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GRATUIT & gouleyant- N°<strong>92</strong> - Septembre - Octobre 2021<br />
Saveurs d'automne<br />
Coup de tabac<br />
en Gascogne<br />
Le bonheur est<br />
dans le naturisme<br />
Escapade en ULM<br />
avec Vincent<br />
Plaimont : à la<br />
découverte du vignoble<br />
Johanna et son<br />
atelier reliure<br />
P. Farbos et J. Helfrich :<br />
10 ans d'amitié<br />
Le bel été du camping<br />
d'Estang<br />
La folie salsa,<br />
bachata, kizomba<br />
Il y aura du foie gras<br />
à Noël<br />
Sahel-Gascogne & HDM<br />
en Afrique<br />
Louis Damblanc<br />
inventeur de la fusée<br />
Marie Sophie,<br />
immobilier SAFTI
Édito<br />
22 millions de ruraux, et moi, et moi<br />
Avec cette pénible affaire de covid,<br />
qui a occupé tout l’espace médiatique,<br />
beaucoup de choses sont<br />
passées sous les radars. Saviez-vous,<br />
par exemple, que sans crier gare, le<br />
nombre de ruraux en France était passé<br />
au printemps 2021 de 3 millions<br />
environ à près de 22 millions. Tout de<br />
suite, ça fait plus sérieux. On se rengorge<br />
presque. Cette révolution démographique,<br />
bien silencieuse jusque-là,<br />
tient à un changement de définition,<br />
adoubé par l’Agenda rural de 2019,<br />
qui promettait de repenser l’idée de la<br />
campagne. Longtemps, le rural a été<br />
défini en creux : c’était ce qui n’était<br />
pas urbain, ni même rattaché à une unité<br />
urbaine de 2000 habitants. Définition<br />
assez négative, sinon péjorative, qui ne<br />
satisfaisait plus grand monde. L’Insee,<br />
et avec elle des élus et des universitaires,<br />
a revu le sujet. Sont considérées<br />
désormais comme rurales « toutes<br />
les communes peu denses ou très peu<br />
denses ». Soit, quand même, 88 % des<br />
34 968 communes en France, 33 % de<br />
la population totale, contre 4,5 % auparavant.<br />
Un saut de l’ange démographique<br />
qui a fait passer les ruraux de 3<br />
à 22 millions de personnes. Avec une<br />
nuance de taille, car 58 % de ces ruraux<br />
nouvellement recensés vivent dans un<br />
endroit qui est sous l’attraction d’un<br />
pôle dense. Bon, ça ne réglera pas tout.<br />
Et peut-être rien… Mais c’est intéressant<br />
à savoir. Comme on sera peut-être<br />
étonné (content ?) d’apprendre que selon<br />
cette définition révisée, la France<br />
est le pays le plus rural d’Europe, juste<br />
derrière la Pologne. La comparaison<br />
étant faite entre pays à population équivalente.<br />
Cinquante nuances<br />
de campagne<br />
Après avoir été obsédés pendant des<br />
années par les métropoles, les pouvoirs<br />
publics semblent maintenant parier<br />
sur la ruralité. Mais il suffit d’y vivre,<br />
et dans le Gers on est aux premières<br />
loges, pour constater qu’il y a au moins<br />
cinquante nuances. Elle attire en tout<br />
cas des urbains, portés sans doute par<br />
l’essor du télétravail. Les achats de<br />
maisons à la campagne ont connu diton<br />
une hausse record<br />
en 2020. Mais on<br />
est encore loin d’un<br />
exode inversé.<br />
Hugues de Lestapis<br />
Le nouveau look du Canard Gascon<br />
Votre magazine a profité de la trêve estivale<br />
pour soigner sa toilette et se faire<br />
plus beau, plus élégant qu’il n’était. La<br />
Une a été revue, la maquette des pages<br />
intérieures s’est allégée. L’esprit reste le<br />
même, plus que jamais : un journal positif,<br />
amical et gourmand. Il est imprimé dans le<br />
Gers depuis peu. Il est 100 % gascon. Prochain<br />
numéro fin novembre, pour les fêtes.<br />
Bonne lecture .<br />
Le Canard Gascon<br />
Site web : www.lecanardgascon.com. Mail : lecanardgascon32@gmail.com - Tél. : 06 61 34 29 32<br />
Directeur de la publication & rédacteur en chef : Hugues de Lestapis.<br />
Rédaction : Ingrid Carlander, Atelier Histoire du Clan, Rose-Marie-Richard, Ostau Gascon.<br />
llustrations : Elger & Franck Raynal. Mots croisés : François Sumien. Impression : 15 000 exemplaires.<br />
Imprimeur : BCR Gimont (Gers). Maquette : Panache Communication 06 81 13 97 64. Publicité : 06 61 34 29 32.<br />
Éditeur : Les Éditions Guilleragues - 13, place Descamps - 32700 Lectoure<br />
Dépôt légal 3 e trimestre 2021 - Photo de couverture: © Adobe Stock- Autres photos : Le Canard Gascon, ou D.R.<br />
3
Album<br />
Retour sur un été riche en émotions<br />
Crise ou pas, météo ou pas, les rendez-vous culturels et festifs<br />
ont été très nombreux en juillet et août. Souvenirs, souvenirs…<br />
Album<br />
Marciac<br />
Festival de jazz<br />
À tout seigneur tout honneur, le JIM<br />
(Jazz in Marciac) a retrouvé son public.<br />
Une 43e édition perturbée par la crise<br />
sanitaire (reprise de la pandémie,<br />
jauge contrainte, grillage, passe…)<br />
et donc resserrée à 12 soirées, contre<br />
18 d’ordinaire. Mais de l’avis des<br />
amateurs, l’esprit JIM y était. Sous le<br />
chapiteau, Ibrahim Maalouf (photo),<br />
Thomas Dutronc et Zucchero ont fait<br />
carton plein, ou presque. Le festival bis<br />
a réservé quant à lui de belles surprises.<br />
Mention spéciale, car le Canard Gascon<br />
y était, au groupe Latin Spirit, un<br />
nonette (neuf musiciens) latino et jazz,<br />
avec l’excellente chanteuse cubaine<br />
Mayomi Moreno. Que calor !<br />
© photo Laurent Sabathé<br />
Lectoure<br />
Nadau au stade<br />
Un des pics de la saison gersoise en<br />
fréquentation : 1500 spectateurs au<br />
stade de Lectoure le 16 juillet, avec<br />
une météo favorable (c’était rare ce<br />
mois-là). Le pass sanitaire faisait alors<br />
ses premiers pas, on a dû procéder<br />
à des tests sur place. L’organisateur,<br />
l’association les Gasconnades et sa<br />
centaine de bénévoles a bien assuré.<br />
Le public a répondu présent comme un<br />
seul homme. Il faut dire que le groupe<br />
occitan Nadau, Jan et ses musiciens, est<br />
abonné au succès. On venait même de<br />
loin pour entendre Aqueras Montanhas,<br />
ou l’Encantada, repris par la foule à la<br />
nuit tombée.<br />
© photo Matthew Weinreb<br />
Mirande<br />
KiosqNrock<br />
C’était la ville d’un fameux festival de<br />
country, il y a aujourd’hui KiosqNrock<br />
avec son championnat de France de Air<br />
Guitar. Pour ceux qui l’ignoreraient, il<br />
s’agit de mimer des riffs devant un jury<br />
au moyen d’une guitare imaginaire.<br />
Pour cette 7e édition, le président dudit<br />
jury n’était autre que l’auteur de <strong>BD</strong><br />
Franck Margerin, créateur de Lucien.<br />
Un spectacle étonnant, à la fois très<br />
sérieux et totalement déjanté, difficile à<br />
décrire. Il faut le voir — vidéos sur la<br />
page Facebook de l’événement.<br />
Flamarens<br />
Estivales au château<br />
Pleine réussite pour ce rendez-vous<br />
annuel au château d’Arthur et de Marie-<br />
Hélène Gadel, qui domine la vallée de<br />
l’Arratz. Le concert « onomatopéique »<br />
du trio ethno-électro vocal Tribal Voix<br />
(photo) a séduit le public. Il y avait<br />
nombre d’exposants, dont la vitrailliste<br />
Jud, la famille Carayon et ses noisettes,<br />
sans oublier le dessinateur humoristique<br />
Perry Taylor, qu’on verra bientôt<br />
ceindre l’écharpe des mousquetaires<br />
de l’Armagnac. La famille Gadel,<br />
propriétaire depuis 1983, fait un travail<br />
remarquable pour la sauvegarde de ce<br />
patrimoine d’exception.<br />
La Romieu<br />
Musique aux jardins<br />
Spectacle ravissant dans les jardins de<br />
Coursiana, avec un trio à cordes et une<br />
performance de danse contemporaine.<br />
Des jeunes gens talentueux, François<br />
Pineau-Benois au violon, Tiphaine<br />
Lucas au violoncelle, Antonin Faure<br />
à l’alto, et Vaena Bercy, danseuse<br />
gersoise. Avec les peintures de Gérard<br />
Barbe. Une production PianoNovo dans<br />
le cadre du festival Musique Halles de<br />
Lomagne 2021, qui s’est déployé aussi<br />
à Gimont, Mauvezin, Lombez, Saint-<br />
Clar, Bassoues et Castex d’Armagnac.<br />
Termes d'Armagnac<br />
Moisson théâtrale<br />
Du théâtre vivant en milieu rural dans<br />
un lieu bucolique, une programmation<br />
audacieuse aussi, c’est la recette,<br />
encore réussie début août, du festival<br />
Les Moissons d’été, créé en 2017 par<br />
Jacques Grizeaud et Marie Delmarès.<br />
Captivante, entre autres, la création<br />
de la pièce La Boîte, qui met en scène<br />
une lanceuse d’alerte. Une parenthèse<br />
enchantée, et de l’énergie engrangée<br />
pour l’édition 2022.<br />
Mourède<br />
Sculptures<br />
C’est, le temps de quelques jours en<br />
été, le temple gersois de la sculpture, à<br />
quelques kilomètres de Vic-Fezensac.<br />
Pour cette 8e édition, l’association<br />
Avoz’Art de Béatrice Fernando a réuni<br />
quelque 25 artistes, dont le plasticien<br />
Pascal Borghi, Céline Soutumier, Annie<br />
Bozza. La Canard Gascon, solidaire de<br />
ses congénères, a particulièrement aimé<br />
les sculptures d’animaux de Jean-Marie<br />
Parache, faites à partir de couverts en<br />
métal argenté et de chutes de cuivre<br />
assemblées.<br />
Ayguetinte<br />
Le vin trinque avec l’art<br />
VINEART, le 1er événement vignoble<br />
Côtes de Gascogne, organisé tout l’été<br />
dans le Gers, a tenu ses promesses. Il<br />
s’agissait de rencontres artistiques chez<br />
les vignerons, de quoi déguster des<br />
vins de manière privilégiée et assister<br />
à des spectacles de cirque, de musique<br />
et de théâtre. 17 domaines à visiter,<br />
27 rendez-vous, dans une ambiance<br />
gourmande et conviviale. Le Canard<br />
Gascon s’est attardé au domaine<br />
d’Entras, à Ayguetinte, chez la famille<br />
Maestrojuan, d’origine espagnole.<br />
Michel (fils de Michel et petit-fils<br />
de Miguel !), ingénieur agro doté<br />
d’un solide bagage à l’international,<br />
entreprend le virage vert du vignoble<br />
depuis son retour sur la propriété. Ce<br />
soir-là, pas loin de 150 personnes<br />
avaient réservé un couvert à Entras,<br />
après avoir goûté les différentes cuvées,<br />
le tout au son des guitares. Assemblage<br />
parfait.<br />
Clermont-Savès<br />
Pink Floyd revival<br />
Comme un festival de rock en plein air,<br />
un soir de la mi-septembre en Gascogne<br />
toulousaine. Sur la vaste scène, le<br />
groupe (tarbais) Shine On, qui interprète<br />
les plus grands morceaux du groupe<br />
Pink Floyd, au plus fidèle, dans une<br />
ambiance résolument psychédélique<br />
avec effets lumineux, lasers et images<br />
projetées sur un grand écran. Plus de 2h<br />
de musique. Beau succès public, et une<br />
énorme satisfaction pour Nadine Dax,<br />
l’organisatrice en chef de ce FestiPop<br />
RockEstival.<br />
Mauvezin<br />
Un piano sous la halle<br />
Plus exactement un camion-scène<br />
avec un piano dedans, un pianiste et<br />
un comédien, pour une représentation<br />
mêlant musiques et textes. Guilhem<br />
Fabre et François Michonneau ont<br />
captivé le public grâce à Schubert,<br />
Chopin, Bach, Duras, Aragon, Rilke<br />
et Proust. Un moment rare. Une<br />
production PianoNovo dans le cadre du<br />
festival Musique Halles de Lomagne<br />
2021<br />
4 5
Album<br />
Saint-Clar<br />
Batterie à l’église<br />
Le batteur de jazz Matthieu Chazarenc,<br />
avec ses complices Christophe<br />
Wallemme à la contrebasse, Sylvain<br />
Gontard au bugle et Laurent Derache<br />
à l’accordéon, ont donné un concert<br />
épatant à la Vieille Église de Saint-<br />
Clar, fin août, sous l’égide de<br />
l’ACLED. Un univers musical riche,<br />
exigeant, mais très mélodieux en dépit<br />
du caractère très singulier de chacun<br />
des instruments pris séparément. Le<br />
Canard Gascon avait consacré un large<br />
article à Chazarenc dans son numéro de<br />
juin 2021, il a bien fait !<br />
Condom<br />
Les mercredis du Conti<br />
Une tradition estivale bien ancrée,<br />
les mercredis du Conti, alias l’hôtel<br />
Continental de Condom avec son<br />
merveilleux jardin arboré, scène<br />
musicale idéale. Pour le dernier opus,<br />
c’est le D’Artagnan Band qui a régalé<br />
les convives (dont la nouvelle souspréfète),<br />
en partenariat avec le festival<br />
de bandas et Plaimont. D’autres artistes<br />
ont enchanté le Conti, dont Lovely<br />
Jane, Les Roses Cabaret ou Olivier<br />
Vacquié.<br />
Lectoure<br />
Le melon, cette fête !<br />
Moment rituel de la fin-août dans<br />
la capitale de la Lomagne, la fête<br />
du melon 2021 a eu Ariane Daguin<br />
comme invitée surprise. Fille d’André,<br />
elle mène une brillante carrière<br />
d’entrepreneuse aux États-Unis.<br />
Elle méritait son intronisation dans<br />
la confrérie du melon, tout comme<br />
les soignants de la ville, dont le<br />
pharmacien Arnauld Cabelguenne,<br />
sur le front depuis le début de la crise<br />
sanitaire. Clara Sachetti, miss Gers, a<br />
eu aussi son béret et son foulard, et le<br />
chanteur Serge Mauro a fait entendre<br />
ses hymnes locaux, dont celui sur le<br />
melon, à un public enthousiaste.<br />
Lavardens<br />
Ambassade du Japon<br />
Voilà plusieurs saisons que Lavardens<br />
se pare des couleurs paradoxales du<br />
Japon, à la fois moderne et ancestral.<br />
Dans ce vieux château, c’est toujours<br />
un voyage extraordinaire. Calligraphie,<br />
gravure, kimono, poterie, peintures,<br />
sans oublier une magnifique tenue<br />
de samouraï, sous verre, proposée<br />
à la vente comme pas mal d’objets<br />
exposés. Lavardens comme une petite<br />
ambassade japonaise en Gascogne.<br />
Eauze<br />
A la romaine<br />
Découvrir l’art de vivre à la romaine,<br />
c’était la promesse de la 2e fête du même<br />
nom fin juillet à la Domus de Cieutat, à<br />
Eauze. Village d’artisans, dégustation<br />
de vin antique, démonstrations de<br />
légionnaires de l’association Un poil<br />
d’histoire, combats de gladiateurs,<br />
et une visite théâtralisée du site<br />
(photo) animée par l’association<br />
Novempopulana et l’équipe d’ELUSA<br />
Capitale antique. Un très joli succès<br />
public, malgré le contexte.<br />
Nogaro<br />
Camions de course<br />
Bruit, fureur, mais aussi dextérité,<br />
prouesse technique et convivialité, le<br />
GP Camion 2021 a régalé les amateurs<br />
sur le circuit Paul Armagnac de<br />
Nogaro. Entre la traditionnelle parade<br />
des camions de course dans les rues de<br />
la ville, les épreuves de championnat de<br />
France, la compétition des mécanos, et<br />
le show lumineux des engins décorés<br />
dans la nuit, c’était un spectacle total, à<br />
défaut d’être parfaitement écolo !<br />
© Photo Rolande Delord<br />
La Brasserie des Cordeliers<br />
Nogaro<br />
Tout le monde connaît cet établissement de Nogaro, véritable<br />
institution locale aux accents du terroir. Formules du jour,<br />
assiettes gourmandes (gasconne, pyrénéenne), une ambiance<br />
décontractée, qui plaît notamment aux amateurs de course automobile.<br />
On sait peut-être moins que Stéphane Ramoneda,<br />
son patron, alias Ramon, propose aussi un service traiteur et<br />
depuis peu la location de braseros, pour cuisiner des plats traditionnels.<br />
Soirées thématiques à l’occasion, danses latines avec<br />
orchestre. Un lieu de partage.<br />
1, place des Cordeliers - 32110 Nogaro<br />
Tél. : 05 62 69 09 27 - mumuetramon@orange.fr<br />
La Brasserie des Cordeliers<br />
Stéphane Ramoneda<br />
Le Relais du Pont d’Arcole<br />
Le Relais du Pont d’Arcole<br />
Riscle<br />
C<br />
’est aussi un hôtel de charme, doté de belles arcades, mais<br />
son restaurant vaut aussi le détour, avec une cuisine « maison<br />
» de produits frais de la région. Comme aux Cordeliers, le<br />
Relais a un service traiteur, tant pour des prestations événementielles<br />
(mariage, séminaire…), qu’à domicile, les plats étant<br />
réalisés chez les clients, de même que le dressage de la table.<br />
25 ans d’expérience, une réputation de savoir-faire culinaire et<br />
d’adaptation aux exigences de la clientèle. Un accueil chaleureux,<br />
une adresse incontournable.<br />
Route d’Aquitaine - 32400 Riscle<br />
Tél. : 05 62 69 71 40 - mumuetramon@orange.fr<br />
7
Agriculture<br />
Derniers coups de tabac en Gascogne<br />
Une douzaine d’exploitants cultivent toujours du tabac dans le Gers,<br />
une activité rentable si on a le savoir-faire et… la main d’œuvre.<br />
Le bonheur est dans le nu<br />
Le Gers compte encore deux campings où la pratique de la nudité<br />
en commun est la règle. Quoi de plus naturel, en somme ?<br />
Naturisme<br />
Jacques Morlan dans son champ de tabac « blond ».<br />
C’est une drôle de machine qui se déploie lentement,<br />
au pas, dans un champ de du côté de Beaucaire. Haute<br />
sur pattes, elle enjambe de longues tiges aux larges<br />
et longues feuilles, coiffées d’une touffe de fleurs roses et<br />
blanches. Et sous l’engin, installés au raz du sol sur quatre<br />
sièges fixés à l’ensemble, mais à hauteur variable, quatre<br />
jeunes saisonniers coupent une à une les feuilles jugées<br />
à point, avant de les déposer sur un petit ascenseur que le<br />
pilote de la machine, juché sur la plateforme, tirera vers lui<br />
pour remplir un casier métallique d’une contenance de 40 kg<br />
de feuilles bien serrées, un « peigne » dans le jargon. Ici, sur<br />
l’exploitation des Morlan père et fils, le tabac est une « vieille<br />
histoire ».<br />
Une récolte de bas en haut<br />
Astreignante aussi, car entre la mi-juillet et la mi-septembre,<br />
il faut passer quatre à cinq demi-journées par semaine dans<br />
le champ, au fil du mûrissement des plants. « Depuis le bas<br />
de la tige jusqu’en haut », détaille Jacques Morlan, qui épaule<br />
ce matin-là son fils en récupérant les peignes sur le tracteur.<br />
Il en faudra 60 pour « faire une fournée », comprenez un<br />
cycle de séchage. Car les feuilles de tabac doivent sécher.<br />
Hier naturellement — et on voit encore des séchoirs sur<br />
cadres dans de vieilles fermes — aujourd’hui dans des fours,<br />
à des températures croissantes, allant en gros de 30 à 70<br />
degrés pour obtenir un léger jaunissement, puis une certaine<br />
sécheresse (pas cassante toutefois), la couleur définitive,<br />
dorée dirons-nous, et même le parfum, genre tisane à<br />
l’orange, assez sucrée, avant une déshydratation quasi totale.<br />
La feuille aura ainsi perdu 90 % de son poids initial. Reste<br />
un tri manuel à effectuer, une fois les feuilles réhumidifiées,<br />
pour évacuer ce qui a été abîmé pendant le processus. Les<br />
autres prennent place dans de grands cartons, en attendant<br />
Le fameux enjambeur, avec le pilote au-dessus et les jeunes cueilleurs en-dessous.<br />
le camion de l’acheteur. Ou la coopérative TGA dans les<br />
Landes, ou directement le marché italien, où les feuilles de<br />
Beaucaire subiront d’autres transformations pour devenir le<br />
tabac que l’on connaît.<br />
Encore des débouchés commerciaux<br />
« Ici, nous cultivons du tabac blond,<br />
variété Virginie, explique Jacques<br />
Morlan, sa première qualité est d’être<br />
très peu chargé en goudrons, il est<br />
donc moins nocif. On appelle ça du<br />
tabac de remplissage, il sert à donner<br />
du volume à la cigarette. Ce produit<br />
intéresse aussi les pays consommateurs<br />
Étape «cuisson» au séchoir.<br />
de tabac à chicha (narguilé) ». Bref, il<br />
y a des débouchés pour le tabac des<br />
Morlan, qui comptent parmi les derniers producteurs du Gers,<br />
« alors que nous étions plus de 300 dans les années 1990 ».<br />
L’exigence en main d’œuvre (300 heures par ha pour le tabac<br />
contre 15 à 20 pour le blé), la diminution drastique des aides<br />
européennes, les investissements en mécanisation et le coût<br />
toujours croissant de l’énergie (pour sécher les feuilles), tout<br />
cela a découragé bon nombre d’agriculteurs du Gers, qui se<br />
sont tournés vers d’autres productions. Les Morlan, qui ont<br />
le savoir-faire et le matériel, résistent. Mais le tabac n’est<br />
qu’une part de leur activité, 5 ha sur 80. Jacques Morlan, luimême<br />
fumeur invétéré (il roule ses cigarettes), dit en souriant<br />
qu’il aura bien gagné sa vie avec le tabac, même si ce dernier<br />
risque d’abréger la sienne.<br />
Hugues de Lestapis<br />
Il n'y a pas d'âge pour expérimenter le naturisme, il faut juste se jeter à l'eau !<br />
Près du Houga, aux confins des<br />
Landes, se niche le domaine de<br />
Sarraute sur 25 hectares richement<br />
boisés (et ombragés). Un camping<br />
a priori comme un autre avec des<br />
mobil-home à louer, et une trentaine<br />
d’emplacements pour y mettre au choix<br />
sa tente, sa caravane ou son campingcar.<br />
Sauf qu’ici, on laisse ses vêtements<br />
à l’accueil. Tous ses vêtements (*).<br />
Avec Devèze à Gaudonville, près de<br />
Saint-Clar, plus ancien et plus vaste,<br />
le domaine de Sarraute est un des<br />
deux campings naturistes du Gers.<br />
Joëlle et Jean-Luc, qui l’ont ouvert en<br />
2011, tiennent à cette obligation. « Ce<br />
n’est pas le seul fait de vivre nu, c’est<br />
vraiment un état d’esprit. Se déshabiller,<br />
c’est retirer toutes les barrières avec<br />
la nature, laisser ses complexes au<br />
vestiaire, revenir à l’essentiel, jouir<br />
d’une liberté retrouvée ». Il est aussi<br />
question de tolérance, de respect.<br />
Quelle que soit la forme du corps,<br />
personne ne semble encombré par son<br />
apparence.<br />
« Tous égaux »<br />
« Et puis dans le plus simple appareil,<br />
on est tous égaux, sans étiquette<br />
sociale ». La clientèle de Sarraute<br />
est largement d’origine étrangère.<br />
« Parfois à 90 % composée des seuls<br />
Hollandais », précise Joëlle, un pays<br />
où le naturisme est… une seconde<br />
nature. Cet après-midi de juillet, dans<br />
la belle piscine de Sarraute, une grappe<br />
de Néerlandais radasse sous le soleil.<br />
Mais ils prévoient bientôt une balade<br />
en vélo électrique jusqu’à Labastide<br />
d’Armagnac. Joëlle déploie des cartes<br />
à leur intention et se fait l’ambassadrice<br />
des trésors du Gers. Elle a la peau<br />
aussi cuivrée que ses clients. Des vrais<br />
naturistes !<br />
Étonnant parcours d’ailleurs. Jean-Luc<br />
et Joëlle ont eu une longue carrière<br />
Le camping Devèze et son lac d'agrément.<br />
dans la fonction publique d’État. En<br />
1997, alors qu’ils sont toujours en<br />
région parisienne, ils achètent Sarraute<br />
— en fait une ferme abandonnée —<br />
avec déjà l’idée d’en faire un camping<br />
naturiste. Ils mettront près de 15<br />
ans pour y arriver, faisant tout euxmêmes,<br />
ou quasiment. Ouvert d’avril à<br />
septembre, leur domaine a ses habitués,<br />
« et aussi des nouveaux, des gens qui<br />
veulent essayer, parfois à l’insu de<br />
leur entourage, et qui se disent que ce<br />
Sarraute, un camping zen et nature.<br />
sera plus facile dans un environnement<br />
comme le nôtre, champêtre, familial, en<br />
tout cas sans la foule d’un grand centre<br />
comme à Montalivet (Gironde) ou à<br />
Arnaoutchot (Landes) ».<br />
À rebours des fantasmes<br />
et des préjugés<br />
Le naturisme, depuis son apparition<br />
en France dans les années 40, nourrit<br />
toujours, son lot de fantasmes et de<br />
préjugés. Il suffit de faire l’expérience<br />
pour juger de leur inanité. A Sarraute,<br />
personne ne « mate », personne ne<br />
s’exhibe. En outre, la nudité permanente<br />
« désexualise les pensées ». Circulez, il<br />
n’y a rien à voir ! Pour Joëlle et Jean-<br />
Luc, désormais retraités, il y a en<br />
revanche tout à faire à la belle saison.<br />
L’un est à l’accueil, au téléphone<br />
(« Dites, comment ça se passe ? Il faut<br />
vraiment se mettre tout nu ? Tout le<br />
temps ? »), au comptoir du snack-bar,<br />
à la perceuse, ou à la tronçonneuse,<br />
quand l’autre assure le nettoyage très<br />
régulier des sanitaires du camping, et<br />
vice-versa. « Notre récompense, ce<br />
sont les rencontres avec des clients qui<br />
repartent comme des amis », répond le<br />
couple.<br />
Hugues de Lestapis<br />
(*) Reportage réalisé sans trucage.<br />
8 9
Vertige<br />
Escapade aérienne avec Vincent<br />
On a pu embarquer un matin d’été dans un drôle d’engin à hélice, depuis un<br />
simple champ du côté de Brugnens, et c’était vraiment époustouflant.<br />
À la découverte du vignoble de Plaimont<br />
La coopérative de Plaimont a développé un savoureux bouquet<br />
de visites-découvertes de ses appellations, vignes et châteaux.<br />
Œnotourisme<br />
«Avant chaque décollage, des vérifications d'usage, question de sécurité.<br />
En cas de panne moteur, ça plane ». Vincent Barella,<br />
66 ans, a les mots qu’il faut pour rassurer son passage<br />
occasionnel. « Et si jamais j’ai un malaise, tu baisses<br />
ces deux boutons, et tu tires très fort sur cette poignée pour<br />
faire sortir le parachute de secours. Tu vois, on ne risque<br />
rien ! ». Admettons… L’engin en question, que Vincent sort à<br />
la main de son hangar par un système de rails, ressemble à un<br />
avion : un carénage, deux ailes, une hélice, un cockpit fermé,<br />
des trains d’atterrissage. Mais du point de vue réglementaire,<br />
c’est un ULM multiaxe. Il pèse moins de 300 kg, file à<br />
120 km/h, avec une autonomie de 4 à 5 h de vol selon les<br />
conditions. De quoi s’offrir de belles escapades. Sans<br />
demander rien à personne d’ailleurs, ni à une tour de contrôle<br />
ni à l’aviation civile, à partir du moment où l’appareil est<br />
déclaré conforme.<br />
Piste indispensable…<br />
Il suffit d’avoir la licence ad hoc, « et bien sûr une piste »,<br />
ajoute Vincent. La sienne est du côté de Brugnens, près<br />
de Fleurance. 400 m de long et 20 m de large. « On m’a<br />
prêté le terrain et je l’ai aménagé en 1995 et j’ai obtenu<br />
l’homologation dans la foulée », détaille notre pilote, passé<br />
par différents aéronefs (autogires avec rotor, paramoteurs<br />
avec voilure souple), avant d’acquérir ce « Sky Ranger »<br />
fait de tubes et de toiles, qu’il utilise au moins une fois par<br />
semaine.<br />
Ce petit matin d’août, le temps est clair, le vent nul. La<br />
navigation s’annonce superbe. Vincent a ouvert le capot<br />
moteur, il fait les vérifications d’usage. Il y a de l’essence,<br />
de l’huile, la radio fonctionne (pour communiquer avec<br />
son passager notamment), les commandes sont toutes<br />
accessibles. Tant mieux. Une tablette numérique est fixée sur<br />
le tableau de bord, elle fera office de GPS. « C’est du vol à<br />
Lectoure vue d'en haut, la ville paraît très étendue.<br />
vue », précise Vincent, qui achève de se harnacher. Le moteur<br />
est lancé, il faut d’abord faire chauffer l’eau et l’huile et puis<br />
quand c’est prêt, les gaz sont lâchés. L’ULM s’élance sur<br />
l’herbe en secouant son équipage comme un prunier, et très<br />
vite, le temps de faire 100 m à peine, il s’arrache du sol avant<br />
de marquer un palier, et de repartir vers le ciel dans un second<br />
temps. Direction nord-est. Le Sky Ranger se stabilise à 2000<br />
pieds, soit 600 m environ. Vincent est concentré.<br />
« Mon rêve continue »<br />
Pas de secousses, le paysage est<br />
magnifique vu d’en haut. Vert, jaune<br />
ou… bleu (incroyable le nombre de<br />
piscines !). On passe au-dessus de<br />
Saint-Clar (et de son école de pilotage),<br />
Golfech n’est plus très loin. « Bien sûr,<br />
pas question de se rapprocher trop<br />
près de la centrale», précise Vincent.<br />
Vincent, pilote amateur<br />
Courbe vers Miradoux, puis en approche de Lectoure pour<br />
une vision inédite. Mais c’est déjà l’heure du retour. Vincent<br />
amorce un virage pour l’atterrissage. Moment délicat, a-t-on<br />
lu quelque part. On s’accroche de nouveau. Le plancher des<br />
vaches se rapproche bien vite, l’ULM est encore à bonne<br />
vitesse, le sol est touché, quelques soubresauts, freinage,<br />
et puis l’immobilisation. Parfait. Vincent est tout sourire.<br />
« Quand j’étais petit, je rêvais de voler, maintenant que je<br />
vole, le rêve continue », résume cet ancien chef d’équipe<br />
dans le BTP, avant de ranger le Sky Ranger dans son hangar,<br />
comme on remet son cabriolet au garage.<br />
Hugues de Lestapis<br />
Une visite "sur le terrain" au milieu des vignes.<br />
Ce jeudi 19 août, le ciel est gris audessus<br />
de Saint-Mont. Un temps<br />
parfait pour déambuler en été dans<br />
un vignoble, à l’écoute des explications<br />
d’un guide éclairé. Nous sommes au<br />
sud-ouest du Gers, pas très loin des<br />
Landes et des Pyrénées Atlantiques.<br />
C’est depuis ce village que s’est<br />
épanouie la coopérative de Plaimont,<br />
née de l’esprit visionnaire d’hommes<br />
d’exception, désireux de développer la<br />
renommée des vins du Sud-Ouest. En 30<br />
ou 40 ans, ils ont réveillé l’appellation<br />
Saint-Mont, relancé le Pacherenc du<br />
Vic-Bilh, et ont mené les vins de Côtes<br />
de Gascogne à des niveaux de succès<br />
qui font aujourd’hui des envieux. La<br />
visite-découverte du jour raconte cette<br />
extraordinaire aventure et les vertus de<br />
la coopération entre vignerons.<br />
Des visiteurs venus de loin<br />
Le groupe de visiteurs, déployé dans<br />
la cave de Saint-Mont, précisément<br />
dans le chai des vins rouges, écoute<br />
Justine Lesage avec application. Il y a<br />
une vingtaine de personnes, originaires<br />
de l’Eure, de l’Anjou, de Narbonne,<br />
d’Ardèche, d’Espagne, de Californie,<br />
avec quelques voisins de la Haute-<br />
Garonne aussi. Les cuves en inox,<br />
encore pleines (plus pour longtemps),<br />
forment une haie d’honneur et mettent<br />
immédiatement dans le bain. C’est<br />
ici que les vignerons de Plaimont<br />
apportent leur récolte et que démarre<br />
le travail de la coopérative, de la<br />
vinification jusqu’à l’embouteillage et<br />
la commercialisation. Justine détaille<br />
les étapes de manière très pédagogique,<br />
ce qui permet au néophyte d’apprendre<br />
les « basiques ». Les deux choix de<br />
l’œnologue par exemple : ou bien laisser<br />
le vin en cuve inox, ce qui lui donnera<br />
du fruit et de l’intensité aromatique<br />
(mais du coup, on le boira vite), ou<br />
bien le laisser vieillir en barrique, un<br />
an en moyenne, de quoi l’oxygéner,<br />
l’arrondir, assouplir les tanins, d’où<br />
des arômes plus complexes, boisés,<br />
torréfiés presque. On découvre aussi<br />
les cépages, ceux emblématiques de la<br />
région (tannat en rouge, gros manseng<br />
en blanc, petit manseng pour un vin<br />
Le clou du programme, la dégustation.<br />
moelleux). Et on apprend la notion<br />
d’assemblage, moment majeur dans<br />
l’élaboration d’une cuvée. Les vins<br />
rouges de Saint Mont, pour ne citer<br />
qu’eux, sont toujours l’expression de<br />
trois cépages assemblés, le tannat, le<br />
fer-servadou et le cabernet sauvignon.<br />
Au plus près des grappes<br />
Les explications sont claires, le<br />
groupe semble avoir assimilé, il est<br />
temps d’aller sur le terrain, dans le<br />
vignoble. Cette saison, on le sait, les<br />
vignes ont souffert, et du gel et de la<br />
météo catastrophique de juillet. « La<br />
véraison est tardive, détaille Justine, les<br />
vendanges des rouges de Saint Mont<br />
n’interviendront pas avant octobre<br />
alors que l’année dernière, nous<br />
avions tout fini en septembre ». Il y a<br />
davantage de questions à l’air libre.<br />
Comment s’occupe-t-on des vignes ?<br />
Et les traitements, toutes interventions<br />
confondues, (13 dixit la réglementation<br />
« Haute Valeur Environnementale ») ?<br />
Et le bio ? Justine ne faiblit pas. En<br />
l’écoutant, on comprend que le travail<br />
du vigneron consiste à canaliser<br />
l’énergie de la vigne sur la grappe.<br />
Il faut ainsi passer des heures à<br />
ébourgeonner, à effeuiller, à rogner. « Si<br />
on laissait faire une vigne de tannat, il<br />
y aurait 20 grappes par pied, quand<br />
on n’en veut qu’entre 5 et 8 pour des<br />
questions de qualité ! ».<br />
Dernière étape de la visite-découverte,<br />
la dégustation dans la cave voûtée de<br />
l’impressionnant monastère de Saint-<br />
Mont (aussi hôtel-restaurant), datant du<br />
XI e siècle, propriété de la coopérative<br />
de Plaimont depuis 2016. Cinq vins à<br />
humer et à savourer, de la terre au verre<br />
en somme. Et une révision, en réel, des<br />
connaissances acquises. Un régal.<br />
Tout au long de l’année, du lundi<br />
au samedi, à10h et 15 h, à partir de<br />
2 personnes, sur réservation.<br />
Un large choix de visites-découvertes, ateliers et<br />
dégustation, à partir de 10 €, sur :<br />
www.plaimont.com/oenotourisme<br />
Contact tél. : 07 72 13 <strong>92</strong> 00<br />
visites@plaimont.fr<br />
Un des plus anciens monastères du Gers.<br />
10 11
Artisanat<br />
Elle ressuscite les livres anciens<br />
Johanna Sentou, relieuse, restaure les vieux ouvrages<br />
et met aussi en valeur les livres d’aujourd’hui.<br />
Johanna Sentou, relieuse<br />
La relieuse pose sur sa table de<br />
travail quelques feuilles tirées d’un<br />
ouvrage très ancien. Les gestes de<br />
la Lectouroise Johanna Sentou sont<br />
infiniment délicats. Silence. Retenir son<br />
souffle. Si fragiles, si fines, ces pages<br />
risquent de s’envoler. Elles ont 500 ans<br />
d’âge. Les mots, les dessins tracés avec<br />
une encre ferrique, sont encore lisibles.<br />
Certaines pages sont presque intactes,<br />
d’autres affichent plis et déchirures.<br />
Celles-là, il faudra les recouvrir avec<br />
un papier Japon transparent. Pour<br />
restaurer cet ouvrage de 200 pages, il a<br />
fallu tout démonter. Sous sa couverture<br />
en parchemin, le livre relate toutes les<br />
étapes de la construction d’un château<br />
gascon. Ce texte rarissime et tellement<br />
personnel a été confié à Johanna. Fait<br />
inouï, défiant les siècles, le château<br />
existe encore !<br />
Cinquante opérations<br />
Celui qui l’a remis en mains sûres dans<br />
cet atelier se trouve être un descendant<br />
de la famille. Voici un unique exemple<br />
de transmission, passion de l’artisane<br />
Sentou. Faire revivre ces textes exige<br />
au minimum cinquante opérations.<br />
Un autre défi attend la relieuse : un<br />
énorme volume du 18 e siècle, relié en<br />
cuir plein veau, contenant de belles<br />
pages de portées musicales. Désastre :<br />
la couverture plein veau a subi l’attaque<br />
d’un gros chien, ses dents en ont<br />
déchiré tout un coin. Un coup de dents<br />
malheureux, et plusieurs mois pour<br />
réparer les dégâts.<br />
« Ce travail ? la passion de ma vie »,<br />
affirme Johanna. Elle débute dans un<br />
atelier de Lavardens. Puis ce sera le bac,<br />
le DMA arts graphiques option reliure<br />
et dorure, études à la Faculté d’Albi.<br />
Elle va se plonger dans l’histoire de<br />
l’art. La reliure est officiellement<br />
reconnue comme création artistique.<br />
« Je suis motivée tous les matins »,<br />
avoue la jeune femme.<br />
Inventer de nouveaux styles<br />
de reliure<br />
Pour ouvrir un atelier rue Nationale,<br />
elle rachète les outils d’une relieuse. Le<br />
travail est exigeant. Combien de gestes,<br />
assise, penchée, ou debout pendant des<br />
heures, pour manier les outils, mettre<br />
sous presse, coudre avec une couseuse,<br />
toutes étapes exigées par le métier.<br />
Clients réguliers de l’atelier, notaires,<br />
tribunaux, mairies, bibliothèques,<br />
mais dans ce métier, la joie, c’est de<br />
rencontrer les amoureux des livres,<br />
donner toute leur importance à un<br />
Albert Camus ou au livre de cuisine<br />
d’une grand-mère, à des dessins,<br />
des photos de famille. L’ambition de<br />
l’artiste ? Inventer de nouveaux styles<br />
de reliure, se hisser au plus haut niveau,<br />
se construire une réputation nationale.<br />
Sans oublier de faire connaître son<br />
métier aux enfants.<br />
Ingrid Carlander<br />
Les ateliers (pour adultes)<br />
de Johanna<br />
Samedi 23 octobre, 14h30 :<br />
carnet à double cahier.<br />
Samedi 20 novembre, 14H30 :<br />
confection d’une boîte.<br />
Réservations et renseignements :<br />
atelierreliure@hotmail.com<br />
Un art délicat et… du matériel lourd, comme cette<br />
presse à percussion.<br />
Chèvre, mouton, veau, chaque cuir à ses qualités<br />
(et son prix).<br />
L’étonnant recueil de partitions d’orgues du 18 e<br />
siècle.<br />
Johanna n’hésite pas à « sortir » son atelier.<br />
12 13
Viticulture<br />
L’Alsacien qui fait voyager le vin gascon<br />
Joseph Helfrich, un géant sur le marché du vin, offre des débouchés<br />
mondiaux aux vignerons de la cave de Nogaro. Une histoire unique.<br />
Le bel été du camping d’Estang<br />
Reprise<br />
Pari gagné pour Barbara et David, les nouveaux propriétaires du camping<br />
Lacs de Courtès, à Estang. Leur première saison a été une réussite.<br />
Patrick Farbos et Joseph Helfrich intronisés dans la<br />
compagnie des mousquetaires d'Armagnac.<br />
Celui qui fait couler le vin blanc des<br />
côtes de Gascogne sur les tables du<br />
monde entier est un… Alsacien.<br />
Il s’appelle Joseph Helfrich, c’est le<br />
patron des Grands Chais de France<br />
(GCF), le premier groupe français en<br />
termes de vinification et d’exportation<br />
de vins et de spiritueux. Deux millions<br />
de bouteilles vendues chaque jour. Rien<br />
de moins. Depuis le 14 juillet dernier,<br />
cet homme à la réputation de visionnaire<br />
est membre de l’auguste compagnie<br />
des mousquetaires d’Armagnac. Il a<br />
été intronisé à Nogaro, avec son fils<br />
Frédéric, par l’officier d’état-major<br />
Lilian Maume, lors d’un « chapitre<br />
privé » au siège de la coopérative les<br />
Hauts-de-Montrouge (HDM).<br />
Un accord exclusif depuis 2011<br />
Joseph Helfrich, un peu comme<br />
l’illustre d’Artagnan de Dumas, n’avait<br />
pas grand-chose en poche au début de<br />
son aventure. Seulement 5000 francs<br />
de capital en 1979 lorsqu’il créa son<br />
affaire, laquelle pèse aujourd’hui plus<br />
d’un milliard d’euros. Depuis 2011 et<br />
un accord de partenariat exclusif, la<br />
coopérative de Nogaro est intimement<br />
liée à GCF : elle lui réserve 100 %<br />
de sa récolte vrac, soit 80 % de sa<br />
production totale, qui part pour moitié<br />
à Landiras en Gironde, un des sites<br />
d’embouteillage de GCF en France,<br />
et pour moitié à Petersbach, dans<br />
le Bas-Rhin, berceau historique de<br />
l’entreprise. Voilà pourquoi depuis<br />
dix ans, du côtes-de-Gascogne blanc<br />
issu des vignes des coopérateurs<br />
HDM ruisselle sur les marchés export<br />
de GCF, notamment sous la marque<br />
emblématique J. P. Chenet, une<br />
bouteille au goulot étrangement penché<br />
L’accord passé en juin 2011 entre<br />
Patrick Farbos, président de HDM, et<br />
Joseph Helfrich, contre l’avis d’une<br />
partie du conseil d’administration de<br />
l’époque, a été « une affaire d’hommes<br />
et d’amitié ». « Nous sommes les<br />
deux mêmes ! ». Peu importe que l’un<br />
(Helfrich) représente 100 fois l’autre<br />
en matière de business. Une aubaine<br />
aussi, qui assure un débouché, bon an<br />
mal an, à la production des vignerons<br />
d’HDM. En ce 14 juillet 2021, c’est cet<br />
accord qui a été fêté au son des bandas.<br />
« Le sang qui coule dans nos veines<br />
est du même pedigree », a dit Joseph<br />
Helfrich à l’adresse de Patrick Farbos,<br />
lequel s’est déclaré « protégé » par le<br />
partenariat avec GCF.<br />
Pour 10 ans de plus<br />
La cave HDM, dernière coopérative<br />
viticole indépendante du Gers, a<br />
HDM investit pour répondre aux besoins de GCF.<br />
Un chargement en cours vendredi 3 septembre.<br />
bien sûr des devoirs vis-à-vis de<br />
l’entreprise alsacienne. Celle-ci, au fil<br />
des ans, a demandé plus de volumes,<br />
des investissements dans des cuves<br />
nouvelles, des vins d’un certain cépage,<br />
d’où des plantations de sauvignon.<br />
L’œnologue de GCF supervise les<br />
assemblages qui se pratiquent à<br />
Nogaro, afin de coller au plus près au<br />
marché, on devrait dire aux marchés,<br />
car GCF distribue du vin dans 179 pays.<br />
Comme le dit en substance Patrick<br />
Farbos, une maison qui réussit à vendre<br />
autant de bouteilles sait forcément ce<br />
que les consommateurs veulent. Elle<br />
sait même ce qu’ils voudront boire<br />
demain. Joseph Helfrich est connu pour<br />
cultiver la discrétion. Pas ou très peu<br />
d’interviews dans les médias, peu de<br />
mots dans les échanges informels, des<br />
discours très courts — un peu à rebours<br />
des Gascons ! Les vignerons de HDM<br />
pouvaient se sentir honorés de l’avoir<br />
avec eux à la mi-juillet, d’autant que<br />
Joseph Helfrich et Patrick Farbos ont<br />
reconduit le partenariat pour 10 années<br />
supplémentaires. Leurs raisins vont<br />
continuer à voyager partout.<br />
Hugues de Lestapis<br />
Vue générale aérienne du camping les Lacs de Courtès à Estang.<br />
Fourbus, mais satisfaits. En cette fin<br />
de mois d’août, Barbara et David<br />
Charles, la quarantaine, font une<br />
pause-café au bord de la belle piscine<br />
à débordement du camping. Il est<br />
14 h 30, c’est calme. Depuis la mijuillet,<br />
ils sont sur le pont de 7 h à 1 h<br />
du matin, secondés par une quinzaine<br />
d’employés, saisonniers pour la plupart.<br />
Avec ses 7 ha, son lac, et sa capacité<br />
maximale de 600 personnes, le camping<br />
d’Estang, classé 3 étoiles, n’est pas<br />
une petite affaire. Surtout l’été, avec<br />
des animations à assurer au quotidien,<br />
pour que chaque client, quelle que soit<br />
sa génération, soit occupé, si possible<br />
joyeusement. Barbara et David Charles<br />
ont repris l’établissement d’Estang<br />
cette année, succédant à la famille<br />
Fois, les créateurs du camping il y a<br />
38 ans. Les nouveaux propriétaires<br />
connaissent le milieu pour avoir été<br />
associés pendant 5 ans à une affaire du<br />
même genre, sans toutefois abandonner<br />
leur métier originel : elle secrétaire de<br />
mairie, et lui à la direction d’un centre<br />
pour enfants en difficulté. Mais cette<br />
fois-ci, au moins pour Barbara, la<br />
responsabilité est directe.<br />
Concerts, soirée-mousse<br />
Avant le début de la saison, le couple<br />
a pu procéder à des aménagements<br />
selon eux indispensables, concentrés<br />
autour du cœur du camping, soit la<br />
piscine, le restaurant (capacité 150<br />
couverts), l’aire des animations et le<br />
snack. Peintures avenantes, décorations<br />
pimpantes, herbe synthétique, le lieu a<br />
repris des couleurs et il a pu accueillir,<br />
depuis la mi-juillet, quelque 20 soirées<br />
thématiques, dont une mémorable<br />
soirée-mousse et des concerts<br />
d’artistes. Le reste de la journée, le<br />
camping regorge de possibilités pour<br />
tous les âges, canotage et pêche sur le<br />
lac privé, mi-golf, beach-volley, clubenfants,<br />
sans oublier l’espace aquatique<br />
avec deux piscines dont une chauffée.<br />
Le chef des animations (karaoké, quiz,<br />
loterie, blind-test…) se fait appeler<br />
Pépito, c’est un homme important, il<br />
a fait la même chose dans des clubs<br />
Marmara. David et Barbara ont par<br />
ailleurs pris soin d’organiser des petits<br />
Barbara et David Charles, les nouveaux propriétaires.<br />
marchés locaux hebdomadaires, avec<br />
des producteurs voisins, domaine de<br />
Joÿ pour les vins, les volailles de chez<br />
Pitoux, la chèvrerie de Saint-Griède…<br />
Cette alchimie a eu du succès. Une<br />
fréquentation au top, « on a dû refuser<br />
du monde », et, plus prometteur peutêtre,<br />
60 % de clients qui n’étaient jamais<br />
venus. « Des Français, originaires<br />
plutôt du Nord et de la Bretagne, mais<br />
aussi des Landais ».<br />
« Ouvert aux gens de l’extérieur »<br />
Fonctionnel toute l’année, avec des<br />
prix très attractifs en basse saison, le<br />
camping d’Estang vise naturellement<br />
les curistes de Barbotan, en tout cas<br />
jusqu’en novembre. Barbara et David<br />
tiennent aussi à en faire « un lieu<br />
ouvert aux gens de l’extérieur », les<br />
habitants d’Estang au premier chef,<br />
qui peuvent venir passer la journée et<br />
profiter des installations, « contre une<br />
consommation au bar ». Cet hiver, il<br />
y aura encore de travaux, encore des<br />
améliorations.<br />
Camping Lacs de Courtès<br />
32240 Estang, ouvert à l’année<br />
Tél. : 05 62 09 61 98<br />
contact@lacsdecourtes.com<br />
14 15
Tendance<br />
Bachata, salsa, alors on danse !<br />
Les rythmes latins et tropicaux ont enflammé les soirées de l’été<br />
et jouent les prolongations avec la rentrée des cours de danse.<br />
Il y aura bien du foie gras à Noël<br />
Avec tout ce que la filière a subi ces derniers mois, la question<br />
pouvait légitimement se poser. Mais les producteurs ont su s’organiser.<br />
Fêtes<br />
On a dansé tout l'été au restaurant du Lac à Saint-Clar.<br />
C<br />
’était un jeudi d’août, une escapade<br />
imprévue au restaurant du Lac,<br />
à Saint-Clar, des sons tropicaux<br />
qui sortent de la nuit, et sur la piste de<br />
danse, des couples qui se déhanchent<br />
joyeusement, tous, ou presque,<br />
semblant maîtriser leur affaire. Un<br />
spectacle en soi. On apprend qu’il<br />
s’agit d’une soirée SBK, rien à voir<br />
avec une marque de Mobylette :<br />
S comme salsa, B comme bachata, et<br />
K comme kizomba. Trois danses à<br />
succès, les deux premières latines, de<br />
Cuba et de la République Dominicaine,<br />
et la troisième africaine, d’Angola<br />
pour être précis. Pas les mêmes pas,<br />
mais un point commun : on les danse<br />
en couple, parfois assez près du corps.<br />
Dans le Gers, le SBK est un sujet (1) .<br />
Des associations locales (une dizaine)<br />
proposent des cours pour débutants ou<br />
de perfectionnement.<br />
« Un jeu pour adultes »<br />
Auch Danse, présidée par Laura<br />
Anduaga, a une soixantaine d’adhérents<br />
et fait intervenir des professeurs<br />
réputés, comme la jeune Méline Teulier<br />
ou Yordanis Delgado, né à Santiago de<br />
Cuba, c’est-à-dire à la racine de tout —<br />
ou presque. L’association produit aussi<br />
des événements, travaux pratiques<br />
en quelque sorte, où pas moins de<br />
200 personnes se retrouvent au son des<br />
Caraïbes. « La danse est un jeu pour<br />
adultes », dit joliment Méline, une façon<br />
de souligner que c’est accessible à tous.<br />
Même si la bachata est réputée « plus<br />
facile à apprendre que la salsa ou la<br />
kizomba », on comprend vite, en voyant<br />
les démonstrations, qu’il ne suffit<br />
pas de savoir sentir la musique pour<br />
être à l’aise avec cette danse à quatre<br />
et huit temps. « Au bout de six mois<br />
d’apprentissage, on peut s’amuser ».<br />
Noëlle, la petite cinquantaine, danse<br />
depuis une dizaine d’années, avec son<br />
mari ou seule. Elle habite le nord du<br />
Gers, et trouve un « vivier de danse<br />
très actif du côté d’Agen », à Boé, ou<br />
Layrac notamment. Comme pas mal<br />
de Gascons, elle a découvert les danses<br />
latines à l’occasion du festival Tempo<br />
latino de Vic-Fezensac, devenue un peu<br />
le temple de la salsa. Hors période de<br />
restrictions sanitaires, qui frustrent les<br />
danseurs depuis 18 mois, Noëlle peut<br />
danser deux ou trois fois par semaine,<br />
« même lorsque je me déplace à Paris<br />
pour mon travail ! ». Ce qui lui plaît,<br />
« c’est qu’on se fait beaucoup d’amis,<br />
de tous milieux »<br />
Reprise des cours à Auch Danse dans la belle salle<br />
Cuzin.<br />
Des femmes en majorité<br />
Dans les cours, comme dans les soirées,<br />
les femmes sont majoritaires à 60 ou<br />
70 %. Les associations proposant des<br />
cours, stages ou sorties, cherchent<br />
donc des « cavaliers ». Pour Nathalie,<br />
membre d’Al Andalus à Vic-Fezensac,<br />
jusqu’à 9 h de cours par semaine au<br />
plus fort de sa motivation, la danse<br />
« est une vraie famille », « une thérapie<br />
aussi, qui oblige à aller vers les autres,<br />
à sortir un peu de soi, à se dépasser ».<br />
À la campagne, c’est possible. Moins<br />
Yacine officie à Fleurance, salle Castaing ou à l'école<br />
Monge.<br />
peut-être les grandes villes, avec leur<br />
côté show off (sélection à l’entrée,<br />
costumes sophistiqués, dress code).<br />
Pour Nathalie, la bachata est la danse la<br />
plus festive, encore qu’il y ait plusieurs<br />
variantes, dont la « sensuelle ». La<br />
salsa, dont l’origine remonte au temps<br />
de l’esclavage, est sa préférée. « Une<br />
danse de terre ». La kizomba attire les<br />
plus jeunes. En gros, ceux qui dansent<br />
dans le Gers et autour ont entre 30 et<br />
60 ans en moyenne. Les plus anciens<br />
n’étant pas forcément les moins<br />
souples ! Alors on danse ?<br />
Hugues de Lestapis<br />
(1) Beaucoup d’infos via<br />
le groupe Facebook SBK Rock Reggaeton.<br />
Eric Dumas, président du Cifog, lui-même éleveur à<br />
Horsarrieu (Landes).<br />
Pour la deuxième année consécutive,<br />
le foie gras s’est invité aux<br />
Journées du patrimoine des 18 et<br />
19 septembre 2021. Quelque cinquante<br />
producteurs ont ouvert leurs portes<br />
au public. L’occasion de visiter les<br />
installations, d’échanger avec les<br />
professionnels, et bien sûr de déguster<br />
les produits « maison ». Le foie gras,<br />
authentique emblème de la gastronomie<br />
française, relève bel et bien du<br />
patrimoine. Depuis 2006, il bénéficie<br />
même de la reconnaissance officielle<br />
« Produit du patrimoine culturel et<br />
gastronomique protégé en France ».<br />
Notre pays reste le 1 er producteur<br />
(30 millions de tonnes par an quand<br />
tout va bien) et le 1 er consommateur<br />
de foie gras au monde. La filière<br />
représente 100 000 emplois directs et<br />
indirects, la plupart ancrés au cœur des<br />
zones rurales. Dans les Landes et dans<br />
le Gers, qui pèsent à eux deux la moitié<br />
de la production nationale, on le sait<br />
plus qu’ailleurs.<br />
Une profession malmenée,<br />
mais résiliente<br />
Depuis cinq ans, la filière est toutefois<br />
malmenée. Des épisodes récurrents de<br />
grippe aviaire — encore une alerte le<br />
10 septembre dernier — sont venus<br />
laminer les éleveurs, contraints, au pire,<br />
à des abattages préventifs (3,5 millions<br />
l’hiver dernier), au mieux à des mises à<br />
l’abri des volailles, alors que « l’ADN<br />
de la profession c’est le plein air ».<br />
Moins de canards en production, moins<br />
de foie gras, c’est mathématique. Et<br />
très probablement des prix en hausse.<br />
Mais le Landais Éric Dumas, le tout<br />
nouveau président de l’interprofession<br />
(CIFOG)), rassure : « On veut montrer<br />
qu’on rebondit, on sera présent » dans<br />
les rayons en fin d’année. « Il y aura du<br />
foie gras à Noël », a-t-il expliqué à des<br />
journalistes venus découvrir la réalité<br />
de la production dans les départements<br />
de la Dordogne, du Lot et de la Corrèze.<br />
Ici un élevage d’oies (de plus en plus<br />
rare), là un atelier d’engraissement, là<br />
encore un site de transformation. De<br />
quoi comprendre les quatre phases<br />
de cette production d’excellence<br />
Après le grand air, les canards rentrent<br />
pour la « soupe ».<br />
(accouvage, élevage, engraissement<br />
et transformation), constater que, hors<br />
épisode viral, 90 % de la vie des bêtes se<br />
passe en plein air, et démystifier l’étape<br />
de l’engraissement, « une technique<br />
ancestrale appliquée à des espèces<br />
adaptées », selon les professionnels.<br />
« Phénomène réversible », prennentils<br />
soin d’ajouter. Comprenez qu’une<br />
fois remis au pré après avoir été gavé,<br />
un canard retrouve un foie « normal »<br />
en quelques jours (80 ou 90 gr<br />
contre 550 gr), sans modifications<br />
physiologiques.<br />
Percée du foie gras surgelé<br />
Souvent attaquée sur ce point, la filière<br />
ne craint pas de jouer la transparence<br />
et d’expliquer ce qu’elle fait, pourquoi<br />
Forte pression à l’aval de la filière, pour assurer<br />
les fêtes.<br />
et comment elle le fait. Les attentes<br />
sociétales en matière de bien-être<br />
animal existent, et c’est bien ainsi,<br />
mais il suffit de mettre un pied dans<br />
une exploitation pour voir que les<br />
éleveurs sont attentifs au bien-être de<br />
leurs animaux. Surtout dans une filière<br />
d’excellence, où l’on repère vite, au<br />
niveau de la transformation et du tri<br />
des foies gras, les producteurs qui<br />
prendraient des libertés avec le cahier<br />
des charges. À La Quercynoise, située<br />
à Gramat dans le Lot, l’étape du tri est<br />
« le cœur du réacteur », précise Gérard<br />
Lavinal, le président de la coopérative<br />
(2 millions de canards par an). Foie<br />
gras, magret, confit, ici aussi on<br />
prépare les fêtes. Nouvelles recettes<br />
de foie gras au citron, au safran, aux<br />
épices, promotion du foie gras surgelé,<br />
longtemps l’apanage des restaurateurs,<br />
mais qui fait une percée chez les<br />
particuliers, et à qui l’on prédit un bel<br />
avenir. « Vous jetez votre escalope<br />
de foie gras surgelé dans la poêle, et<br />
en 5 min c’est prêt, aussi bon qu’on<br />
produit frais », s’enthousiasme Gilles<br />
Lemoine, le directeur commercial et<br />
marketing de la coopérative. Pas mort<br />
le foie gras, il a encore plein de choses<br />
à raconter !<br />
Hugues de Lestapis<br />
16 17
Économie<br />
Un pour tous, tous pour la Scop<br />
Cette forme singulière d’entreprise, propriété de ses salariés,<br />
affiche quelques belles réussites dans le Gers, dont Ethiquable à Fleurance.<br />
Solidarité<br />
La cuvée humanitaire de la cave HDM<br />
Pour la 8 e année consécutive, la cave coopérative de Nogaro épaule<br />
l’ONG Sahel-Gascogne qui œuvre au Mali, en pays Dogon.<br />
La chocolaterie sera en partie ouverte au public.<br />
Ce n’est pas tous les jours qu’on<br />
inaugure un bâtiment industriel en<br />
France, encore moins dans le Gers.<br />
Qui plus est, il s’agit d’une chocolaterie<br />
bio. On la trouve à Fleurance, et<br />
elle produira à terme 25 millions de<br />
tablettes par an. On doit ce « miracle<br />
» à la société Ethiquable, née en 2003,<br />
connue pour avoir imposé des produits<br />
issus du commerce équitable en grandes<br />
surfaces. Ce 26 août, face à leurs<br />
collaborateurs et un parterre d’invités,<br />
les trois co-gérants d’Ethiquable,<br />
Rémi Roux, Stéphane Eberhart et<br />
Stéphane Comar, pouvaient être fiers<br />
du chemin parcouru. 77 millions de<br />
chiffre d’affaires en 2020, 160 salariés,<br />
dont 110 au siège social de Fleurance,<br />
une gamme de 200 produits différents,<br />
tous assurant, selon Ethiquable, un<br />
juste revenu au producteur d’origine.<br />
Pour rester dans le chocolat, la marque<br />
achète par exemple la tonne de cacao<br />
à 4300 dollars, soit deux fois le cours<br />
officiel. De quoi mieux répartir la<br />
valeur ajoutée entre l’amont et l’aval<br />
de la filière, entre les pays producteurs<br />
(l’Amérique latine, l’Afrique…) et<br />
les pays consommateurs (l’Europe en<br />
général). Rémi Roux le dit sans détours<br />
: « On peut transformer la société en<br />
choisissant mieux les produits que l’on<br />
consomme ». Quitte à les payer un peu<br />
plus cher, forcément.<br />
Un salarié = une voix<br />
Depuis ses origines, Ethiquable est une<br />
Scop (Société coopérative ouvrière de<br />
production). Les salariés y sont associés<br />
majoritaires, et le pouvoir y est exercé<br />
de manière démocratique (un salarié =<br />
une voix, quel que soit son statut). Il y<br />
a 3500 Scop en France, moins de 15<br />
Ici, on parle de « scopins » et de « scopines ».<br />
dans le Gers. C’est dire que cette forme<br />
d’entreprise, historiquement ancienne,<br />
reste marginale. L’esprit y est quand<br />
même particulier. Quand on parle de<br />
profit, car une Scop doit être rentable,<br />
on parle de « moyen » et non de « but<br />
en soi ». Les bénéfices sont partagés.<br />
« On n’est pas là pour enrichir des<br />
actionnaires qui n’y travaillent pas »,<br />
Rémi Roux, un des trois co-fondateurs d’Ethiquable.<br />
La belle énergie de Cap’Formations Sport<br />
assène encore Rémi Roux. Le projet de<br />
chocolaterie (20 millions d’euros, dont<br />
une part d’investissement public) a été<br />
l’occasion de pousser au maximum<br />
« l’intercoopération ». La réalisation<br />
du bâtiment a réuni le savoir-faire<br />
de 7 Scop, de la région Occitanie<br />
le plus souvent, et c’est Enercoop,<br />
« coopérative de production d’énergie<br />
verte et citoyenne », qui couvrira 75 %<br />
des besoins de la chocolaterie, le quart<br />
restant étant assuré par une centrale<br />
photovoltaïque installée sur le toit. « On<br />
n’est pas des héros, s’excuse presque<br />
Stéphane Comar, on voudrait juste que<br />
notre modèle inspire les autres ».<br />
L’idée de la Scop trouve un certain<br />
écho dans le Gers. On pourrait évoquer<br />
Cap’Formations Sport, organisme de<br />
formation spécialisé dans les domaines<br />
du sport, de la forme et de la santé,<br />
qui a choisi cette forme juridique le<br />
30 avril dernier pour poursuivre son<br />
développement. C’était jusqu’alors une<br />
association. Devenir une Scop, c’est<br />
aussi rejoindre un réseau local, avoir<br />
des conseils. Fumaison Occitane, La<br />
Cant’Auch, Scophydro, MPS, Bioponi,<br />
Epistemes, Le Comptoir des Colibris,<br />
Riguecoop, sont les noms qui émergent<br />
de l’annuaire de l’Union régionale des<br />
Scop, partie gersoise.<br />
Hugues de Lestapis<br />
Pierre Daniel, directeur de HDM, Patrick Mathieu, bénévole Sahel-Gascogne, Patrick Robert, Président de<br />
Sahel-Gascogne, Patrick Farbos, Président de HDM et Alexandre Doat, vice-président de la coopérative de Nogaro.<br />
C<br />
’est un beau partenariat entre gens<br />
de la même roche, travailleurs,<br />
généreux et fidèles. Ici, les<br />
vignerons de la cave coopérative<br />
des Hauts-de-Montrouge, et là les<br />
bénévoles de l’ONG Sahel-Gascogne,<br />
qui s’échinent à améliorer le sort des<br />
habitants du pays Dogon, une région<br />
du Mali, en Afrique de l’Ouest. Le<br />
partenariat, formalisé par une cuvée<br />
spéciale vendue 1€ de plus, permet<br />
à l’ONG de récupérer directement<br />
de l’argent dans ses caisses, qu’elle<br />
transformera en projet concret. En<br />
cours de montage, par exemple, deux<br />
projets d’adduction d’eau pour un<br />
montant global de 80 000 €, porté avec<br />
d’autres ONG, qui transformera la vie<br />
de 6000 personnes. Radicalement.<br />
Le défi de l’accès à l’eau potable<br />
La question de l’eau potable, et surtout<br />
son accès, est un défi au Mali. Tout<br />
comme l’enseignement… et aussi<br />
la géographie de la région : un haut<br />
plateau et une falaise abrupte sur des<br />
dizaines de kilomètres, et la vallée en<br />
contrebas. Pour faire une route, on y<br />
va à la dynamite, pas d’autres moyens<br />
dans un environnement pareil. À la tête<br />
de Sahel-Gascogne, Patrick Robert,<br />
de Marciac, est familier du Mali et<br />
de ses vicissitudes (un coup d’État<br />
militaire en juin dernier, le retrait des<br />
forces armées françaises au nord du<br />
pays). Mais il est obstiné. Le bilan de<br />
l’ONG parle pour lui : plus de 1000<br />
puits forés, trois châteaux d’eau édifiés,<br />
des périmètres maraîchers autour de<br />
certains puits (on cultive l’oignon en<br />
pays Dogon, apprend-on), et même des<br />
barrages. Dernièrement, les bénévoles<br />
de Sahel-Gascogne dispensent des<br />
cours d’apiculture, pour en faire une<br />
ressource durable. Avec le chèque<br />
de HDM, remis par le Patrick Farbos<br />
accompagné de son vice-président et<br />
de son directeur, c’est un nouveau puits<br />
qui pourra être creusé.<br />
A Yéné, dernier jour de corvée d'eau avant l'adduction.<br />
L’implication des Dogons<br />
Pour le président de la coopérative de<br />
Nogaro, « l’objectif n’est pas d’assister<br />
ces populations, mais bien de les aider<br />
à se développer de façon autonome ».<br />
De fait, rien n’est tout cuit. Les deux<br />
projets d’adduction d’eau induisent<br />
la mise à disposition de cent hommes<br />
pendant trois mois, cinquante par<br />
L'épuisante montée des cuves à Ireli.<br />
village concerné, et une participation<br />
financière locale à hauteur de 5% du<br />
budget total.<br />
« C’est une condition sine qua non »<br />
appuie Patrick Robert, qui a pu<br />
voir l’hiver dernier, sur le terrain,<br />
comment les choses avançaient.<br />
Précisons en passant que de même<br />
que les autres bénévoles de Sahel<br />
Gascogne, il paye son voyage luimême.<br />
Ce qui permet à l’association<br />
de reverser quasiment la totalité de<br />
tout ce qu’elle parvient à réunir (entre<br />
10 et 20 000 € bon an mal an) auprès<br />
de ses « sponsors» de premier rang,<br />
l’Agence de l’Eau Adour-Garonne,<br />
la fondation d’entreprises « Engagés<br />
Solidaires » , et plus modestement la<br />
communauté de communes de Nogaro.<br />
La connaissance du terrain, de la<br />
culture aussi, est décisive pour faire un<br />
travail de fond. Quand Patrick Robert<br />
parle des clivages ancestraux entre<br />
Dogons, « des cultivateurs », et les<br />
Peuls, « des éleveurs nomades », quand<br />
il évoque ses classes de 60 à 80 élèves,<br />
la part décisive des femmes dans le<br />
microcrédit, mais aussi les terribles<br />
variations de taux de mortalité entre<br />
telle ou telle zone, c’est du vu et du<br />
vécu. Pour les vignerons de HDM, c’est<br />
l’assurance que leur geste ne se perdra<br />
pas dans les méandres de la coopération<br />
internationale, et qu’elle arrivera sans<br />
détour là où elle est nécessaire, sinon<br />
vitale.<br />
18 19
Distinction<br />
Labastide d’Armagnac, quel caractère !<br />
À la frontière des Landes et du Gers, Labastide d’Armagnac vient d’obtenir<br />
le label Petites Cités de Caractère. Une première dans la région.<br />
Le mousquetaire de l’espace<br />
Air & cosmos<br />
Louis Damblanc, gersois oublié, a inventé la première fusée à étages<br />
du monde, l'ancêtre d'Ariane en quelque sorte<br />
L'une des plus belles bastides du Sud-Ouest, à 11km de Cazaubon-Barbotan. Crédit photo : Armagnac en fête.<br />
Même si la commune a fait partie,<br />
un temps, du département du<br />
Gers, c’est bien sous la bannière<br />
des Landes qu’elle déploie aujourd’hui<br />
tous ses atours : sa place Royale dont<br />
Henri IV se serait inspiré pour la<br />
place des Vosges à Paris, ses ruelles<br />
pittoresques, ses artisans précieux, une<br />
atmosphère d’authenticité rare, rien de<br />
faux ou d’apprêté. Ici, nous sommes<br />
dans « les Landes sans la mer », comme<br />
disent les gens du coin, qui pensent, en<br />
le disant ou pas, qu’on en fait beaucoup<br />
trop pour le littoral ! Ici, pas de foule,<br />
ni de campeurs, mais un tourisme de<br />
qualité, qui cherche à s’imprégner de<br />
l’esprit et de l’âme du lieu. 35 à 40 000<br />
visiteurs par an, surtout l’été. Et encore<br />
pourrait-on y ajouter, même si ce sont<br />
souvent les mêmes, les 20 000 passages<br />
à Notre-Dame des Cyclistes, cette<br />
étonnante chapelle située à quelques<br />
tours de roue de Labastide, véritable<br />
sanctuaire/musée du vélo.<br />
Trois ans pour « monter »<br />
le dossier<br />
Cela fait déjà beaucoup d’actifs<br />
pour une commune de moins de 700<br />
habitants, mais ceux qui ont la charge de<br />
la gérer et de l’animer voient plus loin.<br />
Après trois années de travail (montage<br />
de dossier, plan de financement,<br />
visites), Labastide d’Armagnac a<br />
obtenu le 30 juin 2021 le label Petites<br />
Cités de Caractère. L’annonce en a été<br />
faite un mois plus tard par la mairie et<br />
ses équipiers dans l’aventure, le Comité<br />
du tourisme des Landes (CDT) et le<br />
Conseil d’architecture, d’urbanisme<br />
et de l’environnement (CAUE). Ce<br />
label, né dans les années 1970, entend<br />
valoriser les communes « atypiques »,<br />
à la fois rurales et urbaines, et aux<br />
moyens trop limités pour entretenir leur<br />
héritage patrimonial. Le label réunit<br />
près de 200 communes en France,<br />
mais quasiment pas dans le Sud-Ouest.<br />
L'étonnant sanctuaire de la petite reine.<br />
C’est donc une première dans la région.<br />
Et aussi la promesse de subventions<br />
conséquentes, car des communes de<br />
cette taille sont forcément très courtes<br />
en autofinancement. Là, on parle de 8<br />
millions d’euros d’investissement sur<br />
15/20 ans.<br />
De quoi repenser l’accès et les entrées<br />
dans le bourg, revoir l’identité visuelle,<br />
développer un chemin végétal,<br />
reprendre les espaces publics et se<br />
frotter aux exigences du patrimoine<br />
Le maire, Alain Gaube, 2 e à gauche, avec les porteurs<br />
du projet, élus, CAUE et CDT des Landes.<br />
bâti. « C’est un label de progrès qui<br />
valorisera la commune », soutient Sandy<br />
Causse, tandis qu’Alain Gaube, le<br />
maire, y voit le moyen de faire perdurer<br />
le tourisme au-delà de l’été et d’attirer<br />
de nouveaux habitants. « Et puis c’est<br />
bon pour la notoriété, la réputation ».<br />
Le jury du label repassera dans cinq ans<br />
pour vérifier si les engagements pris ont<br />
été tenus. La pression est là…<br />
Un patrimoine vivant<br />
On pourrait se demander pourquoi<br />
Labastide d’Armagnac n’a pas jugé<br />
bon de s’aligner dans la course aux<br />
Plus Beaux Villages de France, marque<br />
plus médiatisée, et qui honore, dans<br />
le Gers, par exemple, La Romieu ou<br />
Lavardens. Les Labastidiens répondent<br />
modestement que leur cité ne renvoie «<br />
pas une image parfaite », de celle dont<br />
on fait des cartes postales. « Nous, nous<br />
avons vraiment un patrimoine vivant,<br />
avec des gens dedans ».<br />
Hugues de Lestapis<br />
Un précurseur totalement oublié aujourd’hui.<br />
Inventeur génial, Louis Damblanc<br />
voit le jour à Lectoure en 1889. Le<br />
Gascon va connaître une renommée<br />
internationale, se promenant en<br />
esprit de la terre à la lune, tel un<br />
Cyrano de Bergerac de chez nous.<br />
Ce pionnier de l’aéronautique et de<br />
l’astronautique, l’esprit pétillant,<br />
toujours en éveil, l’œil bon, aurait-il<br />
aussi quelque chose de Jules Verne ?<br />
Oui, pour ses inventions non-stop.<br />
Diplômé de l’Institut Électrotechnique<br />
de Grenoble, le jeune Gersois fait<br />
son trou à Paris, où le ministère de la<br />
Guerre le charge d’étudier différents<br />
types d’hélicoptères. Il conçoit<br />
l’Alérion, un biorotor inédit. À Paris,<br />
Damblanc évoluera dans les cercles<br />
radicaux-socialistes de la capitale. Le<br />
député fleurantin de gauche Henri-<br />
Cazes l’engage à se lancer dans la<br />
politique locale. Louis sera élu maire<br />
de Fleurance pendant trois législatures,<br />
jusqu’en 1940. L’inventeur se lie avec<br />
le mathématicien — et ministre — Paul<br />
Painlevé, et avec le fougueux Aristide<br />
Briand, 11 fois président du Conseil et<br />
prix Nobel de la Paix ! Ces deux<br />
hommes sont proches.<br />
Dans les années trente, Louis Damblanc<br />
va étudier, fabriquer, expérimenter en<br />
laboratoire, puis en vol, la première<br />
fusée à étages du monde. Le chercheur<br />
gascon va enregistrer 360 tirs de fusées,<br />
dont 120 lancements au Polygone de<br />
Bourges. Il recevra le prix international<br />
d’astronautique. En 1937, dépôt du<br />
brevet relatif aux fusées. L’ingénieur<br />
français sera le seul au monde à<br />
concevoir et faire voler des fusées<br />
avant la guerre de 40. Ce qui lui vaudra<br />
le prix international d’astronautique.<br />
Glorieux début de la conquête du<br />
cosmos. Et catastrophique aussi en<br />
période de conflit armé. Les fusées sont<br />
meurtrières. On imagine le choc pour<br />
cet amoureux de la paix.<br />
Après la Libération, le gouvernement<br />
américain s’arroge le droit de<br />
réquisitionner ses brevets. Plus tard,<br />
on indemnisera chichement Damblanc.<br />
Celui-ci s’est défini ainsi : « Je suis<br />
avant tout un ingénieur de pointe.<br />
Un des rares documents qui permet d’imaginer l’allure<br />
des fusées de l’époque.<br />
Louis Damblanc est un peu le « grand-père » des<br />
fusées Ariane…<br />
Après chacune de mes découvertes,<br />
je me penchais aussitôt sur une autre<br />
recherche sans jamais convoiter un<br />
profit matériel. Mon esprit n’était pas<br />
tourné vers cela ». Le scientifique se<br />
révélera aussi excellent journaliste,<br />
fondateur et éditeur de plusieurs revues<br />
sur l’aviation. Après la guerre, ses<br />
recherches se concentrent sur l’optique.<br />
Il crée de remarquables techniques de<br />
projection d’images et de reproduction<br />
et d’agrandissement spectaculaire<br />
d’objets et de documents. C’est<br />
l’invention de l’Imagiscope.<br />
Un dernier brevet à 78 ans<br />
Esprit sans cesse en ébullition — il<br />
déposera son 40 e et dernier brevet à<br />
l’âge de 78 ans !— le savant n’oubliera<br />
jamais ses engagements humanitaires.<br />
Louis Damblanc, raconte l’historien<br />
gersois Georges Courtès, accueillera<br />
les républicains espagnols, ou les<br />
réfugiés juifs, dans l’ancien presbytère.<br />
Il passe ses dernières années dans un<br />
petit appartement parisien, et meurt en<br />
1969, l’année… de la conquête de la<br />
lune. La fusée Ariane, fierté française,<br />
descend peu ou prou des inventions de<br />
Damblanc. Localement, sa mémoire<br />
est encore entretenue par la famille<br />
Thore.<br />
Ingrid Carlander<br />
20 21
Tradition<br />
Soudain l’ormeau de Biran s’illumina…<br />
Une jeune fille, un arbre, des rayons, la Vierge Marie, récits<br />
et légendes et pèlerinage à la clé. C’était à Biran, il y a longtemps.<br />
Le duc d’Épernon, de cape et d’épée<br />
Histoire<br />
Parfois adoré, souvent détesté, toujours craint, le duc d’Epernon (1554-1642)<br />
sert trois rois et une régente, et meurt étonnamment dans son lit.<br />
La tour de guet du château primitif<br />
Le village de Biran se situe près<br />
du Brouilh Monbert, entre Auch<br />
et Vic-Fezensac. À l’origine,<br />
un château fut érigé à partir du XI e<br />
siècle sur une motte castrale à l’ouest<br />
du village actuel. Sur cet éperon<br />
calcaire entre Baïse et Auloue, ne<br />
subsistent que l’ancienne tour de guet<br />
et des vestiges de fortifications. De<br />
nombreuses familles de seigneurs<br />
en furent les maîtres, dont les Biran,<br />
Pardiac, Fezensac, Armagnac, Albret,<br />
Roquelaure. Le castelnau du XIII e<br />
siècle se composait d’un village rue,<br />
avec à l’entrée est l’Église primitive<br />
Saint-Martin, et la tour porte encore<br />
existante. L’Église actuelle, à l’Ouest,<br />
ND de Pitié, est de construction plus<br />
tardive, 1663, à l’emplacement d’un<br />
ancien oratoire dédié à la Vierge à<br />
l’ormeau, lieu de pèlerinage depuis une<br />
époque indéterminée. Un document<br />
de 1402 atteste de son existence à<br />
cette date, mais il peut remonter à une<br />
période de peste à l’époque de Philippe<br />
IV le Bel.<br />
La Vierge sur le tronc<br />
D’après cette légende, une nuit, une<br />
jeune fille vertueuse aurait vu l’ormeau<br />
situé dans la partie haute du village,<br />
s’illuminer. Prévenu, le prêtre revint<br />
avec des fidèles, constatant que des<br />
rayons de lumière partant de l’arbre<br />
éclairaient une image de la Vierge sur<br />
le tronc ; celle-ci portait à son cou une<br />
croix de pierres blanches brillantes.<br />
Les écrits des Amis du vieux Biran (*)<br />
racontent que le prêtre prit une échelle<br />
pour enlever l’image et la déposer dans<br />
l’église Saint-Martin à l’Est. Mais la<br />
Vierge apparut deux fois à l’endroit<br />
de la première apparition à l’Ouest.<br />
Un pèlerinage se mit en place autour<br />
d’un petit oratoire et de ND Dame de<br />
l’Ormeau.<br />
De Saint-Martin<br />
à Notre Dame de Pitié<br />
En 1661, des marchands de tissus<br />
de Biran ramenèrent de Saragosse<br />
L'église Notre Dame de Pitié<br />
une statuette en bois de la Vierge<br />
de Pilar. Un grand pèlerinage eut<br />
lieu et une nouvelle église, ND de<br />
Pitié fut construite à l’emplacement<br />
de l’oratoire, à la demande du curé<br />
Savoye, avec l’aide de Mr Daignan<br />
du Sandat, vicaire d’Auch. En 1671<br />
l’ormeau fut abattu pour agrandir la<br />
nouvelle église. Quant à l’église Saint-<br />
Martin, elle fut peu à peu délaissée, ses<br />
cloches furent installées dans la tour<br />
porte en 1666. L’église ND de Pitié<br />
est composée d’une nef unique, d’un<br />
chevet et de trois chapelles au sud. En<br />
1673, un retable baroque remarquable<br />
fut édifié dans l’abside, fait par un<br />
Le retable baroque en pierre<br />
sculpteur de pierre (Gervais Drouet ou<br />
Pierre Affre ?). L’iconographie évoque<br />
trois des sept douleurs de Marie.<br />
Un pèlerinage ancestral<br />
Il avait lieu le lundi de Pentecôte,<br />
depuis des « temps immémoriaux ».<br />
Le testament de Guillaume de Castera<br />
relate son existence au tout début du<br />
XV e siècle, mais il pourrait être plus<br />
ancien. Il s’étendait aux paroisses<br />
voisines. Les Pénitents bleus de Barran<br />
s’y rendaient à pied en demandant la<br />
protection des fruits et des moissons<br />
contre les orages et la grêle. Sept messes<br />
se succédaient. Les fidèles arrivaient à<br />
pied en procession.<br />
De nos jours, le lundi de Pentecôte,<br />
se déroule une procession partant de<br />
la vierge, au bas du village, jusqu’à<br />
l’église. Dans l’une des chapelles,<br />
de nombreux ex-voto sont exposés,<br />
témoignant de la reconnaissance envers<br />
ND de pitié.<br />
Rose-Marie Richard<br />
(*) Avec le témoignage de Charlotte Vaisse,<br />
présidente des Amis du vieux Biran,<br />
et la participation de Monsieur Lignères,<br />
maire de Biran.<br />
Amiral en 1587<br />
Jean-Louis de Nogaret de La Valette<br />
naît en 1554 dans le Gers au château<br />
de Caumont, à Cazaux-Savès,<br />
construit par son grand-père au retour<br />
des guerres d’Italie. C’est un cadet<br />
de Gascogne et, dès l’âge de 16 ans,<br />
il embrasse la carrière militaire. Il<br />
participe avec son père aux batailles<br />
des guerres de religion. C’est au siège<br />
de La Rochelle en 1573 qu’il rencontre<br />
le duc d’Anjou, futur Henri III,<br />
dont il deviendra dès 1578 l’un des<br />
« Mignons ». Dès lors, il entre dans<br />
l’Histoire.<br />
Au service de la Régente<br />
Grâce à son intelligence, son énergie,<br />
sa pugnacité, il devient le bras droit<br />
d’Henri III. Il accumule charges et<br />
honneurs. Pair de France, chevalier de<br />
l’Ordre du Saint-Esprit, grand amiral de<br />
France, colonel général de l’infanterie<br />
française, gouverneur de Normandie,<br />
d’Angoumois… Le roi crée même<br />
un duché et le fait duc d’Épernon en<br />
1581. Catholique convaincu, Épernon<br />
s’oppose cependant aux extrémistes de<br />
la Ligue dirigée par Henri de Guise. Il<br />
reste fidèle à son roi pour la protection<br />
duquel il recrute en Gascogne une garde<br />
rapprochée les fameux « Quarante-<br />
Cinq » qui élimineront le duc de Guise.<br />
L’assassinat d’Henri IIl le 1 er août 1589<br />
ouvre, avec le règne de Henri IV, une<br />
période de contrariété pour le duc.<br />
Les deux hommes se connaissent<br />
depuis longtemps, mais l’ambition<br />
et le caractère ombrageux du duc<br />
compliquent leurs relations. Tout en le<br />
considérant comme un ami, Henri IV le<br />
maintient à distance, ce qui ne l’empêche<br />
pas d’exercer son influence. Il assied<br />
aussi son prestige en faisant construire,<br />
dès 1598, le somptueux château de<br />
Cadillac, près de Bordeaux. Il est dans<br />
le carrosse le 14 mai 1610 lorsque<br />
Henri IV est assassiné par François<br />
Ravaillac. Ses ennemis l’accuseront<br />
d’avoir commandité le meurtre, ce que<br />
le procès démentira.<br />
Les armoiries du duc d’Epernon<br />
Moins de deux heures après l’attentat,<br />
en sa qualité de colonel général de<br />
l’infanterie, il prend le contrôle de<br />
la capitale et assure le maintien de<br />
l’ordre. Il obtient du Parlement la<br />
transmission de la totalité du pouvoir<br />
à Marie de Médicis, au mépris des<br />
dispositions d’Henri IV qui instituaient<br />
un conseil de régence. Ce sera malgré<br />
tout un retour limité, car des hommes<br />
nouveaux comme Concini vont avoir<br />
prise sur la reine et éloigner le duc du<br />
pouvoir.<br />
Après s’être débarrassé de Concini<br />
et avoir écarté sa mère, Louis XIII<br />
recherche des hommes d’envergure. En<br />
1622, il nomme Épernon gouverneur<br />
Le château de Caumont, à Cazaux-Savès (Gers), entre<br />
L’Isle-Jourdain et Samatan.<br />
de Guyenne, mais le Gascon commet<br />
l’erreur de se brouiller avec Richelieu<br />
qui n’aura de cesse de le discréditer. De<br />
plus, son caractère colérique le pousse<br />
à des excès. À Bordeaux, en 1634, il<br />
frappe en public l’archevêque Henri<br />
de Sourdis. Le roi l’oblige à demander<br />
publiquement pardon à l’offensé en se<br />
mettant à genoux devant lui. Quatre ans<br />
plus tard, il est démis de sa charge et<br />
meurt en disgrâce à Loches en 1642,<br />
n’ayant rien perdu de ses capacités ni<br />
de sa dignité.<br />
Un grand sens de l'honneur<br />
Pendant plus de soixante ans, ce<br />
Gascon de petite noblesse a été un<br />
acteur de l’Histoire de France. En tant<br />
que chef de guerre, il a été de tous les<br />
combats, en tant qu’homme d’État, il a<br />
été proche de trois rois et gouverneur<br />
de plusieurs provinces. Son image est<br />
en demi-teinte, car ses actions parfois<br />
contradictoires, son attitude hautaine,<br />
son arrogance, ses colères légendaires<br />
lui ont valu de solides ennemis qui<br />
ne se sont pas privés de le calomnier.<br />
Pourtant, il suscitait déférence et<br />
respect, car il était sincère, fidèle à sa<br />
parole, et possédait un grand sens de<br />
l’honneur. Qualités pas si répandues à<br />
la cour !<br />
Atelier Histoire du Clan<br />
22 23
Une expertise, la confiance, un sourire.<br />
Expertise, efficacité, les qualités professionnelles<br />
de Marie Sophie Hoarau (alias Labbé)<br />
sont connues et reconnues. La conseillère en immobilier<br />
y ajoute un très bon relationnel, qui lui<br />
est d’ailleurs naturel. Représentante du réseau<br />
Safti dans le secteur de Mirande et communes<br />
voisines dans un rayon de 30-40 km, Marie Sophie<br />
parle « d’accompagnement » quand elle<br />
évoque son métier : faire vendre ou faire acheter<br />
des maisons, immeubles, terrains, ou garages.<br />
Le fil conducteur de sa mission, c’est que « tout<br />
se déroule bien pour la satisfaction des vendeurs<br />
Avec Patricia, sous le signe<br />
du bien-être.<br />
Immobilier : votre conseillère SAFTI près de chez vous<br />
(Mirande)<br />
Patricia, l’art du toucher<br />
(Nogaro)<br />
Chez Patricia, on dépose ses maux et on<br />
repart plus léger. Elle pratique les massages<br />
bien-être à domicile, à Nogaro, dans<br />
une dépendance aménagée à cet effet. Elle<br />
a été formée et certifiée par l’école Shen-Ti<br />
à Toulouse en juillet 2020, et depuis lors elle<br />
exerce son art du toucher. Localisé via la réflexologie<br />
plantaire, ou élargi au corps entier.<br />
Patricia aime « être en relation » avec les personnes<br />
qui s’en remettent à elle. Lors du premier<br />
rendez-vous, un entretien d’une dizaine<br />
de minutes permet d’évaluer les besoins, et d’envisager les précautions<br />
à prendre le cas échéant. Et puis la magie opère. Massage ayurvédique<br />
d’inspiration indienne, ou à l’huile chaude, pour s’abandonner tout à fait et<br />
« se ressentir à nouveau », shiatsu, Amma Assis, Tui Na... Rien de surnaturel,<br />
prévient Patricia, juste de l’expertise au bout des doigts et la conviction<br />
que la médecine naturelle est une « autre médecine », que « le corps et<br />
l’esprit sont intimement liés ». Patricia, monitrice-éducatrice dans un foyer,<br />
prend soin des autres. C’est son métier originel. Avec cette activité additionnelle<br />
de praticienne en massage bien-être, c’est encore et toujours<br />
une question de soin. Elle commence à être connue et réputée. Et puis<br />
elle pratique régulièrement des offres tarifaires spéciales, pour que le plus<br />
grand nombre puisse profiter de son art du toucher. Laissez-vous tenter !<br />
La Palette des Sens<br />
séances sur rendez-vous<br />
26, cité Nolibo, 32110 Nogaro<br />
06 72 62 66 65<br />
lapalettedessens@orange.fr<br />
Lapalettedes Sens<br />
et des acheteurs que j’épaule, et que je puisse<br />
apporter du bonheur aux gens par la réalisation<br />
de leurs projets». Son investissement est donc<br />
maximal dès lors que la confiance est réciproque.<br />
La force du réseau Safti<br />
Sa connaissance du marché, et bien sûr de<br />
son territoire de prédilection, fait le reste. Covid<br />
ou pas, dans le respect des gestes barrières et<br />
consignes sanitaires, l’activité de Marie Sophie<br />
s’est poursuivie activement. Elle œuvre près de<br />
chez vous, mais bien au-delà si nécessaire en<br />
s’appuyant sur la force du réseau national de<br />
mandataires immobiliers Safti, une marque qui<br />
emporte un taux de satisfaction de 98%. Avec ses<br />
collègues répartis dans toute la France, Marie Sophie<br />
ne travaille jamais seule. Pour mieux quadriller<br />
son secteur, elle vise maintenant à développer<br />
localement une équipe SAFTI. En attendant, elle<br />
fait le métier avec son franc sourire en bandoulière.<br />
Les résultats sont là. Vous voulez vendre ou<br />
acheter un bien, confiez lui vos projets, confiez<br />
lui vos clés !<br />
Marie Sophie Hoarau<br />
(alias Labbé)<br />
Conseillère indépendante<br />
immobilier Safti<br />
06 50 82 43 10<br />
mariesophie.hoarau@safti.fr<br />
Cours de piano au Petit Bastion<br />
(Lectoure)<br />
C<br />
’est la rentrée aussi pour l’Atelier du Petit Bastion, à Lectoure, qui<br />
dispense des cours de piano le mercredi pour adultes et enfants. Les<br />
formules sont les suivantes :<br />
Débutants : 1/2h de piano + 1/2h de solfège de base.<br />
Intermédiaires : 3/4h de piano + 1/4h de solfège de base.<br />
Initiés : 1h de piano.<br />
Un piano de répétition, acquis avec le soutien de la fondation du Crédit<br />
Agricole Pyrénées-Gascogne, est à disposition entre les cours, dans une<br />
pièce calme.<br />
Comme l’an passé, c’est Tom Grimaud qui assure les cours. Il est diplômé<br />
du Conservatoire national supérieur de Paris, lauréat de plusieurs<br />
concours internationaux, et attaché à l’orchestre du Capitole de Toulouse.<br />
C’est d’abord et surtout un très bon pédagogue, qui aime transmettre les<br />
secrets de son art. Tom Grimaud a fondé le duo Les Mains Symphoniques<br />
avec la pianiste Anna Jbanova.<br />
L’Atelier du Petit Bastion se déroule sous l’égide de l’association lectouroise<br />
PianoNovo, organisatrice, entre autres, du festival Musique Halles<br />
de Lomagne, dont on a pu suivre la deuxième édition cet été 2021 dans le<br />
Gers, entre le 10 juillet et le 10 août.<br />
Renseignements<br />
et tarifs :<br />
Tél. : 06 13 52 94 86<br />
et www.pianovo.org<br />
Marie Sophie à Mirande, son terrain de<br />
prédilection et d'action.<br />
Foire aux vins chez Carrefour Market<br />
C'est la période des vendanges. Le vin, avec modération, symbole de convivialité. Des millésimes à prix promo...<br />
Rendez-vous incontournable de l’automne,<br />
quasi-institutionnel même, les gionale, et les nouvelles tendances du marront<br />
la part belle, comme la production ré-<br />
foires aux vins sont synonymes de prix<br />
attractifs et de bouteilles prestigieuses.<br />
Frédéric Floriant, le directeur du Carrefour<br />
Market de Fleurance, sait toute leur<br />
importance. On dit qu’elles représentent<br />
au moins un quart du chiffre d’affaires du<br />
ché, vins « nature », bio, sans sulfites, sans<br />
soufre ajouté, HVE et autres « vins verts ».<br />
Carrefour ne fait pas les choses à moitié.<br />
La chaîne de grande distribution a mobilisé<br />
15 personnes qui ont goûté environ 4500<br />
échantillons, pour n’en retenir que 250 ou<br />
rayon vin de l’enseigne. Parfois bien plus. 500 selon le format des magasins !<br />
Cette année, Carrefour Market déploie les Soirée de lancement le 6 octobre<br />
siennes courant octobre, un peu plus tard<br />
que d’ordinaire donc. « Une façon de lancer<br />
la fin d’année », argumente Frédéric Floriant<br />
en feuilletant le catalogue 2021, forcément<br />
prometteur. Des grandes bouteilles, bien sûr,<br />
de celles dont on constitue sa cave, mais pas<br />
que. Les vins du Languedoc-Roussillon au-<br />
Si la grande soirée de lancement est prévue<br />
à Fleurance le 6 octobre, « ouverte à tout le<br />
monde sur réservation », des clients de la<br />
marque pourront faire des précommandes en<br />
avant-première et venir les retirer en magasin<br />
ou au drive. Des « promos » sont bien sûr<br />
à l’affiche. Elles constituent l’autre levier<br />
Carrefour Market<br />
Fleurance<br />
Route de Lectoure<br />
32500 Fleurance<br />
05 62 06 63 65<br />
Du 7 au 24 octobre, vos magasins Carrefour Market,<br />
vont se mettre à l’heure de la foire aux vins.<br />
Frédéric Floriant<br />
à Fleurance<br />
Vos magasins Carrefour Market<br />
Carrefour Market<br />
Mirande<br />
Luc Poujade<br />
à Mirande<br />
Bd des Pyrénées<br />
32300 Mirande<br />
05 62 66 86 60<br />
Carrefour Market<br />
Gimont<br />
Christelle Aubier<br />
à Gimont<br />
Bd du Nord<br />
32200 Gimont<br />
05 62 67 74 75<br />
des foires aux vins d’automne. L’occasion<br />
d’acheter plus facilement telle ou telle appellation,<br />
de faire des découvertes. Une des<br />
offres s’articule autour de deux bouteilles<br />
offertes pour quatre achetées. Ce qui permet<br />
de faire baisser singulièrement le prix unitaire<br />
de la bouteille. Bonne foire à tous !<br />
Un nouveau directeur à Mirande<br />
Luc Poujade a pris la direction du Carrefour<br />
Market de Mirande en juin dernier. Passé par<br />
Leclerc et Auchan, il était jusqu’à récemment<br />
à Vic-Fezensac, sous la bannière Intermarché.<br />
L’actualité de son magasin est au rayon boucherie,<br />
avec un nouveau chef boucher arrivé<br />
début août et qui propose de la belle viande<br />
(découpe de carcasse).<br />
Carrefour Market<br />
Nogaro<br />
Dominique<br />
Séguet à Nogaro<br />
Avenue Périé<br />
32110 Nogaro<br />
05 62 09 03 55<br />
Commerce<br />
25
Parlons gascon<br />
Parlem Gascon<br />
Le basilic, une mauvaise bête<br />
Publié par Jean-François Bladé dans le 2 e tome des Contes de Gascogne,<br />
ce récit fait référence à une sorte de serpent de puits.<br />
Mémoire, polar et féérie<br />
Livres<br />
Roman policier, <strong>BD</strong>, poésie, histoire... la rentrée littéraire 2021 est aussi<br />
gersoise grâce à ces auteurs du cru, qui creusent leur sillon livre après livre.<br />
a ua bèstia sauvatja, cent còps mès terribla que los lions e los<br />
I orsis. Aquò es lo baselic. Per bonur, es sol de son espècia. Lo<br />
baselic a lo còs d’ua loira, dambe un cap d’òme coronat d’aur,<br />
coma los emperaires e los reis. Contra eth, lo hèr, lo plomb, lo<br />
poson, pòdon pas arren. D’ua sola espiada hè caiger reddes mòrts<br />
los òmes e las bèstias. Autanlèu que li hèn véser son visatge dens<br />
un miralh, crèba. Mès un aute Baselic vai sèt ans après.<br />
Nueit e jorn, lo Baselic viatja devath tèrra, en cercar lo hons de<br />
las cistèrnas e deus potzis. Malur aus òmes, malur a las hemnas,<br />
malur sustot aus mainatges que se clinan suus rebòrds de potzis,<br />
ende escopir o gitar pèiras dens l’aiga. Deu hons enlà, lo Baselic<br />
los apèra, e n’entenon pas mes parlar. Pr’aquò, vatz véser que<br />
quauque còp la mala bèstia a un maishant quart d’ora a passar.<br />
I avèva autes còps, dens un casau de Mauvesin, un potz que<br />
balhava ua aiga tant sanitosa, tant bona, tant leugèra, que tots los<br />
vesins n’anavan tirar, dambe la permission deu mèstre.<br />
Un jorn, aquera aiga vengoc tot d’un còp trebosa e pudenta, au<br />
punt que tot lo vesiat n’estoc emposoat.<br />
— Mia, ça digoc lo mèstre a la servanta, probable que quauque<br />
galapian m’aurà gitat ua carronha deguens lo potz. Vèi me<br />
cuèlher tres Espanhòls ende la ne tirar.<br />
— Mèstre, vos pressatz pas tant. Davant d’anar cuèlher los tres<br />
Espanhòls, cau espiar tot au hons deu potz.<br />
— Mia, lo potz es tròp prigond e tròp negre ende poder espiar<br />
tot au hons.<br />
— Paciença, mèstre. Atendètz-me aciu. Arren que lo temps de<br />
montar a ma cramba e de tornar en tot córrer.<br />
Deu temps que lo mèstre atendèva, lo Baselic, que viatjava<br />
devath tèrra, s’estancava au hons deu potz. Gaireben au medish<br />
moment, la serventa arribava dambe un petit miralhet.<br />
— Venguètz au potz, mèstre ! Venguètz au potz !<br />
— Mia, que vòs hèr d’aqueth tròç de miralhet ?<br />
— Espiatz, mèstre. Espiatz.<br />
La serventa virèc son petit miralhet de caps au sorelh, qu’envièc<br />
sa lutz dinc au hons deu potz.<br />
Lo Baselic escotava d’enbàs estant, e se pensava :<br />
— Aqui gents que n’an pas per longtemps a víver.<br />
Alavetz, levèc lo cap. Mès lo miralhet li muishèc lo son<br />
imatge, e la mala bèstia crebèc suu còp per lo petit miralhet d’ua<br />
serventa, que venoc fòrt car la corona d’aur a un joielèr de Tolosa,<br />
e trobèc atau un bon marit.<br />
J. F. Bladèr<br />
I<br />
l y a une bête sauvage, cent fois plus terrible que les lions et<br />
les ours. C’est le basilic. Par bonheur, il est seul de son espèce.<br />
Le basilic a le corps d’une loutre, avec une tête d’homme couronnée<br />
d’or, comme les empereurs et les rois. Contre lui, le fer, le<br />
plomb, le poison ne peuvent rien. D’un seul regard il fait tomber<br />
raides morts les hommes et les bêtes. Aussitôt qu’on lui fait voir<br />
son visage dans un miroir, il crève. Mais un autre basilic naît<br />
sept ans après.<br />
Nuit et jour, le basilic voyage sous terre, en cherchant le fond<br />
des citernes et des puits. Malheur aux hommes, malheur aux<br />
femmes, malheur surtout aux enfants qui se penchent sur les rebords<br />
de puits, pour cracher ou jeter des pierres dans l’eau. Du<br />
fond, le basilic les appelle, et on n’en entend plus parler. Cependant,<br />
vous allez voir que quelquefois la méchante bête a un<br />
mauvais quart d’heure à passer.<br />
Il y avait autrefois, dans un jardin de Mauvezin, un puits qui<br />
donnait une eau si saine, si bonne, si légère, que tous les voisins<br />
allaient en tirer, avec la permission du maître.<br />
Un jour, cette eau devint tout d’un coup trouble et puante, au<br />
point que tout le voisinage s’en trouva empoisonné.<br />
— Ma mie, dit le maître à la servante, probablement que<br />
quelque galapiat m’aura jeté une charogne dans le puits. Va<br />
me chercher trois Espagnols afin de l’en retirer.<br />
— Maître, ne vous pressez pas tant. Avant d’aller chercher les<br />
trois Espagnols, il faut regarder tout au fond du puits.<br />
— Ma mie, le puits est trop profond et trop noir pour pouvoir<br />
regarder tout au fond.<br />
— Patience, maître. Attendez-moi ici. Seulement le temps de<br />
monter à ma chambre et de revenir en courant.<br />
Pendant que le maître attendait, le basilic, qui voyageait sous<br />
terre, s’arrêtait au fond du puits. Quasiment au même moment, la<br />
servante arrivait avec un petit miroir.<br />
— Venez au puits, maître ! Venez au puits !<br />
— Ma mie, que veux-tu faire de ce morceau de miroir ?<br />
— Regardez, maître. Regardez.<br />
La servante dirigea son petit miroir vers le soleil, qui envoya<br />
sa lumière vers le fond du puits.<br />
Le basilic écoutait depuis le bas, et pensait :<br />
— Voilà des gens qui n’en ont pas pour longtemps à vivre.<br />
Alors, il leva la tête. Mais le miroir lui montra son image,<br />
et la mauvaise bête creva sur le coup, par le petit miroir d’une<br />
servante, qui vendit fort cher la couronne d’or à un joaillier de<br />
Toulouse, et trouva ainsi un bon mari.<br />
J.F. Bladé<br />
Présences juives dans le<br />
Gers (1939-1945)<br />
Geneviève et Georges Courtès<br />
Éditions Gascogne<br />
Pendant la dernière guerre,<br />
dès 1940, Lectoure a dû<br />
accueillir des centaines de<br />
réfugiés, juifs alsaciens,<br />
polonais, juifs de tous<br />
pays, et réussi l’exploit<br />
de sauver trois quarts<br />
d’entre eux. L’ouvrage<br />
Présences juives, qui vient<br />
de paraître, revient sur cet<br />
épisode. Il est signé par<br />
deux personnalités de Gers,<br />
férus d’histoire, Geneviève<br />
et Georges Courtès.<br />
C’est un impressionnant<br />
travail de mémoire. Les<br />
auteurs ont inlassablement<br />
collecté, rassemblé des<br />
documents, interrogé des<br />
érudits locaux, questionné<br />
des Gersois, recherché les<br />
rares survivants. Certaines<br />
familles de rescapés sont<br />
revenues à Lectoure,<br />
accueillis par nos auteurs :<br />
« Nous avons tenté de rendre<br />
humaines ces personnes que<br />
l’on voulait réduire à rien. »<br />
Pour cela, nous leur devons<br />
une infinie reconnaissance.<br />
Ingrid Carlander<br />
Oxymore<br />
Jean Tuan<br />
C.L.C. éditions<br />
Gersois depuis une vingtaine<br />
d’années, fin connaisseur<br />
de la Chine, pays de son<br />
père, Jean Tuan a le goût<br />
de l’écriture, du polar et de<br />
la gastronomie française.<br />
Son 3e roman, Oxymore,<br />
s’inscrit dans la veine des<br />
précédents : des fictions<br />
puisant à grande louche<br />
dans l’actualité du moment,<br />
qui permettent à l’auteur<br />
de pointer les menaces<br />
que la Chine fait peser sur<br />
le reste du monde. Cette<br />
fois-ci, il s’agit du projet<br />
d’installation en France<br />
de la 5G par un opérateur<br />
chinois nommé Huadian.<br />
On aura reconnu le dossier<br />
Huawei, qui a empoisonné<br />
les relations entre Paris et<br />
Pékin pendant des mois,<br />
certains voyant dans la<br />
marque chinoise un cheval<br />
de Troie pour conduire des<br />
opérations d’espionnage ou<br />
de sabotage.<br />
H.L.<br />
Échappée poétique<br />
Sylesna<br />
Éditions Vérone<br />
Celle qui se cache sous<br />
le (beau) pseudonyme de<br />
Sylesna réside à Gimont. Elle<br />
a une cinquantaine d’années,<br />
dont pas mal passées dans<br />
l’enseignement. Échappée<br />
poétique est son 4e ouvrage,<br />
publié par une maison<br />
d’édition parisienne.<br />
Sa construction déroute<br />
quelque peu, puisqu’on<br />
y trouve deux parties<br />
parfaitement distinctes : un<br />
conte à portée fantastique<br />
en première partie, où il<br />
est question d’un grimoire<br />
découvert à Cordoue, et<br />
en seconde partie quelque<br />
trente textes poétiques, qui<br />
se lisent et se reprennent<br />
tant ils éveillent les sens<br />
et stimulent l’imagination.<br />
Sylesna pose son art sur des<br />
choses simples, un peu à la<br />
manière du grand Francis<br />
Ponge, la description d’un<br />
paysage, d’un tableau, une<br />
sieste au flanc du Mont<br />
Cinto, un chemin sans nom,<br />
un jardin, une escapade, un<br />
aliment, l’eau, l’attente,<br />
l’espérance, etc.<br />
H.L.<br />
Les Sept Citadelles<br />
Sophie Bénastre (textes)<br />
et Sophie Lebot (dessin)<br />
Saltimbanque Éditions<br />
Sophie Bénastre vit dans le<br />
Gers depuis trois ans, elle<br />
est enseignante à l’Oratoire,<br />
à Auch. Mais c’est aussi une<br />
auteure, une « raconteuse<br />
d’histoires », notamment<br />
pour la jeunesse. Les Sept<br />
Citadelles est un conte de<br />
fées superbement illustré par<br />
Sophie Lebot. Il est question<br />
de sept sœurs, filles d’un<br />
roi faible, chassées de leur<br />
palais par une belle-mère<br />
avide et au cœur froid. Elles<br />
vont se rebeller et lancer<br />
une malédiction contre la<br />
marâtre. Un texte moderne,<br />
des dessins ravissants, un<br />
conte parfois cruel, mais<br />
avec une belle morale à<br />
la fin. En 2017, les deux<br />
jeunes femmes avaient sorti<br />
ensemble La Princesse de<br />
l’Aube, chez La Martinière<br />
Jeunesse, une référence.<br />
H.L.<br />
26 27
Agenda<br />
À noter sur vos tablettes<br />
Le Canard Gascon a sélectionné, pour cet automne,<br />
quelques rendez-vous festifs et autres manifestations culturelles.<br />
Auch<br />
1 er octobre, 21h<br />
Lofofora<br />
Pionnier du métal français<br />
depuis 1989, Lofofora est<br />
devenu grâce à ses textes<br />
engagés et un son incisif,<br />
le mentor de beaucoup de<br />
groupes de rock français.<br />
Au Cri’Art.<br />
Eauze<br />
Mi-octobre<br />
La flamme de l’Armagnac<br />
Chaque année, les<br />
vendanges terminées,<br />
voici revenue la période de<br />
distillation. Dès fin octobre,<br />
et jusqu'en janvier environ,<br />
toute la Gascogne vit au<br />
rythme de la distillation de<br />
l'Armagnac. Les festivités<br />
qui l'accompagnent sont<br />
autant d’occasions de<br />
rencontres, de découvertes<br />
et de dégustation. Après la<br />
frustration de l’an passé,<br />
crise sanitaire oblige,<br />
espérons retrouver la<br />
flamme et son esprit !<br />
Fleurance et<br />
L’Isle-Jourdain<br />
Jusqu’au 26 septembre<br />
Du 2 au 10 octobre<br />
Le Village Italien<br />
Le Village italien s’est<br />
posé le 18 septembre<br />
à Fleurance, place du<br />
Marcadet. Restauration,<br />
expositions, défilés,<br />
l’occasion de vivre la<br />
dolce vita et de goûter<br />
les produits du savoureux<br />
marché gourmand (vins,<br />
fromages, charcuterie,<br />
huile d’olive, glaces<br />
artisanales). L’artiste<br />
Domenico, inspiré par<br />
la voûte de la Chapelle<br />
Sixtine (voir Canard<br />
Gascon numéro 88),<br />
présentera ses fresques<br />
et dessins. Le Village<br />
italien est aussi attendu du<br />
2 au 10 octobre à L’Isle-<br />
Jourdain.<br />
Fleurance<br />
25 septembre<br />
Insane<br />
La dernière création du<br />
collectif Random, sous<br />
la direction de Zineb<br />
Benzekri, se nomme<br />
Insane. Il entend proposer<br />
aux spectateurs un<br />
parcours initiatique<br />
dans la ville au travers<br />
d’installations plastiques,<br />
sonores et vidéos.<br />
L’histoire se déploie à la<br />
recherche d’un enfant<br />
disparu, ou plutôt qui a<br />
choisi de disparaître. Une<br />
expérience à partager.<br />
25-26 septembre<br />
Salon du polar<br />
En coopération avec la<br />
mairie et la maison de<br />
la presse, sous l’égide<br />
de l’association Le 122.<br />
Sont déjà annoncés les<br />
auteurs Diego Arrabal,<br />
Barras, Gilles-Marie Baur,<br />
Jean-Pierre Bocquet,<br />
Cécile Calland, Claude<br />
Cancès, Yves Carchon,<br />
Louis Chavant, Patrick<br />
Chereau, Guillaume<br />
Coquery, Claudine Deloget,<br />
Brigitte Girault-Daux,<br />
Georges-Patrick Gleize,<br />
Gisèle Gonneau, Loïc Jan,<br />
Pierre Léoutre, Pascal de<br />
Pablo, Philippe Pourxet,<br />
Josiane Saint-Laurent,<br />
Antoine Léger, Delphine<br />
Montariol, Pierre Ranchou,<br />
Mark Rosaleny, Carole<br />
Séguier, Serge Tachon,<br />
Jean-Yves Tournié, Jean<br />
Tuan, Christophe Vasse,<br />
Anne Waddington. Et les<br />
éditeurs complices éditions<br />
Plein Soleil.<br />
9-10 octobre<br />
Forum de l’habitat<br />
Après une dernière édition<br />
en 2019 à Lectoure, le<br />
Forum de l’Habitat et<br />
de la Déco de Lomagne<br />
revient et se tiendra à<br />
Fleurance les 9 et 10<br />
octobre prochains. Cette<br />
année, le forum a pour<br />
objectif de mettre en avant<br />
le savoir-faire local des<br />
entreprises, des artisans<br />
et des commerçants des<br />
secteurs du bâtiment et<br />
de la décoration. Pour<br />
cette édition encore une<br />
fois, le forum est organisé<br />
en collaboration avec<br />
les associations de CAP<br />
Fleurance et de l’ACAL,<br />
toutes deux associations<br />
des commerçants,<br />
artisans, entrepreneurs et<br />
professions libérales de<br />
Fleurance et Lectoure.<br />
Lectoure<br />
23 octobre 21h<br />
Concert à la cathédrale<br />
Depuis bientôt 50 ans,<br />
le chœur du lycée Saint-<br />
Jean, fondé par Pierre<br />
Gardeil, vit une aventure<br />
de grande ampleur. Cette<br />
année le Chef gersois<br />
Jérôme Gose dirigera<br />
le grand "Stabat Mater"<br />
(2008) de Karl Jenkins, un<br />
orchestre symphonique,<br />
une centaine de choristes<br />
et une soliste : Nadine<br />
Gabard. Le concert,<br />
à la cathédrale, sera<br />
exceptionnel. Cette œuvre<br />
épique et intimiste marie<br />
harmonieusement couleurs<br />
orientales et occidentales.<br />
Karl Jenkins, compositeur<br />
vivant le plus joué au<br />
monde, mais rarement en<br />
France, offre l'expérience<br />
de sensations tour à tour<br />
délicates et intenses.<br />
Geneviève Cockenpot,<br />
Caroline Charnassé et<br />
Fabien Prou préparent<br />
une centaine de choristes<br />
élèves et adultes à ce<br />
grand concert depuis la<br />
rentrée 2019. Il est prudent<br />
de réserver.<br />
05 62 68 81 08<br />
www.saintjosephlectoure.com<br />
Marciac<br />
Ayo<br />
16 octobre, 20h30<br />
Joy Olasunmibo<br />
Ogunmakin, plus connue<br />
sous le pseudonyme d'Ayo,<br />
est l'incarnation vivante du<br />
terme melting-pot. Née à<br />
Cologne, cette chanteuse<br />
allemande, qui a choisi<br />
l'anglais pour s'exprimer,<br />
est en effet fille d'un père<br />
nigérian et d'une mère<br />
gitane. Elle profite de<br />
multiples inspirations, pour<br />
créer son propre univers<br />
musical, mélange de soul,<br />
de folk et de blues.<br />
À l’Astrada.<br />
Nogaro<br />
9-10 octobre<br />
Véhicules anciens<br />
Organisé par M3, le<br />
Classic Festival est<br />
le rendez-vous des<br />
amoureux des véhicules<br />
anciens dans le Sud-<br />
Ouest. Une manifestation<br />
incontournable du circuit<br />
de Nogaro et un invité<br />
prestigieux… Jacky Ickx !<br />
Les mots croisés de François Sumien<br />
(Solution page 30)<br />
Horizontalement :1 – Elles permettent des rapprochements.<br />
2 – Faire sortir – Un des signes de la COVID 19. 3 - Remise à<br />
flot d'un navire coulé – Est anglais. 4 – Son dormeur est connu –<br />
Renard polaire. 5 – Noire si elle est mûre – Localité de Mayenne.<br />
6 – Artères. 7 – Début d’espoir – Le grand n’avait pas de chaîne<br />
– Compagnie aérienne portugaise. 8 – C’est du sport – Agace…<br />
sans méchanceté. 9 – Ni moi, ni toi – Demandes écrites présentées<br />
devant une juridiction. 10 – Qui peut arriver ou non – Toujours<br />
suivi. 11 – Examine attentivement – Tient la culotte.<br />
Verticalement :A – Utiles pour s’arrêter. B – Rêvée – Pèse<br />
donc plus de 3,5 tonnes. C – On les trouve en Tunisie – Chrome<br />
symbolique. D – Libère les agneaux – Adjectif possessif – Egypte<br />
jusqu’en 1971. E – Peut être de vitesse – Très utilisé pendant la<br />
COVID 19. F – Te rendras – Utile pour les calculs. G – Celtique.<br />
H – Canal d’évacuation – Affluent de l’Oubangui. I – Finit fada<br />
– C’est un enseignant. J – Femme de lettre – Charges de mules.<br />
K – Possessif – Pue.<br />
28 29
Avant de se quitter<br />
Sudoku<br />
Sudoku - Solution du numéro précédent<br />
Boostez votre com’<br />
avec le Canard Gascon<br />
Avec ses 15 000 exemplaires tous les deux mois, le Canard Gascon est un média<br />
local qui a de l’impact. Il est distribué gratuitement dans plus de 600 endroits,<br />
commerces, supérettes, grandes surfaces, lieux publics, essentiellement dans le Gers,<br />
une petite partie des Landes et le sud du Lot-et-Garonne (liste de tous les dépôts sur<br />
www.lecanardgascon.com). Chaque numéro est lu par quelque 50 000 personnes.<br />
Y faire sa publicité, c’est s’offrir une belle exposition<br />
et l’assurance d’avoir du retour !<br />
Renseignements et tarifs (dès 138 € HT l’insertion) au 06 61 34 29 32<br />
ou lecanardgascon32@gmail.com<br />
30<br />
Solution des mots croisés<br />
Prochainement : l'immigration italienne<br />
’un des événements les plus<br />
L touchants de l’été gersois aura été<br />
la commémoration du centenaire<br />
de l’immigration italienne, le 17<br />
juillet à Duran, assortie d’une<br />
passionnante conférence de<br />
l’historienne Carmela Maltone,<br />
et de l’inauguration d’une statue<br />
rappelant cet épisode. Citons les<br />
promoteurs de ce monument :<br />
les amis Italos-Gascons, le Foyer<br />
Frioulan de la Gascogne et le<br />
comité de jumelage Castin-Duran avec Ruda. Dans son<br />
prochain numéro, à paraître fin novembre 2021, Le Canard<br />
Gascon reviendra sur les tenants et aboutissants de cette<br />
vague migratoire, sous<br />
la plume de Jean-Claude<br />
Ulian. On estime entre 4<br />
et 5 millions le nombre<br />
de descendants de cette<br />
immigration aujourd’hui<br />
en France, originaire du<br />
Frioul et de la Vénétie,<br />
entre autres.<br />
Le Canard Gascon vit de ses ressources publicitaires. Ses annonceurs sont nombreux et fidèles<br />
et parmi eux : Plaimont Producteurs, Carrefour Market, cave de Nogaro HDM, Gascogne Optique, le<br />
syndicat Vins Côtes de Gascogne, Les Fleurons de Lomagne, Abbaye de Flaran, Ets Dauga, le Floc de<br />
Gascogne, imprimerie BCR, La Ferme de Flaran, Domaine de Joÿ, Valvital Lectoure, Auberge du Lac à<br />
Gondrin, Panaulle Froid, Etanch’land, Maison de Save, Safti, l’ACAL, MGH-Lip, Piscines Béoustès, etc.
ARMAGNAC - VIN - FLOC<br />
DÉGUSTATION - VENTE<br />
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