ART LYRIQUE UNE NOURITURE DE L’ÂME Depuis plus de 30 ans, la chanteuse lyrique italienne Cecilia Bartoli enchante le public aux quatre coins du monde par sa voix, son talent d’interprète et une sympathique simplicité que nombre de divas ont cessé de cultiver. Dans un autre registre, la dame est aussi attirée par les garde-temps et les voitures. Cecilia Bartoli se produit à Bozar à Bruxelles ce 1er décembre. Rencontre. Serge Vanmaercke Mezzo-soprano colorature - une voix aux graves puissants et colorés, capable d’agilité dans les aigus -, Cecilia Bartoli est née à Rome en 1966. Fille de chanteurs lyriques, en pétillante adolescente, elle se prédestine néanmoins à devenir danseuse de flamenco. Mais très vite, sa mère et elle-même se sont rendues compte de l’incroyable potentiel de sa voix. Elle entreprend des études de chant à Rome à l’âge de 15 ans et participe à son premier opéra sur scène en 1987, à peine âgée de 21 ans. Ses interprétations de Mozart et de Rossini sont rapidement saluées dans le monde entier, et ses débuts éblouissants en 1995 au Metropolitan Opera de New York, où elle incarne Despina dans Così fan tutte, lui assurent des rôles de premier plan dans les plus grands opéras du monde. Plus de 30 ans de carrière, presqu’autant d’albums dont certains ont connu un succès planétaire, et une jeunesse à peine entamée malgré ses 55 printemps : Cecilia Bartoli ne cesse de confirmer son talent et la pureté de sa voix. La dame a toujours pris soin d’elle, et de sa voix en particulier. Outre son talent de musicienne, elle est aussi une fieffée musicologue. Chaque année, elle effectue des recherches poussées en vue de nouveaux albums. Maria, un de ces albums à succès, établit un lien intime avec la Belgique puisqu’il est consacré à la Malibran, une chanteuse extrêmement populaire du début du XIXe, épouse du violoniste belge Charles de Bériot. « Je me souviens très bien du projet autour de cette mezzosoprano légendaire. Sur cet album « Maria » figure entre autres une grande scène écrite par Felix Mendelssohn « Infelice », dédiée à ce couple, Maria Malibran et Charles de Bériot. C’est mon grand ami Maxim Vengerov qui m’accompagnait dans cet enregistrement. » Maria Malibran (1808-1836) a notamment vécu dans un superbe pavillon dominant la Place Fernand Coq à Ixelles (devenu ensuite Maison communale). Sa dépouille repose dans un petit mausolée du cimetière de Laeken. Retour à la maison Lors de notre entretien, Cecilia Bartoli avait déjà fixé le répertoire qui serait proposé à Bruxelles. L’élément central du programme sera le fameux « Stabat Mater » de Pergolesi : il s’agit là d’un chef-d’œuvre absolu, d’une beauté sublime et profonde. Le jeune contreténor Carlo Vistoli m’accompagnera avec Les Musiciens du Prince– Monaco, un orchestre d’instruments d’époque que nous avons fondé en 2016 avec le support du Prince de Monaco. » <strong>Miles</strong> - Appréciez-vous l’acoustique de la Salle Henry le Bœuf où vous vous produisez ? Cecilia Bartoli - Oui, absolument ! L’acoustique de la salle est un facteur très important lors d’un concert : non seulement pour la perception de la part du public, mais aussi pour nous, les interprètes. Moi-même je dois pouvoir m’écouter. J’écoute les musiciens de l’orchestre. Les musiciens s’écoutent entre eux. Et selon la réverbération, les couleurs et la précision de ce retour, notre interprétation change. Si l’acoustique est bonne, il nous semble quelques fois avoir des ailes avec lesquelles on peut faire voler la voix. Cela fait presque 30 ans que je reviens régulièrement dans la grande salle de Bozar. Pour moi, c’est un peu comme rentrer chez moi, dans une maison que j’aime où j’ai vécu beaucoup de beaux moments. M - Outre le travail de la voix et le travail sur les partitions, vous faites beaucoup de recherches musicales. CB - Avec mon travail de recherche, je crée un lien entre le passé, le présent et le futur : ce renouvellement de la tradition est 66 Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV
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