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Spectrum_06_2021

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UNIPOLITIQUE

Texte Alison Eugénie Bender

Illustration Marie Schaller

Vatican et UniFr : Hier et aujourd’hui

Rome et l’Université de Fribourg ont une histoire commune

forte, et c’est en compagnie du Doyen de la Faculté

de théologie que Spectrum vous propose un petit retour

en arrière sur cette facette de notre alma mater.

’est à partir de Pâques 1890 que

C les cours de la Faculté de théologie

débutent grâce à un accord regroupant

à la fois le Vatican, l’État de

Fribourg et la Conférence des évêques

suisses. Et c’est à l’Ordre des

prêcheurs, aussi appelé Ordre des

dominicains, que se verra confier la

Faculté de théologie.

Pourtant l’Ordre des dominicains

n’est pas le plus notable dans la région

: les jésuites, qui ont fondé en

1580 le collège Saint-Michel, étaient

eux bien plus présents. Cependant,

parmi les articles d’exception inclus dans la

révision de la Constitution fédérale de 1874,

adoptés par la majorité radicale protestante

à l’encontre des catholiques dans le cadre

du Kulturkampf, figure l’interdiction pure

et simple de la congrégation des jésuites.

De plus, le Pape Léon XIII a une préférence

nette pour l’Ordre des prêcheurs et sa tradition

théologique forte, ayant notamment

compté Thomas d’Aquin lui-même parmi

ses frères. L’Ordre des dominicains s’impose

ainsi comme un choix naturel autant

aux politiciens catholiques, intéressés par la

fondation d’une alternative aux universités

de tradition protestante, qu’au Vatican, qui

fonde à l’époque plusieurs universités catholiques

à travers le monde.

Les tenants de l’accord

L’accord liant le Vatican, l’État de Fribourg

et la Conférence des évêques suisses donne

une responsabilité particulière au Maître

de l’Ordre des prêcheurs, désormais aussi

Grand Chancelier de la Faculté de théologie

de l’Université de Fribourg. Il est important

de noter que c’est bien la Faculté de théologie

qui a une reconnaissance par le Siège

apostolique de Rome, et qui est donc à la

foi publique et ecclésiastique, et non l’Université

dans son ensemble qui a toujours

été strictement cantonale. Cela implique,

entre autres, pour cette Faculté de fournir

une formation théologique selon la doctrine

catholique et que la nomination d’un·e professeur·e

doit aussi être acceptée par Rome.

L’accord ainsi formalisé est renouvelé tous

les 10 ans et sa prochaine réévaluation se

tiendra en 2025.

La Faculté de théologie aujourd’hui

« Il y a environ 40 ans, plus de la moitié

du corps estudiantin en théologie était

membres du clergé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui,

avec environ un tiers d’ecclésiastiques

et deux tiers de laïcs, dont beaucoup

de femmes » nous explique le Prof. Mariano

Delgado, spécialisé dans l’Histoire de

l’Église et Doyen de la Faculté de théologie

de Fribourg: « Depuis le concile Vatican II,

l’Université, mais aussi l’Église et le monde

ont beaucoup changé, avec une plus grande

ouverture et une volonté d’œcuménisme ;

il y a par exemple beaucoup d’étudiant·e·s

réformé·e·s ou orthodoxes. Les singularités

de l’Université de Fribourg sont aujourd’hui

plutôt l’internationalité et le bilinguisme,

mais il ne faut pas oublier qu’elle est

toujours fortement marquée par la

tradition de l’humanisme chrétien. »

Il est vrai que Vatican II a marqué un

tournant dans le rapport qu’entretient

la Papauté avec les autres confessions.

De même, sous l’impulsion du Pape

François, l’écologie, mais aussi le rôle

des femmes dans l’Église, sont devenus

des sujets centraux des réflexions

actuelles urbi et orbi : « Plusieurs colloques

spéciaux, mais aussi parfois des

cours normaux, intègrent ces sujets

dans la Faculté », poursuit le Doyen :

« Concernant les femmes, le Pape François

a lancé un processus synodal pour encourager

leur participation, ce qui est aussi la

démarche de la Faculté. Des conférences

publiques sont organisées les 18 novembre

et 9 décembre, justement sur le thème de ce

synode. Il y a plusieurs conférencier·ère·s invité·e·s

et nous espérons que des habitant·e·s

de Fribourg seront là aussi pour en discuter

avec nous. »

Ainsi les liens entre Rome et notre Université

sont aussi historiques que passionnants,

n’hésitez pas à aller plus loin, que cela soit au

travers de l’histoire politique du Kulturkampf

ou l’actualité vaticane qui s’invite jusque

dans l’agenda de la Faculté de théologie. P

Agenda de la Faculté

de théologie .

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