Vente Christie's - 27 juin 2018
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Les figures d’ancêtres Fang à « avant-bras démesurés »
52 cm, bras démesurés et mains
stylisées sur le haut des cuisses,
in L.P. « La statuaire Fan, Gabon, 1979 »
p. 222 ; Collection Pierre Vérité depuis
les années 30.
62 cm, bras démesurés et mains
stylisées sur le haut des cuisses, anc.
coll. Dr Girardin, prov. Ch. Ratton et
Mad. Rousseau, 1942.
72 cm, efigie du byeri, bras
démesurés et mains au bas-ventre,
Collection Javier Peres.
64 cm, byeri masculin, mains aux
cuisses, collecté par Mr Dubernet entre
1916 et 1920 au Gabon, Hôtel Drouot,
Vente Ricqlès, 25 novembre 2001 ;
galerie Dulon expo NY 2004.
d’un motif gravé fgurant une « pomme d’Adam »,
un signe de masculinité qu’on a retrouvé ailleurs,
sur des efigies beti-mabea notamment. Les
épaules sont amples et athlétiques, larges
et arrondies, prolongées par des bras très
courts, aux biceps mis en valeur par des sillons
évoquant les habituels bracelets des guerriers
fang. Les avant-bras sont, en revanche, très
allongés en oblique, légèrement écartés du
tronc, avec les mains (très érodées) posées
en haut des cuisses, dans une position quasi
simiesque. Le torse présente un modelé très
rafiné avec des pectoraux en léger relief, les
mamelons étant marqués, avec un sillon axial
partant du cou. De profl, le personnage est en
position debout, l’abdomen un peu tendu vers
l’avant, de volume « en tonneau », comme il
sied pour les notables importants. Au revers,
le dos est marqué d’un long et large sillon
vertébral, allant de la nuque au bassin, d’un
modelé très doux, aux surfaces parfaitement
polies, comme la partie du haut des cuisses.
Coiffe à tresses, sommet érodé
Si le type de coife, à trois tresses aplaties, est
assez courant dans la statuaire des Fang, ce qui
l’est moins, c’est le traitement apporté à sa partie
sommitale, peu visible en vue orthogonale de
face : le bandeau frontal et l’amorce des tresses
paraissent avoir été épannelés, probablement
au couteau ou à l’herminette, comme « scalpé »
selon un espace en carré, faisant dispara”tre le
volume attendu qui ne se retrouve que dans le «
tombé » postérieur. Une trace transversale est
peut-être celle du trou de fxation du bouquet
de plumes de touraco ou d’aigle (etsalé-émyam)
qui jadis couronnait chaque eyema byeri.
On peut aussi penser que des prélèvements
rituels aient été efectués à ce niveau ?
Prélèvements rituels au niveau du nombril,
des mains et de la coiffe
En efet, on remarque que l’efigie a subi toute
une série de prélèvements de fns copeaux de
bois, non seulement sur la coife, mais surtout au
niveau du nombril qui, en excroissance cylindrique
à l’origine, a de ce fait complètement disparu,
et sur la partie inférieure des avant-bras, sur
les mains. Celles-ci, très fortement entamées,
ont pratiquement disparu. La tradition rapporte
que ces prélèvements servaient à préparer
des « médicaments » magiques (byañ) qu’on
« fortifait » ainsi de la substance même des
ancêtres. Cela induit que la statue avait parfois
une valeur plus sacrée qu’on ne l’a dit, comparable
à celle des reliques familiales qu’elle « gardait ».
A cet égard, certaines efigies recelaient des
inclusions de reliques, notamment des dents.
Détail des membres inférieurs, pieds
manquants ; pédoncule postérieur
manquant, repris par le socle Inagaki.
La forme des membres inférieurs de cette statue
est particulière, tout en reprenant le schéma
habituel des Fang. Si la masse cuisses, charnues
et arquées, en position assise, est classique,
c’est la forme des mollets qui est inhabituelle,
en fuseau évasé en dessous des genoux. On
Fang Ntumu/Okak, 50 cm, rapporté lors de l’expédition Dr Ossorio 1884-1886,
Museo Nacional de Antropologia, Madrid (inv. n° 947). Boule d’argile dans le trou des lèvres, bracelets
de laiton aux chevilles. Coife de plumes (etsalé-é-myam).
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