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www.initiative-des-alpes.ch

www.facebook.com/initiativedesalpes

échos

Numéro

167 / septembre 2021 paraît cinq fois par année

Magazine de l'association

« Pour la protection des régions alpines »

Photo: Christof Hirtler

Nouveau Feu pour la protection des Alpes

Avec notre Feu dans les Alpes qui

dénonce la réduction massive de

mif. En supprimant délibérément les subventions

accordées aux prestataires de

vironnement en allumant son Feu dans les

Alpes sur le Niederbauen (NW). A l'avenir,

l'offre ferroviaire dans le trafic intérieur

de marchandises, Django

transport ferroviaire, la politique les met Lucia Lauener-Zwyer se chargera du secteur

finances et organisation et Django

en concurrence avec les entreprises de

transport routier. Les conséquences pour Betschart est élu au poste de directeur.

Betschart, élu directeur, mettra en

l'infrastructure ferroviaire sont catastrophiques

et un re-transfert vers la route est quent ce que cela signifie pour l'Initiative

Dans l'entretien suivant, ils nous expli­

œuvre le nouvel objectif, à savoir la

protection du climat dans les Alpes, en cours. L'Initiative des Alpes a protesté des Alpes.

pour les années à venir. contre cette politique qui est néfaste à l'en­

Suite à la page 2

L'avenir de l'Initiative des Alpes 2/3 Des camions trop rapides 4 / 5 Fret ferroviaire en déclin 5

1


Nouvelle direction

« La région des Alpes est

notre passion »

Transmission du flambeau sur le Niederbauen : Django Betschart, Lucia Lauener et Jon Pult, président (au milieu).

Photo : Christof Hirtler

Remise du flambeau à l'Initiative

des Alpes. Django Betschart a été

nommé directeur, Lucia Lauener-

Zwyer continuera de se charger du

secteur finances et organisation.

Qu'est-ce que cela signifie pour

l'avenir de l'association ?

Django, doit-on attendre de grands changements

sous ta direction ?

L'idée et l'attitude fondamentales de l'Initiative

des Alpes m'ont incité à postuler au

poste de responsable de la politique de protection

des Alpes il y a trois ans. Depuis,

c'est devenu une passion. J'aime bien rappeler

que ce sont des mulets tenaces et

endurants qui ont porté les signatures de

l'initiative des Alpes jusqu'au Palais fédéral

en 1989. Pour moi, cette image est porteuse

d'avenir car des actions créatives et

efficaces marquent notre activité. Et nous

avançons pas à pas avec détermination

2

pour atteindre nos objectifs. Mais la continuité,

c'est aussi évoluer avec son temps

et toujours se réajuster. C'est à cela que je

m'attaque avec le soutien des membres de

l'association, de son comité, de son Conseil

des Alpes et de mes collaborateur-trices.

Lucia, tu changes de rôle. Qu'est-ce qui

fait brûler le feu après 25 ans à l'Initiative

des Alpes ?

L'Initiative des Alpes me tient à cœur. J'ai

contribué à son élaboration, tant sur le

plan politique que sur le plan organisationnel.

Maintenant, je souhaite ralentir

mon rythme, c'est pourquoi je transmets la

responsabilité de la direction à Django.

Avec les membres, les donateur-trices et les

sympathisant-es de l'Initiative des Alpes,

j'ai toujours voulu obtenir le meilleur pour

l'espace alpin dans la politique et la société.

L'Initiative des Alpes est L'ORGANISA­

TION de protection des Alpes en Suisse et

il est essentiel qu'elle s'attaque aux problèmes

actuels. Les Alpes nécessitent plus

« La motivation est devenue une

véritable passion. » Django Betschart

que jamais une protection du climat et

Django peut à présent relever ce défi avec

la prochaine génération et développer des

solutions prometteuses.

Sa génération ne connaît pas le problème

essentiel des colonnes de camions

traversant les Alpes. N'est-ce pas là une

difficulté ?

Lucia : nous avons réussi à enrayer cette

avalanche de camions. Alors qu'1,4 mio de

camions traversaient les Alpes en l'an

2000, nous avons réussi à réduire ce nombre

à 863 000 actuellement. Bien que ce

chiffre soit encore trop élevé et illégal,

sans nous, il aurait fortement augmenté.

Souvenez-vous des 2,3 mio de camions

traversant le Brenner.

échos – No 167 / septembre 2021


Chez nous, les jeunes ont d'autres soucis.

Django : malheureusement, les camions

font partie de notre paysage routier. Nous

pouvons néanmoins familiariser la société

et la politique à notre thème central en

rendant visibles les dommages sur la

population et sur notre environnement. Si

avec l'aide des membres et des votant-es,

nous nous sommes battus pour obtenir

l'article sur la protection des Alpes et de

nombreuses autres lois complémentaires,

nous avons besoin à présent du soutien de

la nouvelle génération pour surmonter les

défis actuels.

Lucia : la grande force de l'Initiative des

Alpes, c'est de réussir à enthousiasmer les

gens pour ses objectifs. Aujourd'hui encore,

elle parvient à mobiliser les gens en

faveur de la protection des Alpes. Nous

continuons à investir dans des campagnes

et des actions, mais pour les mettre en

œuvre, nous devons réunir les fonds nécessaires

et ceci n'est possible qu'à force

d'arguments convaincants.

Django, où sont les prochaines priorités

de l'Initiative des Alpes ?

Django : nous nous engageons en faveur

des habitants des Alpes. Il y a dans cet

engagement une émotion et une vision qui

vont au-delà de la mise en œuvre de l'article

sur la protection des Alpes. Eviter les

transports inutiles, les transférer et les

rendre plus écologiques. Avec ce programme,

nous voulons contribuer à rendre les

transports encore plus écologiques et promouvoir

le rail. Transférer un maximum

de marchandises sur le rail pour que

650 000 camions au maximum traversent

les Alpes chaque année n'est que notre objectif

minimal. La nécessité de protéger

les Alpes va bien au-delà.

Peux-tu expliquer cela plus en détail ?

Django : notre nouvel objectif concerne le

changement climatique dans les Alpes et

ses conséquences désastreuses pour les

habitant-es. Par des mesures per tinentes,

nous voulons promouvoir la neutralité climatique

dans l'espace alpin. L'aménagement

et le développement du territoire

alpin doit se faire sans augmentation

d'émissions susceptibles de modifier le

climat. Il faut aussi soutenir la résilience

des Alpes face aux impacts environnementaux

dommageables.

Comment seront mis en œuvre ces

nouveaux objectifs ?

« L'Initiative des Alpes peut

enthousiasmer les gens. C'est sa

grande force. »

Lucia Lauener

Django : la population des Alpes a ses

propres initiatives que nous soutenons.

Nous sommes persuadés qu'il est possible

de mette en œuvre de nombreux projets

locaux encourageant la neutralité climatique

et renforçant la résilience climatique

alpine. Nous mettrons en réseau les

pionnier-ères climatiques et leur donnerons

une large résonnance dans la politique,

l'économie et la société. Plus tard viendront

d'autres idées et projets liés à la protection

climatique. Ainsi, la région alpine

apporte sa contribution à la lutte mondiale

contre le réchauffement planétaire.

Les fidèles membres de l'Initiative des

Alpes soutiennent-ils une protection

environnementale plus vaste pour la

région alpine ?

Lucia : tous nos sympathisant-es aiment

les Alpes et comprennent la problématique

climatique de cette région. Je suis sûre que

tant que nous démontrerons de manière

crédible que nous pouvons contribuer à

des améliorations tangibles, ils continueront

à nous soutenir. Mais, pour un avenir

durable, nous devons aussi gagner l'intérêt

des jeunes pour la protection alpine.

Django : il est important de mener le dialogue

avec nos membres sur un pied d'égalité.

Cela vaut également pour les discussions

avec les politiques, les autorités,

les partenaires et les forces adverses. Tout

en restant corrects avec nos interlocuteurs

et interlocutrices, nous poursuivons notre

cause avec détermination. Nous devons

maintenir la pression pour le bien des Alpes

car préserver cet habitat si précieux est

notre but ultime.

Un grand merci, Lucia, pour ces 25 ans d'engagement !

Lucia Lauener n'a pas seulement travaillé pendant 25 ans

pour l'Initiative des Alpes, elle a vécu pour elle. Grâce à elle,

l'Initiative des Alpes est ce qu'elle est aujourd'hui et pourra

encore longtemps bénéficier de son travail. Lucia a toujours

été d'un solide soutien, que ce soit pour moi quand j'ai repris

la présidence à la retraite d'Alf Arnold, ou pour nous toutes et

tous qui l'avons côtoyée. Elle a l'Initiative des Alpes en elle et

ça été une chance pour moi de collaborer avec elle.

Lucia a marqué l'Initiative des Alpes. Composée initialement

d'un petit groupe de trois personnes, l'Initiative des Alpes a

grandi en même temps que le noyau de résistance au trafic

de transit prenait de l'ampleur. Tout en entretenant le dialogue

tant avec les membres qu'avec l'association, Lucia était au

premier plan en tant qu'activiste et responsable de campagne.

Elle a su faire de chaque défi une opportunité, diriger et

professionnaliser le secrétariat pour qu'il soit en mesure de

répondre aux demandes croissantes. En tant qu'âme de

l'association, elle a tenu toutes les ficelles entre ses mains

dans sa fonction de directrice. Elle s'est engagée à fond dès

qu'elle voyait l'occasion de tirer profit en faveur de la protection

des Alpes ou de l'Initiative des Alpes. Elle a marqué

profondément chaque action : on se souvient bien sûr de la

campagne pour l'introduction de la RPLP en 1998, celle contre

le projet Avanti en 2004/05 et la lutte contre le 2 e tunnel

au Gothard entre 2014 et 2016. S'ajoute à cela d'autres

actions originales et marquantes.

Lucia, tu as veillé à ce que l'Initiative des Alpes ne manque

pas d'idées ni de soutien. Tu as formé ton successeur et tu

restes responsable du secteur finances et organisation. Ainsi,

tu continues de t'engager avec force et âme pour le bien

de la protection des Alpes. Les remerciements de chacun et

chacune d'entre nous ne sauraient être suffisants.

Jon Pult, président de l'Initiative des Alpes

échos – No 167 / septembre 2021

3


Des camions bien trop rapides

Les camions abusent des marges

de tolérance

Dessin : Diego Balli

Légalement, les camions ne sont pas autorisés à dépasser les 80 km/h.

Cependant, ils sont nombreux à rouler sur nos autoroutes jusqu'à 90 km/h

sans jamais vraiment risquer d'être pénalisés.

mif. Les camions sont autorisés à rouler

jusqu'à 80 km/h sur les autoroutes suisses,

100 km/h pour les autocars. En réalité, les

camions ne respectent pas les 80 km/h

et roulent à une vitesse juste inférieure à

90 km/h. Le Conseil fédéral confirme

cet abus qui nuit à l'environnement et à la

concurrence.

Un 80 km/h apporterait

n Une réduction des émissions de CO 2

de 6 à 8 % : selon une étude réalisée pour

l'Autriche, cela permettrait d'économiser

là-bas 100 000 tonnes de CO 2 par an.

n Plus de sécurité dans le trafic : en roulant

plus vite, les camions provoquent des

4

accidents bien plus graves en raison de

leur poids et de la distance de freinage.

n Une diminution du bruit qui équivaudrait

à une réduction de 20 % du

trafic : des mesures de protection contre

le bruit qui sont coûteuses pourraient être

en partie économisées.

n Un renforcement du transport ferroviaire

: le temps de trajet gagné entre Bâle

et Chiasso (env. 15 – 20 min.) à cause du nonrespect

de la loi pourrait être utilisé pour le

chargement du poids lourds sur le train.

Un maximum annuel de 650 000 camions

transalpins sont censés traverser les Alpes,

mais en 2020, ils étaient encore 863 000 à

traverser notre pays. Les vitesses excessives

et dépassées freinent l'objectif de transfert

légal, car elles favorisent le transport

routier au profit du transport ferroviaire.

Le Conseil fédéral a même confirmé cet

abus en 2019, en répondant à une interpellation

de Michael Töngi, membre du

Conseil des Alpes.

Malheureusement, rien n'a changé depuis.

La vitesse étant limitée à 90 km/h en

France et en Espagne, une limitation à

80 km/h sur notre territoire est difficilement

applicable aux camionneurs étrangers.

L'obligation d'un limiteur de vitesse

à 80 km/h aux camions suisses signifierait

qu'ils ne pourraient plus rouler à la vitesse

autorisée à l'étranger. De plus, le contrôle

de la vitesse est de la responsabilité des

cantons. L'Initiative des Alpes s'est alors

informée auprès d'eux et a constaté les

points de divergence suivants.

échos – No 167 / septembre 2021


EN BREF

Difficultés de mise en applica tion

du respect de vitesse à 80km/h

n Détermination difficile : la plupart des

appareils de mesure stationnaires (radars)

ne parviennent pas à discerner les autocars

(100 km/h) des camions (80 km/h).

Il est dès lors difficile de trouver le juste

milieu : actuellement réglés sur 100 km/h,

les camions passent entre les gouttes ; réglés

à 80 km/h, les autocars seraient faussement

pénalisés en roulant à 100 km/h.

n Limites des contrôles mobiles : les

contrôles de vitesse mobiles doivent être

beaucoup plus restrictifs dans leurs mesures

de tolérance.

n Les centres de compétence trafic lourd

(CCTL) ne peuvent pas intervenir : ils

vérifient certes l'état des véhicules et le

respect des heures de repos et de travail,

mais la re-vérification des vitesses par tachygraphe

n'est autorisée qu'en cas de

soupçon fondé d'un excès de vitesse.

Conclusion: la majorité des camions circulent

à 85 ou 90 km/h sur l'axe nord-sud.

Même si les circonstances le permettent,

cela n'est pas conforme à la loi. L'Association

suisse des transports routiers ASTAG

recommande même officiellement de régler

le limiteur de vitesse des camions à

85 km/h et non à 80 km/h. Les requêtes

auprès de la police cantonale d'Uri n'ont

mené à rien, puisqu'aucune infraction

dites significative n'a pu être détectée.

Voilà une situation révoltante mais hélas

défendable.

Contre la réduction de l'offre ferroviaire

Avoir précipité CFF Cargo dans une

concurrence inégale en 2016 a été

un échec. Dans le trafic intérieur,

d'importation et d'exportation, les

camions évincent petit à petit le rail.

La part du fret ferroviaire n'augmente

que dans le trafic de transit. Jon Pult,

président de l'Initiative des Alpes,

insiste : « Le transport ferroviaire doit

bénéficier rapidement de conditions

concurrentielles équitables. »

Nous avons besoin...

n d'une part minimale définie du rail

dans le trafic intérieur, d'exportation

et d'importation de marchandises.

Le nouvel objectif de transfert au rail

doit être ambitieux surtout pour le trafic

d'importation et d'exportation. Pour

cela, il faut définir une part minimale du

rail dans le transport intérieur.

n d'un système de soutien financier

qui compense le désavantage concurrentiel

du transport ferroviaire

dans le pays. Il faut maintenir cette

compensation jusqu'à ce que le transport

routier couvre entièrement ses

coûts externes.

n d'une infrastructure ferroviaire

performante et concurrentielle pour

la distribution finale des marchandises,

tels que points de desserte et

voies d'accès en suffisance dans tout

le pays. La construction d'infrastructures

pour le trafic de marchandises

ferroviaire est à prioriser.

n de conditions strictes pour le transport

de marchandises se prêtant au

transport ferroviaire telles que gravier,

déchets et autres qui doivent prendre

le rail dès une certaine distance et une

certaine quantité.

n d'exigences en matière d'infrastructures

ferroviaires pour les nouveaux

centres logistiques et zones

commerciales. Selon leur taille et le

volume de trafic, ils devront offrir un

accès ferroviaire.

35 mio de francs en

plus par année

mif. La redevance poids lourds liée

aux prestations (RPLP) ne suffit pas

à couvrir les coûts externes occasionnés

par les camions. C'est ce

que montrent les chiffres de 2018

récemment évalués par l'Office fédéral

du développement territorial.

Malgré les recettes RPLP de 1,049

mia, divers coûts de 1,349 mia liés à

l'environnement, au bruit, à la santé

et autres ne sont pas couverts. Ce

sont 35 mio de plus qu'en 2017. Cette

différence est payée par la population

et les prochaines générations.

Voilà une raison de plus pour augmenter

la pression sur le processus

de révision d'une nouvelle RPLP

qui soit conforme au principe du

pollueur-payeur.

Pour la biodiversité

de l'espace alpin

mif. En Suisse, près de la moitié des

habitats naturels et plus d'un tiers

de toutes les espèces animales,

végétales et fongiques sont menacées

d'extinction. La faune et la flore

de l'espace alpin sont fortement

touchées elles aussi. Par conséquent,

l'Initiative des Alpes soutient

l'initiative biodiversité des associations

de protection de la nature et

du paysage. Elles critiquent entre

autres l'intensification de l'utilisation

des sols, la déforestation des

pâturages, l'appauvrissement des

espèces forestières ou la construction

dans le paysage naturel. Dans

sa réponse à la consultation, elles

rejettent le contre-projet indirect

du Conseil fédéral car il ne répond

que partiellement au mandat de

conservation de la biodiversité en

Suisse.

Le réchauffement climatique étant

deux fois plus important dans les

régions alpines, l'Initiative des Alpes

demande donc de leur accorder une

attention particulière lors de la mise

en application de la loi sur la protection

de la nature (LPN), de la loi sur

l'agriculture (LAgr) et de la loi sur les

forêts (LFo).

échos – No 167 / septembre 2021

5


CARTE BLANCHE

Forestiers volants

De Brigitte Wolf, biologiste,

membre du comité de l'Initiative des Alpes

Le calme s'installe en montagne. Les oiseaux ont cessé de

chanter, leurs petits se sont envolés. Le débit des torrents

diminue. Il reste peu d'insectes qui sillonnent les airs. Le soleil

est bas, les ombres s'allongent, les couleurs sont automnales.

Les feuilles des myrtilliers rougissent, les aiguilles des mélèzes

commencent à jaunir, les herbes sèches ondoient doucement

dans le vent.

Soudain, un puissant « crèèèhh, crèèèhh, crèèèhh » transperce

le silence. Un corvidé brun au plumage pointillé de blanc se fait

remarquer au sommet d'une arolle. Comme s'il voulait nous

rappeler : « C'est ma forêt : regardez comme les arbres sont

beaux ! ». Et c'est vrai ! Tous les arbres séculaires aux formes

bizarres, mais aussi les arbrisseaux buissonnants qui luttent

pour survivre au-dessus de la limite de la forêt, ont été semés

par ses ancêtres. C'est l'une des belles et incroyables histoires

que la nature écrit et qui lui vaut le mérite d'être protégée.

Contrairement aux pins sylvestres et aux épicéas, dont les

graines sont éparpillées par le vent, les lourds pignons d'arolle

se cachent dans des cônes résineux. Le casse-noix moucheté

6

les ouvre avec son bec robuste, accumule les pignons dans

son gosier et s'envole au-dessus de la limite des forêts. Là, en

automne, il enterre des dizaines de milliers de ces graines énergétiques

et savoureuses. En hiver et au printemps suivant, il

retrouve ses réserves dans des centaines de cachettes, même

sous un mètre de neige. Comment il fait ça, cet oiseau rusé,

dans ce paysage transformé par la neige, c'est encore un

mystère pour les biologistes.

Heureusement, il oublie quelques pignons. L'été suivant, de

jeunes arolles vont germer. Des arolles qui donneront de nouvelles

pives avec des pignons, que les descendants du cassenoix

moucheté collecteront et répandront. C'est ainsi que nos

grandes forêts d'arolle sont nées en Engadine et en Valais,

après le dernier âge glaciaire. Avec les forêts de mélèzes, elles

comptent parmi les forêts les plus hautes d'Europe centrale.

Leurs formes bizarres se trouvent souvent sur des cartes postales

ou dans des brochures publicitaires. Par ailleurs, les

savoureux pignons d'arolle sont comestibles. Cependant, c'est

difficile de trouver une pomme d'arolle entière, car souvent

quelqu'un est déjà passé par là…

échos – No 167 / septembre 2021


Transports absurdes

Le diable se cache dans le

Chardonnay australien

Un trajet de 20 860 kilomètres n'améliore pas le Chardonnay. Le Koonunga

Hill de Penfolds vendu chez Coop reçoit la « Pierre du diable » 2021 pour

le transport le plus absurde. Revendo de son côté obtient le « Cristal de

roche ». L'entreprise de surcyclage d'appareils électroniques économise

des transports en réparant les téléphones et ordinateurs portables.

Plus de 6000 personnes ont participé au

vote qui a eu lieu entre mi-juillet et miaoût

et ont ainsi lancé un signal contre

l'absurdité des transports.

Photos : Brigitte Wolf

Fotos: Matthias Nutt

Cristal de roche pour le

surcycleur Revendo

Jon Pult a remis le Cristal de roche 2021

à l'entreprise de surcyclage Revendo fondée

en 2013. Au siège principal à Bâle, il

a affirmé : « Revendo a plus que mérité ce

Cristal de roche. Le surcycleur, aujourd'hui

présent dans plusieurs villes de Suisse

allemande, calme la fièvre des transports

sur le marché mondial de l'électronique de

communication et de divertissement. En

récupérant par exemple des téléphones ou

ordinateurs portables usagés, en les examinant,

en les réparant et en les améliorant

techniquement si nécessaire, il maintient

plus longtemps leur durée de vie.

Bonne gagnante : Sylvia Berger, responsable des vins chez Coop, accepte la Pierre du Diable des

mains de Jon Pult mais souligne que Coop fait aussi beaucoup pour la durabilité.

Rupture d'un tabou dans la remise de la

Pierre du diable 2021. Le Chardonnay Koonunga

Hill de Penfolds vendu chez Coop

se place loin devant le sel de l'Himalaya du

Pendjab (Globus) et le bois de Slovénie

(Jumbo).

303 grammes de CO 2

par bouteille

« Peu importe la qualité de la vinification

du Chardonnay Penfolds Koonunga Hill :

je ne veux pas trinquer avec un vin qui

pollue tant l'atmosphère par son transport »,

s'insurge Jon Pult, président de l'Initiative

des Alpes, lors de la remise du prix au

siège principal de Coop à Bâle. Le transport

émet par bouteille 303 grammes ou

près de 150 litres de CO 2 à l'état gazeux,

ce qui suffiraient à gonfler 60 ballons. « Ça

me rend malade. » Le cépage est originaire

de la Bourgogne, pas loin de chez nous. La

palette de vins suisses, français ou italiens

ne peut quand même pas ennuyer un amateur

de Chardonnay au point qu'il doive se

rabattre sur du vin australien. Le vin est

mis en bouteille en Australie et ne voyage

pas dans des citernes en acier.

Pléthore en Suisse

Etant le plus grand importateur suisse de

vin, Coop aurait la possibilité de corriger

cette situation. Jon Pult souligne que

comme pour l'eau, il convient également

d'être attentif et attentive à l'origine des

vins. « Nous voulons sensibiliser la population

au fait qu'un transport absurde reste

un transport absurde, quelles que soient

les denrées alimentaires, de luxe ou pas. »

Toutefois, il admet que Coop n'est pas une

exception. « Le commerce Suisse du vin

est « pourri » par une pléthore de vins

d'Australie, d'Amérique du Sud, de Californie

et d'Afrique du Sud. »

Jon Pult remet le Cristal de roche à Laurenz

Ginat (3 e depuis la gauche) avec Alessia

Trezzini, cheffe de projet et Michael Flückiger,

respon sable communication.

échos – No 167 / septembre 2021

7


8

AGENDA

Conférence sur le

climat

La randonnée « Traces du climat » à

travers la Suisse a attiré 600 participant-es.

Les résultats évalués de

Traces du climat ainsi qu'un film documentaire

seront le sujet principal

de la conférence sur le climat qui se

tiendra du 30 septembre au 3 octobre

à Salecina GR. .

Journée de la

montagne

Les Alpes ne sont pas uniquement

un lieu de nostalgie. L'expérience

d'un magnifique paysage et de sa

grande biodiversité peuvent prendre

des allures de cauchemar. Les huit

conférences de la journée de la montagne

mettront en lumière ces contrastes

le 11 décembre dès 17 heures

au Musée Alpin de Berne. De

plus amples détails suivront.

BergBuchBrig

Le festival multimédia sur la nature,

la culture, les loisirs et l'aventure en

montagne du 3 au 7 novembre a

également beaucoup à offrir cette

année. Membre du CO, du comité et

président honoraire de l'Initiative des

Alpes, Andreas Weissen sait comment

combiner culture et expériences

actives. www.bergbuchbrig.ch

IMPRESSUM

échos – Le journal

« pour la protection des régions alpines »

Politique, médias, secrétariat

Initiative des Alpes, Hellgasse 23, 6460 Altdorf,

tél. 041 870 97 81

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Rédaction : Michael Flückiger (mif) et Brigitte Wolf

(Carte Blanche)

Traduction : Véronique Petermann, Walter Rosselli (p. 6)

Photos : Christof Hirtler, Brigitte Wolf, Matthias Nutt,

Michael Flückiger

Photo bulletin de versement : Lucia Lauener

Dessin : Diego Balli, www.diegoballi.ch

Layout : Scriptum, www.scriptum.ch

Impression : Gisler 1843 AG, Altdorf,

sur papier 100 % recyclé

Assemblée des membres

Pour une protection des

Alpes qui a de l'avenir

Avec l'élection au comité de Chiara Gisler, jeune activiste environnementale

et conseillère cantonale d'Uri de 23 ans, l'assemblée générale

2021 lance un signal pour l'avenir. Et, bien que les circonstances aient

été difficiles, l'Initiative des Alpes se réjouit d'un résultat des comptes

positif.

Délicieusement épicés : les sbrinz des Alpes dans la cave du Culinarium Alpinum de Stans.

Au Culinarium Alpinum à Stans (NW) et

avec les Alpes en coulisses, les membres

ont élu Chiara Gisler comme nouvelle

membre du comité. Cette activiste environnementale

vient de terminer un stage

au sein de l'Initiative des Alpes et apportera

le point de vue de sa génération sur

la protection des Alpes. Nouvellement élu

au Conseil d'État valaisan, l'Initiative des

Alpes remercie Mathias Reynard qui a

siégé 9 ans au comité de l'association.

Active malgré des circonstances

difficiles

Le nouveau directeur, Django Betschart,

l'a dit clairement dans son bilan de l'année

2020 : en raison du coronavirus, l'Initiative

des Alpes a dû prendre des dispositions,

mais ne s'est pas laissée freiner pour autant.

Parmi les nombreux faits marquants,

il mentionne la campagne faite à l'occasion

de l'ouverture du tunnel de base du

Ceneri et l'achèvement de la NLFA qui

revendiquait « Transfer Now – les marchandises

sur le rail ». La situation pandémique

de 2020 a légèrement fait reculer

les recettes des dons de l'Initiative des

Alpes. En revanche, la Boutique des Alpes

a pu réaliser un très bon bénéfice. L'assemblée

générale a adopté le rapport annuel et

les comptes annuels à l'unanimité.

Nouveaux visages au Conseil

des Alpes

L'assemblée générale des membres a confirmé

Jon Pult en tant que président et

Marina Carrobio-Guscetti en tant que

vice-présidente au sein du comité. Des

nouveaux membres actifs et disposant

d'un très bon réseau se sont ralliés au

Conseil des Alpes. Il s'agit d'Emmanuel

Amoos (conseiller national VS), de

Christophe Clivaz (conseiller national

VS), de Silvan Gnos (activiste environnemental)

et de Kaspar Schuler (président

de la Commission internationale pour la

Protection des Alpes CIPRA). Le Conseil

des Alpes ne devrait donc pas manquer ni

de points de vue enrichissants ni de nouvelles

idées pour 2022.

www.alpeninitiative.ch/rapport-annuel

échos – No 167 / septembre 2021

Photo : Michael Flückiger

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