Les soucoupes de la Péninsule
Seulement quelques semaines après avoir élucidé l’énigme du monstre du lac Baker, les Trois Mousquetaires sont lancés bien malgré eux dans une nouvelle aventure. Invités par le professeur Jarnigoine à admirer une pluie d’étoiles filantes à l’observatoire astronomique de l’Université de Moncton, les jeunes détectives sont témoins d’un événement céleste pour le moins inusité : une gigantesque boule de feu qui traverse le ciel pour aller s’abîmer dans le golfe du Saint-Laurent, au large du phare de Miscou.
Lorsque le professeur disparaît et que les phénomènes étranges se multiplient dans la Péninsule acadienne, nos amis se rendent à Shippagan pour y mener une enquête. Mais avant même de commencer, ils se retrouvent au cœur d’une intrigue qui placera le sort de l’humanité entre leurs mains.
Qui sont ces hommes vêtus de noir qui veulent les arrêter à tout prix ? Comment Gabriel est-il soudainement devenu télépathe ? Y a-t-il un lien entre tous ces événements et l’écrasement, en 1947, d’une soucoupe volante aux États-Unis ?
En seulement quelques heures, les Trois Mousquetaires devront répondre à ces questions s’ils espèrent revoir le professeur... et peut-être sauver la planète.
Seulement quelques semaines après avoir élucidé l’énigme du monstre du lac Baker, les Trois Mousquetaires sont lancés bien malgré eux dans une nouvelle aventure. Invités par le professeur Jarnigoine à admirer une pluie d’étoiles filantes à l’observatoire astronomique de l’Université de Moncton, les jeunes détectives sont témoins d’un événement céleste pour le moins inusité : une gigantesque boule de feu qui traverse le ciel pour aller s’abîmer dans le golfe du Saint-Laurent, au large du phare de Miscou.
Lorsque le professeur disparaît et que les phénomènes étranges se multiplient dans la Péninsule acadienne, nos amis se rendent à Shippagan pour y mener une enquête. Mais avant même de commencer, ils se retrouvent au cœur d’une intrigue qui placera le sort de l’humanité entre leurs mains.
Qui sont ces hommes vêtus de noir qui veulent les arrêter à tout prix ? Comment Gabriel est-il soudainement devenu télépathe ? Y a-t-il un lien entre tous ces événements et l’écrasement, en 1947, d’une soucoupe volante aux États-Unis ?
En seulement quelques heures, les Trois Mousquetaires devront répondre à ces questions s’ils espèrent revoir le professeur... et peut-être sauver la planète.
CHAPITRE 19À la brise marineÀmidi moins quart, tout lemonde était prêt à partir.Gabriel attacha Dali dehorsen lui laissant un bol d’eau et de lanourriture.– Tu sais que tu ne peux pas venir,expliqua-t-il à son chien avant demonter dans la fourgonnette. Pas dechiens dans les restaurants, c’est la loi.Si tu as chaud, tu peux te coucher àl’ombre, sous le perron, d’accord ?« Ouaf ! » répondit Dali.Les amis n’eurent aucune difficultéà trouver leur destination, qui étaitsituée sur la 1 re Rue, à la sortie de laville. Une grande enseigne ovale surlaquelle figurait un voilier annonçait lemotel qui abritait le restaurant. Mamiestationna la fourgonnette et ils se dirigèrentvers l’entrée.Lorsque la grand-mère de Gabrielouvrit la porte, elle se retrouva nez ànez avec un petit homme bedonnant,au nez rond et aux cheveux blanchissants.Ses petits yeux rouges rappelaientceux d’une souris.
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CHAPITRE 19
À la brise marine
À
midi moins quart, tout le
monde était prêt à partir.
Gabriel attacha Dali dehors
en lui laissant un bol d’eau et de la
nourriture.
– Tu sais que tu ne peux pas venir,
expliqua-t-il à son chien avant de
monter dans la fourgonnette. Pas de
chiens dans les restaurants, c’est la loi.
Si tu as chaud, tu peux te coucher à
l’ombre, sous le perron, d’accord ?
« Ouaf ! » répondit Dali.
Les amis n’eurent aucune difficulté
à trouver leur destination, qui était
située sur la 1 re Rue, à la sortie de la
ville. Une grande enseigne ovale sur
laquelle figurait un voilier annonçait le
motel qui abritait le restaurant. Mamie
stationna la fourgonnette et ils se dirigèrent
vers l’entrée.
Lorsque la grand-mère de Gabriel
ouvrit la porte, elle se retrouva nez à
nez avec un petit homme bedonnant,
au nez rond et aux cheveux blanchissants.
Ses petits yeux rouges rappelaient
ceux d’une souris.
– Excusez-moi, marmonna-t-il, je... N’allez pas là-dedans, ils
sont tous fous ! C’est une bande de fous !
Puis, sans autre explication et sans regarder en arrière, il se
dirigea à toute vitesse vers sa voiture.
– Ça promet... dit mamie avec un sourire en coin.
Le restaurant se trouvait à gauche du hall d’entrée et, fidèle à
son nom, son décor rappelait la mer et la pêche. Accrochés aux
murs blancs rehaussés d’accents bleu marin se trouvaient différents
artefacts navals : un gouvernail de navire, des lanternes et
de gros câbles tressés, utilisés pour amarrer les bateaux au quai.
À l’arrière du restaurant, juste à côté d’un poêle à bois qui
était de toute évidence une antiquité, se trouvait une grande
table à laquelle étaient installés une dizaine d’individus.
« Sans doute la bande de fous dont parlait le petit homme
bedonnant aux cheveux blancs, songea Gabriel. La foule parfaite
pour prendre les nouvelles du coin. »
Le plus jeune homme assis à cette table avait environ quarante
ans alors que le plus vieux approchait sans aucun doute
les quatre-vingt-dix printemps. Chacun avait devant lui une
boisson chaude et tous semblaient s’amuser ferme.
D’un commun accord, mamie et les Mousquetaires choisirent
une table qui se trouvait juste à côté de cette intéressante brochette
d’individus.
Immédiatement, une serveuse se dirigea vers eux.
– Bonjour, dit-elle d’un ton agréable. Mon nom est Denise
et je vais être votre serveuse ce midi.
Elle leur tendit un menu et leur dit quel était le spécial du
midi. Lorsque tous eurent fait leurs choix, elle inscrivit les commandes
dans son carnet et retourna vers la cuisine.
En attendant que leur repas arrive, les amis concentrèrent
leur attention sur la table d’à côté.
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– C’est le gouvernement ! s’écria soudainement le doyen du
groupe.
Affalé sur sa chaise comme si le poids des années pesait sur
ses épaules, il avait le dos courbé et il brandissait un index qui
ressemblait à une brindille toute croche.
– C’est le gouvernement, répéta-t-il. Ça fait partie de leurs
plans. Je vous le dis : ils veulent fermer la Péninsule ! Leurs
histoires de soucoupes volantes, ils font ça pour nous sortir
d’icitte. C’est comme en 1755...
– Ben, voyons donc, Léandre, interrompit un autre homme,
qui portait une casquette rouge et noire. Exagère pas ! On sait
que t’es vieux en cibole, mais tu vas pas nous dire que t’étais
vivant dans le temps de la Déportation !
Cette boutade lui valut plusieurs éclats de rire.
– C’est juste des histoires, ça, lança un autre. C’est des histoires
de grands-mères, tabarnouche ! Des ovnis pis des soucoupes
volantes...
Il fut à son tour interrompu par un de ses compères, assis à
l’autre bout de la table.
– Toi, Gilles, t’es un vrai saint Thomas. Tu crois rien. Ben
Jules, là, il les a vues, lui. J’ai été à la librairie hier et il m’a
toute raconté, sacrifice ! Il les a vues de ses propres yeux.
À côté de lui, un homme à chemise rayée bleue secoua la tête.
– Nah... tu sais pas de quoi tu parles, Andy, dit-il d’une voix
forte. Tu crois n’importe quoi ! Jules, là, savez-vous c’est quoi
son problème ? Il lit trop ! Il a toujours le nez fourré dans un
livre. C’est pas bon, ça...
– En tout cas, Ulysse, rétorqua Andy, on sait bien que toi,
c’est pas ça ton problème...
Il attendit un moment avant de continuer, faisant patienter le
reste du groupe, qui attendait avec délice ce qu’il allait lancer.
Puis il s’écria en riant :
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– Parce que tu sais pas lire, cicroche !
Sur ce, la bande de joyeux lurons éclata de rire, y compris
Ulysse. Il s’agissait visiblement là de copains qui aimaient se
taquiner et qui ne prenaient pas ces tirades au sérieux.
La serveuse arriva avec les assiettes au moment où les rires
commençaient à s’éteindre à la table d’à côté et Ania en profita
pour engager la conversation.
– Bonjour, Messieurs, dit-elle. Vous semblez être des habitués
de la place. Est-ce que ça vous embêterait si on vous posait
quelques questions ?
Les hommes se regardèrent entre eux.
– Euh... ça dépend... finit par dire celui avec la chemise rayée.
Quelles sortes de questions ?
– Pour commencer, on a rencontré quelqu’un qui sortait du
restaurant quand on est arrivés et il nous a avertis que vous
étiez tous fous ! lança Gabriel. Est-ce que c’est vrai ?
Gabriel pensait les faire rire avec cette farce, mais les hommes
se regardèrent entre eux, visiblement l’air mal à l’aise. Puis, celui
qui s’appelait Gilles les regarda.
– Euh... Ouais... Ça, c’était Albéni, dit-il. Ne faites pas trop
attention à lui, il est un peu... mmm... spécial. Il dit avoir été
enlevé par une soucoupe volante quand il était jeune et maintenant
il est un peu... sensible. Mais, comme ça, vous... vous
n’êtes pas de la région ?
– Non, répondit mamie, nous sommes de Dieppe et nous
sommes ici en vacances. Nous logeons dans le chalet d’une amie
à moi, à Pointe-Brûlée.
– Des vacances, reprit l’homme, vraiment ? Est-ce que c’est
la seule raison qui vous amène ici ?
– Euh... hésita mamie, prise de court par cette question.
Gabriel s’empressa de venir à sa rescousse.
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– En fait, nous sommes venus ici
pour voir les soucoupes volantes,
déclara-t-il sans hésiter.
L’homme à la casquette jeta un
regard vers ses compères, comme pour
leur demander ce qu’il devait faire.
Puis, Léandre, l’aîné du groupe, leva
la main.
– Je vais leur dire, moi ! lança-t-il
avec du feu dans les yeux. J’ai fait
la guerre et c’est pas à quatre-vingtdouze
ans que je vais me laisser intimider
par des épouvantails à moineaux.
Il se tourna vers les amis et leur
adressa un sourire crispé. Son regard,
lui, était sérieux et semblait demander
s’ils étaient certains de vouloir
entendre ce qu’il avait à leur dire.
– Bon, reprit-il après un instant.
Tantôt, il y avait deux hommes icitte.
En fait, ils étaient assis à votre table.
Au début, on pensait que c’était des
embaumeurs... Il y a un salon funéraire
pas loin d’icitte...
– C’est vrai, on croyait qu’ils étaient
venus te chercher, Léandre ! lança
Ulysse.
Sa farce lui valut quelques ricanements,
mais la plupart de ses amis
semblaient avoir perdu le goût de rire.
Léandre sourit machinalement,
puis il reprit son récit.
– Ils étaient habillés en noir... tout
en noir, et ils faisaient peur à voir.
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Mais leur peau était blanche comme une feuille de papier. Pis
leurs yeux... leurs yeux...
Le vieil homme interrompit son récit et secoua légèrement
la tête, comme pour reprendre ses esprits.
– En tout cas, ils nous ont demandé si on savait de quoi à
propos des soucoupes volantes. Personne riait dans le temps
qu’ils étaient icitte, je peux vous en signer un papier. On leur a
raconté ça qu’on avait entendu... pas grand-chose, vraiment. Pis
là, ils nous ont regardés l’un après l’autre, pis tout d’un coup,
on dirait qu’il faisait aussi frette que dans le milieu du Golfe en
plein mois de janvier. Ils nous ont dit qu’on ferait mieux d’oublier
ces histoires pis de plus en parler, et que si on voyait trois
enfants qui... qui posaient des questions sur les ovnis... eh ben,
ils nous ont dit de rien dire, sinon on allait le regretter.
– Évidemment, c’est ce qu’ils font de mieux, menacer les
pauvres gens pour qu’ils se taisent, déclara Ania. Mais vous
avez quand même décidé de nous parler ?
– Ces scélérats-là me font pas peur, répondit Léandre en
prenant une gorgée de café. J’ai déjà vu pire. Ben pire. Je sais
pas c’est qui, ces deux clowns-là, mais ils ont pas d’affaire icitte.
Pis si ils veulent pas qu’on vous parle, c’est parce qu’ils ont
peur que vous leur donniez du trouble. Ben moi, j’ai envie de
leur donner du trouble. C’est pour ça que j’ai décidé de parler.
– C’est très brave de votre part, reprit Ania. Et qu’est-ce que
vous leur avez dit ?
Léandre baissa le regard un instant, puis releva les yeux.
– On leur a pas dit grand-chose... On leur a parlé des histoires
que tout le monde raconte. Mais ça qui les a surtout intéressés,
c’est l’histoire de Jules, le libraire. Jules, il s’intéresse
aux soucoupes volantes, pis il dit qu’il en a vu dans le ciel à
Pokemouche. Il avait arrêté son char pas loin de la rivière, en
avant du studio du peintre, là, euh... comment qu’il s’appelle,
encore ? Y a des sculptures d’outardes dans sa cour, là... vous
savez qui je veux dire ?
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Les amis haussèrent les épaules.
– En tout cas, c’est pas important. Mais Jules était arrêté là
pis il a vu une soucoupe volante flotter au-dessus de la rivière,
pas loin de l’église de l’autre côté du pont. Elle est restée là
une minute, pis tout d’un coup, elle est partie si vite, que c’est
comme si qu’elle avait disparu. Jules, il dit qu’au gouvernement
ils savent que les soucoupes volantes existent, mais qu’ils manigancent
pour pas laisser savoir au monde que c’est vrai.
Le vieux Léandre s’arrêta là et regarda ses amis, comme s’il
les implorait de continuer.
– Euh... fit Andy, après qu’on leur a parlé de Jules, ils se
sont levés et ils sont partis. Je crois qu’ils n’ont même pas pris
le temps de payer leur facture. Tout de suite après, leur grosse
voiture noire est passée devant la fenêtre du restaurant... Ils s’en
allaient en direction de la ville.
Mamie et les Mousquetaires se regardèrent, soudain inquiets
pour le sort de Jules-le-libraire.
– Et... où peut-on le trouver, votre libraire ? demanda Ania.
– Ben... à la librairie, c’t’affaire ! s’exclama Gilles, ce qui lui
valut quelques petits rires de la part de ses compagnons.
Puis, plus sérieusement, il continua.
– Jules, c’est le propriétaire de la Librairie Pélagie. Vous
ne pouvez pas la manquer, c’est une ancienne maison en bardeaux
de cèdre juste en face de l’université, sur le boulevard
J.-D.-Gauthier.
– Bon, eh bien, merci beaucoup, Messieurs, dit Gabriel.
Puis, il se retourna vers les autres.
– Nous devons rendre visite à Jules-le-libraire. Il pourrait
être en danger et le temps presse... Il nous reste moins de quatre
heures avant que...
Gabriel arrêta de parler, comme s’il ne savait plus comment
terminer sa phrase.
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– Avant que quoi ? demanda Ania en regardant son ami de
biais.
– Je... je ne suis pas certain, répondit Gabriel en affichant
un air confus. C’est comme si... je sais que quelque chose d’important
va se passer, mais je ne sais pas quoi. Mais je sais qu’il
ne reste que quelques heures avant que ça arrive.
Mamie se leva d’un coup.
– Je vais régler la note, dit-elle. Allons voir ce libraire, les
amis.
– Mais je n’ai même pas... commença Mamadou en regardant
tristement les quelques frites qui restaient dans son assiette.
– Désolé, Mamadou, dit Gabriel en lui mettant une main sur
l’épaule, mets tes frites dans tes poches s’il le faut, mais on doit
y aller. Rappelle-toi que le sort de la planète dépend de nous.
« Voilà qui est hors de caractère pour Gabriel, songea Ania
en jetant un coup d’œil furtif en direction de son ami. Que
peut-il bien se passer avec lui ? »