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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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pareilles, ïhisloire par une main lenant le symbole de

l'équité. Ces ingénieuses figures ne suffisant bientôt

plus, on les combina à l'infini, on les altéra en les

multipliant, et il faut toute la science d'un vieux leltré

pour reconnaître les dessins de l'écriture primitive dans

les caractères actuels qui sont au nombre de plus de

quarante mille. Ainsi s'est formée l'écriture moderne,

écriture figurée qui ne correspond pas à la langue

parlée, exception unique parmi les peuples civilisés.

On comprendra donc

facilement que savoir lire

et écrire la langue chinoise

soit une science qui

demande de longues études

aussi bien aux gens

du pays qu'aux étrangers

: d'ailleurs elle varie

jusque dans ses formes

grammaticales; on y distingue

trois sortes de

styles, le style antique ou

sublime employé dans

les anciens livres canoniques,

le style académique

qui est adopté

pour les documents officiels

et littéraires, et le

style vulgaire.

Les Chinois attachent

un grand prix à une belle

écriture ; un calligraphe

ou, selon leur expression,

un pinceau élégaut

est digne d'admiration.

Le capitaine Bouvier et

un des interprètes de la

légation de France rendaient

un jour visite à

Tchong - loucn ,

un des

hauts fonctionnaires de

Pékin : son fils, mandarin

à bouton bleu, jeuno

homme de vingt - deux

ans , déjà père d'un enfant

c'est-à-dire d'un

fils, car les filles ne

comptent pas, était présent

dans le salon de ré

ception;

Tchong -louen,

vouJant donner une idée de son précoce mérite à ses

visiteurs, envoya chercher une grande pancarte de carton

sur laquelle le jeune homme avait tracé en contours

superbes le mol longcvitc, et la leur fit voir avec la

même fierté que s'il se fût agi de l'attestation d'une ad ion

d'éclat ou d'un ouvrage littéraire. Il va des pancartes

semblables, des modèles d'écritures, pendus dans les

chambres des maisons, comme on le fait en Europe

pour les dessins d'Acadé'mie.

LK TOUR DU .M()\I>K 91

L'aspect de l'écriture chinoise est étrange : les caractères

sont placés les uns au-dessous des autres en lignes

verticales, et vont de droite à gauche ; en un mot, sur

ce point comme sur tant d'autres, les Chinois procèdent

d'une manière absolument inverse de la uôtre. La position

dans laquelle sont placés les caractères est d'ailleurs

fort imporlanle; par exemple le nom de l'Empereur

doit s'écrire avec deux lettres plus hautes que les

autres ; y manquer serait se rendre coupable de lèsemajesté.

Tout le monde

Hien-luung. — Dessin d'Emile Bayard d'aprè

une peinture chinoise (voy. p. 88).

connaît l'encre de Chine :

c'est avec cette substance

délayée dans l'eau et un

pinceau que les Chinois

tracent les caractères de

leur écriture, en tenant

leur main perpendiculaire

au lieu de la placer

horizontalement sur le

papier.

La langue parlée est

beaucoup moins difficile;

elle se compose de monosyllabes

dont

la réunion

variée à l'infini expi

ime toutes les idées. 11

faut y ajouter les accents

qui donnent une

tonalité et une expression

différente aux racines

monosyllabiques.

La langue du midi diffère

assez de celle du nord

pour que les indigents

ne puissent se comprendre

sans le secours du

pinceau. En outre chaque

province a son patois

particulier.

Malgré les difficultés

que présentent l'écriture

et la lecture des caractères

chinois, la Chine

est assurément le pays

du monde où l'instructiou

primaire est le plus

répandue. On trouve des

écoles jusque dans les

plus petits hameaux dont

les agriculteurs s'imposent volontairement pour entretenir

les maîtres. Il est très-rare de rencontrer un

Chinois complètement illettré. Les ouvriers, les paysans

sont capables de faire eux-mêmes leur correspondance ,

de déchiffrer les affiches et proclamations gouvernementales,

de tenir note de leurs affaires journalières. L'enseignement

des écoles primaires a pour base le San-tsc

Kinq, livre sacré attribué à un disciple de Confucius qui

résume en ccml soi\anlc-dix-liuil vei-s toutes les sciences

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