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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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plus de bruit possible pour marquer leur joie. L'épouse

doit faire quatre gi'nuflexions devant son époux et maître

qui vient la recevoir; puis les deux conjoints font leurs

prières devant l'autel des ancêtres, accomplissent les

libations prescrites, et boivent le vin consacré dans la

même coupe. Un grand repas où se réunissent les

hommes des deux familles achève la journée ; les femmes

mangent de leur côté, et c'est seulement dans la chambre

nuptiale que l'épouse enlève le voile sous lequel sont

cachées pendant toute la cérémonie sa figuieetsa taille.

Le type convenu de la beauté chinoise a été très-exagéré

et presque dénaturé par les peintures grotesques qu'on

fabrique à Canton pour l'exportation européenne. Beaucoup

de Chinoises ont le teint et tous les attraits des

créoles; une main petite et

charmante, de jolies dents,

des cheveux noirs superbes,

la taille longue, mince et

souple; leurs yeux, un peu ; , ;> -^.

relevés vers les tempes, ,(

-.;:

donnent à leur physionomie

quelque chose de j tiquant;

leur grâce indolcnle

et leur mignardise sont loin

d'être sans charmes. Deux

choses leur nuisent beaucoup,

l'étrange abus du fard

dont elles se couvrent la figure

et qui détruit leur

beauté de bonne heure ; et

surtout la mode des ])etits

pieds qui parait lidicule ei

repoussante à un Européen

Cet usage barbare, beaucou])

moins commun à Pékin

que dans les provinces

du sud ,

a été vivement

combattu ])ar les empereurs

Mandchoux, (jui ont

rendu plusieurs fois des

édits sévères contre ce système

de mutilation. Les

dames lartares et chinoises

([ui composent la cour des

4{

impératrices, ainsi que les femmes des nombreux fonctionnaires

qui ré.sident dans la capitale, ont conservé

leurs pieds naturels, mais telle est la force de la mode,

que beaucoup d'entre elles ont adopté le brodequin de

théâtre avec lequel il est tout aussi difficile de marcher.

Dans ces chaussures, un haut talon fixé sous la plante

des pieds dissimule leur forme naturelle et force celle

qui les porte à s'appuyer seulement sur l'extrémité des

doigts. Les brodequins de contrebande sont employés

aussi les jours de fête par les femmes du ])euplequi,

forcées de conserver leurs pieds naturels pour aider

leurs maris dans leurs jiénibles travaux, se donnent au

moins le plaisir davuii- de temps en temps la démarche

à la

mode.

LK TOIH I»r MOXDF.

CoiHurc de jeune fille. — Dessin de Vaumort d'après l'.ilbum

de Mme de Bourboulon.

La mutilation qu'on fait subir aux femmes chinoises

remonte à une haute antiquité. On prétend qu'une impératrice

née avec le pied-bot imposa cet usage aux dames

de sa cour, et que de là il se répandit dans tout l'empire.

Ce qu'il y a de certain, c'est que la jalousie des hommes,

la ])aresse et la vanité des femmes le firent adopter généralement.

Avoir un petit pied, c'est prouver qu'on est

riche, qu'on peut vivre sans rien faire puisqu'on est dans

l'iucapacité de travailler. Une chinoise de bonne famille

se croirait déshonorée si ses parents n'avaient pas pris

soin de la déformer. D'ailleurs elle se marierait difficilement,

car un pied long de deux ou trois pouces

est un de ces charmes irrésistibles que les poètes indigènes

ont célébré sur tous les tons de l'enlhousiasmc.

s^^-

^r

Les habitauts des villes

de la côte qui sont en rapport

journalier avec les Européens

répondent aux observations

qu'on leur fait à

ce sujet en se moquant de

la compression exagérée

que nos dames font subir

à leur taille ; leur argunirnt,

qui ne manque pas

d'à-jiro])os et de justesse,

a .souvent embarrassé leurs

interlocuteurs.

Dès qu'une petite fille a

atteint l'âge de six ans, sa

mère lui comprime les

pieds au moyen de bandelelles

huilées : le pouce est

replié sous les quatre autres

doigts qui sont rabattus

eux - mêmes sous la

plante du pied. Ces ligatures

sont serrées de plus

en ])lus tous les mois, et

on arrive ainsi, lorsque la

jeune iilleest adulte, à faire

jirendre à son pied la forme

d'un poing fermé. Les conséquences

de cette mutilation

sont souvent graves,

en interrompant la circulation et en amenant des plaies

difficiles à guérir. Aussi existe-t-il une corporation de

pédicures : ce sont de vieilles femmes, qui, sous prétexte

des soins h donner, pénètrent dans toutes les maisons,

où en réalité elles servent aussi d'intermédiaires

pour les mariages. C'est par elles cju'on a pu avoir

ces détails, car une Chinoise, à quelque classe de la

société qu'elle appartienne, et quelque peu honnête que

soit d'ailleurs sa conduite , ne ferait voir à aucun

prix son pied nu ; ce serait même l'offenser (juc de

chercher à voir ses brodequins. On conçoit aisément

quelle peine les femmes doivent avoir à marcher. Elles

s'avancent en sautillant, les bras étendus en guise de balancier;

on dirait qu'elles sont montées sur des échasses

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