Vente Christie's - 27 juin 2018
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Cette représentation d’une femme assise s’inscrit dans
une typologie très spécifque de la statuaire Bidjogo. Si un
certain nombre de représentations anthropomorphes est
connu, le caractère plutôt abstrait de la plupart d’entre elles
les distingue de l’ensemble plus restreint de sculptures
présentant de manière presque naturaliste une femme
assise sur un siège. Conservées dans des temples ad hoc,
leur fonction semble avoir été multiple : elles pouvaient
servir dans des cadres rituels diférents tels que le mariage,
la divination, les règlements de confits, la guérison, la
sorcellerie ou encore certains rituels d’initiation. H. A.
Bernatzik mentionne également que certaines servaient
de réceptacles pour l’âme d'un ancêtre (Bernatzik, H.A.,
Äthiopien des Westens. Forschungsreisen in Portugiesisch-
Guinea, Vienne, 1933, pp. 217-218). Compte tenu de la qualité
sculpturale de cette pièce, il est possible qu’elle s’inscrive
dans cette dernière catégorie. Dans ce cas, l’incarnation
d’un personnage féminin serait sans doute en lien avec le
rôle central qu’occupait la symbolique de la femme autrefois
dans la vie sociale Bidjogo ; symbolique qui se manifestait
particulièrement dans le cadre des rites d’initiation defunto
documentés par Danielle Duquette lors de ses études de
terrain. (Duquette, D.G., Woman Power and Initiation in the
Bissagos Islands, African Arts, vol. 12, n° 3, pp. 31-35).
Au cours de la classifcation de la statuaire Bidjogo qu’il
entreprit en se basant principalement sur les informations
fournies par H. A. Bernatzik en 1933, André Gordst
qualifa la statue des Durand-Dessert comme l' « une des
sculptures les plus remarquables. La composition plastique
de cette statuette est de très haute qualité artistique. Le
dos, le devant et les fancs sont d’un modelé remarquable
et techniquement parfait. La récurrence des formes
coniques de la bouche, des seins, du ventre et des genoux
sont uniques dans la statuaire traditionnelle Bijago et la
patine rougeâtre qui la recouvre révèle l’extraordinaire
beauté de la pièce. Nous nous trouvons ici devant le point
fnal d’une évolution génétique des formes dans cette
sculpture longtemps ignorée mais qui néanmoins peut
fgurer parmi les plus belles réussites de la sculpture
ouest-africaine » (Gordst, A., "La statuaire traditionnelle
bijago", dans Arts d’Afrique Noire, vol. 18, 1976, p. 15).
Cf. pour un exemple similaire, voir celui de la
collection Marian et Daniel Malcolm, publié dans
African Art from New Jersey Collections, Montclair
Art Museum, New Jersey, 1983, fg. 52.
39