Focus I Yves Klein I OPERA Genève
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<strong>Focus</strong> | <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong>
<strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong>, Le Rêve du Feu, 1960<br />
© Photo : Harry Shunk and Janos Kender J.Paul Getty Trust. The Getty<br />
Research Institute, Los Angeles. (2014.R.20)<br />
© Œuvre : Succession <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> c/o ADAGP, Paris<br />
Né à Nice en 1928 de parents artistes, <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> côtoie dès l’enfance,<br />
d’importantes figures de la scène artistique, telles que Jean Arp,<br />
Nicolas de Staël ou encore Robert et Sonia Delaunay. Le jeune<br />
<strong>Klein</strong> se prédestine dans un premier temps pour le judo et s’inscrit<br />
dans un club près de chez lui ; là-bas, il partage cette passion avec<br />
Armand Fernandez, le futur Arman. Il déclarera plus tard, que le judo<br />
a constitué sa première expérience de l’espace spirituel.<br />
Également passionné de voyage, il parcourt les quatre coins du<br />
monde avant de s’envoler pour l’Angleterre, où l’encadreur Robert<br />
Savage, l’initie à la dorure à la feuille, technique qu’il exploitera à<br />
plusieurs reprises dans ses œuvres.<br />
<strong>Klein</strong> peint ses premiers tableaux monochromes à la fin des années<br />
1940, et c’est au club des Solitaires en 1955, qu’il les expose pour la<br />
première fois.<br />
Parmi d’autres couleurs, un bleu proche du lapis-lazuli, utilisé en<br />
Mésopotamie et du bleu céleste, populaire au Moyen Âge, se distingue<br />
rapidement comme sa couleur de prédilection.<br />
En 1957, il crée le bleu IKB, International <strong>Klein</strong> Blue, issu d’un bleu<br />
ultramarin. Grâce à l’aide du marchand de couleurs parisien Edouard<br />
Adam et d’un chimiste de Rhône-Poulenc, <strong>Klein</strong> utilise un médium<br />
fixatif à la résine synthétique nommée Rhodopas, qui se rétracte en<br />
séchant, permettant au pigment d’apparaître dans sa couleur la plus<br />
pure. Le bleu outremer utilisé par <strong>Klein</strong> peut ainsi être perçu dans sa<br />
totale identité originelle, sans aucune altération de son éclat.<br />
Le bleu n’a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que les autres<br />
couleurs elles en ont [...] Toutes les couleurs amènent des associations d’idées<br />
concrètes [...] tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y<br />
a de plus abstrait dans la nature tangible et visible.<br />
– <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong><br />
3
Parallèlement, les expositions dans diverses villes européennes<br />
auxquelles il participe lui offrent une stature internationale et lui<br />
confèrent le nom de « <strong>Yves</strong> le monochrome ».<br />
<strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> a nourri durant sa carrière, un intérêt pour le cosmos et<br />
plus particulièrement, pour la terre. En 1957, il déclare que la terre<br />
est entièrement bleue et crée un globe intégralement peint en IKB,<br />
qu’il fait léviter hors de son socle. Quatre ans plus tard, l’astronaute<br />
Gagarine déclare « Le globe terrestre est d’un Bleu intense et<br />
profond ». Il y a ici, une rencontre entre la logique d’une démarche<br />
artistique et l’époque dans laquelle elle s’inscrit ; la conquête de<br />
l’espace étant en cours.<br />
Au printemps 1958, a lieu l’exposition « La Spécialisation de<br />
la sensibilité à l’état matière première en sensibilité picturale<br />
stabilisée », à la galerie Iris Clert ; connue comme l’exposition du<br />
« Vide ». Vitres extérieures peintes en bleu outremer et murs internes<br />
d’un blanc immaculé, purifiant les lieux et offrant au bleu toute sa<br />
profondeur, créent dans ce lieu, un climat pictural d’une sensibilité<br />
inédite. À travers cette démarche, <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> ouvre la voie à un art<br />
immatérialisé.<br />
Pour atteindre cet « indéfinissable » de Delacroix qui est l’essence même<br />
de la peinture, je me suis mis à la « spécialisation » de l’espace, qui est mon<br />
ultime façon de traiter la couleur. Il ne s’agit plus de voir la couleur, mais de<br />
la percevoir. (…) à présent mes tableaux sont invisibles et ce sont eux que je<br />
voudrais montrer dans ma prochaine exposition parisienne chez Iris Clert,<br />
d’une façon claire et positive.<br />
– <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong><br />
<strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> et le Globe terrestre bleu en 1962<br />
14, rue Campagne-Première, Paris, France<br />
© Photo : Harry Shunk and Janos Kender J.Paul Getty Trust. The Getty Research Institute,<br />
Los Angeles. (2014.R.20)<br />
© Œuvre : Succession <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> c/o ADAGP, Paris<br />
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Première expérience des « Pinceaux Vivants » en 1958 dans l’appartement de Robert<br />
Godet, 9 rue Le Regrattier, Île Saint-Louis, Paris<br />
© Photo : Tous droits réservés<br />
© Œuvre : Succession <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> c/o ADAGP, Paris<br />
Il invente peu après, un nouveau concept en réalisant une peinture à<br />
l’aide d’un « pinceau vivant ». Le terme Anthropométrie pour définir<br />
ces œuvres, ne sera déterminé par le critique d’art Pierre Restany,<br />
que deux ans plus tard.<br />
Au tournant des années 1960, Pierre Restany publie un texte qu’il<br />
intitule « Les nouveaux réalistes » et qui sera désigné comme étant le<br />
premier manifeste du mouvement ; officiellement fondé le 27 octobre<br />
1960 dans l’appartement de <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong>.<br />
Contemporain du Pop art américain, le Nouveau Réalisme s’inscrit<br />
comme l’un des principaux mouvements artistiques de l’avant-garde.<br />
Ses membres, parmi lesquels, Arman, Martial Raysse, Daniel Spoerri,<br />
Jean Tinguely… prônent un retour au réel, en opposition à l’abstraction<br />
lyrique. Ils intègrent des objets du quotidien à leurs œuvres, conciliant<br />
art et vie, dans une logique d’appropriation de la réalité. Pierre Restany,<br />
définit le mouvement comme un « recyclage poétique de la réalité<br />
urbaine, industrielle et publicitaire »<br />
La première présentation de la triade de couleurs : bleu, or, rose, à l’effigie<br />
des couleurs primaires du feu, se tient en automne de la même année, à<br />
la galerie Rive Droite lors de l’exposition « <strong>Yves</strong> le Monochrome ».<br />
L’espace, qui occupait déjà une place majeure dans l’œuvre de<br />
l’artiste, devient une préoccupation capitale. Il développe une utopie :<br />
l’architecture de l’air. Il s’agit, d’investir l’espace et de le réaménager en<br />
vue de la libération totale de l’être humain. Cet accomplissement, aboutit<br />
notamment à la libération de la pesanteur, à la manière de certains<br />
mythes et traditions spirituelles. En effet, <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> réfute la séparation<br />
classique entre l’espace suggéré du tableau et l’espace réel.<br />
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Toujours en 1960, <strong>Klein</strong> s’entraîne pour Le Saut dans le vide, depuis une<br />
fenêtre de la maison de Colette Allendy, et quelques mois plus tard, il se<br />
lance officiellement dans le vide. Les photographes Harry Shunk et John<br />
Kender effectuent les prises de vue et le montage de la scène, qui est<br />
ensuite publiée dans le journal « Dimanche » sous le titre « Un homme<br />
dans l’espace! ». Ici, <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> réalise une performance afin d’en faire<br />
une image. Il réalise lui-même cette libération de la pesanteur, rêvée<br />
avec l’architecture de l’air.<br />
Bien qu’il soit principalement reconnu pour ses peintures, <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> est<br />
également un adroit sculpteur. En effet, l’artiste démontre un intérêt pour<br />
certaines sculptures classiques, dont il se réapproprie les formes afin de<br />
créer un champ tridimensionnel, auquel il ajoute son bleu IKB, permettant<br />
de révéler la profondeur et la sensibilité effervescente de l’œuvre. Parmi<br />
ces sculptures, peuvent être citées, la statue hellénistique représentant la<br />
Déesse de la Victoire retrouvée en 1863 sur l’île de Samothrace, L’esclave<br />
mourant de Michel-Ange, ou encore, La Vénus de Milo.<br />
… Le bleu, couleur de l’air, de l’eau et de l’horizon, sur laquelle reposent les<br />
perspectives. Ce bleu est calme, froid et trouble…<br />
– <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong><br />
Alors qu’il entreprend des « portraits reliefs » de ses amis Arman,<br />
Claude Pascal et Martial Raysse, <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> décède d’une crise<br />
cardiaque le 6 juin 1962, à l’âge de 34 ans, laissant derrière lui, une<br />
œuvre singulière et fascinante.<br />
<strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong>, Le Saut dans le vide, Octobre 1960<br />
Action artistique d’<strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong><br />
5, rue Gentil-Bernard, Fontenay-aux-Roses, France<br />
© <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> – Collaboration Harry Shunk, 1924–2006 et János Kender, 1938–2009.<br />
Le Saut dans le Vide, Fontenay-aux Roses, France, Octobre 23 1960.<br />
Action artistique d’<strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> © <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong>/2021, ProLitteris, Zurich<br />
Collaboration Harry Shunk and János Kender © J. Paul Getty Trust.<br />
Getty Research Institute, Los Angeles (2014.R.20)<br />
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Vue de la salle <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong>, MAMAC - Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice.<br />
© Photo : David Bordes<br />
© Œuvre : Succession <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> c/o ADAGP, Paris
La Terre bleue, 1957<br />
pigment pur et résine synthétique sur plâtre<br />
41.3 x 29.2 x 29.2 cm<br />
12
Victoire de Samothrace, 1962 / 1973<br />
pigment pur et résine synthétique sur plâtre et base en pierre<br />
51 x 25 x 31.5 cm<br />
14
Vénus bleue (La Vénus d’Alexandrie), 1962<br />
pigment pur et résine synthétique sur plâtre<br />
69.5 x 30 x 20 cm<br />
16
L’esclave de Michel Ange, 1962<br />
pigment pur et résine synthétique sur plâtre<br />
59 x 18 x 13 cm<br />
18
La Vague (maquette pour les murs<br />
de l’Opéra-théâtre de Gelsenkirchen), 1957<br />
pigment pur et résine synthétique sur bronze<br />
78 x 56 cm<br />
20
Table Monogold, 1961/1963<br />
feuilles d’or, verre, plexiglass et piètement en métal<br />
38 x 125 x 100 cm<br />
22
Table IKB®, 1961/1963<br />
pigment pur, verre, plexiglass et piètement en métal<br />
38 x 125 x 100 cm<br />
24
Table Monopink, 1961/1963<br />
pigment pur, verre, plexiglass et piètement en métal<br />
38 x 125 x 100 cm<br />
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Remerciement :<br />
Archives <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong><br />
Coordinateurs :<br />
Jordan Lahmi, Marielle Blanc & Sarah Hauariki<br />
Imprimeur :<br />
Atar Roto Presse SA, <strong>Genève</strong><br />
Graphisme :<br />
Esma Mobs<br />
Crédits :<br />
© Succession <strong>Yves</strong> <strong>Klein</strong> c/o ADAGP, Paris<br />
Place de Longemalle 19, 1204 <strong>Genève</strong>, Suisse<br />
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