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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE TOUR DU MONDE. 79

Cependant, telle est la force de l'habitude, que les jeunes

filles jouent à cloche-pied des journées entières, exécutent

les postures de danse les plus difficiles et renvoient

avec une adresse merveilleuse le volant sur le revers de

leurs petits brodequins, qui leur servent de raquettes.

Avoir les ongles des mains très-longs est encore un

genre de beauté fort estimé. Les dames riches y attachent

une extrême importance, et, dans la crainte de les casser,

elles y adaptent des étuis en argent qu'elles emploient en

même temps comme cure-oreilles.

La coiffure des femmes varie dans chaque ville ;

voici

les plus usitées à Pékin : les jeunes filles laissent tomber

leurs cheveux en touffes sur leur front et de chaque côté

de la figure ;

par derrière ils sont divisés en une multitude

de tresses ornées de rubans et de fleurs artificielles

;

lorsqu'elles sont fiancées, elles relèvent leurs cheveux à

la chinoise, et les retiennent avec l'épingle d'argent en

signe de leur engagement; enfin, le jour de leur mariage,

on leur fait subir l'opération du kai-micn, qui consiste

à leur raser le front j usqu'à une certaine hauteur,

puis à enrouler leurs longues nattes sur un coussinet

en carton doublé en soie noire posé sur la nuque ; ce

coussinet, qui supporte les fleurs artificielles en pierres

précieuses non taillées, en plumes d'oiseaux, ou simplement

en papier et en verre coloré, suivant le rang

et la fortune, est attaché aux cheveux par la grande

épingle en argent d'un pied de long qui traverse tout

le chignon et qui a la même signification en Chine que la

bague d'alliance en Europe.

Outre le fard dont elles se peignent, le noir qui teint

leurs sourcils, leurs cils et le tour de leurs yeux, lesChi-*

noises mettent deux larges mouches de taffetas noir sur

chacune des tempes ; cette mode, qui est également sui-

\ie par quelques hommes, a une raison médicale, les

médecins indigènes considérant que ce taffetas entretient

sur la peau une irritation favorable à la santé.

Leur costume se compose d'une tunique ou robe de

dessous descendant jusqu'à mi-jambe, et d'un caleçon de

soie serré à la taille dont l'extrémité est plissée comme

des manchettes etnouéeavec un ruban. Elles portent des

Pieds mutilés et

brodequins de dames. — Dessin de St.ial.

bas fabriqués d'étoffes différentes cousues ensemble,

piquées et doublées en coton. Une robe longue, fendue

sur le côté, peu ample, formant une sorte de

fourreau qui s'adapte au corps, recouvre entièrement les

vêtements de dessous; les manches sont larges et pendantes,

le collet, qui monte très-haut, est très-étroit et

s'attache par des agrafes ainsi que les revers de la robe

qui se croisent sur la poitrine de manière à en dissimuler

les contours. Userait aussi indécent pour une dame

chinoise de laisser voir ses mains que de montrer ses

pieds ; aussi ses manches lui servent-elles à la fois de

gants et de manchon.

Quelque temps avant le départ de madame de Bourboulon

pour la Sibérie, les chrétiens de la province de

Pe-tclie-li lui firent hommage d'une robe de princesse

impériale : des broderies exquises, représentant le dragon

à cinq grifles, des animaux et des fleurs fabuleuses,

encadrées dans des passementeries en soie blanche sur

fond écarlale et terminées par une étofl'e rayée des couleurs

de l'arc-en-ciel et doublée en brocart d'or, enrichissent

ce beau spécimen de l'industrie chinoise (voy.

p. 80). Les dames de haut parage exécutent elles-mêmes

presque tous les objets nécessaires à leur toilette, surtout

les broderies et les fleurs artificielles. C'est leur principale

occupation au fond du harem où les confine la

jalousie de leurs époux. Elles passent le reste du temps à

se parer, à cultiver les fleurs dans des jarres de porcelaine,

à jouer avec des chiens et des oiseaux privés , et à

se faire représenter les ombres chinoises, distraction qui

passionne ces malheureuses privées de tout commerce

d'esprit.

Ce qui donne un caractère particulier au costume des

habitants du Céleste Empire, ce sont les accessoires de

toilette, c'est-à-dire les éventails, les parasols, les pipes,

les tabatières, les blagues à tabac, les étuis à lunettes, les

bourses. Tout cet attirail de petits objets usuels dont les

Chinois ne se séparent jamais est suspendu à leurs ceintures

par des cordons de soie ; il faut y ajouter les montres

d'or que les mandarins et les riches marchands recherchent

beaucoup et sont fiers de montrer en toute occasion.

L'usage de l'éventail est général dans les deux sexes et

dans toutes les conditions : hommes femmes, enfants.

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