Le Chien d'or de Québec

CHAPITRE 10
UN ÉTRANGE PAQUET
Monsieur Nadeau s’approcha
de son bureau, prit le paquet
et le tourna dans tous les
sens.
– Mmm... il est bien adressé à mon
nom, mais je ne vois pas...
– On devrait l’ouvrir ! s’écria
Gabriel qui, sans trop savoir pourquoi,
se sentait soudainement fébrile.
Alexis Nadeau le regarda et
haussa les épaules. Il déposa le
paquet sur son bureau et tendit la
main vers une reproduction miniaturisée
d’un paladin revêtu d’une
de son ordinateur. D’un geste vif, il
saisit l’épée du chevalier et la sortit
de son fourreau.
– C’est un coupe-papier, annon-
n’est-ce pas ?
– C’est cool, reconnut Mamadou.
– On peut se le procurer à la bou-

presque toute la boîte.
– Hum... c’est sûrement une erreur, je ne crois pas que cette
chose me soit destinée. À moins que ce ne soit pour une prochaine
exposition, mais...
– De quoi s’agit-il ? demanda Gabriel qui sentait ses poils se
dresser sur les bras.
– C’est un os à moitié rongé recouvert d’une peinture métal-
Gabriel regarda ses amis avec de grands yeux ronds, puis
reporta son attention vers monsieur Nadeau.
– Est-ce qu’il y a autre chose qui accompagne cet os ?
Monsieur Nadeau mit la main au fond de la boîte et en sortit
une feuille de papier qui avait été pliée en quatre. Il l’ouvrit,
l’observa pendant un moment en fronçant les sourcils, puis la
tourna vers les amis.
– Je le savais ! s’écria Gabriel. Ça ne peut pas être une coïncidence.
C’est ce chien en or qu’on a vu. Il peut sortir de cette
plaque de pierre pour persécuter ceux qui sont frappés par la
malédiction. Monsieur Nadeau, vous êtes en danger !
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En même temps que Gabriel terminait sa phrase, Jean-Paul
Goudron-Têtu et Phil Hébert, qui avaient entendu les cris de
– J’ai reçu un paquet qui... euh... qui sort de l’ordinaire,
expliqua Alexis Nadeau en leur montrant l’os doré et le message.
– Mais qu’est-ce que c’est que ça ? murmura Jean-Paul, visiblement
intrigué. Montre-moi ce message, Alexis...
– C’est une malédiction ! s’écria à nouveau Gabriel. On a vu
un chien en or sur une plaque et il peut sortir et...
– Oh ! arrête avec tes sottises, coupa Ania en levant la main.
– Mais voyons, mon jeune ami, votre copine a raison, vous
devriez vous calmer, déclara Jean-Paul Goudron-Têtu en regardant
Gabriel du coin de l’œil. Il ne s’agit de rien de plus que du
poste. Les légendes entourant le Chien d’or sont bien connues
à Québec et aucune ne permet de croire que cet animal peut
sortir de son bas-relief, c’est tout à fait absurde.
– Ça ne veut pas dire que... commença Gabriel, mais Ania
le foudroya du regard et il s’interrompit.
– Il faut avouer que ce message est quand même menaçant,
déclara Mamadou. Peut-être que quelqu’un vous veut du tort,
Monsieur Nadeau.
-
blague...
– Si c’est une blague, elle est de mauvais goût, déclara Ania.
Quelle sorte d’ami s’amuserait à vous jouer un tour comme ça ?
Alexis Nadeau haussa les épaules. Phil, qui n’avait rien dit
jusque-là, poussa un long soupir et croisa les bras comme s’il
avait soudainement froid.
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– Est-ce que ça va, Phil ? demanda monsieur Nadeau.
– Oui... c’est juste que... je... hum... Hier soir, en quittant le
Musée, j’ai cru... euh... j’ai cru apercevoir un chien à l’allure
bizarre au coin des rues Saint-Antoine et Saint-Pierre.
Il se dérhuma avant de continuer.
qu’il avait l’air méchant et, pendant un instant, j’aurais juré
– C’est lui ! Je savais qu’il pouvait sortir de cette plaque de
– Pas grand-chose, répondit l’étudiant avec un sourire gêné.
Quand j’ai voulu le montrer à Zoé, il avait disparu. Elle s’est
ce que j’ai vu. J’étais fatigué, c’est probablement que mes yeux
m’ont joué un tour...
– Et qui est cette Zoé ? demanda Ania.
– Oh ! Zoé ? Euh... c’est ma copine, répondit Phil.
– Vous avez vu le Chien d’or, déclara Gabriel d’un ton résolu.
Jean-Paul Goudron-Têtu fronça les sourcils et se tourna vers
monsieur Nadeau.
– Alexis, n’habites-tu pas sur la rue Saint-Pierre ?
– Oui... à un pâté de maisons de cette intersection.
moins temporairement – son air sardonique. Tu devrais peutêtre
prendre ce message un peu plus au sérieux.
– C’est étrange, ajouta Phil.
– Ce paquet a peut-être été laissé sur votre pupitre pendant
que nous étions rassemblés autour de la machine à café.
Votre porte était ouverte : rien de plus facile que de déposer
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devant votre bureau.
– Normalement, il n’y a que les
employés du Musée qui se trouvent
dans cet espace, déclara monsieur
Nadeau. À part vous, bien entendu.
– Y aurait-il quelqu’un parmi vos
Au même moment, le professeur
Bazil Bizaroff passa devant le petit
groupe. Absorbé dans ses pensées, il
marmottait comme pour lui-même et
automatiquement vers le nouvel arrivant.
Lorsqu’il réalisa que tout le
– Non, mais ?!? Qu’avez-vous à me
regarder comme si j’étais tablard ?
s’énerva-t-il. Ça va ou biennnn ?
– Lui et ses insupportables expressions
belges, marmotta Jean-Paul
Goudron-Têtu à voix basse.
– Ce n’est rien, Professeur, répondit
Alexis Nadeau. J’ai reçu un paquet
contenant un os à moitié rongé accom-
– Oui, quelqu’un semble avoir
placé un paquet suspect sur le bureau
d’Alexis, coupa Jean-Paul Goudron-
Têtu en plissant les yeux. Et comme
vous n’étiez pas avec nous...
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– Vous osez me soupçonner ? ragea Bizaroff en levant le nez.
J’ai eu une urgence, je vous l’ai dit. Je vous ferai remarquer
que je n’ai pas de comptes à rendre, moi ! Je...
– Oui, oui, mon cher... Vous êtes ici grâce à la générosité
des prestigieux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,
faites savoir assez souvent. Comme ça, vous n’avez rien à voir
avec ce paquet et vous ne savez rien d’un certain chien... ?
Les yeux du professeur s’agrandirent et son visage tourna
au pourpre.
– Vous... vous... balbutia-t-il et, sans préciser davantage sa
pensée, il se sauva dans son bureau en fermant vivement la
– Jean-Paul... soupira Alexis Nadeau, tu ne trouves pas que
tu y es allé un peu fort ?
– Je n’y peux rien, il me tombe sur la rate, grommela Jean-Paul.
Phil leva les sourcils.
– Si vous voulez mon avis, il s’agissait là d’un comportement
air entendu. Jean-Paul, as-tu vu son visage quand tu as mentionné
le mot « chien » ? Ce n’était pas une réaction normale, ça.
– Ça fait longtemps que je le dis : ce vieux fou cache quelque
chose, gronda Jean-Paul. Il part sans avertissement ; on n’a
aucune idée à quoi il travaille ; il marmonne de façon incompréhensible
et il garde la porte de son bureau fermée en quasipermanence.
Et chaque fois qu’on lui demande ce qu’il fait, il
nous rappelle qu’il est ici en prêt de service des Musées royaux
des Beaux-Arts de Belgique, comme si ça le rendait meilleur
que nous...
Il roula les yeux de façon exagérée.
pour se débarrasser de lui, les pauvres...
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– Mmm... je ne crois pas, dit monsieur Nadeau. Son direc-
chez nous.
– En tout cas, on peut dire que le prof Bizaroff porte bien son
nom, crut bon d’ajouter Gabriel. Est-ce que c’est un nom russe ?
– Non, il est originaire de la Syldavie, mais il a fait ses études
monsieur Nadeau en regardant dans la direction de la porte,
qui venait de se fermer.
– En tout cas, on devrait surveiller ses allées et venues de
train de manigancer...
– Il ne faudrait pas qu’on devienne paranoïaques pour autant,
message peut sembler menaçant, mais je persiste à croire qu’il
s’agit d’un malentendu ou d’une farce...
– Tu as peut-être raison, mon cher, concéda Jean-Paul, en
faisant la moue. De toute façon, j’ai des choses plus importantes
à faire... Comme, par exemple, travailler à notre prochain
dessinées par une vraie exposition, le mieux ce sera pour tout
le monde... Allez !
le dos droit comme un piquet.
« Chassez le naturel, il revient au galop », songea Ania en
regardant s’éloigner le grand bêta.
avait prouvé qu’il était capable de montrer une certaine sen-
« Parfois, ne put s’empêcher de songer Ania, les gens agissent
de cette façon parce qu’ils ont quelque chose à cacher. »
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Elle fut tirée de ses pensées par la voix de Gabriel.
– Monsieur Nadeau, y avait-il une adresse de retour sur
votre paquet ?
– Il me semble que oui, répondit ce dernier en commençant à
qui étaient éparpillées sur son bureau. Ah ! voilà ! L’adresse de
retour est 3, passage du Chien d’or...
Nous devrions y retourner ; peut-être pourrait-on y trouver un
indice à propos de l’expéditeur de ce paquet.
– Bonne idée, dit Ania.
Gabriel regarda ses deux amis avec des yeux brillants et il
se frotta les mains avec un plaisir évident.
– Eh bien, les amis, on n’était pas venus à Québec pour
Mamadou.
– ... le Chien d’or n’a qu’à bien se tenir ! conclut Gabriel.
– L’enquête commence, lança Ania d’un ton résolu. À nous
de percer le secret du Chien d’or. Allons-y !
– Bon, alors, bonne chance, les amis, déclara Phil en leur
faisant un geste de salutation de la main.
– D’accord, dit monsieur Nadeau. Alors, revenez nous voir
demain, et vous nous raconterez ce que vous avez trouvé.
geant
rapidement vers la sortie.
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