Spectrum_06_2021
MAGAZINE DES ÉTUDIANT·E·X·SDE L'UNIVERSITÉ DE FRIBOURGSTUDIERENDENMAGAZINDER UNIVERSITÄT FREIBURGDEZEMBRE 2021FONDÉ PAR L'AGEFÀ corps ouvertDonner son corps, l’ultime soutien à la médecine page 15Dysmorphie corporelle: quand l’ésprit déforme le miroir pages 18-19Mit Haut und HaarAm Ball bleiben – auch nach dem Spiel Seite 17Respekt für jeden Körper Seite 2012.21spectrum1
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- Page 28 and 29: CRITIQUESRessentir ce qu’on ne vo
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- Page 32: St-Nicolas, 1700 FribourgRuelle11:3
MAGAZINE DES ÉTUDIANT·E·X·S
DE L'UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
STUDIERENDENMAGAZIN
DER UNIVERSITÄT FREIBURG
DEZEMBRE 2021
FONDÉ PAR L'AGEF
À corps ouvert
Donner son corps, l’ultime soutien à la médecine page 15
Dysmorphie corporelle: quand l’ésprit déforme le miroir pages 18-19
Mit Haut und Haar
Am Ball bleiben – auch nach dem Spiel Seite 17
Respekt für jeden Körper Seite 20
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SPECTRUM
RECRUTE !
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Sudoku de Noël | Weihnachts-Sudoku
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ÉDITO
SOMMAIRE - INHALT
Yvan Pierri
Rédacteur en chef
Rédaction
francophone
Alyna Reading
Chefredakteurin
Deutschsprachige
Redaktion
CULTURE · KULTUR
Giant Step
Porträt einer Frau im Atelier
4-5
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9
In et Ex Corpore
Le corps semble n’avoir jamais autant occupé
l’imaginaire collectif qu’en ce 21ème siècle trouble
où l’humanité paraît vivre sa crise identitaire la
plus marquante à ce jour. Corps bioniques, corps
physiques, corps symboliques, ce qui n’a autrefois
été vu que comme le vulgaire organisme renfermant
la conscience humaine a aujourd’hui acquis
sa propre substance, analysée et interrogée par
les philosophes, scientifiques et autres érudits.
À un moment - oserons-nous le dire - charnière
de l’histoire où les représentations traditionnelles
du corps ne cessent d’être remises en question,
c’est tout naturellement que Spectrum s’empare
de cette obsession si contemporaine et tente
de l’ausculter. Ainsi, Alison Bender nous parlera
du corps dans tout ce qu’il a de plus physique
au travers de son article sur le don des corps à
la médecine. Eleonora Bobbià se penchera sur
les aspects plus charnels du corps humain et
s’intéressera au cas de la maison de production
de “porno éthique” Oil Productions. Enfin, Laurie
Nieva nous présentera la dysmorphie corporelle,
cette pathologie peu connue dont l’existence est
pourtant attestée depuis longtemps....
Dans la continuité, la page sexualité sera ce moisci
dédiée au V.I.H., Velia Ferracini s’étant appliquée
à démanteler les idées reçues qui entourent cette
infection aussi célèbre que méconnue.
Comme d’habitude, le contenu de Spectrum ne
se limite pas qu’au seul dossier. Alison Bender
reviendra sur les liens étroits qu’entretiennent la
Faculté de Théologie et le Vatican dans la rubrique
Unipolitique. Quant à moi, j’aurai l’honneur de
vous parler de l’Orchestre des jeunes jazzistes de
Fribourg à l’approche de la sortie de leur premier
album…
C’est également avec joie et excitation que nous
inaugurons à Spectrum la page Verte, centrée sur
les thèmes liés à l’écologie, l’environnement et la
nature. Maxime Staedler s’est rendu pour l’occasion
au jardin La Lépiote à Le Vaud pour nous
parler d’agriculture alternative.
Körper und Geist
Der glühwein wärmt die hände/ ärger oder alkohol
die wangen/ es geht nicht nur eine grippe um/
sondern etwas unversöhnliches/ wir nennen es
dichotomie/ wenn sich zwei auf die füsse treten
beim tanz/ nähe und distanz/ wissenschaft und
gefühl/ jung und alt/ stadt und land/ körper und
geist/ wir und die andern
die tage verkürzen sich/das ende (des semesters)
naht/ kurzgesagt:
wir legen unsere körper auf den seziertisch/ eingelegt
in formalin und selbstzweifel/ der eigene
körper bleibt fremd unter/ dysmorphie/ dissonanz/
zwischen dem was wir gerne wären/ was
wir sind/ fette menschen/ fussballspielende/
beim sex klebt es manchmal/ der körper ist eine
schatzkiste aus/ widersprüchen
ausserdem:
freiburg spielt noch immer jazz/ in bern zeigen sie
oppenheim/ frauen* leiden im alter häufiger unter
armut als männer/ gewählt wird per smartphone/
das atomkraftwerk kaiseraugst wurde nicht gebaut/
andere aber schon/ manche wälder kann
man essen/ andere brennen/ die kirche bleibt
im dorf/ die geflüchteten auf der flucht/ über
hiv wissen wenige wenig/ über pornografie die
meisten zu viel/ bücher und filme tun gut/wenn
es draussen dunkelt/ meditation im garten/ bei
drei grad unter null
wir spalten uns in körper und geist/ der körper als
kunst/ die wir erschaffen/ die kunst als körper/
den wir bewohnen/ gottfried benn schreibt/ nur
erde soll zu erde werden/ die würmer jubeln
in dem sinne: bon appetit
SOCIETE · GESELLSCHAFT
Ça match en politique!
Frauen- und Vorbilder
UNIPOLITIQUE · UNIPOLITIK
Vatican et UniFr – hier et aujourd’hui
Infamae causae? Kontroverse um
Ehrendoktortitel
ARCHIVES · ARCHIV Kaiseraugst…
Jamais!
LES PENSÉES DE...
DOSSIER
À corps ouvert
Mit Haut und Haar
PAGE VERTE · GRÜNES BLATT
Leçon de philosohpie en jardin
Das Essen von morgen
SEXUALITÉ · SEXUALITÄT
VIH et sida, c’est encore d’actualité?
Nur noch Pornos vor Augen?
COUP DE GUEULE S’affranchir
de l’ethnocentrisme, une illusion
moderne etprétentieuse?
ANIMAE LIBEREAE Holy meat
CRITIQUES · KRITIKEN
COMITÉ · KOMITEE
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Ecce Corpus...
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CULTURE
Texte Yvan Pierri
Photos Orchestre des jeunes jazzistes de Fribourg
Giant Step
Après trois ans de concerts, les musicien·ne·s de l’orchestre
des jeunes jazzistes de Fribourg s'apprêtent à sortir leur
premier album. Let’s jam…
commencé en comité relativement restreint.
La recherche d’instrumentistes s’est donc
avérée cruciale. Prônant un principe d’ouverture,
l’orchestre accepte volontiers les
musicien.ne.s venant d’autres univers musicaux,
comme le classique, à condition que
ceux-ci manifestent bien sûr de la curiosité
pour le jazz : «On a assez vite vu qu’il y avait
de l’intérêt et de la motivation autour du
projet. Dès la première répétition, on a senti
le potentiel d’un son de groupe.» se souvient
Manon. Après avoir passé trois années à affiner
la dynamique de l’ensemble en tournant
dans plusieurs salles de spectacle, l’orchestre
des jeunes jazzistes de Fribourg s’apprête à
passer à la prochaine grande étape de son
histoire: la sortie d’un premier album.
«Ça swingue à Fribourg»
ela fait plus de trois ans que l’orchestre
C des jeunes jazzistes de Fribourg fait
swinger les salles de spectacle helvétiques.
Créé sous l’impulsion du saxophoniste Gerry
Lopez, le groupe se veut être un Big Band
dans la plus pure tradition, célébrant les diverses
facettes du Jazz. La formation de l’ensemble
part à l’origine d’une simple constatation:
«Je trouvais qu’il y avait énormément
de talent chez les jeunes musiciens·ne·s.» explique
Gerry Lopez, devenu entre temps le
directeur artistique de l’orchestre ainsi que
son compositeur et arrangeur: «J’ai rencontré
beaucoup de jeunes musicien.e.s lors de
jams sessions et je me suis dit qu’il serait
bien d’entreprendre quelque chose avec
eux.» Avec son conservatoire et sa Haute
Ecole de Musique (HEMU), le canton de
Fribourg est en effet un riche vivier à musicien·ne·s.
Cela est également vrai pour toute
la Suisse, comptant de nombreuses institutions
dédiées à la musique.
C’est lors d’un gig que Gerry Lopez fait la
connaissance de Manon Mullener. Ensemble,
ils se mettent à rechercher activement
des membres pour grossir les rangs de la
jeune association : «Pour former le comité,
nous avons contacté des gens qui travaillent
dans l’administration et la politique culturelle.
Étant souvent eux-mêmes musicien·ne·s,
ils ont été d’accord de nous soutenir et c’est
là que tout a commencé.» raconte la jeune
pianiste de 24 ans. Avec pour but de représenter
le jazz dans toute sa variété, du swing
au répertoire latin, la jeune association a
«Pour les musicien·ne·s
venant d’autres genres
musicaux, L’orchestre
représente une opportunité
extrêmement intéressante
de plonger dans
le Jazz.» Manon Mullener
In a noisy way...
«L’album, c’était simplement l’évolution logique
à suivre quand on initie ce genre de
projet.» remarque Gerry Lopez. L’orchestre
des jeunes Jazzistes de Fribourg ayant vu,
comme de nombreux autres collectifs artistiques,
ses projets freinés par la pandémie
de Covid-19, l’idée d’enregistrer un album est
venue suite aux succès d’une reprise confinée
de When you’re smiling du Louis Armstrong
Orchestra: «À partir de là, on s’est
dit qu’il fallait sortir un truc à nous, quelque
chose de vraiment adapté et arrangé pour
cet ensemble» continue Gerry. S'inscrivant
dans la démarche hétérogène de l’ensemble,
l’album contiendra des couleurs venus de
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différents genres musicaux; du Swing au Be
Bop, en passant par le Funk, le R’n’B ou encore
le Free Jazz: «C’était intéressant de traduire
les influences individuelles des membres
et d’en faire quelque chose de concret.
Mais malgré toutes les diverses facettes de
l’album, il y a une unité, une cohérence, un
son.» décrit Gerry Lopez qui signe, à l’occasion
de ce projet, ses premières compositions
originales pour l’ensemble.
Gerry Lopez
Manon Mullener
treprise est et reste si importante quand on
enregistre un disque de Jazz : «Jouer ensemble,
c’est quelque chose de primordial. C’est
vraiment un élément constitutif du genre.
C’est un style qui capte l’instant présent. Il
y a beaucoup d’improvisation et c’est impossible
à retravailler par ordinateur. S’il y a
une note qui tombe à côté, ça fait partie du
moment; on doit la garder...»
L’album, en plus d’être une lettre d’amour au
genre qu’il représente, prendra également
les atours d’une célébration de Fribourg : «Je
me suis inspiré de la ville et de ma façon de
la vivre au quotidien.» répond Gerry lorsque
la question des influences de l’album lui est
posée. La phase de composition a représenté
un défi: «L’arrangement était vraiment
le plus gros du travail. J’ai passé beaucoup
de temps à me demander ce que je pourrais
bien faire du piano ou de la section de cuivres
avec les mélodies que j’avais composées.
Ça m’a pris 2 mois de travail quotidien.»
sourit le compositeur.
Le vernissage de l’album aura lieu le 11 décembre
2021 au collège de Gambach. En attendant,
Manon et Gerry commencent déjà
à organiser une tournée nationale prévue
pour 2022. Ce dernier constate d’ailleurs
avec enthousiasme le développement de
l’orchestre: «L’idée au début était de monter
Swinging Sarine
Constitué de cinq morceaux écrits par le saxophoniste
et de trois reprises enregistrées
en compagnie de chanteur.euse.s invité.e.s,
l’album se veut être des plus ambitieux. À
tel point que les subventions habituelles accompagnant
les entreprises musicales ont
dû s’accompagner ici d’un financement participatif:
«Nous nous sommes tournés vers
notre public. On a lancé un WeMakeIt pour
couvrir tous les frais de postproduction.»
raconte Manon. Une étape qui, là aussi, s’est
montrée à la hauteur de l’ampleur du projet.
Mixé par l’ingénieur du son Erwan Boulay,
arrangeur de l’orchestre national de Jazz de
France, l’ensemble a enregistré au studio de
la Fonderie en Juillet 2021, avec la plupart
des instruments rassemblés dans une salle:
«Ça a été un challenge pour Sacha Ruffieux,
qui s’occupe de la prise de son à la Fonderie.
C’était la première fois qu’il enregistrait
autant de monde dans ce studio.» s’amuse
Manon en rappelant pourquoi une telle enun
projet avec les jeunes qui ont envie de devenir
professionnel. Maintenant, la majorité
des musiciens sont en haute école ou ont
fini leurs études de musique. On voit que le
projet se transforme: c’est déjà un orchestre
professionnel et ça, ça n'existait pas du tout
à Fribourg. Nous sommes très ambitieux.»
Ce n’est pas Spectrum qui le contredira....P
Une jam session, c’est quoi ?
Une jam session, ou bœuf en français,
est une session d’improvisation
musicale. De par la nature du
genre, les jam sessions sont très
répandues dans le milieu du jazz.
Si vous êtes intéressée à découvrir
le travail de l’Orchestre des jeunes
Jazzistes de Fribourg plus en profondeur,
Spectrum
vous invite
à écouter leur
reprise de When
you’re smiling :
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KULTUR
Text Helene-Shirley Ermel
Foto Kunstmuseum Bern
Porträt einer Frau im Atelier
Die Retrospektive «Meret Oppenheim. Mon Exposition»
stellt bis Februar 2022 ein Repertoire von rund 200 Werken
der Surrealistin schlechthin aus.
as Kunstmuseum Bern lädt ein
D zur ersten transatlantischen Retrospektive
des Œuvre der bedeutendsten
Schweizer Künstlerin des
20. Jahrhunderts: Meret Oppenheim.
Werke aus 50 Jahren künstlerischen
Schaffens der wichtigsten Vertreterin
des Surrealismus können sowohl
in Bern als auch in Museen in den
Vereinigten Staaten rezipiert werden.
Genau diese Besonderheit lässt
Oppenheim wiederauferstehen und
schenkt ihrer Kunst neue Aufmerksamkeit.
Impressionen ihres Lebens
Meret Oppenheim beherrschte unzählige
artistische Handwerke. Von
Malerei über das Anfertigen von
Plastiken bis zum Restaurieren von
Gemälden, aber auch vom Dichten
über das Entwerfen von Kostümen
bis hin zum Schauspielern. Schon zu
ihren Lebzeiten hielt sie Ausstellungen in
der Schweiz, sowie auch in Paris, New York
und São Paulo. Nun kehrt ihr Werk in die
Museen zurück.
«Ich realisiere die Ideen
so, wie sie mir einfallen.»
Oppenheim wurde am 6. Oktober 1913 in
Berlin geboren. Sie lebte in Süddeutschland,
Delémont, Basel und Carona, bis sie
sich entschloss, Malerin zu werden. 1932
arbeitete sie einige Zeit in Pariser Ateliers.
Im Oktober des darauffolgenden Jahres
stellte sie zum ersten Mal ihre Werke auf
einer surrealistischen Ausstellung aus und
schloss sich einem Kreis aus Künstler*innen
an. Aufgrund des nationalsozialistischen
Aufschwungs in Mitteleuropa emigrierten
jedoch viele ihrer Bekannten, der Kontakt
zu ihnen nahm ab. Diese Isolation führte bei
ihr zu einer Arbeitsblockade, einer «Krise»,
die bis 1954 anhielt. Dennoch arbeitete sie
in der Schweiz an verschiedenen Projekten
und Auftragswerken weiter.
*Bild 06*
Meret Oppenheim in ihrem Atelier, 1982
Margrit Baumann
Fotografie, Barytabzug, selengetont
18,4 x 27,7 cm
Kunstmuseum Bern, Bernische Stiftung für Foto, Film und Video
© Margrit Baumann
Ab 1954 engagierte sich Oppenheim in der
Berner Kunstszene, die sich überwiegend im
Café de Commerce einfand. Im Laufe ihrer
Karriere stellte sie auf nationalen wie auch
internationalen Vernissagen ihr Schaffen
aus. 1975 erhielt Oppenheim den Kunstpreis
der Stadt Basel. Sieben Jahre später durfte
Meret Oppenheim den Grossen Kunstpreis
Berlin entgegennehmen. Am 15. November
1985 verstarb die Künstlerin in Basel.
«Mon Exposition»
Schon seit den 1970er Jahren arbeitete Meret
Oppenheim aktiv daran, ihr Schaffen in
Retrospektiven darzustellen und ihre Entwicklung
zur zeitgenössischen Künstlerin
zu reflektieren. Selbstbewusst wandelt sie
zwischen monochromer Malerei, Pop Art
und Nouveau Réalisme, so, wie sie selbst
sagte: «Ich realisiere die Ideen so, wie sie mir
einfallen. Und woher die Einfälle kommen,
weiss man nicht. Die Idee kommt schon mit
ihrem Gewand zur Welt.»
Erstmals im Jahre 1984 war das Kunstmuseum
Bern Gastgeber der ersten grossen
Oppenheim-Retrospektive. Nun
partizipieren nebst diesem auch
die Menil Collection in Houston
sowie das Museum of Modern Art
in New York an dem transatlantischen
Ausstellungsprojekt.
Kunst ist Programm
Im Rahmen der Retrospektive
werden öffentliche Führungen
in Deutsch, Englisch und Französisch
angeboten. Von Dezember
bis Januar können drei Spezialführungen
zum Umgang Oppenheims
mit ihren Materialien besucht
werden. Ein gestalterischer
Workshop für Frauen mit und
ohne Migrationshintergrund findet
am 18. Dezember unter dem
Motto «KUNST rundum» statt.
Wer von euch selbst gern künstlerisch
aktiv ist, für den hat es am 22.
Januar den Workshop «Wolken
und Steine». Dieser sieht es vor, den Werken
Oppenheims schreibend und zeichnend näherzukommen
und sie zu ergründen. Auch
von Zuhause aus kommen Kunstgeniessende
auf ihre Kosten: Die Ausstellung bietet
ein «Digitorial» mit Photographien, Texten
und Filmausschnitten.
Noch bis zum 13. Februar ist die Ausstellung
zu besichtigen, bevor sie dann gen Westen
zieht. Die Museen in Houston und New
York stellen die Exposition bis in das Jahr
2023 aus. Wer also im Urlaub oder Austauschsemester
Heimweh spürt, darf auch
jenseits des grossen Teiches Schweizer Kultur
und Kunstgeschichte erleben. P
Informationen rund um die Ausstellung,
das Digitorial®,
Preise
und Tickets findet
ihr auf der Internetseite
des Kunstmuseums
Bern.
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SOCIÉTÉ
Texte Maxime Corpataux
Illustration FHNW
Ça match en politique !
La Ch+ App permet une meilleure connaissance et
accessibilité entre le monde politique et les (jeunes)
citoyen.ne.s. La rédaction de Spectrum a donc pu
interviewer Sophie Walker, chargée de projet au sein de
la PROJEKT CH+ Team.
e PROJEKT CH+ est un
L projet collaboratif basé
sur la recherche dans lequel
des jeunes co-développent des
outils modernes d'aide au vote
jusqu'aux élections fédérales
de 2023. La CH+ App permet
de découvrir les candidats qui
vous ressemblent le plus, un
peu comme la plateforme Tinder.
Il y a différentes fonctions
suivant les étapes. Elles permettent
finalement de dresser
la liste personnelle et idéale de
chaque utilisateur.trice.
Spectrum : Pourquoi faire
un jeu sur la démocratie ?
Sophie Walker : Dans le cadre
de mes études, j’ai pu apprendre
le « game design » et, à titre personnel, je
me posais souvent la question de comment
faire en sorte que l’électorat jeune s’intéresse
plus à la démocratie. C’est donc ainsi que
j’ai choisi une approche ludique pour cette
application.
SP : D’où vient une pareille idée ?
SW : J’ai pu faire un voyage au Sri Lanka
dans un moment charnière de ce pays.
Après une guerre civile impitoyable et une
période de régime autoritaire, le pays entrait
dans une démocratie renforcée. Déjà là-bas,
nous avions réfléchi à la manière dont les
médias numériques pourraient être utilisés
comme canaux pour mettre en relation les
candidats politiques au nouveau parlement
et la population.
SP : En quoi consiste l’objectif principal
de l’application CH+ ?
SW : Comme dit précédemment, nous souhaitons
que les jeunes votent et comprennent
mieux les institutions et le personnel
engagé en politique. Malheureusement, le
fait de lire des brochures et des livrets postaux
n’est plus vraiment de notre temps pour
la majorité des jeunes. Puisque les appareils
mobiles sont désormais omniprésents dans
nos vies, cela doit être principalement sur
ceux-ci mêmes que la politique doit se révéler
et interagir avec le peuple.
De plus, dans cette optique, nous collaborons
avec Smartvote.ch pour avoir un éventail
complet d’opinions politiques.
SP : Vous avez opté pour un design à la
« Tinder ». C’est un peu osé pour de la
politique ?
SW : Il est parfois louable de rendre la politique
moderne et attirante. La mise en situation
de jugement telle que le permet «
Tinder » ou d’autres applications du genre
permet à l’utilisateur d’effectuer le pouvoir
premier d’un.ne citoyen.ne en démocratie :
un choix souverain.
Quand une personne match et élit un profil,
elle ressent un peu de ce
pouvoir.
SP : Est-ce que le monde
politique se prête au jeu ?
SW : Comme attendu, les
sections jeunes des partis
adorent le concept. Plus surprenant,
des personnes politiques
« plus mûres » et de tous
horizons apprécient l’artefact
et expriment de bonnes suggestions
d’amélioration.
SP : Avez-vous des idées,
des projets d’amélioration
et de développements futurs
?
SW : De manière générale,
nous faisons partie des « civictech
», soit les technologies pour les citoyen.ne.s.
Ainsi nous essayons de simplifier et
de rendre plus accessible la relation entre les
autorités (que ce soit la commune ou le canton)
et la population. Nous avons en plus des
partenariats comme Smartvote ou easyvote
et d’autres encore.
Actuellement, la plateforme dédiée aux
élections fribourgeoises a été bien accueillie,
mais nous ne souhaitons pas en rester-là.
Les prochaines élections couvertes seront
celles de Berne et de Vaud, et bien entendu
les prochaines fédérales ! P
Interface : logiciel permettant la
communication, la liaison d'un système
avec l'extérieur.
Game design : processus de création
et de mise au point des règles et
autres éléments constitutifs d'un jeu
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7
GESELLSCHAFT
Text Alyna Reading
Illustration Genderbox
Frauen- und Vorbilder
Das Geschlecht beeinflusst die Auswahl des Berufs oder
Studiums. Das Projekt «Vorbilder» versucht dafür zu sensibilisieren.
«Männerberufe» sind besser bezahlt als
«Frauenberufe». Frauen laufen öfter Gefahr
als Männer im Alter an Armut zu leiden.
Dafür gibt es viele Gründe. Einer davon ist
die Teilzeitarbeit. 60% aller Frauen in der
Schweiz arbeiten 2018 arbeiteten 60% aller
Frauen in der Schweiz Teilzeit, während es
bei den Männern lediglich 20% waren. Noch
immer sind es die Frauen, die für unbezahlte
Hausarbeit und Kinderbetreuung das Pensum
ihrer Erwerbsarbeit reduzieren. Eine
Umfrage der Zeitschrift «annabelle» vom
November 2021 zeigt: Schweizer*innen
halten ein Erwerbspensum von 50-60% bei
Müttern und 80% bei Vätern für ideal. Weil
viele Frauen Teilzeit arbeiten, verdienen sie
weniger und erhalten eine entsprechend geringere
Rente im Alter.
Gleichzeitig erlauben viele «Männerberufe»
Teilzeitarbeit nicht. So werden die bestehenden
Strukturen aufrechterhalten. In
der vorher zitierten «annabelle»-Umfrage
geben über die Hälfte der befragten Männer
zwischen 16 und 34 an, dass es sie «manchmal»
oder sogar «häufig» belaste, allein für
das Haushaltseinkommen verantwortlich zu
sein. Wenn also mehr Frauen in «Männerberufen»
arbeiten würden, könnte sich so die
Teilzeitarbeit normalisieren.
er Verein «Genderbox» in Basel bietet
D Workshops und Hilfsmittel an für Ausund
Weiterbildungen rund um die Themen
Geschlecht, Vielfalt und Gleichstellung. Seit
dem Sommer 2019 arbeitet der Verein am
Projekt «Vorbilder»: Ein Angebot für Gymnasien
schweizweit, um Jugendliche darauf
aufmerksam zu machen, welche Rolle ihr
Geschlecht in der Berufswahl spielt.
Nicht moralisieren oder bewerten
Freija Geniale, Studentin der Sozialarbeit/
Sozialpolitik und Zeitgeschichte an der
Universität Freiburg, vertrat die «Vorbilder»-Projektleiterin
Salome Seiffert während
ihres Mutterschaftsurlaubs. Geniale
möchte Jugendliche früh auf Ungleichheiten
zwischen den Geschlechtern hinweisen.
«Vorbilder» bietet dazu Unterrichtseinheiten
von Doppellektionen bis hin zu ganzen
Projektwochen an. Während des Projektes
erarbeitet ein*e Expert*in mit den Jugendlichen
das Thema der «vergeschlechtlichten»
Berufs- und Studienwahl. Diese Workshops
sollen nicht moralisierend oder bewertend
sein, sondern bestehende Unterschiede
sichtbar machen. Geniale sagt dazu: «Die
Schüler*innen nehmen im Laufe des Projektes
von selbst wahr, welche Aspekte
diskriminierend sind oder mit unserer Sozialisation
als Frauen oder Männer zusammenhängen.»
Armut im Alter
Viele Frauen arbeiten in sozialen Berufen,
in denen sie «Care-Arbeit» leisten. Das ist
ein Sammelbegriff für Pflege-, Betreuungsund
Hausarbeit. Meistens wird diese Arbeit
schlecht bezahlt. Unsere Gesellschaft bewertet
die Arbeit von Frauen anders, als die
von Männern. Geniale nennt als Beispiel die
Arbeit mit Computern: Zu Beginn gehörte
der Computer zur Sekretär*in, also in die
Domäne der Frau. Mit dem Aufkommen der
Informationstechnologie verwandelte sich
die Arbeit mit Computern in eine «männliche»
Sphäre mit höherem Lohn.
Informatik oder Pflege
«Unser Ziel ist nicht, dass alle Frauen Informatik
und alle Männer Pflege studieren,
sondern dass die Jugendlichen ein Bewusstsein
für diese gesellschaftlichen Strukturen
entwickeln», erklärt Geniale. Im Verlaufe
des Projekts «Vorbilder» sollen sich die
Jugendlichen mit ihren eigenen Berufswünschen
und ihrer Sozialisation als ein
bestimmtes Geschlecht auseinandersetzen.
Dafür reden sie, wie der Projektname schon
verrät, viel über Vorbilder. Darüber, was
ein Vorbild überhaupt ist und ob es wichtig
ist, welches Geschlecht es hat. Darüber, an
welchen Vorbildern sich ihre Eltern oder
Grosseltern orientiert haben.
Im Zuge des Projekts suchen sich die Jugendlichen
eine Person als Vorbild aus: Jemand,
der in einem Beruf arbeitet, der sie interessiert,
aber ein anderes Geschlecht hat,
als sie selbst. Die Jugendlichen halten für
den Abschluss des Projektes einen Vortrag
oder schreiben einen Aufsatz, der dann auf
der Webseite von «Genderbox» veröffentlicht
wird. Geniale zeigt sich zuversichtlich
mit dem Projekt, das sich seit diesem August
in der Umsetzungsphase befindet: «Ich denke,
dass es mit Hilfe von solchen Projekten
langfristig möglich sein wird, die patriarchalen
Strukturen, in denen wir leben, zu überwinden.»
P
8 spectrum 12.21
UNIPOLITIQUE
Texte Alison Eugénie Bender
Illustration Marie Schaller
Vatican et UniFr : Hier et aujourd’hui
Rome et l’Université de Fribourg ont une histoire commune
forte, et c’est en compagnie du Doyen de la Faculté
de théologie que Spectrum vous propose un petit retour
en arrière sur cette facette de notre alma mater.
’est à partir de Pâques 1890 que
C les cours de la Faculté de théologie
débutent grâce à un accord regroupant
à la fois le Vatican, l’État de
Fribourg et la Conférence des évêques
suisses. Et c’est à l’Ordre des
prêcheurs, aussi appelé Ordre des
dominicains, que se verra confier la
Faculté de théologie.
Pourtant l’Ordre des dominicains
n’est pas le plus notable dans la région
: les jésuites, qui ont fondé en
1580 le collège Saint-Michel, étaient
eux bien plus présents. Cependant,
parmi les articles d’exception inclus dans la
révision de la Constitution fédérale de 1874,
adoptés par la majorité radicale protestante
à l’encontre des catholiques dans le cadre
du Kulturkampf, figure l’interdiction pure
et simple de la congrégation des jésuites.
De plus, le Pape Léon XIII a une préférence
nette pour l’Ordre des prêcheurs et sa tradition
théologique forte, ayant notamment
compté Thomas d’Aquin lui-même parmi
ses frères. L’Ordre des dominicains s’impose
ainsi comme un choix naturel autant
aux politiciens catholiques, intéressés par la
fondation d’une alternative aux universités
de tradition protestante, qu’au Vatican, qui
fonde à l’époque plusieurs universités catholiques
à travers le monde.
Les tenants de l’accord
L’accord liant le Vatican, l’État de Fribourg
et la Conférence des évêques suisses donne
une responsabilité particulière au Maître
de l’Ordre des prêcheurs, désormais aussi
Grand Chancelier de la Faculté de théologie
de l’Université de Fribourg. Il est important
de noter que c’est bien la Faculté de théologie
qui a une reconnaissance par le Siège
apostolique de Rome, et qui est donc à la
foi publique et ecclésiastique, et non l’Université
dans son ensemble qui a toujours
été strictement cantonale. Cela implique,
entre autres, pour cette Faculté de fournir
une formation théologique selon la doctrine
catholique et que la nomination d’un·e professeur·e
doit aussi être acceptée par Rome.
L’accord ainsi formalisé est renouvelé tous
les 10 ans et sa prochaine réévaluation se
tiendra en 2025.
La Faculté de théologie aujourd’hui
« Il y a environ 40 ans, plus de la moitié
du corps estudiantin en théologie était
membres du clergé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui,
avec environ un tiers d’ecclésiastiques
et deux tiers de laïcs, dont beaucoup
de femmes » nous explique le Prof. Mariano
Delgado, spécialisé dans l’Histoire de
l’Église et Doyen de la Faculté de théologie
de Fribourg: « Depuis le concile Vatican II,
l’Université, mais aussi l’Église et le monde
ont beaucoup changé, avec une plus grande
ouverture et une volonté d’œcuménisme ;
il y a par exemple beaucoup d’étudiant·e·s
réformé·e·s ou orthodoxes. Les singularités
de l’Université de Fribourg sont aujourd’hui
plutôt l’internationalité et le bilinguisme,
mais il ne faut pas oublier qu’elle est
toujours fortement marquée par la
tradition de l’humanisme chrétien. »
Il est vrai que Vatican II a marqué un
tournant dans le rapport qu’entretient
la Papauté avec les autres confessions.
De même, sous l’impulsion du Pape
François, l’écologie, mais aussi le rôle
des femmes dans l’Église, sont devenus
des sujets centraux des réflexions
actuelles urbi et orbi : « Plusieurs colloques
spéciaux, mais aussi parfois des
cours normaux, intègrent ces sujets
dans la Faculté », poursuit le Doyen :
« Concernant les femmes, le Pape François
a lancé un processus synodal pour encourager
leur participation, ce qui est aussi la
démarche de la Faculté. Des conférences
publiques sont organisées les 18 novembre
et 9 décembre, justement sur le thème de ce
synode. Il y a plusieurs conférencier·ère·s invité·e·s
et nous espérons que des habitant·e·s
de Fribourg seront là aussi pour en discuter
avec nous. »
Ainsi les liens entre Rome et notre Université
sont aussi historiques que passionnants,
n’hésitez pas à aller plus loin, que cela soit au
travers de l’histoire politique du Kulturkampf
ou l’actualité vaticane qui s’invite jusque
dans l’agenda de la Faculté de théologie. P
Agenda de la Faculté
de théologie .
12.21
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9
UNIPOLITIK
Text Sophie Sele
Foto Marion Savoy
Infamiae causa? Kontroverse um
Ehrendoktortitel
Die Vergabe des Ehrendoktortitels der Uni Freiburg am
Dies Academicus an Mario Gattiker, Staatssekretär für
Migration, hat bei linken Organisationen heftige Reaktionen
ausgelöst.
Mitglieder von Poya Collectif protestieren am Dies Academicus gegen
die Verleihung des Ehrendoktortitels an Mario Gattiker.
igentlich sollte der Dies Academicus ein
E Tag des Feierns sein. Die Universität
nutzt diesen vorlesungsfreien Tag, um ihre
Werte nach aussen erkenntlich zu machen,
indem sie fünf Persönlichkeiten für deren
herausragende Leistungen mit der Vergabe
eines Ehrendoktortitels einer ihrer Fakultäten
ehrt. Dieses Jahr waren dies Jean Jacques
Pérennès, Jan Jenisch, François Nordmann,
Susan M. Gasser sowie Mario Gattiker. Die
Vergabe des Ehrendoktors an letzteren
löste in linken Kreisen heftige Reaktionen
aus: Sie erachten dessen Migrationspolitik
als zu streng. Wir haben Poya Collectif, das
Rektorat, sowie das Staatssekretariat für
Migration um eine Stellungnahme gebeten.
Humanistische Werte der Universität?
Guy Zurkinden ist seit vier Jahren Mitglied
von Poya Solidaire, einer freiburgischen Organisation,
welche für die Rechte von Migrant*innen
kämpft. Über die Verleihung des
Ehrendoktortitels an Mario Gattiker war er
empört. Laut ihm wolle Gattiker durch die
strenge Anwendung kontinuierlich erhärteter
Gesetze Migrant*innen entmutigen,
in der Schweiz Asyl zu beantragen.
Konkret sei Gattikers
Migrationspolitik beispielsweise
für das Verwehren der
Erleichterung von humanitären
Visen an Geflüchtete
des Talibanregimes in Afghanistan
verantwortlich.
So auch für das Zurückschicken
von Geflüchteten
nach Äthiopien trotz des
sich dort verschlimmernden
Bürgerkriegs: «Die Tatsache,
dass eine humanistische Universität
jemanden mit einer
solch inhumanen Politik
auszeichnet, zeugt entweder
von einer ungeheuren Unwissenheit oder
von Zynismus. Die Universität rechtfertigt
und legitimiert eine solche Politik, wenn
sie dessen Vormann dekoriert.» Aus diesem
Grund schloss sich Poya Solidaire mit anderen
linken Organisationen zusammen und
verfasste einen Brief an die Rektorin mit der
Bitte, Herrn Gattiker keinen Ehrendoktortitel
zu verleihen.
Imagegewinn oder -verlust
Die Rektorin der Universität Fribourg, Astrid
Epiney, hat nicht direkt auf den Brief
geantwortet. Allerdings bestätigte sie gegenüber
den Freiburger Zeitungen Liberté
und Freiburger Nachrichten, dass der Ehrendoktortitel
an Gattiker trotz der Kritik verliehen
werde: «Als Institution ist es nicht
unsere Aufgabe, über die Asylpolitik des
Bundes und deren Umsetzung zu urteilen.»
Weder das Rektorat noch die Politik hätten
Einfluss auf die Wahl des Ehrendoktors
durch die fünf Fakultäten. Das sei auch gar
nicht die Absicht, denn «der Preis wird nicht
nach einem Imagegewinn oder -verlust für
die Institution vergeben, sondern um herausragende
Persönlichkeiten zu ehren.»
Die Rechtswissenschaftliche Fakultät habe
Herrn Gattiker gewählt, da er als ein Mitgestalter
grundlegender Konzepte des Asylrechts,
als wissenschaftlicher Autor sowie
als Experte für Asylpolitik wahrgenommen
werde.
Glaubwürdigkeit des Rechtsstaats
Obwohl der Brief nur an die Universität und
die Medien geschickt wurde, erklärte sich
das Staatssekretariat für Migration (SEM)
auf Anfrage dennoch bereit, dazu Stellung zu
beziehen: «Wir freuen uns natürlich über die
Verleihung des Ehrendoktortitels an Herrn
Gattiker. Uns ist aber auch bewusst, dass das
Thema Asyl komplex und oft auch emotional
ist.» Dennoch sei eine sachliche Debatte
darüber sehr wichtig. Das SEM setze das
Schweizer Asylgesetz um, welches von der
Stimmbevölkerung mit grosser Mehrheit
angenommen worden sei. Selbstverständlich
sei es aber auch jederzeit möglich, eine
Petition zur Änderung dieses Gesetzes einzureichen.
Rechtsstaatlichkeit bedeute allerdings
auch, dass rechtskräftige Entscheide
umgesetzt werden müssen: «Wird etwa ein
Asylgesuch definitiv abgelehnt, so muss die
betroffene Person die Schweiz verlassen.»
Denn wenn rechtskräftige Entscheide nicht
umgesetzt werden würden, untergrabe
das die Glaubwürdigkeit des Rechtsstaats.
Trotzdem stellt sich dabei die Frage: Wo
bleibt die Glaubwürdigkeit der Menschenrechte
für Geflüchtete, die in lebensbedrohliche
Gebiete zurückgeschickt werden? P
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ARCHIVES
Il y a 40 ans: Kaiseraugst
Pour ce numéro, Spectrum vous propose de replonger
dans le passé du magazine avec un extrait datant d'il y
a 40 ans. Interview de Huguette Beauverd et Giovanni
Sopranzi, deux militants anti-nucléaire en 1981...
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LES PENSÉES DE...
Illustrations Lukas Lauener
Toxische Küsse
Text Maria Papantuono
Unsere Finger ertasten die Schönheit der Welt, die kurvigen Konturen des Menschen.
Langsam gleiten sie über die Oberflächen. Doch sie zeigen auch auf andere, auf eine
bösartige Weise. Sie definieren. Unsere Hände, das Wunder der Welt haltend, sind
das Medium der Gewalt: Sie schütteln, sie schlagen, sie nehmen sich das, was nicht
ihnen gehört. Wie wohl wir uns fühlen, wenn wir umarmt werden. Die Arme um uns
geschlungen, der Kopf an die Brust gelehnt.
Doch unsere Arme sind auch müde vom Tragen fremder Lasten, sie sind kraftlos und
taub. Und da ist noch der Busen, der das Kind nährt und heranwachsen lässt. Für
manche aber doch nur eine Einladung der eigenen Wollust. Langsam erkunden wir
mit unseren Beinen die Welt, sie bringen uns wieder nach Hause in unser Zimmer,
wo wir sie vor dem Spiegel stehend kritisieren: zu kurz, zu dick, zu dünn, zu lang, zu
bleich, zu dunkel, zu haarig, zu viele Makel - zu menschlich.
Mit den Ohren hören wir die wunderschönen Zeilen einsamer Poeten und die Melodien
von Liedern, die uns in ihren Bann ziehen, die sanfte Stimme eines geliebten
Menschen. Wir hören auch die Meinung anderer, die Beleidigungen, die wir langsam
als Wahrheit akzeptieren. Die wunderschönen Augen, sie wecken die Liebe zum Detail,
erkennen die atemberaubenden Herbstfarben, lassen uns andere Personen mit
Faszination beobachten. Sie sehen das Leid, den Schmerz, die Ungerechtigkeit und
manchmal tun sie nur das: zuschauen, starren. Zarte Lippen küssen uns, Gänsehaut
am ganzen Körper. Wie nah man doch jemandem sein kann. Es sind dieselben Lippen, die uns zuvor beschimpften, anschrien, uns wertlos
fühlen liessen. Der Kopf, Schutzhülle des Geistes? Gefängnis des Verstandes? Ein Organisationstalent, ein Multitasking-Genie. Ein penetranter
Fiesling. «Du kannst nichts, du bist nichts», sagt er motzend. Schlussendlich der Körper als Gesamtheit, schlussendlich nicht mehr
widersprüchlich, wenn er daliegt, grau, kalt und leblos. Eine Hülle und nur Futter. Hört ihr die Würmer jubeln?
À toi, mon corps
Texte Lisa Schneider
À toi. À toi mon corps. Toi, qui m’enveloppes et me meus. Toi, qui me permet d’exister.
Toi, qui me permets de sentir le soleil réchauffer ma peau, la tendresse d’une
caresse et mon doigt de pied heurtant le coin d’un meuble. Toi, qui me permets de
voir les plus beaux couchers de soleil, la mer se déchaîner et l’âge se dessiner sur le
visage de mes parents. Toi, qui me permets d’entendre les oiseaux chanter, le rire des
enfants et le bruit strident d’une craie contre un tableau noir. Toi qui me permets de
sentir l’odeur du bacon grillé, du café chaud ou d’un vieux compost oublié. Toi qui me
permets d’exprimer mes sentiments. En riant, en pleurant et en parlant. Toi qui me
permets de ressentir le plaisir monter en moi jusqu’à l’orgasme et ressentir mon cœur
s’envahir de tristesse lorsque l’on me rejette. Toi que je malmène et maltraite et à qui
je fais subir toutes sortes de choses. À mon foie, qui doit subir ma soirée du vendredi
soir, doublée d’un Dafalgan le lendemain matin pour dissiper mes maux de tête. À mes
pieds, qui doivent supporter le poids de mon corps tout entier, et qui continuent tout
de même de me porter et m’amener partout où je le souhaite. À mon dos, qui supporte
des journées entières devant un ordinateur, tout comme les nuits passées à danser.
Toi que je critique et qui n’est jamais assez bien à mes yeux malgré tout ce que tu fais
pour moi. Toi que je souhaiterais toujours plus fin, plus gros, plus grand, plus petit. Tes cheveux, que je chauffe pour les rendre raides, bouclés,
ondulés, gaufrés ou juste différents. Ton visage, que j’enduis de maquillage pour cacher jusqu’à la dernière de ses imperfections. Ta peau,
que je violente en voulant me débarrasser de ces poils qui la recouvrent. Alors je les arrache, je les coupe, je les brûle au laser, pour qu’ils ne
soient plus apparents. Tes bourrelets, que je cache sous mon pull. Tes tétons qui provoquent, et qui ne doivent surtout pas être devinés sous
peine d’être utilisés comme excuse pour t’agresser et te violenter. Alors je porte un soutien-gorge, qui rend tes seins plus ronds, plus relevés
et plus désirables. Mais qui cache l’indécence d’un téton que l’on devinerait à travers un t-shirt. Ce soutien-gorge qui me lacère le buste et
qui m’oppresse. Ou peut-être n’est-ce que la société qui m’empêche de respirer. Qui m’empêche de t’aimer à ta juste valeur et de te remercier
pour tout ce que tu fais pour moi, malgré tout ce que je te fais subir, à toi.
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À corps ouvert
-
Mit Haut und Haar
Idée originale Velia Ferracini
Sezieren: der Körper als Schatzkiste Seite 14
Donner son corps, l’ultime soutien à la médecine
page 15
Oil Productions: quand l’éthique rencontre le
porno page 16
Am Ball bleiben – auch nach dem Spiel Seite 17
Dysmorphie corporelle: quand l’ésprit déforme
le miroir pages 18-19
Respekt für jeden Körper Seite 20
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DOSSIER
Text Lea Müller
Illustration Emanuel Hänsenberger
Sezieren: Der Körper als
Schatzkiste
Im Anatomiepraktikum sezieren Medizinstudent*innen
Leichen. Doch wie fühlt sich so etwas an?
enn du krank bist, gehst du zum Arzt.
W Er hört dir zu und findet heraus, was
dein Problem ist. Je nachdem verschreibt er
dir ein Medikament oder – in schlimmeren
Fällen – ist eine andere Behandlung nötig.
Auch bei mir reichten schon mal Medikamente
allein nicht aus, als ich meinen Blinddarm
herausnehmen musste. Ich erinnere
mich noch gut daran, wie ich etwas nervös
war vor der OP. Schliesslich würden meine
Organe Tageslicht sehen, was eigentlich
nicht der Fall sein sollte. Natürlich hatte ich
Vertrauen in meinen Arzt. Ich stellte mir
aber gleichzeitig vor, wie er das Operieren
während des Studiums beim Sezieren gelernt
haben muss und wie er sich damals
wohl gefühlt hatte.
Das Innere des Menschen
Schon seit Jahrhunderten interessiert sich
der Mensch dafür, was in seinem Inneren
abläuft. Bereits die Griechen und Römer
führten in der Antike Operationen mit metallischem
Besteck durch. Über Heilung und
Erfolg gibt es zwar wenig Informationen.
Trotzdem ist es bemerkenswert, dass man
sich nicht nur für die Welt aussen, sondern
auch für die Welt im Inneren so interessiert
hat.
Eine Zeit lang war es sehr umstritten, sogar
verboten zu sezieren oder Operationen
durchzuführen, da diese meistens mit dem
Tod endeten. Zum Glück aber hat die Me-
dizin grosse Fortschritte gemacht und heute
gehört das Operieren zum Alltag von Chirurg*innen.
Um das jedoch zu lernen und die
Anatomie des Menschen besser zu verstehen,
sezieren sie im Studium Verstorbene,
die ihren Körper der Wissenschaft gespendet
haben.
Kaffeepause im Anatomielabor
Ich habe das Glück Myriam Vonnegut zu
treffen. Sie studiert im zweiten Jahr Medizin
und hat mir von ihrer Erfahrung im Anatomielabor
erzählt. Myriam erklärt mir, dass
die Anatomiepraktikas bereits im zweiten
Semester des ersten Jahres begonnen haben.
Sie beschreibt ihre erste Sezierstunde und
gibt sogar zu, etwas nervös gewesen zu sein.
Das ist verständlich. Wer wäre das nicht,
beim ersten Anblick einer Leiche? «Einige
fallen sogar in Ohnmacht», meint sie, «aber
in meiner Klasse war das nicht der Fall.» Sie
erzählt von der entspannten Atmosphäre
im Labor: «Wir sind dort zu zehnt in einem
kleinen Raum, da fühlt man sich schnell
wohl.»
Sie arbeiteten in Zweier- bis Dreiergruppen
und teilten sich einen Körper. Jede Gruppe
arbeitete allerdings an einer anderen Region
des Körpers.
Myriam erwähnt, dass in den ersten Sezierstunden
das Gesicht der Leiche abgedeckt
war. So hatten sie emotionalen Abstand von
der verstorbenen Person. Ich denke, dass die
Gesichter abgedeckt waren, könnte noch
einen weiteren Grund haben: Die gespendeten
Körper sollen mit Respekt behandelt
werden. Allgemein wissen die Medizinstudierenden
kaum etwas über das Leben der
Person, weder den Namen, noch woher sie
kommen. Lediglich das Geschlecht ist bekannt.
Für die wissenschaftliche Arbeit ist
es nicht nötig, zu wissen, was diese Menschen
für ein Leben führten.
Trotzdem kann man beim Sezieren auch
mal vergessen, dass man einen toten Men-
schen vor sich hat. Die Arbeit an der Leiche
erinnert manche an Fleisch. Myriam sagt
dazu: «Einigen ist dabei schon der Appetit
auf Fleisch vergangen.» Myriam beschreibt
das Arbeitsklima im Labor als «Kaffeekränzchen»:
«Dass eine Leiche vor einem liegt,
vergisst man schnell.» Nichtsdestotrotz
werde der Körper, der der Wissenschaft
gespendet wurde, sehr geschätzt. Sie beschreibt
ihn sehr passend als «Schatzkiste».
Auf meine Frage, was das Unangenehmste
im Labor sei, spricht sie vor allem die Gerüche
im Labor an. So etwa Formalin (ein Stoff,
der zur Konservierung der Leiche verwendet
wird) oder auch der Geruch des getrockneten
Blutes. Myriam erzählt mir von einem
Trick dagegen: Sie benutzt Tigerbalsam, den
sie sich unter die Nase schmiert, um die Gerüche
weniger gut wahrzunehmen. Myriam
findet das Anatomiepraktikum eine schöne
Abwechslung zu den Vorlesungen, die teilweise
etwas trocken sein können.
Im Labor ist man in seiner kleinen Gruppe,
kann auch selbst die Dinge in die Hand
nehmen oder auf Entdeckungstour in der
«Schatzkiste» gehen. Sie sagt dazu: «Alles
zu lernen ist schon ein grosser Aufwand,
aber beim Sezieren selbst hat man gemütlich
Zeit zum Anschauen und mit der Gruppe
zu plaudern». Das Sezieren ist ein wichtiger
Bestandteil des Medizinstudiums und hilft
die Dinge besser zu verstehen. Die Medizin
hat zwar grosse Fortschritte gemacht, aber
das Sezieren, wird auch in den kommenden
Jahren den Lehrplan des Medizinstudiums
nicht verlassen.
Die Neugier nach dem Inneren ist mindestens
so gross wie früher, nur heute weiss
man, was man finden wird. P
14 spectrum 12.21
DOSSIER
Texte et Photo Alison Eugénie Bender
Donner son corps, l’ultime soutien
à la médecine
Les études de médecine, la formation continue des
médecins ou encore la recherche ont un point commun
essentiel : le besoin de véritables modèles anatomiques
humains grâce au don du corps. Enquête…
a demande en corps ne peut être satisfaite
que grâce à une forme ultime du
L
don de soi : offrir son corps en toute confiance
à une université. C’est une décision
purement personnelle – la famille ne peut
décider seule de donner un corps - qui est
nécessairement prise avant la mort. Cela nécessite
de remplir un formulaire détaillé sur
les possibilités d’usage du corps. La décision
peut évidemment être annulée à tout moment:
« Certaines conditions doivent être
remplies au-delà de l’accord du donneur ou
de la donneuse » nous explique le Prof. Luis
Filgueira, responsable de l’Anatomie à l’Université
de Fribourg : « la personne ne doit
pas être décédée d’une maladie contagieuse,
ni avoir subi d’opération lourde ou avoir
moins de 40 ans. Enfin, le don accepté, les
familles voulant récupérer les cendres doivent
attendre jusqu’à trois ans. »
En temps normal, le don vise une seule
université. Les corps donnés à l’Université
de Fribourg restent presque tous sur place
mais il arrive que certains subissent des procédures
dans d’autres universités avant de
revenir à Fribourg.
Étudier la médecine grâce à des personnes
décédées
Au-delà du don, il y a l’étude au plus près de
ces corps qui naturellement émeut: « Les
étudiant·e·s suivent un après-midi introductif
avant de voir les corps, incluant des
cours spéciaux et une séance de deux heures
avec des étudiant·e·s plus avancé·e·s ». Et
Prof. Filgueira d’ajouter : « j’aime dire aux
étudiant·e·s que ces personnes sont leurs
premier·ère·s patient·e·s. »
Jérémias, étudiant en 3ème année de médecine,
confirme l’importance de ces travaux
pratiques : « C’est vraiment utile, bien que
plus difficile que les autres cours, pour avoir
une vue d’ensemble du corps humain. Nous
sommes par groupe de dix étudiant·e·s par
corps - le groupe et le corps ayant été assignés
restant toujours les mêmes – et nous
l’étudions deux fois trois heures par semaine
en variant les régions anatomiques. Il est
aussi possible d’aller voir les autres groupes
pour observer les différences entre femmes
et hommes, l’impact de différentes maladies
ou l’anatomie de personnes d’âges différents.
Grâce à ces gens, j’ai pu par exemple
m’exercer à faire des sutures, et rien que
cela me rassure pour ma pratique future.
Pendant le début de mes études, c’était sans
aucun doute le cours le plus intéressant, le
plus passionnant et le plus utile. »
Il partage aussi l’impact émotionnel de tels
cours : « C’est bien sûr difficile, en particulier
au début. Mais ce que je trouve vraiment
bien fait c’est que nous sommes confronté·e·s
progressivement au corps ; nous commençons
toujours par étudier le dos, ne
voyant le visage qu’après plusieurs semaines
de cours. »
Un accompagnement religieux
Chaque année il y a une cérémonie œcuménique
ouverte aux membres des familles
et de la Faculté pour remercier les donneur·euse·s.
Les cendres n’étant pas systématiquement
réclamées, celles-ci sont
inhumées dans le mémorial commun de
l’Anatomie au cimetière St. Léonard de Fribourg:
« La cérémonie est une bonne occasion
pour remercier ces personnes » poursuit
Jérémias : « nous ne connaissons pas le
nom des individus, mais je ne les oublierai
jamais ; par exemple, je n’oublierai jamais la
couleur du vernis à ongles de la femme sur
laquelle mon groupe a étudié. Ce ne sont pas
des mauvais souvenirs, absolument pas, mais
pour moi c’est un lien très spécial et fort, difficile
à comprendre et à expliquer. » P
Le cas particulier des fœtus
Certains corps conservés actuellement
au bâtiment d’anatomie sont
ceux de fœtus. Ceux-ci ont plus de
cinquante ans, car il n’est plus possible
de recevoir de tels dons de
nos jours. Or, à l’époque, les fœtus
ou mort-nés non baptisés n’avaient
pas réellement de statut, et parfois
l’enfant était donné par les parents
à la médecine ou étaient conservés
au domicile familial. Un cas de
conservation artisanale a été découvert
récemment à Fribourg dans une
maison devant être rénovée : le fœtus
était entreposé avec soin dans
un pot de confiture rempli d’alcool.
Après investigation de la police, il a
été confirmé que le corps datait effectivement
de l’époque où de telles
pratiques étaient relativement courantes
et a pu donc être confié à la
médecine.
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15
DOSSIER
Texte Eleonora Bobbià
Illustration Marie Schaller
Oil Productions : quand
l’éthique rencontre le porno
Le porno représente l’éducation sexuelle de la plupart
des adolescents. La valeur sociale amenée par une meilleure
représentation de l’érotisme est énorme. Mahalia
Giotto, la “cofondateur” de Oil Productions, nous parle
du porno éthique.
il Productions est, selon les termes de
O ses créateur.trice.s, un “collectif fluide”
lausannois, un incubateur de productions
pornographiques éthiques créé en 2018
par Nora Smith, Mélanie Boss et Mahalia
Giotto. Aujourd’hui le collectif compte sept
membres. Le code éthique d’Oil Productions
se focalise sur plusieurs choses: le consentement,
le safe space, la représentation
et l’éthique, plus précisément le respect de
l’intégrité de chaque être humain. Cela se
traduit par la rémunération des personnes
impliquées sans discrimination de genre,
l’application du droit de regard, des conditions
de travail saines et valorisantes, une
écoute attentive et la valorisation de la parole
des artistes-interprètes. Ces valeurs, explique
Mahalia Giotto, sont présentes dans
chaque production que cela soit explicite ou
implicite. Le porno éthique ne porte, selon
elle, pas seulement une valeur de bonne
conduite qui s’applique aux personnes impliquées
dans la production, mais entretient
une valeur sociale et politique qui touche
aussi les spectateur·rice·s.
Le porno comme mouvement politique
Souvent le porno éthique est associé au porno
féministe en raison de la valeur politique
et sociale que le corps de la femme acquièrt.
Une association que Mahalia ne rejette
pas totalement mais garde à distance des
branches transphobes du mouvement féministe.
L’intérêt du cofondateur pour le porno
éthique est né lorsqu’elle s’est aperçue,
en regardant des films pornographiques,
qu’il y avait des femmes qui ne semblaient
pas éprouver de plaisir. : « Au sein de Oil
Productions, on fait du porno éthique avant
tout parce qu’on en a envie, mais cela reste
une forme d’activisme. On essaie de montrer
qu’ il n’y a pas que les hommes qui
peuvent faire du porno pour les hommes.
Oil Productions, c’est de l’empowerment. Ici
le porno n’est pas une activité dégradante.
C’est un moyen de s'approprier un corps
qui a été instrumentalisé par des hommes »
affirme -t-elle. Le corps dans la pornographie
éthique acquièrt donc une valeur extrêmement
importante.
Le corps dans la pornographie
Le corps, selon le cofondateur Mahalia
Giotto, est quelque chose de strictement
lié à l’esprit humain, lequel permet de créer
des moments de connexion et de partage
les uns avec les autres: « Il faut ressentir son
propre corps, l’écouter car il nous parle. Le
but de Oil Productions n’est pas de montrer
que le sexe, ce ne sont que des corps qui
se masturbent», explique la co-fondateur.
C’est dans le porno éthique qu’un corps est
censé reprendre sa valeur humaine, et que
les thématiques comme la représentation
et la découverte du corps acquièrent plus
d’importance.
Le porno éthique comme outil à l’éducation
sexuelle
Si Mahalia Giotto admet que le but premier
de Oil Productions n’était pas de faire de
l’éducation, il s’est toutefois avéré que l’enjeu
pédagogique ne pouvait pas être laissé
de côté dans le porno éthique. Selon le
cofondateur, l’éducation sexuelle devrait
se baser sur le consentement et le plaisir à
partir desquelles peuvent se construire les
relations : « Pas mal des problèmes dans les
relations sexuelles des gens viennent d’un
manque d'éducation sexuelle. S’il y avait des
cours d’éducation sexuelle à un âge plus propice,
comme celui du collège, où on dirait
aux adolescents qui doivent se protéger, que
non c’est non, que tant que la personne ne
dit pas oui c’est non, peut-être que ce serait
différent. À cet âge, on n'a pas forcément envie
de parler à nos parents et on a tendance
à aller sur internet chercher des réponses.
Ce n’est pas forcément la meilleure chose ».
C’est dans ce contexte qu’Oil Productions
met l’accent sur le consentement et la diversité,
l’objectif de la production est de s’éloigner
des chemins binaires hétéronormés
en incluant des catégories de pornographie
qui sont moins traitées. Mahalia Giotto
de conclure : « Le but, c’est de montrer le
consentement et le plaisir sous diverses
formes, montrer que tout peut être beau
tant qu’il y a du consentement et du plaisir
de la part des performeur.euse.s »..P
16 spectrum 12.21
DOSSIER
Text Tim König
Foto FC Breitenrain
Am Ball bleiben – auch nach
dem Spiel
Christoph Schneuwly, der Aussenverteidiger des FC
Breitenrain, erzählt Spectrum über den Anspruch des
Sports an seinen Körper und wie er einen Ausgleich zum
regen Training und Spielbetrieb findet.
Christoph Schneuwly (in weissgrau) behauptet
sich gegen seine Kontrahenten
Der FC Breitenrain ist aktuell Tabellenführer
in der Promotion League. Spornt
dich dieser Erfolg an?
Ja, eigentlich sehr. Auch im Vergleich zu den
letzten Jahren, als wir uns im Mittelfeld der
Tabelle befunden haben. Es beflügelt einem,
wenn man am Wochenende gewinnt. Dann
herrscht die ganze Woche Vorfreude fürs
nächste Spiel.
Erzähl mir etwas über deine Trainingssituation:
Wie oft trainiert ihr? Wo werden
Schwerpunkte gesetzt?
Wir trainieren vier Mal pro Woche, also unter
der Woche jeden Tag ohne Donnerstag.
Die Einheiten sind folgendermassen aufgeteilt:
Am Montag beginnen wir mit Crossfit
und arbeiten an der Physis. Mit dem
Körpertraining sollen nicht zuletzt Verletzungen
vorgebeugt werden. Darauf folgen
eher intensive Trainings auf dem Platz, bei
welchen Ausdauer und Taktik im Fokus stehen.
Am Freitag bereiten wir uns dann auf
das Spiel vom Samstag vor und stärken unser
Selbstvertrauen.
Wie passt das Training in deinen Alltag?
Eigentlich relativ gut, ich arbeite momentan
80 Prozent und studiere nebenbei. Das
Training beginnt um 18.30 Uhr. Danach
habe ich immer noch freie Zeit, sei es fürs
Studium oder um mit Kolleg*innen etwas zu
unternehmen.
Du hast schon bei verschiedenen
Mannschaften gespielt. Welche Unterschiede
haben sich bezüglich des
Trainings und den körperlichen Anforderungen
bemerkbar gemacht?
Es gibt klare Unterschiede zwischen dem
Junioren Spitzenfussball bei YB und dem
Aktivenfussbal beim FC Breitenrain. Bei
den Junioren sind junge Spieler, die den
Traum haben, Profi zu werden und technisch
extrem stark sind. Im Aktivsport ist
es ein taktischeres Spiel, wo mehr Physis
zum Einsatz kommt. Ich habe auch schon in
Amerika gespielt, wo der Fokus stark auf das
Körperliche gelegt wird. Beim FC Breitenrain
pflegen wir einen Fussball, bei welchem
wir den Ball laufen lassen und hinten raus
spielen.
Was hat das Training für einen Einfluss
auf deinen Körper? Merkst du einen
Unterschied zu deinem früheren Training
in der Juniorenzeit?
Auch wenn ich mich mit 26 noch in einem
guten Fussballalter befinde, spüre ich definitiv,
dass ich älter werde. Das merke ich
vor allem daran, dass mein Körper länger
braucht, um sich zu erholen. Wenn ich mir
nicht die nötige Regenerationszeit nehme,
dann verletze ich mich in der Regel sofort
und habe etwa ein muskuläres Problem. Ich
hatte das Glück, bei YB oder in den USA
eine gute medizinische Betreuung gehabt
zu haben. Sobald ich ein kleines Ziehen
oder eine Verhärtung spürte, erhielt ich die
bestmögliche Pflege. Durch diese Erfahrung
weiss ich heute viel besser, was mein Körper
braucht und was ich für die Erholung
machen kann. Ich schraube dann die Intensität
etwas runter, lasse ein Training aus und
mache etwas im regenerativen Bereich.
Wie erholst du dich von den Anstrengungen
im Training und den Spielen?
Nach einem intensiven Spiel ist es wichtig,
dass du am nächsten Tag nicht ein intensives
Programm planst, sondern dich physisch
nicht so beanspruchst. Wenn ich schwere
Beine habe, verwende ich die «Blackroll».
Ich gebe meinem Körper die Zeit, die er
braucht, damit ich danach wieder die volle
Leistung bringen kann.
Die Promotion League ist die dritthöchste
Spielklasse in der Schweiz
und trotzdem: Vom Fussball allein kann
man nicht leben. Wie schaffst du es,
die unterschiedlichen Bereiche deines
Lebens miteinander zu vereinbaren?
Stresst dich das oder hilft dir diese
Abwechslung?
Der Schlüssel, um alles unter einen Hut zu
bringen, ist die Organisation. Das hat sicher
auch damit zu tun, dass ich schon bei den
Junioren angefangen habe, meinen Alltag zu
strukturieren und Gymnasium mit Fussball
zu vereinen. Wir haben gleich viele Spiele
wie in der Super League, haben aber durch
die Arbeit weniger Zeit uns zu erholen. Das
ist mit viel Planung verbunden. Sonst würde
sich der Stress auf alle Bereiche auswirken.
Wichtig ist auch, dass es Spass macht, Fussball
zu spielen, sonst würde man nicht nach
einem Arbeitstag ins Training gehen und
seine Freizeit am Spielplan orientieren.P
12.21
spectrum
17
DOSSIER
Texte Laurie Nieva
Photo Marie Schaller
Dysmorphie corporelle: quand
l’esprit déforme le miroir
Les témoignages de deux jeunes vivants avec une dysmorphie
corporelle. Ils nous parlent de la déconnexion entre
les attentes qu’ils ont envers leur corps et leur reflet mais
aussi de leur lutte vers l’acceptation de soi.
18 spectrum 12.21
a dysmorphie corporelle est une pathologie
définie dans le Diagnostic and Sta-
L
tistical Manual of Mental Disorders (DSM-5)
comme un état dans lequel une personne est
excessivement préoccupée par plusieurs défauts
physiques qui ne sont pas apparents
pour d’autres personnes. Cette pathologie
peut également être vécue comme une insatisfaction
générale envers son corps. Aussi
référencée comme dysmorphophobie- traduction
de dismorfofobia terme utilisé par le
psychiatre italien Enrico Morselli en 1891-
elle peut être décrite comme une peur anxieuse
persuadant l’esprit que le corps est
difforme, sans qu’il ne le soit.
Cette phobie se distingue d’un complexe
de par son aspect obsessionnel mais aussi
de par son exagération imaginée. Pour notre
témoin Maxime* 20 ans: «Un complexe,
c’est voir quelque chose qui ne nous plaît pas
alors que la dysmorphie corporelle pousse
à imaginer des choses qui ne reflètent
pas la réalité». Ce décalage avec la réalité
peut créer une angoisse constante. Dans le
DSM-5 la dysmorphie corporelle est classée
parmi les troubles obsessionnels-compulsifs
et connexes. Un trouble devient pathologique
quand il y a un comportement obsessionnel
qui empêche de penser à autre chose,
au point d’affecter le quotidien de la personne
qui en souffre. Il devient alors impossible
d’exécuter la moindre tâche sans que les
méninges ne soient occupées à imaginer
comment le corps est perçu par les autres
et par soi-même.
Le conseil de Loris: relativiser
Selon le dictionnaire Larousse, relativiser
signifie faire perdre à quelque chose son
caractère absolu en le replaçant dans un ensemble,
un contexte. Loris, 24 ans, a à cœur
de sensibiliser la population à cette pathologie
qui est selon ses termes «oubliée et incomprise».
N’étant guère connue, elle peut
donc être plus difficile à reconnaître que
d’autres troubles, tels que ceux en rapport
avec l’alimentation par exemple.
L’amateur de fitness décrit une focalisation
constante sur une partie du corps spécifique.
Il raconte avoir eu de la peine à apprécier et
parfois même à reconnaître ses résultats à
la salle. Il essayait alors tant bien que mal
de changer une partie de son corps, mais en
restait éternellement insatisfait. C’est grâce
aux expériences de camarades de fitness et
aux réseaux sociaux que Loris a compris
qu’il souffrait de dysmorphie corporelle. Il
explique son vécu: «Il y a des moment où
tu ne vas vouloir que travailler là-dessus.
Tu veux trouver des solutions pour corri-
* Prénom d'emprunt
ger ça alors qu'en fait il n'y a rien à corriger.
J’ai appris à m’accepter et à me forcer à ne
plus me focaliser là-dessus», confie-t-il. Sa
résilience l’aide à déconstruire cette vision
altérée qu’il a de lui-même. Il a dû s’habituer
à prendre de la distance face aux progrès
physiques des autres athlètes, que ce soit
ses proches où des influenceurs derrière un
écran.
Par rapport à ces derniers, Loris reste lucide:
«Il faut penser que c’est leur boulot,
qu’ils font ça toute la journée. Ils n’ont pas
de travail ou d’ études à côté, ils sont suivis
par des médecins, des diététicien·ne·s et
même par des coachs sportifs. Toute leur
vie est dédiée à leur physique.» Une dévotion
qui ne peut pas être du ressort de monsieur-tout-le-monde.
Loris rappelle qu’il y
a des prédispositions génétiques à prendre
en compte mais que l’honnêteté joue également
un rôle important. Une prise de médicaments,
du dopage, un montage photoshop
ou encore de la chirurgie esthétique, qui sait
ce qui se cache vraiment derrière une photo
qui semble parfaite? Loris aime à rappeler
qu’il est souhaitable d’essayer de rester connecté
à la réalité le plus possible, et surtout
de rester humain.
Le conseil de Maxime: normaliser
Le Robert définit le verbe "normaliser" par
faire devenir ou redevenir normal. Maxime
est également concerné par la pathologie et
confie que c’est un sujet qu'iel a déjà abordé
avec sa psychologue.
À la demande de ce qu’un proche a la possibilité
de faire ou dire pour faciliter la vie
de quelqu’un souffrant de dysmorphie corporelle,
Maxime conseille d’éviter les commentaires
sur le physique, les compliments
y compris. Iel développe en nous rappelant
que, malgré une bonne intention, un compliment
peut provoquer un sentiment de
mal-être. «Je n'aime pas recevoir de commentaires
sur mon corps, surtout que généralement
ça ne va pas dans le bon sens. Ce
que les gens pensent être un compliment ce
n’est pas du tout quelque chose que je veux»,
explique Maxime. Iel propose donc de concentrer
les compliments sur la personnalité
ainsi que sur les aspects physiques contrôlables
tels que le style vestimentaire. Maxime
avise également les proches de personnes
souffrant de dysmorphie corporelle à faire la
part des choses. Les patient.es ne cherchent
pas toujours des conseils et veulent parfois
juste exprimer leur frustration.
Pour les gens qui ont de la peine à apprécier
leur corps, les conseils de Maxime sont:
«Passer du temps à poil et avoir un max de
miroirs. Cela peut contribuer à banaliser
son propre corps et à le reconnaître pour ce
qu’il est. »
Le cas des modifications corporelles
Spectrum a interrogé Loris et Maxime sur la
chirurgie esthétique et l’aide qu’elle pourrait
apporter dans un cas de dysmorphie corporelle.
Tous deux ont répondu qu’ils n’y voyaient
pas une solution pour eux personnellement.
Ils y voient tout de même du potentiel
dans un cas où le patient reconnaîtrait les
limites de cette possibilité. Loris mentionne
le risque de création d’un cercle vicieux :
«Ça peut être bénéfique jusqu'à un certain
point mais ce n'est pas la solution. La première
chose à faire c'est de travailler sur son
esprit», précise-t-il. Maxime rappelle que de
nos jours l’aspect potentiellement traumatisant
des opérations chirurgicales a tendance
à être oublié: «Banaliser, glorifier mais aussi
capitaliser sur des opérations chirurgicales
pour en faire des modes… C’est vraiment
malsain.» soupire-t-iel.
Les piercings et autres tatouages devenant
de plus en plus communs dans la société
contemporaine occidentale, il peut être
sage de se rappeler que des moyens moins
radicaux existent pour se réapproprier son
corps. C’est la liberté de chacun.e que de
choisir les moyens de cette réappropriation...
P
Ressources
N’oubliez pas cher.e.s lecteur.
rice.s que le conseil psychologique
aux étudiant.e.s se porte à votre
disposition via l’adresse e-mail
conseilpsychologique@unifr.ch .
Vous trouverez plus d’informations
sur le site de l’UNIFR sous les onglets
“organisations” et “conseil psychologique
aux étudiant.e.s”.
La dysmorphie corporelle est à différencier
de la dysphorie de genre,
commune aux personnes dont l’identité
sexuelle n’est pas cisgenre. Elle
décrit la détresse et l’inadéquation
qu’une personne peut ressentir entre
son identité de genre et le genre
assigné à la naissance. L ’American
Psychiatric Association (APA) insiste
sur le fait que la non-conformité de
genre n’est pas un trouble mental.
Elle peut être cela dit caractérisée
par une souffrance clinique significative,
ce qui lui donne de la pertinence
dans l'étude des psychopathologies.
12.21
spectrum
19
DOSSIER
Text Franziska Schwarz
Foto Marco Zanoni
Respekt für jeden Körper
Dicke Menschen erfahren in der Schweiz in verschiedenen
Bereichen Diskriminierung. Genug damit, meint
Melanie Dellenbach im Gespräch mit Spectrum über
Fettaktivismus.
Mitbegründerin und Präsidentin von Body Respect
Schweiz, Melanie Dellenbach
öse Blicke vor dem Kuchenregal im
B Coop. Der Arzt nimmt die Bauchschmerzen
nicht ernst. Der ewige Teufelskreis
der Diäten. Die Diskriminierung dicker
Menschen kann sich auf unterschiedliche
Art zeigen. Dagegen geht Fettaktivismus
vor und strebt ein Ende der Gewichtsstigmatisierung
durch die Gesellschaft und Institutionen
an. Auch in der Schweiz ist die
Diskriminierung von Menschen aufgrund
ihres Gewichts ein grösseres Thema, als
viele denken. Dickfeindlichkeit ist normalisiert,
auch wenn wir das nicht gerne hören.
Darüber spricht Spectrum mit Melanie Dellenbach,
Fettaktivistin und Mitbegründerin
von Body Respect Schweiz.
Es beginnt mit Worten
Worte haben Macht. Vor allem wenn sie
dazu benutzt werden, eine andere Person
zu beleidigen. Dies ist einer der Gründe,
wieso Melanie Dellenbach sich persönlich
als dick beschreibt. Wurde und wird das
Wort «dick» oft als Beleidigung verwendet,
will sie diesen Begriff für sich zurückerobern
und den Beleidigungen die Macht
entziehen. Sie ist der Ansicht, dass die Bezeichnung
«dick» ebenso beschreibend
sein kann, wie wenn wir von blauen Augen
oder von kurzen Haaren sprechen. Begriffe,
welche mit dem Körpergewicht verbunden
werden, haben oft negativen und wertenden
Charakter, sogar wenn sie als neutral gelten.
So signalisieren etwa die Begriffe «übergewichtig»
oder «untergewichtig», dass die
beschriebene Person nicht dem akzeptierten
Normalzustand entspricht. Dellenbach
hinterfragt die gesellschaftlichen Normen:
«Stimmen die Botschaften, die ich immer
höre?» Sie bevorzugt, ebenso wie viele andere
Fettaktivist*innen, Bezeichnungen wie
«hochgewichtig» oder Differenzierungen
wie «small-fat», «medium-fat», «large-fat»
und «superfat». Entscheidend ist dabei, dass
es sich um neutral-beschreibende Bezeichnungen
handelt, die nicht mit Wertungen
oder einer Vorstellung von «(Ab)Normalität»
einhergehen.
Höheres Gewicht im Gesundheitswesen
Ein Ziel, dass Dellenbach und andere
Schweizer Fettaktivist*innen verfolgen, ist
die Sensibilisierung für Diskriminierung im
Gesundheitswesen. Daher war sie sehr erfreut,
als die diesjährige Frauensession sich
mit diesem Thema beschäftigte. Die Forderung
lautete, dass die impliziten Vorurteile,
welche unterbewusst vorhanden sind,
im Gesundheitswesen untersucht werden
müssen und hierbei auch Gewichtsdiskriminierung
berücksichtigt werden soll. Leiden
von dicken Schweizer*innen werden
von Ärzt*innen nicht ernst genommen und
meist ohne vorgängige Untersuchung einfach
auf das Gewicht geschoben. «Um diese
Vorurteile aus dem Gesundheitswesen zu
vertreiben, braucht es schon bei den entsprechenden
Berufsausbildungen ein Umdenken»,
sagt Dellenbach. Ausserdem muss
es möglich sein, Diskriminierungserlebnisse
zu melden.
Voreingenommenheit der Gesellschaft
Im Gegensatz zu anderen Formen der Diskriminierung
ist Dickfeindlichkeit in unserer
Gesellschaft weitgehend akzeptiert. Die
Öffentlichkeit nimmt sich das Recht heraus,
über die Körper von dicken Menschen
zu urteilen. Anders als bei anderen Diskriminierungsformen
wird die Schuld bei
den betreffenden Personen selbst gesucht.
Hochgewichtigen Personen wird Faulheit
zugeschrieben und ihr Körpergewicht
unhinterfragt darauf zurückgeführt. Dies
führt bei Hochgewichtigen zur Verinnerlichung
dieser Vorurteile. Dellenbach glaubt
jedoch daran, dass es in der Schweiz Raum
und Potenzial für Körpervielfalt gibt. Einen
wichtigen Schritt dafür sieht sie in der Sensibilisierung
der Gesellschaft.
Die Stereotypen, gegenüber dicken Menschen
müssen angegangen werden. Eine
Community ist dafür entscheidend. Das
ist ein Grund, wieso Melanie Dellenbach
bei der Gründung von Body Respect Schweiz
mit dabei war. Nach dem Vorbild aus Island
soll Body Respect Schweiz die Sichtbarkeit
der Anliegen von dicken Schweizer*innen
fördern und als Anlaufstelle bei Problemen
und Fragen fungieren. Für Dellenbach ist
klar: «Ich bin hier, um etwas zu erreichen.» P
Melanie Dellenbach
Melanie Dellenbach (sie/ihr) befasst
sich seit Jahren mit Gewichtsdiskriminierung
und «Gesundheitsförderung
bei jedem Gewicht» (HAES) in der
Schweiz. Die diplomierte Pflegefachfrau
HF hat ein CAS in Gesundheitsförderung
und Prävention. Entdeckt
hat Melanie den Fettaktivismus bei einem
Forschungsjahr in San Francisco,
USA. Seitdem engagiert sie sich als
Projekt- und Kampagnenleiterin sowie
mit Vorträgen und Workshops für ein
Ende der Gewichtsdiskriminierung
hierzulande. Ausserdem ist sie Mitbegründerin
und Präsidentin von Body
Respect Schweiz.
20 spectrum 12.21
PAGE VERTE
Texte et Photos Maxime Staedler
Leçon de philosophie au jardin
Le Jardin de la Lépiote, microferme en permaculture
située à Le Vaud, est une association qui promeut une
agriculture alternative. Rencontre avec Valérian Giauque.
Justine Zbinden et Valérian Giauque,
co-créateur·trice·s du Jardin de la Lépiote
e Jardin de la Lépiote est une microferme
en permaculture, située au pied du
L
Jura vaudois. En arrivant sur les lieux, on est
vite saisi par le charme qui se dégage de ce
jardin en cuvette, « terrain pas évident » selon
Valérian Giauque, co-créateur de l'association
Le Jardin de la Lépiote. Un premier
élément frappe. Il n’y a aucune des machines
agricoles que l’on s’attendrait à trouver
dans une ferme conventionnelle: « On essaie
de travailler le plus possible à la main, sans
énergie fossile, parce que je me dis bien qu’à
un moment donné, si on continue comme ça
il n’y en aura plus », affirme le jeune agriculteur
avec pragmatisme et en accord avec la
vision globale du projet.
Un autre détail marquant est la présence de
nombreux insectes, même en cette fin d’automne.
Rien d’étonnant, si l’on considère le
premier des trois objectifs du jardin de la
Lépiote : la préservation et la création de
biodiversité.
Le partage de connaissance et la pédagogie
sont au centre du deuxième axe. Avec
Justine Zbinden, compagne de Valérian, et
co-créatrice de l’association, ils tentent de
transmettre leur expérience et leur savoir,
notamment aux enfants : « On a eu une
classe d’école qui est venue l’année passée,
on a eu un très bon retour. J’ai aussi un jeune
homme à l’assurance invalidité (AI) qui
vient faire du jardinage, c’est sa passion, ça le
fait sortir et ça lui fait avoir une vie sociale»,
raconte Valérian : « Je suis plutôt dans des
valeurs d’amour, d’altruisme, de partage.
C’est l’exemple que les arbres m’apprennent».
Une approche centrée sur la biodiversité
Le partage se retrouve implicitement dans
le troisième axe, qui vise à l’autonomie et à
la production de denrées alimentaires saines
sur sol vivant: « Nous produisons d’abord
pour nous, pour notre propre autonomie. Et
si on a plus, on partage équitablement ». Il
joint le geste à la parole en faisant goûter des
framboises jaunes à l’auteur de ces lignes, un
vrai délice !
«Ça paraît un peu
bizarre de dire ça, mais
je trouve que tout dépend
vraiment des sols.»
Valérian Giauque
La bonne santé du substrat est essentielle
pour Valérian : « On n’a pas compris ce que
le sol voulait nous dire. Ça fait très longtemps
qu’on fait faux, et ça fait très longtemps
qu’on épuise nos sols. » Il saisit une
poignée de sa terre pour illustrer son propos.
Il relève notamment la porosité de celle-ci
et indique la présence d’organismes: «
Le sol nous parle, nous envoie des signaux. »
Il faut savoir que ce sont les vers de terre
qui rendent la terre perméable, ce qui va
lui permettre de pouvoir capter l’eau correctement,
d’avoir un bon pH ainsi que des
nutriments qui seront à la disposition des
plantes. Dans un mètre cube de terre il y a
cinq kilomètres de champignons, dix millions
de bactéries dans un sol vivant : « Alors
que dans un champ si tu trouves trois vers
de terre t’es content », ironise Valérian.
Son constat est sans appel : « Devant la vision
d’un champ travaillé et non couvert, c’est
le désert qui nous attend ! Le travail du sol
entraîne la dégradation d’une vie biologique
dont tout être vivant dépend. »
De meilleurs lendemains ?
À l’heure où les défis climatiques et ceux liés
à la production de denrées alimentaires sont
de plus en plus prégnants, Valérian laisse peu
de place à l’optimisme : « La nature voit bien
que l’humanité commence à prendre le dessus
sur tout, mais on va vite se faire calmer
je pense. Il nous reste peut-être vingt ans à
vivre si on continue comme ça tellement ça
se dégrade rapidement au niveau du climat
et des récoltes. Les gens ne s’en rendent pas
compte parce qu’ils ne sont plus du tout en
lien avec l’agriculture. »
Le jeune agriculteur n’exclut toutefois pas
l’espoir : « La nature nous apprend qu’il y
a des symbioses, une collaboration qui est
importante pour que cet équilibre reste et
soit conservé, et que les espèces perdurent.
Les solutions je crois qu’on les a, mais on
est gouverné par des gens qui ne sont pas
du tout dans cette réalité-là. Les politiques
doivent maintenant explorer une nouvelle
compréhension de la nature. » Valérian et
Justine, eux, ont déjà commencé. P
Le sol vivant de Valérian et Justine
12.21
spectrum
21
GRÜNES BLATT
Text Katharina Schatton
Foto ZVG
Das Essen von morgen
Die Organisation EssWaldLand möchte mit neuen
Methoden unsere Landwirtschaft revolutionieren. Ein
Gespräch mit Mitbegründer Dennis Weiss.
Ein urbaner Micro-Foodforest im Raum Zürich: Auf
knapp 90m2 wachsen hier Feigen, Mandeln, Äpfel,
Oliven, Beeren aller Art, mehrjähriges Gemüse
und vieles mehr.
n der Schweiz macht die Ernährung mit
I rund 28% den grössten Anteil der konsumbedingten
Treibhausgasemissionen aus. Das
liegt zum Beispiel an unserem übermässigen
Konsum tierischer Produkte oder dem Import
von Nahrungsmitteln wie Kaffee, Kakao
und Tee. Aber auch die Landwirtschaft
an sich beackert so einige Baustellen: Biodiversitätsverlust
durch Monokulturen oder
schädliche Auswirkungen von Pestiziden
zum Beispiel.
Am produktiven Rand
Die Organisation EssWaldLand möchte diesen
Entwicklungen etwas entgegensetzen.
Sie designt und pflanzt Esswälder. «So ein
Esswald ist ein von Grund auf gestaltetes,
produktives Ökosystem, das einem Wald
nachempfunden ist», sagt Dennis Weiss.
Er war mal Wirtschaftsinformatiker. Dann
brachte er sich als Autodidakt Wissen rund
um Landwirtschaft und Permakultur, Klimawandel
und ökologischen Fussabdruck
bei, war Teil unterschiedlicher Projekte.
Schliesslich gründete er diesen Frühling mit
einem weiteren Quereinsteiger und einer
Agronomin die Organisation EssWaldLand.
In ihren Projekten ahmt die Organisation
die natürliche Sukzession, also die Entwicklung
eines Stücks Land hin zu Wald, nach
und beschleunigt sie. «Als erstes sind da die
Pionierpflanzen, die den Boden bedecken.
Nackter Boden ist von der Natur nicht gewünscht»,
erklärt Weiss. In konventionellen
Landwirtschaftsformen heissen diese
Bodendecker Unkraut. «Nach und nach
bauen wir dann über zweijährige Pflanzen
und Büsche bis hin zu Obstbäumen die verschiedenen
Schichten des Waldes auf.» Der
Unterschied zu einem natürlich gewachsenen
Wald: «Wir versuchen weniger einen
Wald, als einen Waldrand zu kreieren. Die
Ränder von Ökosystemen sind ihre produktivsten
Stellen. Die wollen wir maximieren»,
sagt Weiss. Deshalb lasse man beispielsweise
mehr Platz zwischen einzelnen hohen
Bäumen, damit diese den kleineren Pflanzen
nicht das Licht wegnehmen.
«Raubbau an unseren Böden»
Die Umsetzung dieses Konzept ist zeit- und
arbeitsintensiv. Gerade am Anfang übersteigt
der Aufwand den Ertrag um einiges.
«Mit der Zeit dreht sich dieses Verhältnis
aber um. Ab ungefähr sieben Jahren ist ein
Ökosystem etabliert. Dann erntet man quasi
nur noch», sagt Weiss. In seinem Endzustand
übersteige die Produktivität eines
Waldgartens diejenige einer Monokultur auf
«Das Argument ‘Ich
allein kann ja eh nichts
bewirken’ gilt hier
nicht.»
der gleichen Fläche um einiges. «Ausserdem
sind solche Systeme viel stabiler. Je mehr
Pflanzen sich in einem Ökosystem befinden,
desto resilienter ist es.» Ein Argument, das
häufig gegen Esswälder vorgebracht werde,
sei das Fehlen wirtschaftlicher Rentabilität.
Weiss kontert: «Natürlich ist dieses System
rentabel. Das Problem ist, dass konventionelle
Landwirtschaftsformen viele Kosten
gar nicht in ihre Produktpreise integrieren.
Mit der Verwendung von Pestiziden und
Kunstdünger, der Verwendung schwerer
Maschinen und tiefer Bodenbearbeitung betreiben
sie aber einen regelrechten Raubbau
an unseren Böden, der sich über Jahrzehnte
hinzieht. Erst danach erhält man die echte
Quittung.»
Für die Zukunft abstimmen
Eine nachhaltige Zukunft sieht Dennis
Weiss nur in einer grundlegenden Transformation
unserer Ernährung und Landwirtschaft.
«Damit so ein Wandel stattfinden
kann, müssen wir Verantwortung übernehmen.
Uns überlegen: Was esse ich und
wo kommt das überhaupt her?» In Weiss’
Vision kommen sich Konsumierende und
Produzierende wieder näher, wissen voneinander
und kommunizieren miteinander.
Die Trennung von sozialen und ökologischen
Systemen wird aufgeweicht.
Aber wie realistisch ist dieses Gesellschaftsbild?
«Wäre ich nicht optimistisch, hätte ich
verloren», sagt Dennis Weiss und lacht. Es
stimme ihn hoffnungsvoll, dass es schon
jetzt in den unterschiedlichsten Bereichen,
nicht nur in der Landwirtschaft, kreative
Lösungsansätze gebe. Unser Wirtschaftssystem
sei ausserdem ein demokratisches.
«Mit jedem Einkauf, aber auch mit unserer
Zeit und Energie geben wir eine Stimme ab.
Es ist an uns zu entscheiden, ob wir lokale,
kleine Anbieter unterstützen. Das Argument
'Ich allein kann ja eh nichts bewirken'
gilt hier also nicht mehr, denn alle von uns
bewirken bereits täglich sehr viel.» P
EssWaldLand
Die konkreten Projekte der
Organisation sowie mehr Informationen
findest du hier:
Website: www.esswaldland.ch
Instagram: @esswaldland
22 spectrum 12.21
SEXUALITÉ
Texte Vélia Ferracini
Photo Alwiya Hussein
VIH et sida, c'est encore d'actualité
?
Le VIH et le Sida sont encore fréquemment méconnus.
Spectrum vous propose un article de prévention pour en
apprendre davantage.
Mieux vaut prévenir que guérir ?
La PreP (Pre Exposure Prophylaxis) est une
stratégie de prévention. Il s'agit d'un traitement
oral pour les personnes non porteuses
du VIH mais exposées à un risque important
d'infection. Il existe également la trithérapie
d'urgence (TPE) qui permet de réduire
le risque de contamination lorsqu'on a été
exposé au VIH.
Le VIH et le Sida, c'est pas la même
chose ? Ah bon ?
Les termes « VIH » et « Sida » sont souvent
confondus. Le VIH est le Virus de l'Immunodéficience
Humaine, virus responsable
du Syndrome d'Immuno Déficience Acquise
(sida) qui se développe si le VIH n'est pas
neutralisé par un traitement. Une personne
est dite séropositive lorsqu'elle est infectée
par le virus du VIH. Toutefois, cela ne signifie
pas qu'elle est atteinte de la maladie du
sida. Sans traitement, le VIH évolue vers
la maladie du sida, c'est-à-dire que le virus
se multiplie dans l'organisme et provoque
l'effondrement des défenses immunitaires.
Le sida est donc le stade le plus avancé de
l'infection par le VIH.
Ça s'attrape par les poignées de porte,
le VIH ?
Le VIH est véhiculé par le sperme et le liquide
pré-séminal, les sécrétions vaginales,
le sang et le lait maternel. Il se transmet par
trois modes : lors de rapports (oral, vaginal,
anal) non protégés, par l'échange sanguin
(injection de drogue, tatouage, piercing, exposition
par un objet couvert de sang) et de
la mère à l'enfant en l'absence de traitement
préventif. Ainsi, malgré les fausses idées, le
VIH ne se transmet pas par la salive ou la
transpiration et il n'est pas possible de le
contracter en embrassant une personne ou
en la touchant.
Mais ça existe en Suisse ?
En effet, selon les données de l'Office fédéral
de la santé publique en 2020, près de 16'700
personnes vivent en Suisse avec le VIH. La
maladie se développe encore, même si la
tendance est à la baisse : en 2019, 421 nouveaux
diagnostics ont été posés en Suisse.
Est-ce qu'il y a des petites pilules magiques
pour se soigner ?
97% des personnes diagnostiquées reçoivent
un traitement qui préserve l'état de santé et
peut empêcher la transmission du VIH. Il
existe une vingtaine de médicaments pour
traiter le VIH et seul le traitement combiné
(prise de plusieurs d'entre eux) est efficace.
Celui-ci empêche le VIH de se multiplier,
permettant au système immunitaire de
lutter contre les infections et d'éviter le développement
du sida. Il ne guérit pas, mais
freine l'évolution. Certains effets secondaires,
tels d'importantes nausées ou des
troubles du sommeil, sont fréquemment
signalés.
Qu'en est-il lorsqu'on quitte nos
contrées ?
En 2020, selon UNAIDS, c'est encore 37.7
millions de personnes qui vivent avec le
VIH, dont 27,5 millions ont accès à un traitement
(contre 7,8 millions en 2010). En
2020, 680'000 personnes en sont décédées,
contre 1,3 million pour 2010. En 2020, 1,5
million de personnes ont contracté le VIH,
ce qui représente une diminution de 31% par
rapport à 2010. Le VIH est donc en train de
reculer mais il est important de continuer
à lutter.
Et parce qu'en plus les personnes séropositives
subissent des discriminations !?
Les personnes séropositives sont fréquemment
discriminées. En effet, le VIH suscite
des peurs et les jugements persistent, malgré
les campagnes d'information. Selon AIDS
(aide suisse contre le sida) par exemple, certains
organismes refusent les demandes des
personnes séropositives pour souscrire une
assurance vie. Plus encore, la stigmatisation
se répercute sur leur emploi, logement et
autres droits. L'AIDS a d'ailleurs recensé 93
cas de discrimination en 2020, mais elle estime
que ce nombre serait en réalité dix fois
plus élevé. Ainsi, cette situation décourage
parfois les personnes séropositives à recourir
aux soins. Pour éviter de perpétuer ce
phénomène, Spectrum a donc tenté de vous
informer et vous invite à vous renseigner
plus amplement sur la question. P
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spectrum
23
SEXUALITÄT
Text und Illustration Pauline Meyer
Foto Unsplash
Nur noch Pornos vor Augen?
Pornhub: 800 Sucheingaben pro Sekunde von 81 Millionen
Besuchern täglich. Zahlen, die nicht erstaunen. Pornhub
macht das, was alle wollen, rund um die Uhr zugänglich:
Sex.
as Vergnügen des Pornokonsums
D scheint viele Vorteile zu bringen. Um
jemanden für ins Bett zu finden, müssen
keine Clubs besucht werden. Auch lästige
Dates sind überflüssig. Millionen virtueller
Sexpartner sind online verfügbar. Bequem
von zu Hause aus sind die erotischen Filme
nur wenige Klicks entfernt. Gemäss den
Freiburger Nachrichten haben über 70% der
befragten Jugendlichen in Freiburg bereits
einmal einen Porno gesehen. Eine ganz gewöhnliche
Sache. Oder? Die Auswirkungen
gewohnheitsmässigen Pornokonsums sind
umstritten. Sollten wir uns von den Clips,
die nur wenige Klicks entfernt sind, also lieber
distanzieren?
Kein neues Phänomen
Pornografie ist die Darstellung oder Beschreibung
eines Sexualakts. Dabei hat sie
das Ziel, den Betrachter zu erregen. Diese
Form von Schaulust ist kein neues Phänomen.
«Auch bei Primaten gibt es Anzeichen
dafür, dass sie grosses Interesse zeigen und
sogar sexuell erregt werden, wenn sie explizite
Bilder von Genitalien sehen oder
andere beim Sex beobachten.», sagt Prof.
Dr. Dominik Schöbi, Dekan der psychologischen
Fakultät der Universität Freiburg
und Leiter des Familieninstituts in Freiburg.
«Heutzutage hat sich vor allem der Zugang
verändert.» Mit der Entstehung neuer Medien
wie dem Film entwickelte sich die
Pornografie rasch zur Milliardenindustrie.
Die Videos sind für alle zugänglich, die eine
Internetverbindung haben. Über Laptop,
Computer oder Smartphone. Verglichen
mit anderen Webseiten, braucht es nicht
einmal ein Login.
Vom Bienchen und Blümchen
Heutzutage sind es solche Webseiten, die
die Teenager aufklären. Die Jugendlichen
sind dabei durchschnittlich 14 Jahre alt,
wobei das Alter tendenziell sinkt. Die Aufklärung
unserer Generation hat sich weit
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entfernt von der Geschichte vom
Bienchen und Blümchen. Auf
Pornowebseiten werden die Jugendlichen
direkt mit tausenden
von menschenunwürdigen, sexistischen,
rassistischen und teils gewaltverherrlichenden
Hardcore
Videos konfrontiert. Szenen, die
bleiben. Die Pornoindustrie bedient
sich dabei unzähligen Stereotypen.
Jugendliche erhalten das
Bild der willigen Stiefschwester,
der unterwürfigen Ehefrau und
des sich mit Gewalt und Würgegriff
durchsetzenden Mechanikers.
Filme werden zudem in Rassen kategorisiert.
Die Forschung geht davon
aus, dass Jugendliche von etwa
13 Jahren die Filme von der Realität
trennen können. Wenn das Alter
abnimmt, wird es problematischer.
Dann kann es passieren, dass diese
Szenen ihre Auffassung des echten
Sexlebens widerspiegeln. Insbesondere,
weil das Thema Sex und
Pornografie bei jungen Menschen
oft nicht angesprochen wird.
Brain on porn
Der Suchtfaktor besteht. Die Biologie
beweist es: Die sexuellen Reize
schütten Glückshormone aus
und aktivieren so das Belohnungssystem.
Die Versuchung ist gross,
sich das schnelle Glücksgefühl mit
einem Mausklick zu holen. Und so
bleibt die Sucht. Eine psychologische Definition
der Sucht gibt Herr Dr. Prof. Schöbi:
«Es ist ein Anzeichen für eine Sucht, wenn
sich der Alltag um den Konsum organisiert.»
Wir kennen dasselbe von Alkohol und Zigaretten.
Raucher wissen ganz genau, wie viele
Zigaretten noch in der Schachtel sind. Sie
wissen auch, in welcher 10-Minuten-Pause
sie vor die Tür gehen können. Sie konsumieren
organisiert. Sie planen den Konsum
aktiv in ihren Tagesablauf ein oder mit anderen
Worten: Sie sind süchtig. Dieselbe Gefahr
besteht beim Pornokonsum. Betroffene
denken ständig darüber nach, wann sie das
nächste Mal konsumieren können. Sie verschieben
Termine und planen ihren Alltag
so, dass der Konsum darin Platz findet.
Das sexuelle Schlaraffenland
Bei häufigerem Konsum wird das Belohnungszentrum
überstimuliert. Es stumpft
ab und wird unempfindlicher. Der Internetporno
der letzten Jahrzehnte brachte neuen
Inhalt. Die ältere Generation blätterte
in Playboys und der Anblick einer Frau in
Unterwäsche galt als aufreizend. Heutzutage
gibt es mit Pornhub & Co. einen Online-
Katalog mit allen denkbaren Sexpraktiken
und Fetischen. «Das Gehirn hat sich sozusagen
auf das sexuelle Schlaraffenland eintrainiert»,
sagt Miriam Kegel, Sexualtherapeutin
aus Köln. Konsument*innen suchen
stetig einen neuen Reiz. Sie konsumieren
extremere und ausgefallenere Inhalte und
erhöhen somit die Reizintensität. «Viele
Betroffene wundern sich über ihre plötzlich
entstandenen neuen sexuellen Neigungen»,
sagt Kegel. So kann der Pornokonsum Auswirkungen
auf die eigene Sexualität haben.
Die Betroffenen einer Pornosucht bleiben
bei normalen sexuellen Reizen im echten
Leben kalt.
«Konsument*innen
sollen die Pornofilme als
das sehen, was sie sind:
eine Fiktion.»
„Schatz, Mia Khalifa kann das
besser…“
Was passiert, wenn plötzlich vom
Gegenüber eine Performance wie
vom Pornosternchen erwartet
wird? Dr. phil. Oliver J. Kaftan der
UZH kommentierte hierzu eine
amerikanische Studie: Der Sex wird
im echten Leben als nicht mehr erfüllend
wahrgenommen, da er mit
der Leistung der Pornofilmdarsteller*innen
verglichen wird. Dabei
wird oft vergessen, was Pornos
eigentlich sind: Filme. Filme mit
Schauspieler*innen in ihren Rollen,
mit Drehbuch, Ton und einem
Cutter. Die Milliardenindustrie
zeigt nicht die Realität. Dabei gibt
es gewisse Aspekte, die bezüglich
Body Image verunsichern können.
Die Penisgrösse, die auf Pornhub zu
sehen ist, ist ein Drittel grösser als
der Durchschnitt. Damit Mann länger
kann, wird am Set häufig Viagra
eingesetzt. Auch für Frauen ist der
erlebte Sex meist weit entfernt von
Filmdarstellungen. Dort kommen
sie nämlich mehrmals und sogar
leichter zum Höhepunkt als der
Mann. Beide Geschlechter sind
allzeit erregt und bereit. Konsument*innen
laufen Gefahr, diese Filme
mit der Realität zu verwechseln.
Eine Fiktion
Pornhub gestaltet eine neue Welt. Eine Welt,
die einen Kernbereich unseres Lebens betrifft:
das Sexualleben. Es ist wichtig, dass
solche Filme nicht der einzige Referenzpunkt
sind. «Konsument*innen sollen die
Pornofilme als das sehen, was sie sind: eine
Fiktion», meint Dr. Prof. Schöbi. Die Fiktion
soll als Genussmittel verwendet werden,
nicht als Informationsquelle. Wichtig
ist daher, dass das Thema Sex und Porno
nicht tabuisiert wird. Nur wenige bekennen
sich offen zu ihrem Interesse an Pornofilmen.
Eltern sollten mit ihren Kindern offen
darüber sprechen, damit ihre Aufklärung
nicht der Pornoindustrie überlassen wird.
So wird von Anfang an eine gesunde Unterscheidung
gemacht zwischen Fiktion und
Realität. Die Clips, die nur wenige Klicks
entfernt sind, sind also kein Problem per se.
Konsument*innen sollten sich des Risikos
bewusst sein. Dann können die Webseiten
mit Bedacht genossen werden P
.
12.21
spectrum
25
COUP DE GUEULE
Texte Joan Laissue
Illustration Pinterest
S’affranchir de l’ethnocentrisme,
une illusion moderne et
prétentieuse ?
L’anthropologie est un beau jour, rentrée des terrains
exotiques d’où elle trouvait ses objets de prédilections,
amenant avec elle un chamboulement épistémologique
de taille dont la pertinence est aujourd’hui débattable...
i les sciences doivent plutôt être pensées,
non comme une accumulation
S
croissante et positive du paradigme mais
bien plutôt comme des revirements idéologiques
et des métamorphoses structurelles
et ontologiques au sens du philosophe des
sciences, Thomas Kuhn, il n’en reste pas
moins indéniable que le monde scientifique
se trouve dans les prémisses des sciences
critiques, qui induisent un relativisme latent
ou du moins un rationalisme critique.
Ainsi, les sciences ne cessent de légitimer
encore davantage le fossé thétique entre
nature et culture de par une nécessité morale
de scinder l’immuable et le contingent.
Les sciences sociales n’échappent guère aux
mouvances de ses axiomes et de ses postulats.
Et c’est peut-être de la constatation de
cette évolution conjoncturelle que naissent
diverses théories se voulant englobantes
et universelles. Depuis une cinquantaine
d'années, on voit apparaître dans le paysage
scientifique une nouvelle hégémonie dans
le prisme du paradigme moderne. Du poststructuralisme
à la french theory, on constate
fort bien la défaite de l’idéalisme allemand
et du constructivisme philosophique de
Kant et Hegel. Plus récemment, c’est Edgar
Morin qui appelait à la réunification et à la
réhabilitation du « paradigme perdu » afin
de rallier les diverses sciences de l’homme
qui défendaient alors, chacune leur primat
et ne pouvaient alors s’accorder sur une
épistémologie commune.
Mais ce courant philosophique postmoderne
a encore amené une chose plus essentielle
encore quant à notre question : L’ère de la
1 Edgar Morin, Le Paradigme perdu : la nature humaine
déconstruction. A la suite de l’aveu formel
de la performativité et de la contingence
des études en sciences sociales, il vient à se
constituer une phénoménalisation des sujets
des sciences sociales. Ainsi, la déconstruction
devient une condition nécessaire à
la méthode en sciences sociales.
«L'homme est un être
culturel par nature
parce qu'il est un être
naturel par culture.» 1
La critique ethnocentrique actuelle me paraît
donc participer abondamment à cette
mouvance idéologique. Il est évident que
cette critique a trouvé légitimité et justesse
dans le courant des études post-coloniales.
Mais une série de questions peut alors nous
paraître pertinente, cette critique trouve-elle
encore un fondement dans l’histoire contemporaine
?
Les conséquences de cela, c’est qu’en s’évertuant
à se désencastrer du piège des catégories,
les sciences sociales se cloisonnent
dans le descriptif et donc pensent ne plus
pécher par généralisation. C’est ainsi que
naissent des phénomènes d’atomisation
des sujets des sciences sociales et où le déconstructivisme
vient se recouper avec un
néo-positivisme. L’analytique est donc abandonnée
par peur de laisser les biais culturels
du chercheur et autres prismes déroutant
l’objectivité s’entrecouper à la recherche.
Les sciences ont longtemps cru pouvoir se
démarquer des faiblesses analytiques et du
subjectivisme par la méthode. Mais il nous
semble aujourd’hui évident que cette même
méthode ne peut prévenir la contingence
des résultats des études en sciences sociales.
Mais, il est aussi important de souligner
que cette « subjectivité socioculturelle » est
connue du chercheur. S’il en fait l’aveu, il
ne désavoue pas sa recherche, mais au contraire
lui redonne la dimension essentielle
de production humaine qui lui est uniquement
destinée. L’aveu de ses propres limites
sensibles et conceptuelles est certainement
l’entrée la plus sûre vers une science réaliste
et de facto, une méta-science critique et
constructive. P
Les rationalistes ont-ils été trop loin ?
26 spectrum 12.21
ANIMAE LIBERAE
Text Maria Papantuono und Amira Khali
Illustration Alyna Reading
Holy meat
They cannot find it.
The light that went by near the riverside, I saw it,
they are looking for it.
They cannot find it.
A body in the water, breaking its flow, manifestation
of a heretical thought.
Finding it is heresy, I heard the sirens, now a broken
soul and body remain, cold, white, and swollen.
I don’t want to see it.
They need to find it; it adapted to the river’s flow. They
will find it.
It will reappear on the surface once it becomes lighter
than the water in its lungs.
They have to find it.
I didn’t hear the sirens. I saw the blue lights interrupting
that cold night’s darkness.
How ironic that I clearly saw the line between bright and
dark.
I have to see it; I need to see it.
Don’t you feel it creeping up your spine? That darkness
you are talking about, it cannot come to the
surface. Disfigured, you wouldn’t be able to recognize
it.
I can feel it crawling, slow and wet. I’m not ready and
I never will.
Is it the body you want to see, or the soul leaving it?
Don’t try to pretend to be less guilty than you know
you are.
You are so naïve, you live for the next life, not this one.
Your lack of knowledge is baffling, you would put coins
in its mouth to pass the Styx, confuse it with a vampyr
because its hair grew.
It is already cold, white, and swollen and I need to see it.
I must see nature dominating.
Geist? Esprit? Pure imagination. The body is meat, nothing
more.
I know I am guilty; we all are.
I did not see the internal darkness, but I need to see the
body.
What is holy should not be touched. Flesh was alive
and now it’s an unnamed mass that cannot answer
its name.
You pretend to recognize it when it has lost all that
made it human. How can you only call flesh what
you used to call by name. Life was drowned out of it.
Can you call it nature when nature had nothing to do
with it? The only force I see is the river, and the body
dropping inside, proclaiming itself the hand of God.
The body is the wreck, the darkness was a test, failed.
Sick is the need to see it, hold yourself before you
become the very thing that broke the flow. You want
to take its place, don’t you?
I call by name the memories, the missed opportunities
when we did not comprehend, not the shell that caused
so much suffering.
Nature takes us all back some day. Do you consider
yourself so unworthy of choosing when? While you blame
the river, I understand the pain, the exhaustion of
enduring life.
Some are tired faster than others. They stand while
everyone keeps walking. They look at the same painting
and fail to see the colours. Listen to the same song but
only hear a scream. You should consider these feelings
natural, silly.
I understand the decision; that’s why I need to see it.
Seeing it is violent betrayal. Trying to remember
its shape, now disfigured, is recognizing the brutal
dance that sculpted it, the unforgivable and willing
choice to disregard its own humanity.
I knew that body, I still know its name. I get shivers
when I hear it on the streets, its dead eyes looking
at me, my soul trembling, saying that one day I will
transcend too.
And still, you want to look at it. Still, you want
to stare at the dead limbs, the arms that used to
embrace you, the feet that used to run to you, you
want to see them, now cold.
If you could listen to the screaming flow, the red
river, you would turn your back to it, horrified by
your own sick perversion.
We knew that body and we both called its name and
now we can’t.
Stop projecting your fears onto me.
Please try to understand, I need to look into its eyes that
no longer see the beauty of this world or the misery or
the pain.
We need to see the cold lips that no longer talk, maybe
find an explanation.
Maybe it looks peaceful. Maybe then we can start grieving.
Peace is not to be violated with pain.
A peaceful mind is a luxury.
Just don’t look, don’t complain.
I need to see the corps to accept the tragedy.
Move on, the soul has.
What soul, you naïve little thing?
The one that you obviously lack.
It's non-existent to what you cling.
I forgive the sinner, I condemn the sin
How dare you call it a sin this cry for help?
Both of you are cruel the same. You too should rest
if that is what you crave.
.
.
Maybe I will.
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27
CRITIQUES
Ressentir ce qu’on ne voit pas
Les furtifs sont des créatures invisibles, toujours à
la lisière du champ de vision : elles reproduisent ce
dont elles s’imprègnent, imitent animaux, végétaux,
produisent sons et musiques, dans un chant continu
de la vie. Ces créatures, dont la capacité mimétique
est extraordinaire, ne peuvent être vues : les
voir signifie provoquer leur « céramisation » (elles
se figent), dans un acte désespéré de protéger l’espèce.
Étudiées par le Récif, c’est cette organisation
de recherche que rejoint Lorca Varèse dans sa quête
de compréhension. La disparition de sa fille Tishka
à l’âge de quatre ans le ronge, et il reste persuadé
que celle-ci a été enlevée ou a fui avec des furtifs.
Ce drame l’a également séparé de Sahar, sa femme,
qui poursuit son deuil, tandis que lui refuse de lâcher
prise et espère retrouver sa fille...
Les Furtifs aborde des thématiques cruciales comme
la société de contrôle, la perception de la vie, les
enjeux écologiques, ainsi que l’omniprésence de la
technologie : tout citoyen marchant dans la rue est
tracé par la bague qu’il porte, les pubs qu’il croise
s’adaptent selon les données qui y sont stockées
et les rues les plus prisées ne sont accessibles qu’à
travers le paiement d’un forfait plus élevé. La réalité
virtuelle envahit le monde de tout un chacun
et les intelligences artificielles s’interposent dans
toutes les interactions sociales pour offrir un cocon
confortable. Mais il est également question de détourner
cette technologie, de prendre le positif et de
l’adapter, et même de la rendre créative, notamment
dans la désobéissance civile. Les Furtifs offre ainsi un
regard précis et nuancé à travers une histoire passionnante,
pleine de rébellion et de combats idéologiques...
Il s’agit aussi d’un livre impressionnant dans son
exploitation de la langue : Alain Damasio se réapproprie
le français, qu’il tort, fragmente et recompose
dans un jeu permanent, fait de néologismes et
de jeux typographiques. Le lecteur doit néanmoins
accepter qu’une partie du texte lui échappe, tant le
jeu de la langue est poussé. Les longues discussions
philosophiques en milieu de roman risquent également
de fatiguer les lecteur·rice·s qui apprécient
moins ces débats théoriques. Les Furtifs reste cependant
un livre de science-fiction incontournable, où
Damasio explore en profondeur un univers riche et
dense, tout en offrant des réflexions importantes sur
notre société actuelle.
Amélie Gyger
Les Furtifs
Alain Damasio
Roman
688 pages
18 avril 2019
Labyrinthe Onirique
De nos jours, il est devenu assez rare de voir un
film comme Last Night in Soho sortir dans les salles
obscures. Le dernier rejeton cinématographique
du génial Edgar Wright, auteur de la survoltée trilogie
Cornetto et de Scott Pilgrim vs. The world,
convoque en effet une approche du thriller paranoïaque
mâtiné de surnaturel qui semble aujourd’hui
quasiment oubliée. Convoquant les fantômes du
film d’épouvante européen des années 60 et 70,
Edgar Wright en met les codes à jour pour l’une
des expériences sensorielles les plus stimulantes de
l’année. L’histoire suit Eloïse, jeune éprise de culture
60’s et de Swinging London se rêvant styliste. Timide
et introvertie, elle s’apprête à déménager à Londres
après avoir été acceptée dans une prestigieuse école
de mode. Si la perspective est réjouissante, la réalité,
elle, se révèle des plus amères à mesure que la
capitale anglaise ferme son étau sur la jeune nostalgique,
victime de son anxiété sociale et du classisme
de ses camarades londoniennes. Plus troublant encore,
Eloïse semble développer au travers de rêves
étranges un lien avec la chanteuse Sandie - interprétée
par la toujours excellente Anya Taylor-Joy, tout
droit sortie des années 60 - qui, bien des années plus
tôt, débutait dans le clinquant quartier de Soho du
Swinging London.
Rarement a-t-on pu voir un tel niveau de créativité,
de soin et de précision dans tous les aspects de la
confection d’un long-métrage. Tout dans Last Night
in Soho est calculé au millimètre. L’hallucinante mise
en scène et la reconstitution saisissante est entièrement
au service d’un script labyrinthique, aussi
fragmenté que la psychologie de ses héroïnes - c’est
à ce titre pour Edgar Wright définitivement le film
de la maturité. Entretenant un rapport ambigu avec
les années 60, qui semblent ici autant fasciner que
rebuter, Last Night in Soho offre une belle réflexion
sur les dangers de l’idéalisation d’une époque révolue
au travers du personnage d’Eloïse - Thomasin
McKenzie, éblouissante d’ingénuité - qui porte une
admiration aux années 60 à la limite de l’obsession
morbide, aussi piégée dans son fantasme que Sandie
ne l’est de sa condition de playmate disposable méprisée
par son époque. Servi par des interprètes de
haut vol et une bande son atomique, le film contient
de nombreuses séquences qui marqueront au fer
rouge les spectateur.trice.s et leur laisseront dans la
tête des refrains qui les hanteront bien après être
sorti de la salle...
Yvan Pierri
Last Night in Soho
Edgar Wright
116 minutes
29 octobre 2021
28 spectrum 12.21
KRITIKEN
Von Monstern besessen
«I'm going through changes», so heisst es in der Titelmusik
der Netflix Serie «Big Mouth». Die Animationsserie
ging Ende Jahr in die fünfte Runde. Von
Masturbation bis hin zur Entdeckung der eigenen
Sexualität: Die Figuren von «Big Mouth» erleben
viel. In den neuen 10 Episoden entdecken sie auch
noch die Liebe.
"Big Mouth" erzählt von einer Gruppe Schüler*innen,
die durch die Höhen und Tiefen der Pubertät
gehen. Nick und sein bester Freund Andrew,
basierend auf den Schöpfern Nick Kroll und Andrew
Goldberg, probieren endlich mit ihren pubertierenden
Körpern und den damit verbundenen Emotionen
klarzukommen. Jessi und Missy entdecken,
was es heisst eine Frau zu sein. Jay experimentiert
mit Kissen, Lola hat extreme Emotionsausbrüche
und Matthew versteckt hinter seiner sarkastischen
Fassade einen sensiblen Kern. Doch anders als wir
in der nicht-animierten Welt, gehen die Schüler*innen
nicht allein durch die Pubertät. Sie werden
von Hormon-Monstern, einem Shame Wizard, den
Anxiety Mosquitos und in der neusten Staffel auch
von Lovebugs und Hateworms begleitet, die ihnen
das Leben schwer machen.
Voll von unzensierter Vulgarität und anstössigen
Witzen ist dies keine Animationsserie für Kinder.
Eigentlich schade, denn den Pubertierenden könnte
es helfen, die Veränderungen ihres Körpers durch
Monster erklärt zu bekommen. Doch obwohl die
Pubertät für das Publikum schon vorbei ist, hat die
Serie viel zu bieten. Schon nur die grossartige Darbietung
des Cast ist ein Pluspunkt. Serienschöpfer
Nick Kroll übernimmt dabei nicht nur den von ihm
inspirierten Nick, sondern gleich auch noch Hormon-Monster
Maury, Turnlehrer Coach Steve, die
missmutige Lola und weitere Figuren, von denen
keine die gleiche Stimme hat. Die Themen der Serie
sind genau so umfangreich wie Krolls Stimmen.
Verschiedene Sexualitäten, Rassismus, Feminismus,
Bodyimage und Depressionen - alles wird in der Serie
angesprochen. Nicht jedes dieser Themen wird
gleich gut eingebracht.Doch die ernsteren Aspekte
werden nie als «Punchline» missbraucht, was in
Komödien sonst schnell mal passieren kann.
Die fünfte Staffel von "Big Mouth" bietet viele unterhaltsame
und teils absurde Momente, darunter
auch ein Weihnachtsspecial. Und vielleicht kann
die Serie uns "auspubertierten" Menschen helfen zu
verstehen, wieso 13-jährige wirken, wie von einem
Monster besessen zu sein.
Franziska Schwarz
Big Mouth
Nick Kroll, Andrew Goldberg,
Mark Levin, Jennifer Flackett
2017-2021
5 Staffeln (51 Episoden)
Missliche Lage
«Alles, was ich wollte, war mein Abschluss und einen
Freund und das alles weit weg von meinen Eltern.»
Dieser Satz hat mich gleich zu Beginn des Filmes
gepackt. Geht es nicht allen neuen Student*innen
so? Oder nur mir?
Das erste Mal auf eigenen Beinen stehen, allein wohnen
und selbst Erfahrungen sammeln. So beginnt
die Geschichte von Sonja, der 20-jährigen Mathestudentin
aus Berlin. Ihre Geschichte nimmt schnell
eine überraschende Wendung, als sie sich in Ladja
verliebt und er sie in seinen Lifestyle hineinzieht:
Party, lange aufbleiben und nie Geld haben. Sonja
erfährt ihre Grenzen und was sie alles für Geld tut.
Aus Geldnot heraus gerät sie über einen Bekannten
ins Rotlicht-Milieu und ist von sich selbst überrascht,
wie weit sie geht.
Sonja lernt, wer wahre Freunde sind und wie es ist
ein Doppelleben zu leben, um Uni, Freund und Arbeit
unter einen Hut zu bekommen.
Ein Film, in dem es darum geht Grenzen auszutesten
und Grenzen zu überschreiten.
Als nicht gerade klassisches Beispiel eines deutschen
Spielfilms hat mich «Fucking Berlin» definitiv überrascht.
Der Film zeigt Prostitution aus einem anderen
Blickwinkel und dessen Problematik im Alltag.
Mich mit Sonja zu identifizieren, fiel mir zu Beginn
etwas schwer, weil ich mir sicher war, ich hätte andere
Entscheidungen getroffen als sie. Trotzdem
habe ich mit der Handlung mitgefiebert, denn ich
wollte unbedingt das Ende erfahren. Vor allem wie
Sonja dabei aus ihrer misslichen Lage wieder herauskommt.
Oft habe ich mich selbst gefragt, was
ich getan hätte. Ich muss zugeben: Ich hätte keine
Lösung gefunden, wäre ich in ihrer Situation.
Der Film «Fucking Berlin» ist zwar schon ein wenig
älter (Erscheinungsjahr 2016), ist aber trotzdem
ein guter Film, um einen Einblick in die Prostitution
zu bekommen. Wichtig finde ich auch, dass
der Film zeigt, wie das Leben anderer Einfluss auf
unser eigenes haben kann. Sonjas Leben wird durch
Ladjas Geldnot auf den Kopf gestellt, was anfangs
des Filmes als normal dargestellt wird und in einer
Stadt wie Berlin nichts Neues zu sein scheint. Der
Film zeigt die sozialen Verhältnisse, die in einer
Grossstadt wie Berlin zu einer Normalisierung von
Drogenkonsum und Prostitution führen. Ich kenne
Berlin vom Reisen und finde, dass die Darstellung
der Stadt in «Fucking Berlin» sehr überzeugend gelingt.
Fesselnd ist der Film auf jeden Fall. Noch spannender
macht ihn aber die Tatsache, dass er einer wahren
Geschichte entspricht. Zu finden ist der Film auf
Netflix und nur auf Deutsch verfügbar.
Lea Müller
Fucking Berlin
Regie: Florian Gottschick
2016
96 Minuten
12.21
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COMITÉ · KOMITEE
Photo Florence Valenne
Comité
Komitee
De gauche à droite · Von links nach rechts : Loïs Pythoud, Helene-Shirley Ermel, Manon Becker, Lisa Schneider, Yvan Pierri, Alyna Reading,
Alison Eugénie Bender, Tim König, Franziska Schwarz
Agenda culturel
Kulturkalender
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IMPRESSUM · DEZEMBER 2021
Rédaction-en-chef·fe · Chefredaktion
Unipolitique · Unipolitik
Culture · Kultur
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Yvan Pierri, Alyna Reading
Alison Eugénie Bender, Sophie Sele
Velia Ferracini, Helene-Shirley Ermel
Manon Becker, Franziska Schwarz
Marie Schaller
Lisa Schneider
Melissa Lambelet, Corina Dürr
redaction@spectrum-unifr.ch
abo@spectrum-unifr.ch
student.unifr.ch/spectrum/
Loïs Pythoud
Tim König
21.02.2022
Photographes · Fotograf·innen
Illustrations · Illustrationen
Contributions · Mitautor·innen
Alison Eugénie Bender, Maxime Staedler
Emanuel Hänsenberger, Alwiya Hussein, Lukas
Lauener, Pauline Meyer, Alyna Reading, Marie
Schaller
Manon Becker, Alison Eugénie Bender, Eleonora
Bobbià, Maxime Corpataux, Helene-Shirley Ermel,
Velia Ferracini, Amira Kahli, Tim König, Pauline
Meyer, Lea Müller, Laurie Nieva, Maria Papantuono,
Yvan Pierri, Alyna Reading, Nicolas Rodigari,
Katharina Schatton, Lisa Schneider, Franziska
Schwarz, Sophie Sele, Maxime Staedler
Depuis 1958, Spectrum est le journal des étudiant·e·s de l’Université
de Fribourg. Entièrement créé par elleux, le magazine
est également bilingue. Chaque étudiant·e peut participer à sa
conception et ainsi faire ses premiers pas dans le journalisme.
Spectrum paraît six fois par an et est gratuitement à la disposition
de la communauté estudiantine dans les locaux de
l’Université, ainsi que sur Internet.
Tirage : 1.100.
Das Studierendenmagazin Spectrum gibt es seit 1958. Es wird
von Studierenden der Universität gestaltet und ist zweisprachig.
Alle Studierenden können mitmachen und dabei Erfahrungen
im Journalismus sammeln. Spectrum erscheint sechsmal
im Jahr und liegt kostenlos an der Uni und auf dem Internet auf.
Auflage: 1'100.
12.21
spectrum
31
St-Nicolas, 1700 Fribourg
Ruelle
11:30 - 13:30
LU-SA
DÜRÜM LE PLUS
LE
ECO-FRIENDLY
DE TOUT FRIBOURG
LU - DI 18:30 - 20:00
"C'est comme de la viande,
mais à base de plantes...
Tes papilles adorent et les
animaux aussi!"
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Say hi and follow us on
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