114 <strong>LG</strong> NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2021 Cette belle histoire de famille, rythmée par les coups d’accélérateurs et les marches arrière, se poursuit aujourd’hui dans un contexte économique pour le moins complexe. «Le secteur automobile a toujours été confronté à des mutations technologiques. Comme il a fallu faire une place au diesel alors que toutes les voitures carburaient à l’essence, il faudra prendre le tournant de l’électrification. S’adapter aux évolutions du marché fait partie de la vie d’entrepreneur», considère Ernest Pirsch. Cette leçon, il l’a apprise dans sa vie «associative», au contact de chefs d’entreprise de tous secteurs. L’entrepreneur engagé PORTRAIT Grâce à sa double casquette, le licencié en droit amoureux d’automobile entre au service de sa profession. À peine deux ans après avoir quitté l’université et rejoint l’entreprise familiale, il est approché par la Fédération des garagistes du Grand- Duché de Luxembourg (Fegarlux) pour ses connaissances en droit. «J’ai été sollicité par la Fegarlux qui se posait certaines questions relatives à un règlement européen. J’ai trouvé le dossier intéressant et, surtout, il m’a semblé important qu’une instance comme celle-ci défende notre cause. Lorsqu’on m’a proposé de l’intégrer, j’ai d’emblée accepté», explique Ernest Pirsch. De membre du comité, il gravit les échelons de la Fédération devenant successivement trésorier puis vice-président avant d’en prendre la présidence en 2004. Après douze années à sa tête, il contribue à la xxxx fondation de la House of Automobile, une asbl qui rassemble sous le même toit l’ensemble des acteurs de la filière automobile, à savoir les distributeurs, les professionnels du leasing, et les constructeurs et importateurs. «L’économie est en constante évolution et les discussions autour de la réduction des émissions de gaz à effet de serre représentent un défi majeur pour notre secteur. Nous nous sommes dit qu’il était temps de s’unir et de suivre une ligne commune afin d’apparaître comme un interlocuteur sérieux qui puisse non seulement accompagner le changement mais aussi faire valoir ses propres positions au niveau politique. Pour moi, il est d’une nécessité absolue que quelques-uns s’investissent pour défendre les causes du secteur car chaque action du gouvernement, des administrations ou même de nos fournisseurs a des répercussions directes sur l’exploitation journalière de nos entreprises», expose celui qui, quatre ans durant, prêtera sa voix à l’asbl pour s’en faire le porte-parole. “Il est d’une nécessité absolue que quelques-uns s’investissent pour défendre les causes du secteur automobile ” Fort de cette conviction, il s’investit également dans la Fédération des Artisans. Pendant quatre ans, il y représente les métiers de la mécanique avant de briguer le poste de vice-président qu’il occupera pendant huit ans, jusqu’à ce qu’il advienne inopinément à la présidence lorsque Michel Reckinger, qui campait alors la fonction, quitte son siège pour la présidence de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL). «Connaissant bien les dossiers en cours, j’ai été sollicité pour lui succéder. Unique candidat, j’ai repris le mandat de mon prédécesseur le 1 er juillet, pour deux ans… avant les prochaines élections», explique le président fraîchement élu. Une succession qui survient à mi-mandat, sur fond de pandémie, Ernest Pirsch l’admet «ce n’est pas une situation des plus propices tant il y a de dossiers en cours et de problèmes à régler». En effet, dans l’artisanat, la crise sanitaire est lourde de conséquences pour la trésorerie et la productivité des entreprises auxquelles s’ajoute le lot de défis que soulèvent les transitions digitales et environnementales et la hausse des prix des loyers. «Les challenges et les investissements à prévoir sont tels qu’il nous faut un cadre légal qui permette à l’artisanat, déjà affaibli par la crise, de supporter financièrement cette transition. Si nous sommes en échange constant avec les politiques, c’est pour trouver les solutions qui nous permettrons de la financer tout en assurant la survie de nos entreprises et le maintien de l’emploi», affirme le nouveau président. Parmi les autres dossiers qui s’empilent sur son bureau, celui de la formation pèse lui aussi de tout son poids sur l’artisanat. Si les métiers évoluent rapidement, la maind’œuvre qualifiée, elle, se fait de plus en plus rare. Fortement préoccupée par la situation, la Fédération a ouvert deux centres de formation, l’un dédié au génie technique et l’autre au parachèvement, où quelque 5.000 personnes par an suivent des formations adaptées à l’évolution des besoins du marché. Bien que vastes, les défis qui l’attendent n’intimident pas le nouveau président. «Tant que l’on aura besoin de moi, je serai prêt à m’investir pour la Fédération», exprime-t-il avec son engagement sans faille. L’avenir, il l’envisage aussi et surtout dans la concession familiale: «Il s’agit de mon premier et, je l’espère, de mon dernier emploi», confie-til. Père de deux filles dont il soutiendra les choix de vie et de carrière avec bienveillance, il se dirait fier de les voir reprendre le garage Pirsch. En attendant, Ernest Pirsch restera derrière son bureau de la route d’Esch avec sa sœur Tania ou, en vrai mordu d’automobile, derrière le volant du 4x4 qu’il aime piloter durant son temps libre. n
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