Vente Christie's - 27 juin 2018
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S TAT U E L O B I ,
BUTHIB KOTIN
BURKINA FASO
Hauteur : 42 cm. (16Ω in.)
€8,000–12,000
PROVENANCE
Galerie Maine Durieu, Paris
Collection Liliane et Michel Durand-Dessert, Paris
EXPOSITION
Paris, La Monnaie de Paris, Fragments du Vivant : sculptures
africaines dans la collection Durand-Dessert, 10 - 24
septembre 2008
BIBLIOGRAPHIE
Paudrat, J.L. et al., Fragments du Vivant : sculptures africaines
dans la collection Durand-Dessert, Paris, 2008, n° 180
La plupart des Lobi possèdent des autels soit individuels
soit collectifs dédiés à des thila : généralement ceux de
leur aïeux proches (père ou grand-père) ou de leur ancêtres
matri- et patrilinéaires. Il existe cependant une catégorie de
devins, les thildara, qui disposent d’autels consacrés à des
thila malveillants, errant sur terre afn de prendre possession
d’âmes humaines. Les thildara, bravant le danger émanant
de ces « défunts malveillants » leur portent un culte afn
de juguler leur pouvoir, les maîtriser et les domestiquer ;
ils s’en servent alors afn de soigner leurs patients. Si des
signes, corroborés par le devin, montrent que le thil d’un tel
défunt a l’intention de se montrer menaçant, le thildaar fait
alors sculpter une grande statue, donnant ainsi un support à
l’esprit en errance, objet du danger. Par ses caractéristiques
formelles ou sa gestuelle, cette sculpture, appelée buthib
kotin, rappellera les intentions malveillantes qu’on prête à
ce mauvais esprit, afn de le contrer. (Baeke, Viviaene, Les
bois qui murmurent - la grande statuaire Lobi, Bruxelles,
2016, p. 92) Pour arrêter son infuence néfaste, ce buthib
kotin adoptera, entre autre, la gestuelle des femmes durant
les funérailles : lorsqu’elles lèvent les deux bras au ciel, il
s’agit d’écarter la mort de la scène rituelle et d'implorer
l’indulgence des ancêtres ; le bras droit seul accuse le
patrilignage, alors que le gauche met en cause le matriclan
(cf. Bognolo, D., Lobi, Milan, 2007, p. 16 et 133, pl. 26 et 27).
Avec sa pose dynamique et sa croute sacrifcielle épaisse,
le buthib kotin Durand–Dessert est une des plus belles
statues connues de ce type. Ce remarquable exemplaire,
aux deux bras rappelant des ailes déployées, ici réduites à
deux mains tendues et aux trois doigts pointus, rend explicite
sa parenté avec un oiseau. En revanche, le minuscule
fessier sculpté suppose qu’il s’agit bien d’un être humain.
A LOBI FIGURE, BUTHIB KOTIN
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