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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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6(1 LE TOUR DU MONDE.

S'il y a des choses dignes d'approbation dans la jurisprudence

chinoise, en revanche l'applicalion de la pénalilé

est eflVoyable. L'homme y est considéré comme un

être sensible seulement à la douleur ])hysique et à la

mort ;

les législateurs n'ont pas cherché à frapper le coupable

dans son honneur, dans son araour-j)ropre, ni

même dans son intérêt. L'échelle pénale se compose

surtout de la bastonnade appliquée avec un épais bambou

du gros ou du petit bout et depuis dix jusqu'à deux

cents coups, suivant que le délit est plus grave ou que

l'objet volé a plus d'importance. La busionnade se

donne de suite et devaut le , ,,, ,^p^,^

tribunal. Les peines les

plus ordinaires sont ensuite

la cangue, le carcan,

la prison et le bannissement

perpétuel en Tartarie

pour les mandarins qui ont

commis des fautes politiques.

Nous avons dit que

la haute cour d'apj)el décidait

seule de la peine de

mort, mais les souiïrances

infligées par l'ordre des

tribunaux inférieurs sont

si

aflreuses, les bourreaux

sont si ingénieux à varier

les tortures sans amener la

mort, le régime des prisons

est si odieu.\, enfin

un homme condamné à la

cangue, au carcan ou à la

cage est e.xposé à des angoisses

si terribles, que,

lorsque l'ordre de mort

arrive de Pékin, tous in

malheureux marclientga liment

au supplice, comme

si leur dernier jour était

celui de leur délivrance.

Les exécutions à mort,

horriblement variées dans

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les âges passés, se réduisent maintenant à trois : la

strangulation, la décapitation et la mort lente ou le supplice

des couteaux.

La strangulation s'opère au moyen d'un lacet de soie

que deux bourreaux tirent de chaque côté, ou d'un

collier de fer qui se serre par derrière avec une

vis; ce dernier moyen a une grande analogie avec le

supplice du garole encore usité de nos jours en Espagne.

La strangulation par le lacet de soie est réservée

aux princes de la famille impériale; le collier de fer

sert à faire disparaître Ji l'ombre des prisons ceux dont

on a intérêt à caclier la mort.

Sur la place publique il n'y a pas d'autre supplice que

la décapitation , appliquée à tous les crimes vulgaires.

Les apprêts en sont très-simples et les péripéties trèsrapides,

vu la trempe et la lourdeur des sabres et l'habileté

des bourreaux. Jamais la guillotine n'atteignit

k la dextérité foudroyante des satellites du terrible

Yeh, ce vice-roi dont les Anglo-Français délivrèrent

la province de Canton; il ne leur fallait que quelques

minutes pour faire tomber une centaine de tètes.

Il est vrai que leur maître se vantait de leur avoirdressé

la main aux dépens de plus de cent mille vic-

^, -, . , ^ times en moins de deux

V -

ans.

La mort lente ou le supplice

des couteaux est iuiligée

pour le crime de trahison

ou de lèse-majesté,

pour le parricide et l'inceste.

Les apprêts de ce

supplice doivent redoubler

encore les angoisses du

condamné : attaché solidement

à im poteau , les

muins et les pieds serrés

]iar des cordes, il a le cou

pris dans un carcan; puis

le magistrat chargé de veiller

à l'exécution tire d'un

panier couvert un couteau

sur le manche duquel est

désignée la partie du corps

qui doit être frappée par

le bourreau. Cette affreuse

torture se continue ainsi

jusqu'à ce que le hasard ait

désigne le cœur ou tout

autre organe vital.

Disons

vile que , le plus souvent,

la famille du condamné

achète à prix d'argent

l'indulgence du juge,

qui s'arrange pour tirer

de suite du panier le couteau qui doit donner le coup

mortel.

Devant de telles pénalités, devaut les hideux et fréquents

spectacles qu'elles donnent, comment s'étonner

que les Chinois soient familiarisés de bonne heure avec

la mort, et que les femmes et les enfants même possèdent

au plus haut degré le courage passif qui la fait

affronter avec calme? Pour beaucoup de ces pauvres

gens, ce n'est que la (in d'une misérable et douloureuse

existence.

iilure

chinoise.

{La suilc à la prochaine livraison)

A. POUSSIELGUE

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