Vente Christie's - 27 juin 2018
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peut aussi imaginer que ces mollets aient été
accidentellement tronqués au cours du temps, la
partie inférieure et les pieds ayant disparu (bois
érodé) ou épannelés en pédoncules de fxation ? En
tout cas, le support monoxyle postérieur a également
disparu, remplacé par l’ingénieux socle d’Inagaki.
Œuvres de comparaison
Les figures d’ancêtres Fang à « avant-bras démesurés »
Au sein du vaste corpus des statues Fang ntumu, de
schéma « longiforme », un certain nombre (une petite
dizaine) présentent cette double caractéristique d’un
modelé rafiné du torse et d’avant-bras démesurés.
On peut se poser la question d’un critère d’atelier ou
d’artiste(s), probablement d’une région et d’un temps
bien précis, que rien cependant ne nous permet
d’identifer aujourd’hui. C’est le cas de cette statue de
l’ancienne collection Pierre Vérité, 52 cm, rapportée
au début du XXè siècle, publiée dans « La statuaire
Fañ, Gabon », 1979, n° 199, p. 222. Les avant-bras,
très allongés, séparés du tronc, se termine par des
mains traitées en « palette », très stylisées et sans
doigts, tout comme les pieds. De même, pour cette
grande statue (62 cm) de l’ancienne collection du Dr
Girardin, de provenance Charles Ratton et Madeleine
Rousseau 1942, en dépôt au Musée d’Art Moderne
de la Ville de Paris, avec des mains stylisées en aplat.
Quelques autres œuvres de même facture peuvent
être citées : une très grande efigie Fang, très épurée
de forme, 72 cm, de la galerie Christine Valluet puis
collection Bernard de Grunne, Bruxelles, 2006 ; ainsi
qu’une statue collectée in-situ avant 1916, présentée
en vente à Drouot en novembre 2001. A noter que
toutes ces statues sont des efigies masculines.
Visages à face « en cœur », front
bombé et coiffe à tresses
A titre de comparaison, le visage et la coife du Fang
Durand-Dessert, rappellent, tant pour leur qualité
esthétique et leur ancienneté vénérable, certains des
objets rapportés de la Guinée espagnole (Rio Muni)
par l’explorateur Dr Amado Ossorio en 1884-1886
pour le musée de Madrid. On y retrouve le même front
arrondi en quart de sphère, parfaitement poli, la face
« en cœur » aux arcades sourcilières très creuses et
la large bouche étirée vers l’avant. Dans cette région
du Rio Muni, les groupes Okak et Ntumu étaient
en contact au XIXè siècle. Ils ont été observés puis
étudiés par les explorateurs espagnols puis par le
jeune ethnographe G. Tessmann de 1904 à 1909.
Conclusion
La statue eyema byeri de la collection Durand-Dessert,
de provenance prestigieuse Paul Guillaume, est
à la fois un chef d’œuvre d’excellence d’un parfait
classicisme Fang et une sculpture très originale par sa
facture. Objet d’une grande ancienneté, ayant subi des
prélèvements rituels tant sur la coife qu’aux mains, un
indice de son importance traditionnelle, ce byeri peut
être comparé à d’autres aux « avant-bras démesurés »,
déjà référencés. D’une grande majesté malgré sa
taille, la partie inférieure des jambes en est tronquée.
Sa patine, épaisse et suintante par endroits, met
en valeur la subtilité du modelé tant du torse que
du dos. Ce personnage important, transfuge
du monde des morts et porteur de la force des
ancêtres, est une des expressions symboliques
majeures de l’humanisme des Fang.
English version at the back of the catalogue