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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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furent

dévidoir

60 LE TOUR DU MONDE.

dorades aux ('cailles d'or et d'argent se jouent à la surface

de l'eau et sautent pour attraper les mouches luisantes

qui forment des chœurs aériens ; de temps en

temps des tortues, efTrayées par notre passage, se laissent

tomber dans le lac, semblables à de grosses pierres

qui roulent ; des petits oiseaux gazouillent sur les longues

branches de saules pleureurs et des peupliers argentés.

Le spectacle de ce paysage enchanteur me fit une

vive impression

;

je ne crois pas avoir vu dans aucun autre

pays du monde un parc où la nature, secondée par

l'art, se soit présentée à moi sous des dehors aussi séduisants.

« Une réception amicale m'attendait : on me fit entrer

dans la salle des visiteurs,

et l'on plaça devant moi

tous les rafraîchissements

compatibles avec les règles

du jeûne bouddhique

Je passai le reste du jour à

visiter les jardins et les

nombreux édifices qu'ils

renferment ;

puis, la nuit

venue, on me .servit à souper

dans la chambre vaste

et commode qu'on m'avait

assignée.

«t Le lendemain j'assistai

à un service religieux,

pendant lecpiel je fus frappé

de l'ensemble et de

l'harmonie des chants sacrés.

Parmi les cinquante

bonzes gui faisaient partie

de la communauté, il y

avait des enfants qui n'avaient

pas quinze ans et des

vieillards plus qu'octogénaires

: ces fraîches voix

de soprano mêlées à des

basses caverneuses produisaient

une psalmodie assez

mélodieuse ,

quoique un

peu monotone. J'assistai

aussi dans le temple à une

cérémonie bizaiTe , où de

vieilles dévotes vinrent offrir des bâtons de parfums

|

Bonze se torlurant dans un temple. — Dessin de MeUais

d'après une peinture chinoise.

« Je visitai ensuite des grottes, où vivent cinq ou six fanatiques

devenus complètement étrangers au monde extérieur

et qui, absorbés dans leurs niches par une conversation

intime avec le Bouddha, ne paraissent jamais

que dans les postures de la dévotion la plus outrée. Ce

sont les saints de la communauté, dont la présence lui assure

la vénération des fidèles. Deux d'entre eux s'étaient

infligé volontairement des supplices ridicules : l'un avait

suspendu h sa poitrine et à son bras gauche, au moyen

de deiLx crochets de fer qui paraissaient s'enfoncer dans

ses chairs saignantes, des lampes à trois et à cinq becs,

qu'il faisait briîler pour la rédemption des hommes;

l'autre était debout, les deux bras et les deux jambes

écartés, retenus dans cette

position gênante par de

lourdes chaînes attachées

au plafond. Il devait rester

ainsi trois mois durant.

Je ne fus pas dupe de ces

prétendues mortifications :

le bonze aux lampes avait

collé sur son front un morceau

de peau couleur de

chair, dans lequel était fixé

le crochet, et le sang qui

découlait n'était probablement

que du sang de poulet;

quant à celui qui faisait

rX, je le reconnus dan.s

la foule des bonzes qui me

reconduisirent à mon départ;

ses trois mois de position

forcée n'avaient pas

duré longtemps. Je n'en

parus pas moins admirer

le dévouement dont faisaient

preuve les deux patients

pour racheter nos

péchés, et je déposai, pour

ma part, dans lo bassin des

aumônes une généreuse offrande.

CI Deux choses m'élonnèrent

encore pins que ces

jongleries religieuses : ce

le moulin à prières et le mode de sépulture

et des cierges à l'idole du Bouddha. I-e grand prêtre adopté par les bonzes. Le moulin à prières ou la prière

leur fit l'imposition des mains, pendant qu'elles allu- tournante, comme on l'appelle, ressemble assez à un

maient leurs offrandes et se prosternaient en frappant

j

; on y attache des banderoles d'étoffe ou de

le parvis du front. Ces cierges, que j'oxaniinai après papier, sur lesquelles sont imprimées les prières qu'on

coup, sont faits avec de la bouse de vache mêlée avec veut adresser au ciel; puis le postulant fait tourner

de la cire et des résines odoriférantes; ils se composent

d'une sébile de bois, au fond de laquelle sont attachés

trois bâtons de cire, un perpendiculaire et deux autres

l'ormaul l"e cône; trois plus petits bâtons sont placés horizontalement,

de manière que le cierge se compose de

sept becs de flamme alimentés par des mèciies nitrées:

ou dirait tiii if en miniature..

le moulin de sa main droite, tandis que la gauche est

appuyée sur son cœur. Au bout d'un quart d'heure

de cet exercice, quand il a été fait avec la contrition

et la rapidité suffisantes, on s'est acquis, à ce qu'assurent

les bonzes, les indulgences divines. Il existe

d'autres moulins encore plus ingénieux et plus commodes

pour les paresseux qui peuvent rester couchés et

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