strong>de</strong> la<br />

réponse en optique, <strong>de</strong>ntaire et audiologie. Pour autant,<br />

un séjour hospitalier ou une maladie chronique peuvent<br />

occasionner <strong>de</strong>s dépenses très élevées, à la charge <strong>de</strong>s<br />

patients et <strong>de</strong> leurs complémentaires santé.<br />

Plus globalement, la place <strong>de</strong> la prévention et <strong>de</strong> la santé<br />

publique doit être considérablement renforcée pour améliorer<br />

l’état <strong>de</strong> santé général, physique et psychique,<br />

<strong>de</strong> la population, pour faire refluer les fortes inégalités<br />

sociales en santé et pour agir sur le niveau <strong>de</strong>s affections<br />

<strong>de</strong> longue durée auquel nous serons confrontés du fait<br />

<strong>de</strong> facteurs environnementaux et du vieillissement <strong>de</strong><br />

notre population.<br />

Cette question générationnelle met d’ailleurs notre modèle<br />

<strong>de</strong> protection sociale face à un triple enjeu. Au moment<br />

où dans notre jeunesse s’exprime un mouvement <strong>de</strong><br />

défiance à l’égard <strong>de</strong>s institutions, notamment politiques,<br />

comment, avec elle, retrouver le fil <strong>de</strong> la vie démocratique,<br />

y compris dans le domaine <strong>de</strong> la protection sociale<br />

? Comment renforcer celle-ci pour leur permettre <strong>de</strong><br />

s’émanciper pleinement ? <strong>Le</strong> <strong>de</strong>uxième enjeu générationnel<br />

est lié au vieillissement <strong>de</strong> la population. Cette<br />

évolution tendancielle affecte d’ores et déjà notre système<br />

<strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> retraite, et commence déjà à accentuer<br />

nos besoins en matière <strong>de</strong> perte d’autonomie. Il faut<br />

donner à cette protection sociale les moyens financiers<br />

que sa mission réclame et compléter ce socle que la<br />

cinquième branche <strong>de</strong> Sécurité sociale doit constituer<br />

en généralisant une couverture dépendance couplée à<br />

la complémentaire santé. Cette solution assurantielle,<br />

nous la portons avec la FFA. L’épargne retraite est également<br />

un outil à promouvoir. Comment, enfin, éviter que


TRIBUNE MERCREDI 4 SPÉCIALE FÉVRIER 2015BILAN DE L’ANNÉE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 5<br />

odèle social est questionnée »<br />

les générations ne s’opposent alors que les transferts<br />

sociaux sont et seront majoritairement dirigés vers les<br />

personnes âgées ? Et comment éviter que <strong>de</strong>s retraités,<br />

aux revenus limités, n’éprouvent <strong>de</strong>s difficultés grandissantes<br />

face à certaines dépenses <strong>de</strong> santé ? Répondre<br />

à ces questions complexes passe assurément par une<br />

réflexion sur le périmètre <strong>de</strong> protection et sur une meilleure<br />

couverture <strong>de</strong> toute la population en prévoyance,<br />

notamment durant la vie active. Mal appréhendés, ces<br />

risques liés à la prévoyance ont <strong>de</strong>s conséquences très<br />

pénalisantes sur le quotidien <strong>de</strong>s français.<br />

Tous ces défis auront été renforcés en <strong>2021</strong>, cette<br />

année aura également mis en lumière les empêchements<br />

existants auxquels font face les différents acteurs<br />

pour construire les solutions qui répon<strong>de</strong>nt aux enjeux<br />

démographiques, numériques et environnementaux.<br />

Pour transformer ces défis en autant d’opportunités<br />

pour faire évoluer notre système <strong>de</strong> santé, il nous faudra<br />

les abor<strong>de</strong>r collectivement en 2022, en concertation et<br />

en renforçant la participation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s parties<br />

prenantes. Année <strong>de</strong> scrutins et <strong>de</strong> débats démocratiques,<br />

elle est en cela cruciale.<br />

BIO<br />

Eric<br />

Chenut<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Mutualité Française<br />

Âge : 48 ans<br />

Formation : Juriste<br />

Parcours : En 2000, il fon<strong>de</strong> La Mutuelle <strong>de</strong>s Etudiants (LMDE).<br />

Il rejoint la MGEN en 2003 comme administrateur. Après avoir<br />

présidé la section Meurthe-et-Moselle pendant huit ans, il est<br />

nommé délégué national aux établissements <strong>de</strong> 2011 à 2013,<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt aux questions <strong>de</strong> santé, sanitaires et sociales<br />

<strong>de</strong> 2013 à 2017 et vice-prési<strong>de</strong>nt délégué en charge du budget,<br />

<strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong>s partenariats <strong>de</strong> 2017 à <strong>2021</strong>.<br />

Il est actuellement administrateur délégué au sein du groupe<br />

MGEN. Éric Chenut est aussi administrateur du groupe Vyv et<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt délégué <strong>de</strong> Vyv3 <strong>de</strong>puis 2017.


RÉTRO<br />

Une année <strong>de</strong> réglementation<br />

pour le secteur<br />

P.7<br />

FOCUS<br />

Captives d’assurance, l’espoire<br />

déçu<br />

P.10<br />

TRIBUNE<br />

Jean-Paul Faugère prend la<br />

plume<br />

P.12


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

7<br />

Une année <strong>de</strong> règlementation<br />

Une fois encore, l’exercice <strong>2021</strong> n’aura<br />

pas été avare en réglements, projets<br />

<strong>de</strong> lois, décrets et autres arrêtés visant<br />

le secteur <strong>de</strong> l’assurance. Retour sur<br />

les principales législations qui ont<br />

jalonné l’année écoulée.<br />

Janvier : Divorce consommé<br />

<strong>Le</strong> 1 er janvier <strong>2021</strong>, le Royaume-Uni<br />

a quitté officiellement l’Union européenne.<br />

De nouvelles règles s’appliquent<br />

<strong>de</strong>puis aux assureurs britanniques<br />

souhaitant opérer sur le sol<br />

français comme le rappelait l’ACPR<br />

le 5 janvier. L’autorité a <strong>de</strong>mandé aux<br />

opérateurs anglais « d’informer les<br />

souscripteurs résidant en France, par<br />

lettre recommandée ou recommandé<br />

électronique, dans les quinze jours<br />

suivant la sortie du Royaume-Uni <strong>de</strong><br />

l’Union européenne, qu’il ne pourra <strong>de</strong><br />

ce fait plus émettre <strong>de</strong> nouvelles primes<br />

ni renouveler le contrat ; il doit préciser<br />

la date <strong>de</strong> fin <strong>de</strong>s garanties ».<br />

Car les établissements du secteur<br />

bancaire et du secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

agréés au Royaume-Uni ne disposent<br />

plus du droit d’offrir leurs services en<br />

France en vertu du libre établissement<br />

ou <strong>de</strong> la libre prestation <strong>de</strong> services.<br />

Février : Caisse <strong>de</strong> retraite<br />

Selon un rapport <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s<br />

Comptes, quelque 13 milliards d’euros<br />

dorment sur <strong>de</strong>s contrats d’assurance<br />

retraite supplémentaire non réclamés.<br />

À l’image <strong>de</strong> ce qui a été fait sur l’assurance<br />

vie avec la loi Eckert <strong>de</strong> 2016,<br />

le Parlement a voté une loi <strong>de</strong>stinée<br />

à lutter contre la déshérence.<br />

PUB<br />

Ainsi, une proposition <strong>de</strong> loi adoptée à<br />

l’unanimité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chambres prévoit<br />

que les gestionnaires <strong>de</strong>s contrats<br />

<strong>de</strong> retraite supplémentaire <strong>de</strong>vront<br />

transmettre les informations sur leurs<br />

clients au groupement d’intérêt public<br />

(GIP) Union retraite, qui administre la<br />

plateforme Info.retraite.<br />

En outre, obligation sera faite aux entreprises<br />

d’informer les salariés qui les<br />

quittent sur l’ensemble <strong>de</strong>s contrats<br />

d’épargne pris en leur nom, en les inscrivant<br />

sur leur livret d’épargne salariale.<br />

Mars : À vos marques, prêts, participatifs<br />

<strong>Le</strong> 4 mars Bruno <strong>Le</strong> Maire, ministre<br />

<strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> la<br />

Relance dévoilait un nouveau dispositif<br />

<strong>de</strong>stiné à soutenir le développement<br />

<strong>de</strong>s entreprises touchées par la crise,<br />

mais viable. Baptisé dans un premier<br />

temps prêt participatif avec soutien<br />

<strong>de</strong> l’Etat (PPSE), puis finalement prêt<br />

participatif relance (PPR), il s’appuie<br />

sur un système à <strong>de</strong>ux étages.<br />

<strong>Le</strong>s banques consentent les emprunts,<br />

d’une maturité <strong>de</strong> 4 à 8 ans dont elles<br />

conservent 10% <strong>de</strong>s créances. <strong>Le</strong> reste<br />

du crédit est cédé à un fonds abondé<br />

par les assureurs et garanti par l’État<br />

à hauteur <strong>de</strong> 30%. 11 milliards d’euros<br />

ont été mis sur la table.<br />

Mais à peine quelques centaines <strong>de</strong><br />

millions ont été prêtés aux entreprises<br />

plus intéressées par les prêts garantis<br />

par l’Etat dont le taux d’intérêt est 2<br />

fois inférieur. Pour autant, au mois <strong>de</strong><br />

novembre, le gouvernement a décidé<br />

<strong>de</strong> prolonger la commercialisation <strong>de</strong>s<br />

PPR <strong>de</strong> 18 mois, soit jusqu’au 31 décembre<br />

2023.<br />

Mars : Vert transparent<br />

En <strong>2021</strong>, l’Union européenne a appuyé<br />

sur le champignon pour une réglementation<br />

plus durable <strong>de</strong> la finance. La<br />

première pierre à cet édifice écoresponsable<br />

se prénomme SFDR pour Sustainable<br />

Finance Disclosure Regulation.<br />

<strong>Le</strong> règlement est entré en application<br />

le 10 mars. Il impose, notamment, aux<br />

institutions financières, dont les assureurs,<br />

une plus gran<strong>de</strong> transparence sur<br />

la durabilité <strong>de</strong> leurs investissements.<br />

Octobre : DDADUE cool<br />

<strong>Le</strong> 8 octobre la loi portant diverses<br />

dispositions d’adaptation au droit <strong>de</strong><br />

l’Union européenne (DDADUE) est<br />

promulguée.<br />

Son article 35 prévoit notamment <strong>de</strong><br />

nouvelles évolutions dans le domaine<br />

assurantiel liées au marché unique<br />

européen. Il transpose en droit interne


8 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

la création <strong>de</strong> trois nouveaux dispositifs<br />

visant à améliorer le partage<br />

d’information entre les superviseurs<br />

nationaux et européens dans le secteur<br />

assurantiel.<br />

Ces dispositions, portées par la France<br />

et l’Italie à l’échelle européenne, constituent<br />

une première évolution utile pour<br />

répondre aux difficultés engendrées<br />

par les faillites récentes d’assureurs<br />

exerçant en libre prestation <strong>de</strong> services.<br />

Octobre : <strong>Le</strong> CCSF peu emprunté<br />

Moins d’un an après avoir remis un<br />

rapport critiqué sur l’assurance emprunteur,<br />

le Comité consultatif du secteur<br />

financier émet une recommandation<br />

sur ce marché, véritable champ <strong>de</strong><br />

bataille entre acteurs du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’assurance. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ainsi plus <strong>de</strong><br />

clarté sur la notion d’invalidité. Sa<br />

définition peut largement varier entre<br />

celle retenue par l’Assurance maladie<br />

et celle inscrite dans les contrats <strong>de</strong>s<br />

assureurs.<br />

Un <strong>de</strong>uxième point agrémente cette<br />

recommandation. Il concerne la tarification.<br />

La durée <strong>de</strong> détention moyenne<br />

d’un bien immobilier en France est <strong>de</strong><br />

8 ans. Or le niveau <strong>de</strong> primes payées<br />

peut différer sur ces 8 ans selon que<br />

l’assuré paye en cotisation fixe sur<br />

capital initial ou en pourcentage du<br />

capital restant dû.<br />

Dans ce contexte, le Comité « recomman<strong>de</strong><br />

aux distributeurs d’assurances<br />

(assureurs, banquiers, courtiers) <strong>de</strong><br />

développer l’information fournie au<br />

client, en lui indiquant les montants<br />

cumulés <strong>de</strong> ses primes au bout <strong>de</strong> huit<br />

années d’assurance, afin d’illustrer le<br />

mécanisme <strong>de</strong> fonctionnement du<br />

contrat ».<br />

Octobre : <strong>Le</strong> courant alternatif continue<br />

le combat<br />

<strong>Le</strong> 29 octobre, la députée Agir Ensemble<br />

Patricia <strong>Le</strong>moine dépose une proposition<br />

<strong>de</strong> loi pour un accès plus juste, plus<br />

simple et plus transparent au marché<br />

<strong>de</strong> l’assurance emprunteur. Un énième<br />

texte pour tenter à nouveau d’instaurer<br />

la résiliation infra-annuelle. Mais cette<br />

fois-ci, elle a <strong>de</strong> très bonne chances<br />

d’aboutir.<br />

<strong>Le</strong> gouvernement soutient en effet<br />

l’initiative <strong>de</strong> l’élue <strong>de</strong> Seine-et-Marne<br />

et a engagé la procédure accélérée<br />

début novembre. Après un passage<br />

dans chaque chambre, le texte doit<br />

être débattu en séance publique le<br />

26 janvier. Ce serait une victoire pour<br />

les assureurs alternatifs qui tentent<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> déverrouiller<br />

ce marché largement tenu par les<br />

banques.<br />

Octobre : Limites d’AG repoussées<br />

Décidément, mois chargé en octobre<br />

sur le front réglementaire. Un décret<br />

paru au Journal officiel du 30 octobre<br />

pérennise les mesures relatives au<br />

fonctionnement <strong>de</strong>s instances <strong>de</strong>s<br />

mutuelles d’assurance prises dans<br />

le cadre <strong>de</strong> la crise sanitaire. Autrement<br />

dit, les mutuelles conservent la<br />

possibilité <strong>de</strong> tenir <strong>de</strong>s assemblées<br />

générales par visioconférence au-<strong>de</strong>là<br />

du contexte <strong>de</strong> crise.<br />

<strong>Le</strong> décret ajoute par ailleurs <strong>de</strong> nouvelles<br />

dispositions sur le fonctionnement<br />

du conseil d’administration. Il<br />

permet par exemple le vote par procuration<br />

<strong>de</strong>s administrateurs. En revanche<br />

chaque administrateur ne peut être<br />

porteur que d’une seule procuration.<br />

Novembre : But en OR du gouvernement<br />

Sept mois après les PPR (voir plus<br />

haut), le gouvernement lance un nouvel<br />

outil <strong>de</strong>stiné à ai<strong>de</strong>r les entreprises<br />

dans le cadre <strong>de</strong> la crise sanitaire.<br />

<strong>Le</strong> 16 novembre, Bruno <strong>Le</strong> Maire a<br />

ainsi signé la convention d’octroi <strong>de</strong><br />

la garantie <strong>de</strong> l’ État au fonds <strong>de</strong> place<br />

d’obligations relance (OR).<br />

Ces obligations relance s’adressent<br />

à toutes les PME et ETI françaises.<br />

Elles ouvrent la possibilité d’accé<strong>de</strong>r<br />

à <strong>de</strong>s financements d’une maturité<br />

<strong>de</strong> 8 ans sans changement <strong>de</strong> leur<br />

capital ou <strong>de</strong> leur gouvernance. Ils<br />

sont remboursables en une fois et à<br />

échéance. Comme pour les PPR, les<br />

créances sont adossées à un fonds<br />

abondé, en gran<strong>de</strong> partie par les assureurs.<br />

C’est ce fonds qui bénéficie <strong>de</strong><br />

la garantie <strong>de</strong> l’État à hauteur <strong>de</strong> 30%.<br />

Décembre : <strong>Le</strong> courtage réformé<br />

Attendus mi-octobre, le décret et les<br />

<strong>de</strong>ux arrêtés sur la réforme du courtage<br />

ont été publiés au Journal Officiel le 2<br />

décembre. Ils détaillent les missions et<br />

les modalités <strong>de</strong> création <strong>de</strong>s associations<br />

professionnelles d’intermédiaires<br />

(voir ci-contre).<br />

Décembre : les Cat’ Nat’ revoient leur<br />

régime<br />

Longtemps attendue, la réforme du<br />

régime d’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s catastrophes<br />

naturelles a enfin abouti. Certains<br />

évoquent plus un lifting qu’une<br />

réforme <strong>de</strong>s grands soirs. Toujours<br />

est-il que la loi, adoptée par le Parlement<br />

le 14 décembre ajoute quelques<br />

dispositions au régime mis en place<br />

en 1982. Principale mesure, la prise<br />

en charge <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> relogement.<br />

<strong>Le</strong>s délais d’in<strong>de</strong>mnisation sont par<br />

ailleurs plus encadrés.<br />

<strong>Le</strong> texte acte l’institution d’un référent<br />

à l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s catastrophes<br />

naturelles dans chaque département.<br />

Ainsi que plus <strong>de</strong> transparence dans<br />

les décisions prises par la commission<br />

chargée <strong>de</strong> statuer sur la reconnaissance<br />

<strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> catastrophe naturelle.<br />

L’épineux et couteux sujet <strong>de</strong> la sécheresse<br />

est renvoyé à un rapport du<br />

gouvernement.<br />

Et en 2022 ?<br />

Pas <strong>de</strong> répit pour les services juridiques<br />

et conformité. Au menu <strong>de</strong>s réjouissances,<br />

la révision <strong>de</strong> Solvabilité. La<br />

Commission européenne a remis sa<br />

copie au mois <strong>de</strong> septembre <strong>de</strong>rnier.<br />

Est notamment attendue une refonte<br />

<strong>de</strong>s charges en capital <strong>de</strong>s investissements<br />

en actions.<br />

En France, le Parlement se penchera<br />

en outre sur la réforme <strong>de</strong> l’assurance<br />

récolte présentée en conseil <strong>de</strong>s ministres<br />

début décembre. Ainsi que sur<br />

la proposition <strong>de</strong> loi sur l’assurance<br />

emprunteur (voir plus haut). <strong>Le</strong>s frais<br />

<strong>de</strong>s PER sont également dans le collimateur.<br />

Et le secteur attend toujours<br />

les décrets d’application sur le démarchage<br />

téléphonique.<br />

Mais surtout l’année 2022 sera marquée<br />

par une élection prési<strong>de</strong>ntielle. <strong>Le</strong>s<br />

programmes <strong>de</strong>s candidats pourraient<br />

aller titiller les assureurs sur la santé<br />

ou l’assurance vie.


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

9<br />

La réforme du courtage sur les rails<br />

Après plus <strong>de</strong> trois années <strong>de</strong> discussions,<br />

voire <strong>de</strong> débats parfois houleux,<br />

la réforme actant la création d’associations<br />

professionnelles d’intermédiaires<br />

d’assurance doit entrer en<br />

vigueur le 1er avril prochain.<br />

Par Florian Delambily<br />

La gestation et l’accouchement<br />

furent longs, mais la réforme du<br />

courtage poussée par Bercy a bel<br />

et bien vu le jour. Critiqué par certains<br />

professionnels, objet <strong>de</strong> crainte, retoqué<br />

par le Conseil constitutionnel en 2019,<br />

le texte était revenu dans les travées <strong>de</strong><br />

l’Assemblée nationale à la faveur d’une<br />

proposition <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> Valéria Faure-<br />

Muntian au mois <strong>de</strong> janvier 2020. La<br />

crise sanitaire est ensuite passée par<br />

là et ce n’est que le 9 avril <strong>2021</strong> que<br />

la loi a été promulguée.<br />

Il faudra encore attendre près <strong>de</strong><br />

8 mois, soit le 2 décembre, pour la<br />

publication <strong>de</strong>s arrêtés et du décret<br />

d’application. Ils définissent les procédures<br />

d’agréments, les missions et<br />

les modalités <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong><br />

ces associations.<br />

<strong>Le</strong> décret impose ainsi la mise en place<br />

d’un médiateur pour les intermédiaires<br />

adhérents à une association professionnelle.<br />

L’une <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> ces<br />

associations sera également <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />

à la vérification <strong>de</strong>s conditions<br />

d’accès à la profession. Cela concerne<br />

les dirigeants et les personnels <strong>de</strong>s<br />

cabinets adhérents. Elles <strong>de</strong>vront<br />

contrôler l’honorabilité, l’obligation <strong>de</strong><br />

souscription à une RC professionnelle<br />

ou encore l’obligation <strong>de</strong> bénéficier<br />

d’une garantie financière.<br />

À cela s’ajoute la vérification <strong>de</strong> la<br />

capacité professionnelle et <strong>de</strong> la formation<br />

continue. <strong>Le</strong>s courtiers membres<br />

« tiennent à disposition <strong>de</strong> l’association<br />

cette liste nominative mise à jour ainsi<br />

que les fiches <strong>de</strong> poste, la copie <strong>de</strong>s<br />

diplômes, les titres ou certificats, les<br />

attestations ou livrets <strong>de</strong> stage et les<br />

attestations <strong>de</strong> fonctions », peut-on lire<br />

dans le décret. Conformément aux dispositions<br />

<strong>de</strong> DDA qui impose 15 heures<br />

<strong>de</strong> formation obligatoire annuelle, les<br />

associations <strong>de</strong>vront également vérifier<br />

que cette obligation est respectée.<br />

C’est dans cette optique qu’elles ont<br />

pour objectif d’accompagner leurs<br />

membres sur ces sujets <strong>de</strong> formation.<br />

A cet effet, elles élaborent un<br />

gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la capacité professionnelle,<br />

<strong>de</strong> la formation et du développement<br />

professionnels continus. Elles <strong>de</strong>vront<br />

également fournir <strong>de</strong>s informations<br />

sur toutes évolutions réglementaires<br />

applicable à leurs membres.<br />

Enfin, ces associations ont la possibilité<br />

<strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s enquêtes statistiques<br />

sur le marché qu’elles couvrent. Dans<br />

cette optique, « tout membre fournit<br />

chaque année à l’association <strong>de</strong>s données<br />

relatives à l’organisation <strong>de</strong> son<br />

activité, à ses effectifs, aux produits<br />

distribués, à la répartition <strong>de</strong> sa clientèle<br />

entre particuliers et professionnels<br />

ainsi qu’aux fournisseurs <strong>de</strong> produits ».<br />

<strong>Le</strong>s règles d’organisation <strong>de</strong>s associations<br />

agréées<br />

Sur ce point, le décret impose l’élaboration<br />

d’un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne conduite<br />

applicable à ses membres. Ce co<strong>de</strong><br />

peut d’ailleurs être commun entre<br />

plusieurs associations. Elles doivent<br />

également mettre en place <strong>de</strong>s procédures<br />

écrites visant à acter les missions<br />

qu’elles doivent mener auprès<br />

<strong>de</strong> leurs membres.<br />

Afin d’éviter tout conflit d’intérêt, les<br />

organisations agréées ont l’obligation<br />

<strong>de</strong> se doter d’une politique <strong>de</strong> classification<br />

<strong>de</strong>s informations pour assurer,<br />

notamment, le secret professionnel.<br />

Elles <strong>de</strong>vront en outre fournir à l’ACPR,<br />

« les liens <strong>de</strong> toute nature, notamment<br />

capitalistiques ou commerciaux, ainsi<br />

que les mandats exercés à titre bénévole,<br />

existant entre les membres <strong>de</strong> ses<br />

organes <strong>de</strong> gouvernance et les distributeurs<br />

d’assurances ou organismes<br />

<strong>de</strong> formation qui seraient <strong>de</strong> nature<br />

à constituer <strong>de</strong>s conflits d’intérêts ».<br />

Côté gouvernance, le texte <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

aux associations <strong>de</strong> mettre en place un<br />

conseil d’administration représentant<br />

la diversité <strong>de</strong> leurs membres.<br />

Enfin, les associations constitueront<br />

une commission chargée <strong>de</strong> prononcer<br />

<strong>de</strong>s sanctions à l’encontre <strong>de</strong> leurs<br />

membres. Cette commission répond<br />

à <strong>de</strong>s garanties d’indépendance et<br />

d’impartialité et doit être composée<br />

d’au moins 3 membres :<br />

. Pour un tiers <strong>de</strong> sa composition,<br />

une ou <strong>de</strong>s personnalités qualifiées<br />

désignées à raison <strong>de</strong> leur compétence<br />

en matière d’assurance et qui<br />

sont indépendantes <strong>de</strong> l’association<br />

et <strong>de</strong> ses membres. <strong>Le</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

la commission est désigné parmi ces<br />

personnalités ;<br />

. Au moins un représentant <strong>de</strong> l’assem-


10 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

blée générale ;<br />

. Au moins un représentant du conseil<br />

d’administration.<br />

<strong>Le</strong>s conditions d’agrément<br />

Pour être agréée, « l’association professionnelle<br />

doit justifier d’un nombre<br />

d’adhérents à jour <strong>de</strong> leur cotisation<br />

représentant au moins 10 % du nombre<br />

total <strong>de</strong> professionnels tenus à l’obligation<br />

d’adhésion, ou au moins 5 %<br />

lorsque l’association est également<br />

reconnue comme représentative ».<br />

En revanche, le décret précise bien<br />

qu’une association n’est pas un syndicat.<br />

Ce sera donc à l’ACPR <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r aux<br />

agréments <strong>de</strong>sdites associations. Un<br />

bilan doit être adressé chaque année au<br />

régulateur, au plus tard le 31 juillet <strong>de</strong><br />

chaque année. L’ACPR dispose en outre<br />

<strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> retrait d’agrément.<br />

Dans ce cas, elle le notifie l’association<br />

concernée. Cette <strong>de</strong>rnière dispose alors<br />

d’un délai d’un mois pour se mettre en<br />

conformité. Si cela ne suffit pas, une<br />

nouvelle notification est envoyée par<br />

l’ACPR actant le retrait d’agrément. Il<br />

prend effet dans un délai <strong>de</strong> 3 mois.<br />

Deux arrêtés en plus du décret<br />

<strong>Le</strong> décret décrypté ci-<strong>de</strong>ssus est complété<br />

par <strong>de</strong>ux arrêtés. <strong>Le</strong> premier<br />

détaille par le menu les documents<br />

à produire pour une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément<br />

et opérer comme association<br />

professionnelle reconnue. Ils sont<br />

assez nombreux, notamment sur les<br />

conditions nécessaires à la vérification<br />

<strong>de</strong> l’honorabilité <strong>de</strong>s représentants<br />

légaux et administrateurs <strong>de</strong>s associations.<br />

<strong>Le</strong> second décret acte le fait que les intermédiaires<br />

<strong>de</strong>vront d’abord rejoindre<br />

une association professionnelle pour<br />

obtenir leur immatriculation à l’Orias.<br />

Il acte <strong>de</strong> fait l’obligation d’adhésion.<br />

<strong>Le</strong>s décrets publiés, les associations<br />

candidates vont pouvoir passer à la<br />

partie opérationnelle. Elles avaient<br />

jusqu’au 31 décembre pour déposer<br />

leur dossier.<br />

La mise en route <strong>de</strong> la réforme est<br />

quant à elle prévue pour le 1 er avril 2022.<br />

Solvabilité 2, la Commission européenne<br />

remet sa copie<br />

La Commission européenne a dévoilé<br />

au mois <strong>de</strong> septembre ses arbitrages<br />

sur la révision <strong>de</strong> Solvabilité 2. Elle<br />

prévoit <strong>de</strong> libérer 90 milliards d’euros<br />

<strong>de</strong> capitaux, à court terme.<br />

La révision <strong>de</strong> Solvabilité 2 avance.<br />

Au mois <strong>de</strong> septembre <strong>de</strong>rnier,<br />

la Commission européenne a<br />

dévoilé ses propositions pour faire<br />

évoluer la directive. Dans les gran<strong>de</strong>s<br />

lignes, la Commission européenne suit<br />

les recommandations <strong>de</strong> l’Eiopa. Mais<br />

sur certains points, elle semble vouloir<br />

aller un cran plus loin. Ainsi, elle « envisage<br />

<strong>de</strong> simplifier les conditions dans<br />

lesquelles les prises <strong>de</strong> participation, y<br />

compris via <strong>de</strong>s fonds d’infrastructures,<br />

seraient traités comme ‘à long terme’.<br />

Cela élargirait le périmètre <strong>de</strong>s actions<br />

pouvant être soumis au facteur <strong>de</strong><br />

risque plus favorable <strong>de</strong> 22% au lieu<br />

<strong>de</strong> 39% pour les actions cotées et 49%<br />

pour les actions non cotées », peut-on<br />

lire dans les documents publiés par<br />

la commission.<br />

Revoir le choc en capital sur les<br />

actions<br />

Reste que la proportion <strong>de</strong> ces investissements<br />

choqués à 22% n’est pas<br />

encore définie. L’exécutif européen<br />

ajoute en effet que « à ce sta<strong>de</strong>, il est<br />

difficile d’évaluer le montant <strong>de</strong>s prises<br />

<strong>de</strong> participation qui pourraient bénéficier<br />

du traitement préférentiel pour les<br />

investissements à long terme ». Tout<br />

juste évoque-t-il un scénario « pru<strong>de</strong>nt<br />

» <strong>de</strong> 15% <strong>de</strong>s actions supplémentaires.<br />

Cette base permettrait <strong>de</strong><br />

réduire les exigences <strong>de</strong> fonds propres<br />

<strong>de</strong> 10,5 milliards d’euros, soit 6% en<br />

moyenne pour les assureurs qui utilisent<br />

la formule standard.<br />

Car l’ambition <strong>de</strong> la commission est<br />

d’accélérer la contribution <strong>de</strong>s assureurs<br />

au financement <strong>de</strong> l’économie.<br />

Au global, les propositions retenues<br />

par la commission <strong>de</strong>vraient libérer<br />

quelque 90 milliards d’euros à court<br />

terme. S’y ajoutent 30 milliards d’euros<br />

à plus long terme. « L’Europe a<br />

besoin d’un secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

fort et dynamique pour investir dans<br />

notre économie et nous ai<strong>de</strong>r à gérer<br />

les risques auxquels nous sommes<br />

confrontés. Grâce à son double rôle<br />

<strong>de</strong> protecteur et d’investisseur, le secteur<br />

<strong>de</strong> l’assurance peut contribuer à<br />

la mise en œuvre du pacte vert pour<br />

l’Europe et <strong>de</strong> l’union <strong>de</strong>s marchés<br />

<strong>de</strong>s capitaux », déclare Valdis Dombrovskis,<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt exécutif <strong>de</strong><br />

la Commission européenne pour une<br />

économie au service <strong>de</strong> la personne.<br />

Après la crise sanitaire, l’Union européenne<br />

a clairement mis le cap sur la<br />

relance verte <strong>de</strong> son économie. Sur<br />

ce point, <strong>de</strong>s travaux seront lancés<br />

plus tard pour « évaluer l’adéquation<br />

<strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> fonds propres sous<br />

Solvabilité 2 pour les actifs verts ».<br />

Ces discussions s’inscrivent dans la<br />

lignée du Plan vert européen présenté<br />

durant l’été par Ursula von <strong>de</strong>r <strong>Le</strong>yen,<br />

prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Commission européenne.<br />

Parmi les autres mesures<br />

proposées figurent une meilleure<br />

coopération entre les autorités <strong>de</strong><br />

tutelle nationales ou encore une meilleure<br />

prise en compte <strong>de</strong>s risques,<br />

notamment <strong>de</strong>s risques climatiques<br />

pour désensibiliser les passifs aux<br />

fluctuations à court terme.<br />

La crise avait en effet montré les<br />

limites du modèle <strong>de</strong> Solvabilité 2.<br />

En mars 2020, les niveaux <strong>de</strong> SCR<br />

avaient violemment décroché sous<br />

l’effet conjugué <strong>de</strong> la persistance <strong>de</strong><br />

taux bas et <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong>s bourses<br />

mondiales.


12<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />

TRIBUNE<br />

« Entretenir un dialogue, o<br />

« Tout programme a vocation à s’adapter aux circonstances :<br />

c’est aussi vrai en matière <strong>de</strong> supervision »<br />

À<br />

l’occasion <strong>de</strong> la publication en ce début d’année<br />

<strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> l’ACPR, je crois utile<br />

d’en faire ici, à l’attention <strong>de</strong>s professionnels<br />

<strong>de</strong> l’assurance, une brève présentation.<br />

D’abord pour rappeler que tout programme a vocation<br />

à s’adapter aux circonstances : c’est aussi vrai<br />

en matière <strong>de</strong> supervision ! On l’a bien vu avec la<br />

survenance <strong>de</strong> la pandémie en 2020. Nous avons eu<br />

à cœur d’en suivre les conséquences pour le secteur<br />

<strong>de</strong> l’assurance conjointement avec les entreprises. Et<br />

nous continuerons à le faire car nous ne pouvons pas<br />

espérer hélas que la crise sanitaire soit terminée avant<br />

plusieurs mois. Cependant je relève la réactivité <strong>de</strong>s<br />

entreprises du secteur : elles ont su faire face pour<br />

assurer la continuité opérationnelle et elles continuent<br />

<strong>de</strong> s’adapter aux circonstances.<br />

La solvabilité <strong>de</strong>s compagnies reste soli<strong>de</strong> en moyenne.<br />

Mais la crise peut avoir <strong>de</strong>s conséquences très<br />

inégales selon le portefeuille <strong>de</strong> risques couverts et<br />

la situation préexistante. D’autant que le contexte<br />

<strong>de</strong>s taux bas reste une contrainte très forte. Nous<br />

continuerons donc à suivre les vulnérabilités qui ont<br />

pu se matérialiser, avec les dirigeants concernés, au<br />

bénéfice <strong>de</strong> la stabilité financière et <strong>de</strong> la protection<br />

<strong>de</strong> la clientèle conformément à notre vocation.<br />

<strong>Le</strong> cas échéant nous suivrons les mouvements qui<br />

se <strong>de</strong>ssineront dans le paysage assurantiel français,<br />

toujours avec la même neutralité quant à la typologie<br />

<strong>de</strong>s acteurs, mais aussi avec la même exigence sur<br />

les droits <strong>de</strong>s assurés sur lesquels il nous appartient<br />

<strong>de</strong> veiller dans une perspective <strong>de</strong> long terme.<br />

La composante technique <strong>de</strong> nos contrôles est<br />

évi<strong>de</strong>mment essentielle. <strong>Le</strong>s professionnels savent<br />

bien <strong>de</strong> quoi il s’agit. Nos contrôles sont récurrents<br />

sur tout ce qui comman<strong>de</strong> le provisionnement et la<br />

gestion <strong>de</strong>s risques. Je mentionne tout particulièrement<br />

les risques <strong>de</strong> marché qui pèsent lourd dans la<br />

détermination du capital requis, et dont l’actualité<br />

justifie une observation vigilante.<br />

<strong>Le</strong> contexte réglementaire nouveau créé par la loi<br />

PACTE nous impliquera aussi : je pense notamment à<br />

la création <strong>de</strong> FRPS (Fonds <strong>de</strong> retraite professionnelle<br />

supplémentaire) qui pourront recevoir <strong>de</strong>s portefeuilles<br />

retraite préexistant jusqu’à fin 2022 ; je pense aussi<br />

aux obligations <strong>de</strong> transparence sur les frais en<br />

assurance vie.<br />

J’ai eu l’occasion d’insister longuement sur ce <strong>de</strong>rnier<br />

sujet lors <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> l’ACPR du 28 novembre<br />

<strong>de</strong>rnier. Nous estimons <strong>de</strong>voir faire un point complet<br />

sur cette question <strong>de</strong>s frais en assurance vie en<br />

2022, après une enquête auprès <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la<br />

place. Nous verrons s’il y a lieu <strong>de</strong> formaliser une<br />

recommandation.<br />

Toujours en vue d’améliorer les pratiques commerciales,<br />

nous nous attacherons aussi à vérifier une bonne<br />

application <strong>de</strong> la directive sur la distribution <strong>de</strong>s<br />

produits d’assurance (DDA). Cela vise, au-<strong>de</strong>là du<br />

<strong>de</strong>voir <strong>de</strong> conseil, la gouvernance produit : définition<br />

<strong>de</strong>s marchés cibles, politique <strong>de</strong> distribution, … Et<br />

nous vérifierons la qualité <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s<br />

conflits d’intérêt, en particulier dans les dispositifs<br />

<strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong>s distributeurs.<br />

On sait bien à ce propos que notre supervision ne peut<br />

se limiter aux seuls assureurs et que nous <strong>de</strong>vons<br />

porter aussi notre regard sur les intermédiaires. Nous<br />

espérons avec la mise en place <strong>de</strong>s associations<br />

professionnelles agréées <strong>de</strong> courtiers conformément<br />

à la loi nouvelle pouvoir structurer un dialogue avec<br />

les professionnels concernés.<br />

Au nombre <strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong> notre action en 2022, je<br />

n’aurais gar<strong>de</strong> d’oublier la LCB-FT : c’est un chantier


BILAN DE LA RÉGLEMENTATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 13<br />

uvert et confiant »<br />

permanent sur lequel pèse une obligation <strong>de</strong> résultat.<br />

<strong>Le</strong>s entreprises comme les intermédiaires savent qu’il<br />

est prioritaire, même s’il induit <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong><br />

gestion et <strong>de</strong>s contraintes commerciales. L’attente du<br />

superviseur ne peut manquer <strong>de</strong> s’établir au meilleur<br />

niveau que permettent les progrès <strong>de</strong>s technologies en<br />

ce domaine. On parle <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> « RegTech » et<br />

cela révèle que les moyens <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong><br />

blanchiment progressent vite, et que ces technologies,<br />

comme l’intelligence artificielle, doivent être intégrées<br />

dans les process ordinaires <strong>de</strong> gestion, sous réserve<br />

bien sûr du principe <strong>de</strong> proportionnalité.<br />

Au titre <strong>de</strong>s risques émergents qu’il importe d’intégrer<br />

dans le quotidien <strong>de</strong>s entreprises, je mentionne aussi<br />

le risque cyber à propos duquel l’ACPR a publié une<br />

notice en juillet <strong>de</strong>rnier. Cette notice comporte une<br />

série <strong>de</strong> 25 orientations pour une gouvernance efficace<br />

<strong>de</strong> ce risque. L’ACPR s’attend à ce que ces principes<br />

soient effectivement mis en œuvre.<br />

Je mentionne aussi, au chapitre <strong>de</strong>s risques émergents,<br />

l’évolution du climat. La révision en cours <strong>de</strong> la<br />

directive Solvabilité II amènera à préciser le cadre<br />

réglementaire. Mais dès à présent, le superviseur<br />

BIO<br />

attend <strong>de</strong>s entreprises la clarté sur les engagement<br />

pris en ce domaine, la transparence sur les indicateurs<br />

<strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> ce risque, et la réalisation <strong>de</strong> tests sur<br />

leur résilience à l’égard <strong>de</strong>s conséquences prévisibles<br />

<strong>de</strong>s divers scénarios.<br />

Un <strong>de</strong>rnier point : 2022 sera l’année <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong><br />

la mise en œuvre <strong>de</strong> la norme comptable IFRS 17. Je<br />

mesure l’effort que représente l’intégration <strong>de</strong> cette<br />

nouvelle norme. Mais il est permis <strong>de</strong> penser que<br />

le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong>s entreprises qui y sont<br />

assujetties est inégal. Nous nous attacherons donc<br />

à un dialogue suivi avec les assureurs afin <strong>de</strong> ne pas<br />

nous trouver à la veille <strong>de</strong> la date d’entrée en vigueur,<br />

le 1 er janvier 2023, dans une situation inconfortable ! …<br />

En définitive, l’agenda 2022 est bien chargé ! Mais j’y<br />

ajoute une priorité : celle d’entretenir avec l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s acteurs un dialogue ouvert et confiant. C’est la<br />

tradition séculaire du contrôle <strong>de</strong>s assurances. Et sans<br />

que cela induise la moindre complaisance, j’attache<br />

beaucoup d’importance à la qualité <strong>de</strong> cette relation,<br />

fondée sur une compréhension pleine et entière <strong>de</strong>s<br />

réalités du métier <strong>de</strong> l’assurance.<br />

Jean-Paul<br />

Faugère<br />

Vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ACPR<br />

Âge : 65 ans<br />

Lieu <strong>de</strong> naissance : Paris<br />

Formation : Polytechnique, IEP, ENA<br />

Parcours : Passé par le contrôle <strong>de</strong>s assurances en début <strong>de</strong><br />

carrière, Jean-Paul Faugère affiche une longue carrière publique<br />

au Conseil d’État, au CEA ou encore comme préfet du<br />

Loir-et-Cher et <strong>de</strong> Vendée. En 2002, il <strong>de</strong>vient directeur <strong>de</strong> cabinet<br />

<strong>de</strong> François Fillon, alors ministre <strong>de</strong>s Affaires sociales, puis<br />

conserve ses fonctions quand ce <strong>de</strong>rnier prend le ministère<br />

<strong>de</strong> l’Éducation Nationale et enfin lorsqu’il est nommé Premier<br />

ministre. En 2012, Jean-Paul Faugère rejoint le secteur privé<br />

comme prési<strong>de</strong>nt du conseil d’administration <strong>de</strong> CNP Assurances.<br />

Depuis juillet 2020, il est vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ACPR.


TARIFS 2022<br />

Vers une hausse, mais<br />

contenue…<br />

P.16<br />

MARCHÉ<br />

Sécheresse : coût <strong>de</strong> chaud<br />

pour les assureurs<br />

P.18<br />

TRIBUNE<br />

Joao Cardoso <strong>de</strong> Jesus prend<br />

la plume<br />

P.20


16<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />

Tarifs 2022 : hausses modérées, pour l’instant…<br />

Annoncées <strong>de</strong> plus en plus tardivement,<br />

les politiques tarifaires <strong>de</strong>s principaux<br />

assureurs sont <strong>de</strong>venues <strong>de</strong> véritables<br />

casse-têtes. Si certaines compagnies<br />

ne se risquent plus aux prévisions, le<br />

marché tout entier doit jongler entre<br />

fidélisation et amélioration <strong>de</strong>s ratios<br />

techniques pour <strong>de</strong>s cotisations 2022<br />

qui s’annoncent modérées, pour le<br />

moment.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Alors que les prinipales compagnies<br />

annonçaient jadis<br />

leurs tendances tarifaires<br />

pour l’exercice suivant dès<br />

septembre, cette pério<strong>de</strong> est révolue.<br />

Depuis plusieurs exercices, les grands<br />

opérateurs ne se risquent plus aux prévisions,<br />

la faute à <strong>de</strong>s paramètres et<br />

<strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> marché toujours<br />

plus nombreux et complexes. L’explosion<br />

<strong>de</strong>s catastrophes naturelles et<br />

leurs impacts sur la MRH, la hausse<br />

<strong>de</strong>s coûts moyens, du prix <strong>de</strong>s pièces<br />

détachées et <strong>de</strong> la main d’œuvre en<br />

auto ou les conséquences <strong>de</strong> la crise<br />

Covid sont venues chambouler le paysage<br />

tarifaire <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers exercices.<br />

En automobile d’abord, si nombre d’acteurs<br />

ont décidé <strong>de</strong> geler leurs tarifs l’an<br />

<strong>de</strong>rnier (voir le graphique ci-<strong>de</strong>ssous),<br />

soit à cause <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la sinistralité,<br />

soit par mesures <strong>de</strong> soutien à leurs assurés,<br />

2022 sera différent. Selon Facts &<br />

Figures, les tarifs automobiles <strong>de</strong>vraient<br />

repartir à la hausse avec <strong>de</strong>s augmentations<br />

moyennes allant <strong>de</strong> 0,5% à 1%.<br />

« Quand les mutualistes, qui concentraient<br />

un contrat sur <strong>de</strong>ux en France<br />

fin 2020, seront proches d’une variation<br />

<strong>de</strong> 0%, les compagnies traditionnelles<br />

pourraient-elles pousser jusqu’à 2% »,<br />

indique Cyrille Chartier-Kastler, le prési<strong>de</strong>nt<br />

et fondateur du cabinet <strong>de</strong> conseil.<br />

En habitation ensuite, les catastrophes<br />

naturelles continuent <strong>de</strong> peser année<br />

après année sur les tarifs.<br />

En sus <strong>de</strong>s inondations et <strong>de</strong>s tempêtes<br />

qui frappent le pays chaque exercice,<br />

c’est au tour <strong>de</strong> la sécheresse <strong>de</strong> venir<br />

grever sévèrement les résultats <strong>de</strong>s<br />

compagnies en atteignant désormais<br />

le milliard d’euros <strong>de</strong> charge sinistres<br />

par an. De facto, les cotisations MRH<br />

<strong>de</strong>vraient donc elles aussi croître en<br />

2022, entre 1% et 1,5% en moyenne<br />

selon Facts & Figures.<br />

La Maif se mouille<br />

Pour l’heure, peu d’acteurs se sont ainsi<br />

positionnés. <strong>Le</strong> groupe Maif, après avoir<br />

annoncé le gel <strong>de</strong> ses tarifs auto pour<br />

2022 dès juin <strong>de</strong>rnier, est l’un <strong>de</strong>s seuls<br />

à avoir déjà précisé ses orientations<br />

tarifaires pour ses autres branches. En<br />

habitation, le Niortais explique poursuivre<br />

ses efforts pour équilibrer la branche<br />

affectée par les sinistres climatiques.<br />

L’assureur mutualiste augmentera ainsi<br />

ses tarifs <strong>de</strong> 2,5% en moyenne, tout en<br />

bloquant celui <strong>de</strong>s contrats habitation<br />

jeunes. De son côté, la Mutuelle <strong>de</strong> Poitiers<br />

a décidé d’accor<strong>de</strong>r comme en<br />

2019 et en 2020 une ristourne <strong>de</strong> 3%<br />

<strong>de</strong> la cotisation <strong>2021</strong> à ses 300 000<br />

assurés auto.<br />

Chez Generali ou Axa, les tendances<br />

tarifaires 2022 pour le particulier, même<br />

si elles ne sont pas encore arrêtées,<br />

resteront dans la mesure selon les<br />

compagnies, tout en tenant compte<br />

<strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong> marché. Même son<br />

<strong>de</strong> cloche chez MMA qui, pour ce qui<br />

concerne les pros et les entreprises, fait<br />

face à une très forte hausse <strong>de</strong>s indices,<br />

y compris sur les risques industriels,<br />

le tout dans un marché sous-tarifé. En<br />

conséquence, l’assureur mutualiste<br />

annonçait dans nos colonnes en fin<br />

d’année qu’il allait pratiquer <strong>de</strong>s niveaux<br />

<strong>de</strong> revalorisations moyens plus<br />

élevés pour 2022, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 4%.<br />

Gare à 2023<br />

Devant ces situations disparates, la poursuite<br />

<strong>de</strong> la hausse du prix <strong>de</strong>s réparations<br />

en automobile, accompagnée <strong>de</strong><br />

la pénurie <strong>de</strong> pièces détachées et <strong>de</strong><br />

matières premières <strong>de</strong>vraient accentuer<br />

encore les revalorisations tarifaires pour<br />

les exercices à venir, <strong>de</strong> 2% à 3% dès l’an<br />

prochain. « Comme en automobile, une<br />

accélération <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> hausse<br />

<strong>de</strong>s tarifs en habitation est hautement<br />

probable à l’échéance 2023 », conclut<br />

Facts & Figures.


BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 17<br />

Assurance agricole : <strong>Le</strong>s assureurs sont-ils prêts à<br />

suivre le sillon <strong>de</strong> la réforme ?<br />

Présenté en conseil <strong>de</strong> ministres<br />

le 1 er décembre <strong>de</strong>rnier, le projet<br />

<strong>de</strong> loi visant à réformer l’assurance<br />

agricole et plus particulièrement<br />

la MRC (Multirisques<br />

climatique récolte) est salué<br />

par l’ensemble du marché. Toutefois,<br />

<strong>de</strong>s réserves persistent,<br />

notamment dans sa mise en<br />

œuvre ainsi que pour <strong>de</strong>s questions<br />

<strong>de</strong> concurrence.<br />

Par Thierry Gouby<br />

L’épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> gel tardif qui a touché<br />

les cultures <strong>de</strong> la moitié Sud<br />

<strong>de</strong> la France en avril <strong>2021</strong> a servi<br />

<strong>de</strong> déclic à l’exécutif pour réformer le<br />

régime <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s risques climatiques<br />

sur récoltes : une évolution<br />

attendue <strong>de</strong>puis longtemps. « <strong>Le</strong>s<br />

assureurs appellent à une réforme<br />

<strong>de</strong>puis plusieurs années, explique<br />

Franck <strong>Le</strong> Vallois, directeur général<br />

<strong>de</strong> la France Assureurs (ex-FFA). <strong>Le</strong><br />

mon<strong>de</strong> agricole est mal protégé avec<br />

un taux <strong>de</strong> non assurance qui frôle<br />

les 70% <strong>de</strong>s surfaces exploitées ».<br />

Sur les bases d’un rapport commandé<br />

dans la foulée par le ministre <strong>de</strong><br />

l’Agriculture et <strong>de</strong> l’Alimentation au<br />

député Frédéric Descrozaille (LREM),<br />

le gouvernement a donc travaillé<br />

toute la fin d’année <strong>2021</strong> à poser les<br />

jalons d’une réforme <strong>de</strong> l’assurance<br />

agricole. Il présentait le 1 er décembre<br />

<strong>de</strong>rnier un projet <strong>de</strong> loi en conseil <strong>de</strong>s<br />

ministres. « <strong>Le</strong>s travaux du député<br />

posent <strong>de</strong>s bases extrêmement intéressantes<br />

sur la refonte du système »,<br />

estime Thierry Martel, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l’AAM et directeur général <strong>de</strong> Groupama.<br />

3 niveaux <strong>de</strong> prise en charge<br />

En effet, le texte, porté conjointement<br />

par les ministères <strong>de</strong> l’Économie<br />

et <strong>de</strong> l’Agriculture, s’inspire très<br />

largement du modèle espagnol mis<br />

en place dans les années 1970 et<br />

basé sur le principe <strong>de</strong> solidarité. Il<br />

s’appuie ainsi sur un système à trois<br />

niveaux <strong>de</strong> prise en charge, calculés<br />

en pourcentage <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> la<br />

récolte par rapport à l’année N-1.<br />

<strong>Le</strong> premier niveau s’apparente à une<br />

franchise pour laquelle les exploitants<br />

agricoles prendraient en charge<br />

une partie du risque sous forme d’auto-assurance,<br />

à hauteur d’environ<br />

20%. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>uxème niveau ferait appel<br />

au secteur privé <strong>de</strong> l’assurance, à travers<br />

la diffusion d’une multirisques<br />

climatique subventionnée par l’État.<br />

Enfin, le troisième niveau serait une<br />

prise en charge <strong>de</strong>s pertes exceptionnelles<br />

par la solidarité nationale,<br />

modulée en fonction <strong>de</strong>s cultures.<br />

Questions en suspens<br />

« Toutes ces mesures sont excellentes<br />

mais renvoient nombre <strong>de</strong> questions<br />

aux décrets et ordonnances d’application<br />

», explique pour sa part Agéa,<br />

la fédération nationale <strong>de</strong>s syndicats<br />

d’agents généraux. Ainsi, le projet<br />

<strong>de</strong> loi ne définit pas pour l’heure le<br />

niveau <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s primes<br />

d’assurance. « <strong>Le</strong> texte borne simplement<br />

l’intervention <strong>de</strong> l’Etat au regard<br />

<strong>de</strong>s seuils autorisés par l’Union<br />

européenne », indique le ministère<br />

<strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> l’Alimentation.<br />

Surtout, s’agissant du <strong>de</strong>uxième<br />

niveau d’intervention, celui <strong>de</strong> l’assurance<br />

privée, le gouvernement réfléchit<br />

à la constitution d’un pool <strong>de</strong> coréassurance.<br />

« <strong>Le</strong> dispositif <strong>de</strong> pool<br />

amène beaucoup d’interrogations<br />

structurantes pour les assureurs. Il<br />

impliquerait le partage <strong>de</strong>s données<br />

et <strong>de</strong>s informations pour créer une<br />

base <strong>de</strong> tarification technique commune<br />

entre tous les membres du pool<br />

et irait jusqu’à la mise en commun <strong>de</strong>s<br />

sinistres », explique Franck <strong>Le</strong> Vallois.<br />

Une possibilité qui inquiète nombre<br />

d’opérateurs du marché, tant sur<br />

le partage d’informations que sur<br />

la gouvernance <strong>de</strong> ce pool. « Comment<br />

sera déterminé le tarif <strong>de</strong> base ?<br />

Des surprimes seront-elles applicables<br />

par les compagnies ? Si oui,<br />

dans quelle mesure ? Sinon quelles<br />

sont les compensations possibles ?<br />

Quels seront les délais <strong>de</strong> remboursement<br />

pour les agriculteurs ? Quelle<br />

place pour la réassurance privée ? »,<br />

se questionne pour sa part Agéa.<br />

Autre point d’attention celui du guichet<br />

unique. « <strong>Le</strong> dispositif acterait<br />

la mise en place d’un interlocuteur<br />

unique pour les assurés, avec délégation<br />

<strong>de</strong> service. Mais quid <strong>de</strong> la<br />

rémunération <strong>de</strong> cette délégation <strong>de</strong><br />

service public ? », se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Franck<br />

<strong>Le</strong> Vallois. « <strong>Le</strong> rapport Descrozaille<br />

recommandait <strong>de</strong> doter le régime <strong>de</strong><br />

600 à 700 millions d’euros. Ce qui<br />

représente une forte hausse par rapport<br />

au précé<strong>de</strong>nt (300 millions d’euros).<br />

Comment cette augmentation<br />

sera-t-elle financée ? Par qui ? », se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ensuite Agéa.<br />

La fédération <strong>de</strong>s syndicats d’agents<br />

ajoute même que ces <strong>de</strong>rniers « sont<br />

donc incontournables dans la politique<br />

<strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> proximité<br />

portée, à raison par le gouvernement<br />

», selon son prési<strong>de</strong>nt Pascal<br />

Chapelon.<br />

Il appelle ainsi toutes les compagnies<br />

mandantes « et pas seulement les acteurs<br />

historiques » à intégrer le pool<br />

<strong>de</strong> gouvernance, qui sera le lieu <strong>de</strong><br />

l’élaboration d’une part importante <strong>de</strong><br />

la future politique agricole française.<br />

Concurrence et timing<br />

Enfin, l’Autorité <strong>de</strong> la concurrence<br />

a été saisie par le gouvernement. Il<br />

existe ainsi un risque <strong>de</strong> distorsion<br />

<strong>de</strong> concurrence entre les assureurs<br />

membres du pool qui bénéficieraient<br />

<strong>de</strong> la subvention <strong>de</strong> l’État et<br />

ceux qui souhaiteraient continuer à<br />

commercialiser <strong>de</strong>s contrats hors<br />

du pool, mais sans profiter <strong>de</strong> cette<br />

subvention. « Selon moi, ce pool<br />

ne tue pas la concurrence », tempère<br />

pour sa part Thierry Martel.<br />

Reste que le timing est serré pour<br />

ce projet <strong>de</strong> loi, qui doit être déposé<br />

à l’Assemblée nationale à la mi-janvier<br />

puis voté par les <strong>de</strong>ux chambres<br />

avant la fin du mois <strong>de</strong> février. <strong>Le</strong><br />

volet financement <strong>de</strong> la réforme est<br />

quant à lui renvoyé au PLF 2023.


18 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />

Risque sécheresse : Coût <strong>de</strong> chaud pour les assureurs<br />

Alors que le coût <strong>de</strong> la sécheresse<br />

atteint désormais le milliard d’euros<br />

chaque année en France, ce risque<br />

pose la question <strong>de</strong> son assurabilité<br />

et <strong>de</strong> son <strong>de</strong>venir au sein du régime<br />

catastrophes naturelles.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Adoptée définitivement midécembre<br />

par le Parlement,<br />

la proposition <strong>de</strong> loi<br />

sur la réforme <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation<br />

<strong>de</strong>s catastrophes naturelles<br />

a été saluée par l’ensemble<br />

du marché comme un premier pas<br />

encourageant dans le toilettage d’un<br />

régime désormais vieux <strong>de</strong> 40 ans.<br />

Toutefois, subsiste au sein du mécanisme<br />

une inquiétu<strong>de</strong> grandissante à<br />

propos du risque sécheresse, <strong>de</strong>venu<br />

au fil <strong>de</strong>s années un péril <strong>de</strong> plus en<br />

plus coûteux pour les assureurs. Selon<br />

la Caisse Centrale <strong>de</strong> Réassurance,<br />

le coût marché <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong><br />

retrait-gonflement <strong>de</strong>s sols argileux<br />

est estimé à ce jour entre 1 et 1,2<br />

milliard d’euros.<br />

Depuis la mise en place du régime en<br />

1982, la sécheresse représente ainsi<br />

plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s sinistres assurés<br />

les plus coûteux (voir tableau ci-contre).<br />

Amélioration <strong>de</strong>s délais<br />

Devant ce phénomène, le texte adopté<br />

en fin d’année impose notamment au<br />

gouvernement <strong>de</strong> remettre dans un<br />

délai <strong>de</strong> 6 mois, un rapport sur les<br />

réformes envisageables et les pistes<br />

d’amélioration <strong>de</strong>s délais d’instruction<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’in<strong>de</strong>mnisation face<br />

à ce risque <strong>de</strong> sécheresse-réhydratation<br />

<strong>de</strong>s sols. Il prévoit également<br />

un allongement du délai <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> déclaration en état <strong>de</strong> catastrophe<br />

naturelle à 24 mois, contre 18 mois<br />

auparavant.<br />

« À ce jour il se passe en moyenne 4<br />

ans entre une déclaration <strong>de</strong> sinistre<br />

et une in<strong>de</strong>mnisation en matière <strong>de</strong><br />

sinistre liée à la sécheresse. Ce délai est<br />

particulièrement long et préjudiciable<br />

pour les sinistrés », expliquait Danielle<br />

Brulebois, députée La République en<br />

Marche du Jura, lors <strong>de</strong> la discussion<br />

du texte au Parlement.<br />

Depuis 2020, l’Inspection Générale<br />

<strong>de</strong>s Finances travaille en parallèle<br />

sur <strong>de</strong>s propositions concrètes en la<br />

matière, sans que les conclusions <strong>de</strong><br />

leur rapport n’aient encore été rendues<br />

au gouvernement.<br />

Sur le long chemin législatif qui s’ouvre<br />

en matière <strong>de</strong> risque sécheresse,<br />

beaucoup reste donc à faire. « Plus<br />

<strong>de</strong> 4 millions <strong>de</strong> maisons pourraient<br />

potentiellement être exposées à cet<br />

aléa dans les prochaines années. Il<br />

est légitime que certains acteurs<br />

veuillent sortir ce péril du régime.<br />

D’autres au contraire souhaitent légiférer<br />

davantage, notamment en matière<br />

<strong>de</strong> prévention », note un assureur.<br />

Qui pour payer la résilience<br />

Si la loi Elan prend désormais en<br />

compte la « prévention <strong>de</strong>s risques<br />

<strong>de</strong> mouvement <strong>de</strong> terrain différentiel<br />

consécutif à la sécheresse et à la réhy-<br />

dratation <strong>de</strong>s sols »,, avec une étu<strong>de</strong><br />

préalable <strong>de</strong>s sols pour les construc-<br />

tions neuves, le sujet du bâti existant<br />

reste en suspend.<br />

Ainsi, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s<br />

travaux permettant la remise en l’état<br />

du bien sinistré par la sécheresse, la<br />

question du financement <strong>de</strong>s reprises<br />

en sous-œuvre pour solidifier le bâti<br />

pour qu’il résiste à <strong>de</strong>s risques futurs<br />

<strong>de</strong>meure. « Il y a <strong>de</strong>s endroits où il<br />

faudra à l’avenir faire cohabiter le bâti<br />

et l’aléa et rendre résilientes les habi-<br />

tations face à ces périls »,, lance un<br />

opérateur du marché.<br />

« <strong>Le</strong> problème c’est le financement <strong>de</strong><br />

cette résilience. Nous pensons que ce<br />

n’est pas le rôle <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation assu-<br />

rantielle et il faut donc trouver d’autres<br />

sources <strong>de</strong> financement au risque <strong>de</strong><br />

remettre en cause le principe même<br />

<strong>de</strong> l’assurance »,, conclut ce <strong>de</strong>rnier.<br />

Pour rappel, sur la pério<strong>de</strong> 1982-2020, le<br />

coût (hors auto) <strong>de</strong>s Cat Nat, tous périls<br />

confondus, s’élève selon la CCR à 40,7<br />

milliards d’euros (avec une sinistralité<br />

annuelle moyenne <strong>de</strong> 1,044 milliard<br />

d’euros). Sur cette même pério<strong>de</strong>, la<br />

seule sécheresse représente 37% <strong>de</strong><br />

la sinistralité cumulée.


Clara F.<br />

sociétaire a dit :<br />

“Je me suis tout <strong>de</strong> suite<br />

sentie en confiance,<br />

protégée.”<br />

Un mot tellement important<br />

qu’on a voulu l’encadrer.<br />

Campagne réalisée à partir <strong>de</strong> témoignages <strong>de</strong> sociétaires Macif. Photos prises par les sociétaires.<br />

MACIF - MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET SALARIÉS DE<br />

L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE. Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. Entreprise régie par le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

assurances. Siège social : 1 rue Jacques Vandier 79000 Niort.


20 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />

TRIBUNE<br />

« Assureurs, digitaliser ne suffira pas<br />

« <strong>Le</strong>s assurtechs ont été initialement pensées pour répondre à ces nouveaux besoins,<br />

et n’ont pas à transformer leur structure entière pour s’y adapter »<br />

Depuis la pandémie, la notion <strong>de</strong> “mon<strong>de</strong><br />

d’après” occupe une place prépondérante<br />

dans les débats . <strong>Le</strong> secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

n’y échappe pas, notamment par le prisme<br />

<strong>de</strong> la transformation digitale, nouveau cheval <strong>de</strong><br />

bataille <strong>de</strong>s assureurs. Privés <strong>de</strong> tout contact avec<br />

leurs conseillers, les assurés ont pris conscience<br />

<strong>de</strong> la difficulté <strong>de</strong> gérer leurs assurances à distance,<br />

et <strong>de</strong> ce que cela incluait.<br />

Ces entreprises historiques mettent désormais les<br />

bouchées doubles pour pallier ce manque- “<strong>de</strong>uxtiers<br />

<strong>de</strong>s assureurs envisagent d’augmenter leurs<br />

dépenses technologiques au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux prochaines<br />

années” selon une étu<strong>de</strong> BlackRock <strong>de</strong> <strong>2021</strong>.<br />

Cette course à l’innovation ne doit pas pour autant<br />

éclipser un détail fondamental : digitaliser n’est en<br />

rien une finalité, mais plutôt un moyen au service<br />

<strong>de</strong> la personnalisation, <strong>de</strong> l’optimisation, ainsi que<br />

<strong>de</strong> la simplification <strong>de</strong>s services, réclamées par<br />

les assurés.<br />

Digitalisation <strong>de</strong> l’assurance, une nécessité exprimée<br />

ui pour payer la résilience<br />

Seuls 55% <strong>de</strong>s Français saisissent “l’essentiel” <strong>de</strong><br />

leur contrat d’assurance, quand 23% partagent qu’il<br />

<strong>de</strong>meure flou, et 7% avouent ne pas les comprendre<br />

(25% en ce qui concerne les 18-34 ans). S’assurer a<br />

même été qualifié <strong>de</strong> troisième tâche administrative<br />

la plus angoissante par 30% <strong>de</strong>s Millenials et 23% <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong>s Français, <strong>de</strong>rrière les impôts et les<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> subventions. Cette incompréhension<br />

et cette anxiété témoignent <strong>de</strong> la crise structurelle<br />

que traverse le secteur assurantiel : dissociés <strong>de</strong>s<br />

préoccupations et besoins sociétaux actuels, les<br />

lea<strong>de</strong>rs du secteur se sont peut-être trop longtemps<br />

concentrés sur le produit plutôt que sur l’utilisateur.<br />

C’est pourquoi, une pandémie mondiale plus<br />

tard, les confinements, la fermeture <strong>de</strong>s agences et<br />

l’évolution <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s ménages les obligent à<br />

se réinventer.<br />

Dématérialiser c’est bien, évoluer c’est mieux<br />

La digitalisation en cours chez certains assureurs, si<br />

elle répond à un fort besoin exprimé par leurs clients,<br />

s’est surtout accélérée suite à la pandémie, durant<br />

laquelle les limites structurelles internes sont <strong>de</strong>venues<br />

évi<strong>de</strong>ntes. En témoigne la répartition du budget<br />

alloué par les assureurs traditionnels au numérique<br />

pour les <strong>de</strong>ux ans à venir : 56% prévoient <strong>de</strong> dédier<br />

ces dépenses à la gestion actifs-passifs.<br />

Or, ce budget <strong>de</strong>vrait être utilisé pour optimiser le<br />

parcours client et les services aux assurés. In fine, la<br />

dématérialisation <strong>de</strong>s services <strong>de</strong>vrait soutenir une<br />

stratégie holistique <strong>de</strong>stinée à rassurer les clients,<br />

à répondre à leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> transparence et <strong>de</strong><br />

simplicité, afin d’éradiquer l’angoisse et les mauvaises<br />

surprises lorsqu’ils se retrouvent confrontés<br />

à un sinistre.<br />

En <strong>2021</strong>, la digitalisation <strong>de</strong>s services assurantiels<br />

<strong>de</strong>vrait déjà permettre <strong>de</strong> gérer un dégât <strong>de</strong>s eaux<br />

ou un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture avec la même facilité que<br />

lorsque les assurés comman<strong>de</strong>nt une pizza en ligne :<br />

déclaration, suivi, et contact en quelques clics <strong>de</strong>puis<br />

leur smartphone ou leur tablette. Ainsi, la migration<br />

vers le digital n’est en rien un aboutissement. Pour<br />

répondre aux attentes <strong>de</strong>s assurés, l’idéal serait <strong>de</strong><br />

refondre les modèles opérationnels afin <strong>de</strong> proposer<br />

<strong>de</strong>s solutions ajustées à leurs besoins réels.<br />

Une assurance pensée pour les assurés, la clé d’un<br />

modèle réussi<br />

Ici rési<strong>de</strong> la force <strong>de</strong>s assurtechs : ces startups ont été<br />

initialement pensées pour répondre à ces nouveaux


BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 21<br />

à rassurer vos clients »<br />

besoins, et n’ont pas à transformer leur structure<br />

entière pour s’y adapter. Pensées par <strong>de</strong>s entrepreneurs<br />

qui peinaient eux aussi à s’y retrouver dans<br />

leurs contrats, elles proposent un modèle innovant,<br />

répondant aux exigences contemporaines <strong>de</strong>s assurés<br />

: accessibilité, simplicité, rapidité et transparence.<br />

En regroupant jusqu’à cinq contrats sur une unique<br />

plateforme digitale, accessible en ligne ou via l’application,<br />

Lovys permet ainsi aux profanes <strong>de</strong> ce secteur<br />

<strong>de</strong> contracter, suivre, gérer et même résilier leurs couvertures<br />

en quelques clics. Des frais <strong>de</strong> vétérinaires à<br />

la panne sur l’autoroute en passant par le téléphone<br />

tombé dans l’évier, ses assurés n’ont plus à paniquer<br />

lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> contacter leur conseiller. Par ailleurs,<br />

outre l’aspect serviciel, les assurtechs utilisent ces<br />

technologies pour innover selon les besoins évolutifs<br />

<strong>de</strong> leurs clients. Par exemple, en mettant en place<br />

un système <strong>de</strong>stiné à collecter les retours <strong>de</strong> leur<br />

communauté en temps réel, nous nous efforçons<br />

d’améliorer en continue nos produits et services, en<br />

se basant sur leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. Et c’est en gran<strong>de</strong><br />

partie grâce à la collecte <strong>de</strong> ces messages que<br />

nous sommes aujourd’hui en mesure <strong>de</strong> savoir que<br />

les assurés aimeraient intégrer une offre “chien <strong>de</strong><br />

catégorie 2” à leur couverture animaux <strong>de</strong> compagnie,<br />

ou encore une option “augmentation du<br />

capital mobilier” à leur assurance habitation. Ainsi,<br />

en s’appuyant sur l’utilisation <strong>de</strong> nouvelles technologies,<br />

les assurtechs se donnent les moyens <strong>de</strong> se<br />

rapprocher <strong>de</strong> leurs assurés en leur fournissant <strong>de</strong>s<br />

produits et services alignés à leurs besoins réels.<br />

BIO<br />

Fabien<br />

Cazes<br />

Country Manager France <strong>de</strong> Lovys<br />

Formation : Université Paris 2 Panthéon-Assas, Edhec Business<br />

School<br />

Parcours : Fabien Cazes débuté sa carrière en 2007 chez PwC.<br />

Après avoir intégré les équipes <strong>de</strong> SGCIB (Société Générale) à<br />

Londres, il entre au département insurance capital market <strong>de</strong> Barclays<br />

Investment Bank en 2010, avant d’en <strong>de</strong>venir vice-prési<strong>de</strong>nt<br />

pour le marché français trois ans plus tard. Nommé en 2018 au<br />

poste <strong>de</strong> directeur général France <strong>de</strong> Deposit Solutions, Fabien<br />

Cazes est le country manager France <strong>de</strong> l’insurtech Lovys <strong>de</strong>puis<br />

juin <strong>2021</strong>.


MARCHÉ<br />

PER, les frais passés au<br />

crible<br />

P.23<br />

TRIBUNE<br />

Stéphane Dessirier prend la<br />

plume<br />

P.26<br />

TABLEAU<br />

Tous les ren<strong>de</strong>ments servis<br />

en <strong>2021</strong><br />

P.28


BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 23<br />

PER, les frais passés au crible en <strong>2021</strong><br />

<strong>Le</strong> succès du PER n’est plus à prouver mais sa réputation s’est vue entachée un peu moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans après<br />

son lancement. Si les épargnants continuent d’affluer, ils sont plus regardants et ne seront désormais plus les<br />

seuls puisque l’exécutif a annoncé <strong>de</strong> futures actions contre <strong>de</strong>s frais jugés trop élevés.<br />

Par Mathil<strong>de</strong> Castagna<br />

<strong>Le</strong> Plan d’épargne retraite souffle<br />

sa <strong>de</strong>uxième bougie. Instauré<br />

par la Loi Pacte et commercialisé<br />

dès octobre 2019, le PER<br />

connait un démarrage à <strong>de</strong>mi-mesure<br />

pour ensuite séduire et attiser l’intérêt<br />

<strong>de</strong>s plus jeunes. <strong>Le</strong>s moins <strong>de</strong> 35 ans<br />

sont 40% à souhaiter préparer l’avenir<br />

grâce à ce type <strong>de</strong> produit, selon les<br />

résultats d’une enquête Ifop publiés en<br />

novembre <strong>de</strong>rnier.<br />

Fin octobre <strong>2021</strong>, soit un peu plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans après sa mise sur le marché,<br />

la Fédération française <strong>de</strong> l’assurance<br />

comptabilise 2,4 millions <strong>de</strong> bénéficiaires<br />

pour 26,1 milliards d’euros <strong>de</strong> provisions<br />

mathématiques. Parmi eux, 1,136 million<br />

<strong>de</strong> contrats transférés et 1,245 million<br />

<strong>de</strong> nouveaux assurés.<br />

Néanmoins la tendance est à la souscription<br />

en <strong>2021</strong> avec en moyenne<br />

64 400 nouveaux contrats par mois,<br />

contre 37 500 transferts mensuels. Bien<br />

qu’il propose <strong>de</strong> nombreux avantages<br />

pour l’entreprise et ses employés, le<br />

PER collectif est moins populaire que<br />

l’individuel. LA FFA décompte ainsi fin<br />

octobre 681 000 PER d’entreprises,<br />

contre 1,701millions <strong>de</strong> PER individuels.<br />

Des frais opaques<br />

Pour autant, l’histoire était trop belle. Une<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s encours comptabilisés<br />

aujourd’hui découlent <strong>de</strong> transferts<br />

provenant d’anciens contrats dont la<br />

commercialisation s’est arrêtée avec<br />

l’entrée en vigueur <strong>de</strong> la loi Pacte.<br />

Viennent s’ajouter à cela <strong>de</strong>s frais jugés<br />

« excessifs » par Bruno <strong>Le</strong> Maire,<br />

ministre <strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>s Finances et<br />

<strong>de</strong> la Relance. La réaction du ministère<br />

découle notamment d’un rapport remis<br />

en juillet <strong>2021</strong> par Corinne Dromer, la<br />

prési<strong>de</strong>nte du Comité consultatif du<br />

secteur financier (CCSF).<br />

<strong>Le</strong>s constats sont clairs, l’information est<br />

opaque et la somme <strong>de</strong>s frais appliqués<br />

trop importante. La prési<strong>de</strong>nte a notamment<br />

pris pour exemple les unités <strong>de</strong><br />

compte qui, lorsqu’elles sont investies<br />

en actions, représentent 3% <strong>de</strong> frais<br />

<strong>de</strong> départ n’incluant pas à ce résultat<br />

les frais sur versement, ni ceux d’arbitrage.<br />

Elle pointe également du doigt<br />

l’option choisie par certains épargnants<br />

<strong>de</strong> déductibilité <strong>de</strong>s versements, qui<br />

efface - en apparence - les frais sur le<br />

ren<strong>de</strong>ment brut.<br />

En octobre <strong>2021</strong>, c’était au tour du Sénat<br />

<strong>de</strong> tirer la sonnette d’alarme. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux rapporteurs <strong>de</strong> la commission<br />

<strong>de</strong>s finances, Jean-François Husson<br />

et Albéric <strong>de</strong> Montgolfier, n’ont pas manqué<br />

<strong>de</strong> souligner les frais pratiqués sur<br />

le marché <strong>de</strong> l’assurance vie. Dans leur<br />

copie, les rapporteurs suggèrent <strong>de</strong> prolonger<br />

l’avantage fiscal appliqué lors <strong>de</strong><br />

transferts d’un contrat d’assurance vie<br />

vers un PER.<br />

En effet, via cette recommandation, les<br />

<strong>de</strong>ux rapporteurs pointent du doigt un<br />

critère <strong>de</strong> succès du PER, puisque 74%<br />

du nombre <strong>de</strong> contrats PER étaient issus<br />

<strong>de</strong> transferts en mars <strong>2021</strong>, selon les<br />

chiffres publiés par la direction du Trésor.<br />

Pour autant, cet avantage est supposé<br />

être applicable jusqu’au 1 er janvier<br />

2023. Après cette date, les transferts<br />

n’en bénéficieront plus.<br />

Après les constats, place à l’action<br />

Alors que Bercy misait beaucoup sur<br />

ce produit, l’opacité <strong>de</strong>s informations et<br />

<strong>de</strong>s frais pourraient entacher son succès.<br />

Dans son rapport, Corinne Dromer<br />

encourage une plus gran<strong>de</strong> concurrence<br />

entre acteurs avec notamment <strong>de</strong>s PER<br />

compte-titres distribués par « <strong>de</strong> grands<br />

groupes bancaires ». De son côté, l’Eiopa<br />

a entamé <strong>de</strong>s travaux visant à mettre<br />

en rapport les frais et les ren<strong>de</strong>ments<br />

et Bruno <strong>Le</strong> Maire a appelé à un accord<br />

<strong>de</strong> place.<br />

Ces initiatives n’ont néanmoins pas fait<br />

l’unanimité dans le secteur. « Il n’y a<br />

qu’aux assureurs que nous <strong>de</strong>mandons<br />

le détail du prix d’un produit. Lorsque<br />

vous allez au supermarché, vous ne vous<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z pas à combien s’élève la part<br />

du prix permettant <strong>de</strong> payer le producteur<br />

et celle gardée par le distributeur »,<br />

lance un acteur <strong>de</strong> l’assurance. Gare aux<br />

acteurs du secteur qui ne souhaiteraient<br />

pas jouer le jeu <strong>de</strong> la transparence et<br />

<strong>de</strong> la lisibilité <strong>de</strong>s frais, le sujet courageusement<br />

mis sur le feu en <strong>2021</strong> n’est<br />

pas prêt <strong>de</strong> se refroidir en 2022.


24 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE VIE<br />

<strong>Le</strong> verdissement, doucement mais surement<br />

Face au changement climatique, les assureurs se retrouvent sur tous les fronts et les <strong>de</strong>rniers chiffres publiés par la FFA<br />

au sujet <strong>de</strong> la sinistralité font froid dans le dos. Pour contrer ce phénomène, le secteur possè<strong>de</strong> une force : sa puissance<br />

financière. <strong>Le</strong>s nouvelles directives imposées par la loi Pacte <strong>de</strong>vraient également participer à la redirection <strong>de</strong>s investissements<br />

vers <strong>de</strong>s secteurs plus responsables.<br />

Renommé « Flop26 », le ren<strong>de</strong>z-vous climatique<br />

organisé par l’Organisation <strong>de</strong>s nations unies en<br />

novembre <strong>2021</strong> n’aura pas tenu ses promesses.<br />

Pour autant, du côté <strong>de</strong>s assureurs, une alliance<br />

est désormais en marche. Toujours en discussion, la Net<br />

Zero Insurance Alliance (NZIA) <strong>de</strong>vrait, dans le courant<br />

<strong>de</strong> l’année 2022, présenter <strong>de</strong>s actions concrètes et communes<br />

vis-à-vis du climat. En attendant, l’union convainc<br />

<strong>de</strong> nouveaux membres comme le Lloyd’s et Matmut qui<br />

ont rejoint l’alliance fin <strong>2021</strong>. Alors que le sujet est d’ores<br />

et déjà au cœur <strong>de</strong>s discussions, la FFA a publié une estimation<br />

du montant <strong>de</strong>s sinistres liés aux événements<br />

naturels que sont les inondations, les tempêtes et les sécheresses.<br />

<strong>Le</strong> constat est clair, il pourrait presque doubler<br />

dans les années à venir.<br />

Un mastodonte financier<br />

Représentant 1 800 milliards d’euros d’encours rien que<br />

sur son activité d’assurance vie, le secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

pourrait bien avoir une carte à jouer sur la transition climatique.<br />

Depuis 2015, les acteurs se désengagent à tour<br />

<strong>de</strong> rôle <strong>de</strong> secteurs d’investissement comme les énergies<br />

fossiles, le tabac, l’huile <strong>de</strong> palme et s’appuient notamment<br />

sur <strong>de</strong>s labels pour rediriger leurs investissements.<br />

D’après la FFA, les placements verts s’élèvent à 133,8 milliards<br />

d’euros fin septembre <strong>2021</strong>, soit moins <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>s<br />

actifs gérés par les assureurs. Bien qu’ils ne représentent<br />

encore qu’une minorité <strong>de</strong>s investissements, les labels -<br />

ISR, Finansol, Greenfin - attirent l’attention. Et pour cause,<br />

<strong>de</strong>puis 2020, les assureurs sont dans l’obligation <strong>de</strong> présenter<br />

pour chaque produit d’assurance-vie une unité <strong>de</strong><br />

compte labélisée ISR.<br />

Fin septembre <strong>2021</strong>, les unités <strong>de</strong> compte responsables<br />

s’élevaient à 74 milliards d’euros, un chiffre qui <strong>de</strong>vrait<br />

s’améliorer avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle régulation.<br />

En effet, à peine le temps <strong>de</strong> s’adapter, qu’au 1 er<br />

janvier 2022 ce n’est plus une mais trois types d’unités <strong>de</strong><br />

compte - soit une ISR, une verte et une solidaire – que les<br />

assureurs <strong>de</strong>vront présenter avec chaque produit d’assurance<br />

vie.<br />

Et pour construire une unité <strong>de</strong> compte solidaire, la loi<br />

Pacte impose ses critères. Elle <strong>de</strong>vra être composée<br />

d’une part comprise entre 5% et 10% <strong>de</strong> titres émis par<br />

<strong>de</strong>s entreprises solidaires d’utilité sociale agréés (ESUS),<br />

soit par <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> capital-risque portant diverses<br />

dispositions d’ordre économique et financier et investis<br />

au moins à 40% en ESUS, ou par <strong>de</strong>s fonds communs<br />

<strong>de</strong> placements à risque, sous réserve que l’actif <strong>de</strong> ces<br />

fonds soit composé d’au moins 40% <strong>de</strong> titres émis par<br />

<strong>de</strong>s entreprises solidaires. En d’autres termes, environ<br />

10% <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> compte seront composés d’actifs provenant<br />

d’entreprises solidaires.<br />

Pour les 90% restants, les actifs <strong>de</strong>vront présenter <strong>de</strong>s critères<br />

socialement responsables. Conçus et gérés par <strong>de</strong>s<br />

sociétés <strong>de</strong> gestion, les fonds dits responsable peuvent<br />

être composés par exemple d’épargne salariale ou <strong>de</strong><br />

fonds d’investissement populaire comme les OPCVM et<br />

les FIP solidaires.<br />

En parallèle, le règlement SDR européen est reporté.<br />

Celui-ci e sera pas en vigueur le 1 er juillet 2022 mais au<br />

1 er janvier 2023. Entré partiellement en vigueur en mars<br />

<strong>2021</strong>, il permet aux acteurs concernés un reporting approfondi<br />

et facilite la lisibilité du contenu <strong>de</strong>s portefeuilles.<br />

Même son <strong>de</strong> cloche pour la taxonomie européenne qui<br />

n’est pas encore aboutie. Selon Hélène N’Diaye, directrice<br />

générale adjointe <strong>de</strong> Maif, la taxonomie européenne « ne<br />

contient aucune conditionnalité, il en est pourtant <strong>de</strong> notre<br />

responsabilité d’apporter <strong>de</strong>s contraintes, <strong>de</strong>s règles et <strong>de</strong><br />

la transparence vis-à-vis <strong>de</strong> ses sujets. C’est bien dommage<br />

que les pouvoirs publics ne s’en saisissent pas ».<br />

Concernant ces sujets, la balle semble être dans le camp<br />

<strong>de</strong>s autorités européennes. <strong>Le</strong> règlement SFDR, la taxonomie<br />

mais aussi le sujet <strong>de</strong> l’investissement vert au sein<br />

<strong>de</strong> la révision <strong>de</strong> Solvabilité II sont <strong>de</strong>s points cruciaux qui<br />

<strong>de</strong>vraient être éclaircis au courant <strong>de</strong> l’année 2022. M.C.<br />

Évolution du taux <strong>de</strong> l’OAT française à 10 ans en <strong>2021</strong>


BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 25<br />

<strong>Le</strong>s UC, <strong>de</strong>s droits mais aussi <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs<br />

La décollecte est bel et bien une histoire<br />

ancienne pour l’assurance vie.<br />

En <strong>2021</strong>, la collecte se montre sous<br />

son meilleur jour en battant <strong>de</strong>s records<br />

grâce notamment aux unités<br />

<strong>de</strong> compte qui ne cessent <strong>de</strong> fédérer.<br />

En revanche, la question du <strong>de</strong>voir<br />

<strong>de</strong> conseil sur ce type <strong>de</strong> produit fait<br />

débat.<br />

Par Mathil<strong>de</strong> Castagna<br />

L’’assurance vie est <strong>de</strong> retour et<br />

elle revient en force. Après une<br />

année passée dans le négatif,<br />

la collecte nette atteint 18,5 milliards<br />

d’euros sur les dix premiers mois<br />

<strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong> et <strong>de</strong>vrait dépasser les<br />

20 milliards d’euros d’ici la fin <strong>de</strong> l’année.<br />

Elle affiche même un résultat record sur<br />

le mois d’octobre avec 2,7 milliards d’euros<br />

collectés, un niveau inégalé <strong>de</strong>puis<br />

2019. Volonté <strong>de</strong>s épargnants ou opération<br />

séduction <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s assureurs,<br />

elle capte une partie <strong>de</strong> la sur-épargne<br />

<strong>de</strong>s Français accumulée durant la crise<br />

sanitaire qui s’élève à plus <strong>de</strong> 150 milliards<br />

d’euros.<br />

Sa réussite revient notamment au<br />

dynamisme apporté par les unités <strong>de</strong><br />

compte. Alors que le contexte sanitaire<br />

incertain aurait pu inverser la tendance,<br />

l’insolence <strong>de</strong>s marchés et l’appétence<br />

<strong>de</strong>s Français au risque ont permis <strong>de</strong><br />

collecter sur les dix premiers mois <strong>de</strong><br />

l’année plus <strong>de</strong> 47 milliards d’euros en<br />

unités <strong>de</strong> compte. Elles représentent<br />

désormais 38% <strong>de</strong>s cotisations. Une<br />

aubaine pour les assureurs qui dans le<br />

contexte <strong>de</strong> taux bas actuel sont pénalisés<br />

par le fonds euro, <strong>de</strong>venu coûteux.<br />

Sous-pression vis-à-vis <strong>de</strong>s obligations<br />

imposées par Solvabilité II, certains<br />

assureurs ont ouvertement coupé les<br />

vannes du fonds euro. Tandis que certains<br />

ont opté pour un plafonnement<br />

<strong>de</strong>s contrats 100% fonds euro, d’autres<br />

ont imposé <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> versements ou<br />

ont réinvesti les ren<strong>de</strong>ments perçus sur<br />

<strong>de</strong>s placements plus risqués. Pour certains<br />

contrats, un ratio d’UC minimum<br />

est imposé, même avec les profils les<br />

plus pru<strong>de</strong>nts.<br />

Un choix <strong>de</strong>s assureurs<br />

Bien que la performance <strong>de</strong>s marchés<br />

en <strong>2021</strong> vienne confirmer le choix stratégique<br />

<strong>de</strong>s assureurs, les autorités ne<br />

l’enten<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong> cette oreille. Concerné<br />

par le sujet, elles ont fait appel à la<br />

vigileance. Dominique Laboureix, secrétaire<br />

général <strong>de</strong> l’ACPR, s’exprimait sur<br />

le sujet en juin <strong>de</strong>rnier : « Cette tendance<br />

dynamique appelle à se poser <strong>de</strong>s questions<br />

sur la manière dont ces produits<br />

ont été commercialisés ».<br />

Et il n’était pas le seul, Jean-Paul Faugère,<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ACPR, n’a pas<br />

manqué <strong>de</strong> revenir sur le sujet en novembre<br />

<strong>2021</strong> : « Pour tous les produits<br />

d’assurance, il convient <strong>de</strong> revoir les processus<br />

<strong>de</strong> conception et <strong>de</strong> commercialisation<br />

à l’aune <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> la directive<br />

(DDA). Il s’agit d’éviter tout risque <strong>de</strong><br />

mauvaise commercialisation, explique-til.<br />

On ne peut pas se limiter à <strong>de</strong>s définitions<br />

par trop englobantes <strong>de</strong>s marchés<br />

cibles. Et on ne peut pas s’engager dans<br />

la commercialisation <strong>de</strong> produits sophistiqués<br />

auprès <strong>de</strong> clientèles dénuées <strong>de</strong><br />

la culture financière nécessaire pour les<br />

comprendre ».<br />

À <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s distributeurs, le viceprési<strong>de</strong>nt<br />

ne manque pas <strong>de</strong> mentionner<br />

la responsabilité <strong>de</strong>s futures associations<br />

professionnelles agréées qui<br />

sont sur le point <strong>de</strong> voir le jour. Cependant,<br />

c’est bien à toute la chaîne <strong>de</strong> valeur<br />

<strong>de</strong>s contrats que le message a été<br />

adressé. « On voit bien qu’on ne peut plus<br />

se reposer seulement sur un dialogue<br />

singulier entre un chargé <strong>de</strong> clientèle et<br />

un prospect, si compétent que puisse<br />

être le professionnel <strong>de</strong> la distribution.<br />

Il y a une responsabilité <strong>de</strong> l’assureur et<br />

<strong>de</strong>s intermédiaires dans l’organisation <strong>de</strong><br />

la distribution et la vérification que le marché<br />

cible est bien servi », conclut le viceprési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> l’ACPR.


26 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN<br />

MERCREDI<br />

DE L’ASSURANCE<br />

4 FÉVRIER 2015<br />

VIE<br />

TRIBUNE<br />

« Vers la fracture <strong>de</strong> l’assurance vie »<br />

« Il ne faut pas opposer fonds en euros d’un côté et unités <strong>de</strong> compte <strong>de</strong> l’autre »<br />

Un phénomène apparu en 2019 s’accélère<br />

en 2022, au point que l’on peut craindre<br />

l’émergence d’une fracture sur le marché<br />

<strong>de</strong> l’assurance vie. Au fil <strong>de</strong>s publications<br />

<strong>de</strong>s performances <strong>de</strong> l’assurance vie dans le courant<br />

<strong>de</strong> ce mois <strong>de</strong> janvier, <strong>de</strong>ux écoles se font jour.<br />

D’un côté les assureurs qui continuent à croire au<br />

fonds en euros, <strong>de</strong> l’autre ceux qui semblent y avoir<br />

renoncé. Dans le premier groupe se trouvent bon<br />

nombre d’assureurs mutualistes – et la MACSF<br />

en fait partie – qui gar<strong>de</strong>nt leur flexibilité face au<br />

durcissement <strong>de</strong>s contraintes réglementaires et<br />

aux fluctuations <strong>de</strong> marché. Dans le second groupe<br />

<strong>de</strong>s assureurs qui acceptent le risque <strong>de</strong> banaliser<br />

l’assurance vie pour satisfaire aux exigences <strong>de</strong><br />

mobilisation <strong>de</strong> fonds propres et <strong>de</strong> rentabilité<br />

<strong>de</strong> leurs actionnaires. <strong>Le</strong> résultat, c’est un écart<br />

du simple au double entre les ren<strong>de</strong>ments sur<br />

les fonds en euros <strong>de</strong>s premiers et <strong>de</strong>s seconds,<br />

certains distribuant moins que le Livret A !<br />

Un atout pour les assureurs…<br />

Avec plus <strong>de</strong> 1 800 milliards d’euros accumulés,<br />

l’assurance vie présente un formidable atout en<br />

matière d’épargne pour les assureurs. Réputée<br />

placement préféré <strong>de</strong>s Français, elle représente<br />

près <strong>de</strong> 40% du patrimoine financier <strong>de</strong>s ménages.<br />

Cette manne considérable est un excellent levier<br />

pour investir dans l’économie <strong>de</strong> long terme et<br />

pour contribuer à la transition énergétique. Même<br />

si les unités <strong>de</strong> compte ont attiré 38% <strong>de</strong>s coti-<br />

sations en <strong>2021</strong> selon les chiffres <strong>de</strong> la FFA à<br />

fin novembre, il ne faut pas oublier que 75% <strong>de</strong><br />

l’encours en assurance vie est à ce jour investi<br />

sur les fonds en euros. Soit 30% <strong>de</strong> l’épargne <strong>de</strong>s<br />

français ! Cela s’explique par le poids <strong>de</strong> l’histoire<br />

sans doute, mais surtout par le formidable pouvoir<br />

d’attraction d’un placement sécurisé conçu pour<br />

résister aux crises et maintenir une rentabilité<br />

acceptable.<br />

…à l’attractivité menacée<br />

En proposant <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments très bas sur les<br />

fonds en euros et en incitant les épargnants à se<br />

diriger massivement vers <strong>de</strong>s fonds boursiers ou<br />

vers <strong>de</strong>s produits financiers sophistiqués, sorte<br />

<strong>de</strong> boite noire ou la véritable performance n’est<br />

connue qu’à la fin, les assureurs vie prennent le<br />

risque <strong>de</strong> dissoudre la spécificité <strong>de</strong> ce placement<br />

et d’anéantir son attractivité.<br />

Ce n’est pas le choix <strong>de</strong> la MACSF. Nous continuons<br />

à pratiquer notre métier d’assureur en gérant <strong>de</strong><br />

manière optimale la mutualisation entre les différentes<br />

générations d’épargnants au sein <strong>de</strong> l’actif<br />

général. Et nous restons fidèles à nos engagements<br />

mutualistes en appliquant les principes <strong>de</strong> transparence,<br />

<strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s gains et <strong>de</strong> durabilité <strong>de</strong>s<br />

performances.<br />

L’élément distinctif <strong>de</strong> l’assurance vie<br />

Nous sommes convaincus qu’il ne faut pas opposer


BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 27<br />

fonds en euros d’un côté et unités <strong>de</strong> compte <strong>de</strong><br />

l’autre. <strong>Le</strong> fonds euros reste la base fondamentale<br />

<strong>de</strong> l’assurance vie. Il est l’élément distinctif sur<br />

lequel l’assureur engage ses fonds propres. Il est<br />

le facteur <strong>de</strong> stabilité et <strong>de</strong> sécurité du contrat et<br />

c’est grâce à lui que l’épargnant peut envisager<br />

une diversification vers les unités <strong>de</strong> compte. <strong>Le</strong><br />

meilleur choix en effet pour l’épargnant dans le<br />

contexte actuel, est <strong>de</strong> capitaliser sur la sécurité<br />

apportée par le fonds en euros pour mieux se<br />

diversifier sur <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> compte <strong>de</strong> qualité.<br />

<strong>Le</strong> dosage dépend <strong>de</strong> l’horizon <strong>de</strong> placement <strong>de</strong><br />

chacun et <strong>de</strong> son <strong>de</strong>gré d’aversion au risque.<br />

Nous sommes aussi très attachés à la distribution<br />

égale du même ren<strong>de</strong>ment entre tous nos<br />

sociétaires. Simple et transparente, cette règle<br />

compréhensible par tous est en pleine cohérence<br />

avec les valeurs <strong>de</strong> la MACSF.<br />

Réaffirmer ses valeurs et son i<strong>de</strong>ntité<br />

<strong>Le</strong>s crises sont souvent l’occasion <strong>de</strong> remises en<br />

perspective pour les individus comme pour les<br />

organisations. La crise sanitaire a donné l’occasion<br />

à la MACSF en <strong>2021</strong> <strong>de</strong> réaffirmer son i<strong>de</strong>ntité et<br />

sa mission en formalisant une raison d’être tout<br />

entière tournée vers ses sociétaires professionnels<br />

<strong>de</strong> santé qui a été annoncée en novembre, et en<br />

affichant ses principes mutualistes au travers <strong>de</strong><br />

son activité, notamment l’assurance vie.<br />

Comme le résume notre nouvelle signature <strong>de</strong><br />

marque « Ensemble, prenons soin <strong>de</strong> <strong>de</strong>main »,<br />

l’ambition <strong>de</strong> la MACSF reste <strong>de</strong> servir au mieux<br />

ses sociétaires et <strong>de</strong> tout mettre en œuvre pour<br />

anticiper et les ai<strong>de</strong>r à faire face aux défis <strong>de</strong><br />

l’avenir dans leur métier <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong><br />

santé, dans leurs projets comme dans leur retraite.<br />

BIO<br />

Stéphane<br />

Dessirier<br />

Directeur général <strong>de</strong> MACSF<br />

Formation : Diplômé <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> Commerce Supérieure <strong>de</strong><br />

Lille<br />

Parcours : Stéphane Dessirier débute sa carrière au sein <strong>de</strong><br />

la direction financière du groupe Auchan pour ensuite intégrer<br />

le groupe Metra Proud Foot et le CEPME. En 1984, il intègre le<br />

GAN (groupe national <strong>de</strong>s assurances) et occupe successivement<br />

la direction <strong>de</strong>s centres régionaux puis celle <strong>de</strong> l’IARD <strong>de</strong>s<br />

particuliers et professionnels. En 2000, il est nommé directeur<br />

IARD et santé prévoyance individuelle et rejoint le comité exécutif<br />

ainsi que le directoire <strong>de</strong> Gan Assurance. Il entre dans le<br />

groupe MACSF trois ans plus tard où il occupe différents postes<br />

comme directeur assurances et directeur MFPS. En 2014, il est<br />

nommé directeur général <strong>de</strong> MACSF Sgam et MACSF assurances<br />

pour être ensuite désigné comme directeur général<br />

délégué <strong>de</strong> MACSF Épargne Retraite en 2017.


28 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE<br />

Tous les taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s fonds<br />

euros dévoilés par les assureurs en <strong>2021</strong><br />

Nom <strong>de</strong><br />

l’assureur<br />

Nom du<br />

contrat<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

2018<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

2019<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

2020<br />

AFER<br />

Contrat Multisupport<br />

AFER<br />

2,25% 1,85% 1,70%<br />

AG2R La Mondiale Mondiale Vivépargne 1,46% et 1,70% 1,06% à 1,30% 1%<br />

AG2R La Mondiale<br />

Mondiale Vivépargne<br />

2<br />

1,46% et 1,70% 1,06% à 1,30% 1%<br />

AG2R La Mondiale Vivépargne 2 1,46% et 1,70% 1,06% à 1,30% 1%<br />

AGPM Plan Eparmil 2,30% 1,95% 1,70%<br />

Ampli Mutuelle Ampli-Grain 9 2% 1,65% 1,70%<br />

Apicil Frontière Efficiente 2,01% 1,10% à 1,50%<br />

Apicil Liberalys Vie 2,01% 1,10% à 1,50% 1,40%<br />

Aviva Evolution Vie 2,21% 1,76% 1,41%<br />

AXA Arpèges 1,90% 1,60% 1,20%<br />

AXA Excelium 1,90% 1,60% 1,20%<br />

AXA Expantiel 1,90% 1,60% 1,20%<br />

AXA Figures libres 1,90% 1,60% 1,20%<br />

AXA Odyssiel 1,90% 1,60% 1,20%<br />

AXA Optial 1,90% 1,60% 1,20%<br />

AXA Privilège 1,90% 1,60% 1,20%<br />

AXA Ama<strong>de</strong>o 2,00% 1,70% 1,30%<br />

AXA Ama<strong>de</strong>o excellence 2,00% 1,70% 1,30%<br />

AXA Ama<strong>de</strong>o bonus euro+ 2,10% ou 2,25% 1,80% ou 2,00% 1,40% ou 1,60%<br />

AXA<br />

AXA<br />

AXA<br />

AXA<br />

AXA<br />

AXA<br />

Ama<strong>de</strong>o excellence<br />

bonus euro+<br />

Arpèges bonus<br />

euros+<br />

Excelium bonus<br />

euros+<br />

Expantiel bonus<br />

euros+<br />

Figures libres bonus<br />

euros+<br />

Odyssiel bonus<br />

euros+<br />

2,10% ou 2,25% 1,80% ou 2,00% 1,40% ou 1,60%<br />

2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />

2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />

2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />

2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />

2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />

AXA Optial bonus euros+ 2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />

1,30%, 1,40% ou<br />

1,60%<br />

1,30%, 1,40% ou<br />

1,60%<br />

1,30%, 1,40% ou<br />

1,60%<br />

1,30%, 1,40% ou<br />

1,60%<br />

1,30%, 1,40% ou<br />

1,60%<br />

1,30%, 1,40% ou<br />

1,60%


29 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 29<br />

MERCREDI 4 FÉVRIER 2015<br />

AXA<br />

BNP Paribas Cardif<br />

Privilège bonus<br />

euros+<br />

BNP Paribas Multiplacements<br />

2<br />

2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />

1,30%, 1,40% ou<br />

1,60%<br />

1,56% 1,27% 1,10%<br />

BNP Paribas Cardif Cardif Multiplus 1,85% 1,37% 1,20%<br />

BNP Paribas Cardif<br />

BNP Paribas Multiplacements<br />

Privilège<br />

1,90% 1,37% 1,17%<br />

Caisse d’Épargne Nuances 3D 1,35% 1% 0,80%<br />

Caisse d’Épargne Nuances Grenadine 1,35% 1% 0,80%<br />

Caisse d’Épargne Ricochet 1,10% 0,55% 0,36%<br />

Caisse d’Épargne Yoga 1,10% 0,55% 0,36%<br />

Caisse d’Épargne Nuances Plus 1,65% 1,10% 0,90%<br />

Caisse d’Épargne Nuances Privilège 1,90% 1,25% 1%<br />

Carac<br />

Carac<br />

Carac<br />

Carac<br />

Carac Epargne Plénitu<strong>de</strong><br />

Carac Epargne Vivre<br />

Ensemble<br />

Compte épargne<br />

Carac<br />

Compte épargne<br />

famille<br />

2,00% 1,80% 1,40%<br />

2,00% 1,80% 1,40%<br />

2,00% 1,80% 1,40%<br />

2,00% 1,80% 1,40%<br />

Carac EntraidEpargne Carac 2,10% 1,90% 1,50%<br />

Crédit Agricole Assurances<br />

Crédit Agricole Assurances<br />

Crédit Agricole Assurances<br />

Crédit Agricole Assurances<br />

Predissime 9 1,25% 0,85% 0,65%<br />

Vers l’Avenir 1,70% 1,30% 1,10%<br />

Espace Liberté 2,00% 1,40% à 1,90% 1;05%<br />

Floriane 1,80% 1,20% 1,05%<br />

Gaipare Livret Gaipare 2,50% 2,15% 1,90%<br />

Gaipare Gaipare II 2,50% 2,15% 1,90%<br />

Gaipare Gaipare Sélection 2,50% 2,15% 1,90%<br />

Gaipare Gaipare Select F 2,50% 2,15% 1,90%<br />

Gaipare Gaipare Selectissimo 2,50% 2,15% 1,90%<br />

Generali<br />

Xaélidia (Fonds Euro<br />

Epargne)<br />

1,75% 1% à 1,50% 0;80%<br />

Generali Himalia (fonds AGGV) 1,75% 1% à 1,50% 0;80%<br />

Generali<br />

Generali<br />

GMF<br />

Himalia (Fonds Innovalia)<br />

Himalia (fonds<br />

Elixence)<br />

Compte Energie<br />

Europe<br />

2,45% 2% 1,70%<br />

1,45% 2% 1,30%<br />

2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF Fréquence Epargne 2,10% 1,90% 1,65%


30 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE<br />

Nom <strong>de</strong><br />

l’assureur<br />

Nom du<br />

contrat<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

2018<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

2019<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

2020<br />

GMF Instalavie 2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF Altinéo 2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF Certigo 2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF<br />

Compte libre croissance<br />

2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF Multéo 2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF Temps 9 (série 2 et 9) 2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF Ticket 1000 2,10% 1,90% 1,65%<br />

GMF Ticket croissance 2,10% 1,90% 1,65%<br />

La Banque Postale Vivaccio Ambre 1,30% 0,80% 0,70%<br />

La Banque Postale Vivaccio 1,30% 0,80% 0,70%<br />

La Banque Postale Solesio vie 1,30% 0,75% 0,50%<br />

La Banque Postale Cachemire 1,80% 1,15% 0,95%<br />

La Banque Postale Toscane vie 1,80% 1,20% 0,86%<br />

LCL Acuity 2,00% 1,40% 1,20%<br />

LCL Lionvie Vert Equateur 1,40% 1,35% 1,05%<br />

LCL<br />

<strong>Le</strong> Conservateur<br />

Rouge Corinthe Série<br />

3<br />

Conservateur Hélios<br />

Sélection<br />

1,90% 1,35% 1,05%<br />

2,27% 1,80% 1,30%<br />

Maaf Winalto 1,85% 1,75% 1,65%<br />

Macif Jewan Patrimoine 1,80% 1,45%<br />

Macif Multi vie 1,50% 1,50% 1,25%<br />

Macif Livret vie 1,30% 1,20% 1,05%<br />

Macif Actiplus 1,90% 1,80% 1,65%<br />

Macif Actiplus option 2,10% 2,10% 1,85%<br />

MACSF RES (AMAP) 2,20% 1,70% 1,55%<br />

Maif Perp Maif 1,80% 1,50% 1,30%<br />

Maif Nouveau Cap 1,80% 1,50% 1,30%<br />

Maif<br />

Assurance vie responsable<br />

et solidaire<br />

(ARS)<br />

1,80% 1,50% 1,30%<br />

MIF<br />

MMA<br />

Compte Epargne<br />

Libre Avenir<br />

MMA Multisupports<br />

2,35%% 1,95% 1,70%<br />

1,51% ou 1,66% ou<br />

2,01%<br />

1,47% à 1,97% 1,35%<br />

Monceau Assurances Dynavie 1,50% 2,20% 1,20%<br />

Predica Alyss 1,60% 0,85% 0,65%


31 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 31<br />

MERCREDI 4 FÉVRIER 2015<br />

Predica Octavie2 1,60% 0,85% 0,65%<br />

Predica Octavie 1,60% 0,85% 0,65%<br />

Predica Laurys 1,60% 0,85% 0,65%<br />

Prévoir PréviLibre 100 1,60% 1,30% 1,20%<br />

SMAvie BTP Batiretraite 2 2,12% 1,45% 1,10%<br />

Sogécap<br />

Sogécap<br />

Ebène dont Gestion<br />

Private Banking<br />

Séquoia (trois taux en<br />

fonction <strong>de</strong>s encours)<br />

1,8% - 1,85% 1,30% - 1,35% 1,15%<br />

1,33% - 1,81% 0,90% à 1,38% 0,75% à 1,20%<br />

Suravenir Patrimoine Vie Plus 1,75% 1,40% à 1,75% 1,75%<br />

Suravenir<br />

Suravenir Opportunités<br />

2,80% 2,40% 2%<br />

Suravenir Exelcius Vie 1,85% 1,45% 1,45%<br />

Suravenir Suravenir Ren<strong>de</strong>ment 2,00% 1,60% 1,60%<br />

Suravenir et Primonial Securité Pierre Euro 3,20% 2,80% 2,50%<br />

Swiss Life Swiss Life Liberté 1,50% et 2,30% 1% à 2,50% 0,80%<br />

Swiss Life Swiss Life Strategic 1,50% et 2,30% 1% à 2,50% 0,80%<br />

Swiss Life<br />

Swiss Life Retraite et<br />

Référence Retraite<br />

1,50% et 2,30% 1% à 2,50% 0,80%<br />

Taux <strong>de</strong> revalorisation moyen servis par les assureurs vie<br />

<strong>Le</strong> graphique ci-<strong>de</strong>ssous présente l’évolution <strong>de</strong>s taux moyens servis par les assureurs vie.<br />

Source : ACPR


ZOOM<br />

La « Gran<strong>de</strong> Sécu »,<br />

le scénario catastrophe<br />

P.34<br />

ANALYSE<br />

Fonction publique : La réforme<br />

qui peut rebattre les<br />

cartes<br />

P.35<br />

RÈGLEMENTATION<br />

<strong>Le</strong>s ocam évitent une hausse<br />

<strong>de</strong> la taxe covid P.36


34 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />

La Gran<strong>de</strong> Sécu : <strong>Le</strong> scénario catastrophe qui a tenu les<br />

organismes complémentaires en haleine toute l’année<br />

<strong>Le</strong> Haut conseil pour l’avenir <strong>de</strong> l’Assurance<br />

Maladie étudie quatre scénarios<br />

pour réformer la complémentaire santé.<br />

Celui d’une « Gran<strong>de</strong> Sécu », que le<br />

ministre Olivier Véran a <strong>de</strong>mandé d’approfondir,<br />

risque <strong>de</strong> réduire le périmètre<br />

<strong>de</strong>s ocam comme peau <strong>de</strong> chagrin.<br />

Par Mariona Vivar<br />

<strong>Le</strong>s organismes complémentaires<br />

se sont fortement mobilisés cette<br />

année face à la menace d’une<br />

« Gran<strong>de</strong> Sécu ». <strong>Le</strong>s débats,<br />

d’abord entre experts, ont démarré dans<br />

le cénacle du Haut conseil pour l’avenir<br />

<strong>de</strong> l’assurance maladie (HCAAM). L’institution<br />

doit se pencher sur l’articulation<br />

entre l’assurance maladie obligatoire et<br />

complémentaire et publier un rapport<br />

qui verra finalement le jour début 2022.<br />

Dans un document <strong>de</strong> travail publié en<br />

janvier <strong>2021</strong>, le HCAAM explique qu’une<br />

réforme est nécessaire car le niveau <strong>de</strong><br />

couverture complémentaire <strong>de</strong>s Français<br />

est très inégal et corrélé à leur statut<br />

professionnel. Entre les salariés, les<br />

étudiants, les chômeurs et les retraités,<br />

le niveau <strong>de</strong>s garanties et le prix <strong>de</strong> la<br />

cotisation est du simple au double. <strong>Le</strong><br />

taux d’effort <strong>de</strong> certains retraités pour<br />

financer leur complémentaire santé est<br />

inquiétant. La Cour <strong>de</strong>s Comptes s’en<br />

mêle en juillet <strong>2021</strong>, soulignant le taux<br />

<strong>de</strong> frais <strong>de</strong> gestion élevé qui découle<br />

du doublement <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> gestion<br />

par l’assurance maladie obligatoire et<br />

complémentaire.<br />

À l’ été <strong>2021</strong>, le ministre <strong>de</strong>s Solidarités et<br />

<strong>de</strong> la Santé envoie un courrier au HCAAM<br />

pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d’instruire en priorité le<br />

scénario d’une « Gran<strong>de</strong> Sécu ». Ce <strong>de</strong>rnier<br />

consisterait à prendre en charge à<br />

100% les principaux soins, comme c’est<br />

aujourd’hui déjà le cas pour les patients en<br />

ALD. <strong>Le</strong>s organismes complémentaires<br />

seraient réduits à prendre en charge les<br />

dépassements d’honoraires, la chambre<br />

particulière et les médicaments les moins<br />

indispensables.<br />

Dans un pré-rapport provisoire <strong>de</strong> sep-<br />

tembre <strong>2021</strong>, le HCAAM détaille quatre<br />

pistes <strong>de</strong> réforme : L’amélioration du système<br />

actuel avec une régulation accrue,<br />

l’extension du domaine <strong>de</strong> l’assurance<br />

maladie ou création d’une « Gran<strong>de</strong><br />

Sécu », la création d’une assurance complémentaire,<br />

obligatoire, universelle et<br />

mutualisée et enfin, le décroisement <strong>de</strong>s<br />

domaines d’intervention <strong>de</strong> l’assurance<br />

maladie obligatoire et complémentaire.<br />

<strong>Le</strong>vée <strong>de</strong> boucliers chez les ocam<br />

<strong>Le</strong>s organismes complémentaires ne se<br />

retrouvent dans aucun <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong><br />

réforme à l’étu<strong>de</strong>. Fédérations et grands<br />

acteurs crient au loup pour défendre le<br />

système actuel à <strong>de</strong>ux étages, un système<br />

qui permet d’avoir le niveau <strong>de</strong> reste à<br />

charge le plus faible <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE.<br />

Malakoff Humanis et l’Adaf publient <strong>de</strong>s<br />

sondages d’opinion dans lesquels les<br />

Français déclarent leur attachement au<br />

système actuel et au libre choix.<br />

<strong>Le</strong> 9 novembre, <strong>Le</strong>s Echos annoncent<br />

l’impact financier d’une éventuelle<br />

Gran<strong>de</strong> Sécu. Ce scénario, qui conduirait<br />

les complémentaires à perdre 70%<br />

<strong>de</strong> leur chiffre d’affaires, coûterait 22,4<br />

milliards d’euros aux finances publiques.<br />

Ce chiffrage a fuité dans la presse avant<br />

même que les membres du HCAAM n’en<br />

aient eu connaissance. <strong>Le</strong>s représentants<br />

<strong>de</strong>s organismes complémentaires sont<br />

furieux et remettent en cause la neutralité<br />

du HCAAM.<br />

De leur côté, FFA et Planète CSCA<br />

prennent la plume pour formuler <strong>de</strong>s propositions<br />

<strong>de</strong> réforme. Dans un livre blanc,<br />

les assureurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à déverrouiller<br />

le contrat responsable, en déplafonnant<br />

le remboursement <strong>de</strong>s dépassements<br />

d’honoraires. Ils souhaitent également<br />

pouvoir contractualiser avec les mé<strong>de</strong>cins<br />

et pouvoir rembourser seuls les soins<br />

optiques et certains médicaments.<br />

Afin <strong>de</strong> faciliter l’accès <strong>de</strong>s publics<br />

précaires à la complémentaire, la FFA<br />

propose d’appliquer un taux réduit <strong>de</strong><br />

taxe <strong>de</strong> solidarité additionnelle (TSA) aux<br />

jeunes, retraités et chômeurs <strong>de</strong> 5,5%,<br />

contre 13,27% pour tous les contrats<br />

responsables.<br />

La controverse s’est terminée brusquement<br />

à la suite d’un article <strong>de</strong> presse<br />

selon lequel Emmanuel Macron aurait<br />

abandonné la piste <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong> Sécu à<br />

cause <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> faisabilité. Cette<br />

réforme avait en effet le soutien d’Olivier<br />

Véran mais se heurtait à l’opposition du<br />

ministère <strong>de</strong> l’Économie et <strong>de</strong>s Finances.<br />

En marge <strong>de</strong>s travaux du HCAAM, un<br />

groupe <strong>de</strong> travail piloté par le Trésor dans<br />

lequel siègent <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s<br />

organismes complémentaires travaille<br />

sur la couverture <strong>de</strong>s retraités.<br />

<strong>Le</strong> débat autour <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> la complémentaire<br />

santé est pourtant loin d’être<br />

clos et reviendra certainement sous<br />

forme <strong>de</strong> proposition dans le cadre <strong>de</strong>s<br />

programmes électoraux <strong>de</strong>s différents<br />

candidats à l’élection prési<strong>de</strong>ntielle.


BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 35<br />

Fonction publique : La réforme qui peut rebattre les cartes<br />

De 2024 à 2026, les agents <strong>de</strong> la<br />

fonction publique d’État, territoriale<br />

et hospitalière bénéficieront d’une<br />

participation employeur à hauteur <strong>de</strong><br />

50% <strong>de</strong> leur complémentaire santé.<br />

Par Mariona Vivar<br />

<strong>Le</strong> financement par l’employeur<br />

public <strong>de</strong> la complémentaire<br />

santé <strong>de</strong>s fonctionnaires est<br />

une revendication historique <strong>de</strong><br />

leurs organisations syndicales. L’absence<br />

<strong>de</strong> cette participation créait en<br />

effet une inégalité par rapport aux salariés<br />

du secteur privé dont l’employeur<br />

finance la moitié <strong>de</strong> leur complémentaire<br />

santé <strong>de</strong>puis l’ANI <strong>de</strong> 2013.<br />

La loi <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong> la fonction<br />

publique portée par la ministre Amélie<br />

<strong>de</strong> Montchalin, puis l’ordonnance du<br />

17 février <strong>2021</strong> et le décret du 8 septembre<br />

<strong>2021</strong> ont mis les jalons <strong>de</strong> la<br />

réforme <strong>de</strong> la protection sociale complémentaire<br />

<strong>de</strong>s agents. L’employeur<br />

public prendra en charge au moins<br />

50% du montant <strong>de</strong> la complémentaire<br />

santé <strong>de</strong>s agents publics. <strong>Le</strong>s<br />

partenaires sociaux sont incités à<br />

mettre en place un accord collectif,<br />

afin <strong>de</strong> bénéficier du même régime<br />

fiscal et social pour les employeurs et<br />

les agents que dans le secteur privé.<br />

Reste à savoir si l’adhésion au contrat<br />

sera obligatoire ou facultative pour<br />

les agents. Dès 2022, les agents <strong>de</strong> la<br />

fonction publique d’État couverts par<br />

une complémentaire santé responsable<br />

pourront percevoir 15 euros par mois.<br />

Trois marchés très différents<br />

Jusqu’à présent la couverture complémentaire<br />

<strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la fonction<br />

publique était très hétérogène. Au<br />

sein <strong>de</strong> la fonction publique d’État, par<br />

exemple, la souscription <strong>de</strong> contrats<br />

référencés par les différents ministères<br />

était individuelle et facultative. <strong>Le</strong> montant<br />

<strong>de</strong> la participation employeur était<br />

en moyenne <strong>de</strong> 12 euros par mois et par<br />

agent, avec <strong>de</strong>s différences notables en<br />

fonction du ministère d’appartenance.<br />

Au sein <strong>de</strong> la fonction publique territoriale,<br />

avec 43 600 employeurs, il y avait<br />

<strong>de</strong>s contrats collectifs dans le cadre<br />

<strong>de</strong>s conventions <strong>de</strong> participation, ou<br />

bien <strong>de</strong>s contrats labellisés, avec une<br />

souscription individuelle et facultative<br />

et une participation employeur en santé<br />

<strong>de</strong> 11 euros par mois et par agent en<br />

moyenne. Dans la fonction publique<br />

hospitalière, les 4 500 employeurs<br />

publics n’avaient aucun mécanisme<br />

et les hospitaliers qui le souhaitaient<br />

pouvaient se couvrir dans le cadre<br />

<strong>de</strong> contrats individuels et facultatifs.<br />

Face à cette hétérogénéité, la réforme<br />

<strong>de</strong> la protection sociale complémentaire<br />

sera déclinée par versant. Par<br />

exemple, dans la fonction publique<br />

territoriale, secteur avec un fort taux<br />

<strong>de</strong> métiers manuels et <strong>de</strong> troubles<br />

musculo-squelettiques, l’employeur<br />

<strong>de</strong>vra prendre en charge 20% <strong>de</strong> la<br />

couverture prévoyance <strong>de</strong>s agents.<br />

Dans la fonction publique d’État qui<br />

couvre 4,9 millions d’agents actifs et<br />

retraités, le marché est dominé par<br />

une dizaine d’acteurs référencés.<br />

Projet d’accord interministériel<br />

Un projet d’accord inter-ministériel qui<br />

fixe le cadre <strong>de</strong>s négociations pour<br />

la fonction publique d’État emprunte<br />

beaucoup <strong>de</strong> mécanismes à l’ANI <strong>de</strong><br />

2013 et à la loi Évin. Par exemple, il fixe<br />

le montant maximal <strong>de</strong> la cotisation<br />

pour les retraités pendant les quatre<br />

premières années, après le départ à<br />

la retraite.<br />

Des appels d’offres vont s’organiser<br />

pour couvrir <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> taille très<br />

différente.Cette réforme représente<br />

donc une menace pour les acteurs<br />

historiques et une opportunité pour les<br />

nouveaux entrants ayant une connaissance<br />

du contrat collectif. L’intégration<br />

ou pas <strong>de</strong>s garanties prévoyance dans<br />

le contrat <strong>de</strong> base sur la FPE sera un<br />

élément déterminant. En effet, la complexité<br />

inhérente à la prévoyance <strong>de</strong>s<br />

fonctionnaires pourrait favoriser les<br />

tenants face aux nouveaux entrants.<br />

Dans les négociations à venir, le mise<br />

en place <strong>de</strong> mécanismes <strong>de</strong> solidarité<br />

inter-générationnelle entre les actifs<br />

et les retraités dans le calcul <strong>de</strong> la<br />

cotisation va également faire l’objet<br />

<strong>de</strong> vifs débats.<br />

Face au big bang qui s’annonce, les<br />

acteurs du marché ont commencé<br />

à tisser <strong>de</strong>s alliances. Ainsi, MGEN<br />

s’est associée à Sham pour abor<strong>de</strong>r le<br />

marché <strong>de</strong>s hospitaliers ; Intériale est<br />

en bonne voie pour intégrer le groupe<br />

AG2R La Mondiale et son pôle fonctions<br />

publiques ; et Aésio a créé l’UGM Aésio<br />

Fonctions Publiques avec la Mutuelle<br />

Générale <strong>de</strong>s Affaires Sociales (MGAS),<br />

Territoria Mutuelle et la Mutuelle <strong>de</strong>s<br />

hôpitaux <strong>de</strong> la Vienne. De son côté, la<br />

Mutuelle nationale <strong>de</strong>s hospitaliers<br />

(MNH) se dit ouverte aux alliances.


36 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />

100% santé ou comment les complémentaires ont<br />

évité une hausse <strong>de</strong> la taxe covid en <strong>2021</strong><br />

Un temps envisagée, la hausse <strong>de</strong> la<br />

taxe covid <strong>de</strong>s organismes complémentaires<br />

n’aura finalement pas lieu.<br />

L’augmentation <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> travail,<br />

le report <strong>de</strong>s soins et le coût du 100%<br />

santé ont fortement impacté la sinistralité.<br />

Par Mariona Vivar<br />

L’année <strong>2021</strong> a été marquée par<br />

<strong>de</strong>s injonctions contradictoires.<br />

D’un côté, le gouvernement a<br />

<strong>de</strong>mandé aux organismes complémentaires<br />

<strong>de</strong> ne pas augmenter les<br />

tarifs en santé et <strong>de</strong> l’autre <strong>de</strong>s redressements<br />

se sont avérés nécessaires<br />

face à la dérive technique.<br />

Après une année 2020 pendant laquelle<br />

les organismes complémentaires ont vu<br />

leurs prestations baisser <strong>de</strong> 6%, <strong>2021</strong><br />

connaîtra un rebond <strong>de</strong>s prestations<br />

santé. <strong>Le</strong>s organismes complémentaires<br />

ont constaté une dégradation <strong>de</strong> l’équilibre<br />

technique <strong>de</strong>s ocam <strong>de</strong> 900 millions<br />

d’euros au premier semestre <strong>2021</strong> par<br />

rapport au premier semestre 2019. Dans<br />

le détail, les complémentaires ont payé<br />

1 450 millions d’euros <strong>de</strong> prestations en<br />

plus, soit 9% d’augmentation. <strong>Le</strong>s trois<br />

fédérations pointent une hausse <strong>de</strong> 100%<br />

<strong>de</strong>s prestations en audiologie, soit 278<br />

millions d’euros <strong>de</strong> plus, et <strong>de</strong> 45% en<br />

<strong>de</strong>ntaire, soit 958 millions <strong>de</strong> plus que<br />

pendant le premier semestre 2019.<br />

<strong>Le</strong> ministère <strong>de</strong>s Solidarités et <strong>de</strong> la Santé<br />

avait envisagé une hausse <strong>de</strong> la contribution<br />

exceptionnelle <strong>de</strong>s organismes<br />

complémentaires au titre <strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong>,<br />

mais il a décidé <strong>de</strong> faire machine arrière,<br />

face aux chiffres <strong>de</strong> sinistralité présentés<br />

par les organismes complémentaires.<br />

L’année <strong>2021</strong> a été celle <strong>de</strong> l’entrée en<br />

vigueur à plein régime <strong>de</strong> la réforme du<br />

100% santé en optique, <strong>de</strong>ntaire et audiologie.<br />

Avec <strong>de</strong>s résultats très contrastés.<br />

En optique, le taux <strong>de</strong> recours au panier<br />

100% santé <strong>de</strong>meure faible, en <strong>de</strong>çà<br />

<strong>de</strong>s objectifs du ministère. En <strong>de</strong>ntaire,<br />

en revanche, les soins prothétiques ont<br />

fortement augmenté. <strong>Le</strong> panier 100%<br />

santé rencontre un franc succès sur<br />

les prothèses <strong>de</strong>ntaires, avec un taux<br />

<strong>de</strong> recours <strong>de</strong> 42%, suivi <strong>de</strong> 20,4% sur le<br />

panier maîtrisé et <strong>de</strong> 37,6% sur le panier<br />

libre, selon le courtier Generation.<br />

<strong>Le</strong> <strong>de</strong>ntaire, premier poste <strong>de</strong> dépense<br />

Pour les mutuelles du groupe Vyv, le<br />

surcoût sur les prestations <strong>de</strong>ntaires<br />

pendant le premier semestre <strong>2021</strong> atteint<br />

400 millions d’euros. « Nous constatons<br />

une forte hausse non anticipée du coût<br />

<strong>de</strong>s prestations <strong>de</strong>ntaires, à tel point que<br />

le <strong>de</strong>ntaire est <strong>de</strong>venu le premier poste<br />

<strong>de</strong> prise en charge pour nos adhérents.<br />

Au premier semestre <strong>2021</strong>, le <strong>de</strong>ntaire<br />

concentre plus <strong>de</strong> 20% <strong>de</strong>s prestations<br />

versées par le groupe Vyv, contre 15% en<br />

2019, dépassant ainsi pour la première<br />

fois les prestations hospitalières », pointe<br />

Éric Blanc-Chaudier, directeur <strong>de</strong>s assurances<br />

santé du groupe Vyv.<br />

En audioprothèse, pendant le premier<br />

semestre <strong>2021</strong>, les audioprothésistes<br />

ont vendu 736 100 ai<strong>de</strong>s auditives. <strong>Le</strong><br />

pourcentage d’équipements <strong>de</strong> classe 1,<br />

donc sans reste à charge pour le patient,<br />

s’élève à 39%, presque le double <strong>de</strong> l’objectif<br />

d’au moins 20% que les pouvoirs<br />

publics s’étaient fixés lors du lancement<br />

<strong>de</strong> la réforme du 100% santé. Entre le<br />

1 er semestre 2019 et le 1er semestre<br />

<strong>2021</strong>, les remboursements en audiologie<br />

passent <strong>de</strong> 80,787 millions d’euros à<br />

194,118 millions d’euros pour l’assurance<br />

maladie. Pour les complémentaires, le<br />

surcoût s’élève à 278 millions d’euros.<br />

Hausse <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> travail<br />

À cette charge supplémentaire en santé,<br />

s’ajoute une hausse <strong>de</strong>s prestations en<br />

prévoyance, notamment celles liées aux<br />

arrêts <strong>de</strong> travail. En 2020, celles-ci avaient<br />

augmenté <strong>de</strong> 14%, sous les effets <strong>de</strong> la<br />

crise sanitaire et <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> travail<br />

dérogatoires, soit 250 millions d’euros<br />

supplémentaires. En <strong>2021</strong>, les in<strong>de</strong>mnités<br />

journalières vont encore augmenter <strong>de</strong><br />

10% par rapport à 2020, soit un surcoût<br />

<strong>de</strong> 200 millions d’euros pour les IP, selon<br />

les estimations du CTIP. Sur les <strong>de</strong>ux<br />

années donc, la charge <strong>de</strong> prestations<br />

supplémentaire sur les arrêts <strong>de</strong> travail<br />

s’élève à 450 millions d’euros pour les IP.<br />

Enfin, cette année a également été marquée<br />

par la décision exceptionnelle <strong>de</strong>s<br />

organismes complémentaires <strong>de</strong> prendre<br />

en charge les consultations <strong>de</strong> psychologue<br />

au premier euro, dans la limite<br />

<strong>de</strong> 4 consultations et <strong>de</strong> 60 euros par<br />

séance. La mesure a eu le mérite <strong>de</strong> <strong>de</strong>vancer<br />

l’Assurance maladie qui n’ouvrira<br />

le remboursement <strong>de</strong>s consultations<br />

psy auprès d’une liste <strong>de</strong> psychologues<br />

conventionnés qu’à partir <strong>de</strong> 2022.


38<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />

TRIBUNE<br />

Financement <strong>de</strong> la santé :<br />

à la hauteur <strong>de</strong>s enjeux<br />

« <strong>2021</strong> : une année marquée par la poursuite <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> la COVID 19 et la tentation<br />

du tout État comme unique réponse aux besoins »<br />

En mettant sous pression les systèmes <strong>de</strong><br />

protection sociale, la crise sanitaire a constitué<br />

un choc d’une intensité si forte qu’elle a<br />

bouleversé durablement notre cadre <strong>de</strong> référence.<br />

L’année <strong>2021</strong> s’est inscrite dans la continuité<br />

<strong>de</strong> 2020 avec l’omniprésence <strong>de</strong> la crise dans nos<br />

quotidiens. Elle a aussi vu l’émergence d’un vieux<br />

fantasme, à travers les débats sur la « Gran<strong>de</strong> Sécu»,<br />

celui d’un Etat tout puissant qui pourrait tout régler<br />

en lieu et place <strong>de</strong>s acteurs.<br />

Dans le champ <strong>de</strong> l’assurance santé, les confinements<br />

ont conduit à <strong>de</strong>s annulations et reports <strong>de</strong><br />

soins dont l’impact n’est toujours pas pleinement<br />

mesurable. Dans le même temps, le 100% santé, une<br />

<strong>de</strong>s réformes majeures <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années pour<br />

renforcer l’accès aux soins, a continué <strong>de</strong> se déployer.<br />

Là aussi, les effets sont encore en partie à l’état <strong>de</strong><br />

projections. Or, si l’objectif du 100% santé est aussi<br />

noble qu’ambitieux, son équilibre économique est<br />

loin d’être acquis. L’année 2022 sera déterminante<br />

pour en apprécier tous les impacts.<br />

Au cœur <strong>de</strong> la crise, <strong>2021</strong> n’a pas fait oublier les<br />

difficultés <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> santé ainsi que les<br />

enjeux à venir : la hausse continue <strong>de</strong>s dépenses<br />

<strong>de</strong> santé, l’augmentation <strong>de</strong>s affections <strong>de</strong> longue<br />

durée et le vieillissement <strong>de</strong> notre population. Si la<br />

santé n’a pas <strong>de</strong> prix, elle a un coût qui va continuer<br />

<strong>de</strong> progresser alors même que les besoins <strong>de</strong><br />

financements seront croissants dans les prochaines<br />

décennies. Il est indispensable <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s<br />

enseignements <strong>de</strong> la crise et <strong>de</strong>s nouvelles aspirations<br />

<strong>de</strong> la société.<br />

Parmi les chantiers prioritaires, chacun reconnait<br />

la nécessité <strong>de</strong> faire beaucoup plus en matière <strong>de</strong><br />

prévention, à l’image <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s Comptes qui<br />

a publié le 1er décembre <strong>2021</strong> un nouveau rapport<br />

constatant que les résultats obtenus sont globalement<br />

médiocres. L’innovation et l’apport <strong>de</strong>s nouvelles<br />

technologies ouvrent <strong>de</strong>s perspectives sur lesquelles<br />

nous <strong>de</strong>vons capitaliser pour permettre à chacun<br />

d’être acteur <strong>de</strong> sa santé et <strong>de</strong> son bien-être, mais<br />

aussi <strong>de</strong> préserver son capital autonomie.<br />

Face à ces enjeux, la question du financement <strong>de</strong>s<br />

dépenses <strong>de</strong> santé s’est imposée dans le débat public,<br />

avec une acuité d’autant plus forte que <strong>2021</strong>, année<br />

qui précè<strong>de</strong> l’élection prési<strong>de</strong>ntielle, occupe une place<br />

particulière dans le calendrier électoral. Une partie<br />

<strong>de</strong> <strong>2021</strong> s’est polarisée sur le débat autour du rôle<br />

<strong>de</strong>s complémentaires santé. Certains ont cédé à<br />

la facilité <strong>de</strong> proposer une « solution magique »,<br />

une « Gran<strong>de</strong> Sécu », qui permettrait d’être soigné<br />

à moindre coût.<br />

Cette chimère se heurte hélas au mur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte<br />

considérablement accrue avec la pandémie et à celui<br />

du déficit continu enregistré <strong>de</strong>puis 30 ans par<br />

la Sécurité Sociale. Elle se heurte aussi à celui <strong>de</strong><br />

l’incapacité à gérer les vraies attentes <strong>de</strong>s Français<br />

: déserts médicaux, manque <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong><br />

santé, restes à charge liés aux maladies chroniques,<br />

soutenabilité <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> santé liée au vieillissement<br />

<strong>de</strong> la population...<br />

Elle percute enfin une réalité consubstantielle au<br />

modèle <strong>de</strong> protection sociale Français : l’implication


BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 39<br />

concevoir <strong>de</strong>s solutions<br />

précieuse <strong>de</strong>s corps intermédiaires, <strong>de</strong>s partenaires<br />

sociaux et <strong>de</strong>s acteurs mutualistes.<br />

Pour la seule mutuelle Aésio, c’est 500 <strong>de</strong> nos adhérents<br />

qui sont engagés bénévolement dans notre<br />

gouvernance, le déploiement d’actions solidaires<br />

<strong>de</strong> proximité et la gestion d’établissements et services<br />

<strong>de</strong> soins et d’accompagnement mutualistes.<br />

Ces dynamiques territoriales et ces établissements<br />

seraient menacés par l’étatisation du financement<br />

<strong>de</strong> la santé.<br />

Sans parler <strong>de</strong>s salariés du secteur qui ont assisté au<br />

procès surréaliste qui les a réduits à une couche <strong>de</strong><br />

frais dans un système qui serait totalement vertueux.<br />

La désignation d’un bouc émissaire ne peut faire<br />

office <strong>de</strong> solution miracle face aux enjeux !<br />

Si l’on compare les systèmes <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong><br />

l’OCDE, on observe que le système mixte public-privé<br />

est celui qui permet la meilleure performance d’un<br />

système <strong>de</strong> santé, celle qui permet à chacun d’être<br />

soigné en fonction <strong>de</strong> ses besoins et qui garantit un<br />

équilibre financier. Il semble encore nécessaire <strong>de</strong> le<br />

rappeler, les Français bénéficient du plus faible reste à<br />

charge pour leurs soins grâce à l’articulation entre la<br />

Sécurité Sociale et les organismes complémentaires.<br />

L’année 2022, n’en doutons pas, verra ressurgir le<br />

débat. Au-<strong>de</strong>là du champ politicien, nous <strong>de</strong>vons<br />

saisir l’opportunité <strong>de</strong> réfléchir collectivement pour<br />

préserver les forces <strong>de</strong> notre modèle et corriger ses<br />

faiblesses. Aésio mutuelle et Aéma Groupe sont<br />

mobilisés pour bâtir, <strong>de</strong> façon partagée, un système<br />

<strong>de</strong> protection adapté aux besoins <strong>de</strong> chacun, tourné<br />

vers la prévention et ouvert aux innovations. Nous<br />

portons la voix d’un mutualisme <strong>de</strong> proximité qui fait<br />

<strong>de</strong> l’accès aux soins, pour tous et partout, la priorité.<br />

Patrick<br />

Brothier<br />

BIO<br />

Prési<strong>de</strong>nt d’Aésio mutuelle, vice-prési<strong>de</strong>nt d’Aéma<br />

groupe et prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’UMG Aésio-Macif.<br />

Âge : 58 ans<br />

Lieu <strong>de</strong> naissance : Chazelles-sur-Lyon (Loire)<br />

Formation : Diplômé <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> journalisme <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />

Parcours : Il débute sa carrière professionnelle comme chargé <strong>de</strong><br />

mission à la Mutualité Bourbonnaise <strong>de</strong> l’Allier et dix ans plus tard,<br />

est nommé directeur général <strong>de</strong> la mutuelle qui <strong>de</strong>viendra plus<br />

tard Adréa Centre Auvergne. En 2013, il est élu prési<strong>de</strong>nt d’Adréa<br />

Mutuelle. Vice-prési<strong>de</strong>nt d’Aésio <strong>de</strong>puis sa création, il <strong>de</strong>vient prési<strong>de</strong>nt<br />

du groupe mutualiste en 2019. Patrick Brothier est également<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Mutualité Française <strong>de</strong>puis 2016.


MARCHÉ<br />

Cyber risk : peur sur l’avenir<br />

P.41<br />

TARIFS<br />

Des hausses et <strong>de</strong>s bas en<br />

2022<br />

P.36<br />

TRIBUNE<br />

Cyrille <strong>de</strong> Montolfier prend la<br />

plume<br />

P.44


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 41<br />

Cyber risques : Peur sur l’avenir !<br />

Face à une sinistralité qui explose<br />

et <strong>de</strong>s assureurs <strong>de</strong> plus en plus frileux<br />

sur ce segment, le risque cyber<br />

constitue un véritable casse-tête pour<br />

les entreprises désireuses <strong>de</strong> se couvrir.<br />

Entre tarifs exorbitants, garanties<br />

réduites et mesures <strong>de</strong> prévention<br />

renforcées, le marché regar<strong>de</strong> l’avenir<br />

avec inquiétu<strong>de</strong>.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Comment réussir à maîtriser<br />

un risque volatile, qualifié<br />

par certain <strong>de</strong> potentiellement<br />

systémique, et dont les<br />

conséquences financières sont bien<br />

plus élevées que le niveau <strong>de</strong> primes du<br />

marché ? Voilà le casse-tête auquel les<br />

assureurs tentent <strong>de</strong> répondre à propos<br />

du risque cyber, alors que les entreprises<br />

cherchent <strong>de</strong> leur côté à se couvrir.<br />

Car, à mesure que les attaques médiatiques<br />

touchent les industriels et<br />

inon<strong>de</strong>nt les consciences <strong>de</strong>s chefs<br />

d’entreprises, les assureurs, qui exhortaient<br />

ces <strong>de</strong>rniers à se protéger,<br />

réduisent leurs capacités et leurs expositions<br />

sur le marché. Résultat, les<br />

niveaux <strong>de</strong> cotisations n’ont jamais<br />

été aussi élevés pour <strong>de</strong>s capacités<br />

réduites comme peu <strong>de</strong> chagrin.<br />

Dans sa <strong>de</strong>rnière étu<strong>de</strong> « Lucy » dédiée<br />

au risque cyber et publiée en<br />

mai <strong>de</strong>rnier, l’Amrae a ainsi mis en<br />

lumière les difficultés <strong>de</strong> ce segment.<br />

En 2019, pour 87 millions d’euros <strong>de</strong><br />

primes, il y a eu 73 millions d’euros<br />

d’in<strong>de</strong>mnisation. En 2020, pour 130<br />

millions d’euros <strong>de</strong> primes, il y a eu<br />

217 millions d’in<strong>de</strong>mnisation, malgré<br />

une fréquence <strong>de</strong>s sinistres étale.<br />

« On a vu apparaître <strong>de</strong> très gros sinistres,<br />

et seulement quatre ont coûté<br />

130 millions d’euros, c’est-à-dire la totalité<br />

<strong>de</strong>s primes du marché français »,<br />

a souligné Philippe Cotelle, prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> la Commission Cyber <strong>de</strong> l’association<br />

<strong>de</strong>s risk-managers et directeur<br />

<strong>de</strong>s assurances <strong>de</strong> Airbus Defence<br />

and Space, lors du <strong>de</strong>rnier congrès<br />

<strong>de</strong>s actuaires. De même, le mauvais<br />

niveau du ratio S/P <strong>de</strong> la branche (167%<br />

en 2020 contre 84% en 2019 selon<br />

l’ACPR) vient ajouter à la difficulté.<br />

Et la France n’échappe évi<strong>de</strong>mment pas<br />

à cette situation. « La frilosité du marché<br />

<strong>de</strong> l’assurance français est intimement<br />

lié à la rétractation <strong>de</strong>s capacités du<br />

marché assurantiel et <strong>de</strong> réassurance.<br />

En effet, le marché <strong>de</strong> la réassurance<br />

est un marché mondial, ainsi les capacités<br />

allouées par les réassureurs à la<br />

France et au risque cyber sont faibles,<br />

voir en diminution », note pour sa part le<br />

rapport du groupe d’étu<strong>de</strong>s Assurances<br />

<strong>de</strong> l’Assemblée Nationale rendu en octobre<br />

<strong>de</strong>rnier.<br />

Redynamiser le marché<br />

Face à cette situation compliquée,<br />

le groupe <strong>de</strong> travail emmenée par la<br />

députée <strong>de</strong> la Loire, Valéria Faure-Muntian,<br />

à ainsi livré 20 propositions visant<br />

à mieux définir les termes autour du<br />

risque cyber, à garantir la résilience<br />

et la défense <strong>de</strong>s entreprises face à<br />

la menace et surtout à « dynamiser le<br />

marché <strong>de</strong> la cyber-assurance » jugé<br />

« déséquilibré et concentré, avec une<br />

couverture inégale ». <strong>Le</strong> document<br />

s’interroge notamment sur comment<br />

faire gagner en maturité́ les assureurs.<br />

« Il convient d’inscrire dans la loi l’interdiction<br />

pour les assureurs <strong>de</strong> garantir,<br />

couvrir ou d’in<strong>de</strong>mniser la rançon et se<br />

porter davantage vers la prévention,<br />

l’accompagnement et l’assurance <strong>de</strong>s<br />

conséquences pour une entreprise. De<br />

même à l’instar <strong>de</strong> nos collègues américains,<br />

il convient <strong>de</strong> sanctionner les<br />

entreprises, administrations ou collectivités<br />

qui procè<strong>de</strong>nt au paiement <strong>de</strong>s rançons<br />

à l’ai<strong>de</strong> d’un tiers ou <strong>de</strong> manière directe<br />

», peut-on lire dans le texte portée<br />

par la députée La République en Marche.<br />

Rappelant que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> cyber-assurance<br />

augmente en même temps que<br />

se rétracte l’offre sur le marché, le rapport<br />

préconise par exemple d’« imposer<br />

aux entreprises qui travaillent pour et/<br />

ou avec l’État et/ou <strong>de</strong>s OIV /OSE <strong>de</strong> se<br />

doter d’une police d’assurance cyber ».<br />

<strong>Le</strong> groupe d’étu<strong>de</strong>s précise même que<br />

le niveau <strong>de</strong>s capacités allouées au<br />

risque cyber pour chaque assuré est<br />

sous-dimensionnée et ne permet pas<br />

<strong>de</strong> le protéger convenablement. « Plus<br />

globalement la cartographie <strong>de</strong>s couvertures<br />

démontre que le tissu économique<br />

français, ainsi que les collectivités<br />

restent vulnérables, même quand ils<br />

s’assurent ».<br />

Aucun assureur n’étant capable <strong>de</strong> s’exposer<br />

comme seul porteur <strong>de</strong> risques,<br />

nombre d’acteurs préconisent également<br />

une meilleure coordination européenne<br />

entre opérateurs pour faire face<br />

à ce risque.<br />

<strong>Le</strong> secteur financier, lui-même à<br />

risque<br />

Pour ne rien arranger, la direction<br />

générale du Trésor a récemment mis<br />

en gar<strong>de</strong> banques et assurances face<br />

aux risques <strong>de</strong> contagion en cas d’attaques<br />

informatiques, notamment en<br />

raison d’une « forte interconnexion ».<br />

Dans une récente publication dédiée au<br />

risque cyber dans le secteur financier,<br />

Bercy a ainsi visé les « acteurs systémiques,<br />

principalement <strong>de</strong>s banques<br />

et <strong>de</strong>s assurances, qui concentrent<br />

une partie importante <strong>de</strong>s actifs et<br />

<strong>de</strong>s flux, et sont fortement reliés entre<br />

eux. Ainsi, un évènement isolé portant<br />

sur une unique entité du secteur financier<br />

peut se propager plus largement,<br />

dans un phénomène <strong>de</strong> contagion,<br />

et ce même au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontières ».<br />

« <strong>Le</strong>s mécanismes d’assurance du<br />

risque cyber sont recommandés <strong>de</strong>puis<br />

longtemps par les économistes, mais<br />

dans la pratique le marché reste peu<br />

développé », a rappelé la DG Trésor,<br />

comme pour ternir encore un peu plus<br />

le tableau <strong>de</strong> ce segment déjà bien<br />

morne.<br />

Pour rappel, 64% <strong>de</strong>s entreprises interrogées<br />

par Euler Hermes et l’Association<br />

nationale <strong>de</strong>s directeurs financiers<br />

et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> gestion (DFCG) - à<br />

l’occasion du baromètre frau<strong>de</strong> et cybercriminalité<br />

pour l’année <strong>2021</strong> - ont<br />

constaté une accentuation du phénomène<br />

<strong>de</strong> frau<strong>de</strong> et cybercriminalité au<br />

cours du <strong>de</strong>rnier exercice. Elles sont 2<br />

sur 3 à déclarer avoir été victimes d’au<br />

moins une tentative <strong>de</strong> frau<strong>de</strong> en <strong>2021</strong>.


42<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES<br />

Tarifs 2022 : Des hausses et <strong>de</strong>s bas…<br />

Malgré une éclaircie au printemps<br />

<strong>2021</strong>, les tendances tarifaires du<br />

marché <strong>de</strong>s grands risques restent<br />

orientées à la hausse, rendant la<br />

campagne <strong>de</strong>s renouvellements du<br />

1er janvier 2022 une nouvelle fois<br />

agitée. Et cette situation amenée à<br />

se poursuivre dans le temps…<br />

Avec <strong>de</strong>s hausses <strong>de</strong> tarifs<br />

moyennes pouvant aller <strong>de</strong><br />

10% à 50% pour les programmes<br />

d’assurance P&C<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises en 2022, la<br />

campagne <strong>de</strong>s renouvellements du<br />

1 er janvier qui vient <strong>de</strong> s’achever a<br />

une nouvelle fois été plus qu’agitée<br />

pour les industriels, leurs assureurs<br />

et leurs courtiers. D’autant que selon<br />

les branches, ces augmentations <strong>de</strong><br />

prix ont pu dépasser ces seuils, notamment<br />

pour les dossiers sensibles.<br />

« C’est sans appel, ça fait très mal, tout<br />

est en hausse au niveau <strong>de</strong> la tarification<br />

», indique Léopold Larios <strong>de</strong> Piña,<br />

directeur du risk management pour<br />

le groupe Mazars et vice-prési<strong>de</strong>nt<br />

et Pilote <strong>de</strong> l’Observatoire <strong>de</strong>s Assurances<br />

<strong>de</strong> l’Amrae en faisant référence<br />

au tableau <strong>de</strong> tendances publié chaque<br />

année par l’association (voir graphique).<br />

« En 2022 nous serons toujours dans<br />

un marché haussier, même si le pourcentage<br />

<strong>de</strong> majoration moyen sera inférieur<br />

à l’exercice précè<strong>de</strong>nt, avec <strong>de</strong>s<br />

conditions variées et <strong>de</strong>s approches<br />

personnalisées », tempérait en fin d’année,<br />

Sandra Magny, responsable <strong>de</strong>s<br />

relations marchés pour Marsh France.<br />

Si l’ensemble du marché pensait être<br />

arrivé à un plateau au sortir du printemps<br />

<strong>2021</strong>, septembre a douché tous<br />

les espoirs, la faute à quelques grands<br />

assureurs qui ont <strong>de</strong> nouveau poussé<br />

à la majoration et à une sinistralité en<br />

fort rebond durant les <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong><br />

l’exercice. Selon les <strong>de</strong>rniers chiffres <strong>de</strong><br />

la FFA, l’indice RI (Risque Industriels)<br />

projeté chaque trimestre anticipait au<br />

1 er janvier 2022 une hausse <strong>de</strong> 4,9%<br />

sur un an. Cet indice avait déjà enregistré<br />

<strong>de</strong>ux hausses consécutives en<br />

juillet (+1,2%) et octobre <strong>2021</strong> (+3,9%).<br />

En conséquence, les ratios S/P <strong>de</strong>s<br />

assureurs sont aujourd’hui plus que<br />

dégradés.<br />

<strong>Le</strong> cyber dans la tourmente<br />

« Des points se sont durcis par rapport<br />

à la <strong>de</strong>rnière campagne <strong>de</strong> renouvellements<br />

fin 2020 (cyber, lignes<br />

financières en RC, RC <strong>de</strong>s dirigeants,<br />

prévoyance collective...), d’autres se<br />

maintiennent à un niveau haut (dommages<br />

aux biens), indique François<br />

<strong>Le</strong>duc, le directeur général délégué<br />

<strong>de</strong> Verspieren dans la <strong>de</strong>rnière note<br />

<strong>de</strong> conjoncture publiée par le courtier.<br />

Parmi eux, le risque cyber est l’un <strong>de</strong>s<br />

plus exposés. « <strong>Le</strong> marché <strong>de</strong> la cyber<br />

assurance est clairement entré dans<br />

un « very hard market » <strong>de</strong>puis 1 er juillet<br />

<strong>2021</strong>. <strong>Le</strong>s acteurs se raréfient, le<br />

marché se concentre. <strong>Le</strong>s exigences<br />

<strong>de</strong>s assureurs sur la qualité <strong>de</strong>s profils<br />

<strong>de</strong> risque ont considérable- ment<br />

augmenté », précise l’Amrae. Ainsi, la<br />

branche, enregistre en plus <strong>de</strong> fortes<br />

réductions <strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50%,<br />

<strong>de</strong>s primes qui explosent. « Après une<br />

forte hausse qui, en termes <strong>de</strong> taux<br />

<strong>de</strong> prime, a pu dépasser les 100%, les<br />

courtiers anticipent une poursuite <strong>de</strong><br />

l’augmentation <strong>de</strong>s taux en 2022 »,<br />

note l’asscoiation <strong>de</strong> risk-managers.<br />

Dans son <strong>de</strong>rnier livre Blanc dédié au<br />

marché <strong>de</strong> l’assurance Europe, Moyen-<br />

Orient et Afrique <strong>2021</strong>-2022, Siaci Corporate<br />

& Specialty (entité du groupe<br />

Diot-Siaci), anticipe une poursuite <strong>de</strong><br />

cette tendance haussière <strong>de</strong>s tarifs. «<br />

La phase <strong>de</strong> marché dur dans laquelle<br />

nous sommes entrés <strong>de</strong>puis trois ans<br />

semble <strong>de</strong>voir se poursuivre en 2022<br />

et au-<strong>de</strong>là, précise le courtier. « Certaines<br />

branches sont tellement sensibles<br />

qu’elles vont vont continuer à subir <strong>de</strong>s<br />

hausses tarifaires au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s cinq prochaines<br />

années », explique un assureur<br />

grands risques <strong>de</strong> la place. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier<br />

exercice-pilote <strong>de</strong> l’ACPR dédiés aux<br />

risques liés au changement climatique<br />

anticipe <strong>de</strong> son côté une hausse <strong>de</strong>s<br />

primes <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 130% à 200% d’ici<br />

à 2050, ambiance...


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 43<br />

Captives : Tout ça pour ça...<br />

<strong>2021</strong> avait débuté par un ambitieux<br />

projet, celui <strong>de</strong> favoriser l’établissement<br />

<strong>de</strong> captives en France. Malgré les fortes<br />

attentes <strong>de</strong> tout un secteur, le dispositif<br />

ne verra pas le jour dans le cadre du<br />

PLF 2022.<br />

Par Thierry Gouby<br />

Au sortir d’une année 2020<br />

sonnée par les premières<br />

vagues <strong>de</strong> Covid-19, le ministère<br />

<strong>de</strong> l’Économie <strong>de</strong>s Finances et<br />

<strong>de</strong> Relance annonçait préférer au régime<br />

Catex la mise en place d’un coup <strong>de</strong><br />

pouce fiscal « très avantageux » en vue<br />

<strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> provisions pour<br />

favoriser l’autoassurance <strong>de</strong>s entreprises.<br />

Il n’en fallait pas moins pour que<br />

l’ensemble du marché <strong>de</strong> l’assurance -<br />

notamment celui <strong>de</strong>s grands risques qui<br />

appelle <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreux exercices<br />

à l’assouplissement <strong>de</strong>s conditions<br />

d’établissement <strong>de</strong>s captives en France -<br />

s’empare du sujet à bras le corps. L’objectif<br />

est clair, faire <strong>de</strong> l’Hexagone la nouvelle<br />

place forte <strong>de</strong>s captives et permettre<br />

aux entreprises françaises d’établir plus<br />

facilement leurs véhicules ailleurs qu’au<br />

Luxembourg, en Irlan<strong>de</strong> ou au Bermu<strong>de</strong>s…<br />

Qu’il s’agisse <strong>de</strong>s risk-managers<br />

(notamment via l’Amrae), <strong>de</strong> la FFA, <strong>de</strong>s<br />

courtiers spécialisés ou encore <strong>de</strong>s<br />

assureurs <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises, tous<br />

ont ainsi planché aux côtés <strong>de</strong>s équipes<br />

<strong>de</strong> la direction générale du Trésor pour<br />

assouplir les conditions d’établissement<br />

<strong>de</strong> captives en France. « Aujourd’hui les<br />

règles comptables et fiscales empêchent<br />

les assureurs <strong>de</strong> mutualiser dans le temps.<br />

C’est un énorme problème et je crois qu’il<br />

faut revisiter ces règles », expliquait cet<br />

été Florence Lustman, la prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la<br />

fédération française <strong>de</strong> l’assurance <strong>de</strong>vant<br />

la commission <strong>de</strong>s finances du Sénat.<br />

Cette <strong>de</strong>rnière s’est notamment attardée<br />

sur le sujet <strong>de</strong> la provision d’égalisation.<br />

« Cette technique <strong>de</strong> provision d’égalisation<br />

déductible c’est ce qui permet <strong>de</strong> repousser<br />

les risques <strong>de</strong> l’assurabilité, lance-t-elle.<br />

L’outil doit être ouvert à tous les acteurs <strong>de</strong><br />

l’assurance et cela je l’appelle <strong>de</strong> mes vœux<br />

<strong>de</strong>puis plusieurs années. Cela permettra<br />

<strong>de</strong> rapatrier du Luxembourg toutes les<br />

captives d’entreprises françaises logées<br />

là où il est possible <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s provisions<br />

d’égalisation en franchise d’impôt ».<br />

<strong>Le</strong> mirage Seb et Bonduelle<br />

Dans le même temps, les annonces <strong>de</strong><br />

Bonduelle et Seb (dont le siège est en<br />

photo ci-<strong>de</strong>ssous) <strong>de</strong> loger leurs captives<br />

respectives en France, ont fait grimper à<br />

7 le faible nombre d’industriels français<br />

dont les structures sont établies dans<br />

l’Hexagone.<br />

En parallèle, la publication d’une étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’Amrae sur l’attente grandissante<br />

<strong>de</strong>s entreprises tricolores en la<br />

matière et le nombre <strong>de</strong> projets <strong>de</strong><br />

captives en cours a nourri l’espoir d’un<br />

assouplissement <strong>de</strong>s règles en 2022.<br />

À mesure que le remo<strong>de</strong>lage <strong>de</strong>s captives<br />

était en marche, la piste du PLF 2022<br />

comme véhicule législatif fut privilégiée<br />

pour créer les conditions <strong>de</strong> la création<br />

<strong>de</strong>s captives à la française. La députée<br />

LREM Valeria Faure-Muntian avait même<br />

déposé un amen<strong>de</strong>ment au projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong><br />

finances avant <strong>de</strong> le retirer, le gouvernement<br />

souhaitant gar<strong>de</strong>r la main sur le sujet.<br />

En attendant un nouveau PLF<br />

Mais le couperet est tombé minovembre<br />

<strong>2021</strong>. Lors <strong>de</strong> l’adoption du<br />

PLF 2022 à l’Assemblée nationale, <strong>Le</strong><br />

gouvernement n’a pas profité <strong>de</strong> cette<br />

fenêtre pour y insérer un amen<strong>de</strong>ment<br />

visant à améliorer le dispositif <strong>de</strong> captives,<br />

Bercy ayant fait le choix <strong>de</strong> notifier et<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’autorisation à Bruxelles avant<br />

<strong>de</strong> faire voter la mesure. <strong>Le</strong> sujet <strong>de</strong>s<br />

captives a donc été remisé à un prochain<br />

PLF sous une nouvelle mandature.<br />

Si cette décision est venue doucher les<br />

espoirs <strong>de</strong> tout un secteur et a poussé les<br />

entreprises françaises en stand-by à se<br />

tourner <strong>de</strong> nouveau vers le Luxembourg<br />

pour leurs projets <strong>de</strong> captives en cours,<br />

l’Amrae continue <strong>de</strong> croire en cet outil.<br />

Pour preuve, l’Association pour le<br />

management <strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong>s<br />

assurances <strong>de</strong> l’entreprise a annoncé<br />

la création <strong>de</strong> la Fédération française<br />

<strong>de</strong>s captives d’entreprise avec l’appui <strong>de</strong><br />

grands industriels. L’association poursuit<br />

d’ailleurs ses travaux contribuant à la mise<br />

en place d’une provision pour résilience<br />

<strong>de</strong>s entreprises françaises, notamment<br />

<strong>de</strong>s petites et moyennes entreprises.


44 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES<br />

TRIBUNE<br />

« <strong>Le</strong> coût total du risque est le juge <strong>de</strong><br />

« L’année 2022 s’ouvre dans un contexte d’incertitu<strong>de</strong> sanitaire mais avec<br />

un redémarrage marqué <strong>de</strong> la croissance »<br />

L’année <strong>2021</strong> a encore été marquée par la crise sanitaire<br />

et la résurgence <strong>de</strong> l’épidémie et exige <strong>de</strong> tous <strong>de</strong><br />

s’adapter à cette situation hybri<strong>de</strong> pour répondre à la<br />

mission première du secteur <strong>de</strong> l’assurance – accompagner,<br />

conseiller les clients sur leurs problématiques assurantielles.<br />

<strong>Le</strong> marché a connu en <strong>2021</strong> sa troisième année consécutive<br />

<strong>de</strong> hausse significative et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> tension lors <strong>de</strong>s<br />

renouvellements sur toutes les lignes avec une attention<br />

spécifique portée sur <strong>de</strong>s lignes comme la RCPro, le<br />

Cyber, RCMS, … Quatre facteurs caractérisent ce marché<br />

: hausse <strong>de</strong>s prix (primes et franchises), réduction<br />

<strong>de</strong>s capacités accordées par guichet, re-souscription<br />

technique <strong>de</strong>s dossiers, et enfin <strong>de</strong>s décisions souvent<br />

portées par la ligne <strong>de</strong> referals <strong>de</strong> la branche concernée,<br />

et donc à l’étranger le cas échéant. Notons également<br />

au plan international que les Etats-Unis sont toujours<br />

en très forte hausse, et la place <strong>de</strong> Londres également.<br />

Dans le cadre d’une situation instable et qui joue les<br />

prolongations, les assureurs ont appelé <strong>de</strong> leurs vœux<br />

un retour à la croissance mais <strong>de</strong> manière ciblée. Des<br />

acteurs – petits ou grands - <strong>de</strong> l’assurance se sont remis<br />

dans une certaine dynamique et nous sommes entrés<br />

pour certaines branches dans une année <strong>de</strong> transition <strong>de</strong><br />

marché. En effet, nous notons <strong>de</strong>s politiques contrastées<br />

en fonction <strong>de</strong> la typologie <strong>de</strong>s risques et ce dans toutes<br />

les lignes -sur les Grands risques où la situation est<br />

reste délicate- les grands acteurs du marché réduisant<br />

significativement leurs engagements et analysant <strong>de</strong><br />

façon <strong>de</strong> plus en plus scrupuleuse les garanties qu’ils<br />

accor<strong>de</strong>nt. Ainsi, nous enregistrons une baisse <strong>de</strong> capacité<br />

généralisée entrainant <strong>de</strong> fait une diminution <strong>de</strong>s parts<br />

d’apérition, et consécutivement <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> coassurance.<br />

Si 2020 a révélé certaines imprécisions ou failles dans la<br />

rédaction <strong>de</strong> polices peu claires pour les clients, le marché<br />

a consacré <strong>de</strong> nombreux mois en parallèle <strong>de</strong>s renouvellements<br />

<strong>de</strong> fin d’année 2020 à la rédaction <strong>de</strong>s clauses plus<br />

claires et sans ambiguïté dans leur interprétation ouvrant<br />

la voie <strong>de</strong>s négociations sur <strong>de</strong>s bases assainies en <strong>2021</strong>.<br />

Cette situation nous conduit donc à plus <strong>de</strong> pragmatisme<br />

et à revenir aux fondamentaux <strong>de</strong> notre métier en réaffirmant<br />

une véritable culture <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s risques pour<br />

accompagner au mieux nos clients entreprises dans la<br />

poursuite <strong>de</strong> leurs investissements pour une meilleure<br />

gestion <strong>de</strong> leurs risques. <strong>Le</strong> dialogue entre les parties est<br />

gran<strong>de</strong>ment facilité si un mécanisme <strong>de</strong> rétention ou <strong>de</strong><br />

captive est mis en place au sein <strong>de</strong> l’entreprise. Couplé<br />

avec davantage <strong>de</strong> conseil en amont, il permet d’élaborer<br />

une stratégie efficace d’arbitrage et <strong>de</strong> mitigation <strong>de</strong> risque<br />

: le Cout Total du Risque est le juge <strong>de</strong> paix d’un renouvellement<br />

réussi ! . Donner plus <strong>de</strong> visibilité aux clients et<br />

leur donner le temps <strong>de</strong> se consacrer pleinement à leur<br />

risk-management passent également par la réussite <strong>de</strong><br />

reconduire <strong>de</strong>s affaires en accords <strong>de</strong> durée (LTA <strong>de</strong>ux ans).<br />

Plus que jamais, les courtiers jouent un rôle prépondérant<br />

aujourd’hui dans la co-construction <strong>de</strong> la vente<br />

du risque aux assureurs. Facilitateur qui rapproche les<br />

parties, il apporte d’une part, une véritable prestation<br />

<strong>de</strong> conseil, d’autre part un support actif pour ai<strong>de</strong>r à<br />

collecter – toujours plus – les données nécessaires.<br />

<strong>2021</strong> a marqué également l’arrivée <strong>de</strong> nouveaux acteurs<br />

sur le marché <strong>de</strong> l’assurance avec <strong>de</strong> nouvelles offres, <strong>de</strong><br />

nouvelles capacités et surtout une nouvelle façon d’envisager<br />

le marché ce qui va nous pousser une nouvelle fois<br />

à nous adapter à une situation qui évolue vite et qui rebat<br />

les cartes en matière d’accompagnement du client. L’arrivée<br />

<strong>de</strong> ces nouveaux fournisseurs qui augmentent les solutions


BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 45<br />

paix d’un renouvellement réussi ! »<br />

pour le financement <strong>de</strong>s risques à la disposition <strong>de</strong>s assurés<br />

est une opportunité pour le marché <strong>de</strong> se réinventer<br />

Après un démarrage faible en <strong>2021</strong>, l’économie française<br />

a rebondi sous l’effet <strong>de</strong> la moindre circulation épidémique,<br />

<strong>de</strong> l’accélération <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> vaccination<br />

et <strong>de</strong> l’assouplissement <strong>de</strong>s restrictions sanitaires. <strong>Le</strong>s<br />

mesures budgétaires soutiennent encore fortement la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> intérieure et permettent d’amoindrir considérablement<br />

les effets <strong>de</strong> la crise sur l’activité <strong>de</strong>s<br />

entreprises. La situation reste pour 2022 instable, la<br />

propagation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variants et la menace <strong>de</strong> nouvelles<br />

souches du virus ont accru l’incertitu<strong>de</strong> quant<br />

au temps nécessaire pour surmonter la pandémie.<br />

<strong>de</strong> l’assurance, certes chahuté, montre toutefois quelques<br />

perspectives rassurantes pour 2022 liées à l’augmentation<br />

<strong>de</strong> la masse assurable, <strong>de</strong>s évolutions législatives qui<br />

encouragent le recours à l’assurance privée (réforme <strong>de</strong><br />

la protection sociale dans la fonction publique). Dans ce<br />

contexte, les grands acteurs vont <strong>de</strong>voir s’adapter et évoluer<br />

rapi<strong>de</strong>ment pour adresser les défis qui vont se faire jour<br />

tels dans un environnement règlementaire qui se durcit.<br />

Si la reprise est en bonne voie pour tous les acteurs économiques<br />

en France, le chemin ne sera pas tout droit et<br />

se fera grâce à <strong>de</strong>s fondamentaux soli<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s équipes<br />

engagées au sein <strong>de</strong>s compagnies, chez les courtiers<br />

pour servir au mieux nos clients entreprises.<br />

L’année 2022 s’ouvre dans un contexte d’incertitu<strong>de</strong> sanitaire<br />

mais avec un redémarrage marqué <strong>de</strong> la croissance<br />

qui <strong>de</strong>vrait rester forte, un marché <strong>de</strong> l’emploi dynamique et<br />

<strong>de</strong> belles performances <strong>de</strong>s marchés financiers. <strong>Le</strong> marché<br />

BIO<br />

Cyrille<br />

<strong>de</strong> Montgolfier<br />

Directeur général <strong>de</strong> Gras Savoye Willis Towers Watson<br />

Âge : 60 ans<br />

Formation : SciencesPo, Université Paris 2 Pantheon-Assas,<br />

Ena<br />

Parcours : Cyrille <strong>de</strong> Montgolfier débute sa carrière en 1994 au<br />

commissariat à l’énergie atomique (CEA). Il prend en 1998 la<br />

DGA d’Axa Conseil, puis la direction <strong>de</strong> l’assurance vie d’Axa Winterthur<br />

huit ans plus tard. A la tête <strong>de</strong>s affaires européennes et<br />

institutionnelles du groupe entre 2012 et 2015, il rejoint ensuite<br />

la Parisienne Assurances comme directeur général jusqu’en<br />

2019. Après avoir fondé CM Conseil, et cofondé Nemrod Finance,<br />

Cyrille <strong>de</strong> Montgolfier est nommé en avril 2020 à la direction<br />

générale <strong>de</strong> Gras Savoye Willis Towers Watson.


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Espace online d’interaction<br />

entre assureurs et clients<br />

Innovation<br />

Lancement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> produits<br />

Assurance à l’usage<br />

Intégration <strong>de</strong> portefeuilles <strong>de</strong><br />

réassurance<br />

Amélioration <strong>de</strong> l’efficacité<br />

opérationnelle<br />

Mo<strong>de</strong>rnisation<br />

Distribution multicanal<br />

Gestion <strong>de</strong>s sinistres<br />

Gestion <strong>de</strong>s flottes d’entreprise<br />

Cessions et acceptations<br />

Simplification<br />

Gestion <strong>de</strong> l’assurance IARD<br />

Gestion <strong>de</strong> l’assurance santé,<br />

Prévoyance et emprunteur<br />

Gestion <strong>de</strong> la réassurance<br />

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GUIDE<br />

<strong>Le</strong>s coups <strong>de</strong> coeur innovation<br />

<strong>de</strong> la rédaction<br />

P.48<br />

FOCUS<br />

L’assurtech française compte<br />

<strong>de</strong>ux licornes<br />

P.49<br />

INFOGRAPHIE<br />

<strong>Le</strong> marché <strong>de</strong> l’assurtech en<br />

<strong>2021</strong><br />

P.50


48<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BILAN DE L’INNOVATION<br />

<strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> <strong>2021</strong> <strong>de</strong> l’innovation dans le secteu<br />

Malgré le contexte éminemment<br />

singulier, les assureurs ont continué<br />

d’innover en <strong>2021</strong>. Tour d’horizon<br />

<strong>de</strong>s nouveuax produits, partenariats<br />

naissants ou encore garanties originales<br />

qu’il ne fallait pas manquer<br />

dans les différentes branches du<br />

secteur <strong>de</strong> l’assurance.<br />

Par la rédaction <strong>de</strong> News Assurances<br />

Pro<br />

ASSURANCE VIE<br />

En <strong>2021</strong>, malgré un contexte <strong>de</strong> taux<br />

bas négatif continu, le marché <strong>de</strong><br />

l’assurance vie a repris <strong>de</strong>s couleurs.<br />

Avec un surplus d’épargne proche<br />

<strong>de</strong> 200 milliards d’euros en <strong>de</strong>ux<br />

ans, selon la Banque <strong>de</strong> France, les<br />

assureurs vie voient <strong>de</strong>s opportunités<br />

se <strong>de</strong>ssiner. De nouveaux contrats<br />

associés à <strong>de</strong>s solutions digitales<br />

plus rapi<strong>de</strong>s et moins coûteuses ont<br />

permis à certains acteurs <strong>de</strong> capter<br />

<strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché ainsi qu’une<br />

partie du capital qui n’attend que<br />

d’être réinvesti.<br />

Quelques nouveaux contrats , entités<br />

ou partenariats qui ont marqué <strong>2021</strong> :<br />

• Maif Vie - Maif Vie propose <strong>de</strong>puis<br />

le 1 er ocotbre une gamme <strong>de</strong> supports<br />

d’épargne en unités <strong>de</strong> comptes<br />

entièrement labellisée ISR (Investissement<br />

Socialement Responsable),<br />

Greenfin, Finansol et Relance•<br />

• Corum : Peut-on parler d’innovation<br />

? En vérité non, mais dans<br />

le contexte actuel, l’initiative est<br />

originale. Corum L’Épargne a ainsi<br />

annoncé le lancement d’un contrat<br />

d’assurance vie en euros. Une sortie<br />

<strong>de</strong> produit à contre-sens du marché<br />

qui cherche plutôt à se désengager<br />

du fonds euros.<br />

SANTÉ / PRÉVOYANCE<br />

Cette année encore, les contrats<br />

santé et prévoyance se sont enrichis<br />

<strong>de</strong> services innovants.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur<br />

• Angel : Service <strong>de</strong> conseil médical<br />

d’Axa Partners. L’assuré peut envoyer<br />

ses questions <strong>de</strong> santé par tchat et<br />

obtenir une réponse écrite rédigée<br />

par une équipe médicale pluri-disciplinaire.<br />

• Crédit Mutuel : Suppession du<br />

questionnaire <strong>de</strong> santé à remplir<br />

pour accé<strong>de</strong>r au crédit immobilier.<br />

<strong>Le</strong>s clients <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 62 ans<br />

et qui ont domicilié leurs revenus<br />

principaux <strong>de</strong>puis 7 ans pourront<br />

emprunter jusqu’à 500 000 euros<br />

sans aucune question sur leur état<br />

<strong>de</strong> santé pour l’acquisition <strong>de</strong> leur<br />

rési<strong>de</strong>nce principale.<br />

• Mutumutu : L’insurtech tchèque<br />

propose une assurance prévoyance<br />

digitalisée pour les indépendants<br />

comprenant un programme <strong>de</strong> récompense<br />

pour les plus actifs.<br />

• Port@bilité + : AG2R La Mondiale<br />

propose aux salariés en perte<br />

d’emploi un service d’information<br />

et d’accompagnement sur la portabilité<br />

<strong>de</strong>s droits.<br />

• Assurly : La jeune start-up spécialisée<br />

en assurance emprunteur<br />

propose <strong>de</strong> prendre en compte le<br />

nombre <strong>de</strong> pas réalisés chaque jour<br />

pour ajuster la prime d’assurance<br />

en emprunteur. La ristourne pourrait<br />

aller jusqu’à 20%. Pour cela il<br />

faudrait faire entre 10 000 et 11 000<br />

pas par jour.<br />

IARD<br />

Au sortir d’un exercice 2020 largement<br />

freiné par la crise Covid, les<br />

acteurs <strong>de</strong> l’assurance dommages<br />

ont eu à cœur <strong>de</strong> remettre l’innovation<br />

au centre <strong>de</strong> leurs stratégies<br />

<strong>de</strong> reprise.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />

• Stoïk : Nouvelle offre cyber à <strong>de</strong>stinations<br />

<strong>de</strong>s PME qui associe un<br />

produit d’assurance et logiciel <strong>de</strong><br />

sécurité.<br />

• Atekka : Offre digitale d’assurance<br />

modulable à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s agri-<br />

culteurs<br />

• Crédit Agricole Assurances - Eko :<br />

offre d’assurance auto inclusive, à<br />

prix attractif, qui s’articule autour<br />

du climat, <strong>de</strong> la cohésion sociale<br />

et <strong>de</strong>s transitions agricole et agroalimentaire.<br />

• MMA – Certi<strong>de</strong>vis : service garantissant<br />

aux artisans du BTP et<br />

à leurs clients que les travaux prévus<br />

dans leurs <strong>de</strong>vis sont couverts par<br />

la garantie décennale.<br />

• MAE : La mutuelle a noué un partenariat<br />

avec la start-up Mila spécialisée<br />

dans l’accompagnement <strong>de</strong>s<br />

enfants concernés par <strong>de</strong>s troubles<br />

« dys » (dyslexie, dysorthographie<br />

et dyscalculie).<br />

• Marion la main tendue - Kolibri :<br />

assurance contre le risque <strong>de</strong> harcèlement<br />

scolaire et <strong>de</strong> cyberharcèlement,<br />

en partenariat avec Wakam.<br />

• Moonshot Insurance - Bodyguard.<br />

ai : Solution préventive contre le<br />

cyber harcèlement.<br />

ASSISTANCE<br />

Dans l’assistance, les principaux<br />

acteurs ont également fait preuve<br />

d’une certaine dynamique après une<br />

année singulière.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />

• Fidélia Assistance - Digi’VHR : permet<br />

aux assurés auto <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

par SMS un véhicule <strong>de</strong> remplacement<br />

en selfcare à la suite du remorquage<br />

<strong>de</strong> leur voiture en panne.<br />

• Europ Assistance & Supertripper<br />

- SuperCare : assurance dédiée aux<br />

voyageurs d’affaires avec assistance<br />

en cas <strong>de</strong> maladie ou blessure, prise<br />

en charge <strong>de</strong>s frais médiacux, remboursement<br />

<strong>de</strong>s imprévus aériens<br />

et avant le départ.<br />

• Opteven - Digital Factory : Plateforme<br />

visant à imaginer et mettre<br />

en œuvre <strong>de</strong>s solutions technologiques<br />

innovantes pour améliorer<br />

l’expérience d’assistance.<br />

• Mondial Assistance : L’assisteur<br />

lance Clarity, un service d’accom-


BILAN DE L’INNOVATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 49<br />

r <strong>de</strong> l’assurance<br />

pagnement sur les démarches <strong>de</strong><br />

travaux <strong>de</strong> rénovation énergétique,<br />

du diagnostic <strong>de</strong> performance énergétique<br />

à la livraison <strong>de</strong>s travaux.<br />

GRANDS RISQUES<br />

Du côté <strong>de</strong>s risques professionnels,<br />

les principaux acteurs ont focalisé<br />

leurs innovations sur l’amélioration<br />

<strong>de</strong>s pratiques, notamment face à <strong>de</strong>s<br />

risques potentiellement systémiques.<br />

Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />

• Cabinet Roux - Senoee : plateforme<br />

SaaS s’appuyant sur la data pour<br />

permettre aux risk managers d’estimer<br />

et <strong>de</strong> valoriser leur patrimoine<br />

industriel partout dans le mon<strong>de</strong>.<br />

•Hiscox & Continuity : solution<br />

d’ai<strong>de</strong> à la souscription <strong>de</strong> contrats<br />

d’assurance basée sur le traitement<br />

automatique du langage (NLP) par<br />

l’intelligence artificielle.<br />

• Ask & Caarl - Ask Me : accompagnement<br />

personnalisé pour les<br />

conducteurs dans le but <strong>de</strong> préserver<br />

leur mobilité et <strong>de</strong> réduire la sinistralité<br />

<strong>de</strong>s flottes.<br />

• FM Global - Remote Servicing :<br />

Application mobile développée par<br />

l’assureur pour permettre à ses<br />

ingénieurs <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s visites<br />

virtuelles sur les sites <strong>de</strong> ses clients.<br />

RETRAITE<br />

Que dire sur l’épargne retraite si ce<br />

n’est que <strong>2021</strong> aura été une année<br />

marquée par les nombreuses sorties<br />

<strong>de</strong> Plans épargne retraite (PER) et<br />

plus particulièrement <strong>de</strong> PER Individuel.<br />

Ce sont d’ailleurs plutôt les<br />

mutualistes qui ont animé le marché.<br />

<strong>Le</strong> secteur s’est mis en ordre <strong>de</strong><br />

marche dans la droite lignée <strong>de</strong> la<br />

réforme impulsée par la loi Pacte et<br />

le ministre <strong>de</strong> l’Économie.<br />

Peu d’innovations sur ce secteur<br />

particulier <strong>de</strong> l’assurance.<br />

LES INCLASSABLES<br />

• Nostrum Care : La jeune start-up<br />

lance une assurance présenté comme<br />

une cagnotte. Elle propose en fait <strong>de</strong>s<br />

forfaits sur différentes dépenses <strong>de</strong><br />

santé. Plus le prix <strong>de</strong> l’abonnement<br />

est éleve, plus le forfait l’est aussi.<br />

L’assurtech française compte <strong>de</strong>ux licornes<br />

L’assurtech française aura été<br />

particulièrement dynamique en <strong>2021</strong>.<br />

Deux d’entre elles sont entrées dans<br />

le cercle très fermé <strong>de</strong>s licornes.<br />

Par Florian Delambily<br />

Alan et Shift Technology<br />

rejoignent le troupeau <strong>de</strong>s<br />

licornes françaises. C’est le<br />

jeune assureur santé français qui<br />

ouvre le bal. <strong>Le</strong> 19 avril <strong>de</strong>rnier, il<br />

annonce avoir bouclé une nouvelle<br />

levée <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> 185 millions d’euros.<br />

L’opération valorise Alan à 1,4 milliard<br />

d’euros. Ce tour <strong>de</strong> table est mené par<br />

Coatue Management avec Dragoneer<br />

et Exor. In<strong>de</strong>x Ventures, Ribbit Capital<br />

et Temasek renouvellent également<br />

leur confiance à l’équipe<br />

Depuis sa création en 2016, la<br />

compagnie avait déjà levé près <strong>de</strong><br />

125 millions d’euros. En 2020, elle<br />

affiche une croissance <strong>de</strong> 100% <strong>de</strong> son<br />

activité. Elle fait ainsi état <strong>de</strong> revenus<br />

annuels à 100 millions d’euros pour<br />

155 000 assurés en portefeuille.<br />

Avec cette opération, l’assureur, qui<br />

compte aujourd’hui 350 salariés,<br />

ambitionne <strong>de</strong> recruter 400 autres<br />

collaborateurs « notamment pour ses<br />

équipes internationales dont l’effectif<br />

passera <strong>de</strong> 30 à 140. Alan prévoit <strong>de</strong><br />

couvrir 1 million <strong>de</strong> personnes d’ici<br />

2023 et d’être rentable en France<br />

d’ici <strong>de</strong>ux ans », pointe Jean-Charles<br />

Samuelian, son cofondateur. Malgré sa<br />

croissance à trois chiffres, la start-up<br />

affichait un résultat net déficitaire <strong>de</strong><br />

32 millions d’euros en 2020.<br />

220 millions d’euros pour Shift<br />

Technology<br />

Quelques semaines après Alan, c’est<br />

donc au tour <strong>de</strong> Shift Technology <strong>de</strong><br />

dépasser le milliard <strong>de</strong> valorisation.<br />

La jeune assurtech spécialisée<br />

dans la lutte contre la frau<strong>de</strong> et<br />

l’automotisation <strong>de</strong>s tâches réalisées<br />

par les assureurs annonce en effet<br />

le 19 mai une levée <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> 220<br />

millions d’euros.<br />

Ce nouveau tour d’investissement a<br />

été mené par le fonds d’investissement<br />

américain Advent International. Avenir<br />

Growth et Bpifrance entrent également<br />

au capital.<br />

Avec cette manne financière,<br />

l’assurtech créée en 2014 souhaite<br />

recruter 300 spécialistes du traitement<br />

<strong>de</strong> la donnée, les fameux data<br />

scientists que tout le mon<strong>de</strong> s’arrache,<br />

d’ici <strong>de</strong>ux ans. L’objectif est <strong>de</strong> créer, en<br />

France, « le plus gros pôle mondial <strong>de</strong><br />

science <strong>de</strong> la donnée dédié au secteur<br />

<strong>de</strong> l’assurance », selon son directeur<br />

général Jeremy Jawish.


TRIBUNE<br />

<br />

« <strong>Le</strong>s<br />

<br />

nouveaux intervenants ont l’avant<br />

735<br />

2.071M euros<br />

Par Philippe<br />

<br />

Mangematin, co-fondateur<br />

<br />

et directeur<br />

3ème<br />

26.878<br />

« L’année écoulée nous aura apporté la preuve <strong>de</strong> la matérialisation soudaine <strong>de</strong><br />

<br />

<br />

risques encore jamais vus dans leurs ampleurs »


age <strong>de</strong> la page blanche »<br />

88<br />

général <strong>de</strong> Seyna<br />

<br />

587M d'euros<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

24<br />

<br />

24<br />

BIO<br />

<br />

<br />

23<br />

Prénom<br />

Nom<br />

Fonction ici<br />

<br />

<br />

10<br />

7<br />

Formation : HEC, Institut <strong>de</strong>s Actuaires, Centre d’étu<strong>de</strong>s actuarielles<br />

Parcours : Philippe Mangematin entame sa carrière dans le<br />

conseil comme senior consultant financial institutions chez<br />

A.T Kearney. Il y reste presque 3 ans, avant <strong>de</strong> prendre, en<br />

2011, le poste d’analyste stratégie chez BNP Paribas Corporate<br />

and Insitutionnal Banking.<br />

Après environ une année, il <strong>de</strong>vient consultant actuaire vie et<br />

non vie chez Milliman. Il intègre alors, en 2016, Swiss Re. Il y<br />

officie en tant que senior client manager. Puis, en 2018, il se<br />

lance dans l’aventure Seyna, première compagnie d’assurance<br />

<br />

Source : Francefintech.org<br />

agréée par l’ACPR en non vie <strong>de</strong>puis la Mutuelle <strong>de</strong>s Motards.


52 BILAN DE L’INNOVATION


BILAN DE L’INNOVATION<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

53<br />

Ces jeunes pousses qui <strong>de</strong>viennent assureurs<br />

En <strong>2021</strong>, <strong>de</strong>ux start-up ont obtenu<br />

leur agrément pour opérer comme<br />

assureur. 2022 pourrait bien être au<br />

moins aussi prolifique.<br />

Par Florian Delambily<br />

Alan en 2016 et Seyna en 2019<br />

ont ouvert la voie au bouillonnant<br />

marché <strong>de</strong> l’insurtech en<br />

France. Pour l’ACPR, les dossiers<br />

d’agrément déposés par les <strong>de</strong>ux<br />

jeunes compagnies dirigées respectivement<br />

par Jean-Charles Samuelian<br />

et Stephen <strong>Le</strong>guillon étaient les<br />

premiers <strong>de</strong>puis trois décennies sur<br />

les segments <strong>de</strong> la santé et du Iard.<br />

Mais <strong>de</strong>puis, les dossiers affluent sur<br />

le bureau <strong>de</strong> l’autorité. MIC Insurance<br />

Company a obtenu son sésame à la<br />

fin <strong>de</strong> l’année 2020. Puis ce fut au tour<br />

d’Acheel et <strong>de</strong> Mila en <strong>2021</strong>.<br />

Acheel est une assurtech évoluant sur<br />

le marché <strong>de</strong> l’assurance dommages.<br />

Début <strong>2021</strong>, la structure dirigée par<br />

Ralph Ruimy lève 29 millions d’euros<br />

auprès <strong>de</strong> NJJ (holding <strong>de</strong> Xavier Niel),<br />

<strong>de</strong> Serena et <strong>de</strong> Portag3 Ventures.<br />

Ses fonds propres constitués, elle a<br />

pu finaliser sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément<br />

publiée au Journal officiel du 14 mai.<br />

De son côté, Mila a obtenu le feu<br />

vert <strong>de</strong> l’ACPR pour opérer comme<br />

compagnie d’assurance le 20 octobre.<br />

Fondée par Gérard Deray, un ancien<br />

dirigeant du coutier en immobilier<br />

Interassurance et Jean Boucher, exresponsable<br />

<strong>de</strong> l’expérience client,<br />

du big data et <strong>de</strong> l’intelligence artificielle<br />

chez Allianz France, la jeune<br />

insurtech est incubée par le Swave,<br />

une plateforme dédiée à la fintech,<br />

l’insurtech et la paytech.<br />

Mila vise à déployer <strong>de</strong>s systèmes<br />

d’information connectés et intégrés<br />

pour faciliter les échanges avec tous<br />

les acteurs <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> l’assurance.<br />

Ces SI sont <strong>de</strong>stinés à offrir <strong>de</strong>s<br />

services et <strong>de</strong>s produits pour mieux<br />

maîtriser les risques. Comme Acheel,<br />

Mila a bouclé une levée <strong>de</strong> fonds en<br />

amont <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément<br />

afin d’avoir les fonds propres nécessaires<br />

pour opérer comme porteur <strong>de</strong><br />

risques. <strong>Le</strong> tour <strong>de</strong> table a dépassé<br />

la dizaine <strong>de</strong> millions d’euros.<br />

Pourquoi se faire agréer ?<br />

Cette vague d’agréments interroge<br />

parfois les acteurs traditionnels <strong>de</strong><br />

l’assurance. « Je ne comprends pas<br />

l’intérêt qu’ont les insurtech à avoir un<br />

bilan d’assurance. L’activité qu’ellesportent<br />

aurait très bien pu être gérée<br />

par un statut <strong>de</strong> courtier. <strong>Le</strong>s porteurs<br />

<strong>de</strong> risques sont légion et nous avons<br />

une surcapacité d’assurance en France.<br />

Aucune <strong>de</strong> ces start-up n’a fait, à ce<br />

jour, <strong>de</strong> vraie révolution tarifaire. Je<br />

me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quel est le sens <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’agrément porteuses <strong>de</strong><br />

coûts, qui nécessitent <strong>de</strong>s capitaux<br />

significatifs avec un retour sur capital<br />

très inférieur à celui que peuvent avoir<br />

<strong>de</strong>s intermédaires », lançait Sylvain<br />

Coriat, membre du comité exécutif<br />

d’Allianz France en charge <strong>de</strong>s assurances<br />

<strong>de</strong> personnes dans l’émission<br />

Cuisinons-<strong>Le</strong>s.<br />

Pour les start-up, il s’agit avant tout<br />

<strong>de</strong> maîtriser l’intégralité <strong>de</strong> la chaîne<br />

<strong>de</strong> valeur sans avoir à rendre compte<br />

à un porteur <strong>de</strong> risques tout en gardant<br />

le secret <strong>de</strong> leur technologie.<br />

« Devenir porteurs <strong>de</strong> risques nous<br />

permettrait <strong>de</strong> remplir pleinement notre<br />

objectif qui est <strong>de</strong> disrupter ce marché<br />

<strong>de</strong> l’assurance emprunteur, mais dans<br />

sa partie back office, grâce à notre<br />

outil <strong>de</strong> sinistralité prédicitive baptisé<br />

Agatha », explique ainsi Toufik Gozim,<br />

fondateur d’Assurly.<br />

Des candidats pour 2022<br />

Assurly fait d’ailleurs partie <strong>de</strong>s candidats<br />

à l’agrément pour <strong>de</strong>venir compagnie<br />

d’assurance. À l’heure où nous<br />

écrivons ces lignes, la jeune assuretch<br />

bouclait une levée <strong>de</strong> fonds pour obtenir<br />

le niveau <strong>de</strong> fonds propres requis<br />

pour avoir le tampon <strong>de</strong> l’ACPR. Un<br />

souci que n’a pas <strong>Le</strong>ocare. La structure<br />

dirigée par Christophe Dandois<br />

a levé 110 millions <strong>de</strong> dollars à la fin<br />

du mois <strong>de</strong> novembre.<br />

Aujourd’hui courtier, et revandiquant<br />

60 000 clients pour un chiffre d’affaires<br />

<strong>de</strong> 27 millions d’euros, la pépite spécialisée<br />

en assurance dommages se<br />

projette sur 2022 avec l’ambition <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir porteur <strong>de</strong> risques. « Sans<br />

présager <strong>de</strong> ce que nous serons à<br />

horizon 2025, nous réflechissons<br />

à <strong>de</strong>venir nous-mêmes porteurs <strong>de</strong><br />

risques et nous travaillons dans ce<br />

sens », indiquait Christophe Dandois,<br />

dans nos colonnes.<br />

D’autres candidats, qui souhaitent<br />

rester anonymes envisagent aussi<br />

<strong>de</strong> déposer un dossier à l’ACPR. <strong>Le</strong><br />

régulateur ne <strong>de</strong>vrait pas chômer dans<br />

les mois à venir.


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TROMBI<br />

<strong>Le</strong>s nominations marquantes<br />

<strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong><br />

P.56<br />

BILAN<br />

<strong>Le</strong>s mariages et les divorces<br />

<strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong><br />

P.58


56 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong><br />

<strong>Le</strong>s nominations qui ont marqué l’année<br />

BRUNO<br />

ANGLES<br />

Directeur général d’AG2R La<br />

Mondiale<br />

Nommé directeur général délégué<br />

d’AG2R La Mondiale en avril,<br />

il est désigné pour prendre la<br />

direction générale du groupe à<br />

compter du 1 er mai 2022.<br />

ÉRIC<br />

CHENUT<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la FNMF<br />

Éric Chenut a été élu prési<strong>de</strong>nt la<br />

Fédération nationale <strong>de</strong> la Mutualité<br />

française (FNMF) le 5 octobre<br />

<strong>de</strong>rnier avec 71,5% <strong>de</strong>s voix. Il<br />

est le 13 e prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la FNMF.<br />

PATRICK<br />

COHEN<br />

Directeur général d’Axa France<br />

<strong>Le</strong> 25 mars <strong>2021</strong>, Patrick Cohen,<br />

alors directeur général d’Axa en<br />

Italie prend les rênes d’Axa en<br />

France. Il remplace Jacques <strong>de</strong><br />

Peretti.<br />

STÉPHANE<br />

DEDEYAN<br />

Directeur général <strong>de</strong> CNP Assurances<br />

Depuis le 16 avril, Stéphane<br />

De<strong>de</strong>yan est directeur général <strong>de</strong><br />

CNP Assurances. Il succè<strong>de</strong> à<br />

Antoine Lissowski qui a fait valoir<br />

ses droits à la retraite.<br />

PETRA<br />

HIELKEMA<br />

Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’Eiopa<br />

Néerlandaise, Petra Hielkema accè<strong>de</strong><br />

à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’Eiopa,<br />

superviseur européen <strong>de</strong>s assurances,<br />

au mois <strong>de</strong> septembre,<br />

pour un mandat <strong>de</strong> 5 ans.<br />

STÉPHANE<br />

JUNIQUE<br />

Prési<strong>de</strong>nt du groupe Vyv<br />

<strong>Le</strong> 7 juin, le conseil d’administration<br />

du groupe Vyv a élu Stéphane<br />

Junique pour prési<strong>de</strong>r aux<br />

<strong>de</strong>stinées du groupe mutualiste. Il<br />

succè<strong>de</strong> à Thierry Beau<strong>de</strong>t.


BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong> WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 57<br />

<strong>2021</strong> dans le secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />

PHILIPPE-MICHEL<br />

LABROSSE<br />

Directeur général d’Abeille<br />

Assurances<br />

Philippe-Michel Labrosse<br />

hérite <strong>de</strong> la direction générale<br />

d’Aviva France <strong>de</strong>venu Abeille<br />

Assurances après son rachat par<br />

Aéma Groupe.<br />

PAULINE<br />

LECLERC-GLORIEUX<br />

Directrice générale <strong>de</strong> BNP<br />

Paribas Cardif<br />

Depuis le 19 mai, Pauline <strong>Le</strong>clerc-<br />

Glorieux est directrice générale<br />

<strong>de</strong> BNP Paribas Cardif. Elle<br />

rejoint également le comex du<br />

groupe bancaire.<br />

ÉRIC<br />

LECUYER<br />

Directeur général <strong>de</strong> MMA<br />

Éric <strong>Le</strong>cuyer prend du galon au<br />

sein du groupe Covéa. Il a ainsi<br />

pris la direction générale <strong>de</strong><br />

MMA Assurances au mois <strong>de</strong><br />

septembre <strong>de</strong>rnier.<br />

DELPHINE<br />

MAISONNEUVE<br />

Directrice générale du groupe Vyv<br />

Transfuge du groupe Axa, Delphine<br />

Maisonneuve est nommée<br />

directrice générale du groupe<br />

Vyv en juin en remplacement <strong>de</strong><br />

Stéphane De<strong>de</strong>yan.<br />

LAURENT<br />

ROUSSEAU<br />

Directeur général <strong>de</strong> Scor<br />

Au début <strong>de</strong> l’été, Laurent Rousseau<br />

prend la direction générale<br />

du réassureur Scor. Il succè<strong>de</strong> à<br />

Denis Kessler qui reste prési<strong>de</strong>nt<br />

du groupe.<br />

MARIE<br />

SOYER-CONTENT<br />

Directrice générale d’Alptis<br />

Assurances<br />

Après 13 ans chez Alptis, Marie<br />

Soyer-Content est promue au<br />

poste <strong>de</strong> directrice générale<br />

du courtier grossiste Alptis<br />

Assurances.


58<br />

WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />

BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong><br />

Ils se sont dit oui ou...<br />

Au cours <strong>de</strong> l’année écoulée, le nom<br />

d’assureur le plus souvent prononcé<br />

au cours <strong>de</strong> rapprochements et <strong>de</strong>s<br />

acquisitions a sans doute été celui<br />

<strong>de</strong> la Macif.<br />

Par Séverine Charon<br />

Macif a ouvert le bal <strong>de</strong>s annonces<br />

en tout début d’année<br />

via l’officialisation du rapprochement<br />

avec le spécialiste <strong>de</strong> la<br />

santé Aesio, pour donner naissance à<br />

Aéma Groupe. Après quelques mois<br />

<strong>de</strong> suspense, Macif a franchi une nouvelle<br />

étape en emportant la mise au<br />

mois <strong>de</strong> mai auprès d’Aviva. <strong>Le</strong> mutualiste<br />

a mis 3,2 milliards d’euros sur la<br />

table pour prendre les comman<strong>de</strong>s<br />

du réseau d’agents d’Aviva France<br />

et <strong>de</strong> l’Afer, la première association<br />

d’épargnants <strong>de</strong> France. Une structure<br />

qui gère l’épargne <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 756 000<br />

membres.<br />

Au commencement <strong>de</strong> l’été, c’est<br />

encore du côté <strong>de</strong> Niort que <strong>de</strong>s<br />

bans sont publiés, avec l’annonce<br />

<strong>de</strong> l’adossement du spécialiste <strong>de</strong>s<br />

collectivités locales, la Smacl, à la<br />

Maif. <strong>Le</strong> rapprochement s’est concrétisé<br />

en octobre, la Maif apportant 180<br />

millions d’euros pour solvabiliser la<br />

structure - le groupe Vyv participe<br />

aussi en apportant 5 millions.<br />

En octobre, du côté <strong>de</strong> la mutualité, les<br />

<strong>de</strong>ux poids moyens CCMO et Mutuelles<br />

du Soleil ont annoncé leur volonté<br />

<strong>de</strong> tisser un partenariat en créant le<br />

Cercle Innovation et Partage, « une<br />

association <strong>de</strong> réflexion sur les enjeux<br />

opérationnels <strong>de</strong>s mutuelles ».<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> mutualiste n’est jamais<br />

avare <strong>de</strong> rebondissements, et il faudra<br />

attendre pour savoir comment<br />

évolue ce projet entre CCMO, mutuelle<br />

active surtout dans la moitié nord <strong>de</strong><br />

la France, dont le prési<strong>de</strong>nt a brigué<br />

la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la FNMF et la très<br />

sudiste Mutuelles du soleil,… qui a<br />

quitté la FNMF en septembre.<br />

En octobre toujours, le courtage a vu<br />

son grand mariage être inscrit dans<br />

le marbre. Deux champions français<br />

du courtage, Diot-LSN et Siaci Saint-<br />

Honoré, se sont unis après avoir eu<br />

le feu vert <strong>de</strong> l’Union européenne et<br />

<strong>de</strong>s différentes tutelles du secteur. Un<br />

nouvel ensemble qui pèse près <strong>de</strong> 700<br />

millions <strong>de</strong> chiffre d’affaires et 5 000<br />

collaborateurs et prétend au titre <strong>de</strong><br />

premier courtier européen est né un<br />

peu plus d’un an après les premières<br />

indiscrétions sur ce rapprochement.<br />

En novembre, <strong>de</strong>s assureurs privés<br />

qui ont fait l’actualité <strong>de</strong>s mariages<br />

avec une opération ron<strong>de</strong>ment menée<br />

: l’acquisition <strong>de</strong> la Médicale par<br />

Generali auprès <strong>de</strong> Crédit Agricole<br />

Assurances a été officialisée quelques<br />

jours seulement après avoir fuité dans<br />

la presse. La Médicale <strong>de</strong>vrait intégrer<br />

le groupe vers la mi-2022.<br />

L’année <strong>2021</strong> aura aussi montré que<br />

<strong>de</strong>s projets durent beaucoup plus longtemps<br />

mais que la persévérance peut<br />

payer ! Après une tentative ratée <strong>de</strong><br />

rapprochement avec Scor en 2018,<br />

qui n’a trouvé son épilogue que cette<br />

année au terme <strong>de</strong> combats judiciaires<br />

épiques et tendus, tout porte à croire<br />

que Covéa va bien réussir à prendre<br />

pied dans la réassurance ! Suite à un<br />

premier échec en 2020, les groupes<br />

Exor et Covéa se sont entendus pour<br />

que le premier cè<strong>de</strong> Partner Re au<br />

second pour 9 milliards <strong>de</strong> dollars<br />

(7,8 milliards d’euros). La clôture <strong>de</strong><br />

la transaction est prévue pour la mi<br />

2022.<br />

Début décembre également, AG2R La<br />

Mondiale et Intériale ont fait savoir<br />

qu’ils franchissaient un pas décisif<br />

puisque leurs instances avaient confir-


BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong> WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 59<br />

non en <strong>2021</strong><br />

mé le principe d’un rapprochement<br />

grâce à l’adhésion d’Intériale à AG Mut,<br />

le pôle mutualiste du GPS, dès 2022.<br />

L’entrée dans la SGAPS pru<strong>de</strong>ntielle<br />

n’interviendrait en revanche que dans<br />

un <strong>de</strong>uxième temps dont le calendrier<br />

n’a pas été arrêté.<br />

PSC mon amour<br />

La réforme <strong>de</strong> la protection sociale<br />

complémentaire (PSC) <strong>de</strong>s fonctionnaires<br />

suscite <strong>de</strong>s velléités <strong>de</strong><br />

rapprochements et <strong>de</strong> collaborations<br />

tous azimuts. <strong>Le</strong> sujet est au cœur <strong>de</strong><br />

l’union AG2R La Mondiale – Intériale,<br />

mais explique aussi le partenariat<br />

entre MGEN et Sham dans la fonction<br />

publique hospitalière, et les projets<br />

d’Aésio avec Territoria Mutuelle, la<br />

Mutuelle <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> la Vienne<br />

(MHV) et la Mgas, qui se coordonne<br />

dans une UGM.<br />

À l’écart <strong>de</strong> ce rallye, reste encore et<br />

toujours les catherinettes <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s mutuelles issues <strong>de</strong> la fonction<br />

publique, la Mutuelle nationale <strong>de</strong>s<br />

hospitaliers (MNH) et la Mutuelle<br />

Générale. Gérard Vui<strong>de</strong>pot, 72 ans,<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la MNH <strong>de</strong>puis 24 ans,<br />

a démissionné en septembre <strong>de</strong>rnier<br />

et Patrick Sagon, 68 ans, aux comman<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> la Mutuelle Générale a<br />

pris un peu <strong>de</strong> champ. On peut donc<br />

légitimement parier que leurs noms<br />

figureront peut-être sur un carnet <strong>de</strong><br />

bal en 2022 ?<br />

Du côté <strong>de</strong>s séparations, l’année<br />

<strong>2021</strong> aura été marquée par un divorce<br />

retentissant entre <strong>de</strong>ux géants<br />

du courtage.<br />

Par Séverine Charon<br />

Deux ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> rebondissements<br />

! <strong>Le</strong> projet d’acquisition<br />

<strong>de</strong> Willis Towers Watson<br />

(groupe auquel appartient Gras<br />

Savoye <strong>de</strong>puis 2015) par Aon, aura<br />

mis <strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>mi à capoter définitivement.<br />

Après avoir obtenu non sans peine<br />

l’aval <strong>de</strong> la Commission européenne,<br />

les <strong>de</strong>ux futurs partenaires ont renoncé<br />

après avoir eu connaissance<br />

d’une plainte du département <strong>de</strong> la<br />

Justice Américain (DOJ) déposée en<br />

juin. Dans l’histoire, Gras Savoye a été<br />

très chahuté et plusieurs départs <strong>de</strong><br />

dirigrants historiques sont intervenus<br />

dans la foulée.<br />

En mai, Willis Towers Watson avait<br />

annoncé la cession <strong>de</strong> 3,6 milliards<br />

<strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> ses actifs au courtier<br />

américain Gallagher en vue <strong>de</strong> préparer<br />

la fusion avec Aon, au nombre<br />

<strong>de</strong>squels Gras Savoye. L’échec du<br />

grand mariage a fait capoter la cession<br />

<strong>de</strong> Gras Savoye à Gallagher.<br />

VOIR AILLEURS<br />

Fait marquant, l’année 2020 a été le<br />

théâtre <strong>de</strong> plusieurs acquisitions qui<br />

attestent <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong>s assureurs<br />

d’aller chasser hors <strong>de</strong> leurs terres.<br />

On peut ainsi citer l’incursion <strong>de</strong> la Macif<br />

dans le courtage en crédit immobilier, avec<br />

une participation majoritaire au capital<br />

<strong>de</strong> Crédit Expert. L’idée ne serait pas <strong>de</strong><br />

vendre <strong>de</strong> l’assurance emprunteur – ce<br />

que fait déjà Macif avec un certain succès<br />

avec Securimut, mais d’offrir un nouveau<br />

service à ses clients.<br />

De son côté, la Maif a acquis 82% du<br />

capital <strong>de</strong> la Camif, « entreprise française<br />

<strong>de</strong> commerce en ligne spécialisée<br />

dans l’aménagement local et durable <strong>de</strong><br />

la maison », pour l’ai<strong>de</strong>r poursuivre sa<br />

croissance.<br />

Treize ans après sa faillite, l’ex-centrale<br />

d’achat <strong>de</strong>s sociétaires <strong>de</strong> la Maif (Camif),<br />

retourne dans le giron <strong>de</strong> la mutuelle<br />

niortaise. Sur un autre registre, AG2R La<br />

Mondiale a acquis cette année auprès<br />

<strong>de</strong> Nexity un spécialiste <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces<br />

services seniors, Ægi<strong>de</strong>-Domitys, avec<br />

conclusion d’un partenariat visant à doubler<br />

cette activité d’ici à 2025.

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