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Vente Christie's - 27 juin 2018

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Nous croyons efectivement que les œuvres auxquelles va notre prédilection sont

celles qui célèbrent la conscience de l'unité, de l'inséparabilité de l'homme et de son

environnement. Il y a des moments où une synthèse miraculeuse se réalise comme

ce fut le cas à la grotte Chauvet ou à Lascaux. L'art pariétal est l'art le plus ancien,

et c'est aussi l'un des plus élaborés : il conjugue une économie de moyens, avec une

précision naturaliste, une sûreté dans le geste et une maîtrise dans l'exécution qui

sont exceptionnelles et presque inconcevables. L'art futur se fait par rapport à l'art

antérieur, il n'y a pas vraiment de coupure entre l'art passé et l'art à venir : ce futur que

nous voyons dans l'art "primitif" repose aussi sur un passé archaïque. Peut-on parler

d'une dimension "spirituelle" de type animiste, comme dans le chamanisme ? Certains

objets précolombiens évoquent la transformation de l'homme en jaguar, certaines

terres cuites Djenné représentent la métamorphose de l'homme en serpent : l'art y

prend une dimension plus essentielle. La métamorphose étant l'une des composantes

du réel, c'est aussi l'une des lignes de force de notre goût comme de la collection ; la

façon dont certains arts parviennent à conjuguer des traits qui relèvent de l'animal, du

végétal ou du minéral dans leur rapport à l'humain et à intégrer l'apparente altérité dans

l'humanité, au lieu de l'ignorer ou de la rejeter, est un authentique enseignement.

Liliane et Michel Durand-Dessert

Cette rare sculpture de la collection Durand-Dessert

représentant une femme agenouillée à tête de serpent est

comparable à deux fgures de la collection Barbier-Mueller,

inv. n° 1004-78 et 1004-128. Une composition mystérieuse

en terre cuite, présente aujourd'hui au Musée d'art de la

Nouvelle-Orléans, inv. n° 90.196, nous a récemment

amené à envisager les origines symboliques possibles de

cette fgure. Le test (CT) efectué par Marc Ghysels révèle,

à l'intérieur de cette dernière, sept corps de femmes

gravides et sans têtes. Kristina Van Dyke, dans l’analyse de

cette composition-sanctuaire, remarque que pour l’une de

ces fgures une tête de serpent apparaît à la place de la tête

humaine ; ceci symbolisant peut-être que le serpent l’ait

dévorée. La scène représentée ici résonne avec l’histoire

orale de l'empire Soninké du Ghana qui a disparu au XI e

siècle car le sacrifce annuel d'une femme vierge à un

serpent, nommé Bida, n'aurait pas été exécuté. Bien

qu'il soit impossible de dire si ces sculptures font

allusion au sacrifce évoqué par le récit du

serpent Bida, l’idée mérite d’être

considérée (Fagaly, W.A., Ancestors

of Congo Square, New Orleans

Museum of Art, Nouvelle-

Orléans, 2011, cat. n° 2).

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