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Sommaire<br />
PP. 4-5<br />
POINT DE VUE<br />
Tribune d’Éric Chenut<br />
PP. 6-14<br />
RÈGLEMENTATION<br />
Rétro<br />
Une année <strong>de</strong> réglementation<br />
La réforme du courtage est enfin sur<br />
les rails<br />
Tribune <strong>de</strong> Jean-Paul Faugère<br />
PP. 15-21<br />
DOMMAGES<br />
Assurance agricole : <strong>Le</strong>s assureurs<br />
prêts à suivre le sillon <strong>de</strong> la réforme ?<br />
Sécheresse : Coût <strong>de</strong> chaud pour les<br />
assureurs<br />
Tribune <strong>de</strong> Fabien Cazes<br />
PP. 22-32<br />
ASSURANCE VIE<br />
<strong>Le</strong>s frais <strong>de</strong>s PER passés au crible en<br />
<strong>2021</strong><br />
Tous les ren<strong>de</strong>ments dévoilés en <strong>2021</strong><br />
Tribune <strong>de</strong> Stéphane Dessirier<br />
PP. 33-39<br />
ASSURANCE DE<br />
PERSONNES<br />
<strong>Le</strong> scénario catastrophe<br />
<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Sécu<br />
Fonction publique, la réforme qui peut<br />
rebattre les cartes<br />
<strong>Le</strong>s complémentaires ont évité une<br />
hausse <strong>de</strong> la taxe covid en <strong>2021</strong><br />
Tribune <strong>de</strong> Patrick Brothier<br />
PP. 40-46<br />
GRANDS RISQUES<br />
Renouvellements <strong>2021</strong> à feu et à sang<br />
Tribune <strong>de</strong> Cyrille <strong>de</strong> Montgolfier<br />
PP. 47-54<br />
INNOVATION<br />
<strong>Le</strong>s coups <strong>de</strong> coeur innovation <strong>de</strong> la<br />
rédaction<br />
L’assurtech française compte <strong>de</strong>ux<br />
licornes<br />
PP. 55-59<br />
BONUS/MALUS<br />
<strong>Le</strong>s nominations marquantes <strong>de</strong> l’année<br />
<strong>2021</strong><br />
News Assurances Pro est un magazine édité par Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS, 508488905 RCS P Paris /// Adresse<br />
<strong>de</strong> la rédaction : Seroni Interactive - 11 passage Saint-Pierre Amelot 75011 PARIS / Tél : 01 45 88 98 94 / contact@news-assurances.com /// Directeur <strong>de</strong><br />
la publication : Sébastien Jakobowski / sjakobowski@seroni.fr /// Rédacteur en chef : Florian Delambily /// Rédactrice en chef adjointe : Mariona Vivar ///<br />
Ont contribué à ce numéro : Thierry Gouby, Mathil<strong>de</strong> Castagna et Séverine Charon /// Partenariats et communication : Directeur : Sébastien Jakobowski /<br />
sjakobowski@seroni.fr /// Imprimé par : 3ma Group - 9 rue Manfred Behr - 68250 Rouffach /// Dépôt légal : à parution /// CPPAP : 0322 W 91666 /// ISSN : 2119-<br />
4440/numéro <strong>de</strong> déclaration : 10000000043815 /// Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse <strong>de</strong> l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
4<br />
4WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
TRIBUNE SPÉCIALE BILAN DE L’ANNÉE<br />
« La soutenabilité <strong>de</strong> notre m<br />
« <strong>Le</strong> modèle <strong>de</strong> protection sociale est face à un triple enjeu : retrouver le fil <strong>de</strong> la vie<br />
démocratique, accompagner le vieillissement <strong>de</strong> la population et éviter que les générations<br />
ne s’opposent »<br />
<strong>2021</strong> s’achève alors que l’épidémie <strong>de</strong> Covid se<br />
poursuit, tout comme se confirment, chaque jour<br />
un peu plus les besoins <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> santé.<br />
Ceux-ci, i<strong>de</strong>ntifiés <strong>de</strong> longue date, questionnent la soutenabilité<br />
<strong>de</strong> notre modèle social au moment où il doit faire<br />
face à <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur : démographiques,<br />
numériques, environnementaux. Un modèle social en<br />
quête <strong>de</strong> moyens, <strong>de</strong> vision et <strong>de</strong> souffle démocratique.<br />
Car s’imposent aujourd’hui à notre société <strong>de</strong>s questions<br />
qui méritent <strong>de</strong>s réponses élaborées collectivement.<br />
Alors que <strong>de</strong>s groupes sociaux ayant <strong>de</strong>s conceptions du<br />
mon<strong>de</strong> différentes ont toujours plus tendance à s’opposer<br />
plutôt qu’à s’accor<strong>de</strong>r, la démocratie en santé revêt un<br />
caractère central et constitue un levier indispensable<br />
pour abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s questions éthiques telles la fin <strong>de</strong><br />
vie, la santé environnementale ou encore les données<br />
<strong>de</strong> santé, qui occupent une place centrale.<br />
Pour éviter <strong>de</strong> nouvelles ruptures d’égalité dans l’accès<br />
aux droits, pour permettre aux acteurs d’innover, il est<br />
primordial que les conditions d’utilisation <strong>de</strong>s données<br />
<strong>de</strong> santé soient largement débattues pour être adaptées<br />
et acceptées.<br />
Autre transition, autre débat avec l’impact <strong>de</strong> la dégradation<br />
<strong>de</strong> l’environnement sur la santé qui <strong>de</strong>vrait s’accroître<br />
dans les prochaines années et qui <strong>de</strong>vrait également<br />
fragiliser le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> la protection sociale,<br />
aujourd’hui dépendant <strong>de</strong> la croissance économique. Il<br />
nous faut débattre collectivement pour imaginer <strong>de</strong>s<br />
protections sociales durables et acceptables par tous, en<br />
prenant la pleine mesure <strong>de</strong>s insuffisances du système<br />
<strong>de</strong> santé et <strong>de</strong>s défis à relever.<br />
L’organisation <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> santé doit être revue.<br />
<strong>Le</strong>s soins <strong>de</strong> premier recours doivent être repensés au<br />
regard <strong>de</strong>s difficultés d’accès <strong>de</strong>s patients dans certains<br />
territoires, <strong>de</strong>s parcours <strong>de</strong> soins à bâtir et <strong>de</strong>s aspirations<br />
légitimes <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé à une vie<br />
plus équilibrée. D’autant que pour se soigner subsistent<br />
<strong>de</strong>s barrières financières, avec <strong>de</strong>s restes à charge après<br />
remboursement <strong>de</strong> la sécurité sociale mal maîtrisés.<br />
La réforme du 100 % santé constitue une partie <strong>de</strong> la<br />
réponse en optique, <strong>de</strong>ntaire et audiologie. Pour autant,<br />
un séjour hospitalier ou une maladie chronique peuvent<br />
occasionner <strong>de</strong>s dépenses très élevées, à la charge <strong>de</strong>s<br />
patients et <strong>de</strong> leurs complémentaires santé.<br />
Plus globalement, la place <strong>de</strong> la prévention et <strong>de</strong> la santé<br />
publique doit être considérablement renforcée pour améliorer<br />
l’état <strong>de</strong> santé général, physique et psychique,<br />
<strong>de</strong> la population, pour faire refluer les fortes inégalités<br />
sociales en santé et pour agir sur le niveau <strong>de</strong>s affections<br />
<strong>de</strong> longue durée auquel nous serons confrontés du fait<br />
<strong>de</strong> facteurs environnementaux et du vieillissement <strong>de</strong><br />
notre population.<br />
Cette question générationnelle met d’ailleurs notre modèle<br />
<strong>de</strong> protection sociale face à un triple enjeu. Au moment<br />
où dans notre jeunesse s’exprime un mouvement <strong>de</strong><br />
défiance à l’égard <strong>de</strong>s institutions, notamment politiques,<br />
comment, avec elle, retrouver le fil <strong>de</strong> la vie démocratique,<br />
y compris dans le domaine <strong>de</strong> la protection sociale<br />
? Comment renforcer celle-ci pour leur permettre <strong>de</strong><br />
s’émanciper pleinement ? <strong>Le</strong> <strong>de</strong>uxième enjeu générationnel<br />
est lié au vieillissement <strong>de</strong> la population. Cette<br />
évolution tendancielle affecte d’ores et déjà notre système<br />
<strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> retraite, et commence déjà à accentuer<br />
nos besoins en matière <strong>de</strong> perte d’autonomie. Il faut<br />
donner à cette protection sociale les moyens financiers<br />
que sa mission réclame et compléter ce socle que la<br />
cinquième branche <strong>de</strong> Sécurité sociale doit constituer<br />
en généralisant une couverture dépendance couplée à<br />
la complémentaire santé. Cette solution assurantielle,<br />
nous la portons avec la FFA. L’épargne retraite est également<br />
un outil à promouvoir. Comment, enfin, éviter que
TRIBUNE MERCREDI 4 SPÉCIALE FÉVRIER 2015BILAN DE L’ANNÉE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 5<br />
odèle social est questionnée »<br />
les générations ne s’opposent alors que les transferts<br />
sociaux sont et seront majoritairement dirigés vers les<br />
personnes âgées ? Et comment éviter que <strong>de</strong>s retraités,<br />
aux revenus limités, n’éprouvent <strong>de</strong>s difficultés grandissantes<br />
face à certaines dépenses <strong>de</strong> santé ? Répondre<br />
à ces questions complexes passe assurément par une<br />
réflexion sur le périmètre <strong>de</strong> protection et sur une meilleure<br />
couverture <strong>de</strong> toute la population en prévoyance,<br />
notamment durant la vie active. Mal appréhendés, ces<br />
risques liés à la prévoyance ont <strong>de</strong>s conséquences très<br />
pénalisantes sur le quotidien <strong>de</strong>s français.<br />
Tous ces défis auront été renforcés en <strong>2021</strong>, cette<br />
année aura également mis en lumière les empêchements<br />
existants auxquels font face les différents acteurs<br />
pour construire les solutions qui répon<strong>de</strong>nt aux enjeux<br />
démographiques, numériques et environnementaux.<br />
Pour transformer ces défis en autant d’opportunités<br />
pour faire évoluer notre système <strong>de</strong> santé, il nous faudra<br />
les abor<strong>de</strong>r collectivement en 2022, en concertation et<br />
en renforçant la participation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s parties<br />
prenantes. Année <strong>de</strong> scrutins et <strong>de</strong> débats démocratiques,<br />
elle est en cela cruciale.<br />
BIO<br />
Eric<br />
Chenut<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Mutualité Française<br />
Âge : 48 ans<br />
Formation : Juriste<br />
Parcours : En 2000, il fon<strong>de</strong> La Mutuelle <strong>de</strong>s Etudiants (LMDE).<br />
Il rejoint la MGEN en 2003 comme administrateur. Après avoir<br />
présidé la section Meurthe-et-Moselle pendant huit ans, il est<br />
nommé délégué national aux établissements <strong>de</strong> 2011 à 2013,<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt aux questions <strong>de</strong> santé, sanitaires et sociales<br />
<strong>de</strong> 2013 à 2017 et vice-prési<strong>de</strong>nt délégué en charge du budget,<br />
<strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong>s partenariats <strong>de</strong> 2017 à <strong>2021</strong>.<br />
Il est actuellement administrateur délégué au sein du groupe<br />
MGEN. Éric Chenut est aussi administrateur du groupe Vyv et<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt délégué <strong>de</strong> Vyv3 <strong>de</strong>puis 2017.
RÉTRO<br />
Une année <strong>de</strong> réglementation<br />
pour le secteur<br />
P.7<br />
FOCUS<br />
Captives d’assurance, l’espoire<br />
déçu<br />
P.10<br />
TRIBUNE<br />
Jean-Paul Faugère prend la<br />
plume<br />
P.12
BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
7<br />
Une année <strong>de</strong> règlementation<br />
Une fois encore, l’exercice <strong>2021</strong> n’aura<br />
pas été avare en réglements, projets<br />
<strong>de</strong> lois, décrets et autres arrêtés visant<br />
le secteur <strong>de</strong> l’assurance. Retour sur<br />
les principales législations qui ont<br />
jalonné l’année écoulée.<br />
Janvier : Divorce consommé<br />
<strong>Le</strong> 1 er janvier <strong>2021</strong>, le Royaume-Uni<br />
a quitté officiellement l’Union européenne.<br />
De nouvelles règles s’appliquent<br />
<strong>de</strong>puis aux assureurs britanniques<br />
souhaitant opérer sur le sol<br />
français comme le rappelait l’ACPR<br />
le 5 janvier. L’autorité a <strong>de</strong>mandé aux<br />
opérateurs anglais « d’informer les<br />
souscripteurs résidant en France, par<br />
lettre recommandée ou recommandé<br />
électronique, dans les quinze jours<br />
suivant la sortie du Royaume-Uni <strong>de</strong><br />
l’Union européenne, qu’il ne pourra <strong>de</strong><br />
ce fait plus émettre <strong>de</strong> nouvelles primes<br />
ni renouveler le contrat ; il doit préciser<br />
la date <strong>de</strong> fin <strong>de</strong>s garanties ».<br />
Car les établissements du secteur<br />
bancaire et du secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />
agréés au Royaume-Uni ne disposent<br />
plus du droit d’offrir leurs services en<br />
France en vertu du libre établissement<br />
ou <strong>de</strong> la libre prestation <strong>de</strong> services.<br />
Février : Caisse <strong>de</strong> retraite<br />
Selon un rapport <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s<br />
Comptes, quelque 13 milliards d’euros<br />
dorment sur <strong>de</strong>s contrats d’assurance<br />
retraite supplémentaire non réclamés.<br />
À l’image <strong>de</strong> ce qui a été fait sur l’assurance<br />
vie avec la loi Eckert <strong>de</strong> 2016,<br />
le Parlement a voté une loi <strong>de</strong>stinée<br />
à lutter contre la déshérence.<br />
PUB<br />
Ainsi, une proposition <strong>de</strong> loi adoptée à<br />
l’unanimité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chambres prévoit<br />
que les gestionnaires <strong>de</strong>s contrats<br />
<strong>de</strong> retraite supplémentaire <strong>de</strong>vront<br />
transmettre les informations sur leurs<br />
clients au groupement d’intérêt public<br />
(GIP) Union retraite, qui administre la<br />
plateforme Info.retraite.<br />
En outre, obligation sera faite aux entreprises<br />
d’informer les salariés qui les<br />
quittent sur l’ensemble <strong>de</strong>s contrats<br />
d’épargne pris en leur nom, en les inscrivant<br />
sur leur livret d’épargne salariale.<br />
Mars : À vos marques, prêts, participatifs<br />
<strong>Le</strong> 4 mars Bruno <strong>Le</strong> Maire, ministre<br />
<strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> la<br />
Relance dévoilait un nouveau dispositif<br />
<strong>de</strong>stiné à soutenir le développement<br />
<strong>de</strong>s entreprises touchées par la crise,<br />
mais viable. Baptisé dans un premier<br />
temps prêt participatif avec soutien<br />
<strong>de</strong> l’Etat (PPSE), puis finalement prêt<br />
participatif relance (PPR), il s’appuie<br />
sur un système à <strong>de</strong>ux étages.<br />
<strong>Le</strong>s banques consentent les emprunts,<br />
d’une maturité <strong>de</strong> 4 à 8 ans dont elles<br />
conservent 10% <strong>de</strong>s créances. <strong>Le</strong> reste<br />
du crédit est cédé à un fonds abondé<br />
par les assureurs et garanti par l’État<br />
à hauteur <strong>de</strong> 30%. 11 milliards d’euros<br />
ont été mis sur la table.<br />
Mais à peine quelques centaines <strong>de</strong><br />
millions ont été prêtés aux entreprises<br />
plus intéressées par les prêts garantis<br />
par l’Etat dont le taux d’intérêt est 2<br />
fois inférieur. Pour autant, au mois <strong>de</strong><br />
novembre, le gouvernement a décidé<br />
<strong>de</strong> prolonger la commercialisation <strong>de</strong>s<br />
PPR <strong>de</strong> 18 mois, soit jusqu’au 31 décembre<br />
2023.<br />
Mars : Vert transparent<br />
En <strong>2021</strong>, l’Union européenne a appuyé<br />
sur le champignon pour une réglementation<br />
plus durable <strong>de</strong> la finance. La<br />
première pierre à cet édifice écoresponsable<br />
se prénomme SFDR pour Sustainable<br />
Finance Disclosure Regulation.<br />
<strong>Le</strong> règlement est entré en application<br />
le 10 mars. Il impose, notamment, aux<br />
institutions financières, dont les assureurs,<br />
une plus gran<strong>de</strong> transparence sur<br />
la durabilité <strong>de</strong> leurs investissements.<br />
Octobre : DDADUE cool<br />
<strong>Le</strong> 8 octobre la loi portant diverses<br />
dispositions d’adaptation au droit <strong>de</strong><br />
l’Union européenne (DDADUE) est<br />
promulguée.<br />
Son article 35 prévoit notamment <strong>de</strong><br />
nouvelles évolutions dans le domaine<br />
assurantiel liées au marché unique<br />
européen. Il transpose en droit interne
8 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />
la création <strong>de</strong> trois nouveaux dispositifs<br />
visant à améliorer le partage<br />
d’information entre les superviseurs<br />
nationaux et européens dans le secteur<br />
assurantiel.<br />
Ces dispositions, portées par la France<br />
et l’Italie à l’échelle européenne, constituent<br />
une première évolution utile pour<br />
répondre aux difficultés engendrées<br />
par les faillites récentes d’assureurs<br />
exerçant en libre prestation <strong>de</strong> services.<br />
Octobre : <strong>Le</strong> CCSF peu emprunté<br />
Moins d’un an après avoir remis un<br />
rapport critiqué sur l’assurance emprunteur,<br />
le Comité consultatif du secteur<br />
financier émet une recommandation<br />
sur ce marché, véritable champ <strong>de</strong><br />
bataille entre acteurs du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’assurance. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ainsi plus <strong>de</strong><br />
clarté sur la notion d’invalidité. Sa<br />
définition peut largement varier entre<br />
celle retenue par l’Assurance maladie<br />
et celle inscrite dans les contrats <strong>de</strong>s<br />
assureurs.<br />
Un <strong>de</strong>uxième point agrémente cette<br />
recommandation. Il concerne la tarification.<br />
La durée <strong>de</strong> détention moyenne<br />
d’un bien immobilier en France est <strong>de</strong><br />
8 ans. Or le niveau <strong>de</strong> primes payées<br />
peut différer sur ces 8 ans selon que<br />
l’assuré paye en cotisation fixe sur<br />
capital initial ou en pourcentage du<br />
capital restant dû.<br />
Dans ce contexte, le Comité « recomman<strong>de</strong><br />
aux distributeurs d’assurances<br />
(assureurs, banquiers, courtiers) <strong>de</strong><br />
développer l’information fournie au<br />
client, en lui indiquant les montants<br />
cumulés <strong>de</strong> ses primes au bout <strong>de</strong> huit<br />
années d’assurance, afin d’illustrer le<br />
mécanisme <strong>de</strong> fonctionnement du<br />
contrat ».<br />
Octobre : <strong>Le</strong> courant alternatif continue<br />
le combat<br />
<strong>Le</strong> 29 octobre, la députée Agir Ensemble<br />
Patricia <strong>Le</strong>moine dépose une proposition<br />
<strong>de</strong> loi pour un accès plus juste, plus<br />
simple et plus transparent au marché<br />
<strong>de</strong> l’assurance emprunteur. Un énième<br />
texte pour tenter à nouveau d’instaurer<br />
la résiliation infra-annuelle. Mais cette<br />
fois-ci, elle a <strong>de</strong> très bonne chances<br />
d’aboutir.<br />
<strong>Le</strong> gouvernement soutient en effet<br />
l’initiative <strong>de</strong> l’élue <strong>de</strong> Seine-et-Marne<br />
et a engagé la procédure accélérée<br />
début novembre. Après un passage<br />
dans chaque chambre, le texte doit<br />
être débattu en séance publique le<br />
26 janvier. Ce serait une victoire pour<br />
les assureurs alternatifs qui tentent<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> déverrouiller<br />
ce marché largement tenu par les<br />
banques.<br />
Octobre : Limites d’AG repoussées<br />
Décidément, mois chargé en octobre<br />
sur le front réglementaire. Un décret<br />
paru au Journal officiel du 30 octobre<br />
pérennise les mesures relatives au<br />
fonctionnement <strong>de</strong>s instances <strong>de</strong>s<br />
mutuelles d’assurance prises dans<br />
le cadre <strong>de</strong> la crise sanitaire. Autrement<br />
dit, les mutuelles conservent la<br />
possibilité <strong>de</strong> tenir <strong>de</strong>s assemblées<br />
générales par visioconférence au-<strong>de</strong>là<br />
du contexte <strong>de</strong> crise.<br />
<strong>Le</strong> décret ajoute par ailleurs <strong>de</strong> nouvelles<br />
dispositions sur le fonctionnement<br />
du conseil d’administration. Il<br />
permet par exemple le vote par procuration<br />
<strong>de</strong>s administrateurs. En revanche<br />
chaque administrateur ne peut être<br />
porteur que d’une seule procuration.<br />
Novembre : But en OR du gouvernement<br />
Sept mois après les PPR (voir plus<br />
haut), le gouvernement lance un nouvel<br />
outil <strong>de</strong>stiné à ai<strong>de</strong>r les entreprises<br />
dans le cadre <strong>de</strong> la crise sanitaire.<br />
<strong>Le</strong> 16 novembre, Bruno <strong>Le</strong> Maire a<br />
ainsi signé la convention d’octroi <strong>de</strong><br />
la garantie <strong>de</strong> l’ État au fonds <strong>de</strong> place<br />
d’obligations relance (OR).<br />
Ces obligations relance s’adressent<br />
à toutes les PME et ETI françaises.<br />
Elles ouvrent la possibilité d’accé<strong>de</strong>r<br />
à <strong>de</strong>s financements d’une maturité<br />
<strong>de</strong> 8 ans sans changement <strong>de</strong> leur<br />
capital ou <strong>de</strong> leur gouvernance. Ils<br />
sont remboursables en une fois et à<br />
échéance. Comme pour les PPR, les<br />
créances sont adossées à un fonds<br />
abondé, en gran<strong>de</strong> partie par les assureurs.<br />
C’est ce fonds qui bénéficie <strong>de</strong><br />
la garantie <strong>de</strong> l’État à hauteur <strong>de</strong> 30%.<br />
Décembre : <strong>Le</strong> courtage réformé<br />
Attendus mi-octobre, le décret et les<br />
<strong>de</strong>ux arrêtés sur la réforme du courtage<br />
ont été publiés au Journal Officiel le 2<br />
décembre. Ils détaillent les missions et<br />
les modalités <strong>de</strong> création <strong>de</strong>s associations<br />
professionnelles d’intermédiaires<br />
(voir ci-contre).<br />
Décembre : les Cat’ Nat’ revoient leur<br />
régime<br />
Longtemps attendue, la réforme du<br />
régime d’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s catastrophes<br />
naturelles a enfin abouti. Certains<br />
évoquent plus un lifting qu’une<br />
réforme <strong>de</strong>s grands soirs. Toujours<br />
est-il que la loi, adoptée par le Parlement<br />
le 14 décembre ajoute quelques<br />
dispositions au régime mis en place<br />
en 1982. Principale mesure, la prise<br />
en charge <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> relogement.<br />
<strong>Le</strong>s délais d’in<strong>de</strong>mnisation sont par<br />
ailleurs plus encadrés.<br />
<strong>Le</strong> texte acte l’institution d’un référent<br />
à l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s catastrophes<br />
naturelles dans chaque département.<br />
Ainsi que plus <strong>de</strong> transparence dans<br />
les décisions prises par la commission<br />
chargée <strong>de</strong> statuer sur la reconnaissance<br />
<strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> catastrophe naturelle.<br />
L’épineux et couteux sujet <strong>de</strong> la sécheresse<br />
est renvoyé à un rapport du<br />
gouvernement.<br />
Et en 2022 ?<br />
Pas <strong>de</strong> répit pour les services juridiques<br />
et conformité. Au menu <strong>de</strong>s réjouissances,<br />
la révision <strong>de</strong> Solvabilité. La<br />
Commission européenne a remis sa<br />
copie au mois <strong>de</strong> septembre <strong>de</strong>rnier.<br />
Est notamment attendue une refonte<br />
<strong>de</strong>s charges en capital <strong>de</strong>s investissements<br />
en actions.<br />
En France, le Parlement se penchera<br />
en outre sur la réforme <strong>de</strong> l’assurance<br />
récolte présentée en conseil <strong>de</strong>s ministres<br />
début décembre. Ainsi que sur<br />
la proposition <strong>de</strong> loi sur l’assurance<br />
emprunteur (voir plus haut). <strong>Le</strong>s frais<br />
<strong>de</strong>s PER sont également dans le collimateur.<br />
Et le secteur attend toujours<br />
les décrets d’application sur le démarchage<br />
téléphonique.<br />
Mais surtout l’année 2022 sera marquée<br />
par une élection prési<strong>de</strong>ntielle. <strong>Le</strong>s<br />
programmes <strong>de</strong>s candidats pourraient<br />
aller titiller les assureurs sur la santé<br />
ou l’assurance vie.
BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
9<br />
La réforme du courtage sur les rails<br />
Après plus <strong>de</strong> trois années <strong>de</strong> discussions,<br />
voire <strong>de</strong> débats parfois houleux,<br />
la réforme actant la création d’associations<br />
professionnelles d’intermédiaires<br />
d’assurance doit entrer en<br />
vigueur le 1er avril prochain.<br />
Par Florian Delambily<br />
La gestation et l’accouchement<br />
furent longs, mais la réforme du<br />
courtage poussée par Bercy a bel<br />
et bien vu le jour. Critiqué par certains<br />
professionnels, objet <strong>de</strong> crainte, retoqué<br />
par le Conseil constitutionnel en 2019,<br />
le texte était revenu dans les travées <strong>de</strong><br />
l’Assemblée nationale à la faveur d’une<br />
proposition <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> Valéria Faure-<br />
Muntian au mois <strong>de</strong> janvier 2020. La<br />
crise sanitaire est ensuite passée par<br />
là et ce n’est que le 9 avril <strong>2021</strong> que<br />
la loi a été promulguée.<br />
Il faudra encore attendre près <strong>de</strong><br />
8 mois, soit le 2 décembre, pour la<br />
publication <strong>de</strong>s arrêtés et du décret<br />
d’application. Ils définissent les procédures<br />
d’agréments, les missions et<br />
les modalités <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong><br />
ces associations.<br />
<strong>Le</strong> décret impose ainsi la mise en place<br />
d’un médiateur pour les intermédiaires<br />
adhérents à une association professionnelle.<br />
L’une <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> ces<br />
associations sera également <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />
à la vérification <strong>de</strong>s conditions<br />
d’accès à la profession. Cela concerne<br />
les dirigeants et les personnels <strong>de</strong>s<br />
cabinets adhérents. Elles <strong>de</strong>vront<br />
contrôler l’honorabilité, l’obligation <strong>de</strong><br />
souscription à une RC professionnelle<br />
ou encore l’obligation <strong>de</strong> bénéficier<br />
d’une garantie financière.<br />
À cela s’ajoute la vérification <strong>de</strong> la<br />
capacité professionnelle et <strong>de</strong> la formation<br />
continue. <strong>Le</strong>s courtiers membres<br />
« tiennent à disposition <strong>de</strong> l’association<br />
cette liste nominative mise à jour ainsi<br />
que les fiches <strong>de</strong> poste, la copie <strong>de</strong>s<br />
diplômes, les titres ou certificats, les<br />
attestations ou livrets <strong>de</strong> stage et les<br />
attestations <strong>de</strong> fonctions », peut-on lire<br />
dans le décret. Conformément aux dispositions<br />
<strong>de</strong> DDA qui impose 15 heures<br />
<strong>de</strong> formation obligatoire annuelle, les<br />
associations <strong>de</strong>vront également vérifier<br />
que cette obligation est respectée.<br />
C’est dans cette optique qu’elles ont<br />
pour objectif d’accompagner leurs<br />
membres sur ces sujets <strong>de</strong> formation.<br />
A cet effet, elles élaborent un<br />
gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la capacité professionnelle,<br />
<strong>de</strong> la formation et du développement<br />
professionnels continus. Elles <strong>de</strong>vront<br />
également fournir <strong>de</strong>s informations<br />
sur toutes évolutions réglementaires<br />
applicable à leurs membres.<br />
Enfin, ces associations ont la possibilité<br />
<strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s enquêtes statistiques<br />
sur le marché qu’elles couvrent. Dans<br />
cette optique, « tout membre fournit<br />
chaque année à l’association <strong>de</strong>s données<br />
relatives à l’organisation <strong>de</strong> son<br />
activité, à ses effectifs, aux produits<br />
distribués, à la répartition <strong>de</strong> sa clientèle<br />
entre particuliers et professionnels<br />
ainsi qu’aux fournisseurs <strong>de</strong> produits ».<br />
<strong>Le</strong>s règles d’organisation <strong>de</strong>s associations<br />
agréées<br />
Sur ce point, le décret impose l’élaboration<br />
d’un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne conduite<br />
applicable à ses membres. Ce co<strong>de</strong><br />
peut d’ailleurs être commun entre<br />
plusieurs associations. Elles doivent<br />
également mettre en place <strong>de</strong>s procédures<br />
écrites visant à acter les missions<br />
qu’elles doivent mener auprès<br />
<strong>de</strong> leurs membres.<br />
Afin d’éviter tout conflit d’intérêt, les<br />
organisations agréées ont l’obligation<br />
<strong>de</strong> se doter d’une politique <strong>de</strong> classification<br />
<strong>de</strong>s informations pour assurer,<br />
notamment, le secret professionnel.<br />
Elles <strong>de</strong>vront en outre fournir à l’ACPR,<br />
« les liens <strong>de</strong> toute nature, notamment<br />
capitalistiques ou commerciaux, ainsi<br />
que les mandats exercés à titre bénévole,<br />
existant entre les membres <strong>de</strong> ses<br />
organes <strong>de</strong> gouvernance et les distributeurs<br />
d’assurances ou organismes<br />
<strong>de</strong> formation qui seraient <strong>de</strong> nature<br />
à constituer <strong>de</strong>s conflits d’intérêts ».<br />
Côté gouvernance, le texte <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
aux associations <strong>de</strong> mettre en place un<br />
conseil d’administration représentant<br />
la diversité <strong>de</strong> leurs membres.<br />
Enfin, les associations constitueront<br />
une commission chargée <strong>de</strong> prononcer<br />
<strong>de</strong>s sanctions à l’encontre <strong>de</strong> leurs<br />
membres. Cette commission répond<br />
à <strong>de</strong>s garanties d’indépendance et<br />
d’impartialité et doit être composée<br />
d’au moins 3 membres :<br />
. Pour un tiers <strong>de</strong> sa composition,<br />
une ou <strong>de</strong>s personnalités qualifiées<br />
désignées à raison <strong>de</strong> leur compétence<br />
en matière d’assurance et qui<br />
sont indépendantes <strong>de</strong> l’association<br />
et <strong>de</strong> ses membres. <strong>Le</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
la commission est désigné parmi ces<br />
personnalités ;<br />
. Au moins un représentant <strong>de</strong> l’assem-
10 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />
blée générale ;<br />
. Au moins un représentant du conseil<br />
d’administration.<br />
<strong>Le</strong>s conditions d’agrément<br />
Pour être agréée, « l’association professionnelle<br />
doit justifier d’un nombre<br />
d’adhérents à jour <strong>de</strong> leur cotisation<br />
représentant au moins 10 % du nombre<br />
total <strong>de</strong> professionnels tenus à l’obligation<br />
d’adhésion, ou au moins 5 %<br />
lorsque l’association est également<br />
reconnue comme représentative ».<br />
En revanche, le décret précise bien<br />
qu’une association n’est pas un syndicat.<br />
Ce sera donc à l’ACPR <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r aux<br />
agréments <strong>de</strong>sdites associations. Un<br />
bilan doit être adressé chaque année au<br />
régulateur, au plus tard le 31 juillet <strong>de</strong><br />
chaque année. L’ACPR dispose en outre<br />
<strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> retrait d’agrément.<br />
Dans ce cas, elle le notifie l’association<br />
concernée. Cette <strong>de</strong>rnière dispose alors<br />
d’un délai d’un mois pour se mettre en<br />
conformité. Si cela ne suffit pas, une<br />
nouvelle notification est envoyée par<br />
l’ACPR actant le retrait d’agrément. Il<br />
prend effet dans un délai <strong>de</strong> 3 mois.<br />
Deux arrêtés en plus du décret<br />
<strong>Le</strong> décret décrypté ci-<strong>de</strong>ssus est complété<br />
par <strong>de</strong>ux arrêtés. <strong>Le</strong> premier<br />
détaille par le menu les documents<br />
à produire pour une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément<br />
et opérer comme association<br />
professionnelle reconnue. Ils sont<br />
assez nombreux, notamment sur les<br />
conditions nécessaires à la vérification<br />
<strong>de</strong> l’honorabilité <strong>de</strong>s représentants<br />
légaux et administrateurs <strong>de</strong>s associations.<br />
<strong>Le</strong> second décret acte le fait que les intermédiaires<br />
<strong>de</strong>vront d’abord rejoindre<br />
une association professionnelle pour<br />
obtenir leur immatriculation à l’Orias.<br />
Il acte <strong>de</strong> fait l’obligation d’adhésion.<br />
<strong>Le</strong>s décrets publiés, les associations<br />
candidates vont pouvoir passer à la<br />
partie opérationnelle. Elles avaient<br />
jusqu’au 31 décembre pour déposer<br />
leur dossier.<br />
La mise en route <strong>de</strong> la réforme est<br />
quant à elle prévue pour le 1 er avril 2022.<br />
Solvabilité 2, la Commission européenne<br />
remet sa copie<br />
La Commission européenne a dévoilé<br />
au mois <strong>de</strong> septembre ses arbitrages<br />
sur la révision <strong>de</strong> Solvabilité 2. Elle<br />
prévoit <strong>de</strong> libérer 90 milliards d’euros<br />
<strong>de</strong> capitaux, à court terme.<br />
La révision <strong>de</strong> Solvabilité 2 avance.<br />
Au mois <strong>de</strong> septembre <strong>de</strong>rnier,<br />
la Commission européenne a<br />
dévoilé ses propositions pour faire<br />
évoluer la directive. Dans les gran<strong>de</strong>s<br />
lignes, la Commission européenne suit<br />
les recommandations <strong>de</strong> l’Eiopa. Mais<br />
sur certains points, elle semble vouloir<br />
aller un cran plus loin. Ainsi, elle « envisage<br />
<strong>de</strong> simplifier les conditions dans<br />
lesquelles les prises <strong>de</strong> participation, y<br />
compris via <strong>de</strong>s fonds d’infrastructures,<br />
seraient traités comme ‘à long terme’.<br />
Cela élargirait le périmètre <strong>de</strong>s actions<br />
pouvant être soumis au facteur <strong>de</strong><br />
risque plus favorable <strong>de</strong> 22% au lieu<br />
<strong>de</strong> 39% pour les actions cotées et 49%<br />
pour les actions non cotées », peut-on<br />
lire dans les documents publiés par<br />
la commission.<br />
Revoir le choc en capital sur les<br />
actions<br />
Reste que la proportion <strong>de</strong> ces investissements<br />
choqués à 22% n’est pas<br />
encore définie. L’exécutif européen<br />
ajoute en effet que « à ce sta<strong>de</strong>, il est<br />
difficile d’évaluer le montant <strong>de</strong>s prises<br />
<strong>de</strong> participation qui pourraient bénéficier<br />
du traitement préférentiel pour les<br />
investissements à long terme ». Tout<br />
juste évoque-t-il un scénario « pru<strong>de</strong>nt<br />
» <strong>de</strong> 15% <strong>de</strong>s actions supplémentaires.<br />
Cette base permettrait <strong>de</strong><br />
réduire les exigences <strong>de</strong> fonds propres<br />
<strong>de</strong> 10,5 milliards d’euros, soit 6% en<br />
moyenne pour les assureurs qui utilisent<br />
la formule standard.<br />
Car l’ambition <strong>de</strong> la commission est<br />
d’accélérer la contribution <strong>de</strong>s assureurs<br />
au financement <strong>de</strong> l’économie.<br />
Au global, les propositions retenues<br />
par la commission <strong>de</strong>vraient libérer<br />
quelque 90 milliards d’euros à court<br />
terme. S’y ajoutent 30 milliards d’euros<br />
à plus long terme. « L’Europe a<br />
besoin d’un secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />
fort et dynamique pour investir dans<br />
notre économie et nous ai<strong>de</strong>r à gérer<br />
les risques auxquels nous sommes<br />
confrontés. Grâce à son double rôle<br />
<strong>de</strong> protecteur et d’investisseur, le secteur<br />
<strong>de</strong> l’assurance peut contribuer à<br />
la mise en œuvre du pacte vert pour<br />
l’Europe et <strong>de</strong> l’union <strong>de</strong>s marchés<br />
<strong>de</strong>s capitaux », déclare Valdis Dombrovskis,<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt exécutif <strong>de</strong><br />
la Commission européenne pour une<br />
économie au service <strong>de</strong> la personne.<br />
Après la crise sanitaire, l’Union européenne<br />
a clairement mis le cap sur la<br />
relance verte <strong>de</strong> son économie. Sur<br />
ce point, <strong>de</strong>s travaux seront lancés<br />
plus tard pour « évaluer l’adéquation<br />
<strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> fonds propres sous<br />
Solvabilité 2 pour les actifs verts ».<br />
Ces discussions s’inscrivent dans la<br />
lignée du Plan vert européen présenté<br />
durant l’été par Ursula von <strong>de</strong>r <strong>Le</strong>yen,<br />
prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Commission européenne.<br />
Parmi les autres mesures<br />
proposées figurent une meilleure<br />
coopération entre les autorités <strong>de</strong><br />
tutelle nationales ou encore une meilleure<br />
prise en compte <strong>de</strong>s risques,<br />
notamment <strong>de</strong>s risques climatiques<br />
pour désensibiliser les passifs aux<br />
fluctuations à court terme.<br />
La crise avait en effet montré les<br />
limites du modèle <strong>de</strong> Solvabilité 2.<br />
En mars 2020, les niveaux <strong>de</strong> SCR<br />
avaient violemment décroché sous<br />
l’effet conjugué <strong>de</strong> la persistance <strong>de</strong><br />
taux bas et <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong>s bourses<br />
mondiales.
12<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE LA RÉGLEMENTATION<br />
TRIBUNE<br />
« Entretenir un dialogue, o<br />
« Tout programme a vocation à s’adapter aux circonstances :<br />
c’est aussi vrai en matière <strong>de</strong> supervision »<br />
À<br />
l’occasion <strong>de</strong> la publication en ce début d’année<br />
<strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> l’ACPR, je crois utile<br />
d’en faire ici, à l’attention <strong>de</strong>s professionnels<br />
<strong>de</strong> l’assurance, une brève présentation.<br />
D’abord pour rappeler que tout programme a vocation<br />
à s’adapter aux circonstances : c’est aussi vrai<br />
en matière <strong>de</strong> supervision ! On l’a bien vu avec la<br />
survenance <strong>de</strong> la pandémie en 2020. Nous avons eu<br />
à cœur d’en suivre les conséquences pour le secteur<br />
<strong>de</strong> l’assurance conjointement avec les entreprises. Et<br />
nous continuerons à le faire car nous ne pouvons pas<br />
espérer hélas que la crise sanitaire soit terminée avant<br />
plusieurs mois. Cependant je relève la réactivité <strong>de</strong>s<br />
entreprises du secteur : elles ont su faire face pour<br />
assurer la continuité opérationnelle et elles continuent<br />
<strong>de</strong> s’adapter aux circonstances.<br />
La solvabilité <strong>de</strong>s compagnies reste soli<strong>de</strong> en moyenne.<br />
Mais la crise peut avoir <strong>de</strong>s conséquences très<br />
inégales selon le portefeuille <strong>de</strong> risques couverts et<br />
la situation préexistante. D’autant que le contexte<br />
<strong>de</strong>s taux bas reste une contrainte très forte. Nous<br />
continuerons donc à suivre les vulnérabilités qui ont<br />
pu se matérialiser, avec les dirigeants concernés, au<br />
bénéfice <strong>de</strong> la stabilité financière et <strong>de</strong> la protection<br />
<strong>de</strong> la clientèle conformément à notre vocation.<br />
<strong>Le</strong> cas échéant nous suivrons les mouvements qui<br />
se <strong>de</strong>ssineront dans le paysage assurantiel français,<br />
toujours avec la même neutralité quant à la typologie<br />
<strong>de</strong>s acteurs, mais aussi avec la même exigence sur<br />
les droits <strong>de</strong>s assurés sur lesquels il nous appartient<br />
<strong>de</strong> veiller dans une perspective <strong>de</strong> long terme.<br />
La composante technique <strong>de</strong> nos contrôles est<br />
évi<strong>de</strong>mment essentielle. <strong>Le</strong>s professionnels savent<br />
bien <strong>de</strong> quoi il s’agit. Nos contrôles sont récurrents<br />
sur tout ce qui comman<strong>de</strong> le provisionnement et la<br />
gestion <strong>de</strong>s risques. Je mentionne tout particulièrement<br />
les risques <strong>de</strong> marché qui pèsent lourd dans la<br />
détermination du capital requis, et dont l’actualité<br />
justifie une observation vigilante.<br />
<strong>Le</strong> contexte réglementaire nouveau créé par la loi<br />
PACTE nous impliquera aussi : je pense notamment à<br />
la création <strong>de</strong> FRPS (Fonds <strong>de</strong> retraite professionnelle<br />
supplémentaire) qui pourront recevoir <strong>de</strong>s portefeuilles<br />
retraite préexistant jusqu’à fin 2022 ; je pense aussi<br />
aux obligations <strong>de</strong> transparence sur les frais en<br />
assurance vie.<br />
J’ai eu l’occasion d’insister longuement sur ce <strong>de</strong>rnier<br />
sujet lors <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> l’ACPR du 28 novembre<br />
<strong>de</strong>rnier. Nous estimons <strong>de</strong>voir faire un point complet<br />
sur cette question <strong>de</strong>s frais en assurance vie en<br />
2022, après une enquête auprès <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la<br />
place. Nous verrons s’il y a lieu <strong>de</strong> formaliser une<br />
recommandation.<br />
Toujours en vue d’améliorer les pratiques commerciales,<br />
nous nous attacherons aussi à vérifier une bonne<br />
application <strong>de</strong> la directive sur la distribution <strong>de</strong>s<br />
produits d’assurance (DDA). Cela vise, au-<strong>de</strong>là du<br />
<strong>de</strong>voir <strong>de</strong> conseil, la gouvernance produit : définition<br />
<strong>de</strong>s marchés cibles, politique <strong>de</strong> distribution, … Et<br />
nous vérifierons la qualité <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s<br />
conflits d’intérêt, en particulier dans les dispositifs<br />
<strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong>s distributeurs.<br />
On sait bien à ce propos que notre supervision ne peut<br />
se limiter aux seuls assureurs et que nous <strong>de</strong>vons<br />
porter aussi notre regard sur les intermédiaires. Nous<br />
espérons avec la mise en place <strong>de</strong>s associations<br />
professionnelles agréées <strong>de</strong> courtiers conformément<br />
à la loi nouvelle pouvoir structurer un dialogue avec<br />
les professionnels concernés.<br />
Au nombre <strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong> notre action en 2022, je<br />
n’aurais gar<strong>de</strong> d’oublier la LCB-FT : c’est un chantier
BILAN DE LA RÉGLEMENTATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 13<br />
uvert et confiant »<br />
permanent sur lequel pèse une obligation <strong>de</strong> résultat.<br />
<strong>Le</strong>s entreprises comme les intermédiaires savent qu’il<br />
est prioritaire, même s’il induit <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong><br />
gestion et <strong>de</strong>s contraintes commerciales. L’attente du<br />
superviseur ne peut manquer <strong>de</strong> s’établir au meilleur<br />
niveau que permettent les progrès <strong>de</strong>s technologies en<br />
ce domaine. On parle <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> « RegTech » et<br />
cela révèle que les moyens <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong><br />
blanchiment progressent vite, et que ces technologies,<br />
comme l’intelligence artificielle, doivent être intégrées<br />
dans les process ordinaires <strong>de</strong> gestion, sous réserve<br />
bien sûr du principe <strong>de</strong> proportionnalité.<br />
Au titre <strong>de</strong>s risques émergents qu’il importe d’intégrer<br />
dans le quotidien <strong>de</strong>s entreprises, je mentionne aussi<br />
le risque cyber à propos duquel l’ACPR a publié une<br />
notice en juillet <strong>de</strong>rnier. Cette notice comporte une<br />
série <strong>de</strong> 25 orientations pour une gouvernance efficace<br />
<strong>de</strong> ce risque. L’ACPR s’attend à ce que ces principes<br />
soient effectivement mis en œuvre.<br />
Je mentionne aussi, au chapitre <strong>de</strong>s risques émergents,<br />
l’évolution du climat. La révision en cours <strong>de</strong> la<br />
directive Solvabilité II amènera à préciser le cadre<br />
réglementaire. Mais dès à présent, le superviseur<br />
BIO<br />
attend <strong>de</strong>s entreprises la clarté sur les engagement<br />
pris en ce domaine, la transparence sur les indicateurs<br />
<strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> ce risque, et la réalisation <strong>de</strong> tests sur<br />
leur résilience à l’égard <strong>de</strong>s conséquences prévisibles<br />
<strong>de</strong>s divers scénarios.<br />
Un <strong>de</strong>rnier point : 2022 sera l’année <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong><br />
la mise en œuvre <strong>de</strong> la norme comptable IFRS 17. Je<br />
mesure l’effort que représente l’intégration <strong>de</strong> cette<br />
nouvelle norme. Mais il est permis <strong>de</strong> penser que<br />
le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong>s entreprises qui y sont<br />
assujetties est inégal. Nous nous attacherons donc<br />
à un dialogue suivi avec les assureurs afin <strong>de</strong> ne pas<br />
nous trouver à la veille <strong>de</strong> la date d’entrée en vigueur,<br />
le 1 er janvier 2023, dans une situation inconfortable ! …<br />
En définitive, l’agenda 2022 est bien chargé ! Mais j’y<br />
ajoute une priorité : celle d’entretenir avec l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s acteurs un dialogue ouvert et confiant. C’est la<br />
tradition séculaire du contrôle <strong>de</strong>s assurances. Et sans<br />
que cela induise la moindre complaisance, j’attache<br />
beaucoup d’importance à la qualité <strong>de</strong> cette relation,<br />
fondée sur une compréhension pleine et entière <strong>de</strong>s<br />
réalités du métier <strong>de</strong> l’assurance.<br />
Jean-Paul<br />
Faugère<br />
Vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ACPR<br />
Âge : 65 ans<br />
Lieu <strong>de</strong> naissance : Paris<br />
Formation : Polytechnique, IEP, ENA<br />
Parcours : Passé par le contrôle <strong>de</strong>s assurances en début <strong>de</strong><br />
carrière, Jean-Paul Faugère affiche une longue carrière publique<br />
au Conseil d’État, au CEA ou encore comme préfet du<br />
Loir-et-Cher et <strong>de</strong> Vendée. En 2002, il <strong>de</strong>vient directeur <strong>de</strong> cabinet<br />
<strong>de</strong> François Fillon, alors ministre <strong>de</strong>s Affaires sociales, puis<br />
conserve ses fonctions quand ce <strong>de</strong>rnier prend le ministère<br />
<strong>de</strong> l’Éducation Nationale et enfin lorsqu’il est nommé Premier<br />
ministre. En 2012, Jean-Paul Faugère rejoint le secteur privé<br />
comme prési<strong>de</strong>nt du conseil d’administration <strong>de</strong> CNP Assurances.<br />
Depuis juillet 2020, il est vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ACPR.
TARIFS 2022<br />
Vers une hausse, mais<br />
contenue…<br />
P.16<br />
MARCHÉ<br />
Sécheresse : coût <strong>de</strong> chaud<br />
pour les assureurs<br />
P.18<br />
TRIBUNE<br />
Joao Cardoso <strong>de</strong> Jesus prend<br />
la plume<br />
P.20
16<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />
Tarifs 2022 : hausses modérées, pour l’instant…<br />
Annoncées <strong>de</strong> plus en plus tardivement,<br />
les politiques tarifaires <strong>de</strong>s principaux<br />
assureurs sont <strong>de</strong>venues <strong>de</strong> véritables<br />
casse-têtes. Si certaines compagnies<br />
ne se risquent plus aux prévisions, le<br />
marché tout entier doit jongler entre<br />
fidélisation et amélioration <strong>de</strong>s ratios<br />
techniques pour <strong>de</strong>s cotisations 2022<br />
qui s’annoncent modérées, pour le<br />
moment.<br />
Par Thierry Gouby<br />
Alors que les prinipales compagnies<br />
annonçaient jadis<br />
leurs tendances tarifaires<br />
pour l’exercice suivant dès<br />
septembre, cette pério<strong>de</strong> est révolue.<br />
Depuis plusieurs exercices, les grands<br />
opérateurs ne se risquent plus aux prévisions,<br />
la faute à <strong>de</strong>s paramètres et<br />
<strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> marché toujours<br />
plus nombreux et complexes. L’explosion<br />
<strong>de</strong>s catastrophes naturelles et<br />
leurs impacts sur la MRH, la hausse<br />
<strong>de</strong>s coûts moyens, du prix <strong>de</strong>s pièces<br />
détachées et <strong>de</strong> la main d’œuvre en<br />
auto ou les conséquences <strong>de</strong> la crise<br />
Covid sont venues chambouler le paysage<br />
tarifaire <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers exercices.<br />
En automobile d’abord, si nombre d’acteurs<br />
ont décidé <strong>de</strong> geler leurs tarifs l’an<br />
<strong>de</strong>rnier (voir le graphique ci-<strong>de</strong>ssous),<br />
soit à cause <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la sinistralité,<br />
soit par mesures <strong>de</strong> soutien à leurs assurés,<br />
2022 sera différent. Selon Facts &<br />
Figures, les tarifs automobiles <strong>de</strong>vraient<br />
repartir à la hausse avec <strong>de</strong>s augmentations<br />
moyennes allant <strong>de</strong> 0,5% à 1%.<br />
« Quand les mutualistes, qui concentraient<br />
un contrat sur <strong>de</strong>ux en France<br />
fin 2020, seront proches d’une variation<br />
<strong>de</strong> 0%, les compagnies traditionnelles<br />
pourraient-elles pousser jusqu’à 2% »,<br />
indique Cyrille Chartier-Kastler, le prési<strong>de</strong>nt<br />
et fondateur du cabinet <strong>de</strong> conseil.<br />
En habitation ensuite, les catastrophes<br />
naturelles continuent <strong>de</strong> peser année<br />
après année sur les tarifs.<br />
En sus <strong>de</strong>s inondations et <strong>de</strong>s tempêtes<br />
qui frappent le pays chaque exercice,<br />
c’est au tour <strong>de</strong> la sécheresse <strong>de</strong> venir<br />
grever sévèrement les résultats <strong>de</strong>s<br />
compagnies en atteignant désormais<br />
le milliard d’euros <strong>de</strong> charge sinistres<br />
par an. De facto, les cotisations MRH<br />
<strong>de</strong>vraient donc elles aussi croître en<br />
2022, entre 1% et 1,5% en moyenne<br />
selon Facts & Figures.<br />
La Maif se mouille<br />
Pour l’heure, peu d’acteurs se sont ainsi<br />
positionnés. <strong>Le</strong> groupe Maif, après avoir<br />
annoncé le gel <strong>de</strong> ses tarifs auto pour<br />
2022 dès juin <strong>de</strong>rnier, est l’un <strong>de</strong>s seuls<br />
à avoir déjà précisé ses orientations<br />
tarifaires pour ses autres branches. En<br />
habitation, le Niortais explique poursuivre<br />
ses efforts pour équilibrer la branche<br />
affectée par les sinistres climatiques.<br />
L’assureur mutualiste augmentera ainsi<br />
ses tarifs <strong>de</strong> 2,5% en moyenne, tout en<br />
bloquant celui <strong>de</strong>s contrats habitation<br />
jeunes. De son côté, la Mutuelle <strong>de</strong> Poitiers<br />
a décidé d’accor<strong>de</strong>r comme en<br />
2019 et en 2020 une ristourne <strong>de</strong> 3%<br />
<strong>de</strong> la cotisation <strong>2021</strong> à ses 300 000<br />
assurés auto.<br />
Chez Generali ou Axa, les tendances<br />
tarifaires 2022 pour le particulier, même<br />
si elles ne sont pas encore arrêtées,<br />
resteront dans la mesure selon les<br />
compagnies, tout en tenant compte<br />
<strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong> marché. Même son<br />
<strong>de</strong> cloche chez MMA qui, pour ce qui<br />
concerne les pros et les entreprises, fait<br />
face à une très forte hausse <strong>de</strong>s indices,<br />
y compris sur les risques industriels,<br />
le tout dans un marché sous-tarifé. En<br />
conséquence, l’assureur mutualiste<br />
annonçait dans nos colonnes en fin<br />
d’année qu’il allait pratiquer <strong>de</strong>s niveaux<br />
<strong>de</strong> revalorisations moyens plus<br />
élevés pour 2022, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 4%.<br />
Gare à 2023<br />
Devant ces situations disparates, la poursuite<br />
<strong>de</strong> la hausse du prix <strong>de</strong>s réparations<br />
en automobile, accompagnée <strong>de</strong><br />
la pénurie <strong>de</strong> pièces détachées et <strong>de</strong><br />
matières premières <strong>de</strong>vraient accentuer<br />
encore les revalorisations tarifaires pour<br />
les exercices à venir, <strong>de</strong> 2% à 3% dès l’an<br />
prochain. « Comme en automobile, une<br />
accélération <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> hausse<br />
<strong>de</strong>s tarifs en habitation est hautement<br />
probable à l’échéance 2023 », conclut<br />
Facts & Figures.
BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 17<br />
Assurance agricole : <strong>Le</strong>s assureurs sont-ils prêts à<br />
suivre le sillon <strong>de</strong> la réforme ?<br />
Présenté en conseil <strong>de</strong> ministres<br />
le 1 er décembre <strong>de</strong>rnier, le projet<br />
<strong>de</strong> loi visant à réformer l’assurance<br />
agricole et plus particulièrement<br />
la MRC (Multirisques<br />
climatique récolte) est salué<br />
par l’ensemble du marché. Toutefois,<br />
<strong>de</strong>s réserves persistent,<br />
notamment dans sa mise en<br />
œuvre ainsi que pour <strong>de</strong>s questions<br />
<strong>de</strong> concurrence.<br />
Par Thierry Gouby<br />
L’épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> gel tardif qui a touché<br />
les cultures <strong>de</strong> la moitié Sud<br />
<strong>de</strong> la France en avril <strong>2021</strong> a servi<br />
<strong>de</strong> déclic à l’exécutif pour réformer le<br />
régime <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s risques climatiques<br />
sur récoltes : une évolution<br />
attendue <strong>de</strong>puis longtemps. « <strong>Le</strong>s<br />
assureurs appellent à une réforme<br />
<strong>de</strong>puis plusieurs années, explique<br />
Franck <strong>Le</strong> Vallois, directeur général<br />
<strong>de</strong> la France Assureurs (ex-FFA). <strong>Le</strong><br />
mon<strong>de</strong> agricole est mal protégé avec<br />
un taux <strong>de</strong> non assurance qui frôle<br />
les 70% <strong>de</strong>s surfaces exploitées ».<br />
Sur les bases d’un rapport commandé<br />
dans la foulée par le ministre <strong>de</strong><br />
l’Agriculture et <strong>de</strong> l’Alimentation au<br />
député Frédéric Descrozaille (LREM),<br />
le gouvernement a donc travaillé<br />
toute la fin d’année <strong>2021</strong> à poser les<br />
jalons d’une réforme <strong>de</strong> l’assurance<br />
agricole. Il présentait le 1 er décembre<br />
<strong>de</strong>rnier un projet <strong>de</strong> loi en conseil <strong>de</strong>s<br />
ministres. « <strong>Le</strong>s travaux du député<br />
posent <strong>de</strong>s bases extrêmement intéressantes<br />
sur la refonte du système »,<br />
estime Thierry Martel, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l’AAM et directeur général <strong>de</strong> Groupama.<br />
3 niveaux <strong>de</strong> prise en charge<br />
En effet, le texte, porté conjointement<br />
par les ministères <strong>de</strong> l’Économie<br />
et <strong>de</strong> l’Agriculture, s’inspire très<br />
largement du modèle espagnol mis<br />
en place dans les années 1970 et<br />
basé sur le principe <strong>de</strong> solidarité. Il<br />
s’appuie ainsi sur un système à trois<br />
niveaux <strong>de</strong> prise en charge, calculés<br />
en pourcentage <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> la<br />
récolte par rapport à l’année N-1.<br />
<strong>Le</strong> premier niveau s’apparente à une<br />
franchise pour laquelle les exploitants<br />
agricoles prendraient en charge<br />
une partie du risque sous forme d’auto-assurance,<br />
à hauteur d’environ<br />
20%. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>uxème niveau ferait appel<br />
au secteur privé <strong>de</strong> l’assurance, à travers<br />
la diffusion d’une multirisques<br />
climatique subventionnée par l’État.<br />
Enfin, le troisième niveau serait une<br />
prise en charge <strong>de</strong>s pertes exceptionnelles<br />
par la solidarité nationale,<br />
modulée en fonction <strong>de</strong>s cultures.<br />
Questions en suspens<br />
« Toutes ces mesures sont excellentes<br />
mais renvoient nombre <strong>de</strong> questions<br />
aux décrets et ordonnances d’application<br />
», explique pour sa part Agéa,<br />
la fédération nationale <strong>de</strong>s syndicats<br />
d’agents généraux. Ainsi, le projet<br />
<strong>de</strong> loi ne définit pas pour l’heure le<br />
niveau <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s primes<br />
d’assurance. « <strong>Le</strong> texte borne simplement<br />
l’intervention <strong>de</strong> l’Etat au regard<br />
<strong>de</strong>s seuils autorisés par l’Union<br />
européenne », indique le ministère<br />
<strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> l’Alimentation.<br />
Surtout, s’agissant du <strong>de</strong>uxième<br />
niveau d’intervention, celui <strong>de</strong> l’assurance<br />
privée, le gouvernement réfléchit<br />
à la constitution d’un pool <strong>de</strong> coréassurance.<br />
« <strong>Le</strong> dispositif <strong>de</strong> pool<br />
amène beaucoup d’interrogations<br />
structurantes pour les assureurs. Il<br />
impliquerait le partage <strong>de</strong>s données<br />
et <strong>de</strong>s informations pour créer une<br />
base <strong>de</strong> tarification technique commune<br />
entre tous les membres du pool<br />
et irait jusqu’à la mise en commun <strong>de</strong>s<br />
sinistres », explique Franck <strong>Le</strong> Vallois.<br />
Une possibilité qui inquiète nombre<br />
d’opérateurs du marché, tant sur<br />
le partage d’informations que sur<br />
la gouvernance <strong>de</strong> ce pool. « Comment<br />
sera déterminé le tarif <strong>de</strong> base ?<br />
Des surprimes seront-elles applicables<br />
par les compagnies ? Si oui,<br />
dans quelle mesure ? Sinon quelles<br />
sont les compensations possibles ?<br />
Quels seront les délais <strong>de</strong> remboursement<br />
pour les agriculteurs ? Quelle<br />
place pour la réassurance privée ? »,<br />
se questionne pour sa part Agéa.<br />
Autre point d’attention celui du guichet<br />
unique. « <strong>Le</strong> dispositif acterait<br />
la mise en place d’un interlocuteur<br />
unique pour les assurés, avec délégation<br />
<strong>de</strong> service. Mais quid <strong>de</strong> la<br />
rémunération <strong>de</strong> cette délégation <strong>de</strong><br />
service public ? », se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Franck<br />
<strong>Le</strong> Vallois. « <strong>Le</strong> rapport Descrozaille<br />
recommandait <strong>de</strong> doter le régime <strong>de</strong><br />
600 à 700 millions d’euros. Ce qui<br />
représente une forte hausse par rapport<br />
au précé<strong>de</strong>nt (300 millions d’euros).<br />
Comment cette augmentation<br />
sera-t-elle financée ? Par qui ? », se<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ensuite Agéa.<br />
La fédération <strong>de</strong>s syndicats d’agents<br />
ajoute même que ces <strong>de</strong>rniers « sont<br />
donc incontournables dans la politique<br />
<strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> proximité<br />
portée, à raison par le gouvernement<br />
», selon son prési<strong>de</strong>nt Pascal<br />
Chapelon.<br />
Il appelle ainsi toutes les compagnies<br />
mandantes « et pas seulement les acteurs<br />
historiques » à intégrer le pool<br />
<strong>de</strong> gouvernance, qui sera le lieu <strong>de</strong><br />
l’élaboration d’une part importante <strong>de</strong><br />
la future politique agricole française.<br />
Concurrence et timing<br />
Enfin, l’Autorité <strong>de</strong> la concurrence<br />
a été saisie par le gouvernement. Il<br />
existe ainsi un risque <strong>de</strong> distorsion<br />
<strong>de</strong> concurrence entre les assureurs<br />
membres du pool qui bénéficieraient<br />
<strong>de</strong> la subvention <strong>de</strong> l’État et<br />
ceux qui souhaiteraient continuer à<br />
commercialiser <strong>de</strong>s contrats hors<br />
du pool, mais sans profiter <strong>de</strong> cette<br />
subvention. « Selon moi, ce pool<br />
ne tue pas la concurrence », tempère<br />
pour sa part Thierry Martel.<br />
Reste que le timing est serré pour<br />
ce projet <strong>de</strong> loi, qui doit être déposé<br />
à l’Assemblée nationale à la mi-janvier<br />
puis voté par les <strong>de</strong>ux chambres<br />
avant la fin du mois <strong>de</strong> février. <strong>Le</strong><br />
volet financement <strong>de</strong> la réforme est<br />
quant à lui renvoyé au PLF 2023.
18 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />
Risque sécheresse : Coût <strong>de</strong> chaud pour les assureurs<br />
Alors que le coût <strong>de</strong> la sécheresse<br />
atteint désormais le milliard d’euros<br />
chaque année en France, ce risque<br />
pose la question <strong>de</strong> son assurabilité<br />
et <strong>de</strong> son <strong>de</strong>venir au sein du régime<br />
catastrophes naturelles.<br />
Par Thierry Gouby<br />
Adoptée définitivement midécembre<br />
par le Parlement,<br />
la proposition <strong>de</strong> loi<br />
sur la réforme <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation<br />
<strong>de</strong>s catastrophes naturelles<br />
a été saluée par l’ensemble<br />
du marché comme un premier pas<br />
encourageant dans le toilettage d’un<br />
régime désormais vieux <strong>de</strong> 40 ans.<br />
Toutefois, subsiste au sein du mécanisme<br />
une inquiétu<strong>de</strong> grandissante à<br />
propos du risque sécheresse, <strong>de</strong>venu<br />
au fil <strong>de</strong>s années un péril <strong>de</strong> plus en<br />
plus coûteux pour les assureurs. Selon<br />
la Caisse Centrale <strong>de</strong> Réassurance,<br />
le coût marché <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong><br />
retrait-gonflement <strong>de</strong>s sols argileux<br />
est estimé à ce jour entre 1 et 1,2<br />
milliard d’euros.<br />
Depuis la mise en place du régime en<br />
1982, la sécheresse représente ainsi<br />
plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s sinistres assurés<br />
les plus coûteux (voir tableau ci-contre).<br />
Amélioration <strong>de</strong>s délais<br />
Devant ce phénomène, le texte adopté<br />
en fin d’année impose notamment au<br />
gouvernement <strong>de</strong> remettre dans un<br />
délai <strong>de</strong> 6 mois, un rapport sur les<br />
réformes envisageables et les pistes<br />
d’amélioration <strong>de</strong>s délais d’instruction<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’in<strong>de</strong>mnisation face<br />
à ce risque <strong>de</strong> sécheresse-réhydratation<br />
<strong>de</strong>s sols. Il prévoit également<br />
un allongement du délai <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> déclaration en état <strong>de</strong> catastrophe<br />
naturelle à 24 mois, contre 18 mois<br />
auparavant.<br />
« À ce jour il se passe en moyenne 4<br />
ans entre une déclaration <strong>de</strong> sinistre<br />
et une in<strong>de</strong>mnisation en matière <strong>de</strong><br />
sinistre liée à la sécheresse. Ce délai est<br />
particulièrement long et préjudiciable<br />
pour les sinistrés », expliquait Danielle<br />
Brulebois, députée La République en<br />
Marche du Jura, lors <strong>de</strong> la discussion<br />
du texte au Parlement.<br />
Depuis 2020, l’Inspection Générale<br />
<strong>de</strong>s Finances travaille en parallèle<br />
sur <strong>de</strong>s propositions concrètes en la<br />
matière, sans que les conclusions <strong>de</strong><br />
leur rapport n’aient encore été rendues<br />
au gouvernement.<br />
Sur le long chemin législatif qui s’ouvre<br />
en matière <strong>de</strong> risque sécheresse,<br />
beaucoup reste donc à faire. « Plus<br />
<strong>de</strong> 4 millions <strong>de</strong> maisons pourraient<br />
potentiellement être exposées à cet<br />
aléa dans les prochaines années. Il<br />
est légitime que certains acteurs<br />
veuillent sortir ce péril du régime.<br />
D’autres au contraire souhaitent légiférer<br />
davantage, notamment en matière<br />
<strong>de</strong> prévention », note un assureur.<br />
Qui pour payer la résilience<br />
Si la loi Elan prend désormais en<br />
compte la « prévention <strong>de</strong>s risques<br />
<strong>de</strong> mouvement <strong>de</strong> terrain différentiel<br />
consécutif à la sécheresse et à la réhy-<br />
dratation <strong>de</strong>s sols »,, avec une étu<strong>de</strong><br />
préalable <strong>de</strong>s sols pour les construc-<br />
tions neuves, le sujet du bâti existant<br />
reste en suspend.<br />
Ainsi, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s<br />
travaux permettant la remise en l’état<br />
du bien sinistré par la sécheresse, la<br />
question du financement <strong>de</strong>s reprises<br />
en sous-œuvre pour solidifier le bâti<br />
pour qu’il résiste à <strong>de</strong>s risques futurs<br />
<strong>de</strong>meure. « Il y a <strong>de</strong>s endroits où il<br />
faudra à l’avenir faire cohabiter le bâti<br />
et l’aléa et rendre résilientes les habi-<br />
tations face à ces périls »,, lance un<br />
opérateur du marché.<br />
« <strong>Le</strong> problème c’est le financement <strong>de</strong><br />
cette résilience. Nous pensons que ce<br />
n’est pas le rôle <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation assu-<br />
rantielle et il faut donc trouver d’autres<br />
sources <strong>de</strong> financement au risque <strong>de</strong><br />
remettre en cause le principe même<br />
<strong>de</strong> l’assurance »,, conclut ce <strong>de</strong>rnier.<br />
Pour rappel, sur la pério<strong>de</strong> 1982-2020, le<br />
coût (hors auto) <strong>de</strong>s Cat Nat, tous périls<br />
confondus, s’élève selon la CCR à 40,7<br />
milliards d’euros (avec une sinistralité<br />
annuelle moyenne <strong>de</strong> 1,044 milliard<br />
d’euros). Sur cette même pério<strong>de</strong>, la<br />
seule sécheresse représente 37% <strong>de</strong><br />
la sinistralité cumulée.
Clara F.<br />
sociétaire a dit :<br />
“Je me suis tout <strong>de</strong> suite<br />
sentie en confiance,<br />
protégée.”<br />
Un mot tellement important<br />
qu’on a voulu l’encadrer.<br />
Campagne réalisée à partir <strong>de</strong> témoignages <strong>de</strong> sociétaires Macif. Photos prises par les sociétaires.<br />
MACIF - MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET SALARIÉS DE<br />
L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE. Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. Entreprise régie par le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
assurances. Siège social : 1 rue Jacques Vandier 79000 Niort.
20 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DOMMAGES<br />
TRIBUNE<br />
« Assureurs, digitaliser ne suffira pas<br />
« <strong>Le</strong>s assurtechs ont été initialement pensées pour répondre à ces nouveaux besoins,<br />
et n’ont pas à transformer leur structure entière pour s’y adapter »<br />
Depuis la pandémie, la notion <strong>de</strong> “mon<strong>de</strong><br />
d’après” occupe une place prépondérante<br />
dans les débats . <strong>Le</strong> secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />
n’y échappe pas, notamment par le prisme<br />
<strong>de</strong> la transformation digitale, nouveau cheval <strong>de</strong><br />
bataille <strong>de</strong>s assureurs. Privés <strong>de</strong> tout contact avec<br />
leurs conseillers, les assurés ont pris conscience<br />
<strong>de</strong> la difficulté <strong>de</strong> gérer leurs assurances à distance,<br />
et <strong>de</strong> ce que cela incluait.<br />
Ces entreprises historiques mettent désormais les<br />
bouchées doubles pour pallier ce manque- “<strong>de</strong>uxtiers<br />
<strong>de</strong>s assureurs envisagent d’augmenter leurs<br />
dépenses technologiques au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux prochaines<br />
années” selon une étu<strong>de</strong> BlackRock <strong>de</strong> <strong>2021</strong>.<br />
Cette course à l’innovation ne doit pas pour autant<br />
éclipser un détail fondamental : digitaliser n’est en<br />
rien une finalité, mais plutôt un moyen au service<br />
<strong>de</strong> la personnalisation, <strong>de</strong> l’optimisation, ainsi que<br />
<strong>de</strong> la simplification <strong>de</strong>s services, réclamées par<br />
les assurés.<br />
Digitalisation <strong>de</strong> l’assurance, une nécessité exprimée<br />
ui pour payer la résilience<br />
Seuls 55% <strong>de</strong>s Français saisissent “l’essentiel” <strong>de</strong><br />
leur contrat d’assurance, quand 23% partagent qu’il<br />
<strong>de</strong>meure flou, et 7% avouent ne pas les comprendre<br />
(25% en ce qui concerne les 18-34 ans). S’assurer a<br />
même été qualifié <strong>de</strong> troisième tâche administrative<br />
la plus angoissante par 30% <strong>de</strong>s Millenials et 23% <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s Français, <strong>de</strong>rrière les impôts et les<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> subventions. Cette incompréhension<br />
et cette anxiété témoignent <strong>de</strong> la crise structurelle<br />
que traverse le secteur assurantiel : dissociés <strong>de</strong>s<br />
préoccupations et besoins sociétaux actuels, les<br />
lea<strong>de</strong>rs du secteur se sont peut-être trop longtemps<br />
concentrés sur le produit plutôt que sur l’utilisateur.<br />
C’est pourquoi, une pandémie mondiale plus<br />
tard, les confinements, la fermeture <strong>de</strong>s agences et<br />
l’évolution <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s ménages les obligent à<br />
se réinventer.<br />
Dématérialiser c’est bien, évoluer c’est mieux<br />
La digitalisation en cours chez certains assureurs, si<br />
elle répond à un fort besoin exprimé par leurs clients,<br />
s’est surtout accélérée suite à la pandémie, durant<br />
laquelle les limites structurelles internes sont <strong>de</strong>venues<br />
évi<strong>de</strong>ntes. En témoigne la répartition du budget<br />
alloué par les assureurs traditionnels au numérique<br />
pour les <strong>de</strong>ux ans à venir : 56% prévoient <strong>de</strong> dédier<br />
ces dépenses à la gestion actifs-passifs.<br />
Or, ce budget <strong>de</strong>vrait être utilisé pour optimiser le<br />
parcours client et les services aux assurés. In fine, la<br />
dématérialisation <strong>de</strong>s services <strong>de</strong>vrait soutenir une<br />
stratégie holistique <strong>de</strong>stinée à rassurer les clients,<br />
à répondre à leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> transparence et <strong>de</strong><br />
simplicité, afin d’éradiquer l’angoisse et les mauvaises<br />
surprises lorsqu’ils se retrouvent confrontés<br />
à un sinistre.<br />
En <strong>2021</strong>, la digitalisation <strong>de</strong>s services assurantiels<br />
<strong>de</strong>vrait déjà permettre <strong>de</strong> gérer un dégât <strong>de</strong>s eaux<br />
ou un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture avec la même facilité que<br />
lorsque les assurés comman<strong>de</strong>nt une pizza en ligne :<br />
déclaration, suivi, et contact en quelques clics <strong>de</strong>puis<br />
leur smartphone ou leur tablette. Ainsi, la migration<br />
vers le digital n’est en rien un aboutissement. Pour<br />
répondre aux attentes <strong>de</strong>s assurés, l’idéal serait <strong>de</strong><br />
refondre les modèles opérationnels afin <strong>de</strong> proposer<br />
<strong>de</strong>s solutions ajustées à leurs besoins réels.<br />
Une assurance pensée pour les assurés, la clé d’un<br />
modèle réussi<br />
Ici rési<strong>de</strong> la force <strong>de</strong>s assurtechs : ces startups ont été<br />
initialement pensées pour répondre à ces nouveaux
BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 DOMMAGES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 21<br />
à rassurer vos clients »<br />
besoins, et n’ont pas à transformer leur structure<br />
entière pour s’y adapter. Pensées par <strong>de</strong>s entrepreneurs<br />
qui peinaient eux aussi à s’y retrouver dans<br />
leurs contrats, elles proposent un modèle innovant,<br />
répondant aux exigences contemporaines <strong>de</strong>s assurés<br />
: accessibilité, simplicité, rapidité et transparence.<br />
En regroupant jusqu’à cinq contrats sur une unique<br />
plateforme digitale, accessible en ligne ou via l’application,<br />
Lovys permet ainsi aux profanes <strong>de</strong> ce secteur<br />
<strong>de</strong> contracter, suivre, gérer et même résilier leurs couvertures<br />
en quelques clics. Des frais <strong>de</strong> vétérinaires à<br />
la panne sur l’autoroute en passant par le téléphone<br />
tombé dans l’évier, ses assurés n’ont plus à paniquer<br />
lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> contacter leur conseiller. Par ailleurs,<br />
outre l’aspect serviciel, les assurtechs utilisent ces<br />
technologies pour innover selon les besoins évolutifs<br />
<strong>de</strong> leurs clients. Par exemple, en mettant en place<br />
un système <strong>de</strong>stiné à collecter les retours <strong>de</strong> leur<br />
communauté en temps réel, nous nous efforçons<br />
d’améliorer en continue nos produits et services, en<br />
se basant sur leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. Et c’est en gran<strong>de</strong><br />
partie grâce à la collecte <strong>de</strong> ces messages que<br />
nous sommes aujourd’hui en mesure <strong>de</strong> savoir que<br />
les assurés aimeraient intégrer une offre “chien <strong>de</strong><br />
catégorie 2” à leur couverture animaux <strong>de</strong> compagnie,<br />
ou encore une option “augmentation du<br />
capital mobilier” à leur assurance habitation. Ainsi,<br />
en s’appuyant sur l’utilisation <strong>de</strong> nouvelles technologies,<br />
les assurtechs se donnent les moyens <strong>de</strong> se<br />
rapprocher <strong>de</strong> leurs assurés en leur fournissant <strong>de</strong>s<br />
produits et services alignés à leurs besoins réels.<br />
BIO<br />
Fabien<br />
Cazes<br />
Country Manager France <strong>de</strong> Lovys<br />
Formation : Université Paris 2 Panthéon-Assas, Edhec Business<br />
School<br />
Parcours : Fabien Cazes débuté sa carrière en 2007 chez PwC.<br />
Après avoir intégré les équipes <strong>de</strong> SGCIB (Société Générale) à<br />
Londres, il entre au département insurance capital market <strong>de</strong> Barclays<br />
Investment Bank en 2010, avant d’en <strong>de</strong>venir vice-prési<strong>de</strong>nt<br />
pour le marché français trois ans plus tard. Nommé en 2018 au<br />
poste <strong>de</strong> directeur général France <strong>de</strong> Deposit Solutions, Fabien<br />
Cazes est le country manager France <strong>de</strong> l’insurtech Lovys <strong>de</strong>puis<br />
juin <strong>2021</strong>.
MARCHÉ<br />
PER, les frais passés au<br />
crible<br />
P.23<br />
TRIBUNE<br />
Stéphane Dessirier prend la<br />
plume<br />
P.26<br />
TABLEAU<br />
Tous les ren<strong>de</strong>ments servis<br />
en <strong>2021</strong><br />
P.28
BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 23<br />
PER, les frais passés au crible en <strong>2021</strong><br />
<strong>Le</strong> succès du PER n’est plus à prouver mais sa réputation s’est vue entachée un peu moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans après<br />
son lancement. Si les épargnants continuent d’affluer, ils sont plus regardants et ne seront désormais plus les<br />
seuls puisque l’exécutif a annoncé <strong>de</strong> futures actions contre <strong>de</strong>s frais jugés trop élevés.<br />
Par Mathil<strong>de</strong> Castagna<br />
<strong>Le</strong> Plan d’épargne retraite souffle<br />
sa <strong>de</strong>uxième bougie. Instauré<br />
par la Loi Pacte et commercialisé<br />
dès octobre 2019, le PER<br />
connait un démarrage à <strong>de</strong>mi-mesure<br />
pour ensuite séduire et attiser l’intérêt<br />
<strong>de</strong>s plus jeunes. <strong>Le</strong>s moins <strong>de</strong> 35 ans<br />
sont 40% à souhaiter préparer l’avenir<br />
grâce à ce type <strong>de</strong> produit, selon les<br />
résultats d’une enquête Ifop publiés en<br />
novembre <strong>de</strong>rnier.<br />
Fin octobre <strong>2021</strong>, soit un peu plus <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux ans après sa mise sur le marché,<br />
la Fédération française <strong>de</strong> l’assurance<br />
comptabilise 2,4 millions <strong>de</strong> bénéficiaires<br />
pour 26,1 milliards d’euros <strong>de</strong> provisions<br />
mathématiques. Parmi eux, 1,136 million<br />
<strong>de</strong> contrats transférés et 1,245 million<br />
<strong>de</strong> nouveaux assurés.<br />
Néanmoins la tendance est à la souscription<br />
en <strong>2021</strong> avec en moyenne<br />
64 400 nouveaux contrats par mois,<br />
contre 37 500 transferts mensuels. Bien<br />
qu’il propose <strong>de</strong> nombreux avantages<br />
pour l’entreprise et ses employés, le<br />
PER collectif est moins populaire que<br />
l’individuel. LA FFA décompte ainsi fin<br />
octobre 681 000 PER d’entreprises,<br />
contre 1,701millions <strong>de</strong> PER individuels.<br />
Des frais opaques<br />
Pour autant, l’histoire était trop belle. Une<br />
gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s encours comptabilisés<br />
aujourd’hui découlent <strong>de</strong> transferts<br />
provenant d’anciens contrats dont la<br />
commercialisation s’est arrêtée avec<br />
l’entrée en vigueur <strong>de</strong> la loi Pacte.<br />
Viennent s’ajouter à cela <strong>de</strong>s frais jugés<br />
« excessifs » par Bruno <strong>Le</strong> Maire,<br />
ministre <strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>s Finances et<br />
<strong>de</strong> la Relance. La réaction du ministère<br />
découle notamment d’un rapport remis<br />
en juillet <strong>2021</strong> par Corinne Dromer, la<br />
prési<strong>de</strong>nte du Comité consultatif du<br />
secteur financier (CCSF).<br />
<strong>Le</strong>s constats sont clairs, l’information est<br />
opaque et la somme <strong>de</strong>s frais appliqués<br />
trop importante. La prési<strong>de</strong>nte a notamment<br />
pris pour exemple les unités <strong>de</strong><br />
compte qui, lorsqu’elles sont investies<br />
en actions, représentent 3% <strong>de</strong> frais<br />
<strong>de</strong> départ n’incluant pas à ce résultat<br />
les frais sur versement, ni ceux d’arbitrage.<br />
Elle pointe également du doigt<br />
l’option choisie par certains épargnants<br />
<strong>de</strong> déductibilité <strong>de</strong>s versements, qui<br />
efface - en apparence - les frais sur le<br />
ren<strong>de</strong>ment brut.<br />
En octobre <strong>2021</strong>, c’était au tour du Sénat<br />
<strong>de</strong> tirer la sonnette d’alarme. <strong>Le</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux rapporteurs <strong>de</strong> la commission<br />
<strong>de</strong>s finances, Jean-François Husson<br />
et Albéric <strong>de</strong> Montgolfier, n’ont pas manqué<br />
<strong>de</strong> souligner les frais pratiqués sur<br />
le marché <strong>de</strong> l’assurance vie. Dans leur<br />
copie, les rapporteurs suggèrent <strong>de</strong> prolonger<br />
l’avantage fiscal appliqué lors <strong>de</strong><br />
transferts d’un contrat d’assurance vie<br />
vers un PER.<br />
En effet, via cette recommandation, les<br />
<strong>de</strong>ux rapporteurs pointent du doigt un<br />
critère <strong>de</strong> succès du PER, puisque 74%<br />
du nombre <strong>de</strong> contrats PER étaient issus<br />
<strong>de</strong> transferts en mars <strong>2021</strong>, selon les<br />
chiffres publiés par la direction du Trésor.<br />
Pour autant, cet avantage est supposé<br />
être applicable jusqu’au 1 er janvier<br />
2023. Après cette date, les transferts<br />
n’en bénéficieront plus.<br />
Après les constats, place à l’action<br />
Alors que Bercy misait beaucoup sur<br />
ce produit, l’opacité <strong>de</strong>s informations et<br />
<strong>de</strong>s frais pourraient entacher son succès.<br />
Dans son rapport, Corinne Dromer<br />
encourage une plus gran<strong>de</strong> concurrence<br />
entre acteurs avec notamment <strong>de</strong>s PER<br />
compte-titres distribués par « <strong>de</strong> grands<br />
groupes bancaires ». De son côté, l’Eiopa<br />
a entamé <strong>de</strong>s travaux visant à mettre<br />
en rapport les frais et les ren<strong>de</strong>ments<br />
et Bruno <strong>Le</strong> Maire a appelé à un accord<br />
<strong>de</strong> place.<br />
Ces initiatives n’ont néanmoins pas fait<br />
l’unanimité dans le secteur. « Il n’y a<br />
qu’aux assureurs que nous <strong>de</strong>mandons<br />
le détail du prix d’un produit. Lorsque<br />
vous allez au supermarché, vous ne vous<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z pas à combien s’élève la part<br />
du prix permettant <strong>de</strong> payer le producteur<br />
et celle gardée par le distributeur »,<br />
lance un acteur <strong>de</strong> l’assurance. Gare aux<br />
acteurs du secteur qui ne souhaiteraient<br />
pas jouer le jeu <strong>de</strong> la transparence et<br />
<strong>de</strong> la lisibilité <strong>de</strong>s frais, le sujet courageusement<br />
mis sur le feu en <strong>2021</strong> n’est<br />
pas prêt <strong>de</strong> se refroidir en 2022.
24 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE VIE<br />
<strong>Le</strong> verdissement, doucement mais surement<br />
Face au changement climatique, les assureurs se retrouvent sur tous les fronts et les <strong>de</strong>rniers chiffres publiés par la FFA<br />
au sujet <strong>de</strong> la sinistralité font froid dans le dos. Pour contrer ce phénomène, le secteur possè<strong>de</strong> une force : sa puissance<br />
financière. <strong>Le</strong>s nouvelles directives imposées par la loi Pacte <strong>de</strong>vraient également participer à la redirection <strong>de</strong>s investissements<br />
vers <strong>de</strong>s secteurs plus responsables.<br />
Renommé « Flop26 », le ren<strong>de</strong>z-vous climatique<br />
organisé par l’Organisation <strong>de</strong>s nations unies en<br />
novembre <strong>2021</strong> n’aura pas tenu ses promesses.<br />
Pour autant, du côté <strong>de</strong>s assureurs, une alliance<br />
est désormais en marche. Toujours en discussion, la Net<br />
Zero Insurance Alliance (NZIA) <strong>de</strong>vrait, dans le courant<br />
<strong>de</strong> l’année 2022, présenter <strong>de</strong>s actions concrètes et communes<br />
vis-à-vis du climat. En attendant, l’union convainc<br />
<strong>de</strong> nouveaux membres comme le Lloyd’s et Matmut qui<br />
ont rejoint l’alliance fin <strong>2021</strong>. Alors que le sujet est d’ores<br />
et déjà au cœur <strong>de</strong>s discussions, la FFA a publié une estimation<br />
du montant <strong>de</strong>s sinistres liés aux événements<br />
naturels que sont les inondations, les tempêtes et les sécheresses.<br />
<strong>Le</strong> constat est clair, il pourrait presque doubler<br />
dans les années à venir.<br />
Un mastodonte financier<br />
Représentant 1 800 milliards d’euros d’encours rien que<br />
sur son activité d’assurance vie, le secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />
pourrait bien avoir une carte à jouer sur la transition climatique.<br />
Depuis 2015, les acteurs se désengagent à tour<br />
<strong>de</strong> rôle <strong>de</strong> secteurs d’investissement comme les énergies<br />
fossiles, le tabac, l’huile <strong>de</strong> palme et s’appuient notamment<br />
sur <strong>de</strong>s labels pour rediriger leurs investissements.<br />
D’après la FFA, les placements verts s’élèvent à 133,8 milliards<br />
d’euros fin septembre <strong>2021</strong>, soit moins <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>s<br />
actifs gérés par les assureurs. Bien qu’ils ne représentent<br />
encore qu’une minorité <strong>de</strong>s investissements, les labels -<br />
ISR, Finansol, Greenfin - attirent l’attention. Et pour cause,<br />
<strong>de</strong>puis 2020, les assureurs sont dans l’obligation <strong>de</strong> présenter<br />
pour chaque produit d’assurance-vie une unité <strong>de</strong><br />
compte labélisée ISR.<br />
Fin septembre <strong>2021</strong>, les unités <strong>de</strong> compte responsables<br />
s’élevaient à 74 milliards d’euros, un chiffre qui <strong>de</strong>vrait<br />
s’améliorer avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle régulation.<br />
En effet, à peine le temps <strong>de</strong> s’adapter, qu’au 1 er<br />
janvier 2022 ce n’est plus une mais trois types d’unités <strong>de</strong><br />
compte - soit une ISR, une verte et une solidaire – que les<br />
assureurs <strong>de</strong>vront présenter avec chaque produit d’assurance<br />
vie.<br />
Et pour construire une unité <strong>de</strong> compte solidaire, la loi<br />
Pacte impose ses critères. Elle <strong>de</strong>vra être composée<br />
d’une part comprise entre 5% et 10% <strong>de</strong> titres émis par<br />
<strong>de</strong>s entreprises solidaires d’utilité sociale agréés (ESUS),<br />
soit par <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> capital-risque portant diverses<br />
dispositions d’ordre économique et financier et investis<br />
au moins à 40% en ESUS, ou par <strong>de</strong>s fonds communs<br />
<strong>de</strong> placements à risque, sous réserve que l’actif <strong>de</strong> ces<br />
fonds soit composé d’au moins 40% <strong>de</strong> titres émis par<br />
<strong>de</strong>s entreprises solidaires. En d’autres termes, environ<br />
10% <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> compte seront composés d’actifs provenant<br />
d’entreprises solidaires.<br />
Pour les 90% restants, les actifs <strong>de</strong>vront présenter <strong>de</strong>s critères<br />
socialement responsables. Conçus et gérés par <strong>de</strong>s<br />
sociétés <strong>de</strong> gestion, les fonds dits responsable peuvent<br />
être composés par exemple d’épargne salariale ou <strong>de</strong><br />
fonds d’investissement populaire comme les OPCVM et<br />
les FIP solidaires.<br />
En parallèle, le règlement SDR européen est reporté.<br />
Celui-ci e sera pas en vigueur le 1 er juillet 2022 mais au<br />
1 er janvier 2023. Entré partiellement en vigueur en mars<br />
<strong>2021</strong>, il permet aux acteurs concernés un reporting approfondi<br />
et facilite la lisibilité du contenu <strong>de</strong>s portefeuilles.<br />
Même son <strong>de</strong> cloche pour la taxonomie européenne qui<br />
n’est pas encore aboutie. Selon Hélène N’Diaye, directrice<br />
générale adjointe <strong>de</strong> Maif, la taxonomie européenne « ne<br />
contient aucune conditionnalité, il en est pourtant <strong>de</strong> notre<br />
responsabilité d’apporter <strong>de</strong>s contraintes, <strong>de</strong>s règles et <strong>de</strong><br />
la transparence vis-à-vis <strong>de</strong> ses sujets. C’est bien dommage<br />
que les pouvoirs publics ne s’en saisissent pas ».<br />
Concernant ces sujets, la balle semble être dans le camp<br />
<strong>de</strong>s autorités européennes. <strong>Le</strong> règlement SFDR, la taxonomie<br />
mais aussi le sujet <strong>de</strong> l’investissement vert au sein<br />
<strong>de</strong> la révision <strong>de</strong> Solvabilité II sont <strong>de</strong>s points cruciaux qui<br />
<strong>de</strong>vraient être éclaircis au courant <strong>de</strong> l’année 2022. M.C.<br />
Évolution du taux <strong>de</strong> l’OAT française à 10 ans en <strong>2021</strong>
BILAN DE L’ASSURANCE VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 25<br />
<strong>Le</strong>s UC, <strong>de</strong>s droits mais aussi <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs<br />
La décollecte est bel et bien une histoire<br />
ancienne pour l’assurance vie.<br />
En <strong>2021</strong>, la collecte se montre sous<br />
son meilleur jour en battant <strong>de</strong>s records<br />
grâce notamment aux unités<br />
<strong>de</strong> compte qui ne cessent <strong>de</strong> fédérer.<br />
En revanche, la question du <strong>de</strong>voir<br />
<strong>de</strong> conseil sur ce type <strong>de</strong> produit fait<br />
débat.<br />
Par Mathil<strong>de</strong> Castagna<br />
L’’assurance vie est <strong>de</strong> retour et<br />
elle revient en force. Après une<br />
année passée dans le négatif,<br />
la collecte nette atteint 18,5 milliards<br />
d’euros sur les dix premiers mois<br />
<strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong> et <strong>de</strong>vrait dépasser les<br />
20 milliards d’euros d’ici la fin <strong>de</strong> l’année.<br />
Elle affiche même un résultat record sur<br />
le mois d’octobre avec 2,7 milliards d’euros<br />
collectés, un niveau inégalé <strong>de</strong>puis<br />
2019. Volonté <strong>de</strong>s épargnants ou opération<br />
séduction <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s assureurs,<br />
elle capte une partie <strong>de</strong> la sur-épargne<br />
<strong>de</strong>s Français accumulée durant la crise<br />
sanitaire qui s’élève à plus <strong>de</strong> 150 milliards<br />
d’euros.<br />
Sa réussite revient notamment au<br />
dynamisme apporté par les unités <strong>de</strong><br />
compte. Alors que le contexte sanitaire<br />
incertain aurait pu inverser la tendance,<br />
l’insolence <strong>de</strong>s marchés et l’appétence<br />
<strong>de</strong>s Français au risque ont permis <strong>de</strong><br />
collecter sur les dix premiers mois <strong>de</strong><br />
l’année plus <strong>de</strong> 47 milliards d’euros en<br />
unités <strong>de</strong> compte. Elles représentent<br />
désormais 38% <strong>de</strong>s cotisations. Une<br />
aubaine pour les assureurs qui dans le<br />
contexte <strong>de</strong> taux bas actuel sont pénalisés<br />
par le fonds euro, <strong>de</strong>venu coûteux.<br />
Sous-pression vis-à-vis <strong>de</strong>s obligations<br />
imposées par Solvabilité II, certains<br />
assureurs ont ouvertement coupé les<br />
vannes du fonds euro. Tandis que certains<br />
ont opté pour un plafonnement<br />
<strong>de</strong>s contrats 100% fonds euro, d’autres<br />
ont imposé <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> versements ou<br />
ont réinvesti les ren<strong>de</strong>ments perçus sur<br />
<strong>de</strong>s placements plus risqués. Pour certains<br />
contrats, un ratio d’UC minimum<br />
est imposé, même avec les profils les<br />
plus pru<strong>de</strong>nts.<br />
Un choix <strong>de</strong>s assureurs<br />
Bien que la performance <strong>de</strong>s marchés<br />
en <strong>2021</strong> vienne confirmer le choix stratégique<br />
<strong>de</strong>s assureurs, les autorités ne<br />
l’enten<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong> cette oreille. Concerné<br />
par le sujet, elles ont fait appel à la<br />
vigileance. Dominique Laboureix, secrétaire<br />
général <strong>de</strong> l’ACPR, s’exprimait sur<br />
le sujet en juin <strong>de</strong>rnier : « Cette tendance<br />
dynamique appelle à se poser <strong>de</strong>s questions<br />
sur la manière dont ces produits<br />
ont été commercialisés ».<br />
Et il n’était pas le seul, Jean-Paul Faugère,<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ACPR, n’a pas<br />
manqué <strong>de</strong> revenir sur le sujet en novembre<br />
<strong>2021</strong> : « Pour tous les produits<br />
d’assurance, il convient <strong>de</strong> revoir les processus<br />
<strong>de</strong> conception et <strong>de</strong> commercialisation<br />
à l’aune <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> la directive<br />
(DDA). Il s’agit d’éviter tout risque <strong>de</strong><br />
mauvaise commercialisation, explique-til.<br />
On ne peut pas se limiter à <strong>de</strong>s définitions<br />
par trop englobantes <strong>de</strong>s marchés<br />
cibles. Et on ne peut pas s’engager dans<br />
la commercialisation <strong>de</strong> produits sophistiqués<br />
auprès <strong>de</strong> clientèles dénuées <strong>de</strong><br />
la culture financière nécessaire pour les<br />
comprendre ».<br />
À <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s distributeurs, le viceprési<strong>de</strong>nt<br />
ne manque pas <strong>de</strong> mentionner<br />
la responsabilité <strong>de</strong>s futures associations<br />
professionnelles agréées qui<br />
sont sur le point <strong>de</strong> voir le jour. Cependant,<br />
c’est bien à toute la chaîne <strong>de</strong> valeur<br />
<strong>de</strong>s contrats que le message a été<br />
adressé. « On voit bien qu’on ne peut plus<br />
se reposer seulement sur un dialogue<br />
singulier entre un chargé <strong>de</strong> clientèle et<br />
un prospect, si compétent que puisse<br />
être le professionnel <strong>de</strong> la distribution.<br />
Il y a une responsabilité <strong>de</strong> l’assureur et<br />
<strong>de</strong>s intermédiaires dans l’organisation <strong>de</strong><br />
la distribution et la vérification que le marché<br />
cible est bien servi », conclut le viceprési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> l’ACPR.
26 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN<br />
MERCREDI<br />
DE L’ASSURANCE<br />
4 FÉVRIER 2015<br />
VIE<br />
TRIBUNE<br />
« Vers la fracture <strong>de</strong> l’assurance vie »<br />
« Il ne faut pas opposer fonds en euros d’un côté et unités <strong>de</strong> compte <strong>de</strong> l’autre »<br />
Un phénomène apparu en 2019 s’accélère<br />
en 2022, au point que l’on peut craindre<br />
l’émergence d’une fracture sur le marché<br />
<strong>de</strong> l’assurance vie. Au fil <strong>de</strong>s publications<br />
<strong>de</strong>s performances <strong>de</strong> l’assurance vie dans le courant<br />
<strong>de</strong> ce mois <strong>de</strong> janvier, <strong>de</strong>ux écoles se font jour.<br />
D’un côté les assureurs qui continuent à croire au<br />
fonds en euros, <strong>de</strong> l’autre ceux qui semblent y avoir<br />
renoncé. Dans le premier groupe se trouvent bon<br />
nombre d’assureurs mutualistes – et la MACSF<br />
en fait partie – qui gar<strong>de</strong>nt leur flexibilité face au<br />
durcissement <strong>de</strong>s contraintes réglementaires et<br />
aux fluctuations <strong>de</strong> marché. Dans le second groupe<br />
<strong>de</strong>s assureurs qui acceptent le risque <strong>de</strong> banaliser<br />
l’assurance vie pour satisfaire aux exigences <strong>de</strong><br />
mobilisation <strong>de</strong> fonds propres et <strong>de</strong> rentabilité<br />
<strong>de</strong> leurs actionnaires. <strong>Le</strong> résultat, c’est un écart<br />
du simple au double entre les ren<strong>de</strong>ments sur<br />
les fonds en euros <strong>de</strong>s premiers et <strong>de</strong>s seconds,<br />
certains distribuant moins que le Livret A !<br />
Un atout pour les assureurs…<br />
Avec plus <strong>de</strong> 1 800 milliards d’euros accumulés,<br />
l’assurance vie présente un formidable atout en<br />
matière d’épargne pour les assureurs. Réputée<br />
placement préféré <strong>de</strong>s Français, elle représente<br />
près <strong>de</strong> 40% du patrimoine financier <strong>de</strong>s ménages.<br />
Cette manne considérable est un excellent levier<br />
pour investir dans l’économie <strong>de</strong> long terme et<br />
pour contribuer à la transition énergétique. Même<br />
si les unités <strong>de</strong> compte ont attiré 38% <strong>de</strong>s coti-<br />
sations en <strong>2021</strong> selon les chiffres <strong>de</strong> la FFA à<br />
fin novembre, il ne faut pas oublier que 75% <strong>de</strong><br />
l’encours en assurance vie est à ce jour investi<br />
sur les fonds en euros. Soit 30% <strong>de</strong> l’épargne <strong>de</strong>s<br />
français ! Cela s’explique par le poids <strong>de</strong> l’histoire<br />
sans doute, mais surtout par le formidable pouvoir<br />
d’attraction d’un placement sécurisé conçu pour<br />
résister aux crises et maintenir une rentabilité<br />
acceptable.<br />
…à l’attractivité menacée<br />
En proposant <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments très bas sur les<br />
fonds en euros et en incitant les épargnants à se<br />
diriger massivement vers <strong>de</strong>s fonds boursiers ou<br />
vers <strong>de</strong>s produits financiers sophistiqués, sorte<br />
<strong>de</strong> boite noire ou la véritable performance n’est<br />
connue qu’à la fin, les assureurs vie prennent le<br />
risque <strong>de</strong> dissoudre la spécificité <strong>de</strong> ce placement<br />
et d’anéantir son attractivité.<br />
Ce n’est pas le choix <strong>de</strong> la MACSF. Nous continuons<br />
à pratiquer notre métier d’assureur en gérant <strong>de</strong><br />
manière optimale la mutualisation entre les différentes<br />
générations d’épargnants au sein <strong>de</strong> l’actif<br />
général. Et nous restons fidèles à nos engagements<br />
mutualistes en appliquant les principes <strong>de</strong> transparence,<br />
<strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s gains et <strong>de</strong> durabilité <strong>de</strong>s<br />
performances.<br />
L’élément distinctif <strong>de</strong> l’assurance vie<br />
Nous sommes convaincus qu’il ne faut pas opposer
BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 27<br />
fonds en euros d’un côté et unités <strong>de</strong> compte <strong>de</strong><br />
l’autre. <strong>Le</strong> fonds euros reste la base fondamentale<br />
<strong>de</strong> l’assurance vie. Il est l’élément distinctif sur<br />
lequel l’assureur engage ses fonds propres. Il est<br />
le facteur <strong>de</strong> stabilité et <strong>de</strong> sécurité du contrat et<br />
c’est grâce à lui que l’épargnant peut envisager<br />
une diversification vers les unités <strong>de</strong> compte. <strong>Le</strong><br />
meilleur choix en effet pour l’épargnant dans le<br />
contexte actuel, est <strong>de</strong> capitaliser sur la sécurité<br />
apportée par le fonds en euros pour mieux se<br />
diversifier sur <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> compte <strong>de</strong> qualité.<br />
<strong>Le</strong> dosage dépend <strong>de</strong> l’horizon <strong>de</strong> placement <strong>de</strong><br />
chacun et <strong>de</strong> son <strong>de</strong>gré d’aversion au risque.<br />
Nous sommes aussi très attachés à la distribution<br />
égale du même ren<strong>de</strong>ment entre tous nos<br />
sociétaires. Simple et transparente, cette règle<br />
compréhensible par tous est en pleine cohérence<br />
avec les valeurs <strong>de</strong> la MACSF.<br />
Réaffirmer ses valeurs et son i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>Le</strong>s crises sont souvent l’occasion <strong>de</strong> remises en<br />
perspective pour les individus comme pour les<br />
organisations. La crise sanitaire a donné l’occasion<br />
à la MACSF en <strong>2021</strong> <strong>de</strong> réaffirmer son i<strong>de</strong>ntité et<br />
sa mission en formalisant une raison d’être tout<br />
entière tournée vers ses sociétaires professionnels<br />
<strong>de</strong> santé qui a été annoncée en novembre, et en<br />
affichant ses principes mutualistes au travers <strong>de</strong><br />
son activité, notamment l’assurance vie.<br />
Comme le résume notre nouvelle signature <strong>de</strong><br />
marque « Ensemble, prenons soin <strong>de</strong> <strong>de</strong>main »,<br />
l’ambition <strong>de</strong> la MACSF reste <strong>de</strong> servir au mieux<br />
ses sociétaires et <strong>de</strong> tout mettre en œuvre pour<br />
anticiper et les ai<strong>de</strong>r à faire face aux défis <strong>de</strong><br />
l’avenir dans leur métier <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong><br />
santé, dans leurs projets comme dans leur retraite.<br />
BIO<br />
Stéphane<br />
Dessirier<br />
Directeur général <strong>de</strong> MACSF<br />
Formation : Diplômé <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> Commerce Supérieure <strong>de</strong><br />
Lille<br />
Parcours : Stéphane Dessirier débute sa carrière au sein <strong>de</strong><br />
la direction financière du groupe Auchan pour ensuite intégrer<br />
le groupe Metra Proud Foot et le CEPME. En 1984, il intègre le<br />
GAN (groupe national <strong>de</strong>s assurances) et occupe successivement<br />
la direction <strong>de</strong>s centres régionaux puis celle <strong>de</strong> l’IARD <strong>de</strong>s<br />
particuliers et professionnels. En 2000, il est nommé directeur<br />
IARD et santé prévoyance individuelle et rejoint le comité exécutif<br />
ainsi que le directoire <strong>de</strong> Gan Assurance. Il entre dans le<br />
groupe MACSF trois ans plus tard où il occupe différents postes<br />
comme directeur assurances et directeur MFPS. En 2014, il est<br />
nommé directeur général <strong>de</strong> MACSF Sgam et MACSF assurances<br />
pour être ensuite désigné comme directeur général<br />
délégué <strong>de</strong> MACSF Épargne Retraite en 2017.
28 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE<br />
Tous les taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s fonds<br />
euros dévoilés par les assureurs en <strong>2021</strong><br />
Nom <strong>de</strong><br />
l’assureur<br />
Nom du<br />
contrat<br />
Ren<strong>de</strong>ment<br />
2018<br />
Ren<strong>de</strong>ment<br />
2019<br />
Ren<strong>de</strong>ment<br />
2020<br />
AFER<br />
Contrat Multisupport<br />
AFER<br />
2,25% 1,85% 1,70%<br />
AG2R La Mondiale Mondiale Vivépargne 1,46% et 1,70% 1,06% à 1,30% 1%<br />
AG2R La Mondiale<br />
Mondiale Vivépargne<br />
2<br />
1,46% et 1,70% 1,06% à 1,30% 1%<br />
AG2R La Mondiale Vivépargne 2 1,46% et 1,70% 1,06% à 1,30% 1%<br />
AGPM Plan Eparmil 2,30% 1,95% 1,70%<br />
Ampli Mutuelle Ampli-Grain 9 2% 1,65% 1,70%<br />
Apicil Frontière Efficiente 2,01% 1,10% à 1,50%<br />
Apicil Liberalys Vie 2,01% 1,10% à 1,50% 1,40%<br />
Aviva Evolution Vie 2,21% 1,76% 1,41%<br />
AXA Arpèges 1,90% 1,60% 1,20%<br />
AXA Excelium 1,90% 1,60% 1,20%<br />
AXA Expantiel 1,90% 1,60% 1,20%<br />
AXA Figures libres 1,90% 1,60% 1,20%<br />
AXA Odyssiel 1,90% 1,60% 1,20%<br />
AXA Optial 1,90% 1,60% 1,20%<br />
AXA Privilège 1,90% 1,60% 1,20%<br />
AXA Ama<strong>de</strong>o 2,00% 1,70% 1,30%<br />
AXA Ama<strong>de</strong>o excellence 2,00% 1,70% 1,30%<br />
AXA Ama<strong>de</strong>o bonus euro+ 2,10% ou 2,25% 1,80% ou 2,00% 1,40% ou 1,60%<br />
AXA<br />
AXA<br />
AXA<br />
AXA<br />
AXA<br />
AXA<br />
Ama<strong>de</strong>o excellence<br />
bonus euro+<br />
Arpèges bonus<br />
euros+<br />
Excelium bonus<br />
euros+<br />
Expantiel bonus<br />
euros+<br />
Figures libres bonus<br />
euros+<br />
Odyssiel bonus<br />
euros+<br />
2,10% ou 2,25% 1,80% ou 2,00% 1,40% ou 1,60%<br />
2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />
2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />
2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />
2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />
2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />
AXA Optial bonus euros+ 2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />
1,30%, 1,40% ou<br />
1,60%<br />
1,30%, 1,40% ou<br />
1,60%<br />
1,30%, 1,40% ou<br />
1,60%<br />
1,30%, 1,40% ou<br />
1,60%<br />
1,30%, 1,40% ou<br />
1,60%<br />
1,30%, 1,40% ou<br />
1,60%
29 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 29<br />
MERCREDI 4 FÉVRIER 2015<br />
AXA<br />
BNP Paribas Cardif<br />
Privilège bonus<br />
euros+<br />
BNP Paribas Multiplacements<br />
2<br />
2,00%, 2,10%, 2,25% 1,70%, 1,80% ou 2%<br />
1,30%, 1,40% ou<br />
1,60%<br />
1,56% 1,27% 1,10%<br />
BNP Paribas Cardif Cardif Multiplus 1,85% 1,37% 1,20%<br />
BNP Paribas Cardif<br />
BNP Paribas Multiplacements<br />
Privilège<br />
1,90% 1,37% 1,17%<br />
Caisse d’Épargne Nuances 3D 1,35% 1% 0,80%<br />
Caisse d’Épargne Nuances Grenadine 1,35% 1% 0,80%<br />
Caisse d’Épargne Ricochet 1,10% 0,55% 0,36%<br />
Caisse d’Épargne Yoga 1,10% 0,55% 0,36%<br />
Caisse d’Épargne Nuances Plus 1,65% 1,10% 0,90%<br />
Caisse d’Épargne Nuances Privilège 1,90% 1,25% 1%<br />
Carac<br />
Carac<br />
Carac<br />
Carac<br />
Carac Epargne Plénitu<strong>de</strong><br />
Carac Epargne Vivre<br />
Ensemble<br />
Compte épargne<br />
Carac<br />
Compte épargne<br />
famille<br />
2,00% 1,80% 1,40%<br />
2,00% 1,80% 1,40%<br />
2,00% 1,80% 1,40%<br />
2,00% 1,80% 1,40%<br />
Carac EntraidEpargne Carac 2,10% 1,90% 1,50%<br />
Crédit Agricole Assurances<br />
Crédit Agricole Assurances<br />
Crédit Agricole Assurances<br />
Crédit Agricole Assurances<br />
Predissime 9 1,25% 0,85% 0,65%<br />
Vers l’Avenir 1,70% 1,30% 1,10%<br />
Espace Liberté 2,00% 1,40% à 1,90% 1;05%<br />
Floriane 1,80% 1,20% 1,05%<br />
Gaipare Livret Gaipare 2,50% 2,15% 1,90%<br />
Gaipare Gaipare II 2,50% 2,15% 1,90%<br />
Gaipare Gaipare Sélection 2,50% 2,15% 1,90%<br />
Gaipare Gaipare Select F 2,50% 2,15% 1,90%<br />
Gaipare Gaipare Selectissimo 2,50% 2,15% 1,90%<br />
Generali<br />
Xaélidia (Fonds Euro<br />
Epargne)<br />
1,75% 1% à 1,50% 0;80%<br />
Generali Himalia (fonds AGGV) 1,75% 1% à 1,50% 0;80%<br />
Generali<br />
Generali<br />
GMF<br />
Himalia (Fonds Innovalia)<br />
Himalia (fonds<br />
Elixence)<br />
Compte Energie<br />
Europe<br />
2,45% 2% 1,70%<br />
1,45% 2% 1,30%<br />
2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF Fréquence Epargne 2,10% 1,90% 1,65%
30 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE<br />
Nom <strong>de</strong><br />
l’assureur<br />
Nom du<br />
contrat<br />
Ren<strong>de</strong>ment<br />
2018<br />
Ren<strong>de</strong>ment<br />
2019<br />
Ren<strong>de</strong>ment<br />
2020<br />
GMF Instalavie 2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF Altinéo 2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF Certigo 2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF<br />
Compte libre croissance<br />
2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF Multéo 2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF Temps 9 (série 2 et 9) 2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF Ticket 1000 2,10% 1,90% 1,65%<br />
GMF Ticket croissance 2,10% 1,90% 1,65%<br />
La Banque Postale Vivaccio Ambre 1,30% 0,80% 0,70%<br />
La Banque Postale Vivaccio 1,30% 0,80% 0,70%<br />
La Banque Postale Solesio vie 1,30% 0,75% 0,50%<br />
La Banque Postale Cachemire 1,80% 1,15% 0,95%<br />
La Banque Postale Toscane vie 1,80% 1,20% 0,86%<br />
LCL Acuity 2,00% 1,40% 1,20%<br />
LCL Lionvie Vert Equateur 1,40% 1,35% 1,05%<br />
LCL<br />
<strong>Le</strong> Conservateur<br />
Rouge Corinthe Série<br />
3<br />
Conservateur Hélios<br />
Sélection<br />
1,90% 1,35% 1,05%<br />
2,27% 1,80% 1,30%<br />
Maaf Winalto 1,85% 1,75% 1,65%<br />
Macif Jewan Patrimoine 1,80% 1,45%<br />
Macif Multi vie 1,50% 1,50% 1,25%<br />
Macif Livret vie 1,30% 1,20% 1,05%<br />
Macif Actiplus 1,90% 1,80% 1,65%<br />
Macif Actiplus option 2,10% 2,10% 1,85%<br />
MACSF RES (AMAP) 2,20% 1,70% 1,55%<br />
Maif Perp Maif 1,80% 1,50% 1,30%<br />
Maif Nouveau Cap 1,80% 1,50% 1,30%<br />
Maif<br />
Assurance vie responsable<br />
et solidaire<br />
(ARS)<br />
1,80% 1,50% 1,30%<br />
MIF<br />
MMA<br />
Compte Epargne<br />
Libre Avenir<br />
MMA Multisupports<br />
2,35%% 1,95% 1,70%<br />
1,51% ou 1,66% ou<br />
2,01%<br />
1,47% à 1,97% 1,35%<br />
Monceau Assurances Dynavie 1,50% 2,20% 1,20%<br />
Predica Alyss 1,60% 0,85% 0,65%
31 BILAN MERCREDI DE L’ASSURANCE 4 FÉVRIER 2015 VIE WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 31<br />
MERCREDI 4 FÉVRIER 2015<br />
Predica Octavie2 1,60% 0,85% 0,65%<br />
Predica Octavie 1,60% 0,85% 0,65%<br />
Predica Laurys 1,60% 0,85% 0,65%<br />
Prévoir PréviLibre 100 1,60% 1,30% 1,20%<br />
SMAvie BTP Batiretraite 2 2,12% 1,45% 1,10%<br />
Sogécap<br />
Sogécap<br />
Ebène dont Gestion<br />
Private Banking<br />
Séquoia (trois taux en<br />
fonction <strong>de</strong>s encours)<br />
1,8% - 1,85% 1,30% - 1,35% 1,15%<br />
1,33% - 1,81% 0,90% à 1,38% 0,75% à 1,20%<br />
Suravenir Patrimoine Vie Plus 1,75% 1,40% à 1,75% 1,75%<br />
Suravenir<br />
Suravenir Opportunités<br />
2,80% 2,40% 2%<br />
Suravenir Exelcius Vie 1,85% 1,45% 1,45%<br />
Suravenir Suravenir Ren<strong>de</strong>ment 2,00% 1,60% 1,60%<br />
Suravenir et Primonial Securité Pierre Euro 3,20% 2,80% 2,50%<br />
Swiss Life Swiss Life Liberté 1,50% et 2,30% 1% à 2,50% 0,80%<br />
Swiss Life Swiss Life Strategic 1,50% et 2,30% 1% à 2,50% 0,80%<br />
Swiss Life<br />
Swiss Life Retraite et<br />
Référence Retraite<br />
1,50% et 2,30% 1% à 2,50% 0,80%<br />
Taux <strong>de</strong> revalorisation moyen servis par les assureurs vie<br />
<strong>Le</strong> graphique ci-<strong>de</strong>ssous présente l’évolution <strong>de</strong>s taux moyens servis par les assureurs vie.<br />
Source : ACPR
ZOOM<br />
La « Gran<strong>de</strong> Sécu »,<br />
le scénario catastrophe<br />
P.34<br />
ANALYSE<br />
Fonction publique : La réforme<br />
qui peut rebattre les<br />
cartes<br />
P.35<br />
RÈGLEMENTATION<br />
<strong>Le</strong>s ocam évitent une hausse<br />
<strong>de</strong> la taxe covid P.36
34 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />
La Gran<strong>de</strong> Sécu : <strong>Le</strong> scénario catastrophe qui a tenu les<br />
organismes complémentaires en haleine toute l’année<br />
<strong>Le</strong> Haut conseil pour l’avenir <strong>de</strong> l’Assurance<br />
Maladie étudie quatre scénarios<br />
pour réformer la complémentaire santé.<br />
Celui d’une « Gran<strong>de</strong> Sécu », que le<br />
ministre Olivier Véran a <strong>de</strong>mandé d’approfondir,<br />
risque <strong>de</strong> réduire le périmètre<br />
<strong>de</strong>s ocam comme peau <strong>de</strong> chagrin.<br />
Par Mariona Vivar<br />
<strong>Le</strong>s organismes complémentaires<br />
se sont fortement mobilisés cette<br />
année face à la menace d’une<br />
« Gran<strong>de</strong> Sécu ». <strong>Le</strong>s débats,<br />
d’abord entre experts, ont démarré dans<br />
le cénacle du Haut conseil pour l’avenir<br />
<strong>de</strong> l’assurance maladie (HCAAM). L’institution<br />
doit se pencher sur l’articulation<br />
entre l’assurance maladie obligatoire et<br />
complémentaire et publier un rapport<br />
qui verra finalement le jour début 2022.<br />
Dans un document <strong>de</strong> travail publié en<br />
janvier <strong>2021</strong>, le HCAAM explique qu’une<br />
réforme est nécessaire car le niveau <strong>de</strong><br />
couverture complémentaire <strong>de</strong>s Français<br />
est très inégal et corrélé à leur statut<br />
professionnel. Entre les salariés, les<br />
étudiants, les chômeurs et les retraités,<br />
le niveau <strong>de</strong>s garanties et le prix <strong>de</strong> la<br />
cotisation est du simple au double. <strong>Le</strong><br />
taux d’effort <strong>de</strong> certains retraités pour<br />
financer leur complémentaire santé est<br />
inquiétant. La Cour <strong>de</strong>s Comptes s’en<br />
mêle en juillet <strong>2021</strong>, soulignant le taux<br />
<strong>de</strong> frais <strong>de</strong> gestion élevé qui découle<br />
du doublement <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> gestion<br />
par l’assurance maladie obligatoire et<br />
complémentaire.<br />
À l’ été <strong>2021</strong>, le ministre <strong>de</strong>s Solidarités et<br />
<strong>de</strong> la Santé envoie un courrier au HCAAM<br />
pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d’instruire en priorité le<br />
scénario d’une « Gran<strong>de</strong> Sécu ». Ce <strong>de</strong>rnier<br />
consisterait à prendre en charge à<br />
100% les principaux soins, comme c’est<br />
aujourd’hui déjà le cas pour les patients en<br />
ALD. <strong>Le</strong>s organismes complémentaires<br />
seraient réduits à prendre en charge les<br />
dépassements d’honoraires, la chambre<br />
particulière et les médicaments les moins<br />
indispensables.<br />
Dans un pré-rapport provisoire <strong>de</strong> sep-<br />
tembre <strong>2021</strong>, le HCAAM détaille quatre<br />
pistes <strong>de</strong> réforme : L’amélioration du système<br />
actuel avec une régulation accrue,<br />
l’extension du domaine <strong>de</strong> l’assurance<br />
maladie ou création d’une « Gran<strong>de</strong><br />
Sécu », la création d’une assurance complémentaire,<br />
obligatoire, universelle et<br />
mutualisée et enfin, le décroisement <strong>de</strong>s<br />
domaines d’intervention <strong>de</strong> l’assurance<br />
maladie obligatoire et complémentaire.<br />
<strong>Le</strong>vée <strong>de</strong> boucliers chez les ocam<br />
<strong>Le</strong>s organismes complémentaires ne se<br />
retrouvent dans aucun <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong><br />
réforme à l’étu<strong>de</strong>. Fédérations et grands<br />
acteurs crient au loup pour défendre le<br />
système actuel à <strong>de</strong>ux étages, un système<br />
qui permet d’avoir le niveau <strong>de</strong> reste à<br />
charge le plus faible <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE.<br />
Malakoff Humanis et l’Adaf publient <strong>de</strong>s<br />
sondages d’opinion dans lesquels les<br />
Français déclarent leur attachement au<br />
système actuel et au libre choix.<br />
<strong>Le</strong> 9 novembre, <strong>Le</strong>s Echos annoncent<br />
l’impact financier d’une éventuelle<br />
Gran<strong>de</strong> Sécu. Ce scénario, qui conduirait<br />
les complémentaires à perdre 70%<br />
<strong>de</strong> leur chiffre d’affaires, coûterait 22,4<br />
milliards d’euros aux finances publiques.<br />
Ce chiffrage a fuité dans la presse avant<br />
même que les membres du HCAAM n’en<br />
aient eu connaissance. <strong>Le</strong>s représentants<br />
<strong>de</strong>s organismes complémentaires sont<br />
furieux et remettent en cause la neutralité<br />
du HCAAM.<br />
De leur côté, FFA et Planète CSCA<br />
prennent la plume pour formuler <strong>de</strong>s propositions<br />
<strong>de</strong> réforme. Dans un livre blanc,<br />
les assureurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à déverrouiller<br />
le contrat responsable, en déplafonnant<br />
le remboursement <strong>de</strong>s dépassements<br />
d’honoraires. Ils souhaitent également<br />
pouvoir contractualiser avec les mé<strong>de</strong>cins<br />
et pouvoir rembourser seuls les soins<br />
optiques et certains médicaments.<br />
Afin <strong>de</strong> faciliter l’accès <strong>de</strong>s publics<br />
précaires à la complémentaire, la FFA<br />
propose d’appliquer un taux réduit <strong>de</strong><br />
taxe <strong>de</strong> solidarité additionnelle (TSA) aux<br />
jeunes, retraités et chômeurs <strong>de</strong> 5,5%,<br />
contre 13,27% pour tous les contrats<br />
responsables.<br />
La controverse s’est terminée brusquement<br />
à la suite d’un article <strong>de</strong> presse<br />
selon lequel Emmanuel Macron aurait<br />
abandonné la piste <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong> Sécu à<br />
cause <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> faisabilité. Cette<br />
réforme avait en effet le soutien d’Olivier<br />
Véran mais se heurtait à l’opposition du<br />
ministère <strong>de</strong> l’Économie et <strong>de</strong>s Finances.<br />
En marge <strong>de</strong>s travaux du HCAAM, un<br />
groupe <strong>de</strong> travail piloté par le Trésor dans<br />
lequel siègent <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s<br />
organismes complémentaires travaille<br />
sur la couverture <strong>de</strong>s retraités.<br />
<strong>Le</strong> débat autour <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> la complémentaire<br />
santé est pourtant loin d’être<br />
clos et reviendra certainement sous<br />
forme <strong>de</strong> proposition dans le cadre <strong>de</strong>s<br />
programmes électoraux <strong>de</strong>s différents<br />
candidats à l’élection prési<strong>de</strong>ntielle.
BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 35<br />
Fonction publique : La réforme qui peut rebattre les cartes<br />
De 2024 à 2026, les agents <strong>de</strong> la<br />
fonction publique d’État, territoriale<br />
et hospitalière bénéficieront d’une<br />
participation employeur à hauteur <strong>de</strong><br />
50% <strong>de</strong> leur complémentaire santé.<br />
Par Mariona Vivar<br />
<strong>Le</strong> financement par l’employeur<br />
public <strong>de</strong> la complémentaire<br />
santé <strong>de</strong>s fonctionnaires est<br />
une revendication historique <strong>de</strong><br />
leurs organisations syndicales. L’absence<br />
<strong>de</strong> cette participation créait en<br />
effet une inégalité par rapport aux salariés<br />
du secteur privé dont l’employeur<br />
finance la moitié <strong>de</strong> leur complémentaire<br />
santé <strong>de</strong>puis l’ANI <strong>de</strong> 2013.<br />
La loi <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong> la fonction<br />
publique portée par la ministre Amélie<br />
<strong>de</strong> Montchalin, puis l’ordonnance du<br />
17 février <strong>2021</strong> et le décret du 8 septembre<br />
<strong>2021</strong> ont mis les jalons <strong>de</strong> la<br />
réforme <strong>de</strong> la protection sociale complémentaire<br />
<strong>de</strong>s agents. L’employeur<br />
public prendra en charge au moins<br />
50% du montant <strong>de</strong> la complémentaire<br />
santé <strong>de</strong>s agents publics. <strong>Le</strong>s<br />
partenaires sociaux sont incités à<br />
mettre en place un accord collectif,<br />
afin <strong>de</strong> bénéficier du même régime<br />
fiscal et social pour les employeurs et<br />
les agents que dans le secteur privé.<br />
Reste à savoir si l’adhésion au contrat<br />
sera obligatoire ou facultative pour<br />
les agents. Dès 2022, les agents <strong>de</strong> la<br />
fonction publique d’État couverts par<br />
une complémentaire santé responsable<br />
pourront percevoir 15 euros par mois.<br />
Trois marchés très différents<br />
Jusqu’à présent la couverture complémentaire<br />
<strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la fonction<br />
publique était très hétérogène. Au<br />
sein <strong>de</strong> la fonction publique d’État, par<br />
exemple, la souscription <strong>de</strong> contrats<br />
référencés par les différents ministères<br />
était individuelle et facultative. <strong>Le</strong> montant<br />
<strong>de</strong> la participation employeur était<br />
en moyenne <strong>de</strong> 12 euros par mois et par<br />
agent, avec <strong>de</strong>s différences notables en<br />
fonction du ministère d’appartenance.<br />
Au sein <strong>de</strong> la fonction publique territoriale,<br />
avec 43 600 employeurs, il y avait<br />
<strong>de</strong>s contrats collectifs dans le cadre<br />
<strong>de</strong>s conventions <strong>de</strong> participation, ou<br />
bien <strong>de</strong>s contrats labellisés, avec une<br />
souscription individuelle et facultative<br />
et une participation employeur en santé<br />
<strong>de</strong> 11 euros par mois et par agent en<br />
moyenne. Dans la fonction publique<br />
hospitalière, les 4 500 employeurs<br />
publics n’avaient aucun mécanisme<br />
et les hospitaliers qui le souhaitaient<br />
pouvaient se couvrir dans le cadre<br />
<strong>de</strong> contrats individuels et facultatifs.<br />
Face à cette hétérogénéité, la réforme<br />
<strong>de</strong> la protection sociale complémentaire<br />
sera déclinée par versant. Par<br />
exemple, dans la fonction publique<br />
territoriale, secteur avec un fort taux<br />
<strong>de</strong> métiers manuels et <strong>de</strong> troubles<br />
musculo-squelettiques, l’employeur<br />
<strong>de</strong>vra prendre en charge 20% <strong>de</strong> la<br />
couverture prévoyance <strong>de</strong>s agents.<br />
Dans la fonction publique d’État qui<br />
couvre 4,9 millions d’agents actifs et<br />
retraités, le marché est dominé par<br />
une dizaine d’acteurs référencés.<br />
Projet d’accord interministériel<br />
Un projet d’accord inter-ministériel qui<br />
fixe le cadre <strong>de</strong>s négociations pour<br />
la fonction publique d’État emprunte<br />
beaucoup <strong>de</strong> mécanismes à l’ANI <strong>de</strong><br />
2013 et à la loi Évin. Par exemple, il fixe<br />
le montant maximal <strong>de</strong> la cotisation<br />
pour les retraités pendant les quatre<br />
premières années, après le départ à<br />
la retraite.<br />
Des appels d’offres vont s’organiser<br />
pour couvrir <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> taille très<br />
différente.Cette réforme représente<br />
donc une menace pour les acteurs<br />
historiques et une opportunité pour les<br />
nouveaux entrants ayant une connaissance<br />
du contrat collectif. L’intégration<br />
ou pas <strong>de</strong>s garanties prévoyance dans<br />
le contrat <strong>de</strong> base sur la FPE sera un<br />
élément déterminant. En effet, la complexité<br />
inhérente à la prévoyance <strong>de</strong>s<br />
fonctionnaires pourrait favoriser les<br />
tenants face aux nouveaux entrants.<br />
Dans les négociations à venir, le mise<br />
en place <strong>de</strong> mécanismes <strong>de</strong> solidarité<br />
inter-générationnelle entre les actifs<br />
et les retraités dans le calcul <strong>de</strong> la<br />
cotisation va également faire l’objet<br />
<strong>de</strong> vifs débats.<br />
Face au big bang qui s’annonce, les<br />
acteurs du marché ont commencé<br />
à tisser <strong>de</strong>s alliances. Ainsi, MGEN<br />
s’est associée à Sham pour abor<strong>de</strong>r le<br />
marché <strong>de</strong>s hospitaliers ; Intériale est<br />
en bonne voie pour intégrer le groupe<br />
AG2R La Mondiale et son pôle fonctions<br />
publiques ; et Aésio a créé l’UGM Aésio<br />
Fonctions Publiques avec la Mutuelle<br />
Générale <strong>de</strong>s Affaires Sociales (MGAS),<br />
Territoria Mutuelle et la Mutuelle <strong>de</strong>s<br />
hôpitaux <strong>de</strong> la Vienne. De son côté, la<br />
Mutuelle nationale <strong>de</strong>s hospitaliers<br />
(MNH) se dit ouverte aux alliances.
36 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />
100% santé ou comment les complémentaires ont<br />
évité une hausse <strong>de</strong> la taxe covid en <strong>2021</strong><br />
Un temps envisagée, la hausse <strong>de</strong> la<br />
taxe covid <strong>de</strong>s organismes complémentaires<br />
n’aura finalement pas lieu.<br />
L’augmentation <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> travail,<br />
le report <strong>de</strong>s soins et le coût du 100%<br />
santé ont fortement impacté la sinistralité.<br />
Par Mariona Vivar<br />
L’année <strong>2021</strong> a été marquée par<br />
<strong>de</strong>s injonctions contradictoires.<br />
D’un côté, le gouvernement a<br />
<strong>de</strong>mandé aux organismes complémentaires<br />
<strong>de</strong> ne pas augmenter les<br />
tarifs en santé et <strong>de</strong> l’autre <strong>de</strong>s redressements<br />
se sont avérés nécessaires<br />
face à la dérive technique.<br />
Après une année 2020 pendant laquelle<br />
les organismes complémentaires ont vu<br />
leurs prestations baisser <strong>de</strong> 6%, <strong>2021</strong><br />
connaîtra un rebond <strong>de</strong>s prestations<br />
santé. <strong>Le</strong>s organismes complémentaires<br />
ont constaté une dégradation <strong>de</strong> l’équilibre<br />
technique <strong>de</strong>s ocam <strong>de</strong> 900 millions<br />
d’euros au premier semestre <strong>2021</strong> par<br />
rapport au premier semestre 2019. Dans<br />
le détail, les complémentaires ont payé<br />
1 450 millions d’euros <strong>de</strong> prestations en<br />
plus, soit 9% d’augmentation. <strong>Le</strong>s trois<br />
fédérations pointent une hausse <strong>de</strong> 100%<br />
<strong>de</strong>s prestations en audiologie, soit 278<br />
millions d’euros <strong>de</strong> plus, et <strong>de</strong> 45% en<br />
<strong>de</strong>ntaire, soit 958 millions <strong>de</strong> plus que<br />
pendant le premier semestre 2019.<br />
<strong>Le</strong> ministère <strong>de</strong>s Solidarités et <strong>de</strong> la Santé<br />
avait envisagé une hausse <strong>de</strong> la contribution<br />
exceptionnelle <strong>de</strong>s organismes<br />
complémentaires au titre <strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong>,<br />
mais il a décidé <strong>de</strong> faire machine arrière,<br />
face aux chiffres <strong>de</strong> sinistralité présentés<br />
par les organismes complémentaires.<br />
L’année <strong>2021</strong> a été celle <strong>de</strong> l’entrée en<br />
vigueur à plein régime <strong>de</strong> la réforme du<br />
100% santé en optique, <strong>de</strong>ntaire et audiologie.<br />
Avec <strong>de</strong>s résultats très contrastés.<br />
En optique, le taux <strong>de</strong> recours au panier<br />
100% santé <strong>de</strong>meure faible, en <strong>de</strong>çà<br />
<strong>de</strong>s objectifs du ministère. En <strong>de</strong>ntaire,<br />
en revanche, les soins prothétiques ont<br />
fortement augmenté. <strong>Le</strong> panier 100%<br />
santé rencontre un franc succès sur<br />
les prothèses <strong>de</strong>ntaires, avec un taux<br />
<strong>de</strong> recours <strong>de</strong> 42%, suivi <strong>de</strong> 20,4% sur le<br />
panier maîtrisé et <strong>de</strong> 37,6% sur le panier<br />
libre, selon le courtier Generation.<br />
<strong>Le</strong> <strong>de</strong>ntaire, premier poste <strong>de</strong> dépense<br />
Pour les mutuelles du groupe Vyv, le<br />
surcoût sur les prestations <strong>de</strong>ntaires<br />
pendant le premier semestre <strong>2021</strong> atteint<br />
400 millions d’euros. « Nous constatons<br />
une forte hausse non anticipée du coût<br />
<strong>de</strong>s prestations <strong>de</strong>ntaires, à tel point que<br />
le <strong>de</strong>ntaire est <strong>de</strong>venu le premier poste<br />
<strong>de</strong> prise en charge pour nos adhérents.<br />
Au premier semestre <strong>2021</strong>, le <strong>de</strong>ntaire<br />
concentre plus <strong>de</strong> 20% <strong>de</strong>s prestations<br />
versées par le groupe Vyv, contre 15% en<br />
2019, dépassant ainsi pour la première<br />
fois les prestations hospitalières », pointe<br />
Éric Blanc-Chaudier, directeur <strong>de</strong>s assurances<br />
santé du groupe Vyv.<br />
En audioprothèse, pendant le premier<br />
semestre <strong>2021</strong>, les audioprothésistes<br />
ont vendu 736 100 ai<strong>de</strong>s auditives. <strong>Le</strong><br />
pourcentage d’équipements <strong>de</strong> classe 1,<br />
donc sans reste à charge pour le patient,<br />
s’élève à 39%, presque le double <strong>de</strong> l’objectif<br />
d’au moins 20% que les pouvoirs<br />
publics s’étaient fixés lors du lancement<br />
<strong>de</strong> la réforme du 100% santé. Entre le<br />
1 er semestre 2019 et le 1er semestre<br />
<strong>2021</strong>, les remboursements en audiologie<br />
passent <strong>de</strong> 80,787 millions d’euros à<br />
194,118 millions d’euros pour l’assurance<br />
maladie. Pour les complémentaires, le<br />
surcoût s’élève à 278 millions d’euros.<br />
Hausse <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> travail<br />
À cette charge supplémentaire en santé,<br />
s’ajoute une hausse <strong>de</strong>s prestations en<br />
prévoyance, notamment celles liées aux<br />
arrêts <strong>de</strong> travail. En 2020, celles-ci avaient<br />
augmenté <strong>de</strong> 14%, sous les effets <strong>de</strong> la<br />
crise sanitaire et <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> travail<br />
dérogatoires, soit 250 millions d’euros<br />
supplémentaires. En <strong>2021</strong>, les in<strong>de</strong>mnités<br />
journalières vont encore augmenter <strong>de</strong><br />
10% par rapport à 2020, soit un surcoût<br />
<strong>de</strong> 200 millions d’euros pour les IP, selon<br />
les estimations du CTIP. Sur les <strong>de</strong>ux<br />
années donc, la charge <strong>de</strong> prestations<br />
supplémentaire sur les arrêts <strong>de</strong> travail<br />
s’élève à 450 millions d’euros pour les IP.<br />
Enfin, cette année a également été marquée<br />
par la décision exceptionnelle <strong>de</strong>s<br />
organismes complémentaires <strong>de</strong> prendre<br />
en charge les consultations <strong>de</strong> psychologue<br />
au premier euro, dans la limite<br />
<strong>de</strong> 4 consultations et <strong>de</strong> 60 euros par<br />
séance. La mesure a eu le mérite <strong>de</strong> <strong>de</strong>vancer<br />
l’Assurance maladie qui n’ouvrira<br />
le remboursement <strong>de</strong>s consultations<br />
psy auprès d’une liste <strong>de</strong> psychologues<br />
conventionnés qu’à partir <strong>de</strong> 2022.
38<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES<br />
TRIBUNE<br />
Financement <strong>de</strong> la santé :<br />
à la hauteur <strong>de</strong>s enjeux<br />
« <strong>2021</strong> : une année marquée par la poursuite <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> la COVID 19 et la tentation<br />
du tout État comme unique réponse aux besoins »<br />
En mettant sous pression les systèmes <strong>de</strong><br />
protection sociale, la crise sanitaire a constitué<br />
un choc d’une intensité si forte qu’elle a<br />
bouleversé durablement notre cadre <strong>de</strong> référence.<br />
L’année <strong>2021</strong> s’est inscrite dans la continuité<br />
<strong>de</strong> 2020 avec l’omniprésence <strong>de</strong> la crise dans nos<br />
quotidiens. Elle a aussi vu l’émergence d’un vieux<br />
fantasme, à travers les débats sur la « Gran<strong>de</strong> Sécu»,<br />
celui d’un Etat tout puissant qui pourrait tout régler<br />
en lieu et place <strong>de</strong>s acteurs.<br />
Dans le champ <strong>de</strong> l’assurance santé, les confinements<br />
ont conduit à <strong>de</strong>s annulations et reports <strong>de</strong><br />
soins dont l’impact n’est toujours pas pleinement<br />
mesurable. Dans le même temps, le 100% santé, une<br />
<strong>de</strong>s réformes majeures <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années pour<br />
renforcer l’accès aux soins, a continué <strong>de</strong> se déployer.<br />
Là aussi, les effets sont encore en partie à l’état <strong>de</strong><br />
projections. Or, si l’objectif du 100% santé est aussi<br />
noble qu’ambitieux, son équilibre économique est<br />
loin d’être acquis. L’année 2022 sera déterminante<br />
pour en apprécier tous les impacts.<br />
Au cœur <strong>de</strong> la crise, <strong>2021</strong> n’a pas fait oublier les<br />
difficultés <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> santé ainsi que les<br />
enjeux à venir : la hausse continue <strong>de</strong>s dépenses<br />
<strong>de</strong> santé, l’augmentation <strong>de</strong>s affections <strong>de</strong> longue<br />
durée et le vieillissement <strong>de</strong> notre population. Si la<br />
santé n’a pas <strong>de</strong> prix, elle a un coût qui va continuer<br />
<strong>de</strong> progresser alors même que les besoins <strong>de</strong><br />
financements seront croissants dans les prochaines<br />
décennies. Il est indispensable <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s<br />
enseignements <strong>de</strong> la crise et <strong>de</strong>s nouvelles aspirations<br />
<strong>de</strong> la société.<br />
Parmi les chantiers prioritaires, chacun reconnait<br />
la nécessité <strong>de</strong> faire beaucoup plus en matière <strong>de</strong><br />
prévention, à l’image <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s Comptes qui<br />
a publié le 1er décembre <strong>2021</strong> un nouveau rapport<br />
constatant que les résultats obtenus sont globalement<br />
médiocres. L’innovation et l’apport <strong>de</strong>s nouvelles<br />
technologies ouvrent <strong>de</strong>s perspectives sur lesquelles<br />
nous <strong>de</strong>vons capitaliser pour permettre à chacun<br />
d’être acteur <strong>de</strong> sa santé et <strong>de</strong> son bien-être, mais<br />
aussi <strong>de</strong> préserver son capital autonomie.<br />
Face à ces enjeux, la question du financement <strong>de</strong>s<br />
dépenses <strong>de</strong> santé s’est imposée dans le débat public,<br />
avec une acuité d’autant plus forte que <strong>2021</strong>, année<br />
qui précè<strong>de</strong> l’élection prési<strong>de</strong>ntielle, occupe une place<br />
particulière dans le calendrier électoral. Une partie<br />
<strong>de</strong> <strong>2021</strong> s’est polarisée sur le débat autour du rôle<br />
<strong>de</strong>s complémentaires santé. Certains ont cédé à<br />
la facilité <strong>de</strong> proposer une « solution magique »,<br />
une « Gran<strong>de</strong> Sécu », qui permettrait d’être soigné<br />
à moindre coût.<br />
Cette chimère se heurte hélas au mur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte<br />
considérablement accrue avec la pandémie et à celui<br />
du déficit continu enregistré <strong>de</strong>puis 30 ans par<br />
la Sécurité Sociale. Elle se heurte aussi à celui <strong>de</strong><br />
l’incapacité à gérer les vraies attentes <strong>de</strong>s Français<br />
: déserts médicaux, manque <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong><br />
santé, restes à charge liés aux maladies chroniques,<br />
soutenabilité <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> santé liée au vieillissement<br />
<strong>de</strong> la population...<br />
Elle percute enfin une réalité consubstantielle au<br />
modèle <strong>de</strong> protection sociale Français : l’implication
BILAN DE L’ASSURANCE DE PERSONNES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 39<br />
concevoir <strong>de</strong>s solutions<br />
précieuse <strong>de</strong>s corps intermédiaires, <strong>de</strong>s partenaires<br />
sociaux et <strong>de</strong>s acteurs mutualistes.<br />
Pour la seule mutuelle Aésio, c’est 500 <strong>de</strong> nos adhérents<br />
qui sont engagés bénévolement dans notre<br />
gouvernance, le déploiement d’actions solidaires<br />
<strong>de</strong> proximité et la gestion d’établissements et services<br />
<strong>de</strong> soins et d’accompagnement mutualistes.<br />
Ces dynamiques territoriales et ces établissements<br />
seraient menacés par l’étatisation du financement<br />
<strong>de</strong> la santé.<br />
Sans parler <strong>de</strong>s salariés du secteur qui ont assisté au<br />
procès surréaliste qui les a réduits à une couche <strong>de</strong><br />
frais dans un système qui serait totalement vertueux.<br />
La désignation d’un bouc émissaire ne peut faire<br />
office <strong>de</strong> solution miracle face aux enjeux !<br />
Si l’on compare les systèmes <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong><br />
l’OCDE, on observe que le système mixte public-privé<br />
est celui qui permet la meilleure performance d’un<br />
système <strong>de</strong> santé, celle qui permet à chacun d’être<br />
soigné en fonction <strong>de</strong> ses besoins et qui garantit un<br />
équilibre financier. Il semble encore nécessaire <strong>de</strong> le<br />
rappeler, les Français bénéficient du plus faible reste à<br />
charge pour leurs soins grâce à l’articulation entre la<br />
Sécurité Sociale et les organismes complémentaires.<br />
L’année 2022, n’en doutons pas, verra ressurgir le<br />
débat. Au-<strong>de</strong>là du champ politicien, nous <strong>de</strong>vons<br />
saisir l’opportunité <strong>de</strong> réfléchir collectivement pour<br />
préserver les forces <strong>de</strong> notre modèle et corriger ses<br />
faiblesses. Aésio mutuelle et Aéma Groupe sont<br />
mobilisés pour bâtir, <strong>de</strong> façon partagée, un système<br />
<strong>de</strong> protection adapté aux besoins <strong>de</strong> chacun, tourné<br />
vers la prévention et ouvert aux innovations. Nous<br />
portons la voix d’un mutualisme <strong>de</strong> proximité qui fait<br />
<strong>de</strong> l’accès aux soins, pour tous et partout, la priorité.<br />
Patrick<br />
Brothier<br />
BIO<br />
Prési<strong>de</strong>nt d’Aésio mutuelle, vice-prési<strong>de</strong>nt d’Aéma<br />
groupe et prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’UMG Aésio-Macif.<br />
Âge : 58 ans<br />
Lieu <strong>de</strong> naissance : Chazelles-sur-Lyon (Loire)<br />
Formation : Diplômé <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> journalisme <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />
Parcours : Il débute sa carrière professionnelle comme chargé <strong>de</strong><br />
mission à la Mutualité Bourbonnaise <strong>de</strong> l’Allier et dix ans plus tard,<br />
est nommé directeur général <strong>de</strong> la mutuelle qui <strong>de</strong>viendra plus<br />
tard Adréa Centre Auvergne. En 2013, il est élu prési<strong>de</strong>nt d’Adréa<br />
Mutuelle. Vice-prési<strong>de</strong>nt d’Aésio <strong>de</strong>puis sa création, il <strong>de</strong>vient prési<strong>de</strong>nt<br />
du groupe mutualiste en 2019. Patrick Brothier est également<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Mutualité Française <strong>de</strong>puis 2016.
MARCHÉ<br />
Cyber risk : peur sur l’avenir<br />
P.41<br />
TARIFS<br />
Des hausses et <strong>de</strong>s bas en<br />
2022<br />
P.36<br />
TRIBUNE<br />
Cyrille <strong>de</strong> Montolfier prend la<br />
plume<br />
P.44
BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 41<br />
Cyber risques : Peur sur l’avenir !<br />
Face à une sinistralité qui explose<br />
et <strong>de</strong>s assureurs <strong>de</strong> plus en plus frileux<br />
sur ce segment, le risque cyber<br />
constitue un véritable casse-tête pour<br />
les entreprises désireuses <strong>de</strong> se couvrir.<br />
Entre tarifs exorbitants, garanties<br />
réduites et mesures <strong>de</strong> prévention<br />
renforcées, le marché regar<strong>de</strong> l’avenir<br />
avec inquiétu<strong>de</strong>.<br />
Par Thierry Gouby<br />
Comment réussir à maîtriser<br />
un risque volatile, qualifié<br />
par certain <strong>de</strong> potentiellement<br />
systémique, et dont les<br />
conséquences financières sont bien<br />
plus élevées que le niveau <strong>de</strong> primes du<br />
marché ? Voilà le casse-tête auquel les<br />
assureurs tentent <strong>de</strong> répondre à propos<br />
du risque cyber, alors que les entreprises<br />
cherchent <strong>de</strong> leur côté à se couvrir.<br />
Car, à mesure que les attaques médiatiques<br />
touchent les industriels et<br />
inon<strong>de</strong>nt les consciences <strong>de</strong>s chefs<br />
d’entreprises, les assureurs, qui exhortaient<br />
ces <strong>de</strong>rniers à se protéger,<br />
réduisent leurs capacités et leurs expositions<br />
sur le marché. Résultat, les<br />
niveaux <strong>de</strong> cotisations n’ont jamais<br />
été aussi élevés pour <strong>de</strong>s capacités<br />
réduites comme peu <strong>de</strong> chagrin.<br />
Dans sa <strong>de</strong>rnière étu<strong>de</strong> « Lucy » dédiée<br />
au risque cyber et publiée en<br />
mai <strong>de</strong>rnier, l’Amrae a ainsi mis en<br />
lumière les difficultés <strong>de</strong> ce segment.<br />
En 2019, pour 87 millions d’euros <strong>de</strong><br />
primes, il y a eu 73 millions d’euros<br />
d’in<strong>de</strong>mnisation. En 2020, pour 130<br />
millions d’euros <strong>de</strong> primes, il y a eu<br />
217 millions d’in<strong>de</strong>mnisation, malgré<br />
une fréquence <strong>de</strong>s sinistres étale.<br />
« On a vu apparaître <strong>de</strong> très gros sinistres,<br />
et seulement quatre ont coûté<br />
130 millions d’euros, c’est-à-dire la totalité<br />
<strong>de</strong>s primes du marché français »,<br />
a souligné Philippe Cotelle, prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la Commission Cyber <strong>de</strong> l’association<br />
<strong>de</strong>s risk-managers et directeur<br />
<strong>de</strong>s assurances <strong>de</strong> Airbus Defence<br />
and Space, lors du <strong>de</strong>rnier congrès<br />
<strong>de</strong>s actuaires. De même, le mauvais<br />
niveau du ratio S/P <strong>de</strong> la branche (167%<br />
en 2020 contre 84% en 2019 selon<br />
l’ACPR) vient ajouter à la difficulté.<br />
Et la France n’échappe évi<strong>de</strong>mment pas<br />
à cette situation. « La frilosité du marché<br />
<strong>de</strong> l’assurance français est intimement<br />
lié à la rétractation <strong>de</strong>s capacités du<br />
marché assurantiel et <strong>de</strong> réassurance.<br />
En effet, le marché <strong>de</strong> la réassurance<br />
est un marché mondial, ainsi les capacités<br />
allouées par les réassureurs à la<br />
France et au risque cyber sont faibles,<br />
voir en diminution », note pour sa part le<br />
rapport du groupe d’étu<strong>de</strong>s Assurances<br />
<strong>de</strong> l’Assemblée Nationale rendu en octobre<br />
<strong>de</strong>rnier.<br />
Redynamiser le marché<br />
Face à cette situation compliquée,<br />
le groupe <strong>de</strong> travail emmenée par la<br />
députée <strong>de</strong> la Loire, Valéria Faure-Muntian,<br />
à ainsi livré 20 propositions visant<br />
à mieux définir les termes autour du<br />
risque cyber, à garantir la résilience<br />
et la défense <strong>de</strong>s entreprises face à<br />
la menace et surtout à « dynamiser le<br />
marché <strong>de</strong> la cyber-assurance » jugé<br />
« déséquilibré et concentré, avec une<br />
couverture inégale ». <strong>Le</strong> document<br />
s’interroge notamment sur comment<br />
faire gagner en maturité́ les assureurs.<br />
« Il convient d’inscrire dans la loi l’interdiction<br />
pour les assureurs <strong>de</strong> garantir,<br />
couvrir ou d’in<strong>de</strong>mniser la rançon et se<br />
porter davantage vers la prévention,<br />
l’accompagnement et l’assurance <strong>de</strong>s<br />
conséquences pour une entreprise. De<br />
même à l’instar <strong>de</strong> nos collègues américains,<br />
il convient <strong>de</strong> sanctionner les<br />
entreprises, administrations ou collectivités<br />
qui procè<strong>de</strong>nt au paiement <strong>de</strong>s rançons<br />
à l’ai<strong>de</strong> d’un tiers ou <strong>de</strong> manière directe<br />
», peut-on lire dans le texte portée<br />
par la députée La République en Marche.<br />
Rappelant que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> cyber-assurance<br />
augmente en même temps que<br />
se rétracte l’offre sur le marché, le rapport<br />
préconise par exemple d’« imposer<br />
aux entreprises qui travaillent pour et/<br />
ou avec l’État et/ou <strong>de</strong>s OIV /OSE <strong>de</strong> se<br />
doter d’une police d’assurance cyber ».<br />
<strong>Le</strong> groupe d’étu<strong>de</strong>s précise même que<br />
le niveau <strong>de</strong>s capacités allouées au<br />
risque cyber pour chaque assuré est<br />
sous-dimensionnée et ne permet pas<br />
<strong>de</strong> le protéger convenablement. « Plus<br />
globalement la cartographie <strong>de</strong>s couvertures<br />
démontre que le tissu économique<br />
français, ainsi que les collectivités<br />
restent vulnérables, même quand ils<br />
s’assurent ».<br />
Aucun assureur n’étant capable <strong>de</strong> s’exposer<br />
comme seul porteur <strong>de</strong> risques,<br />
nombre d’acteurs préconisent également<br />
une meilleure coordination européenne<br />
entre opérateurs pour faire face<br />
à ce risque.<br />
<strong>Le</strong> secteur financier, lui-même à<br />
risque<br />
Pour ne rien arranger, la direction<br />
générale du Trésor a récemment mis<br />
en gar<strong>de</strong> banques et assurances face<br />
aux risques <strong>de</strong> contagion en cas d’attaques<br />
informatiques, notamment en<br />
raison d’une « forte interconnexion ».<br />
Dans une récente publication dédiée au<br />
risque cyber dans le secteur financier,<br />
Bercy a ainsi visé les « acteurs systémiques,<br />
principalement <strong>de</strong>s banques<br />
et <strong>de</strong>s assurances, qui concentrent<br />
une partie importante <strong>de</strong>s actifs et<br />
<strong>de</strong>s flux, et sont fortement reliés entre<br />
eux. Ainsi, un évènement isolé portant<br />
sur une unique entité du secteur financier<br />
peut se propager plus largement,<br />
dans un phénomène <strong>de</strong> contagion,<br />
et ce même au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontières ».<br />
« <strong>Le</strong>s mécanismes d’assurance du<br />
risque cyber sont recommandés <strong>de</strong>puis<br />
longtemps par les économistes, mais<br />
dans la pratique le marché reste peu<br />
développé », a rappelé la DG Trésor,<br />
comme pour ternir encore un peu plus<br />
le tableau <strong>de</strong> ce segment déjà bien<br />
morne.<br />
Pour rappel, 64% <strong>de</strong>s entreprises interrogées<br />
par Euler Hermes et l’Association<br />
nationale <strong>de</strong>s directeurs financiers<br />
et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> gestion (DFCG) - à<br />
l’occasion du baromètre frau<strong>de</strong> et cybercriminalité<br />
pour l’année <strong>2021</strong> - ont<br />
constaté une accentuation du phénomène<br />
<strong>de</strong> frau<strong>de</strong> et cybercriminalité au<br />
cours du <strong>de</strong>rnier exercice. Elles sont 2<br />
sur 3 à déclarer avoir été victimes d’au<br />
moins une tentative <strong>de</strong> frau<strong>de</strong> en <strong>2021</strong>.
42<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES<br />
Tarifs 2022 : Des hausses et <strong>de</strong>s bas…<br />
Malgré une éclaircie au printemps<br />
<strong>2021</strong>, les tendances tarifaires du<br />
marché <strong>de</strong>s grands risques restent<br />
orientées à la hausse, rendant la<br />
campagne <strong>de</strong>s renouvellements du<br />
1er janvier 2022 une nouvelle fois<br />
agitée. Et cette situation amenée à<br />
se poursuivre dans le temps…<br />
Avec <strong>de</strong>s hausses <strong>de</strong> tarifs<br />
moyennes pouvant aller <strong>de</strong><br />
10% à 50% pour les programmes<br />
d’assurance P&C<br />
<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises en 2022, la<br />
campagne <strong>de</strong>s renouvellements du<br />
1 er janvier qui vient <strong>de</strong> s’achever a<br />
une nouvelle fois été plus qu’agitée<br />
pour les industriels, leurs assureurs<br />
et leurs courtiers. D’autant que selon<br />
les branches, ces augmentations <strong>de</strong><br />
prix ont pu dépasser ces seuils, notamment<br />
pour les dossiers sensibles.<br />
« C’est sans appel, ça fait très mal, tout<br />
est en hausse au niveau <strong>de</strong> la tarification<br />
», indique Léopold Larios <strong>de</strong> Piña,<br />
directeur du risk management pour<br />
le groupe Mazars et vice-prési<strong>de</strong>nt<br />
et Pilote <strong>de</strong> l’Observatoire <strong>de</strong>s Assurances<br />
<strong>de</strong> l’Amrae en faisant référence<br />
au tableau <strong>de</strong> tendances publié chaque<br />
année par l’association (voir graphique).<br />
« En 2022 nous serons toujours dans<br />
un marché haussier, même si le pourcentage<br />
<strong>de</strong> majoration moyen sera inférieur<br />
à l’exercice précè<strong>de</strong>nt, avec <strong>de</strong>s<br />
conditions variées et <strong>de</strong>s approches<br />
personnalisées », tempérait en fin d’année,<br />
Sandra Magny, responsable <strong>de</strong>s<br />
relations marchés pour Marsh France.<br />
Si l’ensemble du marché pensait être<br />
arrivé à un plateau au sortir du printemps<br />
<strong>2021</strong>, septembre a douché tous<br />
les espoirs, la faute à quelques grands<br />
assureurs qui ont <strong>de</strong> nouveau poussé<br />
à la majoration et à une sinistralité en<br />
fort rebond durant les <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong><br />
l’exercice. Selon les <strong>de</strong>rniers chiffres <strong>de</strong><br />
la FFA, l’indice RI (Risque Industriels)<br />
projeté chaque trimestre anticipait au<br />
1 er janvier 2022 une hausse <strong>de</strong> 4,9%<br />
sur un an. Cet indice avait déjà enregistré<br />
<strong>de</strong>ux hausses consécutives en<br />
juillet (+1,2%) et octobre <strong>2021</strong> (+3,9%).<br />
En conséquence, les ratios S/P <strong>de</strong>s<br />
assureurs sont aujourd’hui plus que<br />
dégradés.<br />
<strong>Le</strong> cyber dans la tourmente<br />
« Des points se sont durcis par rapport<br />
à la <strong>de</strong>rnière campagne <strong>de</strong> renouvellements<br />
fin 2020 (cyber, lignes<br />
financières en RC, RC <strong>de</strong>s dirigeants,<br />
prévoyance collective...), d’autres se<br />
maintiennent à un niveau haut (dommages<br />
aux biens), indique François<br />
<strong>Le</strong>duc, le directeur général délégué<br />
<strong>de</strong> Verspieren dans la <strong>de</strong>rnière note<br />
<strong>de</strong> conjoncture publiée par le courtier.<br />
Parmi eux, le risque cyber est l’un <strong>de</strong>s<br />
plus exposés. « <strong>Le</strong> marché <strong>de</strong> la cyber<br />
assurance est clairement entré dans<br />
un « very hard market » <strong>de</strong>puis 1 er juillet<br />
<strong>2021</strong>. <strong>Le</strong>s acteurs se raréfient, le<br />
marché se concentre. <strong>Le</strong>s exigences<br />
<strong>de</strong>s assureurs sur la qualité <strong>de</strong>s profils<br />
<strong>de</strong> risque ont considérable- ment<br />
augmenté », précise l’Amrae. Ainsi, la<br />
branche, enregistre en plus <strong>de</strong> fortes<br />
réductions <strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50%,<br />
<strong>de</strong>s primes qui explosent. « Après une<br />
forte hausse qui, en termes <strong>de</strong> taux<br />
<strong>de</strong> prime, a pu dépasser les 100%, les<br />
courtiers anticipent une poursuite <strong>de</strong><br />
l’augmentation <strong>de</strong>s taux en 2022 »,<br />
note l’asscoiation <strong>de</strong> risk-managers.<br />
Dans son <strong>de</strong>rnier livre Blanc dédié au<br />
marché <strong>de</strong> l’assurance Europe, Moyen-<br />
Orient et Afrique <strong>2021</strong>-2022, Siaci Corporate<br />
& Specialty (entité du groupe<br />
Diot-Siaci), anticipe une poursuite <strong>de</strong><br />
cette tendance haussière <strong>de</strong>s tarifs. «<br />
La phase <strong>de</strong> marché dur dans laquelle<br />
nous sommes entrés <strong>de</strong>puis trois ans<br />
semble <strong>de</strong>voir se poursuivre en 2022<br />
et au-<strong>de</strong>là, précise le courtier. « Certaines<br />
branches sont tellement sensibles<br />
qu’elles vont vont continuer à subir <strong>de</strong>s<br />
hausses tarifaires au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s cinq prochaines<br />
années », explique un assureur<br />
grands risques <strong>de</strong> la place. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier<br />
exercice-pilote <strong>de</strong> l’ACPR dédiés aux<br />
risques liés au changement climatique<br />
anticipe <strong>de</strong> son côté une hausse <strong>de</strong>s<br />
primes <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 130% à 200% d’ici<br />
à 2050, ambiance...
BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 43<br />
Captives : Tout ça pour ça...<br />
<strong>2021</strong> avait débuté par un ambitieux<br />
projet, celui <strong>de</strong> favoriser l’établissement<br />
<strong>de</strong> captives en France. Malgré les fortes<br />
attentes <strong>de</strong> tout un secteur, le dispositif<br />
ne verra pas le jour dans le cadre du<br />
PLF 2022.<br />
Par Thierry Gouby<br />
Au sortir d’une année 2020<br />
sonnée par les premières<br />
vagues <strong>de</strong> Covid-19, le ministère<br />
<strong>de</strong> l’Économie <strong>de</strong>s Finances et<br />
<strong>de</strong> Relance annonçait préférer au régime<br />
Catex la mise en place d’un coup <strong>de</strong><br />
pouce fiscal « très avantageux » en vue<br />
<strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> provisions pour<br />
favoriser l’autoassurance <strong>de</strong>s entreprises.<br />
Il n’en fallait pas moins pour que<br />
l’ensemble du marché <strong>de</strong> l’assurance -<br />
notamment celui <strong>de</strong>s grands risques qui<br />
appelle <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreux exercices<br />
à l’assouplissement <strong>de</strong>s conditions<br />
d’établissement <strong>de</strong>s captives en France -<br />
s’empare du sujet à bras le corps. L’objectif<br />
est clair, faire <strong>de</strong> l’Hexagone la nouvelle<br />
place forte <strong>de</strong>s captives et permettre<br />
aux entreprises françaises d’établir plus<br />
facilement leurs véhicules ailleurs qu’au<br />
Luxembourg, en Irlan<strong>de</strong> ou au Bermu<strong>de</strong>s…<br />
Qu’il s’agisse <strong>de</strong>s risk-managers<br />
(notamment via l’Amrae), <strong>de</strong> la FFA, <strong>de</strong>s<br />
courtiers spécialisés ou encore <strong>de</strong>s<br />
assureurs <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises, tous<br />
ont ainsi planché aux côtés <strong>de</strong>s équipes<br />
<strong>de</strong> la direction générale du Trésor pour<br />
assouplir les conditions d’établissement<br />
<strong>de</strong> captives en France. « Aujourd’hui les<br />
règles comptables et fiscales empêchent<br />
les assureurs <strong>de</strong> mutualiser dans le temps.<br />
C’est un énorme problème et je crois qu’il<br />
faut revisiter ces règles », expliquait cet<br />
été Florence Lustman, la prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la<br />
fédération française <strong>de</strong> l’assurance <strong>de</strong>vant<br />
la commission <strong>de</strong>s finances du Sénat.<br />
Cette <strong>de</strong>rnière s’est notamment attardée<br />
sur le sujet <strong>de</strong> la provision d’égalisation.<br />
« Cette technique <strong>de</strong> provision d’égalisation<br />
déductible c’est ce qui permet <strong>de</strong> repousser<br />
les risques <strong>de</strong> l’assurabilité, lance-t-elle.<br />
L’outil doit être ouvert à tous les acteurs <strong>de</strong><br />
l’assurance et cela je l’appelle <strong>de</strong> mes vœux<br />
<strong>de</strong>puis plusieurs années. Cela permettra<br />
<strong>de</strong> rapatrier du Luxembourg toutes les<br />
captives d’entreprises françaises logées<br />
là où il est possible <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s provisions<br />
d’égalisation en franchise d’impôt ».<br />
<strong>Le</strong> mirage Seb et Bonduelle<br />
Dans le même temps, les annonces <strong>de</strong><br />
Bonduelle et Seb (dont le siège est en<br />
photo ci-<strong>de</strong>ssous) <strong>de</strong> loger leurs captives<br />
respectives en France, ont fait grimper à<br />
7 le faible nombre d’industriels français<br />
dont les structures sont établies dans<br />
l’Hexagone.<br />
En parallèle, la publication d’une étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> l’Amrae sur l’attente grandissante<br />
<strong>de</strong>s entreprises tricolores en la<br />
matière et le nombre <strong>de</strong> projets <strong>de</strong><br />
captives en cours a nourri l’espoir d’un<br />
assouplissement <strong>de</strong>s règles en 2022.<br />
À mesure que le remo<strong>de</strong>lage <strong>de</strong>s captives<br />
était en marche, la piste du PLF 2022<br />
comme véhicule législatif fut privilégiée<br />
pour créer les conditions <strong>de</strong> la création<br />
<strong>de</strong>s captives à la française. La députée<br />
LREM Valeria Faure-Muntian avait même<br />
déposé un amen<strong>de</strong>ment au projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong><br />
finances avant <strong>de</strong> le retirer, le gouvernement<br />
souhaitant gar<strong>de</strong>r la main sur le sujet.<br />
En attendant un nouveau PLF<br />
Mais le couperet est tombé minovembre<br />
<strong>2021</strong>. Lors <strong>de</strong> l’adoption du<br />
PLF 2022 à l’Assemblée nationale, <strong>Le</strong><br />
gouvernement n’a pas profité <strong>de</strong> cette<br />
fenêtre pour y insérer un amen<strong>de</strong>ment<br />
visant à améliorer le dispositif <strong>de</strong> captives,<br />
Bercy ayant fait le choix <strong>de</strong> notifier et<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’autorisation à Bruxelles avant<br />
<strong>de</strong> faire voter la mesure. <strong>Le</strong> sujet <strong>de</strong>s<br />
captives a donc été remisé à un prochain<br />
PLF sous une nouvelle mandature.<br />
Si cette décision est venue doucher les<br />
espoirs <strong>de</strong> tout un secteur et a poussé les<br />
entreprises françaises en stand-by à se<br />
tourner <strong>de</strong> nouveau vers le Luxembourg<br />
pour leurs projets <strong>de</strong> captives en cours,<br />
l’Amrae continue <strong>de</strong> croire en cet outil.<br />
Pour preuve, l’Association pour le<br />
management <strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong>s<br />
assurances <strong>de</strong> l’entreprise a annoncé<br />
la création <strong>de</strong> la Fédération française<br />
<strong>de</strong>s captives d’entreprise avec l’appui <strong>de</strong><br />
grands industriels. L’association poursuit<br />
d’ailleurs ses travaux contribuant à la mise<br />
en place d’une provision pour résilience<br />
<strong>de</strong>s entreprises françaises, notamment<br />
<strong>de</strong>s petites et moyennes entreprises.
44 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES<br />
TRIBUNE<br />
« <strong>Le</strong> coût total du risque est le juge <strong>de</strong><br />
« L’année 2022 s’ouvre dans un contexte d’incertitu<strong>de</strong> sanitaire mais avec<br />
un redémarrage marqué <strong>de</strong> la croissance »<br />
L’année <strong>2021</strong> a encore été marquée par la crise sanitaire<br />
et la résurgence <strong>de</strong> l’épidémie et exige <strong>de</strong> tous <strong>de</strong><br />
s’adapter à cette situation hybri<strong>de</strong> pour répondre à la<br />
mission première du secteur <strong>de</strong> l’assurance – accompagner,<br />
conseiller les clients sur leurs problématiques assurantielles.<br />
<strong>Le</strong> marché a connu en <strong>2021</strong> sa troisième année consécutive<br />
<strong>de</strong> hausse significative et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> tension lors <strong>de</strong>s<br />
renouvellements sur toutes les lignes avec une attention<br />
spécifique portée sur <strong>de</strong>s lignes comme la RCPro, le<br />
Cyber, RCMS, … Quatre facteurs caractérisent ce marché<br />
: hausse <strong>de</strong>s prix (primes et franchises), réduction<br />
<strong>de</strong>s capacités accordées par guichet, re-souscription<br />
technique <strong>de</strong>s dossiers, et enfin <strong>de</strong>s décisions souvent<br />
portées par la ligne <strong>de</strong> referals <strong>de</strong> la branche concernée,<br />
et donc à l’étranger le cas échéant. Notons également<br />
au plan international que les Etats-Unis sont toujours<br />
en très forte hausse, et la place <strong>de</strong> Londres également.<br />
Dans le cadre d’une situation instable et qui joue les<br />
prolongations, les assureurs ont appelé <strong>de</strong> leurs vœux<br />
un retour à la croissance mais <strong>de</strong> manière ciblée. Des<br />
acteurs – petits ou grands - <strong>de</strong> l’assurance se sont remis<br />
dans une certaine dynamique et nous sommes entrés<br />
pour certaines branches dans une année <strong>de</strong> transition <strong>de</strong><br />
marché. En effet, nous notons <strong>de</strong>s politiques contrastées<br />
en fonction <strong>de</strong> la typologie <strong>de</strong>s risques et ce dans toutes<br />
les lignes -sur les Grands risques où la situation est<br />
reste délicate- les grands acteurs du marché réduisant<br />
significativement leurs engagements et analysant <strong>de</strong><br />
façon <strong>de</strong> plus en plus scrupuleuse les garanties qu’ils<br />
accor<strong>de</strong>nt. Ainsi, nous enregistrons une baisse <strong>de</strong> capacité<br />
généralisée entrainant <strong>de</strong> fait une diminution <strong>de</strong>s parts<br />
d’apérition, et consécutivement <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> coassurance.<br />
Si 2020 a révélé certaines imprécisions ou failles dans la<br />
rédaction <strong>de</strong> polices peu claires pour les clients, le marché<br />
a consacré <strong>de</strong> nombreux mois en parallèle <strong>de</strong>s renouvellements<br />
<strong>de</strong> fin d’année 2020 à la rédaction <strong>de</strong>s clauses plus<br />
claires et sans ambiguïté dans leur interprétation ouvrant<br />
la voie <strong>de</strong>s négociations sur <strong>de</strong>s bases assainies en <strong>2021</strong>.<br />
Cette situation nous conduit donc à plus <strong>de</strong> pragmatisme<br />
et à revenir aux fondamentaux <strong>de</strong> notre métier en réaffirmant<br />
une véritable culture <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s risques pour<br />
accompagner au mieux nos clients entreprises dans la<br />
poursuite <strong>de</strong> leurs investissements pour une meilleure<br />
gestion <strong>de</strong> leurs risques. <strong>Le</strong> dialogue entre les parties est<br />
gran<strong>de</strong>ment facilité si un mécanisme <strong>de</strong> rétention ou <strong>de</strong><br />
captive est mis en place au sein <strong>de</strong> l’entreprise. Couplé<br />
avec davantage <strong>de</strong> conseil en amont, il permet d’élaborer<br />
une stratégie efficace d’arbitrage et <strong>de</strong> mitigation <strong>de</strong> risque<br />
: le Cout Total du Risque est le juge <strong>de</strong> paix d’un renouvellement<br />
réussi ! . Donner plus <strong>de</strong> visibilité aux clients et<br />
leur donner le temps <strong>de</strong> se consacrer pleinement à leur<br />
risk-management passent également par la réussite <strong>de</strong><br />
reconduire <strong>de</strong>s affaires en accords <strong>de</strong> durée (LTA <strong>de</strong>ux ans).<br />
Plus que jamais, les courtiers jouent un rôle prépondérant<br />
aujourd’hui dans la co-construction <strong>de</strong> la vente<br />
du risque aux assureurs. Facilitateur qui rapproche les<br />
parties, il apporte d’une part, une véritable prestation<br />
<strong>de</strong> conseil, d’autre part un support actif pour ai<strong>de</strong>r à<br />
collecter – toujours plus – les données nécessaires.<br />
<strong>2021</strong> a marqué également l’arrivée <strong>de</strong> nouveaux acteurs<br />
sur le marché <strong>de</strong> l’assurance avec <strong>de</strong> nouvelles offres, <strong>de</strong><br />
nouvelles capacités et surtout une nouvelle façon d’envisager<br />
le marché ce qui va nous pousser une nouvelle fois<br />
à nous adapter à une situation qui évolue vite et qui rebat<br />
les cartes en matière d’accompagnement du client. L’arrivée<br />
<strong>de</strong> ces nouveaux fournisseurs qui augmentent les solutions
BILAN DE L’ASSURANCE DES GRANDS RISQUES WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 45<br />
paix d’un renouvellement réussi ! »<br />
pour le financement <strong>de</strong>s risques à la disposition <strong>de</strong>s assurés<br />
est une opportunité pour le marché <strong>de</strong> se réinventer<br />
Après un démarrage faible en <strong>2021</strong>, l’économie française<br />
a rebondi sous l’effet <strong>de</strong> la moindre circulation épidémique,<br />
<strong>de</strong> l’accélération <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> vaccination<br />
et <strong>de</strong> l’assouplissement <strong>de</strong>s restrictions sanitaires. <strong>Le</strong>s<br />
mesures budgétaires soutiennent encore fortement la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> intérieure et permettent d’amoindrir considérablement<br />
les effets <strong>de</strong> la crise sur l’activité <strong>de</strong>s<br />
entreprises. La situation reste pour 2022 instable, la<br />
propagation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variants et la menace <strong>de</strong> nouvelles<br />
souches du virus ont accru l’incertitu<strong>de</strong> quant<br />
au temps nécessaire pour surmonter la pandémie.<br />
<strong>de</strong> l’assurance, certes chahuté, montre toutefois quelques<br />
perspectives rassurantes pour 2022 liées à l’augmentation<br />
<strong>de</strong> la masse assurable, <strong>de</strong>s évolutions législatives qui<br />
encouragent le recours à l’assurance privée (réforme <strong>de</strong><br />
la protection sociale dans la fonction publique). Dans ce<br />
contexte, les grands acteurs vont <strong>de</strong>voir s’adapter et évoluer<br />
rapi<strong>de</strong>ment pour adresser les défis qui vont se faire jour<br />
tels dans un environnement règlementaire qui se durcit.<br />
Si la reprise est en bonne voie pour tous les acteurs économiques<br />
en France, le chemin ne sera pas tout droit et<br />
se fera grâce à <strong>de</strong>s fondamentaux soli<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s équipes<br />
engagées au sein <strong>de</strong>s compagnies, chez les courtiers<br />
pour servir au mieux nos clients entreprises.<br />
L’année 2022 s’ouvre dans un contexte d’incertitu<strong>de</strong> sanitaire<br />
mais avec un redémarrage marqué <strong>de</strong> la croissance<br />
qui <strong>de</strong>vrait rester forte, un marché <strong>de</strong> l’emploi dynamique et<br />
<strong>de</strong> belles performances <strong>de</strong>s marchés financiers. <strong>Le</strong> marché<br />
BIO<br />
Cyrille<br />
<strong>de</strong> Montgolfier<br />
Directeur général <strong>de</strong> Gras Savoye Willis Towers Watson<br />
Âge : 60 ans<br />
Formation : SciencesPo, Université Paris 2 Pantheon-Assas,<br />
Ena<br />
Parcours : Cyrille <strong>de</strong> Montgolfier débute sa carrière en 1994 au<br />
commissariat à l’énergie atomique (CEA). Il prend en 1998 la<br />
DGA d’Axa Conseil, puis la direction <strong>de</strong> l’assurance vie d’Axa Winterthur<br />
huit ans plus tard. A la tête <strong>de</strong>s affaires européennes et<br />
institutionnelles du groupe entre 2012 et 2015, il rejoint ensuite<br />
la Parisienne Assurances comme directeur général jusqu’en<br />
2019. Après avoir fondé CM Conseil, et cofondé Nemrod Finance,<br />
Cyrille <strong>de</strong> Montgolfier est nommé en avril 2020 à la direction<br />
générale <strong>de</strong> Gras Savoye Willis Towers Watson.
Cloud Platform for Insurance Innovation<br />
Management<br />
Plateforme cloud <strong>de</strong><br />
distribution et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />
produits d’assurances IARD<br />
Plateforme cloud <strong>de</strong><br />
distribution et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />
produits d’assurances Santé<br />
Prévoyance<br />
Gouvernance<br />
Plateforme cloud <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong><br />
la réassurance<br />
Logiciel cloud <strong>de</strong> pilotage <strong>de</strong><br />
vos activités assurance<br />
Logiciel cloud actuariel <strong>de</strong> reporting<br />
Solvabilité 2<br />
Réceptacle <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong><br />
vos données métier<br />
Ecosystème<br />
Logiciel cloud d’analyse <strong>de</strong>s données<br />
assurances et <strong>de</strong> simulation <strong>de</strong> tarifs<br />
Bibliothèque d’outils <strong>de</strong> connexion<br />
à l’écosystème assurance<br />
Espace online d’interaction<br />
entre assureurs et clients<br />
Innovation<br />
Lancement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> produits<br />
Assurance à l’usage<br />
Intégration <strong>de</strong> portefeuilles <strong>de</strong><br />
réassurance<br />
Amélioration <strong>de</strong> l’efficacité<br />
opérationnelle<br />
Mo<strong>de</strong>rnisation<br />
Distribution multicanal<br />
Gestion <strong>de</strong>s sinistres<br />
Gestion <strong>de</strong>s flottes d’entreprise<br />
Cessions et acceptations<br />
Simplification<br />
Gestion <strong>de</strong> l’assurance IARD<br />
Gestion <strong>de</strong> l’assurance santé,<br />
Prévoyance et emprunteur<br />
Gestion <strong>de</strong> la réassurance<br />
Conformité réglementaire<br />
contact@prima-solutions.com<br />
www.prima-solutions.com
PUB<br />
GUIDE<br />
<strong>Le</strong>s coups <strong>de</strong> coeur innovation<br />
<strong>de</strong> la rédaction<br />
P.48<br />
FOCUS<br />
L’assurtech française compte<br />
<strong>de</strong>ux licornes<br />
P.49<br />
INFOGRAPHIE<br />
<strong>Le</strong> marché <strong>de</strong> l’assurtech en<br />
<strong>2021</strong><br />
P.50
48<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BILAN DE L’INNOVATION<br />
<strong>Le</strong> gui<strong>de</strong> <strong>2021</strong> <strong>de</strong> l’innovation dans le secteu<br />
Malgré le contexte éminemment<br />
singulier, les assureurs ont continué<br />
d’innover en <strong>2021</strong>. Tour d’horizon<br />
<strong>de</strong>s nouveuax produits, partenariats<br />
naissants ou encore garanties originales<br />
qu’il ne fallait pas manquer<br />
dans les différentes branches du<br />
secteur <strong>de</strong> l’assurance.<br />
Par la rédaction <strong>de</strong> News Assurances<br />
Pro<br />
ASSURANCE VIE<br />
En <strong>2021</strong>, malgré un contexte <strong>de</strong> taux<br />
bas négatif continu, le marché <strong>de</strong><br />
l’assurance vie a repris <strong>de</strong>s couleurs.<br />
Avec un surplus d’épargne proche<br />
<strong>de</strong> 200 milliards d’euros en <strong>de</strong>ux<br />
ans, selon la Banque <strong>de</strong> France, les<br />
assureurs vie voient <strong>de</strong>s opportunités<br />
se <strong>de</strong>ssiner. De nouveaux contrats<br />
associés à <strong>de</strong>s solutions digitales<br />
plus rapi<strong>de</strong>s et moins coûteuses ont<br />
permis à certains acteurs <strong>de</strong> capter<br />
<strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché ainsi qu’une<br />
partie du capital qui n’attend que<br />
d’être réinvesti.<br />
Quelques nouveaux contrats , entités<br />
ou partenariats qui ont marqué <strong>2021</strong> :<br />
• Maif Vie - Maif Vie propose <strong>de</strong>puis<br />
le 1 er ocotbre une gamme <strong>de</strong> supports<br />
d’épargne en unités <strong>de</strong> comptes<br />
entièrement labellisée ISR (Investissement<br />
Socialement Responsable),<br />
Greenfin, Finansol et Relance•<br />
• Corum : Peut-on parler d’innovation<br />
? En vérité non, mais dans<br />
le contexte actuel, l’initiative est<br />
originale. Corum L’Épargne a ainsi<br />
annoncé le lancement d’un contrat<br />
d’assurance vie en euros. Une sortie<br />
<strong>de</strong> produit à contre-sens du marché<br />
qui cherche plutôt à se désengager<br />
du fonds euros.<br />
SANTÉ / PRÉVOYANCE<br />
Cette année encore, les contrats<br />
santé et prévoyance se sont enrichis<br />
<strong>de</strong> services innovants.<br />
Nos coups <strong>de</strong> cœur<br />
• Angel : Service <strong>de</strong> conseil médical<br />
d’Axa Partners. L’assuré peut envoyer<br />
ses questions <strong>de</strong> santé par tchat et<br />
obtenir une réponse écrite rédigée<br />
par une équipe médicale pluri-disciplinaire.<br />
• Crédit Mutuel : Suppession du<br />
questionnaire <strong>de</strong> santé à remplir<br />
pour accé<strong>de</strong>r au crédit immobilier.<br />
<strong>Le</strong>s clients <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 62 ans<br />
et qui ont domicilié leurs revenus<br />
principaux <strong>de</strong>puis 7 ans pourront<br />
emprunter jusqu’à 500 000 euros<br />
sans aucune question sur leur état<br />
<strong>de</strong> santé pour l’acquisition <strong>de</strong> leur<br />
rési<strong>de</strong>nce principale.<br />
• Mutumutu : L’insurtech tchèque<br />
propose une assurance prévoyance<br />
digitalisée pour les indépendants<br />
comprenant un programme <strong>de</strong> récompense<br />
pour les plus actifs.<br />
• Port@bilité + : AG2R La Mondiale<br />
propose aux salariés en perte<br />
d’emploi un service d’information<br />
et d’accompagnement sur la portabilité<br />
<strong>de</strong>s droits.<br />
• Assurly : La jeune start-up spécialisée<br />
en assurance emprunteur<br />
propose <strong>de</strong> prendre en compte le<br />
nombre <strong>de</strong> pas réalisés chaque jour<br />
pour ajuster la prime d’assurance<br />
en emprunteur. La ristourne pourrait<br />
aller jusqu’à 20%. Pour cela il<br />
faudrait faire entre 10 000 et 11 000<br />
pas par jour.<br />
IARD<br />
Au sortir d’un exercice 2020 largement<br />
freiné par la crise Covid, les<br />
acteurs <strong>de</strong> l’assurance dommages<br />
ont eu à cœur <strong>de</strong> remettre l’innovation<br />
au centre <strong>de</strong> leurs stratégies<br />
<strong>de</strong> reprise.<br />
Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />
• Stoïk : Nouvelle offre cyber à <strong>de</strong>stinations<br />
<strong>de</strong>s PME qui associe un<br />
produit d’assurance et logiciel <strong>de</strong><br />
sécurité.<br />
• Atekka : Offre digitale d’assurance<br />
modulable à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s agri-<br />
culteurs<br />
• Crédit Agricole Assurances - Eko :<br />
offre d’assurance auto inclusive, à<br />
prix attractif, qui s’articule autour<br />
du climat, <strong>de</strong> la cohésion sociale<br />
et <strong>de</strong>s transitions agricole et agroalimentaire.<br />
• MMA – Certi<strong>de</strong>vis : service garantissant<br />
aux artisans du BTP et<br />
à leurs clients que les travaux prévus<br />
dans leurs <strong>de</strong>vis sont couverts par<br />
la garantie décennale.<br />
• MAE : La mutuelle a noué un partenariat<br />
avec la start-up Mila spécialisée<br />
dans l’accompagnement <strong>de</strong>s<br />
enfants concernés par <strong>de</strong>s troubles<br />
« dys » (dyslexie, dysorthographie<br />
et dyscalculie).<br />
• Marion la main tendue - Kolibri :<br />
assurance contre le risque <strong>de</strong> harcèlement<br />
scolaire et <strong>de</strong> cyberharcèlement,<br />
en partenariat avec Wakam.<br />
• Moonshot Insurance - Bodyguard.<br />
ai : Solution préventive contre le<br />
cyber harcèlement.<br />
ASSISTANCE<br />
Dans l’assistance, les principaux<br />
acteurs ont également fait preuve<br />
d’une certaine dynamique après une<br />
année singulière.<br />
Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />
• Fidélia Assistance - Digi’VHR : permet<br />
aux assurés auto <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
par SMS un véhicule <strong>de</strong> remplacement<br />
en selfcare à la suite du remorquage<br />
<strong>de</strong> leur voiture en panne.<br />
• Europ Assistance & Supertripper<br />
- SuperCare : assurance dédiée aux<br />
voyageurs d’affaires avec assistance<br />
en cas <strong>de</strong> maladie ou blessure, prise<br />
en charge <strong>de</strong>s frais médiacux, remboursement<br />
<strong>de</strong>s imprévus aériens<br />
et avant le départ.<br />
• Opteven - Digital Factory : Plateforme<br />
visant à imaginer et mettre<br />
en œuvre <strong>de</strong>s solutions technologiques<br />
innovantes pour améliorer<br />
l’expérience d’assistance.<br />
• Mondial Assistance : L’assisteur<br />
lance Clarity, un service d’accom-
BILAN DE L’INNOVATION WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 49<br />
r <strong>de</strong> l’assurance<br />
pagnement sur les démarches <strong>de</strong><br />
travaux <strong>de</strong> rénovation énergétique,<br />
du diagnostic <strong>de</strong> performance énergétique<br />
à la livraison <strong>de</strong>s travaux.<br />
GRANDS RISQUES<br />
Du côté <strong>de</strong>s risques professionnels,<br />
les principaux acteurs ont focalisé<br />
leurs innovations sur l’amélioration<br />
<strong>de</strong>s pratiques, notamment face à <strong>de</strong>s<br />
risques potentiellement systémiques.<br />
Nos coups <strong>de</strong> cœur :<br />
• Cabinet Roux - Senoee : plateforme<br />
SaaS s’appuyant sur la data pour<br />
permettre aux risk managers d’estimer<br />
et <strong>de</strong> valoriser leur patrimoine<br />
industriel partout dans le mon<strong>de</strong>.<br />
•Hiscox & Continuity : solution<br />
d’ai<strong>de</strong> à la souscription <strong>de</strong> contrats<br />
d’assurance basée sur le traitement<br />
automatique du langage (NLP) par<br />
l’intelligence artificielle.<br />
• Ask & Caarl - Ask Me : accompagnement<br />
personnalisé pour les<br />
conducteurs dans le but <strong>de</strong> préserver<br />
leur mobilité et <strong>de</strong> réduire la sinistralité<br />
<strong>de</strong>s flottes.<br />
• FM Global - Remote Servicing :<br />
Application mobile développée par<br />
l’assureur pour permettre à ses<br />
ingénieurs <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s visites<br />
virtuelles sur les sites <strong>de</strong> ses clients.<br />
RETRAITE<br />
Que dire sur l’épargne retraite si ce<br />
n’est que <strong>2021</strong> aura été une année<br />
marquée par les nombreuses sorties<br />
<strong>de</strong> Plans épargne retraite (PER) et<br />
plus particulièrement <strong>de</strong> PER Individuel.<br />
Ce sont d’ailleurs plutôt les<br />
mutualistes qui ont animé le marché.<br />
<strong>Le</strong> secteur s’est mis en ordre <strong>de</strong><br />
marche dans la droite lignée <strong>de</strong> la<br />
réforme impulsée par la loi Pacte et<br />
le ministre <strong>de</strong> l’Économie.<br />
Peu d’innovations sur ce secteur<br />
particulier <strong>de</strong> l’assurance.<br />
LES INCLASSABLES<br />
• Nostrum Care : La jeune start-up<br />
lance une assurance présenté comme<br />
une cagnotte. Elle propose en fait <strong>de</strong>s<br />
forfaits sur différentes dépenses <strong>de</strong><br />
santé. Plus le prix <strong>de</strong> l’abonnement<br />
est éleve, plus le forfait l’est aussi.<br />
L’assurtech française compte <strong>de</strong>ux licornes<br />
L’assurtech française aura été<br />
particulièrement dynamique en <strong>2021</strong>.<br />
Deux d’entre elles sont entrées dans<br />
le cercle très fermé <strong>de</strong>s licornes.<br />
Par Florian Delambily<br />
Alan et Shift Technology<br />
rejoignent le troupeau <strong>de</strong>s<br />
licornes françaises. C’est le<br />
jeune assureur santé français qui<br />
ouvre le bal. <strong>Le</strong> 19 avril <strong>de</strong>rnier, il<br />
annonce avoir bouclé une nouvelle<br />
levée <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> 185 millions d’euros.<br />
L’opération valorise Alan à 1,4 milliard<br />
d’euros. Ce tour <strong>de</strong> table est mené par<br />
Coatue Management avec Dragoneer<br />
et Exor. In<strong>de</strong>x Ventures, Ribbit Capital<br />
et Temasek renouvellent également<br />
leur confiance à l’équipe<br />
Depuis sa création en 2016, la<br />
compagnie avait déjà levé près <strong>de</strong><br />
125 millions d’euros. En 2020, elle<br />
affiche une croissance <strong>de</strong> 100% <strong>de</strong> son<br />
activité. Elle fait ainsi état <strong>de</strong> revenus<br />
annuels à 100 millions d’euros pour<br />
155 000 assurés en portefeuille.<br />
Avec cette opération, l’assureur, qui<br />
compte aujourd’hui 350 salariés,<br />
ambitionne <strong>de</strong> recruter 400 autres<br />
collaborateurs « notamment pour ses<br />
équipes internationales dont l’effectif<br />
passera <strong>de</strong> 30 à 140. Alan prévoit <strong>de</strong><br />
couvrir 1 million <strong>de</strong> personnes d’ici<br />
2023 et d’être rentable en France<br />
d’ici <strong>de</strong>ux ans », pointe Jean-Charles<br />
Samuelian, son cofondateur. Malgré sa<br />
croissance à trois chiffres, la start-up<br />
affichait un résultat net déficitaire <strong>de</strong><br />
32 millions d’euros en 2020.<br />
220 millions d’euros pour Shift<br />
Technology<br />
Quelques semaines après Alan, c’est<br />
donc au tour <strong>de</strong> Shift Technology <strong>de</strong><br />
dépasser le milliard <strong>de</strong> valorisation.<br />
La jeune assurtech spécialisée<br />
dans la lutte contre la frau<strong>de</strong> et<br />
l’automotisation <strong>de</strong>s tâches réalisées<br />
par les assureurs annonce en effet<br />
le 19 mai une levée <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> 220<br />
millions d’euros.<br />
Ce nouveau tour d’investissement a<br />
été mené par le fonds d’investissement<br />
américain Advent International. Avenir<br />
Growth et Bpifrance entrent également<br />
au capital.<br />
Avec cette manne financière,<br />
l’assurtech créée en 2014 souhaite<br />
recruter 300 spécialistes du traitement<br />
<strong>de</strong> la donnée, les fameux data<br />
scientists que tout le mon<strong>de</strong> s’arrache,<br />
d’ici <strong>de</strong>ux ans. L’objectif est <strong>de</strong> créer, en<br />
France, « le plus gros pôle mondial <strong>de</strong><br />
science <strong>de</strong> la donnée dédié au secteur<br />
<strong>de</strong> l’assurance », selon son directeur<br />
général Jeremy Jawish.
TRIBUNE<br />
<br />
« <strong>Le</strong>s<br />
<br />
nouveaux intervenants ont l’avant<br />
735<br />
2.071M euros<br />
Par Philippe<br />
<br />
Mangematin, co-fondateur<br />
<br />
et directeur<br />
3ème<br />
26.878<br />
« L’année écoulée nous aura apporté la preuve <strong>de</strong> la matérialisation soudaine <strong>de</strong><br />
<br />
<br />
risques encore jamais vus dans leurs ampleurs »
age <strong>de</strong> la page blanche »<br />
88<br />
général <strong>de</strong> Seyna<br />
<br />
587M d'euros<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
24<br />
<br />
24<br />
BIO<br />
<br />
<br />
23<br />
Prénom<br />
Nom<br />
Fonction ici<br />
<br />
<br />
10<br />
7<br />
Formation : HEC, Institut <strong>de</strong>s Actuaires, Centre d’étu<strong>de</strong>s actuarielles<br />
Parcours : Philippe Mangematin entame sa carrière dans le<br />
conseil comme senior consultant financial institutions chez<br />
A.T Kearney. Il y reste presque 3 ans, avant <strong>de</strong> prendre, en<br />
2011, le poste d’analyste stratégie chez BNP Paribas Corporate<br />
and Insitutionnal Banking.<br />
Après environ une année, il <strong>de</strong>vient consultant actuaire vie et<br />
non vie chez Milliman. Il intègre alors, en 2016, Swiss Re. Il y<br />
officie en tant que senior client manager. Puis, en 2018, il se<br />
lance dans l’aventure Seyna, première compagnie d’assurance<br />
<br />
Source : Francefintech.org<br />
agréée par l’ACPR en non vie <strong>de</strong>puis la Mutuelle <strong>de</strong>s Motards.
52 BILAN DE L’INNOVATION
BILAN DE L’INNOVATION<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
53<br />
Ces jeunes pousses qui <strong>de</strong>viennent assureurs<br />
En <strong>2021</strong>, <strong>de</strong>ux start-up ont obtenu<br />
leur agrément pour opérer comme<br />
assureur. 2022 pourrait bien être au<br />
moins aussi prolifique.<br />
Par Florian Delambily<br />
Alan en 2016 et Seyna en 2019<br />
ont ouvert la voie au bouillonnant<br />
marché <strong>de</strong> l’insurtech en<br />
France. Pour l’ACPR, les dossiers<br />
d’agrément déposés par les <strong>de</strong>ux<br />
jeunes compagnies dirigées respectivement<br />
par Jean-Charles Samuelian<br />
et Stephen <strong>Le</strong>guillon étaient les<br />
premiers <strong>de</strong>puis trois décennies sur<br />
les segments <strong>de</strong> la santé et du Iard.<br />
Mais <strong>de</strong>puis, les dossiers affluent sur<br />
le bureau <strong>de</strong> l’autorité. MIC Insurance<br />
Company a obtenu son sésame à la<br />
fin <strong>de</strong> l’année 2020. Puis ce fut au tour<br />
d’Acheel et <strong>de</strong> Mila en <strong>2021</strong>.<br />
Acheel est une assurtech évoluant sur<br />
le marché <strong>de</strong> l’assurance dommages.<br />
Début <strong>2021</strong>, la structure dirigée par<br />
Ralph Ruimy lève 29 millions d’euros<br />
auprès <strong>de</strong> NJJ (holding <strong>de</strong> Xavier Niel),<br />
<strong>de</strong> Serena et <strong>de</strong> Portag3 Ventures.<br />
Ses fonds propres constitués, elle a<br />
pu finaliser sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément<br />
publiée au Journal officiel du 14 mai.<br />
De son côté, Mila a obtenu le feu<br />
vert <strong>de</strong> l’ACPR pour opérer comme<br />
compagnie d’assurance le 20 octobre.<br />
Fondée par Gérard Deray, un ancien<br />
dirigeant du coutier en immobilier<br />
Interassurance et Jean Boucher, exresponsable<br />
<strong>de</strong> l’expérience client,<br />
du big data et <strong>de</strong> l’intelligence artificielle<br />
chez Allianz France, la jeune<br />
insurtech est incubée par le Swave,<br />
une plateforme dédiée à la fintech,<br />
l’insurtech et la paytech.<br />
Mila vise à déployer <strong>de</strong>s systèmes<br />
d’information connectés et intégrés<br />
pour faciliter les échanges avec tous<br />
les acteurs <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> l’assurance.<br />
Ces SI sont <strong>de</strong>stinés à offrir <strong>de</strong>s<br />
services et <strong>de</strong>s produits pour mieux<br />
maîtriser les risques. Comme Acheel,<br />
Mila a bouclé une levée <strong>de</strong> fonds en<br />
amont <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément<br />
afin d’avoir les fonds propres nécessaires<br />
pour opérer comme porteur <strong>de</strong><br />
risques. <strong>Le</strong> tour <strong>de</strong> table a dépassé<br />
la dizaine <strong>de</strong> millions d’euros.<br />
Pourquoi se faire agréer ?<br />
Cette vague d’agréments interroge<br />
parfois les acteurs traditionnels <strong>de</strong><br />
l’assurance. « Je ne comprends pas<br />
l’intérêt qu’ont les insurtech à avoir un<br />
bilan d’assurance. L’activité qu’ellesportent<br />
aurait très bien pu être gérée<br />
par un statut <strong>de</strong> courtier. <strong>Le</strong>s porteurs<br />
<strong>de</strong> risques sont légion et nous avons<br />
une surcapacité d’assurance en France.<br />
Aucune <strong>de</strong> ces start-up n’a fait, à ce<br />
jour, <strong>de</strong> vraie révolution tarifaire. Je<br />
me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quel est le sens <strong>de</strong> ces<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’agrément porteuses <strong>de</strong><br />
coûts, qui nécessitent <strong>de</strong>s capitaux<br />
significatifs avec un retour sur capital<br />
très inférieur à celui que peuvent avoir<br />
<strong>de</strong>s intermédaires », lançait Sylvain<br />
Coriat, membre du comité exécutif<br />
d’Allianz France en charge <strong>de</strong>s assurances<br />
<strong>de</strong> personnes dans l’émission<br />
Cuisinons-<strong>Le</strong>s.<br />
Pour les start-up, il s’agit avant tout<br />
<strong>de</strong> maîtriser l’intégralité <strong>de</strong> la chaîne<br />
<strong>de</strong> valeur sans avoir à rendre compte<br />
à un porteur <strong>de</strong> risques tout en gardant<br />
le secret <strong>de</strong> leur technologie.<br />
« Devenir porteurs <strong>de</strong> risques nous<br />
permettrait <strong>de</strong> remplir pleinement notre<br />
objectif qui est <strong>de</strong> disrupter ce marché<br />
<strong>de</strong> l’assurance emprunteur, mais dans<br />
sa partie back office, grâce à notre<br />
outil <strong>de</strong> sinistralité prédicitive baptisé<br />
Agatha », explique ainsi Toufik Gozim,<br />
fondateur d’Assurly.<br />
Des candidats pour 2022<br />
Assurly fait d’ailleurs partie <strong>de</strong>s candidats<br />
à l’agrément pour <strong>de</strong>venir compagnie<br />
d’assurance. À l’heure où nous<br />
écrivons ces lignes, la jeune assuretch<br />
bouclait une levée <strong>de</strong> fonds pour obtenir<br />
le niveau <strong>de</strong> fonds propres requis<br />
pour avoir le tampon <strong>de</strong> l’ACPR. Un<br />
souci que n’a pas <strong>Le</strong>ocare. La structure<br />
dirigée par Christophe Dandois<br />
a levé 110 millions <strong>de</strong> dollars à la fin<br />
du mois <strong>de</strong> novembre.<br />
Aujourd’hui courtier, et revandiquant<br />
60 000 clients pour un chiffre d’affaires<br />
<strong>de</strong> 27 millions d’euros, la pépite spécialisée<br />
en assurance dommages se<br />
projette sur 2022 avec l’ambition <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir porteur <strong>de</strong> risques. « Sans<br />
présager <strong>de</strong> ce que nous serons à<br />
horizon 2025, nous réflechissons<br />
à <strong>de</strong>venir nous-mêmes porteurs <strong>de</strong><br />
risques et nous travaillons dans ce<br />
sens », indiquait Christophe Dandois,<br />
dans nos colonnes.<br />
D’autres candidats, qui souhaitent<br />
rester anonymes envisagent aussi<br />
<strong>de</strong> déposer un dossier à l’ACPR. <strong>Le</strong><br />
régulateur ne <strong>de</strong>vrait pas chômer dans<br />
les mois à venir.
PUB<br />
TROMBI<br />
<strong>Le</strong>s nominations marquantes<br />
<strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong><br />
P.56<br />
BILAN<br />
<strong>Le</strong>s mariages et les divorces<br />
<strong>de</strong> l’année <strong>2021</strong><br />
P.58
56 WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong><br />
<strong>Le</strong>s nominations qui ont marqué l’année<br />
BRUNO<br />
ANGLES<br />
Directeur général d’AG2R La<br />
Mondiale<br />
Nommé directeur général délégué<br />
d’AG2R La Mondiale en avril,<br />
il est désigné pour prendre la<br />
direction générale du groupe à<br />
compter du 1 er mai 2022.<br />
ÉRIC<br />
CHENUT<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la FNMF<br />
Éric Chenut a été élu prési<strong>de</strong>nt la<br />
Fédération nationale <strong>de</strong> la Mutualité<br />
française (FNMF) le 5 octobre<br />
<strong>de</strong>rnier avec 71,5% <strong>de</strong>s voix. Il<br />
est le 13 e prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la FNMF.<br />
PATRICK<br />
COHEN<br />
Directeur général d’Axa France<br />
<strong>Le</strong> 25 mars <strong>2021</strong>, Patrick Cohen,<br />
alors directeur général d’Axa en<br />
Italie prend les rênes d’Axa en<br />
France. Il remplace Jacques <strong>de</strong><br />
Peretti.<br />
STÉPHANE<br />
DEDEYAN<br />
Directeur général <strong>de</strong> CNP Assurances<br />
Depuis le 16 avril, Stéphane<br />
De<strong>de</strong>yan est directeur général <strong>de</strong><br />
CNP Assurances. Il succè<strong>de</strong> à<br />
Antoine Lissowski qui a fait valoir<br />
ses droits à la retraite.<br />
PETRA<br />
HIELKEMA<br />
Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’Eiopa<br />
Néerlandaise, Petra Hielkema accè<strong>de</strong><br />
à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’Eiopa,<br />
superviseur européen <strong>de</strong>s assurances,<br />
au mois <strong>de</strong> septembre,<br />
pour un mandat <strong>de</strong> 5 ans.<br />
STÉPHANE<br />
JUNIQUE<br />
Prési<strong>de</strong>nt du groupe Vyv<br />
<strong>Le</strong> 7 juin, le conseil d’administration<br />
du groupe Vyv a élu Stéphane<br />
Junique pour prési<strong>de</strong>r aux<br />
<strong>de</strong>stinées du groupe mutualiste. Il<br />
succè<strong>de</strong> à Thierry Beau<strong>de</strong>t.
BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong> WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 57<br />
<strong>2021</strong> dans le secteur <strong>de</strong> l’assurance<br />
PHILIPPE-MICHEL<br />
LABROSSE<br />
Directeur général d’Abeille<br />
Assurances<br />
Philippe-Michel Labrosse<br />
hérite <strong>de</strong> la direction générale<br />
d’Aviva France <strong>de</strong>venu Abeille<br />
Assurances après son rachat par<br />
Aéma Groupe.<br />
PAULINE<br />
LECLERC-GLORIEUX<br />
Directrice générale <strong>de</strong> BNP<br />
Paribas Cardif<br />
Depuis le 19 mai, Pauline <strong>Le</strong>clerc-<br />
Glorieux est directrice générale<br />
<strong>de</strong> BNP Paribas Cardif. Elle<br />
rejoint également le comex du<br />
groupe bancaire.<br />
ÉRIC<br />
LECUYER<br />
Directeur général <strong>de</strong> MMA<br />
Éric <strong>Le</strong>cuyer prend du galon au<br />
sein du groupe Covéa. Il a ainsi<br />
pris la direction générale <strong>de</strong><br />
MMA Assurances au mois <strong>de</strong><br />
septembre <strong>de</strong>rnier.<br />
DELPHINE<br />
MAISONNEUVE<br />
Directrice générale du groupe Vyv<br />
Transfuge du groupe Axa, Delphine<br />
Maisonneuve est nommée<br />
directrice générale du groupe<br />
Vyv en juin en remplacement <strong>de</strong><br />
Stéphane De<strong>de</strong>yan.<br />
LAURENT<br />
ROUSSEAU<br />
Directeur général <strong>de</strong> Scor<br />
Au début <strong>de</strong> l’été, Laurent Rousseau<br />
prend la direction générale<br />
du réassureur Scor. Il succè<strong>de</strong> à<br />
Denis Kessler qui reste prési<strong>de</strong>nt<br />
du groupe.<br />
MARIE<br />
SOYER-CONTENT<br />
Directrice générale d’Alptis<br />
Assurances<br />
Après 13 ans chez Alptis, Marie<br />
Soyer-Content est promue au<br />
poste <strong>de</strong> directrice générale<br />
du courtier grossiste Alptis<br />
Assurances.
58<br />
WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM<br />
BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong><br />
Ils se sont dit oui ou...<br />
Au cours <strong>de</strong> l’année écoulée, le nom<br />
d’assureur le plus souvent prononcé<br />
au cours <strong>de</strong> rapprochements et <strong>de</strong>s<br />
acquisitions a sans doute été celui<br />
<strong>de</strong> la Macif.<br />
Par Séverine Charon<br />
Macif a ouvert le bal <strong>de</strong>s annonces<br />
en tout début d’année<br />
via l’officialisation du rapprochement<br />
avec le spécialiste <strong>de</strong> la<br />
santé Aesio, pour donner naissance à<br />
Aéma Groupe. Après quelques mois<br />
<strong>de</strong> suspense, Macif a franchi une nouvelle<br />
étape en emportant la mise au<br />
mois <strong>de</strong> mai auprès d’Aviva. <strong>Le</strong> mutualiste<br />
a mis 3,2 milliards d’euros sur la<br />
table pour prendre les comman<strong>de</strong>s<br />
du réseau d’agents d’Aviva France<br />
et <strong>de</strong> l’Afer, la première association<br />
d’épargnants <strong>de</strong> France. Une structure<br />
qui gère l’épargne <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 756 000<br />
membres.<br />
Au commencement <strong>de</strong> l’été, c’est<br />
encore du côté <strong>de</strong> Niort que <strong>de</strong>s<br />
bans sont publiés, avec l’annonce<br />
<strong>de</strong> l’adossement du spécialiste <strong>de</strong>s<br />
collectivités locales, la Smacl, à la<br />
Maif. <strong>Le</strong> rapprochement s’est concrétisé<br />
en octobre, la Maif apportant 180<br />
millions d’euros pour solvabiliser la<br />
structure - le groupe Vyv participe<br />
aussi en apportant 5 millions.<br />
En octobre, du côté <strong>de</strong> la mutualité, les<br />
<strong>de</strong>ux poids moyens CCMO et Mutuelles<br />
du Soleil ont annoncé leur volonté<br />
<strong>de</strong> tisser un partenariat en créant le<br />
Cercle Innovation et Partage, « une<br />
association <strong>de</strong> réflexion sur les enjeux<br />
opérationnels <strong>de</strong>s mutuelles ».<br />
<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> mutualiste n’est jamais<br />
avare <strong>de</strong> rebondissements, et il faudra<br />
attendre pour savoir comment<br />
évolue ce projet entre CCMO, mutuelle<br />
active surtout dans la moitié nord <strong>de</strong><br />
la France, dont le prési<strong>de</strong>nt a brigué<br />
la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la FNMF et la très<br />
sudiste Mutuelles du soleil,… qui a<br />
quitté la FNMF en septembre.<br />
En octobre toujours, le courtage a vu<br />
son grand mariage être inscrit dans<br />
le marbre. Deux champions français<br />
du courtage, Diot-LSN et Siaci Saint-<br />
Honoré, se sont unis après avoir eu<br />
le feu vert <strong>de</strong> l’Union européenne et<br />
<strong>de</strong>s différentes tutelles du secteur. Un<br />
nouvel ensemble qui pèse près <strong>de</strong> 700<br />
millions <strong>de</strong> chiffre d’affaires et 5 000<br />
collaborateurs et prétend au titre <strong>de</strong><br />
premier courtier européen est né un<br />
peu plus d’un an après les premières<br />
indiscrétions sur ce rapprochement.<br />
En novembre, <strong>de</strong>s assureurs privés<br />
qui ont fait l’actualité <strong>de</strong>s mariages<br />
avec une opération ron<strong>de</strong>ment menée<br />
: l’acquisition <strong>de</strong> la Médicale par<br />
Generali auprès <strong>de</strong> Crédit Agricole<br />
Assurances a été officialisée quelques<br />
jours seulement après avoir fuité dans<br />
la presse. La Médicale <strong>de</strong>vrait intégrer<br />
le groupe vers la mi-2022.<br />
L’année <strong>2021</strong> aura aussi montré que<br />
<strong>de</strong>s projets durent beaucoup plus longtemps<br />
mais que la persévérance peut<br />
payer ! Après une tentative ratée <strong>de</strong><br />
rapprochement avec Scor en 2018,<br />
qui n’a trouvé son épilogue que cette<br />
année au terme <strong>de</strong> combats judiciaires<br />
épiques et tendus, tout porte à croire<br />
que Covéa va bien réussir à prendre<br />
pied dans la réassurance ! Suite à un<br />
premier échec en 2020, les groupes<br />
Exor et Covéa se sont entendus pour<br />
que le premier cè<strong>de</strong> Partner Re au<br />
second pour 9 milliards <strong>de</strong> dollars<br />
(7,8 milliards d’euros). La clôture <strong>de</strong><br />
la transaction est prévue pour la mi<br />
2022.<br />
Début décembre également, AG2R La<br />
Mondiale et Intériale ont fait savoir<br />
qu’ils franchissaient un pas décisif<br />
puisque leurs instances avaient confir-
BONUS ET MALUS DE L’ANNÉE <strong>2021</strong> WWW.NEWSASSURANCESPRO.COM 59<br />
non en <strong>2021</strong><br />
mé le principe d’un rapprochement<br />
grâce à l’adhésion d’Intériale à AG Mut,<br />
le pôle mutualiste du GPS, dès 2022.<br />
L’entrée dans la SGAPS pru<strong>de</strong>ntielle<br />
n’interviendrait en revanche que dans<br />
un <strong>de</strong>uxième temps dont le calendrier<br />
n’a pas été arrêté.<br />
PSC mon amour<br />
La réforme <strong>de</strong> la protection sociale<br />
complémentaire (PSC) <strong>de</strong>s fonctionnaires<br />
suscite <strong>de</strong>s velléités <strong>de</strong><br />
rapprochements et <strong>de</strong> collaborations<br />
tous azimuts. <strong>Le</strong> sujet est au cœur <strong>de</strong><br />
l’union AG2R La Mondiale – Intériale,<br />
mais explique aussi le partenariat<br />
entre MGEN et Sham dans la fonction<br />
publique hospitalière, et les projets<br />
d’Aésio avec Territoria Mutuelle, la<br />
Mutuelle <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> la Vienne<br />
(MHV) et la Mgas, qui se coordonne<br />
dans une UGM.<br />
À l’écart <strong>de</strong> ce rallye, reste encore et<br />
toujours les catherinettes <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s mutuelles issues <strong>de</strong> la fonction<br />
publique, la Mutuelle nationale <strong>de</strong>s<br />
hospitaliers (MNH) et la Mutuelle<br />
Générale. Gérard Vui<strong>de</strong>pot, 72 ans,<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la MNH <strong>de</strong>puis 24 ans,<br />
a démissionné en septembre <strong>de</strong>rnier<br />
et Patrick Sagon, 68 ans, aux comman<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> la Mutuelle Générale a<br />
pris un peu <strong>de</strong> champ. On peut donc<br />
légitimement parier que leurs noms<br />
figureront peut-être sur un carnet <strong>de</strong><br />
bal en 2022 ?<br />
Du côté <strong>de</strong>s séparations, l’année<br />
<strong>2021</strong> aura été marquée par un divorce<br />
retentissant entre <strong>de</strong>ux géants<br />
du courtage.<br />
Par Séverine Charon<br />
Deux ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> rebondissements<br />
! <strong>Le</strong> projet d’acquisition<br />
<strong>de</strong> Willis Towers Watson<br />
(groupe auquel appartient Gras<br />
Savoye <strong>de</strong>puis 2015) par Aon, aura<br />
mis <strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>mi à capoter définitivement.<br />
Après avoir obtenu non sans peine<br />
l’aval <strong>de</strong> la Commission européenne,<br />
les <strong>de</strong>ux futurs partenaires ont renoncé<br />
après avoir eu connaissance<br />
d’une plainte du département <strong>de</strong> la<br />
Justice Américain (DOJ) déposée en<br />
juin. Dans l’histoire, Gras Savoye a été<br />
très chahuté et plusieurs départs <strong>de</strong><br />
dirigrants historiques sont intervenus<br />
dans la foulée.<br />
En mai, Willis Towers Watson avait<br />
annoncé la cession <strong>de</strong> 3,6 milliards<br />
<strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> ses actifs au courtier<br />
américain Gallagher en vue <strong>de</strong> préparer<br />
la fusion avec Aon, au nombre<br />
<strong>de</strong>squels Gras Savoye. L’échec du<br />
grand mariage a fait capoter la cession<br />
<strong>de</strong> Gras Savoye à Gallagher.<br />
VOIR AILLEURS<br />
Fait marquant, l’année 2020 a été le<br />
théâtre <strong>de</strong> plusieurs acquisitions qui<br />
attestent <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong>s assureurs<br />
d’aller chasser hors <strong>de</strong> leurs terres.<br />
On peut ainsi citer l’incursion <strong>de</strong> la Macif<br />
dans le courtage en crédit immobilier, avec<br />
une participation majoritaire au capital<br />
<strong>de</strong> Crédit Expert. L’idée ne serait pas <strong>de</strong><br />
vendre <strong>de</strong> l’assurance emprunteur – ce<br />
que fait déjà Macif avec un certain succès<br />
avec Securimut, mais d’offrir un nouveau<br />
service à ses clients.<br />
De son côté, la Maif a acquis 82% du<br />
capital <strong>de</strong> la Camif, « entreprise française<br />
<strong>de</strong> commerce en ligne spécialisée<br />
dans l’aménagement local et durable <strong>de</strong><br />
la maison », pour l’ai<strong>de</strong>r poursuivre sa<br />
croissance.<br />
Treize ans après sa faillite, l’ex-centrale<br />
d’achat <strong>de</strong>s sociétaires <strong>de</strong> la Maif (Camif),<br />
retourne dans le giron <strong>de</strong> la mutuelle<br />
niortaise. Sur un autre registre, AG2R La<br />
Mondiale a acquis cette année auprès<br />
<strong>de</strong> Nexity un spécialiste <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces<br />
services seniors, Ægi<strong>de</strong>-Domitys, avec<br />
conclusion d’un partenariat visant à doubler<br />
cette activité d’ici à 2025.