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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE TOUR DU MONDE. 59

ges d'agrément, mais on n'y accomplit pas de pèlerinages.

siège doré ;

cliacun des assistants se prosterne sur les

la dévotion ;

on y va faire des parties de plaisir, des voya- mandarins couleur de feu et d'azur; des gouramis et des

nattes les bras étendus dans la posture d'une profonde

Aussi les bonzes, ne pouvant plus vivre en com-

adoration; puis unmaîire de cérémonie qui fait l'office munauté parce que la charité est insuffisante pour les

de sacristain agile une clochette, et les lamas murmurent

nourrir, ont-ils pris le parti de se disséminer dans les

à voix basse des prières cpi'ils lisent sur un formu-

villages, vivant comme ils peuvent sans discipline et sans

laire en papier de soie que chacun d'eux tient déroulé hiérarchie. Pour se faire bonze, il suffit de se raser la

devant lui. En ce moment, un de nos compagnons, qui, tête et d'endosser une robe à larges manches ;

quand on

arrêté devant des bas-reliefs, les examinait attentivement ne veut plus l'être, on laisse repousser sa queue et on

les mains croisées derrière le dos, est invité par un des prend des habits plus courts. Il y a de nombreux couvents

prêtres à prendre une posture plus décente. Un nouveau

coup de gong annonce le commencement des chants sacrés

de bonzesses, surtout dans le midi de la Chine : le

révérend William Milne, missionnaire protestant, résida

: c'est une psalmodie à deux chœurs qui se répon-

pendant quelque temps dans un de ces couvents à

dent alternativement. Dans ce plain-chant, où chaque Ning-Po ; il nous a laissé un tableau peu flatteur des

chanteur tient la même note, nous entendons des basses mœurs et de la conduite de ces nonnes chinoises vouées

très-remarquables, mais le chant est toujours le même; au culte de la déesse Kouamjin, une des divinités de la

il ne varie que d'intensité.

triade bouddhique. Rien n'égale la déconsidération où

« Après la musique vocale, imposante quoitpie un pev. sont tombés les bonzes et les bonzesses que la loi chinoise

monotone, vint la musique instrumentale : trois lamas

frappe d'une sorte de mort civile : il leur est dé-

battaient la mesure ;

l'un frappait sur un tambour, Tau fendu de visiter leur père et leur mère, de sacrifier à

tre sur un bassin de cuivre, le troisième agitait une cré leurs ancêtres, et même de porter le deuil de leurs parents

celle ronde grosse comme un crâne; ajoutez les clocbettes,

morts, sous peine de cent coups de bâton. On les

les conques marines et le gong, et vous aurez met en scène sur le théâtre, où l'on ne manque jamais de

une idée de ce charivari! Le service dura une heure environ

leur faire jouer les rôles les plus infâmes; les empereurs

avec des alternatives de chant, de musique instru-

mentale et de rigoureux silence. A certains passages, lef

lamas se frappaient la tète sur le sol devant la statue di:

dieu, tandis que le grand prêtre, levant ses bras au ciel,

eu.x-mèmes les raillent et excitent le peuple conmentale

tre eux dans leurs édits ou Clian-Yu; enfin les Tai-Ping

ont cru rendre leur insurrection populaire en les massacrant

partout sur leur passage !

semblait appeler ses bénédictions. Le son des cloches.

lesprosternements,le chant sacré, l'odeur de l'encens, k

i Dans un voyage que je fis, nous écrit M. Trêves,

tonsure et enfin le costume des officiants m'ont vivemen' pour visiter la ville de Ho-kien, chef-lieu du département

rappelé les cérémonies du catholicisme. C'est aussi l'avi:

où se trouve Tien-lsin ,

je passai deux jours

de nos missionnaires qui attribuent au réformateur du dans une bonzerie située aux environs de la ville et

bouddhisme , dans le quinzième siècle , des voyages en

Asie Mineure, qui, en lui faisant connaître les rites dt

où je reçus la plus complète hospitalité. Cette bonzerie,

une des plus vastes et des mieux entretenues que j'aie

l'Eglise, lui inspirèrent l'idée de les introduire dans l'ancien

encore vues, est située sur le penchant d'une colline

culte.

agreste, où sont disséminés dans un désordre pitto-

« Il n'y a pas à Pékin de temple plus riche et qui attire

plus de dévots que celui des Mille-Lamas ;

les croyances

resque les vingt-cinq pagodes, temples et kiosques dont

elle se compose.

mal

religieuses sont encore toutes -puissantes chez les « Dès que j'eus reçu à Ho-kien, où j'étais assez

Tartares, les Mongols et les Mandchoux; ils professent logé, l'invitation hospitalière de l'administrateur de la

un grand respect pour leurs prêtres, et j'ai dû constater bonzerie, je m'acheminai, sous la conduite d'un jeune

après avoir assisté tant de fois aux basses servilités des bonze qu'on m'avait envoyé comme guide, vers le parc

bonzes mendiants, à leurs cyniques codédies de dévotion,

et au mépris dont ils sont l'objet presque partout,

dont on apercevait les hautes futaies ;

après avoir franchi

quelques kilomètres, nous nous engageâmes sous l'ombre

que leurs confrères les lamas ont conservé un maintien

épaisse d'une allée bordée d'arbres centenaires.

plus digne, une réserve plus sacerdotale, et un cérémonial

imposant, qui expliquent en partie l'immense succès

Elle décrivait mille détours capricieux à travers des ravins,

des étangs, des ruisseaux bordés de plates-bandes

du bouddhisme , cette religion fameuse qui compte en de fleurs odorantes et d'arbustes aromatiques, et nous

Asie plus de trois cents millions de sectateurs. »

amena, au débouché de grottes profondes taillées en

Les bonzes, en effet, sont loin d'avoir la même importance

plein rocher, en face d'un lac majestueux, au-debsus duquel

dans la société chinoise que les lamas au Thi-

bet et dans la Tartaiie. Les plus célèbres bonzeries sont

dans un état de décadence complet, et l'incrédulité toujours

le temple principal élevait ses portiques de marbre

soutenus par douze colonnes de granit.

« Rien de plus saisissant que l'aspect architectural et

croissante ne semble pas annoncer qu'elles soient grandiose de ce monument qui se reflète dans les eaux

prêtes à recouvrer leur ancien lustre. A certaines époques

paisibles du lac.Au milieu des nymphœas roses qui éta-

de l'année, on y voit un assez grand nombre de lent leurs brillantes corolles au-dessus de leur tige d'uu

visiteurs qui y sont attirés plutôt par la curiosité que par vert tendre moucheté de noir, se promènent des canards

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