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Essentiel du Sup Prépas N°53 - Octobre 2021

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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OCTOBRE <strong>2021</strong> | N° 53<br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

ENTRETIENS<br />

Isabelle Huault (emlyon)<br />

Nicolas Arnaud (Sigem)<br />

Jean-François Fiorina (Grenoble EM)<br />

Laurent Champaney (CGE)<br />

PORTRAIT<br />

Christophe Germain (Audencia BS)<br />

DÉBAT<br />

L’enseignement supérieur<br />

et le changement climatique<br />

Programmes Grande école,<br />

les tendances <strong>2021</strong>-2022


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

RETOUR SUR LES CAMPUS<br />

Retrouver ses étudiants, mais quel bonheur ! Cette rentrée post-Covid<br />

est celle des retrouvailles comme le souligne le directeur général de l’Edhec,<br />

Emmanuel Métai : « Alors que l’on nous prédisait une école 100 % à<br />

distance et des cours dispensés par des robots-enseignants à horizon de<br />

10 ans, nous avons réalisé avec encore plus d’acuité à quel point l’enseignement<br />

en présentiel était une composante indispensable à la formation<br />

de nos futurs diplômés. Dans ce cadre, offrir une expérience étudiante<br />

de premier plan est apparu plus nécessaire que jamais ». L’heure est justement<br />

à la construction de nouveaux campus et à la réhabilitation des<br />

anciens. À Paris les nouveaux locaux parisiens de Neoma BS viennent<br />

ainsi d’être inaugurés.<br />

De nouveaux usages. Il ne s’agit pas de rebâtir des campus à l’ancienne mais de se<br />

projeter dans de nouveaux usages analyse Elian Pilvin, directeur de l’EM Normandie,<br />

qui va inaugurer un nouveau campus à Paris début 2022 et vient d’en inaugurer un<br />

autre au Havre : « La crise sanitaire nous aura montré que plus on fait <strong>du</strong> digital dans<br />

de grands groupes, plus il est nécessaire de faire <strong>du</strong> présentiel en petits groupes.<br />

La salle de classe sera de plus en plus un espace d’apprentissage en mode projet<br />

ou de prototypage. Notre campus sera tout sauf figé avec un space planning très<br />

évolutif. Et nous voulons également qu’il constitue un continuum avec la ville, un trait<br />

d’union vers la cité ».<br />

Des lieux de vie. Des campus qui doivent également être de plus en plus des lieux<br />

de vie comme le rappelle la directrice générale de Skema, Alice Guilhon : « Nous voulons<br />

donner à chacun de nos étudiants le choix de venir ou pas sur des campus qui<br />

sont aussi des lieux de vie. Ce sont en quelque sorte des prolongements de leur<br />

maison. D’ailleurs nos étudiants sont revenus sur les campus dès que la jauge l’a<br />

permis. L’enseignement en ligne ne peut pas prendre le pas sur la dialectique classique.<br />

Pour apprendre il faut de l’interaction, <strong>du</strong> contact, se voir pour mieux parler,<br />

se comprendre ».<br />

Faire cohabiter deux modèles. Après cette expérience traumatisante qu’a été le<br />

Covid, les établissements d’enseignement supérieur sont plus que jamais persuadés<br />

de la nécessité de créer de nouveaux campus explique Delphine Manceau, la<br />

directrice générale de Neoma BS : « Les campus seront toujours aussi importants<br />

mais différents, avec plus d’espaces différencias, de co-working, d’innovation. L’expérience<br />

de la pandémie nous a bien montré la nécessité de créer des liens entre les<br />

étudiants. Le distanciel doit être réservé à des activités bien spécifiques ».<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • « Le bilan <strong>du</strong> SIGEM <strong>2021</strong> est plutôt positif »<br />

6 • « Nous sommes attachés à l’équité<br />

de traitement des candidats »<br />

9 • Des rentrées en mode RSE<br />

13 • Masters in management <strong>du</strong> FT : le statu quo<br />

14 • Neoma inaugure son nouveau<br />

campus parisien<br />

PUBLI INFORMATION<br />

11 • Créons nos métiers de demain<br />

20 • Refonte <strong>du</strong> PGE IMT-BS :<br />

un nouveau programme<br />

axé compétences et DD&RS<br />

ENTRETIENS<br />

15 • Isabelle Huault, Directrice générale<br />

de emlyon BS<br />

22 • Laurent Champaney, Président de la<br />

Conférence des Grandes écoles (CGE)<br />

Directeur général des Arts et Métiers<br />

DOSSIER<br />

25 • Programmes Grande école,<br />

les tendances <strong>2021</strong>-2022<br />

PORTRAIT<br />

31 • Comment se forge un destin ?<br />

DÉBAT<br />

35 • Comment enseigner le changement<br />

climatique dans l’enseignement<br />

supérieur ?<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’<strong>Essentiel</strong> <strong>du</strong> sup » est une publication <strong>du</strong> groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole <strong>du</strong> Chomont<br />

(f.bole<strong>du</strong>chomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : EDHEC BS<br />

2


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

« Le bilan <strong>du</strong> SIGEM <strong>2021</strong><br />

est plutôt positif »<br />

C’était sa première année à la tête <strong>du</strong> SIGEM. Et il en tire un bilan<br />

positif. Le retour <strong>du</strong> président <strong>du</strong> SIGEM et directeur des programmes<br />

d’Audencia, Nicolas Arnaud, sur la campagne <strong>2021</strong>.<br />

Quel bilan tireriez-vous <strong>du</strong> SIGEM <strong>2021</strong> pour<br />

votre première année à sa présidence ?<br />

Le bilan, <strong>du</strong> point de vue <strong>du</strong> Sigem, est plutôt positif dans<br />

la mesure où les indicateurs sont, au niveau global, bons<br />

voire très bons. Sur 9 959 candidats inscrits en amont<br />

aux concours BCE et Ecricome, 9 251 ont été déclarés<br />

admissibles par l’une ou l’autre des 27 écoles en lice et<br />

invités à se présenter aux épreuves orales. À l’issue des<br />

oraux, 8 581 candidats ont été classés par les écoles lors<br />

des jurys d’admission et invités à formuler leurs vœux<br />

par ordre de préférence pour l’affectation finale dans<br />

une école. Le nombre de candidats non-affectés (après<br />

avoir exprimé au moins un vœu) baisse significativement :<br />

317 en <strong>2021</strong> par rapport à 568 en 2020. Le nombre de<br />

démissions (candidats classés n’ayant pas exprimé de<br />

vœu, a priori dans la perspective de cuber) est également<br />

en baisse : 742 en <strong>2021</strong> par rapport à 884 en 2020. Le<br />

ratio nombre d’affectés sur nombre de places ouvertes<br />

est de 96 % en <strong>2021</strong> (97 % en 2020, 94 % en 2019). Ces<br />

bons résultats au global sont certainement autant à la<br />

volonté des élèves de prépas de profiter pleinement de<br />

leurs oraux cette année et de se projeter sereinement<br />

dans les écoles qu’à la proactivité de la hotline SIGEM qui,<br />

à chaque étape, a recontacté les admissibles ne s’étant<br />

pas inscrits, ou n’ayant pas fait de vœux, etc. Enfin, le<br />

taux de boursiers est de 26,14 % sur l’ensemble des<br />

candidats affectés en 201, un chiffre stable par rapport<br />

aux années précédentes.<br />

Ce sont de bons résultats au global mais il n’en<br />

reste pas moins que onze écoles n’ont pas rempli<br />

toutes les places qu’elles ouvraient cette année.<br />

Pourquoi ?<br />

Je vois plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, on<br />

constate une augmentation de 90 places ouvertes par<br />

les écoles membres en <strong>2021</strong> (7 855) par rapport à 2020<br />

(7 775), essentiellement portée par des écoles dites de<br />

« haut <strong>du</strong> tableau », alors que le nombre de candidats a<br />

légèrement baissé : 10 232 candidats en 2020 et 9959<br />

en <strong>2021</strong>. Également, il est intéressant de constater que<br />

le nombre en valeur absolue de candidats affectés ces<br />

5 dernières années est globalement stable alors même<br />

que le nombre de candidats varie davantage :<br />

CANDIDATS<br />

BCE ECRICOME<br />

Ensuite, il semblerait que certaines barres d’admissibilité<br />

voire d’admission aient été placées de<br />

manière très sélective dans certains cas, ré<strong>du</strong>isant<br />

mathématiquement le potentiel initial de candidats<br />

pour certaines écoles.<br />

Enfin, il est très probable que le contexte sanitaire<br />

de l’été dernier ait aussi eu un effet sur le taux de<br />

présence dans les écoles pour les oraux.<br />

Le « classement SIGEM » connaît des bouleversements<br />

cette année. Comment les analysez-vous ?<br />

La mission <strong>du</strong> SIGEM n’est pas d’établir un classement<br />

mais simplement de piloter le process d’affectation au<br />

service des écoles membres, et c’est déjà beaucoup !<br />

De ce processus d’affectation, des statistiques de<br />

remplissage et de vœux candidats sont pro<strong>du</strong>its<br />

et communiqués. Plusieurs médias utilisent par la<br />

suite une partie de ces données pour effectuer un<br />

classement, en toute indépendance de la mission <strong>du</strong><br />

bureau SIGEM.<br />

Quelles évolutions peut-on imaginer pour le<br />

Sigem dans les années à venir ?<br />

<strong>2021</strong> 2020 2019 2018<br />

9 959 10232 10 546 10 799<br />

AFFECTÉS 7 522 7 538 7 515 7 574<br />

NOMBRE DE PLACES 7 855 7 775 7 966 7 899<br />

TAUX<br />

DE REMPLISSAGE<br />

96 % 97 % 94 % 96 %<br />

Après cette première expérience en tant que président<br />

<strong>du</strong> SIGEM, j’ai effectivement pu identifier quelques<br />

pistes pour continuer à faire évoluer positivement<br />

l’efficacité de la procé<strong>du</strong>re. Ainsi, il me semble par<br />

exemple intéressant de réfléchir à des actions susceptibles<br />

de renforcer l’information en amont sur<br />

la procé<strong>du</strong>re SIGEM, par exemple dès l’inscription<br />

BCE et/ou Ecricome si les banques d’épreuves y<br />

96 % d’affectés<br />

Sur les 7 839 qui ont exprimé<br />

au moins un vœu pour une<br />

école, 7 522 sont affectés dans<br />

une école (96 %). En 2020,<br />

année atypique, ils étaient<br />

7 538 affectés sur 8 106 vœux<br />

exprimés (93 %) et en 2019,<br />

ils étaient 7 515 affectés sur<br />

7 807 vœux exprimés (96 %).<br />

Le taux de remplissage des<br />

places ouvertes par les écoles<br />

est de 96 % en <strong>2021</strong>. Il était<br />

de 96.95 % en 2020, mais il<br />

ne serait pas pertinent de faire<br />

de comparaison avec cette<br />

année (très singulière liée à<br />

l’absence d’épreuves orales) et<br />

de 94.34 % en 2019. Malgré<br />

la diminution régulière<br />

<strong>du</strong> nombre de candidats<br />

inscrits aux concours en<br />

amont, on constate donc<br />

une grande stabilité <strong>du</strong><br />

nombre de candidats<br />

affectés dans les écoles ces<br />

trois dernières années.<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Audencia BS<br />

sont favorables, ainsi qu’en travaillant encore plus<br />

étroitement avec l’APHEC et ses membres. Ce sera<br />

un point de discussion lors de la prochaine AG SIGEM<br />

de l’automne.<br />

Nous ferons en sorte également de maintenir, voir de<br />

renforcer la proactivité de la hotline <strong>du</strong>rant toutes<br />

les étapes, c’est-à-dire pas seulement répondre aux<br />

appels entrants mais aussi émettre des appels vers<br />

les candidats n’ayant pas effectué telle ou telle étape<br />

de la procé<strong>du</strong>re.<br />

Enfin, il s’agira naturellement d’adapter le SIGEM<br />

aux souhaits des écoles et d’évolution des banques<br />

d’épreuves, en particulier en vue <strong>du</strong> concours 2023,<br />

qui rappelons-le, sera le 1er concours pour la nouvelle<br />

filière ECG que les nouveaux préparationnaires<br />

intègrent ce mois septembre.<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

« Nous sommes attachés à l’équité<br />

de traitement des candidats »<br />

Comment les écoles peuvent-elles s’ouvrir encore plus<br />

à la diversité sociale ? Le débat est vif dans les écoles de commerce.<br />

Le regard de Jean-François Fiorina, directeur général<br />

adjoint de Grenoble EM.<br />

Les Grande écoles, notamment de<br />

management, se voient toujours accusées<br />

de ne pas favoriser la diversité sociale. Que<br />

pensez-vous des initiatives qui sont prises<br />

pour majorer les notes des boursiers aux<br />

oraux ?<br />

Nous sommes attachés à une certaine équité de traitement<br />

des candidats. Ces initiatives nous interpellent.<br />

Mais leur légalité reste à vérifier. Il faudra peut-être<br />

que nous nous alignions sur elles. Je tiens d’ailleurs<br />

à rappeler que les écoles font déjà beaucoup pour la<br />

diversité. Ici à GEM nous avons ainsi créé un concours<br />

« Postbac Diversité » qui accompagne dès le bac des<br />

étudiants d’origine sociale modeste (d’où un taux de<br />

boursiers très élevé), ou en situation de handicap,<br />

vers notre Programme Grande École. C’est ce type de<br />

dispositifs qu’il faut développer plutôt que de créer des<br />

complications qui, au final, n’apportent pas grand-chose.<br />

Les professeurs de classes préparatoires<br />

estiment de leur côté que le principal<br />

frein à la diversité dans vos écoles est<br />

l’augmentation des frais de scolarité. N’eston<br />

pas allé trop loin ?<br />

Il est important de rappeler que l’Etat ne nous soutient<br />

pas et que nous devons créer nos propres ressources.<br />

C’est pour cela qu’il y a des frais de scolarité. Le reste<br />

<strong>du</strong> budget est financé par les entreprises, la taxe<br />

d’apprentissage ou des programmes de recherche.<br />

GEM ne reçoit aucune subvention, ni de l’Etat, ni de<br />

son actionnaire la CCI de Grenoble. Or l’accès privilégié<br />

au marché <strong>du</strong> travail que nous assurons requiert une<br />

expertise qu’il faut pouvoir financer. Créer un dispositif<br />

d’apprentissage comme nos GEM Labs ce n’est<br />

pas comme éditer une slide de plus dans un cours !<br />

Cela permet à nos étudiants de toucher <strong>du</strong> doigt des<br />

systèmes d’information complexes.<br />

D’autant que notre coût de formation augmente que ce<br />

soit pour le recrutement de nouveaux professeurs et<br />

d’accompagnants que pour une innovation pédagogique<br />

qui passe par le recours aux nouvelles technologies.<br />

Il nous faut donc proposer un dispositif de bourses<br />

sociales conséquent pour que personne ne soit rejeté<br />

par les écoles faute de moyens financiers suffisants.<br />

Le recours à l’apprentissage permet à de<br />

nombreux étudiants de financer leur cursus.<br />

GEM a justement créé son propre CFA<br />

(centre de formation d’apprentis). Comment<br />

l’apprentissage doit-il évoluer selon vous<br />

aujourd’hui ?<br />

La question centrale est celle <strong>du</strong> coût contrat, c’est-àdire<br />

le montant auquel France Compétences rétribue<br />

les écoles pour chaque apprenti. Ce coût contrat doit<br />

être réévalué mais dans quelles conditions ? Aujourd’hui,<br />

notamment parce qu’elles sont aidées par l’Etat, les<br />

entreprises ne rechignent pas à mettre la main à la<br />

poche pour compenser le différentiel avec nos coûts,<br />

le feront-elles toujours demain hors les métiers en<br />

tension ? Cela risque de les con<strong>du</strong>ire à mettre les<br />

écoles en concurrence.<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Chaque année Jean-François Fiorina accueille l’ensemble des étudiants <strong>du</strong> programme Grande école<br />

dans le hall de Grenoble EM pour une photo rituelle. Masquée cette année !<br />

GEM<br />

La Cefdg (Commission d’évaluation des<br />

formations et diplômes de gestion) fait<br />

évaluer son référentiel pour mettre en avant<br />

les notions de compétences. Comment les<br />

écoles abordent-elles ce sujet ?<br />

C’est un chantier dans lequel les écoles devront peser<br />

ensemble. Aujourd’hui elles possèdent de belles machines<br />

en recherche. Dans l’hôtellerie elles seraient des 4 ou<br />

des 5 étoiles. Elles n’ont donc pas envie qu’on les fasse<br />

passer dans des référentiels prévus pour des 2 ou des<br />

3 étoiles. C’est un enjeu de souveraineté.<br />

Le virtuel peut être un recours mais il demande des<br />

investissements. D’autant que beaucoup d’établissements,<br />

notamment les classes préparatoires, sont loin<br />

d’être équipés. Sans parler aussi des cours à distance.<br />

On a vu <strong>du</strong>rant la pandémie les réactions des étudiants.<br />

Quels déplacements faut-il maintenir ? Sans doute<br />

faut-il les concentrer sur des temps précis. Fondé sur<br />

les déplacements, notre modèle doit être transformé<br />

sans pour autant nous mettre en danger.<br />

GEM est en pointe depuis toujours sur les<br />

questions de responsabilité sociétale et<br />

environnementale (RSE). Comment agir<br />

sur la question particulièrement épineuse<br />

des déplacements, de professeurs et<br />

d’étudiants, qui sont au cœur <strong>du</strong> projet des<br />

business schools tout en étant fortement<br />

émetteurs de carbone ?<br />

Nous entamons une réflexion à ce sujet sachant qu’il<br />

ne faut surtout pas tout jeter <strong>du</strong> jour au lendemain de<br />

ce qui a fait notre modèle. C’est un chantier titanesque<br />

alors que nous nous déplaçons beaucoup d’un campus à<br />

l’autre, pour des séjours académiques, des congrès ou<br />

encore de la prospection pour faire venir des étudiants<br />

internationaux sur nos campus.<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Des rentrées en mode RSE<br />

Trois entrées de Grandes écoles de management. Trois façons de mettre<br />

les étudiants en condition autour de grands thèmes de société.<br />

Nous sommes allés à la rencontre d’Audencia, ESCP et Grenoble EM.<br />

Avec son Défi de la Rentrée GEM mise sur les<br />

serious games<br />

On les sent un brin décontenancés. Ce 13 septembre<br />

les 700 étudiants de 1 ère année <strong>du</strong> Programme grande<br />

école de GEM commencent à suivre leur « Défi de la<br />

rentrée ». 10 jours dans l’espace, au sein d’un monde<br />

qui s’est laissé envahir par un usage <strong>du</strong> numérique à<br />

outrance. L’objectif est aussi bien de faire connaissance<br />

d’une façon « décalée, originale et expérientielle »<br />

que d’en faire des « early influencer positif » pour<br />

« les usages <strong>du</strong> numérique et impacter la société ».<br />

En immersion au cœur d’une smartfiction à l’univers<br />

dystopique fondée sur une bande dessinée, les étudiants<br />

ont pour mission de trouver des alternatives<br />

en faveur de la reconquête <strong>du</strong> libre arbitre. En équipe,<br />

ils mènent une réflexion sur six thématiques : santé<br />

et bien-être ; smart building ; mobilité et transports ;<br />

travail hybride ; espaces urbains ; parcours client. Pour<br />

ce faire, ils travaillent sur 19 controverses dans la vie<br />

quotidienne (drones de livraison, pacemakers intelligents,<br />

compteurs connectés, robots collaboratifs, etc.)<br />

préparées avec l’institut de recherche technologique<br />

(IRT) spécialisé dans la transition numérique Nanolec.<br />

« Vous allez passer dix jours pendant lesquels vous<br />

travaillerez énormément. Soyez concentrés et pensez<br />

à ce que vous allez présenter », explique Armelle<br />

Godener, directrice de la pédagogie à GEM au groupe<br />

qu’elle va suivre tout au long <strong>du</strong> défi et qui vient de<br />

passer par un exercice de relaxation, assis sur les<br />

bureaux. « Après leur classe préparatoire nous les<br />

poussons à vite apprendre à réfléchir par eux-mêmes<br />

et à sortir <strong>du</strong> cadre », explique-t-elle.<br />

Ces 10 jours sont fondés sur la méthode bien connue<br />

<strong>du</strong> design thinking en 4 étapes. Une méthode initiée au<br />

sein des « GEM Labs » créés par GEM il y a deux ans.<br />

« Avec aussi bien des étudiants que des entreprises<br />

nous y développons toutes sortes de projets souvent<br />

fondés sur un jeu », explique Agnès Braize, directrice<br />

<strong>du</strong> développement programmes d’avenir de GEM. Des<br />

Rubiks Cube géants, des boîtes de jeux de carte ou même<br />

des petites fioles type bouteilles à la mer simulant les<br />

21 jours nécessaires à un projet d’innovation, les idées<br />

sont multiples - souvent à l’initiative de la professeure<br />

Hélène Michel -, les prix reçus par l’école également.<br />

Mais avec ses GEM Labs l’école a voulu voir plus grand.<br />

Témoin cette salle de design thinking, le TIM Lab, au sein<br />

de laquelle les différentes phases de design thinking<br />

sont indiquées par des leds changeantes. Et même de<br />

la musique. « Ces changements de couleurs permettent<br />

de mieux visualiser les étapes comme le mobilier conçu<br />

spécialement par notre partenaire », reprend la directrice.<br />

Encore plus étonnant : le GEM lab possède deux magasins<br />

: une supérette, l’autre de vêtements dans lesquels<br />

on entre après être passés par un petit appartement.<br />

« Nous y montrons aux étudiants que l’on peut être<br />

totalement mis en condition pour favoriser nos achats.<br />

Après nous avoir reconnus avec la reconnaissance<br />

vocale, la salle d’essayage de vêtements peut nous<br />

faire passer la musique que nous aimons, ou même<br />

un parfum que nous apprécions. » D’abord fascinés,<br />

les étudiants se disent vite inquiets. « C’est ce que<br />

nous attendons d’eux ! ». Et c’est aussi l’objectif <strong>du</strong><br />

Défi de la rentrée.<br />

Le Championnat <strong>du</strong><br />

numérique raisonné<br />

Les étudiants de GEM<br />

ont achevé leur Défi en<br />

participant au Championnat<br />

<strong>du</strong> numérique raisonné animé<br />

par Micro-ondes (via une<br />

émission de radio en Live),<br />

Escapades et GEM en débat,<br />

3 associations d’étudiants<br />

de GEM et en partageant<br />

leurs pro<strong>du</strong>ctions auprès<br />

des partenaires in<strong>du</strong>striels<br />

et des alumni de l’école.<br />

Aurélien Acquier présente aux nouveaux étudiants de ESCP les partenaires de l’école dans la RSE<br />

ESCP<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

3 jours de séminaires, trois mois de travail : les<br />

étudiants de ESCP au cœur des questions de<br />

<strong>du</strong>rabilité<br />

Depuis maintenant trois ans les nouveaux étudiants <strong>du</strong><br />

programme Grande école de ESCP, tout juste sortis de<br />

leurs classes préparatoires, débutent leur année par<br />

un séminaire intitulé « Designing tomorrow Business<br />

& Sustainibility » suivi de trois mois de travail sur une<br />

controverse. « Nous avons commencé par créer un<br />

programme de spécialistes destiné aux spécialistes<br />

puis il nous est apparu que ces questions étaient<br />

trop importantes pour que tous nos étudiants, <strong>du</strong><br />

bachelor à l’Executive MBA, n’y soient pas formés »,<br />

définit Aurélien Acquier, le doyen associé à la transition<br />

<strong>du</strong>rable et co-concepteur <strong>du</strong> séminaire. Après<br />

avoir suivi différentes conférences les étudiants<br />

rencontrent, par groupes de trente, des alumni de<br />

ESCP qui traitent de ces sujets. « C’est important<br />

pour eux de rencontrer des modèles positifs qui ont<br />

su faire évoluer leurs pratiques et donnent de l’espoir<br />

», souligne Anne-Charlotte Teglborg, professeur<br />

à ESCP et co-conceptrice <strong>du</strong> séminaire. C’est d‘autant<br />

plus important que la confrontation avec les enjeux<br />

climatiques les fait passer par des états émotionnels<br />

que l’ESCP débriefe tout au long <strong>du</strong> processus.<br />

Suivent pour les étudiants trois mois de travail sur<br />

une controverse - cette fois-ci par groupes de cinq -,<br />

qu’ils ont choisie. « Les obligations vertes : miracle ou<br />

mirage ? », « L’in<strong>du</strong>strie aéronautique face à l’urgence<br />

climatique » ou encore « Le nucléaire dans la transition<br />

énergétique » leurs rapports leur permettent<br />

de rencontrer de nombreux responsables et d’établir<br />

des états des lieux passionnants. « Depuis leur classe<br />

de 3 e peu ont eu l’occasion de travailler en groupe et<br />

surtout d’établir des problématiques sur des sujets<br />

pour lesquels il n’existe pas de solution simple. C’est<br />

un exercice qui les rapproche et les fait entrer dans<br />

ce qu’est une école de management », reprend Anne-Charlotte<br />

Teglborg.<br />

Alors que tous les personnels de ESCP ont déjà<br />

suivi une Fresque <strong>du</strong> Climat, ce programme con<strong>du</strong>it<br />

également à des évolutions en interne. « Ces actions<br />

permettent de créer des collaborations entre tous les<br />

départements de l’école. Marketing, finance, RH, droit,<br />

tous sont mobilisés pour construire un collectif autour<br />

de ces thématiques », se félicite Aurélien Acquier, qui<br />

insiste sur « le rôle positif que les entreprises ont à<br />

jouer » alors qu’il faut maintenant « revisiter ce qu’est<br />

le PIB comme toute la chaine de création de valeurs »<br />

à l’aune des transformations environnementales.<br />

La rentrée en mode<br />

RSE d’Audencia<br />

C’est une rentrée presque<br />

comme toutes les autres<br />

que vivent cette année les<br />

étudiants <strong>du</strong> PGE d’Audencia.<br />

Bien sûr ils sont masqués<br />

mais ils sont tous là dans<br />

le grand amphithéâtre<br />

<strong>du</strong> Palais des congrès de<br />

Nantes pour rencontrer des<br />

spécialistes de la RSE et<br />

<strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable.<br />

« Vous nous avez manqué,<br />

nous sommes contents de<br />

vous retrouver aujourd’hui. »<br />

Directeur général d’Audencia,<br />

Christophe Germain recevait<br />

ce 6 septembre l’ensemble<br />

de ses nouveaux étudiants.<br />

L’occasion de présenter sa<br />

stratégie, son école de la<br />

transition environnementale<br />

et sociale Gaia, son futur<br />

nouveau campus parisien,<br />

son campus de Sao Paulo<br />

ou encore sa future<br />

nouvelle implantation à<br />

Shanghai. Face à lui 525<br />

étudiants. Tous sortis de<br />

classes préparatoires.<br />

La stratégie de Audencia<br />

passe aujourd’hui largement<br />

par le développement de<br />

son école de son école de la<br />

transition environnementale<br />

et sociale, Gaia. Sur la scène<br />

<strong>du</strong> Palais des Congrès de<br />

Nantes les intervenants sont<br />

justement venus expliquer aux<br />

étudiants comment répondre<br />

aux défis environnementaux.<br />

Comme Frédéric Mugnier,<br />

qui a créé son entreprise<br />

de vêtements, Faguo, il y a<br />

douze ans et a été le premier<br />

à calculer son bilan carbone :<br />

« Dans les écoles on devrait<br />

apprendre à calculer son<br />

bilan carbone. Comme nous<br />

qui espérions pro<strong>du</strong>ire des<br />

paires de chaussure sans<br />

aucun rejet de carbone. Nous<br />

n’y sommes pas parvenus<br />

mais nous avons ré<strong>du</strong>it notre<br />

empreinte de moitié en douze<br />

ans ». 2 millions de pro<strong>du</strong>its<br />

ven<strong>du</strong>s plus tard – et autant<br />

d’arbres plantés – il espère<br />

bien faire évoluer toute la<br />

filière vers l’utilisation de<br />

cotons recyclés et d’autres<br />

pro<strong>du</strong>its moins impactants.<br />

Même ambition <strong>du</strong> côté<br />

d’Anne Laurence, directrice<br />

D’autres programmes<br />

D’autres programmes sont<br />

proposés aux étudiants de<br />

bachelor et un programme<br />

dédié a même été créé pour<br />

les étudiants de ESCP qui<br />

arrivent en deuxième année<br />

<strong>du</strong> cursus. Fin <strong>2021</strong> ce seront<br />

100 % des étudiants de l’école<br />

qui auront été formés aux<br />

enjeux de la <strong>du</strong>rabilité et des<br />

changements climatiques.<br />

de Comité 21, une association<br />

nantaise qui conseille<br />

les entreprises dans leur<br />

transition environnementale,<br />

qui remarque qu’il y a « un<br />

vrai enjeu d’inclusion dans<br />

ces questions qui, pour<br />

l’instant, intéressent surtout<br />

des femmes et des jeunes<br />

diplômés ». Des publics qui<br />

attendent de leur entreprise<br />

qu’elles leur apportent aussi<br />

<strong>du</strong> « bien-être ». Sur la<br />

plateforme Jobsmakesense<br />

Nicolas Vergné propose<br />

justement des « emplois à<br />

impact ». Lui-même diplômé<br />

de Audencia en 2017, il<br />

vient également de créer<br />

une association d’alumni<br />

d’Audencia concernés par ces<br />

questions : « Il faut prendre<br />

conscience dès l’école qu’il<br />

existe tout un environnement<br />

associatif passionnant. Il ne<br />

faut pas seulement réfléchir<br />

en termes de retour sur<br />

investissement alors qu’on<br />

peut très bien gagner sa vie<br />

en ayant un impact positif ».<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Créons nos métiers<br />

de demain<br />

Les désirs et la connaissance <strong>du</strong> monde changent avec l’âge.<br />

Les métiers dont nous rêvions enfant se révèlent parfois être une déception,<br />

une grande source d’ennui, générant une soif de nouveauté.<br />

De nos jours, même certains a<strong>du</strong>ltes ne savent<br />

pas encore ce qu’ils veulent devenir, alors<br />

imaginez les enfants et les lycéens ! La personnalité<br />

d’un adolescent de 15 ans ou celle<br />

d’un a<strong>du</strong>lte sont sensiblement différentes.<br />

En effet, le marché <strong>du</strong> travail évolue si rapidement que<br />

même les quadragénaires se sentent souvent dépassés.<br />

Aujourd’hui, Millennials et Zoomers considèrent qu’être un<br />

Instagramer ou un TikToker populaire est plus prestigieux<br />

qu’être banquier d’investissement à Wall Street. Les<br />

cyber-sportifs gagnent plus d’argent que les athlètes<br />

traditionnels, et pilote de drone est un vrai métier.<br />

Un nombre incalculable d’experts prévoient qu’un certain<br />

nombre de professions disparaîtront ou deviendront<br />

peu demandées en raison de l’Intelligence Artificielle et<br />

de l’automatisation au cours de la prochaine décennie.<br />

Les secteurs les plus touchés seraient en particulier le<br />

service à la personne et les ventes, le soutien administratif,<br />

la pro<strong>du</strong>ction et le stockage, et enfin l’agriculture.<br />

La pandémie, selon McKinsey, ne fera qu’accélérer ce<br />

processus.<br />

Dans le même temps, un certain nombre de professions<br />

relativement nouvelles ont émergé, avec des titres qui ne<br />

signifieraient rien pour la génération précédente. Parmi<br />

elles, data scientifique, développeur UX, développeur de<br />

chatbot, responsable <strong>du</strong> marketing d’influence, analyste<br />

<strong>du</strong> comportement d’entreprise, etc.<br />

De plus, les concepts mêmes de profession et de métier<br />

sont de plus en plus flous. On demande plus souvent<br />

« que fais-tu » plutôt que « quelle est ta profession »<br />

ou « quel est ton métier » ? Certains intitulés de poste<br />

et certaines activités, comme «Scrum Master» ou<br />

«Influenceur», ne sont même pas compatibles avec la<br />

notion de métier.<br />

Pas étonnant que de nos jours il soit considéré comme<br />

normal et même nécessaire de changer de domaine<br />

d’activité. Certaines études montrent qu’un professionnel<br />

moderne change de carrière deux à cinq fois dans sa<br />

vie. De toute évidence, bon nombre des transitions<br />

professionnelles se pro<strong>du</strong>isent dans des domaines<br />

adjacents. Par exemple, un développeur back-end peut<br />

passer au développement front-end et à la conception<br />

UX, un comptable effectuera un changement dans l’audit<br />

ou le contrôle financier. Mais des changements plus<br />

radicaux ne sont pas rares non plus.<br />

indeed.com a mené une enquête auprès d’un échantillon<br />

aléatoire et diversifié d’employés aux États-Unis avant<br />

la pandémie. Près de la moitié (49 %) des répondants<br />

de 39 ans en moyenne ont fait au moins une fois un<br />

changement radical dans leur carrière. Un changement<br />

radical de carrière implique un changement total<br />

d’activité professionnelle, par exemple en passant de<br />

l’ingénierie au marketing, de la finance à l’é<strong>du</strong>cation. De<br />

plus, la majorité (65 %) de ceux qui n’ont pas encore fait<br />

de changement envisageait sérieusement de changer<br />

radicalement de carrière.<br />

Il y a généralement plus d’une raison derrière chaque<br />

changement de carrière radical. Les plus courantes,<br />

selon cette enquête, sont le mécontentement général<br />

au travail, le manque d’opportunités d’épanouissement<br />

professionnel et personnel, et l’insatisfaction salariale.<br />

Malgré tout cela, on demande toujours à nos enfants<br />

«qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand<br />

?». Cela a-t-il encore un sens? De plus, de nombreux<br />

parents sont souvent convaincus que leurs enfants<br />

sont censés trouver leur seule et unique vocation ou,<br />

s’ils n’en ont pas, au moins acquérir un métier fiable<br />

et trouver un emploi stable au plus vite. Et lorsque les<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

jeunes hommes et femmes mettent trop de temps à<br />

s’installer professionnellement, leur quête de vocation<br />

est souvent considérée comme un signe d’infantilité.<br />

Et ce ne sont pas seulement les parents qui sont sujets<br />

à cette inertie - les systèmes é<strong>du</strong>catifs et les organisations<br />

é<strong>du</strong>catives spécifiques également. Par exemple,<br />

dans les écoles de commerce, l’une des questions les<br />

plus fréquemment posées aux candidats lors de leurs<br />

entretiens d’admission est « quel est votre projet professionnel?<br />

» Les candidats qui semblent plus clairs et<br />

plus déterminés quant à leurs projets de carrière sont<br />

considérés comme plus matures et « sachant ce qu’ils<br />

veulent dans la vie » et ont donc tendance à obtenir plus<br />

de sympathie de la part des intervieweurs. Mais est-il<br />

nécessaire de savoir ce que l’on veut faire pour vivre<br />

quand on n’a que 19 ans? Et ceux qui disent savoir, le<br />

savent-ils vraiment?<br />

C’est à ces questions que les conseillers d’orientation<br />

sont censés répondre. Mais l’orientation professionnelle<br />

est-elle toujours d’actualité en <strong>2021</strong>? Certainement, et<br />

encore plus que jamais. Tout comme le conseil psychologique<br />

est plus demandé en période d’incertitude,<br />

de changement et de volatilité, le conseil en carrière<br />

l’est aussi. Mais il est important de comprendre que le<br />

rôle d’un conseiller d’orientation ne se limite donc pas<br />

à trouver la profession qui correspond le mieux à ses<br />

traits de personnalité et à ses compétences. Si tel était<br />

le cas, le métier de conseiller d’orientation serait parmi<br />

les premiers à périr tant il serait si facile à automatiser<br />

au moyen d’un modèle de Deep Learning et d’un simple<br />

chatbot. Mais il ne périra pas. Au contraire, il est très<br />

demandé.<br />

Le rôle d’un conseiller d’orientation n’est pas très différent<br />

de celui d’un psychologue. Tout comme les psychologues<br />

aident les gens à résoudre leurs conflits intérieurs, à<br />

surmonter leurs peurs irrationnelles, à comprendre et<br />

à répondre à leurs désirs inconscients, les conseillers<br />

d’orientation sont destinés à aider les gens à comprendre<br />

la source de leur insatisfaction professionnelle, à comprendre<br />

leurs véritables désirs, valeurs et intérêts, et<br />

ensemble avec le client identifier un meilleur cheminement<br />

professionnel.<br />

Le douleur et la frustration sont les principales causes qui<br />

poussent les gens à changer radicalement de carrière.<br />

Etant donné le nombre de personnes qui ont radicalement<br />

changé de carrière et compte tenu <strong>du</strong> fait que parmi les<br />

autres, il y a beaucoup de ceux qui n’ont tout simplement<br />

pas eu la chance ou le courage de faire le changement,<br />

il semble que la frustration professionnelle soit presque<br />

inévitable dans le monde moderne à un moment donné<br />

au cours de la vie professionnelle.<br />

Par conséquent, la question que nous devrions poser,<br />

n’est pas «qui veux-tu devenir ?» ou «quel est ton<br />

projet professionnel ?», mais « qu’est-ce que tu aimes<br />

vraiment faire ?» ou «quel travail feriez-vous si l’argent,<br />

les attentes des autres, les circonstances et d’autres<br />

facteurs externes n’étaient pas une préoccupation ?»<br />

Mais le rôle d’un conseiller d’orientation est de suggérer<br />

une direction de changement, pas de mettre en œuvre le<br />

changement. Donc, la prochaine question importante est<br />

- comment mettre en œuvre un changement de carrière?<br />

L’enquête a montré que seulement 37% des personnes<br />

qui changent de carrière s’inscrivent à une formation<br />

formelle ou à des programmes é<strong>du</strong>catifs. Le reste des<br />

personnes qui changent de carrière recherchent des<br />

emplois offrant une formation, acquièrent de nouvelles<br />

compétences grâce à un apprentissage autoguidé ou<br />

transfèrent leurs compétences existantes vers de<br />

nouveaux domaines. En fait, c’est sur la transférabilité<br />

des compétences que s’appuient la plupart des personnes<br />

qui changent de carrière. Les compétences<br />

transférables dans le cadre d’un changement radical de<br />

carrière sont des compétences transversales, c’est-àdire<br />

des compétences qui ne sont pas spécifiquement<br />

liées à un métier particulier, dénominateur commun de<br />

nombreuses professions. Ces compétences incluent, par<br />

exemple, la résolution de problèmes, la communication,<br />

la fiabilité et l’initiative.<br />

Ces compétences ont toujours été recherchées, mais<br />

l’enquête Harris Poll de décembre 2020 a révélé que<br />

les compétences transversales sont plus que jamais<br />

recherchées par les employeurs en raison <strong>du</strong> changement<br />

fréquent de personnel causé par la pandémie.<br />

Une récente enquête Prudential a révélé que pour les<br />

employeurs, la situation s’aggravera encore une fois<br />

la pandémie terminée. Dans le même temps, à long<br />

terme, la pandémie devrait avoir des impacts <strong>du</strong>rables<br />

sur les employeurs, avec une nouvelle réalité qui oblige<br />

les organisations à être flexibles, innovantes et adaptatives<br />

au changement. Tout cela nécessite des soft<br />

skills transversaux.<br />

Il serait naïf, malgré tout, de prétendre que les compétences<br />

transversales ont plus de valeur que les<br />

compétences techniques, car cela dépend de l’in<strong>du</strong>strie<br />

et puisque les technologies deviennent de plus en plus<br />

sophistiquées, par exemple dans l’IA, la robotique et<br />

la biotechnologie, l’expertise technique est souvent le<br />

facteur clé de l’employabilité et des revenus. Mais le fait<br />

est que les compétences transversales développées<br />

et démontrables renforcent certainement notre agilité<br />

professionnelle, si importante dans un monde où les<br />

métiers se transforment en permanence, surtout pour<br />

ceux d’entre nous qui ne savent toujours pas ce qu’ils<br />

veulent devenir.<br />

Dr Viatcheslav Dmitriev,<br />

Associate Dean for<br />

Faculty Relations<br />

« Aujourd’hui, Millennials<br />

et Zoomers considèrent<br />

qu’être un Instagramer ou<br />

un TikToker populaire est<br />

plus prestigieux qu’être<br />

banquier d’investissement<br />

à Wall Street. »<br />

Rennes School of Business<br />

est une école internationale<br />

de management située en<br />

Ille-et-Vilaine, en Bretagne.<br />

Depuis 30 ans, Rennes<br />

School of Business offre la<br />

possibilité d’expérimenter<br />

des pratiques diversifiées<br />

de management dans<br />

les différentes zones <strong>du</strong><br />

monde et de développer des<br />

compétences essentielles<br />

au service des entreprises.<br />

Ecole de management<br />

Cosmopolite - 95% des<br />

professeurs et 55% des<br />

étudiants sont internationaux<br />

- Rennes School of Business<br />

propose une large gamme de<br />

programmes dont la mission<br />

est de permettre aux étudiants<br />

d’agir efficacement en<br />

dehors <strong>du</strong> cadre et d’inventer<br />

le monde de demain.<br />

#UnframedThinking.<br />

Accréditée EQUIS, AACSB,<br />

AMBA | 5 000 étudiants<br />

| 350 grandes universités<br />

partenaires sur 5 continents.<br />

Plus d’informations sur :<br />

www.rennes-sb.com<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Masters in management<br />

<strong>du</strong> FT : le statu quo<br />

Les 56 étudiants de Saint-Gallen dominent encore<br />

cette année les 493 de HEC, les 972 de<br />

l’Essec et les quasi 1 200 de ESCP dans le<br />

Classement <strong>2021</strong> des Masters in Management<br />

<strong>du</strong> Financial Times qui est marqué par un large statu<br />

quo. La plus grande surprise cette année vient de la<br />

montée en puissance de University College Dublin et<br />

de sa business school Smurfit : passant de la 8 e à la<br />

3 e place elle expulse <strong>du</strong> podium une London business<br />

school, dont la position paraissait inexpugnable, grâce<br />

notamment à son premier rang dans le classement<br />

de la mobilité internationale.<br />

Du côté des business schools françaises si l’Essec<br />

perd trois places c’est surtout Kedge qui vit une année<br />

difficile en en perdant 21. Absente en 2020 Skema<br />

revient à la 22 e place quand elle était 12 e en 2019<br />

(mais cette année avec toute sa promotion <strong>du</strong> PGE).<br />

A contrario l’Edhec progresse de sept places en un<br />

an et intègre le top 10, Audencia et BSB gagnent 11<br />

places, emlyon 8 places.<br />

ICN fait son entrée alors que l’Essca et Rennes SB ne<br />

sont pas présentes cette année. Pour cette dernière<br />

c’est un taux trop bas de réponse de ses étudiants<br />

aux questions <strong>du</strong> Financial Times qui explique cette<br />

absence. Travaillant à plus de 30 % à l’étranger, la<br />

crise sanitaire a en effet ren<strong>du</strong> plus complexe leur<br />

mobilisation.<br />

Nouveaux professeurs : les écoles recrutent !<br />

Le recrutement de professeurs de haut<br />

niveau est plus que jamais un enjeu majeur<br />

pour les écoles de commerce. Les<br />

professeurs internationaux sont particulièrement<br />

recherchés. Jamais BSB<br />

n’avait ainsi accueilli un tel nombre<br />

de nouveaux professeurs et chercheurs.<br />

Ils sont 22 – 18 professeurs et 4 chercheurs<br />

–, dont la moitié d’internationaux,<br />

à la rejoindre cette année, ce qui<br />

13<br />

porte à 78 le nombre de professeurs<br />

permanents à BSB. « La venue de ces<br />

nouveaux enseignants permet de nourrir<br />

la forte croissance de l’École, notamment<br />

en maintenant le ratio professeurs/élèves<br />

», explique Christine<br />

Sinapi, la directrice académique de<br />

BSB.<br />

NEOMA reçoit quant à elle cette année<br />

18 nouveaux enseignants-chercheurs<br />

de 8 nationalités différentes.<br />

Le corps professoral de l’école affiche<br />

désormais 185 professeurs dont 72 %<br />

d’internationaux. « Nous recherchons<br />

avant tout des enseignants-chercheurs<br />

conjuguant sens de la pédagogie et excellence<br />

de recherche », explique Fabio<br />

Fonti, directeur général adjoint en<br />

charge de la Faculté et de la Recherche.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Neoma inaugure son<br />

nouveau campus parisien<br />

Le 29 septembre Neoma inaugurait son nouveau<br />

campus parisien en la présence de la maire de<br />

Paris, Anne Hidalgo, qui se félicitait de « voir<br />

le 13 e arrondissement de Paris devenir un peu<br />

plus son quartier le plus étudiant ». Le campus parisien<br />

de NEOMA c’est ainsi 6 500 m² de surface totale,·une<br />

capacité d’accueil de 1 400 étudiants, 25 salles de cours<br />

équipées d’un matériel é<strong>du</strong>catif de pointe et un amphi<br />

de 250 places et 80 millions d’euros d’investissement.<br />

« Ce projet représente l’aboutissement de trois ans<br />

de travail, <strong>du</strong>rant lesquels nous avons fait des choix.<br />

Des choix forts, engagés, responsables. Construire un<br />

nouveau campus, c’est imaginer la pédagogie et la vie<br />

étudiante de demain, essayer d’anticiper comment les<br />

étudiants, les professeurs, les personnels apprendront,<br />

enseigneront, travailleront dans 5, 10, 20 ans », explique<br />

Delphine Manceau, la directrice générale de Neoma.<br />

Triathlon Audencia – La Baule :<br />

- le retour<br />

Après une année de Covid où il a bien<br />

fallu se résoudre à l’annuler, le triathlon<br />

Audencia – La Baule était de retour<br />

le week-end dernier pour sa 34 e édition.<br />

34 e parce que la 33 e , bien qu’annulée,<br />

a bien été comptabilisée par respect<br />

pour les étudiants qui l’avaient organisé.<br />

Cette année plus de 5 000 triathlètes,<br />

professionnels ou amateurs, ont partici-<br />

pé aux 10 courses. Dont le directeur général<br />

de l’école, Christophe Germain, et<br />

le directeur de la nouvelle école dédiée<br />

à la responsabilité sociétale et environnementale,<br />

José Maillet. Tous deux ont<br />

réalisé un triathlon complet et pas seulement<br />

l’une des épreuves comme c’est<br />

possible avec les « tri-relais ». (Photo :<br />

Frédéric Sénard)<br />

Classements QS des masters : carton plein pour HEC<br />

Premiers en management et marketing,<br />

deuxième en finance, troisième en<br />

data sciences (avec un master conjoint<br />

avec l’École polytechnique), les masters<br />

d’HEC s’imposent assez largement dans<br />

les différents classements des masters<br />

que publie QS :<br />

• en management, HEC précède la London<br />

business school et l’Essec, l’Insead<br />

est 4 e , ESCP 8 e ;<br />

• en marketing HEC précède Columbia et<br />

l’Imperial College, l’Essec est 4 e , ESCP<br />

5 e , emlyon 8 e , l’Edhec 9 e ;<br />

• en fina nce Oxford (Said) s’impose devant<br />

HEC et la London business school,<br />

l’Essec est 7 e ;<br />

• en business analytics, le MIT s’impose<br />

devant UCLA (Anderson) et le MSc<br />

commun à HEC et l’École polytechnique,<br />

l’Essec est 4 e , ESCP 6 e ;<br />

• en supply chain management aucune business<br />

school française n’atteint le top<br />

10 dominé par l’incontournable MIT,<br />

Skema est 12 e .<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Isabelle Huault<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE EMLYON BS<br />

« Les élèves de classes préparatoires trouvent<br />

à emlyon un lieu d’épanouissement »<br />

Un match avec l’Edhec qu’elle estime<br />

toujours en cours, un nouveau bâtiment<br />

emblématique en construction, des<br />

ambitions de développement mondiales,<br />

une implication très forte dans la<br />

transition environnementale et sociale,<br />

un an après son arrivée à la direction de<br />

emlyon Isabelle Huault est sur tous les<br />

fronts.<br />

Olivier Rollot : Cette année, pour la première<br />

fois, l’Edhec a dépassé emlyon dans les choix<br />

des élèves issus de classes préparatoires.<br />

Comment analysez-vous ce retournement ?<br />

Isabelle Huault : Nous accueillons ce recul avec sérénité<br />

et sérieux. emlyon business school renoue avec<br />

son public des classes préparatoires, en rétablissant<br />

l’équilibre entre Admission sur Titre et CPGE. Les élèves<br />

de classes préparatoires, étudiantes et étudiants de<br />

grande qualité, trouvent à emlyon un lieu d’épanouissement<br />

où les apprentissages les aident à se découvrir<br />

et à se projeter sur des horizons professionnels très<br />

ouverts. Toutes celles et ceux qui nous ont rejoints cette<br />

année sont d’ailleurs très enthousiastes d’avoir choisi<br />

notre école, pour son dynamisme, pour sa créativité,<br />

pour son ouverture sur le monde et la société.<br />

Les classements internationaux quant à eux nous reconnaissent<br />

de fortes progressions. Le Times Higher<br />

E<strong>du</strong>cation nous positionne ainsi 2 e en France pour<br />

l’employabilité des diplômés. En recherche en management,<br />

le Shanghai Ranking <strong>2021</strong> nous place dans le<br />

TOP 3 France. Le classement QS nous situe parmi les<br />

quatre meilleures business schools pour le Master en<br />

management. L’ensemble des équipes d’emlyon est<br />

mobilisé pour tra<strong>du</strong>ire la dynamique visible à l’international,<br />

auprès des publics et des classements français.<br />

O. R : Le match avec l’Edhec n’est pas fini ?<br />

I. H : Les résultats des classements font progresser<br />

les écoles car nous en tirons des enseignements pour<br />

nous améliorer, au service des étudiantes et étudiants.<br />

En revanche, la compétition stérile ne doit pas se<br />

substituer à l’émulation positive. Assurer l’excellence<br />

des enseignements et de la recherche reste la priorité<br />

d’emlyon et nous l’avons inscrit dans notre statut de<br />

société à mission.<br />

La « raison d’être »<br />

d’emlyon<br />

Désormais inscrite dans<br />

ses statuts juridiques, la<br />

raison d’être d’emlyon est<br />

de « former et accompagner<br />

tout au long de leur vie des<br />

personnes éclairées qui<br />

transforment les organisations<br />

avec efficacité pour une<br />

société plus juste, solidaire et<br />

respectueuse de la planète ».<br />

emlyon BS<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

La première pierre <strong>du</strong> futur campus a été posée le 5 octobre<br />

emlyon BS<br />

O. R : Qu’est-ce que cela change pour emlyon<br />

d’être devenue une société à mission à l’été<br />

<strong>2021</strong> ?<br />

I. H : C’est un projet très structurant et fédérateur qui<br />

a été engagé dès mon arrivée à la direction de l’école<br />

en septembre 2020. Nous y avons travaillé avec l’ensemble<br />

des parties prenantes de l’école : les étudiantes<br />

et étudiants, les professeures et professeurs-chercheurs,<br />

les membres <strong>du</strong> personnel, les partenaires<br />

entreprises et bien sûr notre Conseil de Surveillance.<br />

C’est le fruit d’une démarche participative qui nous a<br />

permis d’aboutir à la formulation de notre raison d’être<br />

associée à des objectifs sociaux et environnementaux<br />

clairement définis. Nous réaffirmons la mission d’intérêt<br />

général de l’école avec un statut qui nous engage sur<br />

le long terme.<br />

Comme le prévoit la loi Pacte, le pilotage de notre<br />

projet sera régulièrement contrôlé par un organisme<br />

tiers indépendant (OTI). Notre engagement social et<br />

environnemental doit profondément et concrètement<br />

irriguer toute notre activité. À l’aide d’une grille précise,<br />

l’OTI sera chargée d’évaluer nos actions et nos<br />

engagements. Nous perdrions d’ailleurs le statut de<br />

société à mission si nous ne suivions pas les objectifs<br />

ambitieux que nous nous sommes fixés ; ce qui souligne<br />

que la décision que nous avons prise est évidemment<br />

très engageante.<br />

O. R : La démonstration de votre engagement<br />

passe également par la construction d’un<br />

tout nouveau campus au cœur de Lyon. Où<br />

en est sa construction ?<br />

I. H : Nous avons posé la « première pierre » le 5 octobre.<br />

Depuis les premiers plans, le projet a évolué, avec<br />

notamment l’installation de la bibliothèque à l’entrée <strong>du</strong><br />

bâtiment pour en faire la vitrine de l’école. Ce campus est<br />

d’abord un lieu propice à la pro<strong>du</strong>ction de connaissances<br />

partagées, de compétences hybrides, à l’innovation<br />

<strong>du</strong>rable, au dynamisme des rencontres. Il connecte<br />

les différentes parties prenantes de l’école, qu’elles<br />

soient internes ou externes. Il est aussi en lien avec les<br />

institutions d’enseignement supérieur qui se trouvent à<br />

proximité, comme l’École Normale <strong>Sup</strong>érieure de Lyon,<br />

Sciences Po Lyon et les universités. emlyon sera ainsi<br />

au cœur d’un écosystème académique extrêmement<br />

dynamique. Ce sera également un campus connecté et<br />

<strong>du</strong>rable, dans le respect des normes environnementales<br />

les plus exigeantes. Nous incitons aussi aux mobilités<br />

douces, aucun parking pour les voitures n’étant prévu.<br />

Née il y a 150 ans, l’École était initialement située dans<br />

le 2 e arrondissement de Lyon. Après 50 ans à Ecully,<br />

nous souhaitions regagner le cœur de la Cité. Nous<br />

nous installons dans le 7 e arrondissement, un quartier<br />

en pleine mutation. Vecteur de rayonnement, le<br />

campus jouera un rôle clé dans l’accueil d’étudiantes<br />

et d’étudiants de qualité, d’enseignants-chercheurs <strong>du</strong><br />

meilleur niveau, issus <strong>du</strong> monde entier.<br />

Nous voulons également en faire un lieu ouvert, c’està-dire<br />

respectant bien sûr les normes en matière de<br />

sécurité, tout en étant un lieu convivial, de rencontres,<br />

de riches interactions, de confluences et d’hybridation<br />

des talents et des métiers, avec les entreprises, les<br />

associations, les partenaires académiques. Toutes<br />

celles et ceux intéressés par nos activités – incubateur,<br />

accélérateur, maker’slab, conférences scientifiques…–<br />

seront les bienvenus.<br />

emlyon place sa rentrée<br />

sous le signe de la RSE<br />

La rentrée <strong>2021</strong> des nouveaux<br />

étudiants de emlyon<br />

s’est articulée autour des<br />

objectifs de développement<br />

<strong>du</strong>rable de l’ONU - et plus<br />

particulièrement l’ODD<br />

n°10 qui vise à « ré<strong>du</strong>ire les<br />

inégalités entre les pays et<br />

en leur sein ». Les cours,<br />

partenariats, conférences<br />

ou rencontres « donnent<br />

les clés et compétences aux<br />

étudiantes et étudiants pour<br />

apporter des solutions aux<br />

problèmes de la planète ».<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

O. R : La construction de ce nouveau campus<br />

a pris <strong>du</strong> retard avec la crise sanitaire.<br />

L’inauguration ne pourra finalement pas avoir<br />

lieu pour les 150 ans de l’école en 2022 ?<br />

I. H : emlyon a été fondée en 1872, ce qui en fait l’une<br />

des plus anciennes écoles de management française. Et<br />

nous allons célébrer l’anniversaire des 150 ans en 2022.<br />

Le chantier a en effet pris <strong>du</strong> retard en raison <strong>du</strong><br />

contexte sanitaire. Le bâtiment ne sera pas inauguré<br />

en 2022 comme cela était initialement planifié, mais la<br />

livraison est prévue pour octobre 2023 avec un accueil<br />

des étudiantes et des étudiants au 1er trimestre 2024.<br />

O. R : Après la crise <strong>du</strong> Covid, et le recours<br />

massif aux cours à distance qui s’en est<br />

suivi, les campus sont-ils toujours aussi<br />

importants pour l’enseignement supérieur ?<br />

I. H : Nous avons besoin de lieux de socialisation et<br />

d’échanges. Après cette période d’isolement et de<br />

distanciation, nous avons pu mesurer combien la dimension<br />

physique, le contact humain, les rencontres<br />

et la présence des différents acteurs sont essentiels<br />

à l’enseignement et à la recherche. Aussi bien pour<br />

l’ensemble des personnels, que pour nos étudiantes<br />

et étudiants, nous constatons que ce retour sur site<br />

suscite beaucoup de joie et d’enthousiasme.<br />

O. R : Cela a été traumatisant mais qu’estce<br />

qu’il faut retenir de positif de la crise<br />

sanitaire ?<br />

I. H : Pour certains cours ou certains mo<strong>du</strong>les, les<br />

expériences pédagogiques à distance ont eu des effets<br />

vertueux. Le Covid a par exemple généré une accélération<br />

en matière d’innovation digitale. Aujourd’hui,<br />

comme indiqué dans le plan stratégique Confluences<br />

2025, nous allons conserver un pourcentage de cours<br />

en ligne ; de l’ordre de 20 % mais avec un ajustement<br />

selon les publics et les cycles. Les dispositifs digitaux<br />

restent appropriés pour les étudiantes et étudiants en<br />

stage ou en alternance, ou encore les participantes et<br />

participants en formation continue. Pour ces derniers,<br />

nous délivrons par exemple un Executive Master en<br />

Management Général 100 % en ligne qui connaît un<br />

très grand succès.<br />

O. R : Vos enseignements sont-ils<br />

également impactés par la crise sanitaire<br />

comme, plus largement, par la transition<br />

environnementale ?<br />

I. H : La crise nous aura amenés à revoir les matières<br />

enseignées avec un accent mis sur la gestion des<br />

risques. Les enjeux sociaux et environnementaux sont<br />

également au cœur de notre projet. Les étudiants se<br />

posent de plus en plus la question <strong>du</strong> sens de la carrière<br />

dans laquelle ils vont s’engager, <strong>du</strong> sens de leur futur<br />

métier. Pour répondre à ces interrogations, nous avons<br />

emlyon BS<br />

Le learning center <strong>du</strong> campus d’Ecully<br />

lancé dès septembre <strong>2021</strong> le cours obligatoire « Agir<br />

pour le climat » dans le Programme Grande École ;<br />

une démarche que j’avais déjà engagée il y a 2 ans à<br />

l’université Paris Dauphine - PSL quand j’y occupais<br />

la présidence.<br />

Notre projet est de revisiter toute notre offre de formation,<br />

toutes nos unités d’enseignement, à l’aune des 17<br />

objectifs de développement <strong>du</strong>rable de l’ONU. En 2022,<br />

près de 60 % de notre offre de formation aura été revue<br />

en ce sens et, à horizon de 2 ans, ce sera la totalité.<br />

Avoir un impact positif pour la planète est un objectif<br />

très ambitieux, qui mobilise toute notre faculté et<br />

l’ensemble des directions de programmes. Nous ne<br />

pouvons pas, par exemple, aujourd’hui dispenser<br />

un cours de marketing sans aborder la question de<br />

la consommation responsable ou de l’obsolescence<br />

programmée.<br />

Cette année, nous avons proposé à nos nouveaux<br />

étudiants – dont ceux <strong>du</strong> Programme Grande École<br />

- une rentrée sous le signe de l’engagement, plus<br />

particulièrement dédiée à l’ODD n°10 de l’ONU, qui vise<br />

à ré<strong>du</strong>ire les inégalités entre les pays et en leur sein.<br />

À cette occasion, la nouvelle promotion <strong>du</strong> PGE a pu<br />

suivre une conférence inaugurale avec un intervenant<br />

prestigieux, Pascal Canfin, Président de la Commission<br />

Environnement <strong>du</strong> Parlement européen, qui a focalisé<br />

l’attention sur la question climatique.<br />

Féminiser son corps<br />

professoral<br />

20 professeurs-chercheurs<br />

internationaux rejoignent<br />

la faculté de emlyon cette<br />

rentrée. Pour réaliser son<br />

objectif de féminisation <strong>du</strong><br />

corps professoral d’au moins<br />

45 % d’ici 2025, la parité<br />

est presque atteinte avec le<br />

recrutement de neuf femmes.<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Parce qu’il faut aussi démontrer :<br />

le maker’s lab <strong>du</strong> campus d’Ecully<br />

O. R : Les déplacements ont un impact<br />

environnemental majeur. Faut-il revoir les<br />

pratiques d’internationalisation des écoles ?<br />

I. H : Il ne s’agit pas de remettre en cause l’internationalisation<br />

mais plutôt de s’interroger sur les séjours<br />

courts. Les learning trips ont de lourds bilans carbone.<br />

Nous avons engagé une réflexion à ce sujet et en<br />

particulier dans les MSc et les mastères spécialisés<br />

pour redéployer certaines missions en Europe sous<br />

forme de visites d’entreprises. Il convient ainsi d’éviter<br />

les déplacements à l’autre bout de la planète pour<br />

des séjours trop courts. Il en est de même pour les<br />

colloques scientifiques.<br />

Il n’est pas question de renoncer à l’ouverture internationale,<br />

que nous considérons comme indispensable à<br />

l’expérience en milieu multiculturel et à l’apprentissage<br />

de nos étudiantes et étudiants, mais d’arbitrer sur<br />

la question des mobilités de manière raisonnable et<br />

équilibrée.<br />

O. R : Dans la RSE, il y a également tout un<br />

volet social sur lequel emlyon est également<br />

très engagée. Notamment pour accueillir<br />

plus de boursiers ?<br />

I. H : Nous avons lancé en <strong>2021</strong> un programme de formation<br />

gratuit à destination des publics en décrochage<br />

scolaire : la toile. Nous proposons à des publics éloignés<br />

<strong>du</strong> marché de l’emploi une formation aux métiers <strong>du</strong><br />

numérique. Nous accueillons actuellement la première<br />

promotion, une trentaine de personnes, et nous devrions<br />

en former 150 <strong>du</strong>rant l’année 2022.<br />

En matière de bourses, il nous faut aller plus loin pour<br />

atteindre un total de 30 % d’étudiants boursiers d’ici<br />

2025, tous programmes confon<strong>du</strong>s. Pour ce faire,<br />

nous réactivons la Fondation emlyon pour lever des<br />

fonds. Nous avons également créé notre CFA (centre<br />

de formation d’apprentis) en 2020. L’apprentissage est<br />

à la fois un dispositif d’innovation pédagogique très<br />

vertueux et un levier d’ouverture sociale important. En<br />

emlyon BS<br />

2025, nous pourrions recevoir autour de 500 alternants<br />

alors qu’ils sont 80 jusqu’à présent.<br />

O. R : Cet engagement social ne vous a<br />

pas pour l’instant con<strong>du</strong>it à aménager<br />

votre concours comme d’autres écoles qui<br />

favorisent les boursiers. Pourquoi ?<br />

I. H : A titre personnel, je ne suis pas favorable à la<br />

discrimination positive. Je considère en effet que de<br />

nombreuses inégalités s’installent avant l’arrivée dans<br />

l’enseignement supérieur, avec des déterminations<br />

sociales qui se jouent dès la maternelle ou l’École primaire.<br />

Il me semble que tout ce qui vise à lutter contre<br />

l’autocensure de lycéens méritants et à fort potentiel<br />

doit en revanche être encouragé. C’est la politique que<br />

nous menons à emlyon en nouant des partenariats<br />

avec des lycées situés en zone d’é<strong>du</strong>cation prioritaire<br />

et en assurant de nombreuses séances de tutorat et<br />

de suivi. Nos étudiants dispensent des cours dans les<br />

lycées ou coachent des jeunes qui souhaitent intégrer<br />

nos écoles. Notre rôle est d’accompagner pour que de<br />

jeunes lycéens talentueux puissent se projeter dans<br />

les Grandes Écoles.<br />

Il faut également actionner le levier financier et offrir<br />

un plus grand nombre de bourses ; en développant<br />

des dispositifs pour que les élèves boursiers puissent<br />

financer leurs études dans des conditions correctes<br />

et sans s’endetter de manière déraisonnable.<br />

O. R : Nous avons beaucoup parlé de votre<br />

Programme Grande École. Comment allezvous<br />

développer votre Bachelor ? Va-t-il<br />

notamment s’implanter à Lyon ?<br />

I. H : Nous allons dispenser notre Bachelor à Lyon en<br />

redéployant une partie de nos effectifs parisiens. À Paris,<br />

nous ne conserverons que la 4 e année pour ceux qui<br />

choisissent l’apprentissage. À Lyon, nous bénéficions<br />

<strong>du</strong> dynamisme socio-économique de toute une région<br />

très attachée à son école.<br />

O. R : Les Lyonnais sont très attachés à<br />

emlyon !<br />

I. H : Quand je cherche à nouer des partenariats avec<br />

des entreprises de la région, je vois combien elles<br />

sont attentives à sa trajectoire, à ses réussites, à ses<br />

ambitions. Les entreprises sont très soucieuses de<br />

soutenir emlyon parce que c’est non seulement une<br />

institution qui compte dans le paysage socio-économique,<br />

mais parce qu’elles ont aussi à cœur de recruter<br />

des étudiants de haut niveau.<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

O. R : emlyon c’est Lyon, Saint-Etienne, Paris<br />

mais aussi des campus à l’international.<br />

Comment allez-vous poursuivre leur<br />

développement alors que les déplacements<br />

dans le monde restent très compliqués ?<br />

I. H : Nous avons aujourd’hui quatre campus à l’international.<br />

À Casablanca, à Shanghai en partenariat avec<br />

l’École normale supérieure de l’Est de la Chine, en Inde<br />

à Bhubaneswar avec le réseau Xavier University et<br />

enfin, depuis mars <strong>2021</strong>, à Bombay, toujours avec ce<br />

réseau. Nous y avons installé un maker’s lab emblématique<br />

de notre signature pédagogique ‘Early maker’ :<br />

« apprendre pour faire et faire pour apprendre ». Il<br />

nous importe, sur nos différents campus organisés en<br />

réseau, tous situés dans des pays en émergence, de<br />

créer des programmes alignés avec les écosystèmes<br />

et environnements socio-économiques locaux. En Inde,<br />

nous développerons par exemple des formations en<br />

entrepreneuriat social.<br />

O. R : Sur ces campus internationaux vous<br />

recevez essentiellement des étudiants<br />

locaux ?<br />

I. H : Oui des étudiants locaux et nous développons<br />

aussi la mobilité inter-campus. Aujourd’hui les étudiants<br />

de notre Bachelor peuvent suivre une partie de leur<br />

semestre à Casablanca. À Shanghai, circulent aussi<br />

de nombreux étudiants issus de nos autres campus.<br />

Nous voulons également promouvoir cette possibilité<br />

sur notre nouveau campus indien, pour permettre<br />

l’immersion de nos étudiantes et étudiants dans des<br />

environnements socio-culturels variés.<br />

Ces campus ont également été très utiles au moment<br />

de la crise Covid pour accueillir des étudiants de la zone<br />

géographique concernée. Des étudiants asiatiques<br />

ne pouvaient pas venir en France, mais pouvaient en<br />

revanche rejoindre emlyon en Asie sur le campus de<br />

Shanghai.<br />

O. R : Il y a vos campus en propre mais aussi<br />

vos accords internationaux avec d’autres<br />

établissements. Comment allez-vous les<br />

développer ?<br />

I. H : Nous mettons l’accent sur le développement des<br />

partenariats internationaux de haut niveau avec les<br />

meilleures institutions mondiales. À l’horizon 2025,<br />

nous avons 30 projets de création de doubles diplômes<br />

dans une logique d’hybridation des savoirs. Nous<br />

voulons nous rapprocher d’établissements étrangers<br />

reliés à des champs connexes au nôtre pour gagner<br />

en multidisciplinarité.<br />

O. R : Cette hybridation des compétences,<br />

vous la développez également en France ?<br />

I. H : Cette année, nous avons conclu un partenariat<br />

avec l’École Normale <strong>Sup</strong>érieure de Lyon, en créant un<br />

certificat commun dans le cadre <strong>du</strong> Programme Grande<br />

École, en permettant ainsi des échanges d’étudiants<br />

et de professeurs, et l’organisation de conférences<br />

scientifiques. La volonté d’hybridation s’incarne aussi<br />

dans l’accord que nous avons signé avec l’École supérieure<br />

d’art et <strong>du</strong> design et la Cité <strong>du</strong> design de Saint<br />

Étienne. Cette stratégie a vocation à être renforcée cette<br />

année par le développement de partenariats avec des<br />

écoles d’art et le Conservatoire national supérieur de<br />

musique et de danse de Lyon. Concernant les écoles<br />

d’ingénieurs, nous avons relancé notre collaboration<br />

avec l’École centrale de Lyon et coopérons toujours<br />

harmonieusement avec l’École des Mines de Saint-<br />

Étienne.<br />

O. R : emlyon a la particularité d’être la<br />

seule école ayant un statut de société<br />

anonyme parmi les toutes meilleures écoles<br />

de management françaises. Comment vos<br />

actionnaires vous soutiennent-ils à l’aube<br />

des 150 ans de l’école ?<br />

I. H : Composé de Qualium Investissement, Bpifrance<br />

et de la chambre de commerce et d’in<strong>du</strong>strie de Lyon,<br />

le conseil de surveillance de l’école fournit un soutien<br />

et un accompagnement concernant les décisions<br />

stratégiques structurantes pour emlyon. Il a été à<br />

nos côtés lors <strong>du</strong> changement de statut pour devenir<br />

société à mission. Nos actionnaires apportent aussi une<br />

capacité de financement significative et contribuent à<br />

des investissements décisifs, en matière scientifique,<br />

pédagogique et digitale, investissements indispensables<br />

pour l’atteinte de nos objectifs d’excellence académique.<br />

emlyon crée également 10 postes nouveaux de professeurs<br />

par an depuis 2020 et, en 2025, l’École comptera<br />

200 professeurs contre 170 aujourd’hui. En matière de<br />

digital, 17 millions d’euros seront investis d’ici 2025. C’est<br />

la meilleure réponse que l’on puisse faire aujourd’hui<br />

à celles et ceux qui ont tant stigmatisé l’entrée de<br />

financiers au capital de l’école.<br />

O. R : Vos alumni devraient également être<br />

actionnaires de l’école ?<br />

I. H : C’est prévu mais le processus a été retardé, en<br />

raison de la crise sanitaire. Réunissant 35 700 diplômés,<br />

la communauté des alumni se mobilise pour les 150 ans<br />

de l’École. Les diplômés constituent un atout majeur et<br />

font rayonner l’École dans le tissu socio-économique<br />

national et international, grâce à des trajectoires tout<br />

à fait remarquables dans des secteurs variés, des<br />

organisations et des métiers très divers.<br />

19<br />

« Bigger than us »<br />

Le film « Bigger than<br />

us » de la réalisatrice<br />

Flore Vasseur constitue<br />

la colonne vertébrale de<br />

l’année <strong>2021</strong>-2022. Ce long<br />

métrage documentaire<br />

tourné aux quatre coins<br />

de la planète montre une<br />

jeunesse qui lutte pour les<br />

droits humains, le climat, la<br />

liberté d’expression, la justice<br />

sociale, l’accès à l’é<strong>du</strong>cation<br />

ou l’alimentation. Présenté<br />

au Festival de Cannes <strong>2021</strong>,<br />

il a été projeté en avantpremière<br />

aux 3650 nouveaux<br />

entrants des programmes<br />

BBA, PGE et MS/MSc à<br />

Saint Etienne, Lyon et Paris.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Refonte <strong>du</strong> PGE d’IMT-BS :<br />

un nouveau programme<br />

axé compétences et DD&RS<br />

Institut Mines-Télécom Business School, l’Ecole de management <strong>du</strong> Groupe IMT,<br />

spécialisée dans la formation aux transformations digitales de l’entreprise,<br />

refond son Programme Grande Ecole et l’oriente autour d’une approche par compétences.<br />

Explications.<br />

Institut Mines-Télécom Business School, historiquement<br />

liée au numérique, possède de fortes<br />

singularités, qui la distinguent depuis sa création<br />

en 1979. Son expertise sur les transformations<br />

technologiques et managériales <strong>du</strong> monde, l’hybridation<br />

entre étudiants managers et ingénieurs sur un même<br />

campus, sa taille humaine et son recrutement socialement<br />

inclusif sont en effet des aspects qui la différencient des<br />

Business Schools classiques.<br />

À l’écoute des transformations rapides de la société,<br />

IMT-BS adapte ses formations aux besoins<br />

des entreprises. En cette rentrée <strong>2021</strong>, elle refond<br />

entièrement son Programme grande École et fait<br />

le choix de l’orienter autour d’une approche par<br />

compétences. Avec des enseignements qui s’articulent<br />

autour de l’ADN et des missions de l’école, le<br />

Programme Grande École est avant tout orienté sur<br />

le management de l’innovation et la transformation<br />

digitale responsable.<br />

Focus sur le digital responsable : c’est l’ADN<br />

de l’école, manager l’innovation et la transformation<br />

numérique indispensables dans tous les secteurs<br />

et métiers ; intégrer les enjeux de la RSE et de l’environnement<br />

Un réseau professionnel fort : 15 000 alumni<br />

managers et ingénieurs issus d’Institut Mines-Télécom<br />

Business School et de Télécom SudParis, l’école<br />

d’ingénieurs avec laquelle elle partage son campus.<br />

Expérience internationale privilégiée : l’école<br />

propose à ses étudiants plus de 120 partenaires,<br />

dans plus de 50 pays.<br />

Parcours personnalisables : nos 14 majeures<br />

(année de spécialisation) ont toutes une orientation<br />

digitale. Les étudiants peuvent faire le choix de réaliser<br />

un double diplôme ingénieur-manager.<br />

ATOUTS ET SINGULARITÉS DU PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE D’IMT-BS<br />

Insertion professionnelle exceptionnelle : IMT-BS<br />

offre à ses diplômés le meilleur rapport entre le coût<br />

de la scolarité et le niveau de salaire à la sortie : elle<br />

est la première école de management française pour<br />

la valeur ajoutée, selon le classement <strong>du</strong> Financial<br />

Times, depuis plusieurs années consécutives.<br />

Soft skills accélérés : grâce à la pédagogie innovante<br />

et active basée sur l’expérimentation, à l’approche par<br />

compétences plutôt que par programme ou discipline.<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Entrepreneuriat soutenu : dans son espace de<br />

1 000 m 2 au cœur <strong>du</strong> campus, IMT Starter incube<br />

15 start-up par an. Il a à son actif la création de 250<br />

start-up et de plus de 2 500 emplois à ce jour.<br />

DÉVELOPPEMENT DURABLE ET RESPONSABILITÉ<br />

SOCIÉTALE DANS TOUS NOS COURS<br />

Sur les aspects éthiques et responsabilité, Institut<br />

Mines-Télécom Business School a adopté un positionnement<br />

différenciant : elle fait le choix d’intégrer ces<br />

éléments dans chacun de ses cours. Ainsi, l’école ne<br />

propose pas à proprement parler de « formation au<br />

DD&RS », mais son apprentissage est réparti dans<br />

les différentes matières. Deux exemples :<br />

• Les étudiants <strong>du</strong> cours « Management of Innovation<br />

and Technology» travaillent sur des cas d’innovations<br />

sociales et/ou frugales. Par exemple, Aravind Eye<br />

hospitals qui permet à des patients pauvres d’avoir<br />

accès à des soins ophtalmiques. Ils découvrent les<br />

outils de gestion qui participent au développement<br />

<strong>du</strong>rable tels que le sustainable business model<br />

canvas ou des outils de mesure d’impact, comme<br />

Social Return on Investment.<br />

• Dans leur cours sur l’entreprise, les étudiants<br />

découvrent d’abord l’aspect théorique : pourquoi<br />

les entreprises doivent s’engager dans le développement<br />

<strong>du</strong>rable, pourquoi elles ont une responsabilité<br />

sociétale. Dans un deuxième temps,<br />

ils réfléchissent, en s’appuyant sur une revue de<br />

presse, à la manière dont ces exigences sont mises<br />

en pratique ou non par les entreprises. À l’issue de<br />

leur réflexion, ils doivent être en mesure de répondre<br />

à différentes questions : à quels types d’actions<br />

concrètes correspond une politique de RSE (DDRS) ?<br />

Qu’est-ce qui pousse les entreprises à s’engager<br />

dans la RSE ? À quelles difficultés les entreprises<br />

sont-elles confrontées dans le déploiement d’une<br />

politique de RSE ?<br />

7 COMPÉTENCES À ACQUÉRIR<br />

L’enjeu des softs skills est fondamental dans la<br />

transformation numérique des entreprises. Leur<br />

apprentissage est un des axes de notre PGE, avec<br />

le management de l’innovation et l’aspect RSE. À<br />

l’issue des trois années au sein de notre PGE, les<br />

étudiants ont suivi cinq grands projets de groupe<br />

professionnalisants, en collaboration avec des entreprises<br />

partenaires, et le plus souvent en groupes<br />

mixtes avec des étudiants ingénieurs. Ces projets,<br />

ainsi que l’ensemble <strong>du</strong> programme, leur permettent<br />

d’acquérir une méthodologie de management d’équipe<br />

et les 7 compétences suivantes :<br />

• Comprendre les grandes transitions<br />

• Décrypter une organisation<br />

• Manager les activités et les équipes<br />

• Accompagner la transition numérique<br />

• Apprécier et développer la performance de l’organisation<br />

dans son environnement<br />

• Entreprendre et interagir dans un environnement<br />

globalisé<br />

• Travailler en environnement complexe et incertain<br />

QUELLE SPÉCIALISATION POUR QUEL MÉTIER ?<br />

Parmi ses singularités, IMT-BS offre à ses étudiants<br />

la particularité d’être une école à taille humaine, avec<br />

l’un des plus forts taux d’encadrement des étudiants<br />

(5 e sur le taux d’encadrement des étudiants selon<br />

le classement le Figaro Étudiants en <strong>2021</strong>). Elle leur<br />

propose un large choix de parcours personnalisables,<br />

tous orientés autour de la transformation numérique<br />

responsable, débouchant vers un grand choix de<br />

métiers possibles. Voici quelques exemples.<br />

NOS ÉTUDIANTS QUI RÉALISENT<br />

LES MAJEURES<br />

Marketing Digital<br />

PEUVENT EXERCER LE MÉTIER DE<br />

Responsable Marketing Digital<br />

Responsable E-commerce<br />

Chargé de communication Web<br />

Consultant E-CRM<br />

Community Manager<br />

Conseil et Management<br />

des Systèmes<br />

d’Information<br />

Consultant en SI<br />

Urbaniste des SI<br />

Responsable <strong>du</strong> SI «métiers»<br />

Architecte d’entreprise<br />

Chef de projet maîtrise d’ouvrage<br />

Expert méthode et outils / qualité / sécurité<br />

Auditeur en SI<br />

Manager SI décisionnel<br />

Inventivités Digitales<br />

Designer, Ingénieur,<br />

Manager<br />

Chef de projet numérique<br />

Consultant transformation digitale<br />

Digital Design Manager<br />

Designer-Manager<br />

Penseur-Design<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Laurent Champaney<br />

PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DES GRANDES ÉCOLES (CGE)<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DES ARTS ET MÉTIERS<br />

« Si on veut transformer la société<br />

il faut s’appuyer sur l’enseignement supérieur »<br />

Il préside la Conférence des grandes<br />

écoles (CGE) depuis juin <strong>2021</strong>. Il dirige<br />

Arts et Métiers depuis 2017. En cette<br />

année pré-présidentielle Laurent<br />

Champaney nous livre sa vision des<br />

grands enjeux de l’enseignement<br />

supérieur. Et s’interroge sur son<br />

financement.<br />

Olivier Rollot : Comment se déroule cette<br />

rentrée qu’on espère bien être celle <strong>du</strong> post<br />

Covid ?<br />

Laurent Champaney : 90 % des étudiants sont<br />

vaccinés et respectent massivement le port <strong>du</strong> masque<br />

une fois dans leur établissement. Nous essayons par<br />

ailleurs de ne pratiquer aucune ségrégation en fonction<br />

<strong>du</strong> pass sanitaire. Tous peuvent entrer dans nos écoles<br />

et le passe n’est requis que pour assister à certains<br />

événements avec des moments de convivialité. Les<br />

étudiants étrangers issus de pays à risque doivent<br />

quant à eux respecter une quarantaine de dix jours.<br />

Ils peuvent s’isoler dans une résidence universitaire<br />

et nous avons pu constater que les autorités viennent<br />

s’en assurer.<br />

La question de la présentation <strong>du</strong> pass se pose pour la<br />

restauration collective. Celle-ci respecte les distances<br />

d’un mètre entre les clients mais c’est très difficile pour<br />

de petits restaurants universitaires de ré<strong>du</strong>ire la jauge<br />

et de rester équilibrés financièrement. Or tout près<br />

d’eux se trouvent des restaurants souvent qui exigent<br />

le passe. Autant contrôler les passes dans les petits<br />

restaurants universitaires s’il y a d’autres moyens de<br />

se nourrir autour. Cela permettrait de gérer des flux<br />

plus importants et d’éviter les files d’attente.<br />

O. R : 2022 est une année présidentielle.<br />

Comment la Conférence des Grandes écoles<br />

va-t-elle s’inscrire dans la campagne ?<br />

L. C : 2022 sera une année charnière à bien des égards<br />

avec la stabilisation sanitaire, les efforts de la société<br />

en matière de responsabilité sociétale et environnementale<br />

(RSE) ou encore des changements atten<strong>du</strong>s<br />

dans l’organisation <strong>du</strong> travail. Il faut que les femmes et<br />

les hommes politiques aient bien en tête que l’enseignement<br />

supérieur forme des étudiants qui pourront<br />

changer la société. Dans ce cadre les Grandes écoles<br />

sont particulièrement à l’écoute des attentes des<br />

entreprises quand les universités pensent l’ensemble<br />

des mutations.<br />

Si on veut transformer la société il faut s’appuyer sur<br />

l’enseignement supérieur : c’est le message que nous<br />

voulons faire passer à des politiques qui se préoccupent<br />

plus <strong>du</strong> collège et <strong>du</strong> lycée que de l’enseignement su-<br />

22<br />

Arts et Métiers<br />

Président de la<br />

Conférence des<br />

Grandes écoles<br />

Laurent Champaney a été élu<br />

président de la Conférence<br />

des Grandes écoles (CGE)<br />

le 22 juin <strong>2021</strong>. Directeur<br />

général d’Arts et métiers<br />

depuis 2017, vice-président<br />

de la CGE et président de sa<br />

Commission Amont depuis<br />

2018, Laurent Champaney<br />

succède à la présidente de<br />

l’Institut Agro, Anne-Lucie<br />

Wack, qui ne pouvait pas<br />

se présenter une nouvelle<br />

fois après ses trois mandats<br />

effectués depuis 2015.<br />

Normalien (ENS Paris-<br />

Saclay), Laurent Champaney<br />

est agrégé en sciences<br />

in<strong>du</strong>strielles de l’ingénieur en<br />

1991, puis obtient un DEA en<br />

mécanique des structures de<br />

l’UPMC l’année suivante. En<br />

1996, il soutient un doctorat<br />

en calcul des structures à<br />

l’ENS Paris-Saclay, puis<br />

une HDR (habilitation à<br />

diriger des recherches)<br />

en ingénierie mécanique<br />

à l’UVSQ (université de<br />

Versailles-Saint-Quentinen-Yvelines)<br />

en 2004.<br />

Laurent Champaney enseigne<br />

ensuite en tant que professeur<br />

agrégé (1996-1998), puis<br />

maître de conférences<br />

(1998-2005) à l’UVSQ. De<br />

2005 à 2012, il est professeur<br />

des universités et directeur<br />

<strong>du</strong> département de génie<br />

mécanique à l’ENS Paris-<br />

Saclay. En 2009, il part un<br />

an comme professeur invité<br />

à l’université de Californie<br />

(Los Angeles). C’est en<br />

2012 qu’il rejoint les Arts<br />

et Métiers – Sciences et<br />

Technologies, en tant que<br />

directeur général adjoint<br />

aux formations. Il prend la<br />

direction de l’établissement<br />

en 2017 et succède alors<br />

à Laurent Carraro.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

périeur où tout se décide. Nous travaillons d’ailleurs<br />

beaucoup sur ces questions de société. Que ce soit sur<br />

l’insertion des étudiants en situation de handicap avec<br />

la secrétaire d’État, Sophie Cluzel, ou sur la prévention<br />

des violences sexuelles et sexistes (VSS). Les mesures<br />

que nous prenons en amont imprégneront petit à petit<br />

toutes les entreprises.<br />

Aujourd’hui nous organisons des ateliers avec toutes<br />

les commissions de la CGE pour réfléchir à toutes<br />

ces questions et être l’arête dorsale des réflexions<br />

à apporter avec les entreprises. La création de la<br />

Conférence des directeurs des écoles françaises de<br />

management (Cdefm), après la Cdefi (Conférence des<br />

directeurs des écoles françaises d’ingénieur), pousse<br />

d’ailleurs la CGE à plus encore se positionner sur les<br />

questions macro-économiques ou internationales.<br />

O. R : S’il est un sujet qui préoccupe<br />

particulièrement vos étudiants c’est le<br />

développement <strong>du</strong>rable. Il y a quelques<br />

semaines vous avez indiqué avoir « même<br />

affaire à une génération de quasi militants<br />

<strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable ». Comment<br />

répondez-vous à leurs attentes ?<br />

L. C : Ce sont des étudiantes et des étudiants qui placent<br />

au premier rang de leurs préoccupations - mais aussi<br />

de leurs exigences vis-à-vis de leurs futurs employeurs<br />

- l’avenir de notre planète et les actions à mener pour<br />

la préserver. Les entreprises l’ont bien compris. Mais<br />

des militants peuvent être parfois extrêmes. Notre rôle<br />

c’est de monter aux jeunes qu’ils doivent garder leurs<br />

convictions tout en trouvant des solutions réalistes.<br />

Les entreprises inventent des solutions et doivent<br />

maintenant passer à l’échelle in<strong>du</strong>strielle. Pour cela<br />

elles ont besoin de recruter des cadres qui ont les<br />

transitions environnementales à l’esprit. Mais elles<br />

sont pour certaines bien obligées de constater qu’elles<br />

ne parviennent pas à recruter des jeunes parce qu’ils<br />

les considèrent comme des pollueurs. Pour que les<br />

choses évoluent nous devons pousser nos diplômés<br />

à aller vers ces entreprises plutôt que d’être déçus<br />

pas des cabinets de la transition énergétique qui ne<br />

connaissent pas les entreprises, échouent donc à les<br />

faire évoluer et les accusent alors de ne pas jouer le jeu.<br />

O. R : Mais comment faut-il alors enseigner la<br />

transition environnementale et sociale ?<br />

L. C : On ne peut pas se contenter d’inviter une grande<br />

entreprise pour parler de transition. Il ne faut pas<br />

non plus ajouter des cours sur le climat. Ce qu’il faut<br />

c’est embarquer tous les professeurs dans toutes les<br />

disciplines. Avec des exemples adaptés.<br />

Un cours de mécanique des Arts et Métiers à Paris<br />

O. R : Le manque de diversité sociale<br />

dans l’enseignement supérieur, et<br />

particulièrement dans les Grandes<br />

écoles, est un autre thème très important<br />

aujourd’hui. Comment jugez-vous les<br />

différentes initiatives prises aujourd’hui par<br />

les Grandes écoles ?<br />

L. C : Quand on parle diversité on regarde surtout ce qui<br />

se passe à l’École polytechnique, Sciences Po et HEC.<br />

Avec différentes mesures, comme des points en plus<br />

donnés aux boursiers aux concours, elles vont déplacer<br />

des boursiers vers elles. C’est bon pour leur image,<br />

c’est bon pour notre image mais pourquoi n’évoquet-on<br />

jamais la repro<strong>du</strong>ction sociale en médecine ? De<br />

même on évoque toujours le taux de boursier à l’entrée<br />

en licence mais jamais à la sortie en master où il se<br />

rapproche de celui des Grandes écoles.<br />

La vraie question est de comment amener en amont plus<br />

d’élèves issus de milieux défavorisés vers les Grandes<br />

écoles. C’est indispensable alors que nous ne formons<br />

aujourd’hui pas assez de jeunes pour répondre aux<br />

besoins des entreprises. Il y a tout un travail en amont<br />

à faire, sur les salons ou ailleurs, notamment pour faire<br />

connaître à tous ces jeunes les classes préparatoires.<br />

Aujourd’hui les écoles internes aux universités savent<br />

mieux accueillir ces profils que nous.<br />

Arts et Métiers<br />

Ses objectifs<br />

À un an de l’élection<br />

présidentielle, Laurent<br />

Champaney entend mettre<br />

en avant les Grandes écoles<br />

pour notamment montrer<br />

comment « elles inventent<br />

les entreprises de demain ».<br />

Avec la toute nouvelle<br />

Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises de<br />

management (Cdefm), qu’il<br />

« remercie d’être restée au<br />

sein de la CGE » (en revanche<br />

le Chapitre des écoles de<br />

management va disparaitre),<br />

il entend « se compléter,<br />

la CGE traitant plutôt des<br />

sujets macroscopiques ». Il<br />

entend également montrer<br />

comment les Grande écoles<br />

sont « d’excellence mais<br />

pas élitistes comme on les<br />

présente trop souvent ». Il<br />

va donc se consacrer à tous<br />

les chantiers autour de la<br />

diversité mais aussi des liens<br />

avec les territoires, de vie<br />

sociale dans les écoles le<br />

principal étant « le conteste<br />

post Covid et présidentiel ».<br />

Sur le débat crucial de la<br />

diversité et <strong>du</strong> financement<br />

des écoles Laurent<br />

Champaney a pu constater<br />

ces derniers mois l’opposition<br />

de sa communauté à une<br />

augmentation des frais de<br />

scolarité. Ce qui a été mal<br />

ressenti par les apprentis qui<br />

constatent qu’ils « ramènent<br />

plus d’argent que les<br />

autres tout en étant moins<br />

favorisés socialement ».<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

O. R : On le sait : le modèle économique des<br />

établissements d’enseignement supérieur<br />

est ten<strong>du</strong>. Cette année vous avez émis l’idée<br />

d’augmenter les frais de scolarité de vos<br />

étudiants. Pourquoi la mesure a-t-elle été<br />

finalement retoquée par le ministère de<br />

l’Enseignement supérieur, de la Recherche et<br />

de l’Innovation ?<br />

L. C : Nous envisagions une augmentation de 1900€<br />

par an pour les 80 % de nos élèves qui ne sont pas<br />

boursiers - pas plus qu’aux étudiants déjà dans l’école<br />

- soit un total de 2 500 € par an qui nous aurait permis<br />

de dégager chaque année deux millions d’euros supplémentaires<br />

sur un budget total de 120 millions. Une<br />

hausse qui nous aurait mis au même niveau que la plupart<br />

des écoles qui nous précèdent dans les classements.<br />

Mais nous avons rencontré l’opposition d’un certain<br />

nombre d’étudiants et d’alumni qui mettaient en avant<br />

des questions d’ascenseur social.<br />

Aux Arts et Métiers nous sommes loin aujourd’hui de<br />

l’époque de l’avant Seconde guerre mondial quand<br />

nous recrutions à 14 ans de futurs contremaitres.<br />

Aujourd’hui la grande majorité de nos étudiants sont<br />

des enfants d’ingénieurs. Et n’ont aucun problème pour<br />

financer leur cursus. Il suffit de regarder la filière en<br />

apprentissage que nous avons ouverte en 2015 : alors<br />

que plus de 130 entreprises nous proposent de recruter<br />

nos élèves, ils ne sont encore que 19 à y être inscrits.<br />

Ils n’en ressentent sans doute pas le besoin alors que<br />

leur cursus ne leur revient qu’à 600 € par an et qu’ils<br />

touchent 7 000 € pour six mois de stage, plus trois fois<br />

les 1 900 € qu’on envisage de leur demander. Certains<br />

investissent même 50 000 $ pour obtenir un master<br />

aux États-Unis après leur diplomation.<br />

O. R : L’augmentation des frais de scolarité<br />

des écoles d’ingénieurs, à l’image de ce<br />

qui s’est déjà pro<strong>du</strong>it à Centrale<strong>Sup</strong>élec ou<br />

aux Mines, est absolument nécessaire pour<br />

assurer leur financement ?<br />

L. C : Ce n’est pas notre seule source de financement.<br />

En plus des allocations de l’Etat – 60 % de notre budget<br />

– nous faisons de la formation continue, de la recherche<br />

partenariale, répondons à des appels à projets. Mais<br />

demander aux familles, sans laisser personne sur le<br />

carreau, n’est pas illogique. D’ailleurs si la réponse <strong>du</strong><br />

ministère a été négative c’est avant tout parce que la<br />

crise sanitaire nous impactait. L’année présidentielle qui<br />

commence ne le permettra sans doute pas non plus.<br />

Or ce qu’il faut comprendre c’est que les frais de scolarité<br />

sont une ressource prévisible, contrairement aux<br />

contrats sur projet, et une ressource versée tout de<br />

suite à la différence des financements des régions ou<br />

de l’Europe, qui ne sont versés qu’à la fin de travaux. Et<br />

requièrent donc de notre part de dégager de la trésorerie.<br />

Si les établissements privés parviennent à si bien<br />

emprunter c’est qu’ils peuvent le faire sur des effectifs<br />

prévisibles. Aujourd’hui nous, établissements publics,<br />

nous ne pouvons pas emprunter pour financer l’achat<br />

d’équipements ou rénover nos locaux. À Cluny un de<br />

nos chantiers est bloqué faute de comptes courants.<br />

Les profils moins favorisés sont en plus petits flux<br />

puisque nous recevons 20 % de boursiers qu’on retrouve<br />

beaucoup dans notre filière en apprentissage. Tout le<br />

paradoxe est d’ailleurs qu’en regardant le montant que<br />

nous versent leurs entreprises pour financer leurs<br />

cursus, ils se sont ren<strong>du</strong> compte qu’ils finançaient les<br />

études des non-apprentis…<br />

Un atelier <strong>du</strong> campus des Arts et Métiers de Lille<br />

Arts et Métiers<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Programmes Grande école,<br />

les tendances <strong>2021</strong>-2022<br />

Chaque année, les écoles remettent complètement<br />

à plat ou font évoluer leurs programmes<br />

Grande école. Au-delà des enseignements<br />

fondamentaux, notre regard sur les axes principaux<br />

d’évolution des PGE en <strong>2021</strong>-2022.<br />

EM Strasbourg<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Un programme Grande école est un<br />

tableau éternellement inachevé. À<br />

peine une nouvelle mouture a-t-elle<br />

vu le jour qu’il faut déjà penser à l’amender.<br />

« Un programme qui n’évolue pas<br />

devient vite obsolète et il est normal de le<br />

faire évoluer, que ce soit pour répondre<br />

aux mutations et assurer l’employabilité<br />

<strong>du</strong>rable de nos diplômés ou sur la forme,<br />

avec de nouveaux dispositifs et innovations<br />

pédagogiques », confie Imen Mejri, la<br />

directrice <strong>du</strong> PGE de Neoma. Comme elle<br />

son homologue de emlyon, Sylvie Jean,<br />

préfère aujourd’hui parler d’adaptations :<br />

« Nous avons assisté à beaucoup de<br />

réformes ces dernières années dans les<br />

écoles. Aujourd’hui nous ne voulons pas<br />

tout remettre en cause avec une énième<br />

réforme. Nous allons essentiellement<br />

revisiter la première année pour mettre<br />

Le campus de l’Essec à Cergy-Pontoise<br />

Essec BS<br />

plus de SHS (Sciences Humaines et Sociales)<br />

dans le programme. Nous allons<br />

également renforcer le nombre d’heures<br />

de cours avec un travail sur le processus<br />

de choix de cours à la carte ». Ce que la<br />

directrice de TBS É<strong>du</strong>cation, Stéphanie<br />

Lavigne, résume ainsi : « Nous sommes<br />

dans une optique d’évolution permanente<br />

pour que nos professeurs soient dans<br />

les meilleures conditions d’enseignement<br />

et d’expérimentations possibles. À nos<br />

étudiants, nous devons garantir que leur<br />

apprentissage soit effectif et mémorable<br />

et qu’il débouche sur des compétences<br />

vraiment maîtrisées ».<br />

Quelle place pour le distanciel ?<br />

Si le recours à l’enseignement à distance<br />

a permis aux écoles d’assurer un enseignement<br />

dans des conditions jugées plutôt<br />

bonnes, il n’en a pas moins constitué un<br />

repoussoir pour la plupart des étudiants.<br />

La question se pose donc partout : quel<br />

pourcentage de cours à distance faut-il<br />

conserver ? « A ESCP la règle que nous<br />

nous sommes fixés c’est le « 20/40 » : au<br />

moins 20 % d’enseignement numérique et<br />

au moins 40 % d’enseignement présentiel<br />

dans chaque cursus. Ce qui laisse aux<br />

professeurs une marge d’appréciation<br />

tout en sachant que la partie présentielle<br />

ne peut en aucun cas descendre sous<br />

les 40 %. C’est tout l’enjeu <strong>du</strong> « Phygital<br />

Management E<strong>du</strong>cation » que nous mettons<br />

en œuvre parce que l’enseignement<br />

purement digital c’est un peu la même<br />

chose que lire un « Guide <strong>du</strong> Routard »<br />

sans voyager ! », répond Frank Bournois,<br />

le directeur général de ESCP.<br />

De son côté emlyon entend conserver<br />

un pourcentage de cours en ligne, de<br />

l’ordre de 20 %, mais avec un ajustement<br />

selon les publics et les cycles. « Les<br />

dispositifs digitaux restent appropriés<br />

pour les étudiantes et étudiants en stage<br />

ou en alternance, ou encore les participantes<br />

et participants en formation<br />

continue », constate la directrice générale<br />

de emlyon, Isabelle Huault quand, à<br />

Hybride par nature<br />

Aucune école n’est aussi<br />

hybride que l’Institut Mines<br />

Télécom (IMT) business<br />

school et sa sœur de<br />

campus, SudParis Télécom<br />

qui, initialement, étaient<br />

les deux branches d’une<br />

même école. « Aujourd’hui<br />

nous sommes deux écoles<br />

distinctes mais toujours<br />

intimement imbriquées.<br />

C’est unique en France.<br />

Nous délivrons toujours des<br />

cours en commun, plusieurs<br />

spécialités de 3 e année sont<br />

mixtes ingénieurs-managers.<br />

Des projets d’entreprise<br />

hybrides naissent aussi<br />

dans notre incubateur »,<br />

décrit Denis Guibard, son<br />

directeur qui se félicite<br />

que « dans toute la vie<br />

étudiante <strong>du</strong> campus nos<br />

étudiants se mélangent, et<br />

les associations sont mixtes,<br />

ce qui est très structurant.<br />

On ne peut jamais savoir qui<br />

est un ingénieur, qui est un<br />

manager quand on va sur<br />

notre campus commun ! »<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Étudiants et<br />

entrepreneurs<br />

Excelia BS<br />

La campus d’Excelia de La Rochelle<br />

l’ISC, Jean-Christophe Hauguel entend<br />

« capitaliser sur tout ce que nous avons<br />

appris, l’expérience de trois semestres<br />

largement en digital, pour former nos<br />

étudiants aux nouvelles méthodes de<br />

travail des entreprises. Les entreprises<br />

recherchent des profils capables de<br />

travailler, gérer et manager à distance.<br />

Nous assistons à une transformation sans<br />

précédent des modèles managériaux et<br />

nous devons y former nos étudiants. À<br />

la rentrée <strong>2021</strong> nous leur proposerons<br />

donc au moins 20 %, une journée, de<br />

travail en distanciel ». Partout les primo<br />

entrants suivront donc beaucoup moins<br />

de cours en ligne que des étudiants en<br />

stage ou des étudiants qui ont besoin<br />

d’être à distance pour leur parcours<br />

d’apprentissage.<br />

programmes, le recours à l’apprentissage<br />

a un impact sur les programmes des<br />

écoles dont la majorité des étudiants sont<br />

aujourd’hui des apprentis. À Montpellier<br />

BS ce sont jusqu’à 92 % des étudiants de<br />

la troisième année <strong>du</strong> PGE qui suivent leurs<br />

cours en apprentissage. L’apprentissage<br />

concerne 60 % des étudiants des deux<br />

dernières années <strong>du</strong> PGE de TBS E<strong>du</strong>cation.<br />

« Il nous permet d’accueillir de très<br />

bons candidats sans qu’ils rencontrent de<br />

limites financières. Nous réfléchissons à<br />

des maquettes pédagogiques 100 % en<br />

alternance, qui seront déployées dans<br />

les deux ans à venir. Nos étudiants nous<br />

disent que c’est un bon moyen de financer<br />

leurs études mais surtout qu’une<br />

formation en alternance maximise leur<br />

employabilité », assure Stéphanie Lavigne.<br />

Les écoles entendent<br />

également voulons<br />

développer de plus en plus<br />

l’esprit d’entreprendre chez<br />

nos étudiants. Tous les<br />

étudiants <strong>du</strong> pré-master de<br />

Neoma participent ainsi<br />

depuis cette année à un<br />

Hackathon entrepreneurial.<br />

« Le tout nouveau dispositif<br />

Entreprendre sans frontières<br />

concerne déjà 25 étudiants<br />

qui ont pu partir à Berkeley<br />

ou ailleurs. Sans oublier<br />

le MSc Entrepreneurship<br />

& Innovation qui permet<br />

aux étudiants qui le<br />

souhaitent d’approfondir<br />

cette expertise en Master<br />

2. 70 % des entreprises que<br />

nous avons incubées depuis<br />

2012 sont toujours en vie »,<br />

valide ainsi Imen Mejri.<br />

De plus en plus d’apprentis<br />

La montée en puissance de l’apprentissage<br />

est aujourd’hui un moteur puissant<br />

<strong>du</strong> développement de l’enseignement<br />

à distance dans l’enseignement supérieur.<br />

« 85 % de nos étudiants éligibles<br />

suivent les deux dernières années de<br />

leur cursus en apprentissage sans avoir<br />

besoin systématiquement de venir sur le<br />

campus brestois. Nous sommes la première<br />

digital business school », s’exclame<br />

ainsi le directeur délégué de Brest BS,<br />

Luc Pontet.<br />

Sans remettre en cause le contenu des<br />

Hybridation et doubles diplômes<br />

Le mouvement était profond et s’accentue<br />

encore cette année : à son diplôme<br />

de PGE il est de plus en plus bienvenu<br />

d’ajouter une formation dans un autre<br />

domaine, voire dans le meilleur des cas<br />

un second diplôme. Cette année, emlyon<br />

a par exemple conclu un partenariat avec<br />

l’École normale supérieure de Lyon, en<br />

créant un certificat commun dans le<br />

cadre <strong>du</strong> programme Grande école, en<br />

permettant ainsi des échanges d’étudiants<br />

et de professeurs, et l’organisation de<br />

conférences scientifiques. « La volonté<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

d’hybridation s’incarne aussi dans l’accord<br />

que nous avons signé avec l’École<br />

supérieure d’art et <strong>du</strong> design et la Cité<br />

<strong>du</strong> design de Saint Étienne. Nous avons<br />

relancé notre collaboration avec l’École<br />

centrale de Lyon et coopérons toujours<br />

harmonieusement avec l’École des Mines<br />

de Saint-Étienne », détaille Isabelle Huault<br />

quand Alice Guihon entend faire de Skema<br />

une « comprehensive school » (« école<br />

multidisciplinaire ») : « Nous voulons c’est<br />

devenir un institut multidisciplinaire autour<br />

<strong>du</strong> business. Nous avons déjà créé une<br />

école de droit (« SKEMA Law School for<br />

Business ») au Brésil et nous formalisons<br />

la maquette de notre école « SKEMA AI<br />

School for Business » aux États-Unis. En<br />

France nous travaillons à la création de<br />

notre propre école de design après avoir<br />

travaillé avec un partenaire. »<br />

Cette hybridation peut con<strong>du</strong>ire les étudiants<br />

à obtenir les diplômes des deux<br />

institutions qui les reçoivent. ESCP et<br />

l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr<br />

ont ainsi signé un accord qui permet<br />

aux étudiants sélectionnés d’obtenir un<br />

double diplôme. Les élèves <strong>du</strong> MiM ESCP<br />

réalisent une année de master au sein de<br />

Saint Cyr, divisée en 2 semestres, l’un<br />

pour la réalisation d’un stage militaire,<br />

l’autre pour une formation académique<br />

spécifique. Les élèves-officiers de l’École<br />

Spéciale Militaire de Saint-Cyr suivent<br />

quant à eux un semestre académique<br />

d’enseignement puis un semestre de<br />

recherche. Une hybridation dont Audencia<br />

se nourrit également, en France comme<br />

à l’international comme l’explique son<br />

directeur général, Christophe Germain :<br />

« Pour renforcer l’hybridation, nous allons<br />

réformer nos programmes existants pour<br />

y intégrer des enseignements relatifs à<br />

l’intelligence artificielle (IA), les datas et<br />

l’information responsable. Audencia proposera<br />

par ailleurs des parcours doubles<br />

compétences à l’international ». Pour leur<br />

séjour à l’étranger, les étudiants pourront<br />

par exemple suivre un semestre dans une<br />

école de gastronomie à Florence, suivre<br />

des cours dans une école de gaming aux<br />

Pays Bas ou dans une école de diplomatie<br />

à Washington, etc.<br />

MBS<br />

Des étudiants de MBS<br />

Maîtriser les enjeux de la RSE<br />

En cette rentrée <strong>2021</strong> les écoles de commerce<br />

ont montré un intérêt décuplé<br />

pour les questions de responsabilité<br />

sociétale et environnementale (RSE).<br />

Pour beaucoup cet intérêt date d’il y<br />

a déjà de nombreuses années. TBS<br />

É<strong>du</strong>cation s’est ainsi engagée dans les<br />

facteurs environnementaux et sociaux<br />

il y a maintenant 15 ans que quand ses<br />

étudiants ont créé les Assises nationales<br />

étudiantes <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable<br />

(ANEDD). « Cette année, 100 % de nos<br />

étudiants ont été formés aux enjeux <strong>du</strong><br />

dérèglement climatique en participant à<br />

la Fresque <strong>du</strong> climat. Nous leur délivrons<br />

des certificats d’excellence lorsqu’ils<br />

suivent des parcours en développement<br />

<strong>du</strong>rable et Responsabilité sociétale des<br />

entreprises (RSE). Nous avons également<br />

créé une Direction de la transition<br />

sociétale », résume Stéphanie Lavigne.<br />

Montpellier BS avait quant à elle essentiellement<br />

travaillé sur le « S » (« Social ») de<br />

RSE jusqu’ici. « Aujourd’hui nous voulons<br />

y ajouter le « E » (« Environnement »).<br />

D’abord en étant nous-mêmes exemplaires<br />

dans la construction de notre<br />

nouveau campus. Ensuite en développant<br />

en <strong>2021</strong>-2022 des formations et proposer<br />

aux étudiants de passer des certificats<br />

sur différentes thématiques ayant trait à la<br />

Audencia crée une école<br />

dédiée à la RSE : Gaïa<br />

Pour aller encore plus<br />

loin dans son implication<br />

dans la RSE Audencia<br />

crée cette année une école<br />

dédiée, Gaïa, à laquelle<br />

elle consacrera un bâtiment<br />

dédié en 2023. « Nous<br />

permettons aux étudiants<br />

d’intégrer le paramètre<br />

des ressources dans leur<br />

réflexion sur l’économie.<br />

Ils doivent acquérir<br />

un nouveau statistique<br />

suffisant pour élaborer des<br />

raisonnements éclairés »,<br />

explique son directeur, José<br />

Maillet. Tous les étudiants<br />

de l’école y suivront à terme<br />

obligatoirement des cours,<br />

ceux de la Grande école<br />

pouvant même y suivre<br />

tout un semestre s’ils le<br />

souhaitent. « Nous nous<br />

focalisons d’abord sur la<br />

Grande école pour étalonner<br />

les niveaux puis nous<br />

passerons aux bachelors,<br />

au MBA, etc. » Certains<br />

cours existent déjà, comme<br />

« Économie et transition<br />

énergétique », d’autres seront<br />

créés dès septembre 2022.<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Neoma initie au coding<br />

Neoma BS<br />

Travail en groupe pour des étudiants de Neoma<br />

RSE. En 2022-2023 nous généraliserons<br />

ces certificats dans le PGE comme dans<br />

nos MSc », se projette Bruno Ducasse,<br />

son directeur.<br />

Président de la commission DD&RS (développement<br />

<strong>du</strong>rable et responsabilité<br />

sociétale) de la Conférence des grandes<br />

écoles, le directeur général de I’Institut<br />

Mines Télécom business school, Denis<br />

Guibard, insiste sur la dimension systémique<br />

de la RSE dans son école : « La<br />

RSE, nous la pratiquons vraiment à tous<br />

les étages. Ce n’est pas qu’une cerise sur<br />

le gâteau mais un levier central qui doit<br />

progressivement irriguer l’ensemble des<br />

disciplines de la gestion, que ce soit le<br />

marketing, la finance, les RH… Après avoir<br />

évoqué les Objectifs de Développement<br />

Durables de l’ONU on doit pouvoir parler<br />

marketing éthique, économie collaborative<br />

et finance responsable ». Même réflexion<br />

<strong>du</strong> côté d’Emmanuel Métais, le directeur<br />

de l’Edhec : « La RSE n’est plus une notion<br />

superflue que l’on plaque sur les entreprises.<br />

Et les jeunes tiennent à voir ces<br />

dimensions portées par les écoles. Il s’agit<br />

d’une véritable inflexion plébiscitée par<br />

la société comme par des étudiants, qui<br />

veulent voir le monde progresser. Par sa<br />

signature « Make an Impact », l’Edhec a<br />

d’ailleurs été la première à l’inscrire au<br />

fronton de l’école ».<br />

Sous le nom « KEDGE IMPAKT » Kedge<br />

fédère quant à elle toutes les activités<br />

de RSE et de développement <strong>du</strong>rable<br />

qu’elle en œuvre depuis déjà plus de dix<br />

ans, avec notamment le Sulitest qu’elle a<br />

créé. Elle souhaite même être neutre en<br />

carbone dès 2030 promet son directeur<br />

général, Alexandre de Navailles : « L’efficacité<br />

de notre action sera mesurée par<br />

un comité de développement <strong>du</strong>rable.<br />

KEDGE a choisi le Positive Impact Rating<br />

(évaluation de référence par les étudiants<br />

de l’impact et de l’influence positive des<br />

écoles sur la société) comme indicateur<br />

de performance synthétique. Nous nous<br />

fixons pour objectif de passer <strong>du</strong> niveau<br />

3 au niveau 4, dit « transforming », en<br />

2025 et de rejoindre ainsi les dix meilleurs<br />

établissements classés au niveau<br />

mondial ».<br />

Ces softs skills qu’il faut maîtriser<br />

Bien se comporter en groupe, avoir une<br />

approche multiculturelle, respecter autrui,<br />

etc. les softs skills, ces « compétences<br />

douces », sont nombreuses et leur<br />

apprentissage n’est pas toujours facile à<br />

définir. Pourtant une école se doit aujourd’hui<br />

de garantir leur acquisition aux entreprises<br />

qui vont embaucher ses diplômés.<br />

« L’étudiant d’Audencia de demain devra<br />

posséder trois types de compétences : des<br />

compétences sociétales, des compétences<br />

professionnelles et des compétences<br />

comportementales validés par un passeport<br />

La NEOMA Coding School<br />

permet aux étudiants et<br />

diplômés de l’école d’aborder<br />

les bases <strong>du</strong> codage. En<br />

travaillant largement entre<br />

pairs sur le langage le<br />

plus utilisé, Python, mais<br />

également sur d’autres s’ils le<br />

souhaitent puisque plus de 25<br />

langages sont proposés avec<br />

des mo<strong>du</strong>les complets sur<br />

Python, HTML, CSS, PHP,<br />

JQuery, Ajax et MySQL.<br />

« Notre objectif n’est pas de<br />

former des spécialistes <strong>du</strong><br />

développement informatique<br />

mais de délivrer les<br />

fondamentaux de la culture<br />

digitale pour échanger<br />

plus facilement avec des<br />

experts. Tous les étudiants<br />

volontaires pourront<br />

s’y inscrire. Notamment<br />

ceux qui veulent créer<br />

leur propre entreprise »,<br />

rapporte Imen Mejri.<br />

keys », signifie ainsi Christophe Germain.<br />

Le passeport KeyS (Know and Engage for<br />

Your Success and Society) est un ensemble<br />

de dispositifs qui permet aux étudiants<br />

d’Audencia de définir, valider et développer<br />

son parcours et son projet professionnel<br />

tout au long de son parcours. Il intègre<br />

notamment le passeport citoyen – véritable<br />

document d’identité validant le parcours de<br />

l’étudiant – ou encore l’oral citoyen – grand<br />

oral de sortie au cours <strong>du</strong>quel l’étudiant<br />

doit démontrer son appartenance à la<br />

communauté des « Homo Audenciens ».<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Conserver la dimension<br />

internationale<br />

Le Covid a profondément impacté les<br />

déplacements à l’international. Aujourd’hui<br />

si les États-Unis s’ouvrent de nouveau<br />

aux étudiants internationaux, la Chine ou<br />

l’Inde leur restent fermées. C’est donc<br />

toute une stratégie qu’il faut repenser<br />

pour l’envoi des étudiants des PGE à<br />

l’international. Témoin : Grenoble EM dont<br />

le Parcours Transcontinental permet<br />

aux étudiants d’étudier, au cours de leur<br />

scolarité, dans quatre ou cinq campus<br />

dans le monde. « Des campus toujours<br />

emblématiques comme McGill, George<br />

Washington University (GWU), Cambridge,<br />

Pace University », rappelle Loïck Roche<br />

dont l’école est membre fondateur à<br />

Grenoble <strong>du</strong> Campus mondial d’innovation<br />

Giant : « Des écosystèmes scientifiques<br />

et technologiques, comme celui de GIANT,<br />

il en existe une quinzaine dans le monde,<br />

avec qui nous sommes, par notre appartenance<br />

à GIANT, partenaires. Ils sont à<br />

Taïwan, en Corée <strong>du</strong> Sud, au Japon, sur la<br />

côte Est et Ouest des États-Unis… L’idée,<br />

doubler le nombre de nos destinations de<br />

notre Transcontinental avec des Business<br />

schools ou Universités liées à ces mêmes<br />

écosystèmes ».<br />

Du côté de l’EM Normandie son directeur,<br />

Elian Pilvin, met en valeur le développement<br />

des campus de l’école en Europe, à<br />

Oxford et Dublin, pour garantir toujours<br />

l’expérience internationale de ses étudiants<br />

: « Avoir cinq campus dans trois<br />

pays c’est avoir la faculté d’y affecter<br />

nos propres étudiants quand beaucoup<br />

d’universités partenaires ferment leurs<br />

portes et quand les gouvernements ferment<br />

leurs frontières hors d’Europe ».<br />

Des parcours de plus en plus « à<br />

la carte »<br />

Cette multitude d’options, de possibilités,<br />

en France comme à l’international, que<br />

proposent aujourd’hui les PGE con<strong>du</strong>isent à<br />

des parcours de plus en plus « à la carte »<br />

comme le rappelle Isabelle Jean : « Ce que<br />

emlyon revendique, c’est de proposer un<br />

très large choix de cours à la carte. Je<br />

ESCP BS<br />

travaille sur ce processus qui est au cœur<br />

<strong>du</strong> « réacteur », porté par cette spécificité<br />

de laisser <strong>du</strong> temps aux étudiants de tester<br />

différents sujets afin de trouver la spécialité<br />

qui leur correspond. Nous formons ainsi<br />

des jeunes diplômés éclairés qui ont pris<br />

le temps de cheminer ».<br />

L’ISC crée quant à elle « ISC Paris on Demand<br />

». « On ne pourra plus être diplômé<br />

avec seulement le diplôme de l’école, il<br />

faudra également obtenir des certificats<br />

en fonction de son projet professionnel.<br />

Nos étudiants pourront demain piocher<br />

dans une kyrielle de certifications, cela<br />

en partenariat avec des organismes certificateurs<br />

», explique Jean-Christophe<br />

Hauguel.<br />

ESCP travaille quant à elle sur la notion<br />

d’étudiant « augmenté » dans le cadre<br />

d’un dispositif pédagogique indivi<strong>du</strong>alisé<br />

que présente ainsi Frank Bournois : « En<br />

fonction de ses cours, de ses choix,<br />

chaque étudiant disposera d’articles<br />

adaptés, saura qu’il faut préparer quel<br />

type de cours et recevra des rappels.<br />

Cela sera possible dès lors que l’école<br />

connaîtra les besoins, les attentes, les<br />

capacités d’amélioration de chaque<br />

étudiant ». Sans doute la plus grande<br />

innovation des années à venir.<br />

Sébastien Gémon<br />

Des étudiants de ESCP<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

CHRISTOPHE<br />

GERMAIN<br />

Christophe<br />

Germain, directeur<br />

général d’Audencia<br />

Comment se forge un destin ?<br />

On peut devenir le directeur général d’une des plus<br />

prestigieuses écoles de management françaises sans avoir<br />

pour autant été un excellent élève. De son internat vendéen<br />

à la direction d’Audencia, l’itinéraire tout sauf programmé<br />

de Christophe Germain.<br />

« Le déclic qui a<br />

tout changé ? C’est<br />

peut-être ce jour<br />

où j’ai lu sur mon<br />

bulletin scolaire<br />

de fin d’année<br />

qui m’informait<br />

<strong>du</strong> redoublement<br />

de ma seconde,<br />

l’annotation de mon<br />

professeur principal<br />

« ne réussira<br />

jamais d’études<br />

supérieures ».<br />

C’est là que je me<br />

suis dit « ok, je<br />

vais leur montrer<br />

de quoi je suis<br />

capable ». » Nous<br />

sommes en 1982.<br />

Christophe Germain<br />

va redoubler sa<br />

seconde et n’est pas<br />

<strong>du</strong> tout l’excellent<br />

étudiant qu’il<br />

deviendra.<br />

« J’étais un élève très dissipé et<br />

turbulent qui redoublait pour la<br />

seconde fois. J’avais particulièrement<br />

les mathématiques en horreur depuis<br />

la 6 e <strong>du</strong>rant laquelle un professeur<br />

m’avait totalement dégouté de la<br />

matière. Mes notes oscillaient entre<br />

O et 2 au mieux ! »<br />

Christophe Germain suivait alors sa<br />

scolarité dans un internat catholique<br />

non mixte depuis ses 10 ans. « Un<br />

internat per<strong>du</strong> dans la campagne<br />

vendéenne, très strict. Nous n’avions<br />

droit qu’à une douche par semaine<br />

et nous faisions le mur la nuit pour<br />

aller nous baigner dans une mare au<br />

milieu des champs. » Les amusements<br />

sont rares. « La télévision à laquelle<br />

nous avions droit le mardi soir, était<br />

cadenassée par une cage en fer afin<br />

que nous ne puissions pas changer<br />

de chaînes. Je me souviens que<br />

nous n’avions pas eu l’autorisation<br />

de regarder « La cuisine au beurre »<br />

parce qu’on y parlait d’a<strong>du</strong>ltère ! »<br />

Les nuits sont parfois agitées dans<br />

le grand dortoir qu’il partage avec<br />

80 autres garçons, et Christophe<br />

Germain fait les 400 coups avec ses<br />

amis : « Nous adorions aller dans<br />

l’église <strong>du</strong> village tout proche, dont<br />

nous nous étions procuré la clé,<br />

pour en faire sonner les cloches aux<br />

alentours de 3 h <strong>du</strong> matin ». Une nuit<br />

avec ses camarades, il réveille les<br />

200 lycéens et dirige une opération<br />

nocturne pour déménager toutes les<br />

chaises et les tables des 25 salles<br />

de classe et les réaligner dans la<br />

cour de l’internat pendant la nuit,<br />

sans que les surveillants ne s’en<br />

rendent compte. « Ah ! le lendemain<br />

les professeurs ont eu un superbe<br />

spectacle ! » Mais les blagues ne les<br />

amusent pas forcément. Puni pour son<br />

comportement inventif, Christophe<br />

Germain est parfois mis à la porte <strong>du</strong><br />

dortoir la nuit, stationnant plusieurs<br />

heures <strong>du</strong>rant dehors à l’abri des vieux<br />

cèdres, « même en plein hiver ! »<br />

Grand sportif<br />

S’il est un domaine dans lequel<br />

Christophe Germain se révèle tout<br />

de suite un excellent élève c’est bien<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

celui <strong>du</strong> sport. Une passion qu’il a<br />

depuis chevillée au corps mais qui,<br />

au début, ne répondait pas qu’à des<br />

considérations purement sportives.<br />

« La seule façon de sortir de l’internat<br />

les mercredis après-midi, et de<br />

rencontrer des filles, c’était de faire<br />

partie d’une équipe sportive. Alors je<br />

pratiquais tous les sports possibles,<br />

<strong>du</strong> football à la course à pied en<br />

passant par le handball », se souvient<br />

Christophe Germain. Le voilà donc sur<br />

les routes tous les mercredis pour<br />

participer aux épreuves de ce qui<br />

s’appelle aujourd’hui l’Union nationale<br />

des sports scolaires. « C’était la<br />

possibilité de faire des rencontres,<br />

d’autant que nous retrouvions toujours<br />

les mêmes équipes dont les membres<br />

devenaient des amis. »<br />

Aujourd’hui encore Christophe<br />

Germain court trois fois par semaine,<br />

pratique assidûment le vélo et<br />

nage dans la baie de La Baule. Et<br />

pratiquement chaque année court<br />

également le Triathlon Audencia-<br />

La Baule. « C’est ma passion pour<br />

le sport qui m’a également con<strong>du</strong>it<br />

à engager des recherches il y a<br />

quelques années sur les business<br />

models des clubs de football. »<br />

L’éclosion d’un excellent étudiant<br />

Mais revenons en 1982. Touché dans<br />

son amour-propre par l’appréciation<br />

de son professeur, obligé de sacrifier<br />

les vacances à la mer auxquelles<br />

il pensait avoir droit pour passer<br />

l’été dans un camp de vacances<br />

dans l’Indre, Christophe Germain en<br />

revient transformé : « J’en reviens bon<br />

élève ! ». Au point de se passionner<br />

pour l’enseignement. Après son bac<br />

ES le voilà en sciences économiques<br />

à l’université d’Angers en licence,<br />

à « l’école de la débrouillardise<br />

universitaire ». C’est surtout là qu’un<br />

professeur lui donne le goût de la<br />

rhétorique. En DEA puis en doctorat<br />

à l’université de Bordeaux un autre<br />

professeur lui donne le goût de la<br />

démarche scientifique et académique.<br />

La passion pour cet enseignement,<br />

qu’il a tant détesté au collège, le gagne<br />

peu à peu. D’autant que son passage<br />

dans une entreprise le déçoit. « En<br />

maîtrise mon stage de six mois m’avait<br />

laissé sur ma faim. J’avais vraiment<br />

envie de pousser plus loin la réflexion<br />

intellectuelle dans les champs<br />

disciplinaires que j’étudiais. »<br />

Il enchaîne donc sur un doctorat<br />

en finance « pour le plaisir, sans<br />

objectif professionnel particulier ».<br />

Consacrée au « Système de<br />

mesure de la performance dans<br />

les PME françaises », sa thèse lui<br />

donne définitivement le goût de la<br />

transmission. Deux autres personnes<br />

l’auront marqué <strong>du</strong>rant son parcours :<br />

son professeur de latin et de Français<br />

de 6 e qui lui a « fait aimer la littérature<br />

et les humanités », et enfin Aïssa<br />

Dermouche, dirigeant emblématique<br />

d’Audencia qui l’a recruté et lui a donné<br />

la « passion d’Audencia ».<br />

Audencia BS<br />

Une dream team<br />

« Quand j’intègre l’école, en 2001,<br />

j’y trouve une équipe fantastique<br />

de jeunes professeurs qui montent<br />

en puissance », se souvient avec<br />

émotion Christophe Germain. Si<br />

vous connaissez bien l’enseignement<br />

supérieur, et singulièrement les écoles<br />

de management, ces noms vont vous<br />

parler. Aïssa Dermouche a en effet<br />

embauché six de ses futures stars,<br />

partis ensuite diriger d’autres écoles :<br />

Olivier Aptel, futur directeur général<br />

de Rennes SB et aujourd’hui directeur<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

de la Rabat business school ; Stéphan<br />

Bourcieu, président <strong>du</strong> directoire de<br />

BSB ; Jean Charroin, qui fut numéro 2<br />

d’Audencia avant de prendre la<br />

direction de l’Idrac puis aujourd’hui<br />

de l’Essca ; Patrice Houdayer, qui fut<br />

directeur général adjoint de emlyon et<br />

aujourd’hui de Skema et Jean-Philippe<br />

Muller, tour à tour directeur général<br />

adjoint d’Audencia et de Skema avant<br />

de prendre la direction générale de<br />

l’international University of Monaco.<br />

Et bien sûr Christophe Germain, resté<br />

fidèle à son école et qui aujourd’hui se<br />

« réjouit de voir de nouveau tant de<br />

talents émerger autour de lui ».<br />

La passion Audencia<br />

Entre Christophe Germain et Audencia<br />

c’est beaucoup plus que l’histoire<br />

banale d’un professeur et d’une<br />

école. C’est une histoire de « liens<br />

très forts » qui vont finalement<br />

l’amener en 2018, à 52 ans, à prendre<br />

sa direction. Et pourtant quand il<br />

commence sa carrière universitaire,<br />

à l’ESC La Rochelle, il se « promet<br />

alors d’être toujours professeur, de ne<br />

jamais faire de management ». Mais il<br />

a la passion d’Audencia chevillée au<br />

corps ! « Jamais je n’avais objectivé de<br />

devenir directeur général. Et si demain<br />

cela s’arrêtait, ça ne me poserait<br />

aucun problème. »<br />

Audencia c’est l’histoire d’une école<br />

pionnière qui, pour son centenaire<br />

en 2000, abandonne son appellation<br />

d’ESC Nantes. En adoptant le<br />

nom d’Audencia elle devient ainsi<br />

la première école supérieure de<br />

commerce à prendre un nom<br />

global, au-delà de son implantation<br />

géographique. Visionnaire, son<br />

directeur est alors si renommé que<br />

Nicolas Sarkozy, alors ministre de<br />

l’Intérieur, nomme Aïssa Dermouche<br />

préfet en 2004. « Son départ est un<br />

choc énorme pour nous tous mais son<br />

successeur, Jean-Pierre Helfer, a su<br />

prolonger et renforcer la dynamique<br />

de l’École. »<br />

L’aventure chinoise<br />

En 2007, Christophe Germain est<br />

nommé doyen de la faculté d’Audencia.<br />

Il assumera cette fonction jusqu’en<br />

2015, année où il prend pendant un<br />

an la direction de l’École par intérim<br />

après le départ de Frank Vidal. À la<br />

suite de cela, c’est un nouveau défi qui<br />

l’attend en 2016 : le développement<br />

d’un campus en Chine, à Shenzhen,<br />

qui deviendra la SABS (Shenzhen<br />

Audencia business school). « Cela<br />

a été une vraie découverte, un vrai<br />

choc, la plus belle expérience de ma<br />

vie professionnelle. Je quitte la Chine<br />

en 2018 avec beaucoup de regrets et<br />

le sentiment d’abandonner un peu les<br />

équipes »<br />

Alors qu’il ne parle pas le chinois,<br />

Christophe Germain bénéficiera<br />

<strong>du</strong> soutien de son directeur <strong>du</strong><br />

développement mais aussi de<br />

l’appétence des universitaires chinois<br />

pour la culture française.<br />

« Il m’est arrivé un jour, dans le cadre<br />

Christophe Germain lors de sa participation au Triathlon La Baule Audencia <strong>2021</strong><br />

Audencia BS<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Audencia BS<br />

Christophe Germain en Chine, à Shenzhen, avec des diplômés d’Audencia<br />

de la signature d’un partenariat, de<br />

rencontrer le Président chinois d’une<br />

fondation qui a commencé à me parler<br />

de littérature française en me récitant<br />

en français des passages entiers<br />

des « Misérables ». À la suite de cela<br />

notre collaboration a été scellée en dix<br />

minutes ! »<br />

2018 : la direction d’Audencia<br />

Après avoir passé huit fois trois<br />

semaines par an en Chine pendant<br />

deux ans, le voilà de retour à Nantes<br />

pour, cette fois-ci, prendre la direction<br />

de l’école au-delà d’un intérim. « La<br />

situation n’était pas simple mais nous<br />

avons su recréer une dynamique<br />

positive » Le comité de direction<br />

est remanié, l’école repart sur de<br />

bonnes bases quand, en 2020, la<br />

crise <strong>du</strong> Covid survient. Sans trop<br />

affecter l’école. « Nous avons su<br />

expliquer aux étudiants la situation<br />

et les accompagner <strong>du</strong>rant cette<br />

période particulière. Privés de leurs<br />

oraux en 2020 les étudiants de cette<br />

« génération Covid » ont même fait<br />

preuve d’un « attachement et d’une<br />

motivation remarquables » lorsqu’il<br />

s’est agi cette année d’accueillir les<br />

candidats lors des oraux.<br />

Et maintenant ? Cap sur l’international !<br />

« Notre campus de Sao Paulo va<br />

recevoir ses premiers étudiants<br />

en 2022. Nous nous implantons<br />

également à Shanghai et créons<br />

de nouveaux programmes à<br />

Shenzhen. » Des parcours de doubles<br />

compétences sont également créés<br />

aux États-Unis (Columbia à New<br />

York et UCLA), aux Pays-Bas, à<br />

Florence comme à Londres. Avec<br />

parfois à la clé des certificats et<br />

des doubles diplômes. Mais les<br />

développements passent également<br />

par Paris où un tout nouveau campus<br />

devrait voir le jour en 2024-2025.<br />

À Nantes la nouvelle école dédiée<br />

à la responsabilité sociétale et<br />

environnementale (RSE), Gaïa,<br />

va former les jeunes aux enjeux<br />

environnementaux. « Les ambitions<br />

affichées dans notre nouveau plan<br />

stratégique Ecos sont élevées. En<br />

matière de développement nous<br />

visons les 100 millions d’euros de<br />

budget d’ici 5 ans pour 65 M€ en<br />

<strong>2021</strong>, avec une forte croissance à<br />

l’international, notamment en Chine,<br />

où le nombre d’étudiants que nous<br />

formons devrait tripler. »<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Comment enseigner<br />

le changement climatique<br />

dans l’enseignement<br />

supérieur ?<br />

C’est LA question de la rentrée. Motivés par leurs étudiants<br />

mais aussi par des entreprises en mal de compétences,<br />

les établissements d’enseignement supérieur se mobilisent pour enseigner<br />

le changement climatique. Etat des lieux et prospectives.<br />

Marqué par les catastrophes climatiques,<br />

l’été <strong>2021</strong> sera-t-il celui de la prise de<br />

conscience ? Elle est en tout cas claire<br />

chez les jeunes dont, selon une étude menée<br />

par des chercheurs d’universités britanniques,<br />

américaines et finlandaises et<br />

financée par l’ONG Avaa, les trois quarts<br />

jugent le futur « effrayant ». 56 % estiment<br />

même que « l’humanité est condamnée<br />

», 52 % que la sécurité de leur famille<br />

« sera menacée » et 39 % hésitent à avoir<br />

des enfants. Plus de la moitié des sondés<br />

déclarent se sentir « apeurés, tristes, anxieux,<br />

en colère, sans défense ou coupables<br />

» et moins de 30 % se sentent optimistes<br />

résume Le Monde.<br />

C’est notamment pour répondre à leurs<br />

craintes qu’en ce début d’année universitaire<br />

les initiatives destinées à enseigner<br />

les défis <strong>du</strong> changement climatique se<br />

multiplient. Alors que les Fresques <strong>du</strong> Climat<br />

se multiplient des projets plus aboutis<br />

émergents, comme Gaïa à Audencia.<br />

De leur côté des grands acteurs de la recherche,<br />

tel Grenoble INP, se mettent en<br />

ordre de marche pour adapter leur stratégie<br />

aux grands enjeux de la transition<br />

énergétique. Avec comme moteur des<br />

étudiants mobilisés pour donner <strong>du</strong> sens<br />

à leur vie.<br />

Des études pour<br />

faire le point<br />

L’étude Mobiliser l’enseignement supérieur<br />

pour le climat, menée par les équipes<br />

<strong>du</strong> think tank spécialisé dans la transition<br />

énergétique The Shift Project, avait<br />

montré en 2019 combien peu établissements<br />

d’enseignement supérieur étaient<br />

engagés dans une démarche d’enseignement<br />

de la transition énergétique (seulement<br />

11 % des 34 établissements auscultés<br />

abordaient les enjeux climat-énergie<br />

de manière obligatoire).<br />

Depuis les choses ont<br />

évolué rapidement<br />

En 2020 la Fnege (Fondation nationale<br />

pour l’enseignement de la gestion des entreprises)<br />

a publié un Observatoire de la<br />

Transition Environnementale des écoles<br />

de management qui établit notamment<br />

que, parmi les 60 % d’écoles qui ont répon<strong>du</strong><br />

à ses questions « près de 8 sur 10<br />

font mention explicite <strong>du</strong> développement<br />

<strong>du</strong>rable ou de la responsabilité sociale<br />

des entreprises dans l’expression de ce<br />

qu’elles sont ». « Parce qu’elle reçoit un<br />

sixième des étudiants français la gestion a<br />

un rôle particulier. Nous avons voulu évaluer<br />

si les étudiants étaient bien formés<br />

aux défis de demain mais également si<br />

les établissements adoptaient les mesures<br />

qu’ils préconisaient », explique Jacques<br />

Igalens, le promoteur de l’initiative.<br />

The Shift Project entend aller plus loin<br />

dans la transformation de l’ensemble des<br />

formations et spécialisations métiers de<br />

l’enseignement supérieur. Avec le Groupe<br />

Insa il a ainsi publié en février <strong>2021</strong> un<br />

rapport intermédiaire sur Former l’ingénieur<br />

<strong>du</strong> xxi e siècle. De concert avec Audencia,<br />

le think tank lancera également<br />

en octobre prochain le projet « Climat-<br />

<strong>Sup</strong> Business ». Audencia sera ainsi la première<br />

école de management à devenir cas<br />

d’étude de cette initiative. Le projet <strong>du</strong>rera<br />

13 mois de l’état des lieux de la prise en<br />

compte des enjeux socio-écologiques dans<br />

les formations d’Audencia au portage <strong>du</strong><br />

projet auprès des acteurs compétents. Le<br />

rapport final sera ren<strong>du</strong> public à la rentrée<br />

de septembre 2022. Le secteur étant<br />

« très spécifique » et la demande s’étant<br />

« particulièrement manifestée de la part<br />

de ses acteurs », un focus particulier sera<br />

mis sur les formations destinant aux métiers<br />

de la finance.<br />

Des classements<br />

et des labels<br />

En 2020 le Times Higher E<strong>du</strong>cation a<br />

lancé son premier Impact Ranking fondé<br />

sur les ODD (objectifs de développement<br />

<strong>du</strong>rables) de l’ONU. Transition environnementale,<br />

responsabilité sociétale<br />

des entreprises, contribution à la paix<br />

dans le monde, 17 indicateurs y sont pris<br />

en compte et ont célébré l’action des universités<br />

australiennes et néo-zélandaises<br />

(quatre premières places en 2020, trois<br />

dans les quatre premières en <strong>2021</strong> avec<br />

la première place de l’université de<br />

Manchester) quand en France il faut remonter<br />

au-delà de la 100 e place pour trouver<br />

les premiers établissements classés<br />

(IMT Atlantiques, Université de Nantes<br />

et PSL).<br />

Les « classeurs » français réfléchissent<br />

également à créer ce type de classement<br />

35


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

– on attend fin octobre une publication<br />

dans Les Échos - ou à inclure plus la dimension<br />

environnementale et sociale dans<br />

les classements existants. Ce qui se révèle<br />

fort difficile tant les indicateurs sont difficiles<br />

à définir. Et des éléments chiffrés<br />

à obtenir de la part des établissements !<br />

Mais tout devrait changer avec la montée<br />

en puissance des « sociétés à mission »<br />

(Grenoble EM, emlyon BS et TBS sont les<br />

trois pionnières) qui mettent forcément en<br />

avant leurs spécificités en la matière. « En<br />

franchissant le pas de la société à mission,<br />

GEM a pour ambition de matérialiser<br />

l’ambition <strong>du</strong> plan stratégique 2025<br />

sur les domaines de la transition sociétale<br />

et écologique pour incarner son positionnement<br />

de Business Lab For Society.<br />

Cela permettra de pérenniser toutes les<br />

actions entreprises à GEM depuis des années<br />

sur l’engagement RSE à travers un<br />

cadre formel et engageant, tout en formant<br />

ses étudiantes et étudiants à devenir<br />

des acteurs de la transition sociétale<br />

et écologique », définit Loïck Roche, le<br />

directeur général de GEM.<br />

Les Nations Unies remettent de leur côté<br />

un label aux seules business schools : le<br />

Positive Impact Ranking. Si aucune école<br />

française n’atteint le niveau d’excellence,<br />

« niveau 5 » dont ne font partie que quatre<br />

écoles, Audencia, GEM et l’Iéseg sont notées<br />

dans le niveau 4, qui compte 24 business<br />

schools dans le monde. En France<br />

la labellisation DD&RS est accordée aujourd’hui<br />

37 établissements d’enseignement<br />

supérieur en France pour « valoriser<br />

nationalement et internationalement<br />

au meilleur rapport bénéfices/coûts les<br />

démarches de développement <strong>du</strong>rable et<br />

de responsabilité sociétale des établissements<br />

d’enseignement supérieur et de<br />

recherche ».<br />

Étudiants et alumni<br />

moteurs de la<br />

transformation<br />

Les étudiants sont souvent les moteurs de<br />

cette transformation et on se souvient <strong>du</strong><br />

Manifeste étudiant pour un réveil écologique<br />

publié en 2018. « Nos plus récentes<br />

études le montrent distinctement, nous<br />

avons même affaire à une génération de<br />

quasi militants <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable.<br />

Des étudiantes et des étudiants qui<br />

placent au premier rang de leurs préoccupations<br />

- mais aussi de leurs exigences<br />

vis-à-vis de leurs futurs employeurs -<br />

l’avenir de notre planète et les actions à<br />

mener pour la préserver », remarque le<br />

président de la Conférence des Grandes<br />

L’Edhec s’engage résolument dans la RSE avec son nouveau<br />

plan stratégique « Impact Future Generations »<br />

écoles (CGE) et directeur général d’Arts<br />

et métiers, Laurent Champaney.<br />

Une préoccupation qui était au cœur de<br />

la création <strong>du</strong> Refedd (REseau Français<br />

Étudiant pour le Développement Durable)<br />

devenu début <strong>2021</strong> le Reses (Réseau Étudiant<br />

pour une Société Écologique et Solidaire)<br />

parce que « l’utilisation <strong>du</strong> développement<br />

<strong>du</strong>rable dans la politique<br />

gouvernementale et par des organismes<br />

influents, à des fins qui ne sont pas toujours<br />

si respectueuses de l’environnement<br />

». Aujourd’hui plus de 140 associations<br />

étudiantes, réparties dans plus de<br />

45 villes et sur plus de 90 campus, sont<br />

membres.<br />

Pour fédérer les initiatives des étudiants<br />

une fois diplômés a également été créé<br />

en 2020 Alumni for the Planet, un réseau<br />

soutenu par la CPU, la Cdefi et la CGE qui<br />

vise à « créer et à développer le réseau<br />

des diplômés de l’enseignement supérieur<br />

qui s’engagent et agissent en faveur <strong>du</strong><br />

climat et de l’environnement ». Des réseaux<br />

qui existent également dans les établissements.<br />

L’ESCP Transition Network<br />

est ainsi un réseau composé d’une centaine<br />

d’étudiants, alumni, professeurs et<br />

membres de l’administration, qui permet<br />

d’initier et d’accompagner des projets au<br />

sein de l’école.<br />

Cette volonté des étudiants de jouer un<br />

rôle positif dans l’évolution de la société<br />

se tra<strong>du</strong>it parfois par des changements de<br />

trajectoire professionnelle radicaux. Dans<br />

un film réalisé par un étudiant de Centrale<br />

Nantes intitulé Ruptures on suit ainsi des<br />

diplômés de Polytechnique, de Sciences<br />

Po, de Centrale ou d’écoles de commerce<br />

qui ont décidé de renoncer à l’avenir qu’on<br />

leur promettait pour une vie qu’ils jugent<br />

plus compatible avec les enjeux environnementaux<br />

et sociétaux.<br />

Un engagement de<br />

plus en plus affirmé<br />

En cette année de campagne des élections<br />

présidentielles, la responsabilité sociétale<br />

et environnementale (RSE) est<br />

plus que jamais au cœur des projets politiques.<br />

Un contexte dans lequel la Conférence<br />

des Grandes écoles (CGE) compte<br />

ainsi bien rappeler le rôle clé de l’enseignement<br />

supérieur. « Si on veut transformer<br />

la société il faut s’appuyer sur l’enseignement<br />

supérieur : c’est le message<br />

que nous voulons faire passer à des politiques<br />

qui se préoccupent plus <strong>du</strong> collège<br />

et <strong>du</strong> lycée que de l’enseignement supérieur<br />

où tout se décide », exprime son<br />

président, Laurent Champaney. Les établissements<br />

d’enseignement supérieur sont<br />

en effet des acteurs clés dans la transition<br />

vers la neutralité carbone et des sociétés<br />

<strong>du</strong>rables, ainsi que dans la réalisation des<br />

objectifs de l’Agenda 2030 des Nations<br />

Unies et <strong>du</strong> Green Deal de l’Union européenne.<br />

L’Association européenne des<br />

universités publie justement la première<br />

enquête jamais menée auprès des établissements<br />

d’enseignement supérieur de l’Espace<br />

européen de l’enseignement supérieur<br />

(EEES) sur « l’écologisation dans<br />

les établissements d’enseignement supérieur<br />

» (« Greening in European higher<br />

e<strong>du</strong>cation institutions »).<br />

Edhec BS<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Des responsables<br />

et des actes<br />

C’est en 2017 que l’Université Paris Nanterre<br />

s’est dotée <strong>du</strong> tout premier service<br />

entièrement dédié à la responsabilité sociétale<br />

des universités et au développement<br />

<strong>du</strong>rable (RSU-DD) « ouvrant ainsi<br />

une voie nouvelle dans le paysage de<br />

l’ESR français et dans le rôle attribué à<br />

l’université ». Mais c’est bien quatre ans<br />

avant, en 2013, que le poste de Head of<br />

Sustainability and Global Responsability<br />

avait été créé à Grenoble EM. Jaclyn Rosebrook-Collignon<br />

l’occupe depuis : « Aujourd’hui<br />

150 personnes travaillent dans<br />

six groupes différents et un Student Sustainability<br />

Pathway permet à chaque étudiant<br />

de suivre tout ce que nous faisons ».<br />

La prise de conscience de tous, passe par<br />

l’organisation d’événements dédiés. Dans<br />

le cadre des Semaines européennes <strong>du</strong> développement,<br />

l’Université Paris-Saclay<br />

organise ainsi les Semaines <strong>du</strong> développement<br />

soutenable sur ses campus, <strong>du</strong><br />

14 septembre au 8 octobre <strong>2021</strong>. Exposition,<br />

webinaires, friperie, World Clean<br />

Up Day, journée de la mobilité et projection<br />

de film sont prévus tout au long de ces<br />

semaines alors que, <strong>du</strong>rant l’année 2020-<br />

<strong>2021</strong>, l’Université a plus particulièrement<br />

illustré son engagement avec la mise en<br />

place d’une démarche participative qui a<br />

con<strong>du</strong>it ses personnels et étudiants à proposer<br />

plus d’une cinquantaine de projets.<br />

Les Fresques <strong>du</strong> Climat sont quant à elle<br />

devenues peu à peu un moment incontournable<br />

des rentrées étudiantes. « En<br />

2019 nous avons rencontré 20 000 jeunes.<br />

Nous voulons monter à 100 000 par an<br />

avec tous nos bénévoles », explique son<br />

fondateur, Cédric Ringenbach.<br />

Au-delà des étudiants ce sont maintenant<br />

tous les personnels qui suivent ces<br />

formations. Après ESCP, pionnière en la<br />

matière, c’était cet été au tour d’Audencia<br />

d’organiser cet été une Fresque <strong>du</strong> Climat<br />

pour l’ensemble de ses 416 collaborateurs<br />

au cours de son séminaire de rentrée.<br />

Les écoles s’engagent maintenant à<br />

permettre à l’ensemble de leurs collaborateurs<br />

et enseignants-chercheurs de devenir<br />

à leur tour « fresqueurs », afin de<br />

poursuivre la diffusion de la fresque auprès<br />

<strong>du</strong> plus grand nombre. L’Université<br />

Grenoble Alpes (UGA) a quant à elle<br />

convié pendant l’été <strong>2021</strong> l’ensemble de<br />

sa communauté - étudiants et personnels<br />

- à une semaine entièrement dédiée à la<br />

RSE. Intitulée « L’UGA, actrice des transitions<br />

socio-écologiques », cette semaine<br />

de rendez-vous, d’échanges, de conférences<br />

scientifiques et de débats en ligne<br />

a eu pour objectif de « sensibiliser, faire<br />

connaître, fédérer les énergies autour de<br />

ce sujet central et de trouver des manières<br />

de travailler ensemble ».<br />

De nouvelles stratégies<br />

Les défis sociétaux et environnementaux<br />

sont au cœur de la nouvelle stratégie menée<br />

par Grenoble INP. Comme l’explique<br />

son administrateur général, Pierre Benech,<br />

il s’agit de « proposer des projets inspirants<br />

pour les jeunes ». Grenoble INP a<br />

créé à cet effet une vice-présidence développement<br />

<strong>du</strong>rable et responsabilité sociétale<br />

et entend mettre sa recherche en ordre<br />

de marche en ce sens : « Nous menons<br />

notamment des recherches importantes<br />

sur le développement des réseaux électriques.<br />

Le défi des années à venir, c’est<br />

de faire en sorte que les sources d’énergie<br />

contrôlables (hydraulique, charbon…)<br />

puissent suppléer à l’intermittence de la<br />

pro<strong>du</strong>ction des énergies renouvelables,<br />

sans pour autant provoquer de blackout<br />

susceptibles de con<strong>du</strong>ire à des drames ».<br />

Début septembre l’ensemble des écoles<br />

de l’Institut Mines Télécom (IMT) ont de<br />

leur côté signé une Charte pour une transition<br />

écologique et sociale pour notamment<br />

« contribuer au soutien économique<br />

à long terme des territoires en accompagnant<br />

la transformation des modèles de<br />

pro<strong>du</strong>ction de l’in<strong>du</strong>strie vers des modèles<br />

d’écologie in<strong>du</strong>strielle ». Deux écoles de<br />

l’Institut Mines-Télécom, IMT Atlantique<br />

et IMT Nord Europe, font déjà partie <strong>du</strong><br />

réseau engagé Campus Responsables.<br />

Cette stratégie passe par la création de<br />

L’étude de l’ONG Avaa<br />

L’étude de l’ONG Avaa<br />

s’appuie sur un sondage<br />

réalisé entre mai et juin par<br />

l’institut Kantar auprès de<br />

10 000 jeunes âgés de 16 à 25<br />

ans dans dix pays, <strong>du</strong> Nord<br />

comme <strong>du</strong> Sud (Australie,<br />

Brésil, États-Unis, Finlande,<br />

France, Inde, Nigeria,<br />

Philippines, Portugal et<br />

Royaume-Uni). Une prépublication<br />

est disponible<br />

sur le site de The Lancet.<br />

départements dédiés dans les universités<br />

comme les écoles d’ingénieurs. C’est<br />

plus rare dans les écoles de management.<br />

ESCP est ainsi la première à avoir créé un<br />

département académique sustainability<br />

qui compte 12 professeurs et cinq doctorants.<br />

« Cela nous permet notamment<br />

de piloter la montée en puissance de ces<br />

sujets dans l’ensemble de l’école, avec<br />

pour objectif d’atteindre cette année les<br />

100 % des étudiants formés l’année prochaine,<br />

comme recommandé par le rapport<br />

Jouzel », précise Aurélien Acquier.<br />

MBS poursuit quant à elle le renforcement<br />

des apprentissages liés à la transition sociétale<br />

et environnementale, en s’appuyant<br />

notamment sur sa recherche et son Sustainability<br />

Lab.<br />

Une transformation qui va jusqu’à toucher<br />

les fonds d’investissement des grandes<br />

universités américaines. Après des années<br />

de protestation de ses étudiants, l’université<br />

d’Harvard abandonne ainsi peu à<br />

Des étudiants de GEM scrutent une ville particulièrement investie dans les questions climatiques<br />

GEM<br />

37


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

Avec son Sulitest, Kedge a ouvert la voie aux certifications RSE (ici son « hub » de Marseille)<br />

peu ses investissements dans les énergies<br />

fossiles comme le révèle cette semaine<br />

le Times Higher E<strong>du</strong>cation (Harvard to<br />

divest from fossil fuels after decade of<br />

protests).<br />

Des programmes<br />

dédiés ou impactés<br />

De plus en plus de programmes sont créés<br />

pour répondre à la demande des étudiants<br />

comme celle des entreprises. Au niveau<br />

européen l’EUA mesure ainsi que 61 %<br />

des programmes sont aujourd’hui impactés<br />

par les questions environnementales.<br />

On monte même à 95 % dans les activités<br />

extra-universitaires.<br />

Avec sa licence Sciences pour un monde<br />

<strong>du</strong>rable PSL a lancé en 2019 un premier<br />

cycle universitaire, généraliste et sélectif,<br />

alliant sciences de la nature, de la matière<br />

et de la vie, sciences économiques et sociales,<br />

et sciences humaines. De même<br />

ESCP a créé en 2016 un MSc in International<br />

Sustainability Management qui<br />

connaît un franc succès et organise pour<br />

chaque rentrée depuis 3 ans un séminaire<br />

intitulé « Designing tomorrow Business<br />

& Sustainibility » suivi de trois mois de<br />

travail sur une controverse. « Nous avons<br />

commencé par créer un programme de<br />

spécialistes destiné aux spécialistes puis il<br />

nous est apparu que ces questions étaient<br />

trop importantes pour que tous nos étudiants<br />

n’y soient pas formés », définit Aurélien<br />

Acquier, le doyen associé à la transition<br />

<strong>du</strong>rable qui dirige une équipe en<br />

charge de faire le lien avec les différentes<br />

parties prenantes internes (administration,<br />

différents campus européens, élèves) avec<br />

des « ambassadeurs sustainability » sur<br />

chacun des campus.<br />

Si des cursus sont totalement dédiés tous<br />

les programmes sont peu à peu impactés.<br />

emlyon BS a ainsi ren<strong>du</strong> cette année<br />

le cours « Agir pour le Climat obligatoire<br />

pour la nouvelle promotion de son PGE.<br />

Ce cycle se projette sur 10 semaines à<br />

raison d’un séminaire par semaine animé<br />

par des experts reconnus de l’urgence<br />

climatique. La conférence d’ouverture a<br />

ainsi été donnée par Pascal Canfin, directeur<br />

général <strong>du</strong> WWF France de 2016<br />

à 2019, et désormais député européen et<br />

président de la commission de l’environnement,<br />

de la santé publique et de la sécurité<br />

alimentaire (ENVI). Autre processus<br />

à Grenoble EM où des capsules « Think<br />

Sustainability » dédiées sont créées cette<br />

année sans être pour autant obligatoires.<br />

« Nous tenons à ce que soit un acte volontaire<br />

en dehors <strong>du</strong> cursus. Les étudiants<br />

qui veulent aller plus loin peuvent le tra<strong>du</strong>ire<br />

par des actes avec des capsules Act<br />

& Think Sustainability, le tout entrant<br />

dans un Passeport Sustainability », relève<br />

Jaclyn Rosebrook-Collignon.<br />

Kedge BS<br />

Pour aller encore plus loin Audencia crée<br />

cette année une école dédiée, Gaïa, à laquelle<br />

elle consacrera un bâtiment dédié<br />

en 2023. « Nous voulons leur permettre<br />

d’intégrer le paramètre des ressources<br />

dans leur réflexion sur l’économie. Ils<br />

doivent acquérir un nouveau statistique<br />

suffisant pour élaborer des raisonnements<br />

éclairés », explique son directeur,<br />

José Maillet. Tous les étudiants de<br />

l’école y suivront à terme obligatoirement<br />

des cours, ceux de la Grande école<br />

pouvant même y suivre tout un semestre<br />

s’ils le souhaitent. « Nous nous focalisons<br />

d’abord sur la Grande école pour étalonner<br />

les niveaux puis nous passerons aux<br />

bachelors, au MBA, etc. » Certains cours<br />

existent déjà, comme « Économie et transition<br />

énergétique », d’autres seront créés<br />

dès septembre 2022.<br />

Plus largement c’est l’ensemble des disciplines<br />

qui est peu à peu impacté. Avec plus<br />

ou moins de mal comme nous le confiait<br />

en 2020 Marie-Laure Djelic, à l’époque<br />

directrice de l’École <strong>du</strong> management et<br />

de l’innovation de Sciences Po : « En finance,<br />

nous avançons vers la finance <strong>du</strong>rable<br />

mais c’est un travail très long de<br />

mettre en concordance finance <strong>du</strong>rable<br />

et finance classique. Le monde va très vite<br />

sur certains axes alors qu’il existe encore<br />

des doctrines très ancrées qui ont <strong>du</strong> mal<br />

à évoluer. Nous sommes poussés par les<br />

étudiants qui relèvent les incohérences<br />

qui subsistent entre nos cours. Les entreprises<br />

aussi nous demandent d’avancer<br />

dans ce sens ».<br />

Comment écologiser<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

Faites ce que je dis c’est bien, faites ce<br />

que je fais c’est mieux. Si 82 % des établissements<br />

d’enseignement supérieur interrogés<br />

par l’Association européenne des<br />

universités ont adopté des mesures pour<br />

améliorer leur bilan écologique, les débats<br />

restent vifs quand il faut par exemple réguler<br />

les déplacements. En pointe les universités<br />

suisses limitent ainsi strictement<br />

les déplacements en avion. L’université de<br />

Genève spécifie ainsi dans son règlement<br />

L’étude de l’EUA<br />

372 établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

de l’EEES ont participé à<br />

l’enquête de l’EUA, dont<br />

305 avaient mis en place des<br />

mesures et des initiatives<br />

d’écologisation et ont<br />

été pris en compte pour<br />

l’évaluation. La répartition<br />

géographique est inégale et<br />

ne correspond pas à la taille<br />

<strong>du</strong> secteur de l’enseignement<br />

supérieur dans chaque<br />

pays. La France, l’Espagne,<br />

l’Autriche, le Kazakhstan, la<br />

Roumanie et l’Italie – dans<br />

cet ordre – ont eu les taux<br />

de réponse les plus élevés.<br />

38


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

OCTOBRE <strong>2021</strong> N° 53<br />

intérieur que « sans justification, l’utilisation<br />

de l’avion n’est pas autorisée pour<br />

les destinations accessibles en train depuis<br />

Genève en 4h de trajet ou moins ».<br />

De plus les professeurs ou chefs de groupe<br />

doivent « compenser leurs vols et ceux<br />

de leur équipe sur leurs fonds universitaires<br />

». Alors que, 68 % des émissions<br />

pro<strong>du</strong>ites par MBS (Montpellier BS) sont<br />

<strong>du</strong>es aux déplacements ponctuels et quotidiens<br />

des salariés et des étudiants, Cinq<br />

actions ont donc été mises en place pour<br />

ré<strong>du</strong>ire cet impact et MBS vient ainsi de<br />

rejoindre le programme « Tous covoitureurs<br />

» avec KLAXIT. Dans le schéma<br />

ci-dessous l’EUA montre comment la<br />

« greening mobility » se développe.<br />

Au-delà c’est toute la vie des campus qui<br />

est impactée. En s’appuyant sur les résultats<br />

de son bilan carbone, MBS a par<br />

exemple pu « identifier les actions prioritaires<br />

pour ré<strong>du</strong>ire son impact environnemental<br />

» en attendant de s’installer sur<br />

son nouveau campus à empreinte carbone<br />

négative en 2024. Au sein de GEM les<br />

groupes de travail sur la RSE sont aussi<br />

bien chargés des questions de pédagogie<br />

que de fonctionnement de l’école avec un<br />

objectif de neutralité carbone dès 2030.<br />

Un engagement qui passe également dès<br />

cette année par des campus « Zéro Déchet<br />

». Les collaborateurs et étudiants de<br />

GEM peuvent ainsi prendre leur repas à<br />

emporter en mode consigné dans la cafétéria<br />

<strong>du</strong> campus grenoblois. De même les<br />

gobelets seront bientôt tous réutilisables<br />

et une fontaine transforme l’eau <strong>du</strong> réseau<br />

en boissons aromatisées et sans déchet.<br />

Former des cadres<br />

conscients des enjeux<br />

« Ce qui va le plus impacter les entreprises<br />

dans les années à venir c’est la<br />

transition écologique », assurait l’ancien<br />

directeur général de l’Organisation mondiale<br />

<strong>du</strong> commerce et actuel président<br />

de la Fondation Jacques Delors, Pascal<br />

Lamy, lors de son intervention à Dirigeants<br />

en pays d’Avignon, l’événement organisé<br />

chaque année par le groupe IGS.<br />

Et Philippe Donnet, le directeur général<br />

d’un des principaux groupes d’assurance<br />

mondial, Generali, d’enfoncer le clou devant<br />

les chefs d’entreprises et DRH un<br />

peu mé<strong>du</strong>sés : « Les entreprises ont une<br />

vision à beaucoup plus long terme que<br />

les politiques. Je crois à l’entreprise responsable<br />

et engagée. Notamment face aux<br />

défis environnementaux qui vont considérablement<br />

faire monter les primes<br />

d’assurance ».<br />

Toutes les entreprises sont impactées et<br />

les compétences de plus en plus recherchées.<br />

« Les entreprises sont en plein<br />

désarroi alors que l’Union européenne<br />

accélère sa environnementale avec son<br />

Green Deal. Les assureurs n’ont pas encore<br />

assez d’actuaires capables de fixer<br />

les futures primes d’assurance liées aux<br />

événements climatiques. L’agro-alimentaire<br />

peine à recruter des diplômés qui demandent<br />

<strong>du</strong> sens », explique encore José<br />

Maillet quand Cédric Ringenbach insiste :<br />

« Il ne faut pas hésiter à aller travailler<br />

dans des entreprises qui semblent peu<br />

concernées encore par le sujet, pour les<br />

aider à évoluer ». Président de l’association<br />

étudiante ImpAct de Grenoble EM, au<br />

sein de laquelle 90 étudiants mènent des<br />

actions de sensibilisation à la RSE, Yanis<br />

Badin va dans le même sens : « Il n’y<br />

a pas assez de postes spécifiquement dans<br />

la RSE. Afin de sensibiliser les étudiants<br />

aux carrières à impact positif, nous recevons<br />

des professionnels de l’audit-finance,<br />

<strong>du</strong> marketing digital ou encore <strong>du</strong> conseil<br />

pour qu’ils nous expliquent comment ils<br />

ont une démarche responsable sans être<br />

pour autant responsables RSE ». Ce que<br />

résume ainsi Aurélien Acquier : « Il n’est<br />

pas question de dire à un étudiant de ne<br />

pas travailler dans la finance de marché.<br />

Mais pourquoi pas autrement ? »<br />

TBS E<strong>du</strong>cation<br />

Devenue société à mission en <strong>2021</strong>, TBS E<strong>du</strong>cation<br />

s’engage de plus en plus dans la RSE<br />

O.R.<br />

39

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