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Vente Christie's - 27 juin 2018

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Vue de l’exposition "African Negro Art", 18 mars - 19 mai 1935. Archive photo : The Museum of Modern Art Archives, New York. IN39.6.

Photographie par Soichi Sunami. Image © The Museum of Modern Art - Licensed by SCALA - Art Resource, NY

LA PRÊTRESSE FON

UN CHEF-D’ŒUVRE UNIVERSEL

Peu d’objets auront fait autant rêver les amateurs et les spécialistes de l’art

africain que ce buste Fon sur lequel le temps et les hommes ont tour à tour

laissé leurs marques, aléatoires pour l’un, volontaires ou accidentelles pour

les autres. Abandon après désuétude, mutilation fétichiste ou encore simple

accident que maladroitement on aura voulu réparer ? On ne le saura jamais.

En revanche il est clair que, en pays Fon, pour qu’un objet soit mutilé il

fallait un motif grave, une faute commise par celui ou celle dont il était

en quelque sorte le portrait ou le totem ; alors que pour des raisons

religieuses, changement de culte ou conversion à une nouvelle religion,

ou fonctionnelles : cassé et donc hors d’usage, l’objet soit abandonné,

jeté dans la brousse et livré aux prédateurs ou aux fammes. En soi

l’objet n’est rien, ce qui est valorisé et respecté est ce qu’il représente.

Le texte superbe de Christian Merlo relate tout ce qu’il savait sur le buste,

proposant toutes sortes d’hypothèses sur sa fonction et son vécu précédent

sa découverte. En revanche il ne nous donne pas l’identité de son découvreur

et c’est dommage, mais le récit indique qu’il s’agissait probablement

d’Européens puisqu’ils se promenaient en couple à Abomey et que par la

suite ils l’avaient fait socler et présenter dans leur salon, décoré de tissus

d’Abomey, dans leur maison de Porto-Novo ; une démarche fort peu africaine.

Nul Africain ne mettrait chez lui un objet dont il ne connait ni la fonction ni

l’histoire, surtout en 1928. D’autre part ces mystérieux découvreurs vont

par la suite vendre le buste à Charles Ratton, ils étaient donc initiés, pas

seulement aux cultes Fon, mais aux arcanes du marché de « l’art nègre ».

Contre les explications romanesques on peut afirmer que cet objet

ressemble avant tout et de façon classique aux botchio Fon si communs

devant les demeures et dans les champs au Bénin. Utilisés pour repousser

les maléfces « bo », ils agissent comme des leurres, ou comme des

paratonnerres, faisant croire que l’être visé par le mauvais sort est

déjà mort « cio ». En 1996 à Eymoutiers à l’Espace Paul Rebeyrolle,

Jacques Kerchache a consacré une importante exposition aux botchio

intitulée : « Botchio, sculptures Fon, Bénin ». Le Buste de la Prêtresse y

est reproduit et commenté. Kerchache et Georges Vidal ont efectué de

nombreux voyages dans le pays Fon dans les années 60, ils y collectèrent

un nombre considérable d’objets et d’informations précises.

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