Spectrum_04_2021
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continent. Le Turkestan oriental fut ainsi
annexé par la Chine après l’arrivée au pouvoir
des communistes. Depuis, le peule revendique
son indépendance, et des dérives
terroristes ont pu être constatées, comme
le 28 octobre 2013, date à laquelle un attentat
est commis par des mouvements
terroristes Ouïghours sur la place Tian'anmen
à Pékin, qui fait cinq morts
et quarante blessés. L’existence de ces
groupes terroristes, très minoritaires
en nombre comparativement aux dix
millions d’Ouïghour∙e∙s présents et
présentes sur le territoire, est la justification
utilisée par la Chine pour
mettre en place des camps de rééducations
chinois, où l’idéologie communistes
serait inculquée de force
à l’aide de torture et d’humiliations,
selon un rapport de l’ONU parût en
août 2018. « La situation est très grave, nous
faisons face à une surveillance permanente
de la population Ouïghour, des disparitions
subites de membres de familles Ouïghours,
des cas de torture et des cas de violation
sexuelles », s’indigne Angela Mattli. Elle
ajoute : « Il est impensable de justifier l’internement
de millions de personnes dans des
camps, parmi lesquelles des intellectuel∙le∙s,
des personnes âgées ou encore des jeunes,
avec pour justification la sécurité ou le redressement
idéologique, rien que ces termes
sont inhumains. »
«La Chine tente de taire la réalité et
décrit ces camps comme des lieux
de formation professionnelle. En
réalité, il ne s’agit ni plus ni moins
que d’une version moderne des
camps de concentration.»
Dolkun Isa, président du Congrès mondial ouïghour.
Le rôle de la Suisse
La Suisse est l’un des premiers pays à avoir
signé un accord de libre-échange avec la
Chine, en 2013. « Les dispositions contenues
dans l’accord ne sont pas suffisamment contraignantes
pour empêcher que des produits
issus du travail forcé ou d’autres activités
portant gravement atteinte aux droits hu-
mains ne parviennent sur le marché suisse »,
explique Angela Mattli. C’est pourquoi la
SPM, en collaboration avec l’Association
Ouïghours Suisse et l’organisation Campax
ont mis en avant une pétition afin de renégocier
l’accord de libre-échange, exigeant
notamment que le respect des droits
humains, le droit du travail et les
droits des minorités soient expressément
confirmés dans une nouvelle
version de l’accord de libre-échange,
et que des clauses contraignantes
relatives au respect des droits
humains soient intégrées au texte
afin de garantir qu’aucun produit
issu du travail forcé ne parvienne sur
le marché suisse. « Nous avons récolté
23 000 signatures, que nous avons
déposées le 7 septembre 2020 »,
annonce Angela Mattli.
Le 09 mars 2021, le Conseil national s’est
prononcé en faveur d’une évaluation du dialogue
entre la Suisse et la Chine sur les droits
humains. Toutefois le Conseil fédéral ne
s’est toujours pas prononcé sur son soutien
éventuel aux sanctions prévues par l’Union
européenne contre la République populaire
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