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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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70 LE TOUR DU MONDE.

une rare habileté : il ne iaut pas trop s'aCdiger en les

regardant; s'il faut en croire un mandarin de la ))olice,

à l'heure où ils sont enfermés dans leurs bouges, les

aveugles voient, les paralyiii[ues marchent, les manchots

retrouvent leur bras, les bossus perdent leur bosse, les

lépreux reprennent leur teint naturel.

C'est le long des murailles de la ville chinoise que

sont confinés les mendiants : ils habitent là de misérables

huttes en torciiis et des cabanes construites avec

des matériaux de démolition ; leur quartier est séparé

de la ville par des portes où veillent des soldats de police.

Tous ceux ([ui sont trouvés la miit dans Pékin reçoivent

la bastonnade.

Il existe en dehors de la porte de Tchi-houu, dans les

faubourgs de la ville tartare, un établissement philanthropique

encore plus curieux. C'est la maison aux

plumes de poule. Qu'on se figure deux vastes hangars

eu bois, construits avec des poutres non équarries et couverts

de lattes cimentées avec de la houe. Le sol , soigneusement

battu , est couvert d'une couche épaisse de

plumes de volailles achetées par l'entrepreneur dans

tous les marchés et les restaurants de Pékin. Aussitôt

que le couvre-feu a sonné , les bandes de mendianis se

précipitent dans cet asile, où, moyennant un sapèquc

qu'ils payent en entrant, ils reçoivent l'hospitalité pour

la nuit. Tout le monde étant rentré, le gardien abaisse,

au moyen d'une mécanique , une grande pièce de feutre

de la dimension de la salle : cette couverture publique

reste suspendue à quelques pouces au-dessus de la tète

des dormeurs qu'elle défend contre le vent, contre la

fioiduredes hivers rigoureux et contre la pluie, qui passe

facilement à travers le.s trous de la fragile toiture. La

plume et la concenlration de tous ces corps humains

suffisent pour entretenir dans ces établissements une

chaleur suffocante. Le soir, lorsque les soldais de police

amènent dans ce taudis les mendiants retardataires,

il faut avoir vu grouiller, se démener, se tordre cette

cohue forcenée, pour comprendre ce que peut être la

maison aux plumes de poule. Les rayons des lanternes

venant à tomber dans ce trou profond sans horizon, où

s'agitent, comme dans un boyau de mine , des centaines

de créatures, on se croirait à l'entrée d'une bouche de

l'enfer. C'est un entassement de bras, de jambes, de

têtes. On y voit toules les infirmités, tous les âges et tous

les seses, et quand les malheureux que les soldais y

poussent à coups de fouet et de bâton y sont brusquement

jetés, ils sont accueillis dans celle géhenne par

un tonnerre de huées et de blasphèmes! Ou dirait alors

que tout va s'écrouler, et on se précipite vers la porte,

heureux d'échapper ;i des odeurs instipportables, à la

vue et aux clameurs de ce pandemonium humain : on

se demande après si on n'a jias rêvé. (A'oy. ji. 73.)

Les incendies sont excessivement communs dans le

nord de la Chine ;

la mauvaise disposition des cheminées

etdes/can,'/, dont les briques ne sont pas assez épaisses

et communiquent, en rougissant, le feu aux poutres sur

lesquelles elles s'appuient, l'usage si habituel des pétards

et des pièces d'artilice qu'on tire sans précaulion jusque

dans les maisons, enfin et surtout les matériaux inflammablesdes

habitations chinoises, construites entièrement

en bois verni, avec des châssis en papier, expliquent suffisamment

la fréquence des sinistres.

11 ne se passe presque pas de nuit à Pékin qu'on n'entende

le cliquetis précipité des crécelles et les cris des

veilleurs de nuit qui annoncent le feu, tandis qu'au loin

résonnent sourdement les tambours et les gongs du guet.

Les mugissements entrecoupés de ces gigantesques bassins

de cuivre sont d'un effet encore plus sinistre que le

tocsin.

Dès qu'un incendie est signalé, on voit sortir de

chacun des quartiers de la ville les brigades de pompiers

courant au pas gymnastique. Les pompes, aspirantes et

refoulantes, très-lourdes et d'une grande force, sont

placées sur des traverses en bambou que tiennent dix

ou douze porteurs. Les points d'appui et d'équilibre

sont si bien ol)servés dans ces transports à bras ,

que la

rapidité extrême de la marche n'en est pas retardée.

Les porteurs sont précédés et suivis du reste de la

brigade, armée de haches, d'outils de démolition et de

lanternes. Chaque quartier de la ville a sa brigade de

pompiers et sa pompe : ces pompiers

,

qui n'ont pas

d'uniformes, composent une milice spéciale et sont tenus,

sous peine de châtiments sévères ,

d'accourir au premier

signal. Quant aux pompes qui paraissent être une imitation

des nôtres, elles ont la forme de dragons ou de

serpents marins et on leur en donne le nom.

Les soldats de police éloignent les voleurs, trop disposés

à profiter du désordre, font la chaîne, remplissent

d'eau les cuves où s'alimentent les pompes, et montent

la garde autour des objets mobiliers qu'on enlève aux

flammes; les pompiers arrachent les poutres de bambou,

enfoncent les portes, montent sur les toits pour

jeter de l'eau, et font la part du feu avec une libéralili'

qui fait

le désespoir des propriétaires, dont on démolit

les habitations, souvent éloignées de plus de cent mètres

du foyer de l'incendie. En somme, l'organisation générale

est bonne, mais elle manque de direction et d'unité ;

les chefs ne savent ni commander, ni se faire obéir'.

Une chose étonnante, c'est la rapidité avec laquelle

on reconstruit les maisons détruites. Il est vrai que les

matériaux ne sont ni onéreux, ni difficiles à transporter.

Organisation patriarcale de la famille. — Re<ipecl pour les vieillarils.

— Le culte des ancêtres. — La fête des morls. — Rigueur

du deuil impérial. — Passion des Cliinois pour les cercueils. —

C(5rémonic des funérailles. — Les cimetières. — Condition servile

des femmes. — La polygamie. — Les veuves ne doivent

pas se remarier. — Les fiançailles. — Fête du mariage. — Lii

dame, — la jeune fille, — les petits pieds. — Urncments et objets

de toilette,

elc.

Nous avons dit comment les législateurs chinois avaient

appuyé l'autorité de l'empereur sur le respect patriarcal

si puissant en Chine. La vénération pour la vieillesse

est aussi une loi de l'Etat. On rencontre souvent dans

1. Au nioinoiit de meltre sous presse, nous lisons dans les Jhnales

de la l'iopagalion de la foi, que le beau monument de IVtliang,

dont nous avons donné la description, page 41 de ce volume,

a été en grande partie détruit par les llammes, le 9 janvier l8tJ/4.

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