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<strong>LG</strong><br />
NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2021<br />
3<br />
ÉDITO<br />
PAR MARTINA CAPPUCCIO<br />
La polémique «nucléaire versus gaz» crée<br />
des tensions électriques en Europe…<br />
Chacun l’aura remarqué sur sa facture annuelle: le coût de<br />
l’électricité s’est envolé. Aussi surprenant que cela puisse paraître,<br />
ce phénomène tient son origine dans l’augmentation de celui du<br />
gaz. En effet, au sein de l’UE, le prix de gros de l’électricité dont<br />
doivent s’acquitter nos fournisseurs est déterminé par la centrale<br />
la plus chère réquisitionnée. Si, à un instant T, le mix énergétique<br />
auquel l’Europe fait appel pour produire 100% de son électricité<br />
comprend ne serait-ce qu’un infime pourcentage de gaz, alors c’est<br />
la centrale à gaz réquisitionnée qui déterminera le prix de l’ensemble<br />
des ressources énergétiques utilisées, puisqu’il s’agira de la plus<br />
onéreuse. Un non-sens dans la mesure où il parait évident qu’une<br />
telle infrastructure aura des coûts de fonctionnement largement<br />
supérieurs à ceux d’une centrale éolienne ou solaire…<br />
Par ailleurs, si le prix du gaz augmente c’est notamment la conséquence<br />
de l’application de la taxe carbone de l’Union européenne, mais surtout<br />
le reflet d’un déséquilibre entre l’offre des pays producteurs de gaz et<br />
la demande mondiale stimulée par la reprise post-Covid. Parmi ces<br />
producteurs, l’on retrouve la Norvège et l’Algérie – dont la production<br />
décline – mais aussi la Russie, temporisant sa production dans l’attente<br />
de la finalisation de la construction d’un gazoduc, le Nord Stream 2, la<br />
reliant directement à l’Allemagne. La création de cette infrastructure<br />
hors-norme fait l’objet de nombreuses polémiques, notamment car<br />
elle menacerait la sécurité énergétique du pays et affaiblirait ainsi la<br />
position de l’Allemagne et de l’Europe dans leurs relations stratégiques<br />
avec la Russie dans d’autres domaines de négociation.<br />
L’UE reste par ailleurs dépendante du gaz pour chauffer ses<br />
habitations. Le Luxembourg parvient à réduire fortement<br />
ses besoins en la matière en encourageant à la rénovation des<br />
bâtiments et en imposant des normes élevées aux nouvelles<br />
constructions. Toutefois, comme tous les États membres, le<br />
pays doit supporter l’électrification croissante de sa société et<br />
reste à ce titre dépendant de cette énergie fossile, puisque 7%<br />
de l’électricité européenne sont encore produits à partir de<br />
cette source. Quant à l’alternative que pourrait représenter le<br />
nucléaire, le Luxembourg s’y oppose farouchement, notamment<br />
à cause de la gestion future des déchets dangereux qu’il implique.<br />
Si ces arguments semblent fondés, le gaz n’offre pas non plus de<br />
perspective durable satisfaisante. C’est pourtant ce que semble<br />
penser la Commission européenne, qui envisage d’inscrire, d’ici<br />
la fin de l’année 2021, cette ressource dans la «Taxonomie verte<br />
de l’UE», soit la liste d’énergies durables que l’Europe financerait<br />
à taux d’intérêts réduits…<br />
Face à l’urgence climatique, le monde entier est en train de<br />
perdre une course contre la montre pourtant vitale. Le nucléaire<br />
offre dans ce cadre une solution immédiate pour éviter les<br />
émissions nocives, tout en créant une problématique des déchets<br />
que les gouvernements devront solutionner à long terme.<br />
Mais les effets négatifs du nucléaire sont-ils aussi néfastes que<br />
les conséquences environnementales et géopolitiques d’une<br />
consommation renforcée de gaz?