06.12.2021 Views

Spectrum_06_2021

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

LES PENSÉES DE...

Illustrations Lukas Lauener

Toxische Küsse

Text Maria Papantuono

Unsere Finger ertasten die Schönheit der Welt, die kurvigen Konturen des Menschen.

Langsam gleiten sie über die Oberflächen. Doch sie zeigen auch auf andere, auf eine

bösartige Weise. Sie definieren. Unsere Hände, das Wunder der Welt haltend, sind

das Medium der Gewalt: Sie schütteln, sie schlagen, sie nehmen sich das, was nicht

ihnen gehört. Wie wohl wir uns fühlen, wenn wir umarmt werden. Die Arme um uns

geschlungen, der Kopf an die Brust gelehnt.

Doch unsere Arme sind auch müde vom Tragen fremder Lasten, sie sind kraftlos und

taub. Und da ist noch der Busen, der das Kind nährt und heranwachsen lässt. Für

manche aber doch nur eine Einladung der eigenen Wollust. Langsam erkunden wir

mit unseren Beinen die Welt, sie bringen uns wieder nach Hause in unser Zimmer,

wo wir sie vor dem Spiegel stehend kritisieren: zu kurz, zu dick, zu dünn, zu lang, zu

bleich, zu dunkel, zu haarig, zu viele Makel - zu menschlich.

Mit den Ohren hören wir die wunderschönen Zeilen einsamer Poeten und die Melodien

von Liedern, die uns in ihren Bann ziehen, die sanfte Stimme eines geliebten

Menschen. Wir hören auch die Meinung anderer, die Beleidigungen, die wir langsam

als Wahrheit akzeptieren. Die wunderschönen Augen, sie wecken die Liebe zum Detail,

erkennen die atemberaubenden Herbstfarben, lassen uns andere Personen mit

Faszination beobachten. Sie sehen das Leid, den Schmerz, die Ungerechtigkeit und

manchmal tun sie nur das: zuschauen, starren. Zarte Lippen küssen uns, Gänsehaut

am ganzen Körper. Wie nah man doch jemandem sein kann. Es sind dieselben Lippen, die uns zuvor beschimpften, anschrien, uns wertlos

fühlen liessen. Der Kopf, Schutzhülle des Geistes? Gefängnis des Verstandes? Ein Organisationstalent, ein Multitasking-Genie. Ein penetranter

Fiesling. «Du kannst nichts, du bist nichts», sagt er motzend. Schlussendlich der Körper als Gesamtheit, schlussendlich nicht mehr

widersprüchlich, wenn er daliegt, grau, kalt und leblos. Eine Hülle und nur Futter. Hört ihr die Würmer jubeln?

À toi, mon corps

Texte Lisa Schneider

À toi. À toi mon corps. Toi, qui m’enveloppes et me meus. Toi, qui me permet d’exister.

Toi, qui me permets de sentir le soleil réchauffer ma peau, la tendresse d’une

caresse et mon doigt de pied heurtant le coin d’un meuble. Toi, qui me permets de

voir les plus beaux couchers de soleil, la mer se déchaîner et l’âge se dessiner sur le

visage de mes parents. Toi, qui me permets d’entendre les oiseaux chanter, le rire des

enfants et le bruit strident d’une craie contre un tableau noir. Toi qui me permets de

sentir l’odeur du bacon grillé, du café chaud ou d’un vieux compost oublié. Toi qui me

permets d’exprimer mes sentiments. En riant, en pleurant et en parlant. Toi qui me

permets de ressentir le plaisir monter en moi jusqu’à l’orgasme et ressentir mon cœur

s’envahir de tristesse lorsque l’on me rejette. Toi que je malmène et maltraite et à qui

je fais subir toutes sortes de choses. À mon foie, qui doit subir ma soirée du vendredi

soir, doublée d’un Dafalgan le lendemain matin pour dissiper mes maux de tête. À mes

pieds, qui doivent supporter le poids de mon corps tout entier, et qui continuent tout

de même de me porter et m’amener partout où je le souhaite. À mon dos, qui supporte

des journées entières devant un ordinateur, tout comme les nuits passées à danser.

Toi que je critique et qui n’est jamais assez bien à mes yeux malgré tout ce que tu fais

pour moi. Toi que je souhaiterais toujours plus fin, plus gros, plus grand, plus petit. Tes cheveux, que je chauffe pour les rendre raides, bouclés,

ondulés, gaufrés ou juste différents. Ton visage, que j’enduis de maquillage pour cacher jusqu’à la dernière de ses imperfections. Ta peau,

que je violente en voulant me débarrasser de ces poils qui la recouvrent. Alors je les arrache, je les coupe, je les brûle au laser, pour qu’ils ne

soient plus apparents. Tes bourrelets, que je cache sous mon pull. Tes tétons qui provoquent, et qui ne doivent surtout pas être devinés sous

peine d’être utilisés comme excuse pour t’agresser et te violenter. Alors je porte un soutien-gorge, qui rend tes seins plus ronds, plus relevés

et plus désirables. Mais qui cache l’indécence d’un téton que l’on devinerait à travers un t-shirt. Ce soutien-gorge qui me lacère le buste et

qui m’oppresse. Ou peut-être n’est-ce que la société qui m’empêche de respirer. Qui m’empêche de t’aimer à ta juste valeur et de te remercier

pour tout ce que tu fais pour moi, malgré tout ce que je te fais subir, à toi.

12 spectrum 12.21

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!