Vente Christie's - 27 juin 2018
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La statuette Baga, taillée dans un bois très lourd et
d’une grande densité, a été donnée comme baga par
tous les grands professionnels qui l’ont eue entre leurs
mains mais elle n’a pas d’équivalent dans son ethnie,
connue surtout pour ces grands masques d’épaules
appelés nimba ou d’mba ; la tête nous semble tout
à fait caractéristique du style par son volume, sa
position presque horizontale et l’angle mesurable
de son profl ; la crête, la coife élaborée, le nez
aquilin, les scarifcations, qui encadrent le visage
proprement dit pour le réduire à une sorte
de masque miniature, sont traditionnels ; les
oreilles, dans le prolongement du bandeau
frontal font la jonction avec le maxillaire ; à la
diférence des nimba, le visage se remarque
par son expression volontaire et déterminée ;
cependant, la projection de la tête en avant, les
yeux qui paraissent clos, la bouche entrouverte
lui confèrent une intériorité très sensible,
accentuée par une savante dissymétrie : l’un
des yeux plus haut que l’autre, la crête centrale
légèrement déportée vers la droite, tandis que
le cou l’est sur la gauche, intensifent la vie.
Le corps se distingue lui aussi par ces détails
sensibles : le bas du fessier est taillé à pans
coupés mais la petite rainure fnement marquée
s’oppose à la rondeur des cuisses et des mollets ; de
profl, un délicat renfement marque les genoux ; le dos
est constitué par l’arcature plate des épaules, reprise en écho
à l’avant, avec deux petits seins coniques dont la dissymétrie a
sans doute pour fonction de suggérer le mouvement en torsion
du corps sur son axe ; la position des jambes, celle des bras qui
s’achèvent sur une légère ouverture des mains, tout suggère
une intense énergie dans cette œuvre très puissante.
Liliane et Michel Durand-Dessert
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