Vente Christie's - 27 juin 2018
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Zlan de Belewale, vers 1952.
Photographie de Hans Himmelheber.
"En ne témoignant de rien d’autre que de sa beauté" disaient Liliane et
Michel Durand-Dessert, cette statue féminine Dan appartient au corpus
des œuvres attribuées au maître sculpteur Zlan. Zlan (ou Sran) de Belewale
est sans conteste la personnalité la plus reconnue parmi les sculpteurs
du territoire Dan-Wè de la première moitié du XX e siècle. L’infuence de
son style unique est perceptible chez les Dan, les Mano et les Wè au
Libéria et en Côte-d’Ivoire. Sa carrière a été largement documentée par
Hans Himmelheber en 1960. Zlan est décédé vers 1955 non loin du village
Wè de Belewale près de Tapita au Liberia. Né soixante-dix ans plus tôt,
à Gengwébé, situé sur le littoral de la Côte d’Ivoire, il était encore enfant
lorsqu’il déménagea avec ses parents à Belewale. En langue Dan, le mot
"Zlan" signife "créateur" ou "dieu", prénom qui lui fut donné dès son enfance,
certainement en raison de son talent de créateur. Zlan devint un sculpteur
célèbre, très courtisé par les personnes infuentes de son époque. Aucun
prix n’était fxé pour l’œuvre au moment de la commande et Zlan appelait au
sens artistique et à la générosité du commanditaire. Dans une conversation
avec Himmelheber en 1952, il expliqua savoir sculpter des portraits assez
fdèles aux modèles : "Quand je vois une belle femme, je suis capable,
une fois revenu à ma plantation, de la sculpter de mémoire, de telle sorte
que chacun la reconnaisse." Sculpteur de nombreux chefs et d’hommes
infuents, il a été aussi l’enseignant de nombreux élèves des peuples Dan et
Wè. Eberhard Fischer a récemment décrit la carrière artistique de Zlan dans
Les Maîtres de la sculpture de la Côte d’Ivoire (Paris, 2015, pp. 128-138).
Les statues Dan sont rares. Appelées lü me, ou "personne en bois", elles
sont avant tout considérées par les Dan comme objets de prestige.
Commandées par des chefs aux meilleurs sculpteurs, ces statues sont
le portrait de l’épouse favorite, dont elles portent le nom. Elles étaient
conservées avec les autres objets précieux et parfois exposées pour honorer
un hôte et accroître la réputation de son propriétaire. Seules quelques
rares statues peuvent être attribuées avec certitude à Zlan : la statue
Durand-Dessert de l’ancienne collection Duperrier, une statue de l’ancienne
collection Rockefeller au Metropolitan Museum of Art à New York (inv. n°
1978.412.499), la maternité du Musée du quai Branly ; une statue féminine
avec la même coifure, sans scarifcations, dans la collection du Fine Arts
Museum of San Francisco (inv. n° 71.26) et une dernière dans une collection
privée (Neyt, F., Trésors de Côte d’Ivoire, Bruxelles, 2014, p. 54, fg. 25).
© Gérard Blot
Statue féminine par Zlan de Belewale,
© RMN Grand Palais - Musée du Quai
Branly - Jacques Chirac,
inv. n° 73.1963.0.163
Statue féminine par Zlan de Belewale.
Hauteur : 58.4 cm.
© Collection The Metropolitan
Museum of Art, inv. n° 1978.412.499
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